SEIGNEURIE DE MONTflIÀl. 69 se repose sur un spectacle dautant plus surprenant quil est plus inattendu et quil contraste avec la monotonie des pays que lon, vient de parcourir. A des contrées montagneuses succède une immense plaine dont on ne peut distinguer les lirites cest la riche et fertile vallée dEpoisses ; le Serain y trace son sinueux parcours, -marque son passage par un vert ruban de peupliers et se glisse à droite derrière le côteau pour disparaître vers lIsle où il Uangc dc direction. Mille ruisseaux et ruisselets viennent se jeter dans la rivière et f6rti- lisent la prairie en lassainissant ce sont les ruisseaux de Corombles, Perrigny, Vignes, Feauvais,Ségrin, Maison-Dieu, Urée, Roseray, Tréviselot, Saint-Martin, et enfin celui de la Planchotte qui servait autrefois de limite entre !a Bourgogne et la Champagne. Pour avoir une idée de lensemble du pays, le lecteur voudra bien se transporter avec nous sur lune des tours en ruines de Monthelon. De la hauteur sur laquelle nous sommes parvenus, nous sommes éblouis par le brillant et vaste tableau qui se déve- loppe à nos regards dici, nous pouvôns compter plus de cinquante villages, témoins incontestables de la richesse proverbiale én territoire, et plusieurs châteaux auxquels les événements et les noms historiques ont laissé une couronne de souvenirs cest Epoisses, ancienne résidence royale sous les rois de la première race, Epoisses, qui depuis son origine a vu passer sous ses murs une suite non interrompue de grands hommes et de puissants seigneurs; cest là que résidait le chancelier Hugonet, ministre infortuné que sa fin tragique a rendu si intéressant dans lhistoire; cest par les fenêtres de ce château que se sont envolées quelques lettres de cette immortelle marquise qui a nom Madame de Svigné. -

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O 11111111111 OhIID 11H 111111 0000005562619 70 SEIGNEURIE DE NUrTRA1. Les-ruines de Beauvoir vous rappellent le. nom illustre des Beaivoir-Chaste11ux, auxquels ce castel servit de berceau Voici Guillon, célèbre par son fameux- traité entre le duc de Bourgogne et le roi. dAngleterre Edouard 111 (1360). Au milieu dun parc immense, et de futaies séculaires-, voyèz- VOUS dominer les tours de Ragny, siége-autrefois dun puissant marquisat? Devant nous apparaît Mont-Réai, théâtralement placé sur le sommet dun mamelon dent les flancs, couverts de vignes, sinclinent en pente raide du côté de la rivière. Plus près, vous apercevez Saint-A-yeul , ancien ermitage pittoresquement situé sur le penchant dune colline; Thisy, vieux castel des abbés de Moâtier-Saint--Jean, Perrigny, Trévilly, Courterolles, Sceaux, Cisery, Saint-André, Tronçois; dans cette gorge étroite, vous distinguez Chérisy, Ângel.y, Pancy et là-bas LIsle disparaît noyé dans un massif de hautes futaies. Admirez à louest la gracieuse situation dOrigny, , Sainte-Colombe;, à lest, vous pouvez avec une longue-vue découvrir la: flèche des cichers. de Rouvray, de la Roche--en-Brenil, et à une dizaine de lieues de là les montagnes boisées du Morvand qui paraissent se confondre avec lazur de lhorizon. Cependant Montréàl joue dans ce tableau le rôle. principal Montréal, avec sa belle église collégiale, avec les débris de ses fortifications tapissées de lierre, offre presque un coup- doeil moyen-âge mais si nous jetons un regard en arrière de cent années seulement, les, hautes tours de son . vieux château-fort,, noirci pàr le temps, produiraient sur notre imagination un effet saisissant et magique. La vieille ville a bien dégénéré depuis les guerres désastreuses, qui ontaccétéré sa chute; le temps nest plus.où, fière-de sesfranchisesèt de Ses priviléges, elle pouvait lever des soldats, déféndre ses SEIG2EUIIE DE MONTIIAL 71 muiailks assiégées ét prêter dèà stibsiAs âux dtiètd Bourgogne: depuis longtemps, elle a laissé ternir son liladn; comme ni] vain hoclièt peu eH hatniohie avec sa paueté actuelle; les hàbiLais du modeste Mlage qui tepésente lancienne ville nont conservé qûè lé souvenir des malheurs de leurs ancêtres. Cest que Mdtréal fut éprouvé par de fi4aibreuxsauts la situation avantageuse de cette petite ville de Bourgogne du côté de la Champagne, fut souvent ùft pô1t de ralliement pour les partis ennemis, ; ti§i lui iroyons_nÔu toujours jouer un rôle important aux époques les plusora- geuses de notre histoire; cest ce qui prête à ses annalés un si vif intérêt. Les contrées que nous , avons sous les yeux ont &é,- comme Montréal, maintes fois ravagées par les fléaux et la giierÈ&i la disparition de plusieurs villages habités Iénioiiie dès vicissitudes que les hommes et les choses ont subies Sui 1è bérds du Serain; auj•otrrdhui si paisibles. Vous cheréheèiez en vain Âwy,Froidcville, Varennes, Cappes, C)aùidt, La Rue, Gros-Bois, les châteaux de Mon(ille, des Éorde et IS hameaux qui en dépendaient; une simple fertn. représeiïte lancien villagè de Cliéiisy et rappelle une église depui longtemps défruite-; le fief de iontheldrï qui ompuivud population assez importante, •aggtotiiérM autour du viEiîx manoir, ne sé composeplus que de quelques masures à.péine kabitablès et si yods alliez visiter lancien emptdemeîit dâ chteau 4e Gdhiuds, Ërès Th1eéy, on ne ponrrait yods dOEnner aucuïi& indication sur lb grsd Mrénernent qui dut atnenetlaruinede .cette forteresse des pemirs.kges!féodaux; la tradition ne nous a conservé que son nom. 0w peut, eh q;uèlquèsSt.s. .réSunr le& faits prïneipaux

n 72 SEIGNEURIE DE M01,RAL. qui se rattachent à lhistoire de la ville et du château de Montréal. Sil en faut croire Courtépée, la reine Brunehaut et son petit-fils Thierry y résidèrent au y° siècle trois cents ans plus tard, suivant le même auteur qui sen rapporte à un vieux nianuscrit, la forteresse fui prise, pillée par les Nor- mands et reconstruite ensuite par les Anséric. Landry, comte de Nevers, vint lassiéger à plusieurs reprises pendant les guerres du roi Robert, ecst-à-dirc vers 1005 environ, sans pouvoir sen emparer. Vers la même époque, les sires de Montréal fondent le prieuré de saint-Bernard, et en 1068 le Chapitre de celte ville. Après la croisade de 1147, qui suivit la fameuse prédica- tion de saint Bernird à Vézelay, Anséric fit bâtir au retour de cette expédition la curieuse église que lon admire encore aujourdhui. La puissante maison de Montréal, après avoir joué un Mie des plus brillants en Bourgogne pendant près de trois siècles, est dépossédée, en 1255, parla mauvaie conduite de lun de ses membres. Anséric X, dernier du nom, ayant par ses forfaits attiré sur lui la colère du roi saint Louis, le duc de Bourgogne reçut ordre de semparer de sa seigneurie et de son château de Montréal. Cette famille ne périt pas tout entière avec le dernier des Anséric; elle ne perdit que son nom. La maison de Beauvoir nest quune branche distincte de celle des Montréal, et cest ddll.que descendent les illustres Beauvoir-Chastellux qui laissèrèfit leur titre deBeauvoir pour ne garder que celui de Chastellux, dont ils possédaient le château. Les domaines importants de Montréal furent donnés, par SEIGNEURIE DE MONTIIkAL. 73

le testament de Hugues IV, à Hugues de Bourgogne, fils de ce dernier: ce Hugues est connu dans lhistoire sous le nom de Iluguenin de Montréal. Béatrix de Bourgogne, fille de celui-ci, étant morte sans héritiers, le duc Robert éloigna les puissants et nombreux prétendants à cette succession et annexa cette terre à ses Etats avec défense expresse à ses successeurs de jamais sen défaire. Dès lors, Montréal devint une résidence favorite des ducs, gin venaient souvent y passer une partie de la belle saison. Cest dans ce château que frit signé, en 1348, un grand traité dalliance entre Amé, comte de Savoie, et Eudes IV, duc de Bourgogne. La ville fut ravagée par les Anglais commandés par Edouard HI; une partie des habitants fut massacrée; lautre cril fott à souffrir du voisinage des ennemis tant quils restèrent aux environs et que lon parlementa pour le traité de Guillon (1360). Trois ans Plus tard, Montréal devint, comme tant dautres villes, de Bourgogne, la proie des Grandes Compagnies. Un capitaine breton, qui logeait à Àrey, parvint à sen emparer le jour de la Pentecôte 4363. En 1404, le (lue Jean-sans-Peur, sur les représentations des Elus de !a province, y publia lordonnance qui permettait à ses sujets lexportation des grains. La première partie si agitée du xvc siècle eut tin grand retentissement à Montréal ; successivement prise et reprise, la ville voyait à chaque assaut sa population décimée tantôt les habitants couraient faire le guet et garde aux murailles à la vue des chaperons blancs dArmagnac ; tantôt on avait à craindre les robes courtes et les hoquetons de cuir des four- î SEICIrÇELJIUE LIE MOrTÏIkÂL. e guignons eux-ttiênies, qui, organisés h gompaié dédor- cheurs, ravageaient impunément les .campgnes Après le siége de Cravan (1423), les Arrtag. cs sempa- rèrciit de la tille et y restèrent qaclque tenips «. tôgie: â Puissance. » Les Écorcheut sen emparèrent en 1 41,l et y firent dé grands dégâts Montréal était désigné autrefois pour le passage des troupes d à Montbard, et épargnait trois lieues et One couchée. On y fit plusieurs grandes revues au xv 0 siècle, et notamment en 1431 et en 1433g oii les gendarmes allèrent avec le duc Philippe-le-Bon au siège de la ville dAvallon. En I fl, « la dicte place de Mént-Iléal resta en lobéis- « çance du duc dÂusuiche, depuis le 13 mars jusquau mois

CIJÀIITIIE Il.

S I. CHATEAU. - FORTIFICATIONS.

Le château de Montréal était situé sur le sommet dun luonlicule élevé qui domine une partie de la vallée dEpois- ses, et doù lon découvre un superbe paysage. On peut se figurer latformc du plateau. occupé par les fortifloafions en le comparant à lempreinte d?ùnt smelle de botte, dont le talon était occupé par le château proprement 76 SEIGNEURIE DV MONTRÉAL. dit et la collégiale: un fossé large et profond séparait ce château ou donjon du reste de la place-forte : cest une disposition absolument analogue à celle que nous avons remarquée dans les curieuses ruines de Montfort, près Mont- bard. De toutes paris, la forteresse est dun accès difficile; le C616 sud-est, où lune des portes est située, présente une pente un peu moins raide, il est vrai niais labord en est néanmoins presque impraticable aux voitures. Les portes y sont rares : larchitecture du moyen âge était à cet égard dune grande sobriété dans les constructions féodales; une porte donnait accès dans la ville du côté des faubourgs; une autre communiquait de la vitié dans la forte- resse ; il fallait en traverser une troisième pour pénétrer dans le château-fort; une seule poterne donnait issue dans la campagne du côté de louest: toutes ces portes étaient armées de herses, de riiachicoulis et précédées dun pont-levis. Il ne reste malheureusement rien du château luiniéme auquel se rattachaient cependant des événements qui ne sont pas sans importance. Courtépée nous parle avec admiration de ce fort que lon regardait comme la clef de la Bourgogne du côté de Champagne, de cette importante construction bâtie avec des matériaux de choix, de cette magnifique salle de cent pieds de long et de trente-six de large, ornée dim- menses cheminées, de cette chambre quoccupaient les ducs et où coucha François 1er, de ces affreux cachots oit lon jetait les prisonniers et où Anséric, dernier du nom, fit souffrir tant dinnocentes victimes. Jai vainement cherché dans les estampes de la Bibliothèque impériale, je nai pu découvriraucun dessin du château. Le plan existait encore, il y a une quinzaine dannées, tracé sur SEIGNEURIE DE MO?TRÂL. 77 la façade dune maison de Montréal; niais on a pris soin de la badigeonner; lon ne peut plus rien distinguer maintenant. Les anciens du pays se rappellent encore avoir vu pendant la Révolution les ruines de ce château, le vaste donjon avec ses cinq tours et le fossé profond qui lentourait; il ny a pas longtemps que les derniers vestiges des fondations ont dis- paru; il ne reste plus maintenant que deux puits très profonds, dont lun était situé dans les cuisines mêmes du château, suivant lusage du moyen âge. Ce château remontait aux Anséric, selon toute probabilité, ou du moins .conservait quelques traces de cette époque, car il eut à subir de fréquents remaniements par suite des ravages de la guerre. Le duc lingues IV y diii faire de grandes restaurations au xiv 0 siècle, lorsque sa femme et sou fils iluguenin y résidèrent; nous avons heureusement des notes précises sur les restaurations faites depuis lors. - Dix-neuf (ours protégeaient les fortifications, sur la plate- forme desquelles on pouvait faire manoeuvrer le canon, autrement dit un cavalier en stratégie. Voici les noms de ces tours dont un terrier de 4455 nous apprend lexistence Tours de la Porte, - de lEvêque, -. du Chapitre, - de la Cigogne, - Saint-Antoine, - de Bierry, - Huguenin Martin, - du Crénault-ès-Prètres, - Derrière le Donjon, - de Beauregard, - du Roi, - de la Panière, - de la Con- fiance, - de Tallecy, - de , - JTalyot, - Mat- Ire-Jean-des-Granges, - dAvallon, - Loison. - Les archives de la Chambre des Comptes de Dijon nous indiquent les principales réparations qui furent exécutées au château. La première date indiquée est de lannée 1349. On navait

.4 78 SEIGNIiIIItIE Dii MO.XT1tIAL.

point alors darchitecte pour faire les entreprises de construc- tion le clergé, qui seul avait les notions de toute science, était chargé de la direction des travaux Gérard, curé de Monligny, fut commis avec Jean de Elaisy à la visite des constructions exécutées au château de Môntréal (1). - Six ans plus tard, on fit de nouvelles réparations ait châ- teau on en restaura les murs (2), on mit des créneaux neufs « et deseséhiffes sur la porte du Belle (3). » Je donne par ordre chronologique et sans commentaires la suite des remaniements successifs quéprouvèrent, les fortifi- cations et le château 1359. Salaire de 260 hommes qui iràvailIèrentla nuit aux fossés du château, lois du passage des Anglais (4). 4362. « Dépenses pour rappareiller les angins, pour « faire getier à cause des ennemis, cest à sçavoir: pour « recoigner les péries des quinquez, remettre les pans des « arches, Taire quatre portes neurves (5). » 4366. Dépenses pour élever toutes les tours du château et faire « de nouvelles esch iffes (6). » 1367. Travaux exécutés à la tour de la Cigogne (7). 4378. . Dépenses pour travaux définitifs exécutés au ch- teau par ordonnance de Jean de Liénas, seigneur de Grand- champ, et Jacques de la Jaisse, bailli (]Auxois, commis par

k 1 ) Compte de Hugues des Granges (4 3i9-451, f 20. (2) Compte de Jean de Mussy (1556-1359). (23 et U. (3) lb. id. id. fo 55 (4) Compte de ,léan de Mussv (4358-3561), r 63 verso. (5) lb. id (4362-1365), r 4. (6) Compte de Jean Dominé (1566-3369). r 20. (7.) lb, id. id. r 21.

SUICNEURIE DE IONTtt:AL. 79

le due la visite des forteresses du bailliage dAuxois (4). 1384. Frais des réparations faites à la grosse tour du château et à la tour de la Cigogne (2). 1386. Somme payée à Philippe, verrier de Noyers, qui a;aii. replacé « la verrière de la chambre de .parement du « duc au chûlel de Mont-Réal (3). » - Dépenses pour rétablir le pont-levis (4). 4390. Salaire de Guillaume Cassard qui avait mis à neuf le four du donjon f5). 1392. Autres réparations des verrières « de la salle de « parement du duc, au bout de la grande salle du don- « ion (6). » 1395. e Frais de la couverture de la grosse tour où estait « la chambre de retrait du due (7). » 1396. Dépenses . pour faire (les piliers par ordonnance de Jacques de Milley, maître des oeuvres de maçonnerie, afin de soutenir la tour Loison, « car elle baissait encontre les « faussés et avoitjà laissé les murs du dit chfitel (8). » 4401. Une portion des murs étant tombée, le ehatelain envoya un messager à Dijon pour avoir autorisation de les relever (9). 4121. Dépenses pour réparations urgentes faites au chû-

(4) Compte de Guillaume des Granges (1378-1379), 1 0 M. y0. () lb. id. (4384-458), r 47. (3) Compte de Perrenot de Vicux . Cbûteau (1386), (o 85. (4) lb. Id. Id. 1186. (5) compte de Perrinot-Périlleux (t31t0-4392). (6) lb. Id. (1392-1396), f 16. (7) lb. Id. Id. r 17. (8) lb. Id. (4506-1401), P 17. (9) lb. Id. :(14Ot14O6), f076.

80 SEICEIJRIFJ DE MONTDAL. (eau de Montréal par ordonnance du duc et en vertu de deux mandements, lun donné à Châtillon le 28 janvier 423, lautre à Dijon le 3 août 1424. Ces travaux furent exécutés en présence de Jean Pioche, capitaine de Montréal, et de Regnaud de Sercey , son lieutenant, « et furent faits à jornécs « douvriers et en grande diligence, pour la nécessité et « doubte de la guerre qui lors étoit au païs. » On refit le pont et la porte de Beauregard et lon répara « la tour qui « saulte ès foussés devant le pont-levis de la tour de Beau- « regard (). » 4428. Chute dun grand pan des murailles du châ-

teau (2). 1430. Dépenses pour les constructions exécutées au châ- teau sous la direction et par lordonnance de Jean de Saulx, conseiller du due et visiteur de ses -châteaux dans la du- ché (3). - 4432. Jean de Saulx déclara ne pouvoir visiter les travaux des fortifications, « obstant la guerre, les dangers et périls « des ennemis qui toujours ont esté sur les champs, pour- « quoi il neust osé alter au dit Montréal. » Le maUre des oeuvres de maçonnerie ne pouvait également s y rendre, le chancelier et le gouverneur général ordonnèrent, te 31 janvier, à FrançoisiAragonnaiS, plus tard seigneur de , de rem - placer Jean de Saulx dans son office (4). 4442. Ordre du lue pour la fortification (lu château (5). 4443. Payé 24 fr. à Guillaume Marie pour avoir réparé et

(1) Compte de Thibault Philibert (1421-14-M), P 51. (2) Compte 4e Jean Mulot 0428-14u9), r 65. (5) lb. id. (1450-4432), f 54. (4) I]. hi. (14-32-143fl r 50. lb. Id. (1442-t4.45), f 5B.

o SEl(NEIJJiJr DE NONTQAL 84 mis A point les quatre tours du château. Payé à Jean dé Saint-Aune, maréchal, « pour neuf cent gros clox chappelés « à tenir cornillières convertiz emploie et z à lemparement « et ouvraiges des dites cornillières, mises et assises ès « quatre tours du charel, à savoir; la tour dc 11aître Jean des « Granges, la tour de Beauregard, la tour de lentrée de la « Porte et la four de la Cigogne (I). » 1459. Frais de la visite des travaux faits au château par Jean de Montréal, maître des oeuvres de maçonnerie (e).

1461. Deniers donnés par le receveur_général Hugues -de Faletans à Jacques Chantepinot, lieutenant du chatelain de Montréal, pour Constructions exécutées an château (3). 1508. Réparations Faites ait par ordonnance de Jacques Huraut, général des tinances (4). 1543. Dépenses pour bâtir un pan de murailles, « lequel « estoit tombé durant le temps que les Suisses estoient « tenant lé siége devant Dijon (5). » Depuis lannée 4530 jusquen 4546, les registres de la Chambre des Comptes nous manquent parce quils ont été br4lés à peu près vues cette dernière époque lors de lassaut du château pendant les guerres de religion cest alors que lon fit de grandes constructions à Montréal, surtout en 4557 (6), quun édit ordonna la fortification des villes de Bourgogne; les débris des murailles que lon voit aujoul- dhui datent de la première partie du xvr sièéle.

(1) Compte de Jean Millet (1445-n4&), r 54. (2) Compte do Laurent de Santigay (I439.14f), r is y. (5) Compte de Regnoujt-vaien (1464-1464), r io. (4) Compte de Jean Chantepinot (1508-4542 r 247. (5) Compte dEtiennc T-hirion (1512 . 1514). r 158. (C) Archives de l y onne (titres de Moniréal), Se. hist. - O e MONrRIÀL. 82 5ÉIGNEURIE DE l575. Grandes réparations in châtèau. Rictommodage (le la première povte. 16parations faites titi-dessus deia por- , R ép ti ra t ions des brèches des éherie à -ientre du •cliàteiu. niùraiflles et de la basse-dour -(4). 1589. Montréal était lunê dés places de Bourgogne fidèles à Henri IV; François de la Magildiaine, seigneur de Iagny, qui en était gouverneur, fit élever vingt-deux barbacanes sur les murs du château et eonstvuire huit sentinelles (2). La même année, on bâtit une poterne « ù la porte des

« rtilles -(3). 1592. Une partie des murailles sécroula; le sieur de itionthalloux, capitaine de la forteresse, adressa une requête au roi pour obtenir lautorisation de les réparer (4). 1599. Le -capitaine Antoine Lefoul reçut une ordonnance pour lémanteier -la place et faire baisser les remparts de sept toises de hauwur(5). Depuis cette époque on ne fit aucune restauration au ehâteaù, -fi ne dut -uà la solidité -de sts murailles -d-avoir été onseré jusquà la Révolution.

S :fl • 015311115. PAVAGE. PONT.

La chaussée de Bruehiiut, dont on voit les débris entre Montréal et Monthelon, est le plus ancien chemin -qic Von connaisse; la construction des quatorze ponts et ponteatX sur le Serain remonte à une très haute antiquité: sans en

(I) Archives de l 4titres de Montréal). () Archives de lYcnne(Litres do Montréal), (5) Archives de la ville de -MontEéal. (4) Archives de lVonne. (li) Archives de Montréal. SEIGNEURIE DE AJONÎnÉAL. 83 attribuer lorigine à la reine Brunehaut, qui a .grMuitemen pr4tê son nom à beaucoup de monuments, il est probable quil existait déjà f k cette époque une voie importante passant par Monirdal et aboutissant û Avalion : il est question de cette chaussée dans la charte daffranchissement des habi- tants, en 1228 ; ii en subsiste certaines portions qui sont bien conservées, et vainement a-t-on essayé de les détruire pour mettre lemplacement en culture: les pierres sont tellement agencées quon ne, .peut les désagréger. Les voies publiques étaient en si mauvais état eu 4573, que des Jettres-patenles, émahées du roi fleuri 111, accordèrent aux habitants, le 22 juillet, de lever par forme doctroi le dieU dchu j tiènie du Vin (lui se vendait à Montréal pendant neuf ans, pour en employer le produit aux réparations des chemins et chaussées 4e la ville. Ce droit était celui appelé petite pinte. - Des lettrespa(entes de 1584, 1601, 1608, 4623 accor- dèrent encore ce droit pour le même temps de six années. Les rues furent pavées pour la première fôis en 4575; cest du moins à cette époque que lon trouve le premier marché pour le .pàvagc: on en fit de nouveaux en 4585 et en 4"98 les habitants eurent à soutenir un procès avec le châtelain Arbaleste, ;parce que celui-ci les obligeait à des corvées quils ne devaient pas et les empêchait de jouir de leurs droits. Si lon soccupait encore du pavage des rues en 1650, on négligeait bien les ponts qui étaient alors dans un délabre- ment pitoyable. que eaux Poiirpeu les au gmentassent, il était impossible aux habita nts deiconduirelcues héstiaux dans les prairies situées de lautre côté du Serain, et comme cétait la seule voie par où ton pedvait amener te blé, le vin, le foin, n SEIGNEURIE DE MONTttÀL. la pierre, le bois, le sable, etc., on peut juger dans quel état es jetait mie crue deau prolongée. A ces calamités se joi- gnaient de temps en temps les horreurs de la peste occasion- née par les miasmes putrides (le létang de Froideville que lon fit prudemment dessécher dans la suite. Le délabrement du font dc Montréal n : était pas seulement préjudiciable aux habitants de la ville dont il ruinait le commerce; un grand nombre de villages, qui navaient quAvallon pour écouler leurs marchandises, se voyaient réduits à abandonner tout genre dindustrie. Il était tellement dangereux de risqueY le passage du pont pi lon trouvait fréquemment des cadavres - de malheureux voyageurs qui s étàient engagés dans ce pas difficile; souvent chevaux et voitures restaient engloutis dans la vase sans quon les en pût tirer. Les nombreux crimes qui se commet-- taient en cet endroit contribuaient à lui donner une sinistre renommée. Quuanda nd la rivière était basse, des hommes armés se cachaient sous les joncs pour attendre les paysans qui allaient vendre leurs marchandises. Ainsi, après avoir échap-- pé au péril de leau, on ne pouvait fuir le poignard dés assassins. On navait pas honte, après avoir volé les voya - geurs, de leur prendre leurs vêtements et de les laisser complétement nus, même de pauvres aveugles des pèlerins, des teigneux, etc. Ce tableau des misères de la société du x%t e siècle est attesté par des documents authentiques, dont quelques-uns, fort curieux, se trouvent aux archives de lYonne. Les titres du prieuré (le Saint-Bernard mentionnent, entre autres parti- cularités, que, le 49 février 1001, un écolier venant de Paris fut volé, mis à nu, et quil reçut des religieux 15 sols pour se vôtir, Le même jour deux marchands de Champagne,.avec

SEIGNEURIE DE NONTI( IAL.

leurs femmes et enfants, furent dépouillés ,de tout ce quils possédaient et reçurent 30 sols (1). Les Erats de Bourgogne firent reconstruire à neuf trois arcades du pont, en 4727 seulement; vingt ans plus tard, on en fit faire deux autres qui, ayant leur direction ù la chaussée (le Montréal, semblaient en annoncer le prochain rétablis- serinent- Il fut même décidé, en 1745, que la route dAvallon à Montbard passerait par Montréal niais ce projet ne fut point exécuté. -

CHAPITRE titi.

S I. OLJE COLLÉGIALE DE rÇOTnE-DAJE. -

Quand saint Bernard vint à Vézelay prêcher la frimeuse croisade de 1147, cl quil détermina tant de chevaliers à laccompagner en Terre-Sainte, Anséric de iSlontréal fut un (les premiers à prendre la croix, et à payer aux monastères le tribut de ses libéralités pour obtenir du ciel lheureux succès de son expédition. Il en revint sain et sauf en effet, et les années qui suivirent son retour on vit sélever le curieux monument qui subsiste encore, lun des plus curieux sans contredit de notre dépar- tement. Etait-ce une promesse, un voeu fait aux chanoines du chapitre de Montréal? Anséric voulait-il reconstruire léglise bâtie par ses prédécesseurs qui, sans déute, tombait en ruines? Cela est supposable il tenait de plus à laisser à la postérité un souvenir matériel de sa piété.

(1) Archives de lYonne (titres du Prieurô de Saint-Bernard), car- tons 40-45I, L. IV. 86 SEIGNEURIE DE M0NTBiAI,,

Nqus sdmdies étonné. de voir encore ce petit . édifice resté intact quand tant de grands monuments ont disparu Malgré les causes dé ruine et le mauvais entretien de l€glise avant sa restauration, récente, le caractère primitif de Parchutecture navait point été altéré; le marteau révolutionnaire avait liicif porté çà et là-des coups sacriléges, mais les décorations inté- rieures avaient surtout souffert; les précieuses boiseries dont on admire les restes, les riches tentures, (es tatleaux ont été seuls mutilés; lextérieur ne fut point dégradé on brisa seulement le bas-relief qui remplissait le tympan de la porte et lenthousiasme républicain inscrivit à la place cette décla- ration magnanime : « Le peuple français neonnati lÊtre suprême et lirnrnortalite de 14rn,.,», Jétais,assez embarrassé pour donner une description exacte de léglise de Montréal; je craignais toujpurs, de mê laisser entraîner par cette admiration eagéréc. dun auteur qui traite un. sujet favori : attendu mon incompétence en pareille. matière, je pris des renseignertients auprès de M. Viollet- Leduc, qui a toujours affectionné particulièrement notre collégiale; il en est souvent fait mention dans son diction-. naïre darchitecture. Nous ne saurions mieux faire que de donner. en entier le nrémoire présenté par Tk Viollei L heduc au. ministère, pour faire classer celte église comme monument historique ; ce mémoire aura le-double mérite, daosce travaitarchéologique, de rappeler létat des ruines avant là restauration, et.la valéur architecturale d.0 monument:. « La petite ville de Montréal( était propriété des ducs de « Bourgogne. Sa position sur na monticule, les restes nom- « breux. de. portes ev denceintes sonç chàteau;qui ne fut « détruit que pendant la Révolution de 4789 et enfin sa

SEtGEURIE DE MONTHkA L. 87 « curieuse et ancienne église attestent soit et sa t splendeur passées. « Aujourdhui (lu château il nen reste plus mie pierre, et « des murailles quelques traces seulement. L !église seule et « deuxbelles portes- fortifiées sont encore debout. Cette église « est du xii0 siècle, bien complète du sol au faite, petite, « bâtie en beaux matériaux et assez bien conservée malgré « des causes de ruine fort graves. La façade est percée dune. « large porte basse à voussure plein-cintre qui Lient à ohé « seule le tiers de la longueur du mur de face, et dune rose « qui, dans son exiguité, rappelle celle de la face oéci- « dentale de Notre-Dame de Paris; ce sont les mémos profils, « le môme caractère, la même simplicité dans les orne- « ments. « Lextérieur noffre dailleurs rien de remarquable; ce « sont des murs unis, armés de lourds contreforts et percés « de fenêtres à bizeaux plein-cintres ou ogives. La grande « porte de la façade est cependant dun très beau style, la « sculpture en est large, la construction simple et des pen- « tures en fer du •xir siècle (lui tiennent encore aux ventaux « complètent cette entrée. « Mais ce qui est dun intérêt sans égal, cest lintérieur « de cette église. « Sitôt entré, vous êtes surpris de trouver au-dessus de « votre tête une tribune supportée par dénormes consoles « en encorbellement et psi une seule colonne isolée placée « dans laxe, derrière le trumeau de la porte. Cette tribune a « été construite en môme temps que léglise. « Tin garde-foux, formé de grandes dalles sans aucune ( m.oulures un plancher fait de longues pieries posées sim- « plement.s tir les consoles donnent à cette étrange construc- 88 SEIGNEURIE DE ONIflAI,. « lion un aspect antique et sauvage qui saïsitvivemèn( et « attire lattention. ITOUS croyez voir un de ces monuments « primitifs dont lusage est aussi ignoré que le nom des artistes qui lont élevé. « Ce n est pas tout : deux escaliers droits ménagés dans « lépaisseur du mur de face conduisent à cette tribune, si « hardiment bâtie. Là, sur ce plancher formé de pierres, en « guise de solives ou de madriers et sur le milieu du garde- « feux est appuyée une table en pierre supportée -par une « petite colonne : derrière vous souvre la rose de la façade, « tout cela est resté tel que le xii siècle la élevé. Cette « partie du monument, pour un archéologue ou un artiste, « est un sujet détudes du plus haut intérêt. Je ne connais « pas en dautre exemple dune tribune ainsi « construite, et de cette époque, aussi admirablement con. « servée. Le reste de léglise répond h ce début. Trois travées « avec bas-côtés forment la nef; le transept, percé de deux « chapelles carrées en face les bas-côtés et éclairé par deux « roses, donne entrée dans une abside carrée, terminée par « une arcature plein .:cintre au-dessus de laquelle souvrent « trois croisées également plein-cintre: dans la hauteur de « la voûte une rose très naïve ettrès originale termine lab- « side. « Le badigeon na pas, comme partout, envahi la totalité « de cet intérieur. Les arêtes; les arcs-doubleaux des oûtes « et des chapiteaux ont conservé des traces de peinture du « xv siècle. De belles tombes masquées pal dignobles bancs « couvrent le sol. « On remarque encore dans léglise de Montréal de jolies « boiseries du xv siècle, et un retable en albâtre peint et « doré; de la même époque, représentant lhistoire de la « Vierge.

SEII3NE01%ÇE DE MO1NT11iAi,. 89 « Malheureusement ce curieux &liftce a besoin de répara- « tions importantes. « Un vice de la construction primitive cause la ruine de la « nef. De lourds éperons destinés à contrebuter les grandes - « voûtes portent à faux suries arcs doubleaux des bas-côtés. « Ces arcs ayant cédé sous celte pression, les éperons se « sont inclinés, et, au lieu de maintenir les grandes voûtes, « les entrainent avec eux. Ce mouvement a causé des lézardes « fort inquiétantes dans les voûtes de la nef, et un tel dé- « sordre dans la construction des-voûtes des bas-côtés, quil « serait nécessaire den construire trois coniplétement à neuf. « Métant bien assuré de ces fûcheux effets, je nai pu trouver « quun moyen dempêcher la ruine de la nef, cest de donner « aux quatre éperons des bas-côtés nord et sud plus de e saillie, denlever à ceux qui sont destinés à contrebuter « les voûtes de la nef toute la partie qui est en porte-à-faux e sur les arcs, et de reporter toute la poussée des grandes « voûtes sur les contreforts consolidés des bas côtés par « quatre arcs-boutants neufs. « Il serait nécessaire aussi de refaire les combles de la nef « qui sont pourris, de baisser ceux qui bouchent les fenêtres « de la nef et de remplacer partout la couverture de lave par « de la tuile creuse. « La rose de labside ne tient plus que par le moyen de « ferrements pIn cés en dépit du bon il faudrait la « réparer ainsi que celte de la façade; quant à la rose du « transept, pignon sud, elle manque totalement. Un mauvais « clocher moderne qui ressemble à un pigeonnier mal entre- « tenu, couronne léglise sur le milieu du transept. Ce « clocher a linconvénient de peser sur les voûtes et de con- « tribuer 6 les détruire: je crois quil serait prudent de le « jeter à bas. 90 sEiaNeu-ItIE DI 4ONThÉAi.. Quant aux autres reparauonsà, faire à lédifce,.ellesse « borneraient à quelques reprises du couronnement (les « pignons de parties de murs en souffrance, nu débouche- «• ment et vftrage des fenétres- de la nef et-au- débTniernenkdc « la façade -de Péglise qui se troue au-dessous- du sol exié- « rieur. « il faudrait aussi prendre le parti darracher les beaux « lierres qui tapissent les murs des bas-côtés, et- faire un « rejointoyemeiti général à toutes les parties de léglise qui. « sont construites en petits moellons; e- Navani pas- été chargé de:présenter un travail sur léglise e de MtatSl-à la commission des monuments historiques, e- je neforai le devis des différents travaux indiqués dans ce «- rapport que dans le cas où ils- seraient approuvés en prin- « ci-pc, le-monument jugé aussi remarquable quil mai paru « Vôtre. » Cetintévessantmémoire -fnt accueilli comme il le méritait, et-peu après les restaurations fitrent entreprises daprès .les dessins de M. Viollet-Leduc; on y a consacré une somme- de moins de 400000 francs. Tous les- travaux nécessités par létat de délabrement de Pég-lise-sont maintenant accomplis et lon peut- admirer lédi- fice comme si le moyen-âge venait de nous le rendre : dans toute- la-fraîcheur de son origine: il peut servir de typepour la seconde-moitié du Nue siècle et lhabile architecte que nous venons-de citer le signale à chaque page de son Dictionnaire darchitectnre : « Cest un desplus beaux et derniers exemples e- de eeue époque... Les- profils sont dune pureté et dune. « r.ettetêremarquahie; et leur exécution est parfaite» M.

(t!Dictionnairc d-ArcItteeturor t. u; p. 69, 441, 112, 346, 5ItGNEORtE DI !UONIHiAt. 91 Il est rgrettahle quon nait point restauré égalenvent les curieuses stalles que lon conserve dans léglise; cent res- tauration exigerait peut-ètré deux ou trois mille francs, et la commune de Montréal est trop pauvre maintenant pour leu- voir consacrer une telle somme à un objet daiL; le gouver- nement seul pourrait subvenir à une telle dépense Ces stalles, au nombre de vingt-six, tnériteraieu délie tirées dela poussière, et malgré les mutilations quon leur a fait subir à la Révolution, on en voit peu daussi curieuses dans nos pays il ny a guère que celles de Flavigny qui soient mieux, travaillées. On les attribue aux frères Rigoley, de -sous-ilavières, il ni en exécutèrent le travail vers 4522, cest-à-dire à - lépoque où François 1er passant à Montréal laissa au Chapitre des preuves de sa générosité (I). Voici les principaux sujets gravés sur les panneaux Baptême de Jésus-Christ sur les bords du Jourditin, - David terrassant un lion, -- la sainte Famille, le Sauveur et la Samaritaine, - la Circoncision, laVierge tenant lenfant Jésus, - tITI CI -ris, - un Prophète, - la Scène tlAdm et Eve mangeant le fruit défendu, - uueTentntion, - la Visite de la Sainte-Vierge à sainte Elisaberh, - lAnnonciation des Mages. Parmi toutes ces stalles, il faut distinguer celle où les. fières IUgolèy se sont représentés au-dessus diinpanneau, à table, se versant du vin dans leur gobelet il a&ns taules ces figures, dans tous ces personnage une hardiesse

(t) Générosité dont on lui sut gré, car, pendant la captivité du roi ù Madrid, les chanoines vendirent beaucoup de terres pour la rançon de sa délivrance. I

02 SEIGNEURIE DE MONTIIéA L.

de ciseau, une originalité y1 accusent lépoque de la Renais- sance. Une chaire à prêcher assez bien travaillée et quelques bons tableaux complètent lameublement de léglise. Les tombes sont fort belles: elles recouvrent danciens seigneurs, danciens châtelains de Montréal et baillis dAii- xois, lès Damas, les Pol, dont le dernier, Àugustin Pot, mourut, en 4535, lieutenant de lamiral Chabot; on a relevé deux ou trois de ces lombes qui ont été placées coutre les mais; elles représentent les sires des Granges, dune an- cienne famille qui vivait an xiv siècle et dont plusieurs furent châtelains de Montréal, et notamment Jiuguenin des - Granges qui y fut enterré avec Guillemette de Mcnessaire, SOU épouse. On remarquera deux rameaux de vitrerie blanche datant de la Renaissance, auxquels M. Emile Arné a consacré un article inséré dans le Bulletin de la Société (1). Dans lorigine il ny avait point de clocher, comme le soutient avec juste raison M. Viollet-Leduc, et cest encore une particularité de celte église. Ce nest guère quau xIve siècle que les habitants, nu mieux les chanoines tinrent à honneur davoir eux aussi un clocher; niais le monument, situé sur une montagne fort élevée, se prêtait peu à cette fantaisie: les vents et les orages renver- saient toujours le malheureux clocher quil fallait élever sur de nouveaux frais. • Cest en 4704e (l u cut lieu le plus grand accident de ce genre: une effroyable tempête emporta la flèche jusquau pied de la montagne où la ville est assise.

(I) Année 1853, p. 5M52.

5EI6NEURhI 0E MOiNTQÀL. 03

Je ne sais où étaient situées les cloches du guet: les habitants avaient soin pendant les orages de les faire sonner pour dissiper les nuages et éloigner la foudre; il y avait méme un veilleur de nuit employé à cet effet, comme le prouve un curieux marché de 4610. La première de ces cloches fut brisée en 139, pendant la guerre des Anglais, et remplacée en 1379 : la dernière fut établie en 4623; elle eut pour parrain le premier marquis de Ragny, François de la Magdelaine, alors âgé de quatre- vingts ans, et peur marraine, Aune de Boutinot, dame de San tigny. La collégiale Notre-Dame de Montréal a été lobjet de pèlerinages dans les plus grandes calamités publiques : il y cul, en 1.554., une procession de onze paroisses, celle dAvallon en tête; une autre le 16 juin 1608; la dernière de ces tristes cérémonies eut lieu en 4100 après le rigoureux hiver qui précéda une si affreuse stérilité. On sait dans quelle misère fuient plongés nos pays et surtout lAuxerrois, où plusieurs familles furent sauvées par le saint dévouement dun prêtre du diocèse, M. de Sardine; comme contraste, nous nous rappelons cette lettre de Mmc de Maintenon â M. de Caylus « Si le diable avec ses sept cornes venait dans votre diocèse « pour y porter des potages et des Nouveaux-Testaments, « vous devriez, Monseigneur, aller au devant de lui avec la « croix et la bannière. » Des treize chapelles jadis annexées â la Collégiale, la plus célèbre est celle qui fut fondée par Pierre de )lohey, chan- celier de Bourgogne, originaire de Montréal - et dont la - - famille, lune des plus puissantes du pays, avait laissé de grands biens au Chapitre une lettre de Philippe-le-liardi permit. en 1370, la fondation de celte chapelle sous le 04 S E1CNEI;fti F. DE MONTR KM. vocable de saint Fabien et 4e saint Séb,astien, nec la dona- tion de dix livres de [erres en faveur (lu desservant et h charge de Messcs pour lAine du chancelier, du duc de Bourgogne et du roi jean. Il existait même autrefois, parafl-il, un iiiausolée repié- sentant le chancelier à genoux accompagné de sa femme et de son fils : la Révolution na laissé aLICUII vestige de ces pieux souvenirs. il y avait en outre plusieurs chapelles dans quelques mai- sons de la ville; ainsi la chapelle de la Trinité était située dans la tour de la maison Arbaleste, ancienne famille noble du pays. Lecimetiere qui entouré léglise laisse assez despace pour quon puisse librement circuler sur la plate-forme des an- ciennes fortifications : de cet endroit on petit encore voir, niais sous -un autre point dé vue, le paysage que nous admirions à Monthelon. Parmi les tombes que nous foulons, jen distingue une bien modeste qui recouvre nue des gloires militaires dont senorgueillit notre département, illustration qui nous intéresse dautant plus quelle se rattache à des événements presque contemporains; cest la tombe du lieu- tenant-général Ilabert, né à Avallon le 22 décembre 1773, et mort dans sa maison de campagne de Montréal, le 49 mai 1825.

S il. CIIAPELLE DU PRIEURÉ DE SAINT-ECREARD.

La chapelle du prieuré de Saint-Bernard subsiste encore elle est habitée en partie, le choeur est conservé: on y voit des anges h genoux tenant des écussons parmi lesquels on remarque ceux des Anséric qui furent ses principaux hicnfai- SEIGNEURIE DE MONTfl1AL. 95

leurs. Toute modeste quelle peut paraître, cette hapelIe attirait autrefois grand nombre de visiteurs, et le papeliion X y avait attaché des indulgences en faveur de ceux qui y venaient en pèlerinage. Des bâtiments du prieuré -il ne reste rien ou presque rien; mais nous pouvons encore o.us promener sous ces arbres qn faisaient jadis partie des vergers et qui gardent Je -souvenir

de. plus-dun grand homme. Cest ià.que Le Prestrede Vauban commença ses études ; .cest là que son onde Antoine de Fontaines lui donn? les .prepiières notions de Ces sciences dans lesquelles il devait un jour faine briller son génie. Japprends avec plaisir que les -bâtiments 4ti prieuré viennent dêtre rachetés par une pieuse darne qui en a fait don à la commune de Montréal pour servir dhospice cest une charge pour la commune, il est vrai; mais tqnoique pauvre, elle pourra sans doute subvenir à lentretien de deux religieuses ; lantique établissement, qui compte près de neuf siècles dexisteiice, naura pas changé tic destination (4).

S iii. I4PROSEI%FE -DE &1Nr-nAnTngLEMv.

A droite de la route dAvallon à Aisy et un peu avant Te pont de Montréal, on voit nu champ oh était située une chapelle, détruite en 1717 et dépendant jadis de Ta lépro- serie de Saint-Barthélemy, léproserie qui fut réunie à lhôpital dAvallon en 1696 (e). Cet mile établissement remonte û lépoque des Croisades

(I) Le don na pas été accepté par ta commune. (2) Archives dAvalton, Chap. XV, n &!i belle charte de Louis XIV signée -par lui avec sceauet contre sceau en cire verte. 96 SEtOrEuflhl DE M0NTItÂL. et fut très probablement fondé par les anciens seigneurs : on na point trouvé lacte (le fondation.

1%. COLLÉGE.

Il y eut un collége à Monti:éal vers la fin du flic siècle, ainsi que Je prouvent plusieurs titres: mais il ne paraît pas avoir subsisté longtemps; il fut établi après 1579, époque où les habitants de la ville eurent un- procès avec le Chapitre dAutun 4 pour obtenir une prébende ou le revenu dicelle « pour lemployer à lentretenement dun çollége pour lins- « truction de la jeunesse (1). » Lemplacement de ce collége était situé sur la plate-forme du château, en face deléglise, et appartenait au prieuré de Saint-Bernard, dont les échevins étaient chargés dadministrer les affaires. Les bâtiments servaient auparavant pour une école qui existait déjà au xlv e siècle (2). -

Y HALLE.

En 1446, on construisit à Montréal une halle dans lem- placement actuel de la mairie (3). Les comptes du châtelain portent même que lon fut obligé de payer les frais de bouche (les individus qui amenèrent avec leurs chevaux les matériaux nécessaires à celte construction. Moins de cent ans plus lard, on y fit (le grandes répara- lions : céiait à lépoque où François r venait de passer à Moniréal et avait laissé une charte confirmative des- droits et

(I) Archives de ]Yonne (turcs de Montréal). (2) Titres du Prieuré de Saint-Bernard (i4C7-156). (5) Archives de Dijon, compte de Jean Mulot (144o-1447), f 59. SEIGNEURIE DE MONTRÉAL. 97 priviléges des habitants: ceux-ci en-reconnaissance gravèrent sa devise, sur la halle.

CHAPITRE V

S I. PRIVILÉGES. - IMNUIilTÉS. - FRANCHISES.

Une grande charte daffranchissement fut donnée aux habitants de Montréal en 128 : il en sera longuement parlé plus tard. Il suffit de savoir maintenant que cette charte accordait à perpétuité, aux hommes et femmes de Montréal, la même liberté et coutume que celle dont jouissaient les habitants de Vézelay (eam4m libertate,n et consuetudinem.), que la corvée arbitraire était réduite à trois jours de lannée, savoir: un aux vendanges, un à la fenaison et lautre à volonté, à charge cependant: 1° de ne recevoir, ni de retenir dansles limites de la seigneurie aucun des hommes dAnsé- rie, ni de ceux (le ses vassaux relevant de sou fief; 2° de ne pouvoir retenir un voleur ou homicide au-delà du temps déterminé par le droit. Trois autres réserves y sont encore faites 1° droit de ban en mars et août; 2 0 droit sur les ouches (osehiarum, jardins autour des habitations) ; 3° du droit de guet et garde au château de Montréal. Quand les ducs de Bourgogne prirent possession de la seigneurie de Montréal et quelle fut plus tard érigée en châtellenie, plusieurs des charges ci-mentionnées furent transformées en une rente en argent; les plus riches payaient pour leur franchise quinze sous dijonnais oit sous tournois et les autres en proportion e selon la puissance des « gens » (1).

(1) Compte de Guillaume des Granges (1579 . 4380), r S r. Se. Pifs:. 7 98 sElr.NEIJHIR DE MONTRIkAL. Le roi frrançois JeT donna à Dijon, en 4599 , des lettres confirmatives de la grande charte de 1228, lettres qui fuient lannée suivante entérinées ait dAuxois: Un édit de Benri H (1551) et des lettres-patentes de Charles IX, données à Fontainebleau le 30 juillet 1571, confirmèrent à nouveau les pr.ivilégs. droits et usages des habitints de Montréal.

S II. ADMINISTRATION.

Pour le moment, nous ne nous occupons que (le ladmi- nistration municipale ; elle se composait de quatre échevins nommés par les habitants pour défendre leurs priviléges et droits dusage, pour faire faire guet CL garde au château, pour leùiretien des murailles, des chemins, des ponts, du pavé, pour soutenir les procès de la communauté, en un mot pour « bésoigner » les affaires de la ville. Cétaient les échevins qui régissaient la léproserie de Saint- Barthélemy et le prieuré de Saint-Bernard dont les habitants prirent possession en 1585: les receveurs de ces deux établissements ne pouvaient agir sans lautorisation, des échevins. Le rôle de ceux-ci était bien peu important sous les ducs de Bourgogne, et tous les officiers de la chÛtellenie àvaient une autorité qui éclipsait grandement celle de ladministration municipale. Le châtelain intervenait partout et sur tout : il désignait presque les candidats quil voulait voit nommer, et exerçait une grande pression sur lesvolontés : ces élections se faisaient du reste dans les formes ; on réunissait les habitants au son de la cloche et les vois étaient recueillies parle elfittelain qui SKiGNEUBJt DE MONTRêAL. 99 devait ensuite ratifier le choix des électeurs; on élisait toujours deux échevins chaque année et comme leur charge était bisannuelle, il y en avait toujours quatre à la fois, deux anciens et deux nouveaux. Quand la châtellenie appartint à la couronne et que Montréal eut des seigneurs etigagistes, lautorité des éche- vins grandit; niais néanmoins on avait bien soin dadresse les lettres : â MM. le châtelain., les échevins et tnanani.r de la ville. Cest ait siècle surtout que lautorité des échevins parait être la plus considérable, et divers titres intéressants prouvent quils savaient parfois défendre avec énergie les droit des habitants, même contre les caprices et a volonté du clifitelain. Le despotisme de Louis XIV siippri- nia lindépendance de la commune : les villes avaient bien gardé le privilége de nommer leurs échevins; mais lélection, mais ladministration de leurs intérêts, la manipulation des deniers communs ne se faisaient que par les ordres émanés

(lit ou du gouverneur de la province : il ny avait plus que des fantômes déchevins qui présidaient à des fantômes de délibérations.

S lit. ARMOIRIES DE MONTRÉAL.

Lancien écusson de Montréal portait: dazur à une bande

ondée dor (fl . Cétait à la vérité lécusson des Ànsérie au xii siècle; mais il est probable que la ville adopta ce sceau ou du moins quil fut donné à la communauté par titi seigneu r de ce nom, lequel changea Juhtnême darmoiries; car jai trouvé un blason différent pour les derniers Anséric.

(I) Polliot (crave et parfaite science des Armoiries).

74 100 SEIGNEURiE DE M0NTRAT,, Je ne sais ù quelle époque on lui substitua lesarmoiries dont laville se servait dans le xv tne siècle; ce qui est cer- tain, cest que lon n voulu y rappeler quelques souvenirs historiques de Montréal. Sur la fameuse tour du Roi figure la sal?mandre, eniblême commémoratif de François t, qui y tint ses Etats et donne une charte confirmative aux habi- tants au pied de la tour, on voit couler le Serain avec linscription MONT-BéAL. La vierge représentée au-dessus de léglise rappelle lAssomption de -Notre-Dame sous linvo- cation de laquelle avait été fondée la Collégiale. Un ange placé h sénestre tient dune main une épée, de lautre un rameau dolivier, symbole des traités importants qui furent 4signés à Montréal ; à dextre, un lion déchaîné est pacifique- ment assis au pied de la tour: peut-être ce lion fait-il allusion au courage de ces pieux Ansérie qui se firent remarquer en Terre-Sainte par leur vaillance. Une couronne fermée sur- monte le tout.

S i. DROITS. - USAGES. -

Les habitants de Montréal, ainsi que le constatent les terriers de 14-M et 4498, avaient droit dusage dans la forêt de Vausse, dans la forêt des Charbonnières, près Magny- lès-Avallon, dans les bois de Mont-Robert, près de Saulx, dans le climat du Champ-Pommier sur le finage de Châtel- Gérard : ils avaient, droit de pêche dans la rivière du Serain depuis le pont de Guillon jusquà celui de Montréal, et possédaient, (le plus, grand nombre de pâtis communaux. Tous les titres de ces propriétés ont été déposés aux archives de lYonne par les soins de M. Quantin. Voici lanalyse des documents relatifs à chacun des droits que nous venons de mentionner: SEIGNEURIE DE M0NTRAL. 401

I. Forêt de Vausse. Péche dans le Sbrain. - Anséric de Montréal, dans sa charte daffranchissement de 4228, concéda aux habitants de Montréal le droit dusage, 4D dans les eaux qui lui appartenaIent; 9° dans la forêt de VaUSSO, savoir: du bois mort pour le chauffage et du bois vert pour la réparation des maisons, avec condition (tans. ce dernier cas tien faire la demande au seigneur oit à son prévôt, « qui dès lors no la peuvent refuser. » Les lettres- patentes de François 1- confirmèrent Lotis ces droits dusage en 159; niais ce titre, ainsi quun grand nombre dautres, ayant été perdu lors du pillage du château et de la ville de Montréal, pendant les guerres de religion, les officiers de la châtellenie contestèrent les droits des liabi- mots; il fallut faire une enquête par turbe en 1566. Dix des plus anciens du pays, nommés à cet effet, prêtèrent serment sur lEvangile, et affirmèrent que les hommes et femmes de Montré-al avaient eu de tout temps droit de prendre leur bois dans la forêt de Vausse, de le charger avec leurs voitures, de passer-et repasser dans la forêt h la connaissance des officiers de la châtellenie, et que les habitants de TI]isy et Thalecy avaient le même droit. Ils déclarèrent que la pêche quils possédaient dans le Serain sétendait depuis le pont de Guillon jusquà celui de Montréal, quils pouvaient y prendre du poisson en toute saison, traverser la rivière avec des filets ou attires engins i tirer du sable, y laver leurs moutons, etc. Lannée suivante (2 septembre 1567) une sentence rendue par les commissaires maintint les habitants dans la posses- sion de leurs droits dusages. Une lettre-patente de Charles IX confirme de nouveau ces privilèges (30 juillet 4571) ainsi que sept ou huit jugements, arrêtés et sentences de la maîtrise tics eaux et forets, titres dont le détail noffre aucun intérêt. n 402 .SEJGNIWIUE DE MONTIIEAL. II. Forés de Cliorbonvières. Bois dit C1iaihp-Pounir. - Cest encore la charte de 1.228 qui accorde aux habitants de Montréal drôit dusage dans la forêt de Charbonnières, forêt qui plus tard fut conljnise dans la donation dun Anséric aux religieux de Reigny (le la terre, hameau et seigneurie de Charbonnières (1236) (I). Aucun litre nétablit la date de concession du droit dusage dans le bois de Champ-Pommier, près (le Châtel-Gérard.

II!. Bois de ifontrobert. Parcours à Seaux. -- Lacte de concession du bois de Montrobert ctdt parcours à Sceaux noUs manque encore et par conséquent la date de la dona- tiob : cest aux duès de Bourgogne quest due, je crois, cette libéralité: une note indicative insérée dans les archives de la ville de Montréal nous apprend que les religieux de Sceaux, à qui ces droits dusage préjudiciaient, pillèrent les litres relatifs à ces prhriléges. En 4602, les habitants eurent procès à cet égard avec la comtesse de BLisset, dame de Sceaux et de Vesigneux, et produisirent, en 4624 seulement, les titres dont ils avaient besoin et dont ils navaient pu, « malgré leurs itératives « demandes, obtenir la restitution. » Ils furent réintégrés dans leurs droits, mais la comtesse de Busset leur en garda rancune et sen prit aux habilants qui possédaient des biens sur létendue de son finage : par acte dassemblée et de délibération, les échevins de la ville lui firent une requête pour la prier « de ne plus troubler, ni travailler les habitants « en procès, de les laisser jouir du droit de posséder des « héritages en sa terre de Sceaux, attendu que la difficulté

(1) Histbire du Morvan, par M. labbé liaudiau. SEIGNEURIE DE MÛN1QIAL. 103 « ne regardoit que la communauté et non les pauvres labou- « reuI,s. »

IV. Pâtis. Prés. Etang de Froidcville. - Les habitants de Montréal possédaient un grand nombre de prés et pâtis où ils avaient droit de mener paître leur bétail en tout temps de lannée; ils avaient également la jouissance de deux prés importants situés près de lancien étang de Froideville, étang qui servait à abreuver les troupeaux et que lon fit dessécher avant la Révolution. La jouissance du Grand-Paçiwis, du Petit-Pré et de létang de Froideville fui accordée par la duchesse Béatrix, femme de Bogues IV, laquelle résidait à Montréal pendant la minorité de son fils -iluguenin de Bourgogne, dit de Mon- t ré a I François Jer, par lettres-patentes, donna confirmation de cette charte qui fut perdue dans les assauts que subit le château pendant les guerres de religion. Lenquête par turbe faite en 1566 fait encore mention de ces droits, ainsi que de ceux des habitants de Thisy qui pouvaient également conduire leurs troupeaux dans le Grand- Paquis, moyennant une redevance dun muid davoine payable au château de Montréal. Je ne donnerai point lanalyse de plusieurs jugements de la Table de marbre d& Dijon, de plusieurs sentences du bailliage dAuxois, des grands-maîtres réformateurs des eaux et forêts, des grueries royales - de Montréal et CMteI-Gérard. Je rappellerai seulement qu!eri 1793 les habitants de Montréal, vu le décret du 28 aofit précédent qui réintégrait les communes dans leurs droits, nommèrent des commis- saires pour faire lexamen de leurs titres de propriétés.

t.

A 104 SeIGNEURIE DE MONTRÉAL. Le 11 août de la Sme année, ils sassemblèrent pour délibérer sur le partage de ces prés en réservant seuleaient à la communauté les quatre pâtis de Justice, des Sables, des Chardons et de la Gravièr:. 137 habitants votèent pour le partage, 440 seulement sy opposèrent: il fut décidé quen vertu du principe de liberté et dégalité, adopté par tous bons Français, le partage s ferait par portions individuelles en tenant compte d&s personnes de tout ûge et de tout sexe. En conséquence, Champenois, géomètre-arpenteur à Tré- villy, fut choisi par lassemblée délibérative du 48 prairial pour diriger avec plusieurs experts les travaux de bornage et fixer les portions respectives de chacun: on lui promit pour Lotit salaire 3 livres par jour. Mais les opérations terminées, Champenois réclama pour ses peines 2,278 livres : on le renvoya il songea alors à se pourvoir par voie judiciaire et obtint une indemnité du tribunal civil du département. • Enfin, le partage fut définitivement exécuté par procès- verbal du 20 nivôse, daprès les opérations du géomètre.

V. POPULATION.

Voici la statistique de la population de Montréal daprès le nombre de feux qui sont mentionnés à différentes époques (4) En 1356 84 feux. 42i.... 52 - 1M3.... 1r2 - 4590.... 160 4596.... 420 4605.... 400

(1) Rôles des feux, arcluv.es dota Côte-dOr.

t_t q.- • L]

Lil SEIGNEURIE DE MONTItAL. 105 1624.... 1679. Ifl 4720.... 88 On voit . quen 1421 il ny n que 52 feux et cest en effet à celle époque, pendant ]a terrible lutte des Bourguignons et des Armagnacs, que la population fut la plus décimée. Ce chiffre de 52 na pas lieu de nous surprendre, puisquen 1112 Avallon ne comptait pas 40 feux.

CHAPITRE V.

HISTOIRE £CCI.ÊSIASTIQIIB.

Montréal, ainsi que la plupart des %itlages qui relevaient jadis de son donjon, faisait partie du diocèse dAutun : cette ville se trouvait du reste située près du point dintersection de trois diocèses, savoir: Langres, et. Autun. Par une bizarrerie qui se reproduit assez fréquemment, même pour des localités importantes, les habitants «avaient point déglise, ils étaient obligés daller à Cherisy, petite église paroissiale fondée sous le vocable de saint Pierre-ès- Liens dont font mention plusieurs titres du xxvt siècle (1). Il y avait bien la collégiale, mais elle appartenait aux cha- naines et aux hommes du Chapitre qui seuls avaient le droit dy entendre la messe. La même bizarrerie se représente pour lIsle qui dépendait de la paroisse de Talecy.

S I. PRIEURÉ DE SAlNTBEflNABD.

Cet établissement monastique est le .premier qui se pré-

() Cartulaire de Moniréal (au château de Chastellux). 406 SEIGNEUIUE DE MONTUÉNL, sente à nous par Ianuquiié de sa fondation; il en est question dans une charte de donation quefit en 4012 un seigneur de Taleey on suppose avec raison que ce prieuré fut fondé versfan 4002 environ, cest--à-dire vers lépoqu&des guerres du roi Robert, et ce par le zèle dun sire (le Montréal, peut- être de cet Anséric qui avait bravement résisté aux assauts quLandr, comte de Nevers, lui Fit alors subir. Le prieuré de Saint-Bernard dépendait du préôt de Saint- Bernard de Montjou (JJon(-Jovis) en Savoie ; il nétait point de lordre des Bénédictins, comme on la dit, mais de celui de saint A ugustin. Les anciens titres de cet établi;sement, réduits à un petit nombre de documentsdÏt zut ait siècle ont peu dim- portance (1). Les prieurs en étaient si pauvres quils ne possédaient pas 25 livres de revenu (2). Cependant on voit par certains titres (4467-1536) que les r&igieux jouissaient des métairies de Saint-Bernard-des-Champs et des Fourches, de terres, prés, vignes, de rentes en grains, des dunes de Talecy, du droit de la foire de Sainte-Croix, dùsages dans la forêt de Vausse et dune maison « assise au donjon de Mont- « .réâl, devant léglise, en laquelle on tient l,escolle du dit « Montréal. » Les religieux possédaient aussi la moitié des dunes de Sanvignes (près Etivcy) pour lesquelles ils, eurent en {(82 dassez graves démôlés avec, labbé de Moutier-Saint-Jean

(1) Archives de lyonne. Cartons 450,451. (2; Archives de I"Vdnb€, Lettre --de •Pierre dé Vico, chanoine de procureur du cardinal Nicolas attestant que le prieuré est exempt du drâit de procuration attendu cfliiV na as2b fr. de revenus, 1316, Mardi neuf novembre. SEIGNEURIE DE MONTIIÉAL. 407 un arrangeniont mit fin à ces débats et les dianes furent partagées par moitié (I). Ce prieuré fonda lui-môme plusieurs maisons du Ïiiême ordre: à Etivey, il y avait une celle qui en dépendait ainsi que trois métairies, dott uno ruegarda le nom de Saint- Bernard (2). Cette celle relevait plus lard de labbaye de Moutier-Saint-Jean. Le prieur avait à sa disposition une prébende du Chapitre de léglise Saint-Symphorion dE- poisses. La commande y fut introduite au XV siècle, et leshabitants prirent possession du prieuré-hôpital en payant aux religieux une pension 4e 42 écus. Plusieurs fois ladministration en fut contestée aux habitants, qui parvinrent néanmoins à faire valoir leurs droits: une charte de Charles IX, à la date du 12juillet 1573, leur confirma ce privilége et les mit à labri de toute attaque à ce sujet. Les travaux des Htiments, la distribution des aumônes, les dépenses diverses étaient faites par lest receveursd lhôpital et de la léproserie-du Saint-Barthélemy, réunis sous lautorité des échevins de Montréal. On compte parmi les prieurs quelques hommes de talent Guillaume Josserand, Antoine de Fontaines, Jacques; Quarré dÀligny, François Mvnard, etc.

S i. cuA pitilE NOTRE DAME.

Il fut fondé en 1068 par un sire de Montréal, Anséic,

(I) Le territoire de Sauvignes nétait pas alors (1182) fort étendu. Il ny avait du labourage que pour deux charrues. - Béoniails, . ¶217-218. (2) courtépée, C. IV. - Rail]afl d:Àvanon.

ki 408 SEIGNEURIE DE .MONTBAL. lequel fit ratifier cette institution, par le duc Robert en 1070 (1). Quelques auteurs induits en erreur lattribuèrent au duc Robert lui-même, sans songer quil ne possédait alors même aucun fonds à Montréal et que vers la époque il était occupé à bâtir Notre-Dame de Semur; on aura confondu Notre-Dame de Montréal avec Notre-Dame (le Semur. • Les successeurs des Anséric ainsi que les seigneurs du voisinage en augmentèrent la dotation primitive: les ducs de Bourgogne, qui succédèrent aux sires de Montréal, prirent la garde du Chapitre quils tenaient en grande affection, et auquel ils laissèrent de nombreuses preuves de leurs libéra- lités; cest ainsi que Robert 11 lui légua par son testament, en 1297, la valeur dc 50 soudées de terre, Eudes V, 50 livres (I 346), etc,, etc. ; plus tard les bourgeois et les paysans y firent de grandes fondations au xv siècle. En 1516, Lancelot du Lac lui donna des lettres daffranchissement (e). Ce Chapitre se composait de dix chanoines ayant chacun 300 livres de revenus, et tous à la nomination de lévêque dAutu p . Au nombre des chanoines illustres par leurs talents, on ne doit pas oublier de signaler le savant Bocqiiillot qui. fut pendant six ans (de 1681 à 4693) chanoine de Montréal. Cest là quune partie de ses ouvrages fut composée, et cest dans notre collégiale que furent prêchées les homélies qui valurent à leur auteur une si grande réputation. Les Archives de lYonne conservent, parmi les papiers échappés à la destruction, plusieurs lettres de convocation aux Etats de Bourgogne; ce qui prouve que le Chapitre avait droit de députer aux Mais.

(4) Autun chrétien. () Cartulaire du chapitre (château de chastellux). SEIGNEURIE DE M0NTRAL. 109

Entre autres pièces curieuses on remarque: une charte de Hugues, duc de Bourgogne, et de son fils Eudes pour lamortissement dun legs de maître Raoul, chanoine de Montréal, en 1189; une charte dEtienne, évêque dAutun (1932) (I), confirmant le droit de présentation aux cures de Saint-André, Saulx, Trévilly, Àthie, , Augely et Massangy, droit donné ait par Henri, lun de ses prédécesseurs. On trouve encore des inventaires, des ma- nuels, des décIaritions de biens, de baux, des comptes d recettes et dépenses dont un de 1361 est écrit sur parchemin en forme de rotuiv.s, on y lit: « Pour les despens des eompaignons de léglise et pour « pluxieurs bourgeoiz de la ville qui furent avec les dix « compaignons le jour don mandey (le jeudi saint), 8 gros. « Pour sostenir nostre joruée. à #rgiIly, à lajornée des « trois estaz, oit nous estions appelé à poyne de C moutons « 4 florin. » La plupart des titres de cet établissement furent brûlés en 1722 par des individus malveillants qui forcèrent les bar- reaux de la sacristie. Le Chapitre avait de grands biens et des revenus assez élevés sur les terres de Marmeaux, AngeI, Blacy, ALlue, Civry, Dissangy, Guillon, Marcilly, Provencv, Montot, Mon- tréal, Pisy, Sainle-Colombe, UNe, Sain le-Magna nce, Saulx, La Maison-Dieu, Savigny, T.alecy, Monceaux, Thisy, Trévilly, Bussière, Chassigny, Ejioisses, Pancy, Perrigny, , Villers-Tournois, etc. La plupart de ces dons furent confir- més par les papes Clément III et Clément 1V, avec permission - aux chanoines dofficier dans leur église, même en cas din- terdit général.

(4) Date donnée par lAutun ehrétten tin SEIGNEURLE DE MONTRéAL.

Ils possédaient à Civry des dîmes de laine et dagneaux o et la moitié des oblations qui sy faisaient certains j urs de lannée, don de Godefroy, évêque de Langres, en I138 ; des ventes sur la terr&.de Pis y données par Goy et Jean dArcy (1309); une partie des tierces de Guillop et Sauvigny-Ie- Beuréal pour la dotation des chapelles de sainte Catherine et desaint Sébastien, par Guy de Montréal, seigneur de Beau- p voir i499); une rente sur les tierces de Marmeaux, ar Anric (1207) à Àtliie, six bichets de blé donnés par Jean deMontréal,sei:gneurde Pont-dAisy (1489; à lIsle, 60 sols de rente dus à la générosité de Béatrix, duchesse de Bour- gogne (429.3); à Àngely, des prés cédés pal le prieur de -vausse pour dautres propriétés; à Bussière, une rente de 20 sols léguée sur le moulin, par Guy de Villarnoul (1312); à Chassigny, la moitié de la terre appartenant à Guillaume des Granges (4393); au village de Monceaux, le droit de main-morte, comme le constate une déclaration de ,lehan de Benenvre (1281); plusieurs maisons données par le chanoine Edme de Ragny (1519). Le Chapitre possédait encore le four banal de Civry et Villiers-Tournois, le droit dusage en la forêt dErvaux, le tiers des dîmes. de .SainteTColomhe et dAUde, concédées par Anséric de Montréal, sénéchal de Bourgogne (14 70); des prés

PL héritages divers à Trévilly (I35-4189). Parmi dautres bienfaiteurs, on cite encore les ducs de Bourgogne, les cbmies de Montbard, les sires de Ragny, le cardinal Rolin, le cIaneelier Mohez, etc.. Guy de Gissey veut, par son testament, être enterré devant lautel Saint- Georges et ordonne quil sera offert à léglise, le joui de sa mort, son propre cheval, tout son équipement et son lit, lesquels objets pourront être rachetés par ses héritiers moyennant 40 livres tournois.

SEIGNItUBIE nu MONTRÉAL. 144 On regrette la perte -dun martyrologe in-4° du xl ve siècle qui, daprès Courtépée, était fort bien écrit et relié en bois. Sans doute y trouverions-nous la: trace de quelques familles aujourdhui éteintes. Au lieu de ces libéralités qui caractérisent lépoque des Croisades, les archives dès deux derniers siècles ne nous ont conservé que des liasses dinterminables procès : procès entre le sire de Montréal, Léonor de La Magdelaine, marquis de Ragny, et son peintre 1. Boursauge (1628) pour avoir posé une litre autour de léglise collégiale; Procès contre un fermier des dîmes -en (627, parce quil navait pas, selon ses engagements, fourni un gâteau de 60 livres le jour de la fête de Notre-Dame daoût, pour servir de pain bénit; procès entre le Chapitre et le curé de Châtel-Gérard ; procès contre les habitants et le curé de Montréal, relqmiiveent au droit de placer des bancs dans léglise collégiale, droit prétendu par ce dernier-: cette affaire est la plus inlportante. Les chanoines - publièrent pour leur défense un long mémoire imprimé en - 1738, par lequel ils déclaraient quautrefois les-hahilants navaient dautre église que celle de Cherisy, mais que sur la fin du xvit sicle la cure fut réunie au Chapitre : cest par pure tolérance que les chanoines avaient permis au curé dofficier sur un autel de la collégiale et aux habitants dy venir entendre la messe. Après tin certain nombre dannées, le scandale causé par les paroissiens qui amenaient le dé- sordre, força les chanoines h rappeler leurs droits. Le curé, à la léte des plus séditieux, voulut leur faire un mauvais parti et leur intenta un procès. Condamnation du demandeur au bailliage dAvallon. Vengeance des condamnés qui violent •a sacristie, brisent les vitraux, brifient les aubes et partie des archives, pillent le linge et les vases affectés au service divin, diamants qui étaient sur une croix, etc. I

112 SEIGNEURIE DE MONTRÂL. Nest-ce pas un peu lhistoire dun grand nombre de procès, un service rendu gratuitement qui devient obligatoire plus tard, une tolérance quon laisse dégénérer en abus?

CHAPITRE VI.

TEMPS ANCIENS. - CONJECTURES SUR fiRSQAÏtTCÂ.

Montréal (ilons-Ilegalis, fiions 1?egius) peut-il se vanter davoir pour parrain Gundioch, daprès lopinion de labbé Breuillard (I)? Doit-on en rapporter lorigine à la reine Brunehaut et à son petit-fils Thift rry qui y résidèrent; est-cc à Gaudisèle, est-ce au roi Gontran quil faut attribuer lhon- neur de cette fondation, ainsi que le pensent dautres auteurs? La négation- ou laffirmation pour lune ou lautre de ces hypothèses serait également téméraire. Les documents qui pourraient nous éclairer sur cette époque reculée sont si rares, quil est impossible despérer eu découvrir, surtout lorsquil sagit dhistoire locale. Tl serait dailleurs illusoire de chercher, comme certains historiens, une date de fondation pour un château habité par les rois mérovingiens sous lère mérovingienne il ny avait guère de châteaux; tant que le chef nétait pas occupé à la guerre, il employait son letnp à voyager de villa en villa, h parcourir les fermes royales où il consommait les Provisions en nature amassées par ses officiers, chassait dans les forêts avec ses tendes et recrutait ses femmes parmi les tilles des fiscalins. Cette existence inactive et nomade, dont Augustin Thierry nous a tracé un si piquant tableau dans ses récits

(4) Mémoires historiques, 1 vol. Dijon, 187. I C

SItIGNEtJBIE DE MONTuIAL. 143 mérovingiens, était assez propre à maintenir le chef au repos, dans des habitudes dinsouciance et de débauche et, en passant dune métairie dans une autre, on soccupait peu dune résidence où lon ne voulait point se fixer. On serait tenté, comme Courtépée, de faire coïncider Montréal avec cette résidence royale de Jirocarica ou Broca- riacum, dont la situation géographique, sujet de longues discussions parmi les savants des siècles derniers, na pu être déterminée dune manière précise mais cette hypothèse, purement conjecturale, pourrait sappliquer mieux encore à la Boucherasse, située àdeux kilomètres de là. Tous les chroniqueurs saccordent 4 dire que cest à Brocarica que saint Colomban, abbé de Luxeuil, refusa de bénir les bâtards de Thierry, petit-fils de la reine Brunehaut; tous affirment que la reine, aigrie de ce refus et des sages remontrances dece saint à légard de la licencieuse conduite de Thierry, donna aussitôt des ordres sévères contre lui et nue saint Colomban, craigaaut de saliéner les bonnes grâces de Brunehaut, alla à Epoisses pour essayer de lapaiser, tout en restant fidèle à sa conscience et à son devoir. LEpoisses dont il est ici question est le bourg dEpoisscs entre Semur et Avallon cest un point arrêté depuis long- temps et je métonne que, ces années dernières, on ait essayé dagiter de nouveau la question (1) lauteur du Réornaùs en a donné, paraît-il, une preuve sans réplique. Brocarica na pas été aussi heureux; on na pu jusquici en fixer la situation dune manière certaine. Les uns veulent le reconnaître à la Boucherasse, près Autun ; les autres, à la

(t) Discussion entre MM. Frantin et labbé Brcuillnrd. - Mémoires de la Commission des antiquités de la côte-dor. Sc. Ma. 8 C

114 SEIGNEURIE DE MorçTn:ÂL. - Boudherasse, près Montréal ; dautres, enfin, craignant de se compromettre, nen disept pas le plus petit mot; mais aucun deux na cherché létymologie celtique de cette désignation. Brccarica (Bro-ar-rich) parait signifier: terre du roi, ou mieux : terre du chef, puisque sous lère celtique et gallo- romaine il ny avait point de rois ; Brocariacuni (Bro-ar- rich-ac) signifierait alors: habitation dans la terre du roi ou du chef (1). Si la Ilouclierasse correspond à cette terre du roi, comme je le crois, il est naturel quon ait donné à la montagne voisine le nom de mont du roi, nom qui fut peut-être calqué sur k mot celtique primitif et latinisé dans sa traduction. On conçoit que ceci est purement hypothétique, Vainement ni-je fait des recherches au sujet de Brocarica ; les auteurs (2) qui pourraient nous instruire sur ce point sexpriment assez vaguement: peut-être nen savaient-ils guère plus quo nous.

(4) Cette étymologie ma été donnée par Al. le colonel Goureau. (2) Frédegaire. 1. y. -- Chron. Aynioin, I. su. - Jonas. - Carte de - Peutinger. - Saint Julien de l3aleure. - pétard. - Carte de Bour- gogne de Delisle, Mérn., K. ID. - celle de Defer. - Dict universel I. e. - Mézeray, (p. 45, t I, in-fol.) - Abbé Fleury (Histoire ecclé- siastique, t. VIII, liv. 36, parag. 56, p. 211242. - Bibi des anciens pères, art.Trédégaire, p. 518, colonne il, t. XI). Mabillon, - Diplo- matique, p. 526. - Ruinart, sancti Gregorii Turonensis, annotation B, p. 615. - Dom Ceillier, Iflst. générale des auteurs sacrés et ec- clésiastiques, t. XVII, p. 466 - Adrien Valois, au mot Urocariacum, p. (02. - Dom Bouquet, t. II, p. 426, table co!. III, p. UI. - Carte du premier royaume de Bourg, de M. Roger de I3elloguet, daprès les 25 signatures du concile dEpaône, en 547 (Mém. de lAcadémie le Dijon). -, Méru. hist. de labbé Brouillard. -, \1ariélés, t. t, (anon y me). - Almanach historique de TarDé. (Art. copié dans ou- vrage précédent.) SE1CNEUItII DE MONTILéAL. 445

Le seul travail qui paraisse spécieux fut publié en 1780 dans tin ouvrage anonyme en deux volumes, intitulé Variétés. Ce travail plaide en faveur de la Fouclierasse, près Montréal. Aux développements quil, n donnés jeu ajouterai (le nou- veaux. Il est bien fait mention sur la carte de Peutinger dun Brocarica, situé au-delà dAutun et paraissant correspondre k lendroit où est aujourdhui assis Epinac, mais il n été - démontré que cette hypothèse était inadmissible. En relisant attentivement les textes dAymoin: Jouas et Fredégaire, auteurs contemporains et par conséquent les plus compé- tents, on est forcé de choisir pour Brocarica un endroit voisin dEpoisses et qui pourrait correspondre à la Bouche- rasse. Dailleurs, les titres du château de Ragnyiappellent quil y avait autrefois les ruines dune habitation seigneuriale dont il oc reste plus trace depuis longtemps. Et on montre encore à la Boucherasse un puits appelé puits de Brunehaut. Au xir et au xlne siètle les sires de la Boticlierasse étaient puissants et lun deux, Guillaume, nous apparaît en 1235 avec le titre de vicomte dAvallon (4). La petite maison seigneuriale navait-elle pas conservé comme un reflet de la résidence royale et la tradition de ces souvenirs? De nouvelles discussions au sujet de Brocarica resteraient complétement stériles et namèneraient aucun résultat positif. Les seules preuves matérielles que nous ayons de lanti- qiuté de Montréal sont données par plusieurs médailles trouvées sur le sommet de la montagne, dont une en or date yt du siècle: elle est conservée dans la côllection de M. Bar- din, à Avallon.

(I) Arc!. de Dijon, Charte dAnséric de Montréal au prieuré de Notre-Damc de Va"Ice. 116 SEIGNEURIE DE MONTQFÀF.. Court épée assure avoirlu dans un manuscrit que le cMteau fut pris et ruiné par les Normands, puis rebâti parles An série sur le sommet où est maintenant la collégiale: cet événement aurait eu lieu vers le viii ou leçt siècle. Voilà les seules données que nous ayons sur lhistoire (le Montréal antérieurement à la féodalité: si ces documents sont pauvres, il faut sen consoler en songeant que la plupart des villes nont guère conservé dans leurs annales le sou- venir de ces époques lointaines; il nen est heureusement pas de même à dater de lère féodale.

n j,

DEUXIÈME PARTIE.

CHAPITRE I.

LES ANSft!C DE MONTflAL.

Au nombre des grandes familles baronales qui, comme celles de Montbard, de Noyers, de Courtenay, dEpoisses, ont brillé dun vif éclat dans nos pays pendant lépoque de la féodalité, figure la maison des sires de Montréal. Comme antiquité, cette maison est une des premières de Bourgogne, puisque lhistoire cnfaitmention dès le r siècle; comme illustration, comme noblesse, elle est des plus re- commandables; par ses alliances, on la voit associée aux ducs de Bourgogne, aux sires de Montbard, de Melle, de Courtenay, de Vergy, de Thil, de Garlande,- de Yillarnoux,de Menessaire, de Saint-Florentin. Et, chose étrange I après plus de trois siècles, la maison de Montréal sest perpétuée sans interruption par ses des- cendants mâles, et maintenant encore est représentée par - cette illustre famille de Chastellux, dont le nom se trouve tant de fois glorieusement mêlé à nos annales: car les Beau- voir-Chastellux ne descendent pas des Chastellux du xii

LI 4 1 8 SEICN SURIE DE NOT R r..

siècle, comme on le croit communément, mais des anciens sires de Montréal.

Les Anséric, sénéchaux de Bourgogne, marchaient des P remiers sous la bannière du- duc ; le rang considérable quils occupaient, la valeur et lintrépidité quils déployèrent aux croisades, le fameux arrêt rendu par saint Louis contre lun deux leur valut une grande célébrité; de là sans doute le rôle important quon leur fait jouer dans certains romans de chevalerie, et entre autres dans celui de Gérard de flous- sillon (1): cela explique aussi le titre de comte que sarroge Ànséric en 4170, comme on le voit aux archives de lévèehé dAutun; cette qualification, rarement en usage à cette époque, nétait guère portée que par les plus puissants sei- gneurs, -

Mais ce qui surtout contribué à conserver le souvenir des Ansérie, cest le grand nombre daumônes faites par eux aux monastères. Ils ont reçu pourprix de leurs belles actions limmortalité que ne donne pas toujours la naissanc& et la gloire. Limmortalité, cest la seule reconnaissance que puisse laissér la postérité, cest la seule monnaie avec laquelle elle P uiss e sacquitter. Les Anséric se signalèrent en outre jar les nombreux établissements monastiques quils construisi- rent, et malgré les siècles qui nous séparent de cette époque reculée, malgré la courte durée de leurexistence, nous avons pu réunir plus (le cent chartes attestant leurs pieuses libé- ralités ( e). Cest à eux que lon doit le chapitre de Mont-BéaI,

(I) Dans ce roman, Ansérie figure avec les Mites de Noyers sous te nom dAncrjs de Montrénul, (2) Le nom des sires de Mont-Réai est Inscrit sur tes cartulaires do SEIGNEURIE DE MONTREAL. 11.19 le prieuré de Saint-Bernard, la léproserie de Saint-Barthé- lemy; cest un membre de cette famille qui fonde, en 1404, avec un sire de Noyers, labbaye de Fonternoy qui devint plus tard célèbre, sous le nom de Reigny ; cest un Anséric qui bâtit les prieurés (le Saint-Denis ou Notre.Damd-de-VaUSse, de Charbonnières, ordre de Grammont, de Saint-Georges de Lisle, de Saint_Jean-les-Bons-IT0mu5, près Avallon ; cest un Jean de Montréal qui dota les monastères du Val-Saint- Dieu, près Dijon, et de Magny-sur-Tliil. Tous les auteurs bourguignons I) ont consacré quelques ligues à cette famille si antique et sitôt éclipsé. Et site nom des Anséric, à peine connu maintenant, néveille plus chez nous le souvenir de leur illustration dautrefois, cest quils ont depuis longtemps disparu et que le peuple, oublieux du passé; sintéresse à peine à ces seigneurs dont les châteaux sont détruits.- En admirant toutefois la belle collégiale de Moniréal, un des types les plus purs de larchitecture du xiic siècle, larchéologue ne saurait sans ingratitude oublier ceux (lui présidèrent à sa construction ; il ne saurait sans élonnement étudier la vie de ces fiers-chevaliers, dont le non) fut si célèbre dans les fastes beurguignottncS du xii0

et du Tin0 siècle (2).

Pontigny, Jteigny, FOolûme, Clairvaux, Saint-Martin de , Saint Martin de Pantoise, Quinoy, FIavigny, Tard, Val-des-choux, Citeaux, Vausse, Charbonnières, Vol-Saint-Lieu, Magny-sur-Thll, etc.

(I) D. Plancher, P. Anselme, Palliot (la noblesse de Bourgogne), courtcpée. Ce dernier historien avait sur Mont-Réai des notes préci- ses, noies prises dans un excellent mémoire de François Mynarri, Prieur de saint-Bernard. () En qualité dhistorien de Montréal, je crois devoir signale 420 SEIGNEURIE DE M0NT11AL,

S t. ANSÉRIC t (4002). - ANSÉRIC II, FONDATEUR DU CHAPiTRE DE MONTRÉAL (1068).

Il est tout à fait impossible de préciser lépoque de prise de possession de Montréal parles Anséric. Doù viennent-ils? On ne le sait trop? On peut supposer avec raison que ce fut une de ces familles qui inaugurèrent la féodalité et avaient même auparavant une grande existence: leurs possessions territoriales si étendues au xiit siècle pourraient nous auto- riser à penser quils descendaient de ces conwnissarii regii, qui, proposées dans le principe à ladministration des domai- nes royaux, se les approprièrent sous le règne des faibles successeurs de Charlemagne.

Le premier Ansérie dont il soit fait mention dans lhistoire vivait vers lan 4000.

Lorsque le duc ilenri mourut sans enfants en 1002, il nomma pour successeur Othon-Guillaunie, son fils adoptif. Le roi Robert, à qui ces dispositions préjudiciaient, refusa de

aux archéologues les usurpations auxquelles ce nom a donné lieu, usurpations qui ont contribué à propager des erreurs qui se sont glissées dans plusieurs ouvrages : Le Nobiliaire universel do 18U, p. 407, (ait descendre des Alontréal la maison de Guiman, dont est issue S. M. lImpératrice. On n publié en outre une généalogie de cette maison, (Lyon, imprimerie B. Boursy) et diverses notices qui noffrent quun tissu de faussetés. Il estbon de se mettre en garde contre les maraudeurs de titres nobiliaires. SEIGNEURIE DE MONTRÉAL. 41 les reconnaître: après douze ans de luttes sans succès contre les Bourguignons, rebelles à ses projets, il gagna à sa cause Landry, comte de Nevers et dAuxerre, en offrant sa propre fille en mariage au fils de ce seigneur. Séduit par lillustra- lion dune telle alliance, Landry, auparavant lallié dQthe- Guillaume, dont il était gendre, appuya de tout son pouvoir les vues ambitieuses du monarque: il sefforça denlever au duc les places frontières de Bourgogne et vint plusieurs fois, dit Courtépée, assiéger Montréal sans jamais pouvoir sen emparer. Le fait nest point invraisemblable, il paraît même fort probable, car vers la même époque Avallon était en pos- session du roi Robert qui sen était rendu maître, grâce à lécroulement fortuit dune partie des murailles; il était naturel que lon tentât quelques coups sur Montréal qui était une place voisine. Seulement, par une erreur qui ne sexplique point, Courtépée place le fait sous Anséric II, et il appelle Anséric Ter celui qui vivait en 1068; il estfort pos- sible quil y eut un Anséric avant 100e, mais comme nulle part lhistoire nen fait mention, je prendrai celui-ci comme tige des sires de Montréal (1). Y Cest à cet Anséric quil faut attribuer la fondation du prieuré de Saint-Bernard, dont une charte dun seigneur de

(4) Le nombre des Ansérie est très .variable; chaque auteur en si- gnale un nombre différent; les uns en trouvent quatre, dautres cinq, dautres sept. II est facile devoir doù vient cette divergence: cha- que monastère nindique sur son carlulaire que les donateurs en leur donnant un numéro dordre chronologique sans soccuper des sei- gneurs intermédiaires qui nont Fiel, donné. Pontigny, par exemple, en marque cinq, tleigny six. Il est très-diliicile à un chroniqueur qui na pas en main tous es doeriments, de distinguer chacun deux sans confusion 122 SEIGNEURIE DE MONTU A L.

de .Taiec nous apprend lexistence en 1042. Peut-être était- ce le fruit dun voeê quil avait fait à lapproche de cet an mil que les populations superstitiSses du nlo3en-âgeregard;tient comme devant marquer la fin du monde. Ansérid II continue la série non interrompue dè cesdo na- teurs généreux qui, pendant plus de deux siècles, comhrètent les monastères de leus largesses et de leurs libéralités. Cest en 1068 quil dota le chapitre de Sainte-Marie où de Notre-Dame, chapitré qui devait avoir plus lard une si grande impôrtance par les concessions que lui firent les sires de Montréal, ses successeurs, et les ducs de Bourgogne. Deux ans après (t0O), céfle pieuse fondation fut pprouvée parle duc. Rohert (1): quelques auteurs induits cil ont même attribué la collégiale à ce dernier; mais jai fait voir que cette hypothèse était ina dm i ssible: le duc Robert ne possé- dait alors aucun fonds à Montréal ; Anséric avait seulement voulu, pour la stabilité de son oeuvre, la faire sanctionner pa? le suzerain qui sengageait par là à en prendre la tutelle si elle venait à être menacée. Les deux institutions monastiques que nous venons de signaler le prieuré de Saint-Bernard et le chapitre de Sainte- Marie prouvent que des seigneurs, assez riches et assez puis- sants pour faire de telles aumônes, devaient avoir depuis longtemps déjà établi leur résidence dans Je pays. Et lon ne saurait douter; daprès lacte confirmatif de Robert, que les sires de Montréal avaient reconnu la suprématie des ducs, ou que, du moins, ceux-ci avaient su les rallier à leur cause, en [es investissant dune de ces fonctions honorifiques dans lesquelles plusieurs dentre eux brillèrent dans la suite.

(1) Autun chrétien. - Plancher (Hist. de Bourgogne, L-11.) SEIGNEURIL DE MONTRÉAL. 123

S u. sucues i ( 4401). - IIVOUES II (442S). - SCANDALEUSE CONDUITE 0E (nJII.LAUMC DANS LABBAYE DE V&ELÂY.

IL faut aller jusquen 1101 pour trouver un sire de Mont- réai : il sappelait flaques, et faisait partie (lu conseil du duc. Choisi en 1104 comme juge dun différend qui sétait élevé entre lévêque dAnjou et Eudes de Bourgogne, il condamna ce dernier. Cest probablement ce même Rognes que D. Flan- cher (1) signale comme sénéùhal, et dont le nom de famille nest jamais indiqué. Les moines de 1abbae de Flavigny avaient alors de grandes difficultés avec les seigneurs du voisinage une grave contestation sétant élevée ait dun fief que labbé Girard réclamait au sire de Marigny. LévêquedÀutun, Etienne de Bagé, convoqua (Ill 3), pour les mettrcdaeeord, plusieurs hauts barons en lête desquels figurent Savane de \ergy, Hugues de Montréal, Adheran de la Roche: on restitua à labbé le fief en litige, et les moines durent remettre â [fugues de Marigny « mille sous tournois et un palefroi. » (2) Cest en 1404 que doux ermites, Richard et Guérin, jetè- rent les fondements du monastère de Funtemoy (plus tard Reigny) sur les confins dos domaines des sires de Montréal et de Noyers 1 Ansénic dAvallon et Gui de Noyers leur don- nèrent tout ce quils y possédaient en franc alleu « sine tilla tecntione in terrd de Fontismo quw dicitur S. Pétri. » Cet Anséric appartient à la famille de Montréal, et peut-étre est-ce le même (lui figure en 4447 avec le titre de vicomte

(I) tiist. de Bourg, t. Il, art. Officiers de la maison du duc. t) Courtepée, t. 1, P. 442; t. V. P. 308. Clsantercau-Lefcbvrc (traité des fiefs). - Cartulaire (le flavigny. 421. SEIGNEURIE DE MONTRÉAL.

dAvallon, comme lindique M. labbé Baudiau dans son his- toire du Morvand: cela explique aussi la résidence que quel- ques-uns dentre eux faisaient à Avallon. A une époque très rapprochée de cet événement, nous voyons un Pierre de Montréal prendre le froc dans le même monastère de Fonte- moy(1145), tandis que sa mère Marie donnait aux religieux un moulin qui devait être un lieu dasile quatre ans plus tari); Ilugnes de Montréal fait lui-même aux religieux la concession du Champlevé, aujourdhui la forêt de Champlive (1149) (I). Les seigneurs qui vont suivre continueront loeuvre de bienfaisance commencée par leurs ancêtres. fer Hugues de Montréal avait épousé Matie, dont il eut deux fils Pierre et Huguos 11, époux dHéloïse (Aluisa), qui lui succéda. - Nous ne possédons aucun titre sur fugues 11 ainsi que sur plusieurs seigneurs de cette maison qui paraissent. On voit seulement quun Guillaume de Montréal tenait aux en- virons de Chablis plusieurs fiefs dans lesquels fugues de Maligny et Humbert, prévôtdÀuxerre, avaient des droits que ceux-ci cédèrent à labbé de Pontigny; labbé de Pontigny en laissa lui-même la jouissance aux religieux de Saint- Martin de Chablis (1133) (2).

Vers la même époque vivait un Pierre de Montréal dont le fils Guillaume causa un si grand scandale dans labbaye de Vézelay. La chronique de fugues de Poitiers en parle fort

(1) courtépée, art. Montréal. - () Les actes de ces diverses sessions furent (ails à Chablis, en pré- sence de Miles, maire de Chichée, Elienne de Sainte-Vertu, Jean et Mathieu, ses frères, etc. (Petit cartulaire de Pontigny, M . du xvut siècle, p. 95).— Cartulaire de lyonne. SEIGNEURIE DE MONTRÉAL. •425 longuement, et pour nêtre pas des plus édifiants, cet épisode nest pas un des moins intéressants de son récit (I). Ce Guillaume de Montréal, lun des serviteurs de labbé Fous, était encore jeune, mais dun esprit déjà très exercé il avait su, par ruse M par adresse, accaparer les bonnes grâces de labbé à lexclusion de ses autres rivaux. Peu à peu linfluence du favori devint telle, quil occupa le premier rang dans lexercice du pouvoir; cétait à lui que lon sadressait pour obtenir justice, condamnation ou faveur; devant lui les anciens et sages conseillers de labbé furent obligés de fléchir tant il avait dascendant sur le faible caractère de ce dernier bientôt Guillaume, fier de sa puissance, en vint à calomnier les religieux, et quoique serf de léglise, il osa porter contre - eux un jugement téméraire. - Lavarice et lambition ne sont point des passions qui séteignent avec les années, et de jour en jour Guillaume étendait immensément ses propriétés au détriment des biens de son seigneur, et ramassait aux dépens des pauvres des som- mes quil prêtait à un intérêt exorbitant. La jalousie et la haine, cortége obligé de ces hideuses passions, achevèrent de le rendre odieux à tous les Pères ; mais Guillaume, fier de la fascination quil exerçait sur le coeur de labbé, devint plus arrogant et plus orgueilleux encore; il ne craignit pas datta- quer la réputation des hommes les plus honnêtes et les plus éprouvés. Tout à coup labbé Ports mourut et Guillaume, profitant de la douleur où cette perte cruelle plongeait les moines, négli- gea le soin des funérailles, sempara des clefs, pilla les or-

(1) M. Guizot e donné une traduction de cette chronique dans ses Mémoires relatifs à lhistoire de France. 426 SEIGNEURIE DE I0NtRIAL.

moires et enleva tout ce quil put trouver de plus précieux. La conduite odieuse de cet homme impie qui aurait dû verser deslarmes de sang à la mort dun si bon maftre, excita lin- dignation des religieux. Au moment où il allait recommencer ces vols sacriléges, Guillaume fut saisi et arrété par les reli- gieux; aux fautes dont on laccusa et aux interrogations quon lui fit, il nopposa que les plus mensongèr&s dénégations. Sa maison fut fouillée, on y trouva grand nombre des trésors quil avait volés, entre autres un riche nndelabre dor que limpératrice Mathilde, mère de fleuri, roi des Anglais, avait autrefois donné au monastère; on y retrouva également les sceaux de labbé et du chapitre que vainement les frères avaient cherché depuis deux ans. Ainsi convaincu de vol, de parjure et de trahisoi; Guil- laume feignit de se soumettre et donna pour gage de sa sin- céril.é 500 livres quil remit le lendemain matin au nouvel abbé, élu Je jour même de la mort du vénérable Pons, le samedi l4 octobre il6l. Guillaume de Montréal fui relâché sur la garantie de sa feinte soumission: immédiaienient il se rendit auprès du .comie de Nevers, qui célébrait alors les funérailles de son père; après avoir raconté à son avantage ls évènements qui venaient de se passer et dans lesquels il se portait comme victime, Guillaume promiau jeune comte, outre une certaine somme, dix-sept tasses dargent sil voulait lui prêter secours contre les religieux de Vézelay; il se mit en outre sous la protection du comte, moyennant une rente de deux marcs dargent. Aussitôt après lélection du nouvel abbé, les moines récla- .•mèrept la punition du sapupabhc niais celui-ci, confiant dans la protection et dans lappui promis par le comte, refusa de SEIGNEURIE DE M0NT-flAL. 127! se soumettre. Ordre fut donné par labbé de larrêter et il fut jeté en prison. Mais Guillaume, se voyant ainsi pris au dé- pourvu, joua encore de ruse et fit une fausse confession aux abbés de Fleury et de Paris, qui étaient venus assister à lins- tallation de labbéde Vézelay. li protesta quil se soumettrait désormais à leur décision et indiqua les endroits oh les trésors de labbaye avaient été cachés afin de les mieux convaincre. On lui fit donc jurer sur les reliques dessaints quil tiendrait fidèlemenises promesses et ferait exactement ce qui lui serait prescrit ; on lui accorda .a liberté sous condition quil ne sortirait que le lendemain. Mais malgré ses serments, •limpie Guillaume prit la fuite la nuit même. Aussiôt après, on fit saisir dans sa maison toutes les provisions qui sy trouvaient ainsi que les vases, les étoffes pr$ciuses et le mobiliep les cautions furent obligées dc verser les 50Ø livres que G!iil laume avait promises en nantissement. Pendant ce temps, -le fugitif était allé auprès du comte de Nevers, qui le ramena lui-même au monastère avec un sauf- conduit. Labbé fit des reproches au comte h cet égard et lon convint dun rendez-vous à Reigry pour régler ce différend et plusieurs autres suscités par les prétentions toujours repais- santes du comte: celui-ci, après avoir consulté ses vassanx, qui déclarèrent navoir aucun droit de protection sur les hommes de Vézelay, remit G! uilla urne de Montréal à la justice des religieux. Le comte de Nevers tomba malade vers la irne époque, et tous les moines se mirent en prière pour demander sa guérison, malgré la haine quil leur portail; mais quand le comte fut guéri, il sempressa de réclamer largent qii lui était dû parGuillaumeet que les moines devaient rembourser, puisque ce dernier était serf des religieux. Le porteur de la

Il 128 SEIGNEURIE DE MONTIt}AL.

lettre eut ordre, en cas de refus, de dévaster les terres de labbaye. Geoffroi de Melun, qui fut charM du message, nayant pu obtenir aucune réponse favorable à cet égard, soffrit dintercéder de nouveau près de son seigneur avant dobéir aux injonctions qui lui avaient été faites. Labbé lin offrit de ]e faire accompagner par un de ses moines, qui rési- daità Chamoux. Geoffroi accepta, et ayant été trouver ce moine, partit avec lui. 111e quitta chemin faisant, sans doute pour des différends quils eurent ensemble, et se rendit à Châtel-Censoir. Là, il réunit les jeunes gens les plus vigou- reux et enleva avec eux tous les troupeaux appartenant à labbé dans le village de Chatrioux. Sept jours après, Geoffroi fut frappé de démence et sè jeta dune fen&re de sa maison dans lYonne; retiré de leau à demi-mort, il attenta lu i-méme à ses jours dans un accès de folie. Cétait Guillaume de Montréal qui avait attiré tous ces désagréments à labbaye; on lui demanda de payer ce quil devait au comte de Nevers ou dindemniser léglise des dom- mages quon lui faisait éprouver à cause de sa rebellion. Guillaume nen fit rien et fut jeté en prison chargé de fers. Les affreux cachots dans lesquels il fut comme enseveli, et la rigueur de son traitement ne purent rien gagnersur ce coeur endurci; vaincu cependant par les souffrances, il abandonna ses propriétés et fit sa paix. Quoique dépouillé de toutes ses richesses et condamné à une existence retirée, il ne modifia point sa conduite, sil faut en croire le chroniqueur.

S II. ANSÉRIC III PART ELI CROISADE (4447).— CONSTRUIT LÀ COLLÉGIALE 0E MONTRÉAL. - LES COMTES DC CHAMPAGNE 1W CONFIENT LADVOIIERIE DE SAINT-MARTIN DE CHABLIS.

Cette famille de Montréal prend une importance de jour en SEIUNELILIE D E 3IONiItIu, 429 jour plus considérable: Anséric 111 figure dans un grand nombre dactes. Son intervention appaiscde fréquents démêlés qui sélèvent entre les seigneurs du voisinage. Les grandes libéralités quil fit aux abbayes de Pontigny et de lleigny nous prouvent limmense étendue de ses domaines qui né- taient limités que par les terres des sires de Noyers, dEpois- ses et dAvallon. Les Anséric étaient encore investis du litre de vicomtes dAvallon, comme le prouvent les archives dAu- (un (4): mais les prérogatives attachées à cette charge ne sont pas bien définies. Anséric III avait épousé Adelaïde de Ménessaire: il donna en 4445 à labbaye de Pontigny tout ce quil possédait de (erres cultivées, incultes ou boisées, depuis le chemin de à Torrnancy jusquà celui de Massangy, qui se dirige sur Chablis. Il y ajouta divers droits de pâturage dans la forêt dHervaux et dans les terres jusquau Serain (2). Ces donations devinrent la même année le sujet de contestations Pontign y entre les religieux de et ceux de Saint-Germain dAuxerre qui possédaient des propriétés à Coutarnoux, ToN rnauey, : une transaction fut passée à Villiers-la- Grange par lentremise de Hugues, évêque dAuxerre, et le couvent de Pontigny fut condamné à payer une rente de trois SOIS à celui de Saint-Germain (3). Les nombreuses chartes qui datent de la première moilié du xii siècle nous font assez voir les pieuses tendances de lépoque, tendances développées surtout depuis la croisade n

• (t) Gagnard (tiisÉ. de lEglise d\ utun). - Abbé t3aud au ([lis(. du Morvand, t. II, Art. Avallon). (2) Cartulaire de lYonne, t. i. (3) Cartulaire de lYonne, t. L,

Sc. /iist, g 130 SEiGNEURIE I)E MONTI1EÀL.

malheureuse de Pierre lErmite et de Gauthier Sans-Avoir mais, un moine que labbaye de Citeaux va donner au monde est destiné à donner une nouvelle impulsion à lenthousiasme religieux. A lentrainement irrésistible et magique de, celle voix qui domine lassemblée de Vézelay, les peuples se lèvent, un frémissement semblable au frisson de la fièvre sempare de ],a les guerriers, mus par une commune pensée, jurent de sembarquer pour la Terre-Sainte; ceux qui ne peu- vent les accompagner dans ces lointaines expéditions sense- velissent dans les monastères, le cloître devient la maladie du siècle; les reines meurent abbesses, et les princes se font Bernardins. Il navait certes pas un médiocre talent, lhomme capable de produire une telle impression sur des esprits incultes et grossiers les mères cachaient leurs enfants et les épouses leurs maris, de peur quils nallassent ouïr les prédications (le saint Bernard son énergie était extréme: « A peine pou.- « vait-il se tenir debout, dit Michelet, et il trouva des forces « pour prècher la croisade à cent mille hommes; cétait un « esprit plutôt quun homme quon croyait voir quand il « -paraissait ainsi devant la foule avec sa barbe rousse et « blanche, ses blonds et blancs cheveux, maigre et faibl, à « peine un peu dc vie aux joues.... Pour lui, quand il avait répandu le soufle de vie sur cette multitude, il retournait « vite h Clairvaux, rebâtissait prèsdu couvent sa petite lofl « de ramée et de feuilles, et calmait un peu dans lexplication « du Cantique des cantiques son coeur malade. » On est forcé de parler de linfluence de saint Bernard soi- son siècle et de rappeler le fait solèrinel dont Vézelay fut le thé&tre,poui bien comprendre quel fut,dans nos pqyss.urtoqt,

SEIGNEURIE liE MONIIIEÀL. :13 ce le contre-coup de grand mouvement de la seconde croi- sade. - Dailleurs, pour se rendre à Vézelay, saint Bernard passa sans doute par Montréal; peut-être sétait-il arrêté à Epoisses, dont son cousin maternel était seigneur. Anséric III de Montréal assistait, lui aussi, à cette grande prédication de 14.46, et prit la croix avec Artaud (le Chas- tellux, Chalo dAvallon et bien dautres. Avant son départ, il avait laissé à labbaye de Reigny des preuves de sa générosité, espérant obtenir du ciel le bon succès de son expédition : il accordait aux religieux un droit dusage dans ses domaines, de paccago dans ses bois et de pêche dans le Serain, ainsi que son père Hugues et sa mère Héloïse le leur avait déjà accordé (1). La même année (4447), Ansôric leur assurait encore la propriété de Charbonnière, et entraînait, par son exemple, plusieurs seigneurs de ses vassaux dont il approuvait les donations : Erard de MonjaUiii laissait aux mêmes religieux de 1eign la terre de Chevannes, et Thibaut de Sanligny une - certaine quantité de prés (). Deux ans plus tard (1149), divers teigneurs de la même maison sont encore notés comme bienfaiteurs: Geoffroi de Montréal, Hugues III de Montréal, dit te blanc, et ses deux fis, Gautlueret Hugues IV (3). Ces derniers abandonnent le pré Brunon aux religieux. -Une lettre du Pape à la date du 23 août confirme à Etienne,

(I) Cartulaire de lYonne, t. 1. EondsReigny. (2) Cartulaire de l yonne, t. I. Fonds Reigny. (5) Archives de lYonne. Fonds Reigny, L. - 5.-L. I, car- ton 9. I 32 SEIGNEURIE DE MONTItAL. abbé de lleigny, toutes ces aumônes ainsi que celles de Miles de Noyers (4). Cest quelque temps après son retour de la croisade quAn- série III construisit la belle collégiale de Montréal, ce véri- table « bijou architectural,» selon lexpression de WViol]et- Leduc. Lé caractère de larchitecture saccorde avec les documents écrits pour porter lérection du monument dans la deuxième moiti6 du xii 0 siècle. Et cest ce que justifie le litre -de: « Pater ecclesiai collegia&» que le même Ansêricprend dans certains actes (2). ÂflSéFÎC III parvint à pacifier un différend qui sétait élevé en 11 51 entre les religieux de Pontigny et son beau-père, au sujet de la possession des terres données à labbaye par les vassaux de ce dernier (3). 11 se fit garant de cet accord et en jura lexécution cii présencedeJobert de Bar, Hervé de Pierre- Pertuis, Guillaume de Lisle et Jean dAuxerre. Au nombre des témoins et amis dAnsértc, nous voyons souvent figurer un chevalier nommé Hugues Loyp, assez

célèbre au Nue siècle. Il avait une maison à Paris où il rési- dait quelquefois, ce qui a fait donner soir nom à la rue. Les rues du Grand Hurleur et du Petit Hurleur ont pour étymo- logie la désignation de Hugues Loup, que lon prononçait alors Heu Leu, doù lon a dit: Hurleur. On connaît les luttes violentes qui sélevèrent au xuesiècle entre les comtes de Nevers et labbaye de Vézelay: les reli- gieux, impuissants à se défendre eux-mêmes, se mirent sous la

(1) Gaula christiana, 2 édition, t. XII, instr., Auxerre. fl XXVII. Privilége du pape (4141). - (2) Courtépée Description du duché de bourg. t. VI; art. Montiéni. (5) Ancien curtulaire de Pontigny, (f0 7). SEIGNEURIE DE MONTRÉAL. 433 protection du Pape et lui demandèrent assistance. Le 19 décembre 1151C, le pape Eugène III sadressa à plusieurs seigneurs voisins et notamment à Anséric, pour leur enjoindre de faire exécuter la sentence dexcommunication lancée contre les bourgeois de Vézelay (I). Nous navons trouvé aucun document sur la suite de cette affaire, niais nous croyons que le sire de Montréal était animé dune trop grande piété pour ne pas déférer lordre du pape et rester neutre dans cette querelle. Les comtes de Champagne confièrent à Anséric 111 lad- vouent de Chablis, cest-à-dire la charge de protecteur et de défenseur de labbaye Saint-Martin de Tours; ils devaient en toute occasion prendre fait et cause pour les religieux ainsi que pour les habitants qni résidaient sur les terres du monas- tère. A cette charge purement obligatoire étaient attachés plusieurs émoluments et prérogatives: droit degite et serment de fidélité, sauf celui dû au comte (2). Les comtes de Champagne avaient succédé au roi de France dans ladvouerie de Saint-Martin ; Henri, comte de Troyes, se démit de ces fonctions en 14 51 , en faveur dAnséric HI, auquel il accorda également les revenus quil recevait des religieux. Mais ceux-ci, excités par les réclamations du prévôt Maurice, à qui ces dispositions préjudiciaient sans doute, députèrent ce dernier sers le comte avec les cFanoincs Asalon, Robert de Verneuil et Jean, maire de Chablis, pour prier le comte de révoquer la cession quil venait de faire. - Mais fleuri refusa de se rétracter, et déclara quil navait

(t) Chronique de VzeIay (Spicilège). (2) Annuaire de lYonne, Chablis, Par M. Quantin. -.- Clianicreau - Lefebvre. Trailé des nets Preuves, j. 15. 134 SEtGN.IftiE DE MONTRÉAL. point abandonné la garde proprement dite de labbaye, ni son droit annuel de procuration, ni le droit de fidélité payé par les habitants, et quil ne pouvait confier ses pouvoirs à Iper- sonne (I). Dans le siècle suivant, nous «errons les sires de Montréal remettre à ceux de Noyers, à titre de sous-inféodation, les droits à eux légués par les comtes de Champagne. Outre ladvouerie de Chablis, plusieurs membres de la fa- mille de Montréal possédaient auprès de cette ville de grandes propriétés. Et cest peut-itre à ces preux Anséric et aux comtes de Champagne que Chablis dut au xii e siècle la célébrité de ces fameux tournois qui atiiraient dans soit un si grand concours de chevaliers. En 1153, -Anséric confirma, avec son épouse Adelaide, une charte par laquelle la famille Ivon dAvallon avait donné à lleigny toute la terre quelle possédait entre le ruisseau de Creusant, celui de Monijallin et le pré de létang, terre pu relevait de leur seigneurie (2). Lors de la fondation du prieuré deFranchevault, Anséric de Montréal Sc trouvait avec les comtes de Champagne, de Nevers, de Tonnerre, les sires dErvy, de Noyers, etc., et reçut aveceux, dans tin liçu du diocèse appelé Froid-Manteau, des vierges du monastère de Jully, envoyées par labbé de Mo- lesme, à la prière de Pétronille, comtesse de Bar: tous ces seigneurs permirent aux religieuses dacquérir et de recevoir des biens dans les différents fiefs quils possédaient (3). Un titre de 1163, en faveur de labbaye de Reigny, signale

(1) cartulaire de Saint-1urtin de Chablis () Cartulaire de Yonne, t. 1. (5) Cartulaire de lYonne, t. U. r

SEIGNEURIE DE MONTRÉAL. 0 1-5 un Gaufroy ou Geoffroy dc Montréal comme défenseur de cette abbaye (1).

§ iv. ANSCRÎC iv (4164). - SES PIEUSES FONDATIONS. - SON INTERVENTION DANS LES ntMÉLs DES COMTES DE NEVERS ET DES DUCS DE BOURGOGNE.

Cest en 1164_quAnséric IV paraît pour la première fois il était sénéchal de Bourgogne; on ne sait point de quelle famille était son épouse; on sait seulement quelle sappelait A lix. Les premiers actes dÀnséric IV furent de confirmer, selon lusage, toutes les donations de ses prédécesseurs, ainsi que celles non encore mentionnées que labbaye de Reigny avait reçues de Caïn deMontiéal, de Guillaume de Tours, Niard de Montréal (2). Il se chargea, ainsi que son fils, de faire exécu- ter la teneure la charte signée par Ivon dAvallon, en faveur du même monastère, et promit aux religieux de veiller à In conservation des biens quon leur avait donnés entre les iuis- seaux de Creussant et de Monjallin (II 64) (3). lE assista Geoffroi Strabon de Villemer dans une donation faite ù lab- baye de Vauluisant deux ans plus lard (4). Les archives de lévécllé dAutun rappellent les efforts que fit ce seigneor pour augmenter les possessions du chapiire de Montréal il se fit, en 1170, le défenseur de léglise dont il

(1) Preuves (le lhistoire dAuxerre, Lebeur. t. Il. Preuves. () Niard de Montréal avait donné la grange de Beauvoir et ses dépendances. (Enuniération des biens de fleigoy, 1164,) () Cartulaire de Vïonne, t. il. (4) Cartulaire de lyonne, t. 11. - 136 SEJGNEIJRTE DE MONTRÉAL. contribua à lembellissement et à la ehèvement(l). Il confirma aux. chanoines tous les biens donnés par ses ancêtres dans les terres de Montréal et de Lisle: il ajouta, pour son propre eol{e, la cession des fours de Civry et de Villiers-Tournois, le droit dusage dans la forêt dHervaux, le tiers des ditnes (le Sainte-Colombe et dAthie, deux mesures de blé à prendre sur son moulin de Montréal, moyennant quoi les desservants devaient entretenir nuit et jour une lampe devant lautel de la Sainte-Vierge pour le repos de lâme de sa femme: ce nest pas tout, il confirma aux chanoines toutes les tailles auxquelles ils avaient droit, et leur donna plusieurs femmes mariées à des hommes de leur église: la femme deGuillaume, la femme dHervé, la soeur de Barbin, lesdenx filles dHugues le Pécheur, la femme du prévôt Renaud, la femme de Robert avec tous leurs héritiers et leurs biens, les deux filles de Bérengère, épouse dé Rodolphe de lIsle, et tout ce que le fils Renaud possédait à Montréal. Les deux fils du donateur, Àr,série V et Jean de Montréal, furent témoins de la charte, ainsi que Philippe de Prev, Jobert de Bar et ses fils, Flugues et_Guy, ctc. Dans , la seconde moitié du xu° siècle, les domaines des sires de Montréal avaient une étendue considérable; les fiefs importants qui relevaient des seigneuries de lIsle et de Mont- Réa!, les nombreux vassaux qui en dépendaient faisaient - compicè les Anséric au nombre des plus puissants barons de Bourgogne; on voit même quils prenaient parfois à cette époque le titre de comtes, titre alors rarement en usage (3)

(4) courtépée, (IL si. de Bourg, t. VI) Archives detévèché dAutun. (2) Archives de l Yonne. Fonds du Chapitre de Montréal. (5) Archives de lvêctié dAutun; D. Plancher (tlist. de Bourg. t. H, art. officiers de la maison du d tic). SEIGNEURIE DE MONTRÉAL. 137 - Anséiic 1V, grand sénéchal du duc, était réputé lun des plus vaillants chevaliers de son temps; la sagesse de ses con- seils était précieuse au dite; souvent il était nommé arbitre pourjuger les différends qui sélevaient entre les principaux seigneurs de la province : cest en faveur de cette • bonne renommée et de ses longs services quil dut lhonneur de voir son fils allié û la maison (le Bourgogne. Le duc Hugues III et Goy, comte de Nevers, eurent des dé- mêlés au sujet de droits dhommages que ce dernier refusait de rendre ; après plusieurs contestations, ils déclarèrent quils sen rapporteraient entièrement au jugement dÀnséric de Montréal, de Ilugues de Mont-Saint-Jean, de labbé de Citeaux et de labbé de Clairvaux ; le comte sengagea à ne commettre aucune violenceà légard des hommes du duché et à nenvahir les terres quautant quil se serait écoulé qua- rante jours, à partir dune difficulté, entamée; il donna des étages et chargea les évêques de Langres, dAutun,dÂuxerre et de Nevers de le frapper dinterdit dans le cas où il vien- drait à manquer à sa parole: le duc fit de semblables pro- messes, sans donner détages toutefois, et sans engager les évêques à le frapper dinterdit en cas de violation du traité. Hugues et Goy conviennent ensuite de démolir de fond en comble les forteresses dArgenteuil, de Saint-Cyr et de Bar, ainsi que tous les ouvrages que labbé flurand avait fait construire près du gué de Vézelay, de manière quon ne les pût reconstruire plus tard; ils déclarent sopposer au passage des malfaiteurs sur leurs terres et donnent pour garants de la paix quils ont faite le roi de France, le comte de Troyes, le comte de Blois et larchevêque de Sens (4414) (4)

(4) Pétard (Recueil de piùcds pour servir à histoire de Bourg, P. 247). Les autres témoins de cet acte furent: Gauthier, évêque de 138 SEIGNEUIIIE DE MÔNTIIÉAL.

Vers la mème époque, labbé de Molème se plaignit au sire de Moniréal parce que celui-ci recevait dans scsdomaines les hommes de Nilry et de tichères pour éviter les débats qui pourraient sélever à ce sujet, Ariséric renonça à la pro- tection quil exerçait sur ces hommes et promit quà lavenir il nen recevrait plus de Nitr y ni de Lichères. Lacte-de cette renonciation fut fait et passé dans son château de lIsle en présence des moine Bernard (le Roavfes et Thilut de Grésigny, de Miles, prévôt de i\lonlréal, et de Guillautne, prévôt de lIsle (1174) (1). Le sire de Noyers fit, en 1188, la même promesse aux moines de Molème de ne plus recevoir les hommes de Niiry dansson château de Noyers; il faut croire que les habitants de ?iiry nétaient pas satisfaits des moines de Molème. cela explique aussi un acte violent dHcrhert de Merry et de son fils à légard de ces moines, acte (fui fttt arrangé avec ceux-ci par les soins de ].a Mathilde (1476).

S V. ANSERIC V, GRAND SfGHAL 0E BOURGOGNE. — SON DEPAI%T POUR - LA CROISADE OU IL MEURT. - SYRIILE DE BOURGOGNE, SA VEUVE, DAME 0E MONTRÉAL.

Anséric V, grand sénéchal de Bourgogne comme soi] père, avait épousé Syhille de Bourgogne, fille de Hugues-le-Roux, lui-même fils de lingues If et frère dEudes II, qui furent.

successivement possesseurs suzerains dit (e) . Cette

Lyon, Bernard, évèque de Noyers, Anséric de Montréal, Guy de Vergy, llugues tic Mont-Saint-Jean, Na-geot de Touey, Etienue de Pierre-Pertbuis, Cibaut do SainÉ-Verain. lingues de Pierre Pcrtliuis. (I) Cartulaire deuolèine. (2) Duchêne fait à tort descendre Ilugues- le-lieux de flu y rnond de oûigbgne et liÀgnès de Iontpensier. SEIGNEURIE DE itONTRF.Àt.. 139 SybiBe de Bourgogne dont parle le chroniqueur Albéric de Trois-Fontaines, avait apporté en dot au sire de Montréal plusieurs terres assez considérables dans le Dijonnais, les fiefs de Meursault, de Neuilly près Favernay, de Tard, de Magny. etc. Après la mort «Anséric IV, ils approuvèrent toutes tes donations de leurs prédécesseurs : ils confirmèrentaucOLIveflt de Pontigny la possession de lotit ce que les moines tenaient de leurs ancêtres et de labbaye de Saint-Germain dAuxere (lIT?). On sait que labbaye de Saint-Germain avait des pro- prié(és à Coutarnoux, Massangy, Torinancy . Anséric V et Sybille donnèrent de plus aux religieux de Pontigny (1180), un arpent dans la perrière de Villiers-Tournois, avec un sauf- conduit pour leurs hommes. Ils firent ratifier cette concession par les chahoines de Montréal, auxquels appartCnaitune, partie de ce climat: Etienne de Maille, Renaud de Rouge- mont, Etienne de Mont-Mirable, etc. (4), oui voit que le titre (le chanoine était recherché par Les puinés des principales familles du pays. Les sires de Montréal sefforçaient daugmenter létendue de leurs possessions territoriales. Anséric V acheta près de la forêt dllervaux une grande quantité de bois (le Simon Bouquerel, de Hugues Jobert, de Provency de Pierre Monta- lant, dAttiie ; des moines de labbaye de Cure, de ceux de Saint-Germain dAuxerre, etc. Pour éviter les embarras qui auraient pu sélever au sujet de ces achats entre lui et labbaye de Reigny, dont les domaines étaient limitrophes, Anséric V fit, en présence de I3arjod de ialcy et de plusieurs autres de ses vassaux une reconnaissance des limites établies

(4) Cartulaire de Penhign. t

140 SEIGNEURIE DE MONTBÀL.

par ses aïeux entre les bois dHervaux, de Saint-Germain et de Philippe de Prey. Cet acte est précieux en ce quil nous donne de ce côté la limite des domaines de la seigneurie de Montréal (1). En 1480, A nsérie V donna un certificat atteslan tquÀnséric, fils de son prévôt de Massangy, était de libre condition (2), et accorda, vers la même époque, aux religieux de Clairvaux exemption du droit dc péage à Dijon eu tant quil était propri& taire dece péage (3). - Il assista en 1481, comme témoin, aux largesses faites par le duc aux abbayes de Flavigny et de Saint-Seine (4), et peu après servi de médiateur dans un débat qui sétait élevé entre le même duc et Guicliard, abbé (le Flavigny (5). Une charte de 1 ,186 atteste laumône dune vigne de vin blanc à Chablis, laquelle vigne était située dans la vallée du Wlain. Jobert de Bar, Regnier de Chastellux, Guillaume de lIsle et son notaire liegnaut figurent au nombre des témoins (6). Anséric servit lui-même (le témoin à Regnier de Chastellux quand celui-ci fit don à Reigny de tout ce quil possédait cii deçà de leau sur les limages de Iiuscci, Némaïs, Trequclin (paroisse de SainL-Léger-de-Fourchcre, en bois, prés, terres

(4) tstrn sont divtsioncs a lacu Corili usque ad Septein•Fratres et risque ad Urossum . cirjsej mdc que ad cluercunl de Genesetior, usque ad Grossum Fa gota. Ah ait.,,parte maures Sancti-Gernun-ij broc dlvi- siones sunt: n neniore Ptitlippi de Proue usquc ad lacum Chapotot et usque ad agros Sancu-Germani. (2) Cartulaire de Saint Martin de Tours. (3) Archives de lAube. Cartulaire, de Clairvaux, t. tt, p. 287. (4) iéiard (Recueil de pièces). (5) D. Plancher (t. U, Preuves). (6) Cartiilaire de l yonne. Cartul. de Pontigny. SEIGNEURIE DE MONriIAL. 161 et étangs, moyennant deux cents agneaux, un palefroi et une renie de dix livres pendant sa vie (4188). Ces biens étaient de la mouvance du sire de Montréal, qui fut obligé de ratifier la cession du sire de Chastellux (1). Lorsque le duc Ilugues III établit la commune de Dijon (4187), au nombre des seigneurs chargés de faire exécuter les obligations de la charte, Anséric de Montréal est signalé le premier avec Aymon de Tréeliateau, Ilugues de La Roche. Gauthier de Sombernon, Othe de Sales; Guillaume de Faver- nay, etc. (2). il fut aussi présent à la confirmation de cet acte faite quelques mois plus tard, et à une donation du duc Hugues 1H aux religiêuses de Tort: il ratifia en 1187 une aumône faite au prieuré de Saint-Bernard par Pierre, vicomte de Blacy (3). Ce litre (le vicomte de Blacy nous parait assez singulier; toutefois, si Anséric prenait le titre de comte, on peut supposerqail avait accordé la dignité de vicomte à lun doses nombreux vassaux. Le fief de Pisy était lun des plus importants de ceux qui relevaient du château deMontréal. Les Ânsériclavaicnt inféodé à la maison dÀrcy, on ne sait au juste à quelle époque. Le chevalier Jean dArcy, vassal dÀnséric, en était déjà sei- gneur en 4189, quand il donna aux églises des Echarlis et (le Fontaine-Jean tous ses moulins de Frêne, en se réservant toutefois ledroit dhommage et (le suzeraineté: il céda de plus k labbaye des Echarlis dix sols de rente annuelle, du consen tement de soit L1élissan et (le ses enfants. Anséric de

(1) Deux chartes dont lune est dans Je Cartulaire de lyonne, autre est citée dans le registre noir (Archives de Cliasleiltix). t2) térard (Recueil de pièces). (3) Courtépée(t. VI, art., bailliage dAvaIlon), 44.2 DE

Montréal, Guy de Dom .pierre, Gaucher de Châteaulleuard sont signalés comme témoins (1). Ilugues, duc de Bourgogne, etson fils Eudes, allèrent à Avallon en 1189, et (tirent reçus par leur sénéchal dans son château de Montréal: ils y approuvèrent, en présence dA n- sric,- le don dune femme et de ses enfants, don fait par le chanoine Raout au chapitre de Notre-Dame (2). On regardé Anséric V comme le fondateur • du prieuré de Saint-Georges de Lisle, dont une charte de 1203 fait mon- Lion. Lenirainement chevaleresque qui avait attiré les guerriers en Terre-Sainte avait cédé depuis près dun demi-siècle; une nouvelle croisade se prépara en 1490. Les seigneurs, dont les ancêtres avaient entrepris ce s lointains pèlerinages, crurent ne pouvoir se dispenser dimiter cet exemple. Les rois de France et dAngleterre, enflammés à la voir de Guillaume, archevêque de Tyr, le nouveau prédicateur de la guerre sainte, se donnèrent rendez-vous à Vézelay, pour la semaine de Pàques. Philippe-Auguse y vint avec loriflamme, et Richard dAngleterre sy rendit avec le bourdon et la besace des pèlerins. Les seigneurs du voisinage y assistèrent, et cest dans leffervescence religieuse de cette grande assemblée que Guy de Donipierre, Anséric de Montréal, Manassès de Garlande, André de Savigny, Jean dArey, etc., formèrent le projet daller, eux aussi, visiter le tombeau du Christ. Anséric était présent lorsque Jean dArcy fit un don à

(1) Cartulaire de lYonne, t. J!.

() Areti, de lYonne. Fonds du chapitre Notre-Daine de Montréal. SEIGNEURIE, JE 1ONTIIAl.. 143 - labbaye des Echarlis, en annonçant son départ (1). Sil en faut croire Courtépée, le sire de Montréal aurait assisté en 4191 au siège de Ptolcmaïs, où, après avoir fait des prodiges de valeur, il seraitmort sous les yeux Suie de Philippe- Auguste; mais des documents authentiques nous apprennent quil vivaitencore cv 1195, quil servit de témoin à Mathilde, comtesse dAuxerre et de Tonnerre,dans un acte de donation à Reigny, etquen 1496 il est cité dans la charte confirmative de la commune de Dijon, délivrée par Eudes de Bour- gogne. Anséric V de Montréal partit avec les croisés attaquer les Maures du côté du Portugal; il contribua à la prise de Sylves et se rendit delà en Syrie, où il mourut en 4197. Sybille de Bourgogne, sa veuve, ne kii survécut que quel- ques années, et fut après lui dame de Montréal. Aussitôt après la mort de son époux, elle donna à Pontigny, du con- sentement de Milon, son fils, tout ce quelle possédait dans lec/toitc de Mathieu Poupier, et tout ce quelle avait eu dehors des murs de clôture du cellier des religieux. de Cha- blis (2). Une donation beaucoup plus importante fut faite à lab- baye de Rcigny, à laquelle on accorda droit de pâturage dans toute létendue des domaines dépendant du château de de lIsle. Deux des fils de Sybille: Anséric et Jean, avaient dabord lait séparément la même cession ; ils la firent ensuite en commun et Sybille mit son sceau à la charte. Goy le Besort, Guy de Bar, Bernard de Monthard, seigneur dEppisses,

(I) Bulletin de in Société des sciences dc [Yonne, t. VII, P 505. (2) AreR. de lYonne, Fonds Pontigriy. Il

144. SII6NEUi!E Dfl MONTRÉAL.

furent témoins (1). Le sceau, fort endommagé, représente une femme debout. Sybille de Bourgogne mourut peu de temps après, ou du moins on ne la voit plus figurer dans aucun titre à dater de 1198. La maison de Montréal perdit, vers la même époque, la charge héréditaire de sénéchal; le duc ayant épousé AUx de Vergy, investit de cette fonction Guillaume de Vergy, frère de cette dernière.. Syhille de Bourgogne avait eu sept enfants de son alliance avec Anséric V: une fille qui apporta en dot. la terre de Marsault à Robert de Grancey et six fils: Ansérie, Jean, André, Guy, Milon et lingues, évéquc de Langres. Nous ne parlerons point de Milon, qui mourut assez jeune, mais nous donnerons ce qui est relatif à chacun de ses cinq autres frères.

S VI. ANSERIC VI. - - FONDATEUR DU PRIEURÉ DE SAINT-JEAN.LES BONS- 1105111ES. - ANDRÉ. - JEAN. - GUY. - HUGUES, fliQUE DE LANGRES.

Milon de Montréal avait eu, quelques annes avant sa mort, une contestation avec les religieux de Pontigny, au sujet des biens qtiil possédait à Chablis ; son frère, Anséric VI, fit comparaître les parties dans son château de lIsle et parvint à les mettre! daccord. Milon consenlit à abandonner aux moines les terres en litige quil possédait à Chablis, moyen- nant une redevance annuelle de trois sous deux deniers, et comme il navait pas encore de sceau, il promit de le donner quand il serait chevalier (e).

(I) Arch. do lYonne, Fonds Rcigny, canut. de lYonne, I. Il. (2) Aneb, de l yonne, Fonds Pontigny. SEIGNEURIE 0E LMONTItEÂL. 1415

Anséric VI confirme, en 4 20i les donations faites en 1199, par Guy et André de Moutréal au chapitre Notre-Dame,dune partie des tierces (le Sauvigny, Guillon et Mameaux (1). Et comme André avait donné aux mêmes chanoines un muid de frothent et avoine en faveur dun prêtre établi pour desservir la chapelle de Saint-Sébastien, la ratification en fut faite la même année. Les sires de Montréal avaient tin médecin attaché à leur maison auquel ils assuraient des revenus sur une portion de leurs domaines; on trouve en 4203 un Pontius (2), en 4210 un Thomas, physicien (médecin), qui reçut dAnséric la dinie de Saint-A ndré-en-TerrePlaifle pour sa vie durant (3). Vers la même époque mourut Guy de Montréal, trésorier de lEglise de Langres et seigneur de Beauvoir, car Ansé- rie VI ayant repris ce dernier château, le déclara jurablc et rendable au àlie Agnès de Taley mourut en 4212, laissant pour héritier son neveu Guillaume de Salive: toutes les donations quAgnes de Talcy avait faites à labbaye de Reigny furent ratifiées par ce dernier; ces donations consistaient en vigiles qui dépen- daient de sa maison de . Guillaume sengage à garantir •ces dispositions envers sa mère et ses frères et soeurs à peine de cent livres. Anséric VI se rendit lui-même garant de cet accord et promit, en cas de difficulté, de con- signer entre les mains des bourgeois de Vézelay des gages pour répondre de ces cent livres. (5).

(I) Areti. de ly onne, Fonds Pontigny. (2) Reomas, ïlist. monast. Sancti-iOlIunflis, p. 238. (3) Courtépée, L. V. (4) Areli. de Dijon. (5) Arch. de l y onne, Fonds t4eigfly. . 40 Sc. Mfl. - 146 SEIGNEURIE DE M0NTRIÂL,

Vers la fin du ie siècle la fervur religieuse et lenihou- siistne des expéditions en Teree-Sinté éihint pôtê fleur comble: on ne se cbntentait pins deniiclfr ksnstèes par (le nom breuses duwèns haqtseigneur teaiîii1kàn- - ..! i..,,i. su • ieur d driger un o etablissenients religtiieux;. j d aill eurs, on ne trouv u t plus de I ègldst 1sei sc\ tA ies Ji filait à ces esprii èxals une disciplihé itistre encore. Un moine, nommé Viard, retiré dans une solitude près de Châtillon et secondé par le duc de Bouègne, 1li Ofl5&ujre labbaye du Val : des_Chuï il pdsa lesrè » es d G iibuiel ordre ecclésiastique qui rdjondat mieux ukÇdéesdu sièIe: un silènce jrofond, les moriilichijdns lés pltis durés sont IL lliomhiae que chaque reliietix rend (le, uLnre, Cest Contre i-ali s t éiité de cette institulién que l)lùs tard Buffon sest élevé en ternies si 6nergiques La rotidation du Va l-des-Choux, patronée par le duc de Bourgogne, fut. dun bon ekènjle : inimédiaiement lés prin- cipaux seigneurs oulureuLljmÏier: les siie deMnt-sainr_ Jean fondèrent les pIeÙrts de Glanot et du Ya1Croisatit; les sire de Cliâteau-Vilaiij, celui dé Vauèiair; Jean de Montréal, ceux de ValShint lieu CL de Màgny-sur-TIiil Auséric Vi, celui (le Si, int-Jea n_Jes_Bofls_Hoinuies (I),près Avallon (1 ,210) ; Anscric VII, le monastere de Vausse, dans les foréis tic Châtel-Gérard ; les s31.es dS Vass y , DosPiA, le prieuré (fil meme lien André de Montréal, Vaind des six fils dAnséric V et de Sybilie de Bourgogne eut en partage la- terre de Marnicaux

( j) En 4280, il y avait 13 moines dans ce prieuré: «était une an- nexe de celui de Vieu jion au diocèse tic Sens II) . -( SErGiEUrflE LIE r\iONfrié.M,, 147 il donna au. Chapitre de Notre-Dame deMontréal une parue. des tierces tic Marmcaux et na grand mùid de froment et (lavoine en faveur dun prêtre établi par les chanoines pour desservir la chapelle de Sairrt-Séhasiien (1). ÀTI&Jrt% figure, avec soit Goy, dans plusieurs hommages rendus, à Blan che, comtesse de Champagne (2). Goy de, Montréal avalt eu en partage les terres de Guillon et de Sanvignv-le-Beuréal quil tenait eu fief de son fière Anséric, ainsi que de grandes P!O Piétés quil possédait à C ha h! s. On ado luiplusieurs chartes de donations accordées au Chapitre de Montréal, ait prieuré Notre- Dame de Se- mur (3), aux moines de Saint-Martin de .Chablis. Il vendit ii ces derniers, moyennant deux mille livres, (ont ce quil possédait aux environs de cette ville, taul en domaines quen hommes et en droits quelconques, excepté cependant Iliom - mage dû par le seigneur de Noyers, hommage quil avait cédé à son frère. Il parait que ces concessions nétaient tout à fait dit goût des habitants de Chablis, et quils préféraient de beau- coup être sous la dépcn !ance dun seigneur laie éloigné que dêtre les serfs du Chapitre de-Saint-Martin il arriva même que les femmes se révoltèrentt et refusèrent dc payer la redevance dire Pont le four banal; les hommes, de leur côté, fl firent une association o t,,. sorganiser en Communauté, mais Je prévôt de Saint-Martin de Tours (-s), seigneur de Ch ablis, sy opposa et il ne fallut. ion fiouls (lit ria arrêt

(1) Coirrtépée, t. Vi, (2) C! rail lerea Ir -Le rehvre, Traité des fiefs. A rctr irnpéria tes, 1) Années 109, 41211 , 1212 (Inventaire des liftes et Arc!,, de Sernur). - - (4) Le prévôt de Sain t-Martin était un grand dignitaire du Chapitre. 148 $EIGNEUItIE 0E MONTRÉAL. rendu pardevant Philippe-Auguste pour débouler les habi- tants de cette fantaisie. Ces actes de vente de Guy furent faits parle consentement de ses frères Ansérie, Jean et Hugues, évêque de Langres, puis ratifiés par Blanche, comtesse de Troyes Cest après le rachat de toutes les propriétés possédées par la famille de Montréal que le Chapitre de Saint-Martin put faire cette déclaration qui date du commencement du nue siècle « La ville de Chablis avec tout son territoire « dépend de Saint-Marlin de Tours tous les habitants, « clercs, chevaliers ou autres doivent serment de fidélité au « prévôt.... le prévôt ou son maire peuvent seuls rendre la (C justice aux habitants de Chablis. » Guy (le Montréal vendit aussi à Guy de Maligny, père de Gauthier de Maligny, ses maisons et ses granges de Boire, qui relevaient du seigneur de Noyers (4). - Vers la même époque commencèrent les troubles de Champagne dans lesquels on vit figurer Goy et son frère André. Voici la cause de ces troubles : Erard de Brienne, mari dune tante du comte Thibaud, revendiquait, en vertu du droit de représentation, le comté de Champagne au nom de sa femme, dont la légitimité était contestée. La querelle fut poursuivie à la fois par lépée et par la justice. La Cour des pairs débouta Erard de ses prétentions et lui interdit toute revendication par voie de droit jusquà ce quil eût satisfait à la partie adverse et au roi pour ses violences. Guy de Montréal et André, son frère, se déclarèrent hommes- liges de Blanche de Navarre, comtesse de Champagne, et de son fils Thibaut, sauf lallégeance quils devaient au duc dé

(1) Areti. de Bourgogne. Recueil Peincédé, t. IX, p. 6. SEIGNEURIE DE MONTRÉAL I 9 Bourgogne; ils sengagèrent à se liguer avec eux, à les aider et à faire la guerre à Milan de Noyers qui sétait déclaré pour Erard de Brienne et la reine de Chypre (1). Après avoir fait de grandes libéralités aux monastères (2) Guy de Montréal, époux dAlix, mourut vers 4224 environ. Jean de Montréal avait eu en partage une portion de la terre de lIsle ainsi que les seigneuries importantes de fart-la-Ville, fart-le-Château, Neuilly, Favernay, seigneuries qui lui venaient de sa mère Sybille (le Bourgogne. li donna û labbaye de Reigoy, après la mort de sou père (1497), droit de pâturage dans toute létendue de sa terre de lIsle en j 223, il déclara ses forteresses de Neuill y et Favernay jurables et reudables au due; les frères du Val-des-Choux reçurent de lui des redevances à percevoir sur Tart-la-Ville et Tart-le-ChMeau. Cest à lui que les monastères du Val- Saint-Lieu et de Magny-sur-Tille durént leur fondation en 4226; niais le plus bel acte (le bienfaisance qui lui valut la reconnaissance des vassaux est de leur avoir accordé les priviléges de laffranchissement du droit de main-moite. Jean de Montréal eut de sa femme Nicolleun fils nommé Jean comme son père et trois filles, Sybihle, Gilbertô et Marguerite. .Hugues de Montréal, le sixième fils dÂnséric Y, est celui sur lequel on a le plus de documents (3). Il fut élu en 1219 pour occuper le siège épiscopal de Langres : peu après sou

(4) Arcli. impériales, Trésor des eliartres, Layette J., 205, u 0 6. - chantereau-LerebVrC, Traité des tiers. (2) Outre les chartes déjA citées, nous en possédons encore plu- sieurs de Guy de Montréal des années 1199, 1207, 1214, 1232, 1244. (5) La plupart de ces documents sont extraits de lhistoire du db - cèse (le Langres, de labbé Mathieu.

.1 150 SEIGNEURIE DLti0fftÀC. installation W approuva lérection du Chapitre Ndtre-Dame de Tonnerre et reçut lhommage (Te plusieurs seigneurs Ses vassaux : celui de Mathilde, comtesse de Tonnerre, ceiu des seigneurs de Vergy, de Choiseul, de Fouvent, de Vignory et autres, Sur la fin de ifli, la diichessej%jix de Bourgogne chargea k prélat lingues de Montr$at de raire connaître par un diplôme quelle sengageait à garder le traité fait entre elle et les habitants de Dijon. et consentit à ce que ldvéquejetàt un interdit sur toutes ses terres, si. venant y manquer, les torts commis par eue nétaient point réparésquàianto jours après. Comme iltgues de Montréal était à Liguy-le-Chàtel pour recevoir lhommage (le la comtesse Mathilde, il reçut ordre du Pape de faire des informations avec Girand, évêque (le Valence, sur la vie de saint Robert qui fut canonisé on 422 par Honorius III. liugues donna à son Chapitre-cathédral tout ce quil possédait dans Plusieurs villages, et confirma lotis les priviléges accordés aux habitants de Langres par ses prédécesseuF - Les longues difficultés qui existaient entre labbaye de Molénie et les chanoines de Tonnerre furent enfin terminées .pai nuire évéqiie. Il permit à ces derniers de choisir Ou la chapelle Saint-Jean dit château, Oit léglise Saint-Nicolas, ou celle de Saint-Pierre: les cliaiioincs se fixèrentA celle-ci: Après avoir assisté à Boule au sacre dE:ienne, nommé à Iévchd de Mende, Hugues se rendità Reims, en 1?6, potir y remplir les fonctions de sa dignité de pair au sacre de saint Louis. Sa réputation de sainteté et de justice était telle que les religieux de Saint-Bénigne lui commirent lélection de leur• abbé dune voix unanime il sy refusadàbord et neconsentfl: SEIGNEURIE na MONTRÉAL. 151 r.. t ensuite q ue sur leurs instances réitérées et en déclarant que son choix ne devait point tirer à conséquence. Labbé tic Saint-Béni-ne promit au Chapitre cathédral, en présence etde laveu du prélat, quil naçceplcrait et nacquerrait désormais auclne° église sans son consentement. Rénier, sci peur de Nogent, avait fait hàtir une tour et creuser des fossés sur un ronds appartenant ait de Langres il avait encore maltraité ses hommes, tin procès fut intenté ; les pa rUes jurèrent dû sen rapporter ait du prélat lingues et de Nicolas de- Flavignv, doyen (le Saint Mannnès, sous peine de trois cents livres. Réiiier fut condam- né et obligé ù la réparation des dommages. lingues apaisa encore une difficulté entre la duchesse de Bourgogne et le doyeu de Saint-Mammès et fut choisi plus tard comme médiateur dans une querelle survenue entre le dite et le comte de Champagne. Lévêque de Langres acquit la seigneurie de Tontsaujon et quelques autres domaines aux enviions de S a épiscopale: il échangea avec le comte de Tonnerre tout ce quil possédait dans le village de Nicey, nu fief de Griselle, dans la chapelle du château de Tonnerre et dans celle de Juitly contre-la terre de Mnssy. Par tin diplôme de 4229, le duc de Bourgogne se recon- nait iiom.mdige de ]évêque de Langrs, après le roi de Fiance, poçr, les; fiefs et domaines de Cliâlillou-sur-Seine , Mont- bard, etc. Le Souverain-Pontife prie Jiugues d MonJréal de permettre, à Marguerite, reine de Sicile, de lui rendre foi et hommage, par, un piocuretmr, pour le comté de Tonnerre, la reine ne pou- mL quitter le roi son marili pont, sen acquitter en — personne.sonie La place de sénéchal de lévWié était héréditaire dans la

D I $2 SEIGNEURIE DE MONTflÀL. famille des seigneurs de Maiae; Hugues voulut la rendre amovible par lentremise de Simon, sire de ChMeauvilain, il fit accord avec Rénier, seigneur de Marac, qui lui aban- donna lhérédité de la sénéchaussée pour sept livres de rente, lesquelles furent ensuite rachetées par le Chapitre cathédral. Hugues de Montréal emprunta, en novembre 1228, une somme de mille livres au grand-prieur des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem pour aller en expédition contre les Albigeois, et établit, en mars 1231, les religieux de Saint- Dominique dans sa ville de Langres (t). Le p rélat, après avoir gouverné son diocèse avec sagesse, mourut au commencement de lannée 1235 (2), emportant Jestime elles regrets de son peuple. il fut inhumé à Clair- vaux devajit lautel de saint Benoît. Il avait donné à son Chauilre la collation des cures de Chassignv, Charmoilles, Changey, Noyers, Rougecourt et soixante mesures (le froment, chaque année pour les distribn-. lions aux pauvres (3). Lannée suivante, lanniversaire de lingues de Montréal fut fondé à Clairvaux par lévêque iloberl,, qui lui succéda sur le siège de Langres (4).

S VII. ANSÉRIC VII. - FONDATEUR DU PRIEURI DR VAUSSE.

- Cest vers 4217 environ quAs6ric VII parait succéder à

() P. Anselme, t. Il, p. 148. (2) Gauliheroi prolonge sa vie jusquen 4236. (5) Lémine vaut quatre quintaux. (4) Lécusson de Ilugues de Montréal représenté clans Je père Ansel ne est celui des soigneurs de Montréal au xi( siècle.

n SEIGNEURIE DE MONTItÉAL. 453 son père, car il donna la même année nu acte confirmatif aux religieux de Charbonnières pour approuver les aumônes faites par Anséric VI, savoir: les bois et les terres occupés par les moines, la rente (le cent sols pour leur vestiaire, un setier de froment payable après la moisson, un bois situé près la route dAvallon, deux hommes à Sauiigny, etc. (fl• - il voulut,comme ses prédécessetirs,attacher son nom à une pieuse fondation et le prieuré de Vausse fut établi dans ses domaines. Afin de subvenir aux besoins des religieux, il lent- donna la ferme désignée sous le nom de Grange-des-Rameaux avec les champs environnants et plusieurs Mules à percevoir sur les pays voisins il céda en niémelernps, « à léglise, de « la bienheureuse Vierge Marie de Vauce et aux frères y « servant Dièu, » sa maison de Vausse avec son plais (enclos) dans (otite sa largeur et toute soit droit de le clore et même de le cultiver à lotir gré; il ne leur permit cependant pas de construire de forteresse, se réservant plus tard den autoriser lérection en cas de nécessité (a). Tous les vassaux de cc seigneur se joignirent à lui dans cet acte de fondation. Guillaume de Cisery donne un revenu de deux setiers de blé avec « autant de foin que huit boeufs « en pourraient traîner sur leurs cllarriots ; » G uillaume de la Bouclieiasse, vicomte dAvallon, deux hichets de blé ; les sirés de Marmeaux, deux parts des dîmes de la paroisse, tant grosses que petites; Guillaume (le Trévilly, deux setiers

(4) D. MartéÇic, Thesaurus revus ancedotorum, p. 864. () Vausse, dent les bâtiments subsistent encore, fut cependant forti6 plus tard, car on a trouvé dernièrement des débris de tours destinées à protéger le couvent et è le mettre t labri dun coup de main. n. SE1 NErJtiiE DE MONTRÉAL, davoine sur les coutumes dudit Trévillv, avec « autant de « foin qu un lrornin eu pou rrait faucher n deux Jours; flcnaud de Cherisy et ses deux fils Ilùgtfes etJean, neuf, « voitures de pré ».sur le ,finae de Nu Il nthelon ; sieur Andé, « trois mi ids de fromen t et deux davoine (1). Guy de Montiéai, oncle dAnséric, étant mort en 1221, Anséric VII prit possession de Beativoir et d écla ra, le12 juin de la même année, que ce , château était juiahic et rendabjo au duc de J3orrrgogne Beauvoir nétait quun simple fief dont le ith0 ava la suzeraineté le sire (le Montréal devait lui rendre cette forteresse h. sa volonté et il déclare que, pour les rép4i (ions à y faire ainsi qu S rn igns le-Beur é il, dos prddhonrnes seraient, nommés pour jug e r (le le nt- lance (2) . 4 Ânsdric VII Ilgure pour la dernière fois, comme témoin, en I23, avec Cldremhatrd de Chapes, Garrhier (leJàignv, Erard de JJr(èhne, dans un acte par lequel Miles (le Noyers, auparavant lallié (le C dernier dans les dicordes de Clram- pagiic, enirre en foi et lronimage dur conueTiuihant (le Cham pagne. AricVJl mourut assez cErne: lai sant un fils enc6re ni inéu r ju il ni succéda.

S viii. ANSIIRIC VI r, - Ârrrurwrrrssr?SIEST r,Es HABITANTS DE Mor4TIIriA,

Leffet moral - des Croisades auxquelles la plupart (les seigneurs holrlguignons avaient ii ii part frit immense dans

(I Arctiiecte Dij.n, tmecyeil PeiI;cédâ i)t)é tlierritrard Mé niolies liismorirrles, p. 141. (2) Recueil leinc&IrS, r 2, liC 23.— Archives do Ctrastettirx. SitbNEUitIE DE 10TflÀL. 1 nos pays: les ténèbres qui couvrientla première période dii! moyen-âge commençaient à se dissiper: ces sciences incon- nues, ces arts délicats et brillants, ces lumières de la civilisation orientale furent rapportés par les pieux pèlerins lit ait retour de Dès lors, les gentilsltommS comprirent quil y avait antre chose à faire que de tenir une épée, et la main, raidie par lusage de la lance, shabituait à niriier une plume. Pendant ce temps, les moines, air de leurs eloitrs; passaient la nuit à la clarté dune lampé, occupés à transcrire les manuscrits venus dOrient et à traduire les pages sublimes de Platon, dilornère et dAristote. Comme le dit un historien e La religion, en se faisant le e dépositaire (Je la sagesse antique, fut le brillant chaînon « qui relia la civilisation (lit à celle de lavenir. » [e troisième élément de cette société se ressentit aussi de cette heureuse influence; le peuple, méprisé, avili jusque-lb, vouluL âtre compté pour quelque chose et entrevit nue vie meilleure ; les villes révèrent une charte (laffrflflcltissement Les grandes révolutions communales (lui bouleversaient certaines contrées de la France neurent pas alors, il est vrai, un grand retentissement dans nos pays, mais les fran- chises accordées aux habitants de Vézelay étaient un jut sujet denvie pour les voisins, e daussi gindes immtinité ne pouvaient âtre cédées que par de puissants seigneurs: encore ces derniers trouvaient-ils parfois de la A Auxerre, à Sens, la révolution communale lie se fit pasans secoussé les habitants dAvallonvoulurent jouir des ms priviléges que ceux (le Vézelay et le duc Bagues IV les leur octroya en 1214; te sire dc Mont-Saint-Jean donna à ses vassaux une êbanc copiée sur celle de Vézelay (122e) . Cest en 1228 qnAnséric de Montréal acçQida cet ivu"aux 156 SEIGNEURIE Dit NONTRÉAL. habitants de Moniréal, ca.mdcrn libertatem etcon.suetudingm quain habens /tomincs Vezeliacenses in villa iczeiiaci, dit le litre original. Quel fut le mobile de cette immense concession faite par Anséric VIII aux habitants de Moiilréal? On ne le sait trop les termes de la charte sont si avantagetix pour les habitants quon pourrait presque soupçonner ceux-ci davoir profité de la jeunesse et de linexpérience de leur seigneur pour obtenir cette faveur, Anséric VIII était fort jeune en effet; il venait de succéder à son père; il nétait pas chevalier et navait pas encore de sceau. Voici la traduction littérale de cette charte dont nous donnons le texte latin aux pièces justificatives (I) « Moi, Anséric, seigneur de Montréal, je fais savoir tous « ceux qui liront ces présentes lettres que jai donné et « accordé à perpétuité à tons les hommes et, femmes « de Montréal, et à tous ceux (lui demeurent depuis la « la porte de Saint-Bernard jusquau ponts (les Lépreux et « selon que leau détermine et divise jusquau bout de 111e « de Jobert Aalant, et depuis la porte de Froide-Ville jus- < quau pied de la chaussée (2), et depuis le pied de la « chaussée jusquau bout dit Saint-Bernard, selon que le « ruisseau de Froide-Ville porte et divise, et depuis le bout « dudit pré jusquau petit pont de Sceaux, et depuis le petit

(t) Loriginal de cette charte e t aux Archives de l y onne, où il n été déposé par les soins de M. Quantin qui a été assez heureux pour Je retrouver dans une cave, ii Auxerre ce titra avait été égaré ainsi que tes papiers de Montréal par un individu quon avait chargé den dresser linventaire. (2) (Pedem calciake), Cest évidemment tIc la chaussée de Brune- h aud dont il est ici question. SaIGNER RIE DE MONTBAI. 1 57

« pont de Sceaux jusquau ruisseau du Itoseray et en suivant « jusquau pont des Lépreux, la même liberté et coutume « que celle des habitants de Vézelay dans teur ville de Véze- « lay; jajoute cependant que je ne pourai leur demander ni « droit de fourche, de rateau, (le trousse ou autres corvées, « excepté que jexige de quiconque aura un chariot ou « une voiture une corvée avec son chariot pendant trois « jours chaque année, savoir : lun pendant les vendanges, « lautre pour rentrer mes foins, lautre à une époque fixée « à ma volonté Je leur ai aussi accordé droit dusage dans « mes eaux, excepté dans celles qui sont réservéès, droit « dusage également dans mon bois de Vauce, savoir: le bois « mort poùr se chauffer et le bois vert pour faire des pais- « seaux ce droit sétend aussi dans les autres bois dans les « limites permises, de manière que pour ce qui a trait ait « bois vert les usagers en préviennent moi ou mon prévôt, « et dès lors ni moi ni mon prévôt ne le pourront refuser: « Je leur ai aussi accordé droit dusage dans ma forêt de « Charbonnières, excepté dans la partie réservée. Et il faut « savoir quil ne pourront eux-mêmes recevoir ou retenir « mes autres hommes ou vassaux de mon fief dans les mêmes « limites, h moins que ce ne soit Renaud de Sauvigny, Ohert « de Montréal, Guy de Courteroles et leurs épouses, auxquels « jai déjà accordé la même liberté ainsi quà leurs doscen- « dants. Et jai concédé tous ces droits à tous ceux qui « demeureront dans les limites prescrites plus haut, sauf « nos bans eu mars et août et sauf aussi lusage des ouches « mais ils ne pourront arrêter ou retenir levoleur ou lhorni- « cide que jusquà ce que 1h justice en ait été saisie et ils « devront assister mon prévôt quand il sera besoin de « garder Ilion château de Montréal. Jai promis par serment

e I i8 SEIGNEURIE DE MONi itEAI,,

« dobserver de bonne Foi toutes ces choses et.jai rail jurer « ni ii On cle André et nies autres vassaux qui devroni me

« contraindre et nie maintenir dans, ! ac eptnpl1ssement de • «. ma promesse. Et , atissitôt que jaurai un , sceau, je jure de « lapposerur les présentes lettres. Je me suis servi du « sceau dede vénérable père et seigneur, mon oncle li gu es, évèque de Langres, et je . lai prié que (le toutes « tnahièes, soit par voie dexcomrnunfcatiort ou, dinterdit, « soit d toute autre mnièie pi il oudi , il nie conti ignc û parole si je venais à la violer sur quelque point. • «,Je prie les vénérables pères et seigneurs Iarelievûque le « Lyon et lévéque dAutun de lancer contre moi, mesterres « et mes biens, une sentence d exconimnn j cation et de nie « forcer à accomplir ma promesse de telle manière quils « voitérotit si je me rétractais en quelque chose. Je les prie « lincore ..e meure leur sceau à ces présentes lettres. « eci fut fait lannée de lincarnatioti (lu Verbe mil deux « et vin , 1. t-h uit, au mois daoût. » II est àrcnlari1uer que les limites actuelles de la commune deMontréal sont absolument les tilûnles que celles indiquées ongdeant dans cette charte; lancien usage u prévalu (4).

(1) La même observation est à faire pour Liste-sur-Serain A ré- suttc de ces dispositions que parfois , (les communes importantes se trouvent avoir un fi nage comparativement très lesr e in t tes fi nages de Pissa ngy et Civr y, par exemple,te, en j àtCn le] etuen t sur celui que Lisle deviatt raisonnablement possédei quils savancent jus- quaux parles mûmes de ta ville et lorsque, ces derniâres années, tes Ijati j iai p is rie Liste voulurent essayer de fa ire changer CLIÔ téti mita j ion, tes communes voisines reçurent la réclartjaii,jn de fort mauvaise g"flcc et ta tirent rejeter- conime tout il Fait préjudiciable û leurs j n téiê ts. SEIINEOKIE DE MONTJt(AL. 159 01) C u t croire que la communauté (les habitants eut aussi son keau, jheta:t le mchieque celui des premiers Asémjc, Xnséic VIII leur avait sdndouteconcédéJéc tjs deson pèie et en avait adopléuuautit. Ce qui est ceLin dest que lécusson (les sires de Montréal varie de 4200 bi 240; il était rimj(jvcmentdau) à ùze bande ondée dor et sershit darmoiries b . a ville de Montréal ainsi que le rnarque Palliot (I). Ces armoiries cIiiiièentgalement pIustI, flous lavons (lit dan la première partie d el ce travail Ansérid donfirna, en iS, la donation de ta for& de Velletot faite aiiClidpitre Saint-Laze dAvallon jdr dûy . . tt I .1 f Bezors () . Vers 1230, les comtes de Preux, , de Tonnerre ctde puis- sauts seigneurs, ennemis 4e Tliibu t, milité de Cliainpdgne, lui déclarèrent la guerre. ils asseiiblèient Idurs troupdk:iux eniràns de Tonnerre, et. marchèrent sur Troyes Ili (ÔIL leu et ù sang. Saint Louis manda d de. Bourgognide venir secourir le comté de Cham pagne, majs laii tenté diiioi fut méconnue et Hugues IV se ligua avec les rebelles saint Lois leu(ordonna de mettre bas les armes, marcha côntre les séditieux, leur fit lever le siège de Trdyes et les poursuiit jusquà Langres. flingues IV fut condamné pour sa rébellion à payer cinq mille mares dargent au roi et, comme if nô pi- vait trouver la somme, cinq (le v.es plus fidèles et (le SCS plus riches vassaux soffrirent de la pa y er pour lui Absénic de 1110DIcéal , le comte de Mâcon, Guillaume de MouL-Saidt-Jeajj, Jetn deMontagu et le seigneur de Pùisae (3) (avril 1234).

(4) La vraye et parfaite science des armoiries. (2) Archives de l yonne. Charte originàle. (3) 0. PlIinclier (ItisÉ. de I;ourgogne, t. 11, p. 8) Arcli ives (le Dijon. - Ahb6 Aiathicu (11m, du diocèse de l.angres). 460 SEIGNEURIE DE MONTREkI,. La même année, Anséric VIII approuva une charte faite à léglise de Sainte-Marie ou léproserie de Sarce p messire de Quincy et Mathilde, sa femme: cette donation Consistait en bois, terres et prés situés entre le ruisseau de Sarces et le torrent du Creusant, ainsi que la mdyepne justice sur les dits fonds. Anséric rappelle aux religieux la rente de cinq livres de cire quils lui doivent et le droit de justice haute et basse quil na point prétendu concéder (I). Le seigneur de Montréal fit aussi sentir les effets de sa libéralité au prieuré de Vausse; il approuva, céda et confir- ma « à léglise de la bienheureuse Vierge Marie de, Vauce et « aux frères y servant Dieu » cc que son père leur avait déjà donné; il ajoute (le plus un droit dusage dans sa forêt de Vausse avec droit de pâturage dans les bois de Châtel- Gérard et permission dacheter, tant dans ses terres que dans ses fiefs et arrière-fiefs jusquà deux cents livres de [cure, moyennant cependant la rente de cinq livres de cire (2) (1235). Goy dÀrcy, sire dArey et de Pisy, vassal dAnséric, obtint, la même année, de ce seigneur, le droit de couper dans la forêt de Vaussc le bois nécessaire à sa maison et à ses hommes de Pisy. Ce droit est limité ce pendani et le nième que celui accordé aux habitants de Montréal dans la charte daffranchissement, cest-à-dire que ceux-ci pourront prendre du bois mort pour se chauffer et du bois vert pour bâtir et faire des paisseaux, à condition cependant de prévenir à légard du bois vert le sire de Montréal ou son prévôt, « sans

(f) Abbé I1reuiltard (Mém, historiques, p. 557), daprès un manu- scrit appartenant à Ni. Finot, crAvalton. (2) Archives de Dijon; Recueil Peincédô. SEIGNEURIE DE MO?TRAL, 161 « quils pussent désormais sy opposer. » Sur lautorisation de son seigneur suzerain, Guy dÂrcy commença en même temps la construction dun château ou maison-forte à Pisy (1). Anséric VIII mourut encore jeune dans le courant de lannée 1235 et fut enterré dans léglise de Pontigny. Il avait épousé Agnès de Tliil, fille de Guy de Tliil et de Luce, qui lui avait apporté en dot les terres dAisy et de Pont-dAisy, situées près du château de TItil dont son père était Seigneur. Agnès se retira, après lamort de son époux, dans son château de lIsle qui lui avait été assigné en douaire et dont elle est intitulée daine. Elle donna au couvent de Pontigny une nie- sure de froment et une davoine à prendre sur ses terres dAisy et (le Pont-dAisy, et sy réserva tin anniversaire à perpétuité ainsi que le droit de sépulture auprès de sot) époux (2). -

S ix, AJ5IRIC ix, iPOUX DE MARIE DE GARI.AtOE.

Ânséric VIII étant mort sans postérité, sa succession échut à son cousin Anséric IX, fils de w oncle André auquel il avait fait jurer la charte daffranchissement des hahitants de Montréal. Un fait digne de remarque, cest que, dans ces grandes familles féodales, les fils aînés de chaque branche prenaient presque toujours le nom patronymique dit de la famille, de sorte que lorsque le chef mouvait sans hoirs, ou lui trou- vait toujours un successeur qui ne changeait point Je nom

(I) Archives de Dijon, L IX, p; 17, liasse 2 de la layette n 105, cote 59. (2) Cartulaire de Pontigny, Archives de lyonne. Se. Mat. 44 ,162stiic:çuu RIE DE MONtUIiAL patronymique. il est quelquefois très difficile détahuir une généalogie, et ce nest quà grand renfort de chartes quon peut distinguer ces seigneurs les uns (les autres ainsi, on 135, nous voyons trois Anséric de Montréal, tous trois cousins-germains, dont dôux furent successivement sires de Montréal, comme nous venons de le voir, et le troisième archidiacre de léglise dc Langres. Anséric IX fie sattendait point sans doute à hériter de son cousin, car il vivait alors avec son épouse, Marie de Gar- lande, dans les terres quil possédait à Livry et Clichy-In- Garenne, près de Ponloise (1). Marie de Garlande était fille du linieux Guillaume de Garlande, seigneur de Livry, grand sénéchal de France, et de Aux de Châtillon, dame de Cliehy-la-Garenne les descen- dants des sénéchaux, de Bourgogne salliaient à ceux de France: Marie avait dabord épousé ilenri, comte (le Grand- pré, puis Geoffroy de Joinville dont elle fut séparée, et enfin Anséric, après la mort de ce dernier. Peu (le documents nous sont restés sur cet Anséric, attendu quil faisait le plus ordinairement sa résidence dans les fiefs que sa femme possédait en France et lon chercherait en vain ces nombreux bienfaits dont ses ancêtres enrichirent nos monastères: on voit pourtant quen 1236 il donna, du cou- la seulement de Marie de Garlande, comtesse de Grandpré, - [erre, hameau et seigneurie de Charbonnières aux moines de Reigny () et quen 1246 il céda au sire de Noyers le droit quil possédait sur la terre de Lochères, récemment acquise par Hue Pioche (3).

(1) Cartolaire de Saint Martin de Pohtoise, (2) Abbé Baudiau, Histoire du Morvan. (3) Archives de Dijon, Recueil Pincédé, SEiGNEURiE DE MoNTRÀL: 463 Un Litre plus important, trouvé aux archives impériales, marque mieux le rang élevé quoccupait le sire (le Montréal. Par ce. titre, Anséric se constitue pleige (garant, caution) pour Hugues de Bourgogne qui avait fait foi et hommage- lige au roi saint Louis à cause (les châtellenies du Charollais et du Mont-Saint-Vincent, châtellenies échangées avec Jean, comte de Chalon.

Dans le cas oit le duc (le Bourgogne viendrait à manquer à sa parole, Ansérie déclare « quil ne seroit plus son vassal et quil viendroit immédiatement se mettre sous la foi et « hommage, du roi oit son successeur jusquà ce quil plût ait den ordonner autrement (I). Guillaume de Vergy, séndâhal de Bourgogne, Anséric de Montréal, Mites de Noyers, Guillaume de Thil, Guillaume de Mont-Saint-jean sont les cinq seigneurs qui se rendirent dans cette circonstance caution dit duc de Bourgogne, et on voit quÂnséric y occupe le pre- mier rang après Guillaume de Vcrgy. Nous publions in extenso cette curieuse charte aux pièces .justificatives.

S X. ANRIC X. INDIGMT1 DE SA CONDUITE. - JUGEMENTS RENDUS CONTRE LUI PAR SAINT LOUIS. - SA RETRAITE A C!LATEL-GRARD.

nain Le Ansêric devait aussi avoir son illustration dans le crime; par tin regrettable contraste, au lieu davoir des vertus à louer, nous ne trouvons ici que des vices à flétrir. Trois enfants naquirent du mariage dAnséric IX et d Marie dc Garlande, savoir: deux fils, Anséric X et Jean, qui furent élevés en France daiFs les domaines de leur mère, et

(4) Archives itupériaies, Trésor des Chartes, A: 1, art. 254, n 4. n

164 SEIGNEIJRIE DE MONTRAI une fille, E]vis, mariée à Preux de Mello, seigneur dEpoisses. Appelé à recueillir lhéritage pàternel vers lannée 1247 environ (I), Anséric X, dun caractère despotique et obstiné, insolent envers les châtelains du voisinage, oppresseur du pauvre peuple,, indisposa tous ses vassaux contre lui. Le sire de Montréal privait les chanoines de leurs droits honorifiques, faisait arracher les dents des clercs, les faisait jeter en prison, et sévissait surtout contre les prêtres: il en fit manger un par les mouches (quemdain presbytcrtim mnscis comedi fecerat). Le scandale de ces violences était dautant plus dur pour ses vassaux que ceux-ci jouissaient depuis longtemps de cette liberté que donnait nécessaire- ment labsence du seigneur; mais Anséric bavait aucun. ménagement pour les habitants de ce pays où il navait jamais résidé. Averti de ce qui se passait, le roi saint Louisécrivit immé- diatement au duc de Bourgogne pour le charger de mettre fin à ces discordes et de réprimer les crimes dAnséric ; il lenga- geait de faire justice dune manière ou (lune autre, à saisit- une portion de lhéritage dAnséric en expiation de ses fautes, et à prendre des mesures pour empêcher de tels excès à lavenir (2). Si le duc de Bourgogne sacquitta de lordre quil avait reçu, il faut croireque le sire de Montréal nen tint pas compte, ou sil en tint compte ce fut pour agir avec plus de violence encore.

(4) cette date est hypothétique; nous ladoptons, parce que la der- nière charte relative ù Ansêrie IX date de 1240. (2) Extrait des Ohm (arrêts rendus par la cour du Roi). - V. aux pièces justificatives, SFJGNKUIIIE DE MONTRÉAL. 465

Mandé devant le tribunal tincal, An série ne sy rendit point. Saint Louis envoya â Hug u es IV des ordres plus sévères à légard (lit (1). Aussitôt le châtelain de Noyers, neveu dAnséric, et Guy de Mello, écrivirent au roi pour le prier de suspendre son courroux, promettant damener par de sages conseils la conversion du coupable et la réparation de ses torts. Ils craignaient, avec raison,raison, de voirIes biens dÀnséric saisis, et étaient intéressés à ce que cette mesure neût point lieu, le chàtelain de Noyerà pour lui-méme, sa mère Matie, de Garlande ayant épousé Anséric IX, Guy de Mello pour ses neveux on se rappelle que la soeur dÂnséric avait épousé Dreux de Melle, frère de notre évéque. Le roi ne put résister h ces sollicitations et la justice fut suspendue. Les remontrances du prélat nentent ma)heu- reusetuent aucun succès sur lâme endurcie de ce méchant chevalier: loin de samender, il commit encore de nouveaux forfaits, il fit saisir et incarcérer des clercs et mettre plu- sieurs prAires à mort. Vers la méme époque, il eut une affaire qui lui attira les plus graves désagréments.. Labbaye de Saint-Germain dAuxerre possédait une partie de la terre de Coutarnoux, près de lIsle-sous-Montréal; Anséric voulut se lapproprier, pensant quil aurait facilement raison des man- Maires de labbé. Il vint donc les attaquer à main armée, les fit sortir violemment de leur retraite et se saisit de ladministrateur Girard, dit Chuart, qui fut accablé de mau- vais traitements. Itenaud de Joceval, alors abbé de Saint- Germain, implora la protection de Thibaud, roi de Navarre et comte de Champagne. Ce prince cita Ànséric .à comparaître à sa cour et, sur son refus, marcha contre lui avec une troupe de

(4) V. tes pièces du procès. - 166 SEIGNEURIE DE MONTRÉAL.

soldats, sempara de son château de lIsle, lobligea à resti- tuer tout ce qui avait été enlevé et exigea une amende honorable pour les dommages causés à ce sujet (I). Le comte de Champagne parti, Anséric recommença ses vexations envers les vassaux de labbaye. Labbé de Saint- Germain porta immédiatement ses plaintes au roi. Sommé de comparaître devant saint Louis et confronté avec ses accusateurs, Anséric fut confondu par les cris CL tes Plaintes qui furent portées contre lui par les témoins cependant il refusa de donner au roi une réparation satisfai- sante. Irrité de cette insistance, saint Louis expédia aussitôt au dite de Bourgogne deux de ses officiers, Dreux de Menti- gny et Jean de Cambrai, avec ordre de faire garder à vue le sire de Montréal dans son propre château, et en cas de résistance de se saisir de sa personne et de confisquer ses biens (9), afin de meure un terme à un scandale qui pou- vait devenir contagieux pour les autres seigneurs. Cest le 5 mars 1955 que cet ordre fut envoyé, et on reste jusqau mois de septembre, cest-à-dire pendant six mois, sans trouver de documents sur la suite (le cette affaire. Le duc de Bourgogne exécutait sans doute les ordres du roi, mais il parait, en vérité, mettre une grande réserve à légaid.dAnséric cest quil devait de nombreuses obliga- tions à ses ancêtres etméme à son pbre•; il y avait entre eux r Pa e nt é; la famille de Montréal était illustre entre toutes et avait de nombreux représentants. Ces causes expliquent jusquà un certain point les égards et les ménagements du duc de Bourgogne pour Anséric.

(I) Archives dc lYonnô, Fonds Saint-Gérnwin. (2) Dom Plancher, t. II, Preuves. sltlGNEtIIIE DE MONTRÀL. 1.67 :Malgré labsence de documents, le caractère altier et indômptable du sire de Montréal nous fait supposer quil ne put se laisser garder à vue dans son château, que sur cette résistance le duc de Bourgogne leva des soldats contre le vassal rebelle et quà la vue des forces dirigées contre lui, Anséric •se rendit sans nul si, dans limpuissance où il était de se défendre (1). La charte précieuse pour lhistoire qui nous occupe est dun laconisme inusité: « Je, Ansérie, sire de Mout-Réaul, fais sçavoir à tous ceux « qui ces lettres verront que je ai rendu à Hugues, duc de « J3ourgoignc, mon chastel en sa volonté sans ntil si; en « témoingnagne de ceste chose, je en ai donné mes lettres « scelées de mon scel. Ce fut en lan de grâce mil CC du- « qua nie et cinq au mois de sétembre (2). )) Désormais privé de son patrimoine, Anséric obtint du duc lhospitalité dans le cUteau de Châtel-Gérard pour y mettre ce qui lui restait de biens, avec promesse de rendre cc chà- teau à sa volonté et dans le mois même qui lui aurait été indiqué, en réclamant toutefois dans ce cas un sauf-conduit pour deux ou trois jours (3). Cest donc en 1255 (fliC la terre et seigneurie de Montréal passa à la maison de Bourgogne. r La dernière cha te relative à •Anséric X est datée de 1260. Comme ce seigneur avait, malgré son hmiliaiion, conservé des manières hautaines avec ses voisins et quil sélevait

(I) Ce saw nul si n de la charte de cession ne peut ètre expliu(3 an Iremen t; iiindique une, menace de la part du due. (2) Archives de Dijon D. Plancher; Péro rd. (3) Archives de Dijon; D. Plnnchei lérard. 468 SEIGNEURIE DE M0NTRftÀL: parfois des contestations de chasse, ses cousins, Henri, comte de Grand pré, Guillaume de Mello et Hérard de Tre- niens, sire de Foissy, lui firent signer un arrangement avec Miles de Noyers par lequel on convenait que si le sire de Noyers ou son veneur menait nie bête hors de ses bois, il la pourrait chasser et prendre sur les terres du sire de Mon- tréal, moyennant quoi celui-ci se réservait des droits réci- proques (4). - La retraite dAnséric dans un château solitairement situé au milieu des bois lui inspira sans doute de plus amères et de plus cuisantes réflexions: il mourut en 1269 sans laisser de postérité; son corps fut entearé dans léglise de Vausse, prieuré fondé par ses ancêtres et où il avait droit de sépulture. - Ainsi finit le dernier des Anséric, qui reçut de ses ancêtres un nom illustré par déclatantes actions et qui ne devait laisser à sa famille que la honte de son souvenir et de ses forfaits Et, chose étrange, après plus de six siècles les habi- tants du pays ont conservé la tradition-de sa tyrannie, tant il est vrai quo le peuple, oublieux parfois du bien quon lui peut faire, conserve fidèlement la mémoire des souffrances quon lui a causées.

§ XI. BRANCHES DIVERSES ISSUES DE LA MAISON DE MONTRÉAL, - LE HEAUVOIR-CUASTELLUX DESCENDENT DES ANStEIC. -

Anséic X étant mort sans héritiers, Jean, frère de ce dernier (et non son fils comme le pensent plusieurs chroniqueurs, devint le chef de plusieurs branches qui séteignirent dans le

(4) Archives de Dijon, Recueil Peincédé, t. I, p. 445. SEIGNEURIE DE MONTRIAL. 169 courant du x t ve siècle et sallièrent aux familles de Saint. Flôrentin, de Bezors, de Jaucourt. André, frère dAnséric VII, fut le chef dune branche qui quitta le nom de Montréal pour prendre le titre de Mar- meaux.donf il possédait le fief. Cest de Jean de Marmeaux, fils dAndré II, que sont issus les seigneurs de Ravières de ce nom. Marguerite, veuve du sieur du Bochet en 1380, est la dernière héritière qui ait pris le titre de Marmeaux. Jean, fils dAnséric V etde Sybille de Bourgogne, devint le chef de la branche de Tard et son fils prit le nom de cette seigneurie. Mais la plus illustre famille ù laquelle celle de Montréal ait donné naissance est celle de Beauvoir-Chastellux, qui compte parmi ses enfants une longue génération dhommes célèbres dans tous les genres et dont le nom, glorieusement porté, est revendiqué par ce pays qui en fut le berceau. Cest de ce château de Beauvoir, situé sur les bords du Serait), non loin du village de Sauvigny-le-Beuréal, quest sortie la maison de Chastelltix, et bien que laspect de lan- tique forteresse noffre plus que des ruines aux regards du visiteur, ce nest point en vain que lon gravit le monticule élevé qui la supporte et que lon admire ses débris. Aucun chroniqueur na parlé de lorigine des Beauvoir- Chastellux plusieurs dentre eux et particulièrement M. Gi- rond, auquel on doit de longues recherches sur cette maison (1), donnent les Cliastellux du , xile siècle pour ancétres aux Beauvoir: M. Giraud sest donné beaucoup de peine pour prouver un fait invraisemblable. La famille des

(4) Recherches historiques sur la maison de Chastellux, par M. Gi- raud, avocat à Dijon (trayait resté manuscrit).

t 1 Ï SEIGNEURIE DE MOYrRIÀI. ChaseIlux tenait sans doute à lantiquité dun nom porté avec éclat depuis près de huit siècles; mais ce nom appartient depuis longtemps à lhistoire et ]e but principal de lhistoire est de rechercher la vérité. Dailleurs, en donnant aux Chas- teliux les Montréal pour ancêtres, nest-ce pas recaler encore lantiquité de leur.tnison et donner une nouvelle illustration aux descendants duniiiaréchal de Franco? Les BeauvoirCliastelluS du xiv° siècle ôtaient assurément plus fiers de cette origineet, pour en conserverie souvenirdans les siècles tutur,-ils avaient fait graver cette inscription que lon peut encore lire en lettres gothiques sur la cheminée de la salle des gardes de leur château « MONT-RIhI. SIRRE or. CBASTELLU\. » Il y a déjà plus de deux cents ans que le. Père Royer, dans son histoire latine de Moutier-Saint-Jean, donnait une noie sur les liens qui avaient existé entre les familles de Mar- Liteaux, de Beauvoir et de Chastellux niais lauteur ne parait pas se douter que les sires de Marmeaux étaient eux-mêmes issus dun Anséric (4) La question qui nous occupe ayant déjà exercé la sagacité et la critique dhommes spéciaux, nous sommes forcé den- trer dans quelques détails. La lignée des sires de Cliastellux, qui pendant lère des Croisades avait jeté un vif éclat, est interrompue en 4331 par la mortdê Jean de ChasteHux, dernier descendant mâle de cc nain après lui deux femmes, Simone de Chastelltix et Laure de Bordeaux se succèdent jusquen 4383, époque à

(I) 1.e Reonzaus, historia monasterli Sancti-Joliannis (Paris, 4637), signale un grand- nombre de cIiaites uioui-dtwi perdnes et dont ta f:oIlnaissanee serait Ikour noua dun grand secours SEIGNEURIE DE MONTRIAL. 71 laquelle Guillaume de Beauvoir, neveu et héritier de cette dernière, commence une seconde branche des Chastellux. Cest ce Guillaume de Beauvoir qui descend des seigneurs de Beauvoir et de Montréal. En jetant les yeux sur le tableau généalogique de sires de. Chastellux au Niv e siècle, tableau dressé daprès les docu- ments les plus authentiques, on voit que Simone était fille de Guy de Chastellux, mort en 1324 (1), quelle avait épousé un sire de Bordeaux (9), dont elle était veuve à la mort de son frère ainé Jean, dont elle hérita en 4334 (3) et quenfin elle fut dame de Chastellux jusquen 4349 où cette qualifi- cation lui est donnée. -

(Voir dautre part le tableau généalogique).

(1) Siunone était 1111e (le Guy; cela est prouvé pur deux titi-es, 4331 et 1344. V. Palliot , t. I. - Archives de Chastellux , Reg. noir, l 119, r. (2) Simone avait bien épousé un sire de Bordeaux, puisque soit sappelait Guillaume de Bordeaux et ses filles Laure et Jacquette de Bordeaux. Ce iari de Simone était peut-être un Guillaume de Bor- deaux signalé dans un titre de lffl (Arch. de Chastellux, Reg. noir, 120 et 127) Le prénom nest du reste daucun intérêt dans la ques- tion qui nous occupe. On peut croire que Simone était veuve en 1531, car depuis cette époque aucun titre ne fait mention de son époux. Rordcanx était un ancien castel situé sur le image de Saint- Symphorien de iMarmagne, entre Autun et Montcenis. (3) Dans un titre de 4344-, la mémo Simone, en parlant de Jean, dit Monseigneur Jeltan de Chaslelluz, nostre frère dois quel nous sommes hoirs (V. Reg, noir, Inv., p. 119, vo). Ce seul titre servirait à renverser toutes les hypothèses sur lesquelles sappuie le raison- nement de M. Giraud. 112 SEIGNEURIE DE MONTHIAI. e

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o C SEIGNEURIE DE 5I0NTRAL. 473

Simone de Chastellux eut trois enfants, un fils, Guillaume de Bordeaux (4), et deux filles, Jacquette et Laure (2). Cette dernière fut après sa mère dame de Cliastellux (3) et, comme. elle navait point denfants, elle laissa en 4383 son héritage à Guillaume de Beauvoir (4), (ils aîné de sa soeur Jaequettc. Voilà les faits. Or, le raisonnement de M. Giraud consiste à donner pour père à Simone un Guillaume de Chastellux, frère de Guy, mort en 434, et à lui faire épouser un autre frère de Jean de Chastellux, nommé aussi Jean (5), de sorte que le fils

(t) Deux titres le prouvent: une donation de 1338 (Reg. noir, 118; mv. QtO, VO), et une acquisition faite par elle et son fils Guillaume de Bordeaux, chevalier 011V., P. 18). (2) Laure et Jacquette sont bien les filles de Simone : quand même le nom du Bordeaux, qui leur est donné ne servirait à les faire recon- naître, à quel autre titre Laure eut-elle pu succéder à Simone et eut- elle pu instituer pour héritier son neveu Guillaume de Beauvoir, fils (le Jacquette? (5) Titres de 3549, 3350, 1374, 1576, Arek. de Ctiastellux, Reg, noir, Ce registre noir, dont il est souvent question ici, contient un extrait des titres qui ont été trouvés de toutes parts sur la maison de Chastellux. (4) Le testament original est aux archives de Chastellux, pièce n 6, deux liasses, cote 2, Inv., . 55. (5) Jean de Chastellux, fils de Guy, avait en effet un frère nommé aussi Jean, oyant le surnom de Bazoches dont il possédait la terre: mais ce Jean de Bazuches parait pôur la première fois en 432&; il nexistait donc plus à la mort de son frère, en 1331, puisque sa soeur Simone est dite dame de Ctiastellux. Pour expliquer son hypothèse, M. Glnud dit que ce Jean de Bazoches prit le nom de Beauvoir; en un mot il confond trois personnages ayant le même prénom: Jean, dit de Bazoches, Jean ctAucerre et Jean de Bea voir confusion qui nest pas même vraisemblable, car à quel turc Jean de Bazoches eut.It j i4 SEIGNEURIE DE M(IN9It(AL. supposé de celui-ci, Guillaume de Beauvoir, aurait eu. en 1385 la. terre de Chastellux ; par cette hypothèse et daprès cc système généalogique, la lignée des Cliastellux se prolon- gerait sans interruption depuis le xite jusquau x tve siècle et serait perpétuée par les Beauvoir qui nauraient fait (lue changer (le flOffi. Tout ceci est fort embrouillé au premier abord pour qui na point étudié la question; aussi ne nous engagerons-nous pas dans une discussion complète; nous ne relèverons pas les erreurs auxquelles M. Giraud n été conduit en sappuyant sur son raisonnement, nous dirons seulement que lauteur a confondit notre Jean de Beauvoir avec un Jean dAucerre, dit de Beauvoir, et Jacquette dOstun femme de Jean dAucerre, avec Jacquette de Bordeaux, femme de Jean de Beauvoir (1). De quatre personnages bien distincts on nen na fait que (]eux. Nous mettons en regard un tableau généalogique des seigneurs de Beauvoir, afin (le faire voir que les deux person- nages qui ont donné lieu à cette méprise étaient les enNuis de Gay dOstun, seigneur de Beauvoir, et non les descendants de la maison (le Chasteltux.

pris le surnom dc Beauvoir; dont ni titi, ni aucun de sa famille ne possédait le château. On voit ù quelles erreurs petit conduire ]a siini- litude des prénoms, et quel discernement il est bon dapporter (jans des recherdes parfois rasudieuses. (1) Ce qui prouve quo Jean (ici Ueuvoir nSt pas le même persan - sage que Jean dÀueerro, dit dc Beauvoir, cest quils figurent lotis les deux dans un acte dé partagé, en 1539; le premier est témoin du second^ lYans cet acte, il est dit formellement quo Jacqtie(ie dOtitu, fille de Gui dOsiun, avait épousé Jean dA ueeirc (Reg noir, p. 1141); dailleurs les armes de ce familles sont tout-û-fait différentes, commue le dit 1abé Brouillard (Mém. hiL, p 6).

SEIGNEURIE DE MONTR(AI. 175 GUY DE BEAU VOIR mort en 1305. ép Isabelle de RoussiUon. ------,_.. ._.,..l,. 1 Be air i"j& Jean de Beauvoir,- ;;i - Jaquette de Bordeaux. 13C0-1339 .Jacqucle Guillnu me MaTie 1.sai,elle tTO-t.irn de Beanvoii defle,rnvoit deBeauvoir ep JEN Gerard sire de Chas- p Jean éj DÀUCEIUtE iF Ostun. Mix. Lellux, i3S3. firesehard, 1 Gérant dit citer seigneur de flou rhon 2 de Beau,voi t-. dpq Beauvoir- de Philippe 1339. Chasteilux. Me-Reine. de Jaucourt Daprès cc que nous avons dit, il est (loue pro liv ti que Guillaume de Beauvoir devint, en 4383, seigneur de Chas tell ux par donalion de Laure de Bordeaux, sa tante, et quil était fils de Jean (le Beauvoir. -ç Or, Jean de Beauvoir était fils de ce Guy de Beauvoir, de la maison tIc Montréal, qui vendit, en 1305, la terre de Guillon au duc Robert, et qui mourut la môme année. Nons navons aucun titre C1ii signale positivement Jean de Beauvoir comme fils de Guy (le Beauvoir mais voici comment on est-conduit h établir cette conséquence: Gérard (lOstun, fils de Guy dOstun, signale Jean comme soit « Joh.an?Irn? de Bello-visu avunculum incum » (Reg noir. p - 4), cc qui ne pouvait avoir lieu quautant que Jean de Beauvoir était le beau-frère de Guy dOstun. Autre preuve Jean de Beauvoir possédait le château de

Tbttry, CL il ne pouvait le tenir quen qualité de fils de Guy de Beauvoir, époux dIsabelle de Roussillon, car cette isabelle, dans son testament de 1292, déclare que dans le ca g où elle décéderait en son château. de Thury, soit était dêtre enterrée en léglise Saint-Martin dAutun. Ce seul argument suffit, mais nous pourrions en donner dautres. Si lon veut parcourir larticle que nous donnons sur Beauvoir 176 - SEIGNEURIE DE MONTttéÀj,.

dans le chapitre suivant, on trouvera encore de nouvelles preuves. - Sil restait quelque doute dans lesprit à légard de la filiation des Montréal et des Beauvoir, on naurait quà pré- senter lécusson dÂnsérie en 1246 et de Guy de Beauvoir en 1305; ces deux , écussons sont identiques, sauf deux étoiles gravées dans la bande de lécu de ce derriièr.

S XII. ÉCUSSONS DES MONTRÉAL.

Les armoiries, qui nétaient dans le principe que ]e signe distinctif des familles nobles différentes, devinrent hérédi- taires dans le xii 0 siècle. Ayant ce temps les écussons étaient seulement armes de fiefs, comme étaient ceux des seigneurs bannerets qui les portaient différents, selon tes diverses terres dont ils étaient possesseurs: il y a tout lieit de croire que les armoiries des Premiers sires de Montréal étaient de ce genre. On voit, en effet, que les Anséric portaient, au commencement du XII- siè- cle, dazur d une bande ondée dor, et que cet écusson resta celui de la communauté de Montréal après laffranchissement des habitants en 4228. En 1246, cet écusson nétait plus le mérite : quoique le champ de lécu nous soit inconnu, on peut distinguer une bande et dix-sept ou dix-huit billettes semées dans ce champ. Nous avons trouvé ce sceau aux archives de Dijon et sur Plusieurs pierres tombales du prieuré de lrausse. Lécuson des .Beauvoir, en 4305, ne diffère de ce dernier (l ue par deux étoiles placées dans la partie supérieure de ta bande. Nous donnâns le dessin de deux sceaux équestres trouvés SEIGNEURIE DE MONTRAl,. I 77 aux archives de lYonne; voici encore dautres écussons que leur mauvais état ne nous a pas permis de reproduire: Sceau de Syhille de Bourgogne, dame de Montréal (1197). Il est fort endommagé et représente une femme debout (4). Sceau de Jean de Montréal (I2I). Jl représente un lion passant, à queue fourchue; la légende est en partie effacée; (Secret t) in meum (2). Sceau de Jean de Montréal (416). Il représente un cava- lier au galop; la tête est fruste. Linscription porte : Sig. Johannis de Monte-.Regali (3). (Voir le tableau chronologigue ci-contre.)

CHAPITRE Il.

SEIGNEURIE DE MONTRI%Ai..

HUGUES IV, DUC DE BOURGOGNE, ET DtATRIX DE CUAMPAGNE, DAME DE LIStE- SOUS-MONTRÉAI.. - IIUGUEUIN DE BOURGOGNE , SIRE DE MONTRAL.

Après sêtre emparé de la terre et du chteau de Montréal, le premier acte de Hugues IY fut de réparer les injustices et les dommages commis par lindigne rejeton des Anséric: une promesse solennelle, écrite et signée de sa main, en fut faite à Girard, év&jue dAutun; les monastères, les églises ren- trèrent dans le libre exercice de leurs priviléges ; le chapitre de Sainte-Marie fut réintégré dans ses droits et indemnisé des pertes occasionnées par les persécutions des années précé-

(4) Archives (le lYonne, Fonds Reign y, L xvii. (2) lb. Fonds prevôté de Chablis. IL Fonds prevôté de Chablis. Se. hiet. I 78 SEIGNEURIE DE M0NTRIÀL.

dentes; de granms lihiàlité e[dijtifications daumônes ftircntdélivréesau rieu?é de Yusse° Dk-Iors, le duc pritiJonttéa1et affection et en fit une de ses résidences favoriS; lé éhâteatu,déjà impodini, reçut des accroissenj nt g n»tables et devint «rie pliée rote relou- t itable, capable de ptôtéger la Botirgogne du côté de la Champagne:. Par liii; plusieurA petits fiefs voiis fuient successivement achetés : une portion dAthie lui fut vendue Par A g n ès de Brion,vetive de Hugues dAthie et mrie en -deuxièmes, noces Hueie Bèue (f). Mdnijallili lui fut cédé par échange de ].a de PsiIly avec Aidiée de &lvijny et ses enfants Guillaume et Marguerite (2); plusieurs autres domaines voisins lui furent concédés. Quand le dernier des Anséric fut mort dans sa retraite de Châtel-Gérard (1269), Jeande Mofliréal réclama hautement les biens qui devaient lui revenir de la succession fraternelle il y était attaché à plusdüri fitre, c• tait un héritage de famille et un héritage des plus importants qui donnait droit à un nom quon voulait perpétuer ;.mais cette cession eut été trop douloureuse au duc, ci, malgré les instances de Jean, il détermina celui-ci à traiter avec : luipar letiltem]se de Goy de Genève, évêque de Langres Jan de Montréal, sa femme Marguerite et ses cinq; enfanis,- Guy, Jèannette, -Lucqii, Agnès et Béatrix renoncèrent à leurs droits sur Mbntral et- .Chûtel-Gérard moyennant labandon de , la terre dAthie ct six cent soixante-dix livres viennoises que leur fit Huues iv.

(4) Cette ente fut mile en 42M, moyennant 400 livres dijonnaises (Archives de Dijon, Leincédù, t. t, p. 470). (2) Echange fait en -4261; par labbé de Saint-Pierre dAuxefre et te prieur de Précy-IeSec (Archives de Dijon, Peincédû, 1.1 . 170). -.1."..vfl, ri IH!VJJ t I - SEIGNEURIE DE MONTRÛÀL. t Let échange, isçez disprportionné,n était peut-tue pas tout à, fait dii goût de ,Jean ; peut-étre aussi naccepta-t-il que dans la certitude de ne pouvoir obtenir davantage;, il noublia pas, toutefois, dé se faire sauvegarder pour les

teres quil possédait à lIsle-sous-Montréal., t, duchesse Yolande La : ti c . Dreux venait de mourir (4255). ilugues 1V, pour chasser. lennui que lui causait une perte si cruelle, épousa en deuxièmes noces (4258) Béatrix deCham- jgne, soeur , de Thibaud IV, comte de Cliampagre et roi de Navarre, qui lui apporta unedot. de 230,000 livre.tournois. Le duc lui assigna pour son douaire 4,000 dijonnaises sur Villaines-en-Duesmois et sur Châtillon-sur-Seine, ainsi que lerporle lextrait dun registre des chartes de Champagne. Doin Plancher dit que Béatrix apporta en dot., outre 2.30,000 livres tournois, la. terre de ïJsle-sous-Montréal. Cest une erreur- Les comtes de Champagne ne possédaient alors abso- ?Itiblent rien dans ce pays. Le château (le lJsle et quelques autres dépendances avait été confisqués par ilugues 1V en inSe temps que Montréal, et les autres poruions . de, cette terre étaient entre les mains. de Jean de Montréal, frère dÀnsérïc L Cest seulement par forme de dQuaire que lIsle fut donné àla duchesse Béatrix, lorsque son (ils devint seiktieurde Montréat. Cinq enfants naquirent du mariage de Hugues 1V. et de étiix de Champagne, quatre filles et un fils, Huguenin de Bourgogne, plus connu dans lhistoire sous le nom de 11iguein de Montréal.. La vive affection du duc pour Béatrix et surtout pour iluguenin, son fils chéri, portait: ombrage aux héritiers du premier lit. Robert, héritier présomptif du duché, en conçut contre son frère une jalousie dautantt plus violente quelle était plus sourde et plus concentrée. 180 SEIGNEURIE DE MONTRÉAL.

lingues IV, attaqué à Villaines dune maladie dont il ne devait point se relever et craignant, avec juste raison, que la haine entre son épouse et ses enfants namenât plus tard des discordes et des altercations, régla par volonté testamén- taire (427e) les droits quil voulait assigner à cliaôun deux. Huguenin de iIoniréal eut pour sa part Avallon, Montréal, Clievannes, Châtel-Gérard, Montbard, Grignon, Viueaux, Vil lai nes-en-Duesmois, Ainay, Lantenay avec toutes les dépen- dances et acquisitions faites par lingues IV: il eut en outre le droit de gîte à Fleury, les villages de Pâques, Etalante, Saumaise, Volnay, Arcy, Pomard, la maison des Isles avec les bois de Quarré et de Saint-Germain.

Les tristes pressentiments de lingues 1V ne se réalisèrent que trop. Aussitôt après sa mort des difficultés sélevèrent entre le duc Bobert et sa belle-mère, Béatrix (I). Celle-ci se retira dans sa terre de lIsle : elle y résida jusquà sa mort, ainsi quau château de Montréal où elle venait souventvisiter son fils. Il faut observer que toutes.les scigneuries assignées à Hugnenin de Bourgogne dans le lot de partage lui furent concédées en tonte souveraineté: in feodo et in dorni?ljo et, certes, ces immenses propriétés nétaient pas le moindre fleuron que lon arrachait à la couronne ducale. Le duc Robert sentit admirablement la justesse et la vérité dé cette situation, car, aussitôt après la mort de Hugues 1V, il crut pouvoir abuser de la suprématie quil avait sur Huguenin, encore mineur, et refusa nettement de remettre à la duchesse Béatrix, mère et tutrice de ce dernier, toutes les terres qui

(4) Ces difficultés occupènt une large place dans le tome Il de lhistoire de D: tlaneher, SEIGNEURIE fiE MONTRêÂL. 181 lui avaient été concédées; il ne livra que Montréal CL prétendit garder tout le reste. La duchesse insista. Robert objecia que ce démembrement du duché était excessif et ne pouvait être effectué. Béatrix chercha appui auprès de ses gendres Brigues le Brun, comte de la Marche, Jean de Chalon, sieur dArlay, le roi des Romains, le comte de Nevers et sassura même la protection du roi de Franco dont ITuguenin de Montréal était parent à un degré assez.proche. Le duc Robert, craignant de sattirer un mauvais parti de la part de si puissants seigneurs, et voulant faire cesser les réclamations de la duchesse, proposa un accord et desarbi- tres pour juger le différend, avec promesse de sen rapporter à leur décision. On fit un compromis (1276); le duc choisit Jacques de La Roche, chanoine dAutun; la duchesse et son fils iluguenin nommèrent Hugues dArcy, chanoine dAu- xerre, en convenant toutefois que , dans le cas où les arbitres nauraient pu décider la question, laffaire serait portée devant le tribunal du roi Philippe. On ne sait trop quel fut le dénouement de ce premier débat. II y a cependant appïirence de croire que le duc éluda fort adroitement la.dédision des arbitres et de la cour royale, car cinq années plus tard les mêmes contestations furent portées devant le Parlement, qui, sur les raisons données de part et dautre, refusa de rendre un arrêt définitif avant davoir examiné la situation des châteaux et des terres donnés par le duc testateur. A cet effet, deux commissaires, Giles de Brion et Henri de Cham pdivers, furent nommés avec ordre de tenir compte exact de la variation que le revenu avait pu éprouver depuis la mort du duc testateur. On na encore aucune connaissance du rapport fait par les

182 SEIGNEURIE DE M0NTRAL.

conmissaires, ni de i4èt tendu par le Pailenent; mais on Peut aisément deviner le résultat: cest que le duc ne se dessaisit que de la moindre parie des terres assignées par son père et naccorda , guère que Montréal en toute souveiai- neté au jeune Huguenin, pu depuis a porté le titre de eetïe seigneurie.. La duchesse Béatrix avait pris soin de deminder au roi saint Louis, du vivant même de son époux, une sauvegarde Peur elle et ses biens, de peur qu i Robert né lui retrinèhât une portion de son douaire et ne la troublàt dans la posses- sion de ses domaines elle -avait même miA si terre delJIè sous la protection de Thibaut; son frère, comte defhiniJ pagne, et cest à partir (le cette époque que IJsle, primhie- - ment du domaine de Bourgogne, releva des comtes de Champagne et plus tard dé la • couronne de !rance, quand cette province fut réunie à la France (4276) (I). Malgré les précautions de Béatrix, le duc de Bourgogne trouva encore moyen de lui susciter des embaraset de" borner ses prétentions au sujet des acquêts quelle avait faits en commun avec son mari. Par ni" traité fait en 1295, Robert assigne à sa belle-mère, pour son douaire, la ville et chàtêl- lenie de CMtillon avec la garde de labbaye (lu mémé lieu,• sous condition que Béatrix renoncerait aux acquêts faits en commun par eue et 1Iugies IV il éileait ainsi à la duclfe& outre des droits considérables; la terre eVillaines-en-

(1) En passant du domaine de Bourgogne è celui de champagne, la (Ofl! de Liste changea également de diocèse..M. labbé COuard, curé - d, nous a fait remarquer que le prieuré de Saint-Georges, - signalé du diocèse dAutun eu 4203, relevait de celui de Langres vers la liii du même siècle.

,.,.T...4• ¶•-?• SEIGNEURIE DE MONtfiÀL. 183 Duesmois dont elle devait garder lusufruit par assiette de mariage. Jaî négligé ici un grand nombre de détails afin de ne pas mengager dans lhistoire générale de Bourgogne. On voit à la.Chanhre des Comptes de Dijon de grosses liasses de par- chemns sous la désignation de: Titres de Mont-Réai, et ayant tous trait,h la période quinous occupe. Dix-sept sceaux assez bien conservésy sont encore appendus. Ces pièces sont bonnes à connaitre. Cest que Hugues W en dictant . ses . d,epnières.vo1ontés en faveur de son fils llugùe- nin, avait aussi réservé, à linstigation de la duchesse, dassez fortes sommes aux quatre filles nées de p seconde union. Il avait donné en. dot ùBéatrix, épouse de Hugues, comte de La Marche, vingt mille livres tournois. Quoique mariée depuis plusieurs années, déjà, ].a Béatrix navait point encore touché la somme àla mort de son père; la duchesse sempressa de se mettre eu mesure pour faire payer cette dot. à sa- fille. Le testateur avait chargé celui qui serait duc après lui de le faire; cétait donc au duc Robert à sacquitter de ce devoir. Mais il trouva moyen de sarranger avec eux, car une déclaration de laméme Béatrix et du comte de La Marche, son époux, ,porcqttil ne sera rien réclamé au duc de vingt mille livres tournois qui leur sont dues parie testament de r Hugo ps 1V., lexception de six mille dont on se-reconnaît redevable ,nvcrs eux,, selon la reconnaissance qui en a-été donnée, et que pour ce qui reste des vingt mille livres,, la duchesse. e, Huguenin deMçntrlen acquitteront (f276). On ne . xpliquerait,pas pourqaoi, la euve-deHugues 1V--r o et iJt1gpcpi,t 4e Montréal consentirent h cet- arrangement I défav9,çpl de la, pour 1 eu;en ajp.arenpe, si l.Qn.nétik averti par.if un acte même on é que Robert avait, promis à Huguc. 484 SEIGNEURIE DE MONTRAL.

nin de le faire son héritier dans le cas où il décéderait sans laisser denfants, avec réciprocité si celui-ci venait à mourir le premier: ainsi, la sucession pleine et entière du duché devait rentrer dans une seule main. Cette clause avait même été stipulée par un codicile du feu duc, codicile quon ne trouve pas aux archives de Dijon : la duchesse Béatrix avait. aussi poussé les parties à cet arrangement, car, dans un acte scellé de son sceau, elle remercia Robert davoir, sur sa demande, consenti à cet accord. Elle pensait sans doute que son fils Huguenin, étant le plus jeune, avait des chances de succéder au duché. Ses espérances furent trompées, comme on le verra plus tard,

La seigneurie de Montréal était alors, nous lavons dit, libre et indépendante; elle nétait même pas soumise an droit dhommage envers le duc, et, les années suivantes, cette terre nest point comprise parmi celles qui sont tenues au devoir de vassalité. Huguenin de Bourgogne y faisait ordi- nairement sa résidence ; quelquefois aussi il venait à Avallon dont il était vicomte, et où il avait une maison qui fut appe- lée, en souvenir de lui, maison Hugues, jusquà lépoque où un sieur Catin, capitaine de cent hommes darmes pour le duc, lui laissa le nom de cour Catin. Lemplacement de cet hôtel était voisin de lhôtel-de -ville actuel, et situé vis-à-vis de la place Saint-Julien. Huguenin avait épousé Marguerite de Chaton, fille de Jean de Chalon, comte de Bourgogne, et de Laure de Commercy, sa troisième femme. Il avait un goût excessif pour la chasse souvent il venait avec son épouse chasser dans les forêts de Vausse; cest même à ces fréqueutesvisites que les religieux durent dans la suite de belles aumônes. Les seigneurs du voisinage, ses amis, partageaient ses plaisirs: les MeHo de SEIGNEURIE DE MONTRÉAL,. I85

Noyers, les Miles de Bierry, Hugues le Brin, comte de La Marche, Jean de ChaTon, sire dÂrlay, plus tard seigneur de tJsle-sous-M ont réal après la duchesse Béatrix, etc. En novembre 1276, Huguenin et Marguerite, sa femme, firent un traité avec Miles de Noyers et Marie de Crécy, traité par lequel il se donnent réciproquement droit de chasse dans toutes leurs forêts de Vausse et Châtel-Gérard. Quatre ans après, Odon de Bières et Jean de Salon, sei- gneur de Rouvray, ayant indisposé Fluguenin contre eux, celui-ci les fit saisir et enfermer dans les cachots de Montréal les prisonniers, indignés dun tel traitement, adressèrent immédiatement des plaintes au Parlement et parvinrent à faire condamner Huguenin à six cents livres de dommages et intér&s. iluguenin de Montréal nétait cependant point dun carac- tère méchant; tous les titres qui nous ont été conservés sur lui nous le représenlent,comme un homme fort accommodant en toutes choses, et dune grande libéralité. Cest de lui que Hugues de Bierry obtint des droits dusage dans la forêt de Vausse pour ses hôtels de Bierry (I) et de ; cest à lui et à la duchesse Béatrix que les habitants de Moniréal durent dimportantes concessions, et que ceux de lIsle furent rede- vables de leur charte daffranchissement ; cest avec le secours, de sa protection que les religieux de Vausse purent étendre leurs possessions et augmenter leurs revenus. Ceux- ci lui en furent du moins reconnaissants; cette reconnaissance se traduisit par un doit une cession de trois magnies que

(I) Aujourdhui Anstrude. Cette charte de 1281 est au château dAnstrude. 186 SItIGNEUÙIE Dit MONTFIÉAL.

les meinCpossédaient à Saniiguy avec bus les droits quils poavaièùt"av&r dans ce village (I28i) (I) La dernière chartede iluguenin que loi) connahse est datée de 1281; elle est encore iliciée en fur du pt9euré de Vausse ; elle conflïméauxÉeligieux toutes îeà aumônes don- nées précédemment par les Sires de MoÀtiéal, dEpoissès, de Montbard, etc. ; il acc6rdc aux religieux fitfaculté de défri- cher- une •certaine quantité de bois ci dacquérir dan la châtellenie de Châtel-Gérard jusquà dix muids de rente à volonté (2). Ce nest point par amour du sol natal quo nous parlons ici du prieuré de Vausse (3). Le fils de Hugues 1V eut vérilablét nient une grande prédilection pour cc petit monastère situé au milieu de ses chasses, sut lequel il avait firbit de garde et où les religieux lui donnaient souvent bonne hospitalité. Hugueuin de Montréal mourut peu après 1287 il navait eu de son union avec Marguerite de Ctialon quune fille, Béatrix (4), qui ne survécut à son père que quelques mois seulement (I 291). La duchesse Béatrix était à lIsle-sous-Montréal quand elle apprit la mort de son fils et bientôt après celle de sa petite- fille. Cette nouvelle lui causa un chagrin profond que vinrent augmenter encore les embarras suscités par les ambitieux projets (lu duc Robert. Menacée elle-même dans ses droits, la

(4) Archives de Dijon. Deux chat-tes originales auxquelles sont, appendus les sceaux du prieuré de Vausse et du grand Val-des-Choux approuvent celte donation. (2) Archives de Vaus (3) Vausse, vendu ù la révolution comme propriété nationale, u loujousapprtnu tlepifl idfs iïWia ihifliid (4) La duchesse Béatrix avait été marraine de sa petite-fille. - SEIGNEURIE DE M0NTIlAI,, 187 ducltesse. sempressa dacheter les portions de la terre de Vis le que possédaient les derniers descendants des, Ansérie. Elle -1, obtit de Lucques de Montréal, épouse de Gaucher de Saint-. FIoentin, et de Agnès de Montréal, femme.dOdo de fluors, seigneur de Villarnoul, la cession des terres que -ceux-ci possédaient à lIsle. Cettecession fut faite à linstigation du roi Philipp& et de la reine Jeanne, qui sauvegardèrent, de nouveau les intér,éts de la duchesse (t)..

Au mois daoût suivant, la duchesse signa dans sonchÛ- t teau, de Ulsle un Acte de donation à Henr, • roi de Navarre, héritier et successeur de son , frère -Thibaut, de tout,ce qui pouvait lui appartenir , par droit de coutume, comme héritière avec lui de feu Thibaut, leur frère ainé. Elle cèda en même temps sous les droits qui pouvaient lui venir des comtes de Champagne et de B•, r,ie,, ainsi que les biens dont fleiriri était en possession. Désormais tranquille à. légard de son, domaine, ..Béatrix excita ses gendres à,soutenir leurs prétentions, au sujet de-la succqss ion dHugtenin , çà revendiquer leurs droits respec-- tifs star la seigneurie de Montréal, dont Robert, prétendit. semparer tout dabord. Il est vrai que le duc sappuyait sur un arrangement fait avecIc défunt, par lequel celui-ci sen- gageait à laisser son héritage à Robert, sil mourait sans hoirs. Mais,, cet arrangement nétait point., goûté par les co-héritiers, qui, s?ufllugues.le Brun (e), comte de La Marche;- navaient, donn6 aucune .adhésion .à cet accord tout-à fait préjud, iciaile àleursintér&s.

(1) Archives impériales, Trésor des chartes, carton - 254, n" 19 e120. (2)Ar, iiyesdeOhJon, charte de 4216 ,donnée .par Huguesje.Brun,i. 488 SEIGNEURIE DE MONTRÉAL.

Les exigences des prétendants paraissaient dautant plus monstrueuses au duc quils voulaient avoir leur quote-parc, non-seulement dans les biens laissés par Hnguenin de Mon- tréal, niais encore dans ceux que lui avait légués le testament de Hugues 1V et dont Robert lavait frustré. Robert déploya dans cette affaire une adresse analogue à celle dont il avait déjà fait preuve à la mort de son père, lorsquil se fit céder une partie des domaines assignés à 8 ugïien in.

Ce nétait cependant pas chose facile de résister à des prétendants aussi nombreux et aussi puissants. Cétait Jean de Chalon,. sire dÂrlay, époux de Marguerite, soeur de Bu- guenin de Montréal Isabelle, aussi sa soeur, veuve de Raoul, roi des Romains, Geoffroy de Brabant, Marguerite, reine de Jérusalem et de Sicile, Robert (le France, comte de Clermont. Ce (lui leur fut cédé en fonds de terre et en argent était chose assez insignifiante, vu la valeur de lhéritage; Robert ne tenait pas, du reste, à les indemniser complétement; son seul but était de calmer leurs réclamations importunes, et si les prétendants se contentèrent de ce qui fut accordé, cest quils sentirent limpossibilité dobtenir davantage et darracher ces beaux domaines des mains du duc de Bour- gogne.

La duchesse Béatrix reçut pour son partage, outre une somme (le huit mille livres, les dimes dAignay, Estalante, Villainés-en .fluesmois et Vitteaux (4294). Isabeau, veuve du roi des Romains, eut pour sa vie durnnt la jouissance de Vieux-Château; les autres, plus récalcitrants, ne traitèrent, bon gré mal gré, que quelque temps après la mort de la duchesse Béatrix. Jean de Chalon, sire dÂrlay ne céda ses droits quà linstigation de Marguerite, reine de-Jérusalem et SEIGNEUHIE DE MONTRÉAL. 189 (le Sicile (I) comte il était plus exigeant au sujet de léchange proposé, le duc fut obligé de lui abandonner Vitteaux et ses dépendances, sous condition que cette terre serait tenue par ses descendants à litre de fief (1299) (2). La comtesse de La Marche ne perdit rien également pour avoir attendu; on lui donna Grignon avec mille livres en fonds de terre (1301); Guy de Montréal, fils de Jean et petit-neveu dAnséric, éleva aussi quelques réclamations; mais, comme il parut à Robert un adversaire peu redoutable,redoutable, il ne lui fut rien concédé. La seigneurie de Montréal était définitivement annexée au duché. La duchesse Béatrix survécut encore quelques années à Huguenin et sa fille; nous devons encore donner des détails sur cette princesse. Moins connue que Marguerite de Bour- gogne et que la comtesse Mathilde, ses contemporaines, Béatrix de Champagne doit cependant être citée au nombre des femmes dont la mémoire mérite dêtre entourée de res- pect et de vénération. Piacé& sur un petit théâtre, elle a su se faire aimer de ses vassaux en les comblant de ses bienfaits. Les abbayes de Saint-Martin dAutun et de Marcilly (3), le chapitre de Montréal, le prieuré de Saint-Georges ont con- servé des souvenirs de sa libéralité. Cest elle qui accorda aux

e (4)Vie de Marguerite, reine de Jérusalem etet de Sicile, par Robert Luitz D. p lancher, Ilist. de Bourgogne. () Cest à partir de cette époque que les membres de cette branche des chaton prirent le titre de seigneurs de Vitteaux. (5) En juillet i272, la duchesse fléulrix accorde droit de péage à labbaye de Marcilly pour tous ceux qui traverseront le pont de Serse les gens déglise et les religieux de la prévôté en étaient exempts. Le môme droit fut accordé à abbaye de Saint-Martin dAutun. l9O

habitantsde -Moiïtra Ja joui sanc 1u ind tisÇ Viinfré x erde iSngde Froideville; cest elle quiftI dot tiLiria hai.leïleV1sle et qui donnaauxhabitancs, er 1276, né belle 1 charte dffranehisérndnt;onjointmenc TaVec iluguenitide Ù Bourgogne.La longueur de cette iùtressaiiteciiartetic nôhs ;permennt pas de la eproduire; nojs Iient dohncr6i ue quelques extraits dans Ièlji es Ie « lafracbise doivent pàyei suiWintleuks rnodns; deux sols • 4oùPnois Pour les lilùs s piuvreser quinze sôls 1 our les « riches. < Quatre priïdhofitftes tfiiaïèvt présider à lii éjrtitièn deux)éu,intnommés parle 1dintr tlesdbùxhitutit par -les1ialjjtàijt.s. Ik

.amepdcde cinq ols; ilsavaieat. la faculté, de..moudre:oh ils voulaient quand les moulins étaient arrêtés faute deau. « Les amendes, qui étaient de sept sols a yant,les fran- chises, sont réduites à cinq; ainsi, toute .bête qui séchappe dans la campagne condamne le propriétaire à une amende Le de cinq sols. marché est ,établi à lIsle,tous. .les.jeudis, sans compter les deux foires. qui sy tiennent, annuellement, le jour de la Pentecôte et le lendemain de la. Saint-André. Les bourgeois doivent vendre et acheter à la mesure, du marché dans, la halle faite par..laduchesse : éatrix. .» Tels sont les , priqcipaux . priviléges accordés. aux habitants de lIsle-sous-Montréal. Outre les . acquisitions faites par .Béatrix sur les héritiers des Anséric, acquisitions dont nous. avons parlé,. elle réunit encore plusieurs domaines sous la dépendance-de son .châ- leait de lIsle, enVautres celui de Lucy-le-Bois qui luifut vendu, en 1 274, par Miles de Noyers, moyennant la somme de douze cents livres tournois (4). En 4295, la duchesse nétait point encore morte, car la même année elle donna une rente en faveur du chapitre de Montréal cest, dureste, le dernier acte que jaie pu trouver de cette princesse. Ela nt allée peu de temps après à Villaines- en-Duesmois, elle y tomba gravement malade et témoigna le désir de dicter ses dernières volontés : les exécuteurs tesla- inentaires nommés furent labbé de Cure, Jean de Marmeaux, seigneur de Ravières, frères Humbert de Chevanàes et Régnant de Semur, chanoines de Troyes (2).

(i) charte copiée dans un manuscrit de la Bibliothèque dAvallon, (2) lettre publiée dans le tome [I de lHistoire de Bourgogne, par D. Plancher. 192 SEIGNEURIE 0E MONTItiAL. -

Béatrix mourut vers lannée 4297. Le duc Robert vint en toute hâte à son enterrement, ainsi que la comtesse de La Marche et la reine dAllemagne qui se faisait fort pour Mmc tUAllay, sa soeur. Cette reine dAllemagne réclama au duc des lettres quelle avait éctites à la duchesse et que celle-ci avait promis de lui rendre, mais on ne trouva rien. Jean Desgranges fut envoyé à lIsle avec plusieurs clercs qui semparèrent dun coffre ou écrin qui fut de suite porté à Montbard et ouvert par le duc et la reine. Ceux-ci, après sêtre saisi des papiers contenus dans ce coffre, le fermèrent, le scellèrent de leur sceau et en remirent la garde à Milot, châtelain de Montbard. Que contenaient ces papiers? La chronique, consultée, paraît leur attribuer une certhine im- portance par la promptitude avec laquelle on sen empara. Il y a lieu de croire que ces titres étaient relatifs à la succession des domaines de Montréal.

CHAPITRE III.

OOGRAPIIfE FIODALE DE LA SEIGNEURIE DE MONTRÉAI. AUX XII ET XIII SICLES.

Pour compléter lhistoire de la seigneurie de Montréal, il nous reste à en décrire la géographie féodale, cest-à-dire létendue des domaines possédés par les seigneurs aux xIle et xiii siècles, et à reconstituer pièce à pièce les différents fiefs qui en dépendaient.

La seigneurie de Montréal sétendait depuis Sarry exclusi- vement jusquà la limite de la paroisse de Saiut-Léger-de Foucheret, en Morvan, dans une longueur denviron qua- SEIGNEURIE DE MONTflAI.. 193 raine-cinq - kilomètres . Sa plus grande largeur était de dix-sept kilomètres, depuis Vassy-sous-Pisy jusquaux deux tiers de la forêt dBervaux. Létendue de ces domaines absorbait le territoire de trente-quatre ou trente-cinq com- munes actuelles de notre département. 11 va sans dire que cette étude ne sapplique quà la seigneurie de Montréal, car, quand cette propriété ducale fut plus tard érigée en châtel- lenie, létendue des fiefs qui relevaient de son donjon était beaucoup moins considérable. La seigqeuric était limitée à lest par les propriétés des moines de Moutiers-Saint-Jean, des sires dEpoisses et du sire de flieiry, à louest et au,nord par les domaines du vicomte dAvallon et des Miles de Noyers, au sud par la terre en franc-alleu du seigneur de Chastcllux. Ces limites sont parfois assez faciles à préciser par les actes écrits qui les désignent et qui nous sont heureusement restés: sur dautres points, il est plus difficile de les détermi- ner, il est arrivé aussi que ces limites ont éprouvé quelques variations par suite des acquisitions faites par plusieurs sires de Montréal. Nous nous sommes efforcé de signaler sur la carte que nous joignons à ce travail les lieux habités au xii0 siècle et les fiefs dont il r.ereste plus maintenant auctin vestige; les terres appartenant aux monastères sont indiquées par une croix; les établissements ecclésiastiques sont marqués dune double croix. Comme la plupart des villages ont eu des seigneurs qui en ont pris le nom, il est essentiel de considérer chacun deux en particulier pendant lépoque féodale qui nous occupe, niais rions ne dépasserons point les dernières années du xiii siècle. Se. hisi. 13 194 sF.rcNRuntg DE M0NTRAL.

J. ANOCLY.

Le testament de Waré, fait en 721 en faveur de labbaye de Flùvigny, signale un grand nombre de terres de IAsallonnais qui furent concédées aux religieux Anglias, Balderias, Cap- pas, Cussiaco, Passeriniacum, Marcomagna, Degantiaco, Cassaniola il est à remarquer que lotis ces domaines étaient voisins de Montréal; le Govilis mentionné dans ce même testament parait répondre â Joux-la-Ville, car en changeant le G en J il reste Jovilis (Jovis Villa). Anglias nest autre chose quAngely, dont il est ici ques- tion.

Léglise de ce village fut fondée au commencement du xir siècle par Ilugues des Hordes. Le fief des Bordes, situé sur le territoire dAngely, est depuis longtemps détruit. Léglise dÂngely, dédiée à Saint-Germain dAuxerre, fut donnée, eu 1160, par Henri, évêque dAutun, au chapitre de Montréal. Angely na jamais eu de seigneurs qui aient porté le nom du pays.

S H. ATHIE-SOUS-MONTRÉAL.

C O fi e f, assez important, eut des seigneurs qui en prirent le nom. En 4240, Agnès de Brion, veuve de Hugues dAlhie, ayant épousé en deuxièmes noces lite le Bègue, dAuto], vendit au duc lingues IV, moyennant, cent livres dijonnaises, tout ce quelle possédait dans ce village (I). Cette famille dAthie nétait point encore éteinte aux x l ve et xve siècles. On en

(1) Archives de Dijon, Recueil Peincédé, t. J, p. 470.

M SEIGNEURIE DE MONTRÉAL. 195 trouve plusieurs représentants à Noyers, Sancy, . Après la mort dAnséric X, en 4269, le duc accorda ce domaine à Jean de Montréal et à ses cinq enfants, avec six cent soixante-dix livres viennoises, pour lindemniser de lhéritage de Montréal quil avait confisqué. Guy, fils de Jean, revendit lui-même au duc Robert tout ce quil possédait à Athie, en bois, maisons, hommes, femmes, avec la justice haute et basse, le droit dusage dans les bois dllervaux, la maison-forte dÂthie, etc. Il réserve cependant une somme de quarante sols due au chapitre de Montréal, six bichets de blé dus aux religieux de Vézelay et 30 livrées de terres â tournois que Guyot de Villarnoux devait prendre après sa mort. Guy de Montréal retient, ainsi que Marie de , sa femme, lusufruit de la terre dAthie sa vie du- rant. La vente eut lieu moyennant 1,400 livres, somme alors très considérable. En 4347, le due assigne 300 livrées de terre à Miles, sire de Noyers, bouteiller de Bourgogne, sur sa terre et maison- forte dAthie, pour laider à sacquitter de 400 livres quil devait à ce seigneur. fi sauvegarde cependant les droits que les religieux de Charbonnières avaient sur cette proprié- té(l). - Léglise dAtbie fut donnée en 1408 à labbaye de Saint- Michel de Tonnerre par Robert, évêque de Langres, sur la prière de labbé de Saint-Miehci (2). il y avait dans ce village un petit hôpital qui jouissait de certains revenus, et dont une charte de 4304 fait mention.

(1)Archives de Dijon, Recueil Pclncédé, t. 1, p. 787. (2) Cartulaire général de lyonne, t. I. 106 SEiGNEURIE DE MONTRiAL.

S iii. BEAUVILITERS.

Cé hameau, situé sur la commune de Saint-Léger-de-Fou- cheret, nétait au xii" siècle quune simple grange, possédée par la maison de Montréal. Niard de Montréal avait cédé cette métairie et ses dépen- dances h Guillaume de Tours; celui-ci donna tout ce quil y possédait aux moines de Reigny, donation qui fut ratifiée par le pape en 1164.

5 IV. BRAUVOIR.

Cest sur la rive gauche du Serain, au sommet dune ruche (lui domine une partie de la vallée dEpoisscs, près de Sau- vigny-le-Beuréal, hameau de la paroisse de Savigny, quétait situé le château de Beauvoir. Cette forteresse imposante était avec celle de Montréal la plus considérable du pays au xii0 siècle. Elle parait toujours avoir été isolée et, bien quon ne distingue plus que des ruines et des pans de murailles envahis par un lierre séculaire, on peut encore dessiner les Ibriifications et lemplacement des fossés. Il y a trois siècles que ce château est en ruines et inlia- bilé. Primitivement Beauvoir appartenait aux ducs de Boni- gogue qui ne lavaient concédé aux Anséric de Montréal quù titre de sous-inféodation. En 1210, 1221, des reconnaissances données par ces derniers attestent que le château de Beauvoir est jurable et rendable au duc et que les réparations à faire pendant la tenue doivent être réglées par prudhommes ; plus tard les Ansérc cédèrent ce château à des seigneurs (le leur maison astreints envers eux au droit de vasselage. SEI&SIuRIE 0E MONTIk.EAL. 107

Tous les sires de Beauvair, issus des Montrél, que nous trouvons au Niit siècle, paraissent avec le prénom de GU Y- 11 90. Guy de Monftéal, trésorier de [Eglise de Langres. I¶12. Guy de Montréal, seigneur de Beauvoir, bienfaiteur du chapitre de Montréal. 1292 . Guy de Beauvoir, époux disabelle de Roussillon, sans doute le fils du précédent, avait, comme les sires de MarmeauN, de Tard, changé son nom de Montréal contre celui (le la terre quil possédait, quand le domaine des Ànséric avait été confisqué par le due ilugues IV. Une preuve mani- feste de lorigine de Guy de Beauvoir, cest que, comme on la dèjÙ dit, son écusson est identique h celui dAnséric Di. dit avoir vu des Le P. Itoyer, dans son llcomaiis (4), chartes attestant que les sires de Marmeaux devaient foi et hommage à Guy de Beauvoir et à Jean de Beauvoir, soli chanoine de Langres. Cet hommage ne pouvait être dû que parce que les sires de Beauvoir étaient les descendants des seigneurs de Montréal, et que la première branche avait la suprématie sur la seconde. En 1292, isabelle de Roussillon, femme de Guy de Beau- voir, fonda un anniversaire dans labbaye de Saint-Martin dAutun, choisit sa sépulture en léglise de Savigny-en-Terre- Pleine dans le cas où elle décéderait au chAleau de Beauvoir, et en léglise de Saint-Martin dAutuu si elle venait à mourir au chàteau de Thury (2). Cest ce Guy de Beauvoir qui fut Farrière grand-père de Georges de Beauvoir et de Claude de Beauvoir, dont lun fui amiral et lautre maréchal de France.

(I) llist. monast., Sancti Johannis, Paris, IO7. noir. ) Archives de Chaslellus, Reg. 498 SEIGNEURIE DE MONTRÉAL.

Guy de Beauvoir vendit, en 4305, la terre de Guillon au duc de Bourgogne, et mourut- la miiie année, car lannée suivante Goy dOstun, sou gendre, déclara le château de Beauvoirjurable et rendable au duc (1). Les biens de Guy de Beauvoir furent partagés entre Jean, son fils, et Goy dOstun, son gendre; le premier eut lé château de Thury qui lui venait de sa mère, et Guy dOstuu eut le château de Beauvoir qui était moins important. &uy dOstun possédait encore les villages de Bières et de Ruffey, près de M o n tigny-sur-seraiii, village quil vendit au duc de Bourgogne du consentement de sa femme, Marguerite de Beauvoir ; la vente eut lieu moyennant la rente de huit cents livres, et lacte fui passé le dimanche avant la Saint-Martin 4 32 (2).

Depuis 4306 jusquen 1339, Guy dOstun paraît avec les titres (le seigneur dArconcey, de Villiers-Liénas etde Beau- voir. Cette terre passa ensuite, à Jean dAucerre, dit de Beauvoir, lun des trois gendres de Guy (3), et continua dc lui appartenir, comme le constate un titre de 1340 (4). Jean dÀucerre était fils de Miles dAuccrre, seigneur de Brèves et de Mahaut dÂrahlai (5). lI rendit, &n 1347, foi et hômmage pour sa terre de Brèves et mourut vers 4354-. Nous donnons ici le tableau généalogique des seigneurs de Beauvoir jusquau milieu du XV e siècle.

(4) Archives de Dijon, Recueil Peincédé. - Guy dOstun était sans doute fils dun Aimon dOstun, signalé comme un des priticipaux vas- saux du duc Robert 1 . 1 (Carreau, 2 édition, p. 88). (2) D. Plancher, ]lis(. de Bourgogne, t. ii, p. 171. (3) Archives de Chastellux, Reg, noir, f, 110, (4) Archives de chastellux, Reg. noir, p. 78. (5) Bibliothèque impériale, Titres de Nevers. SEIGNEURIE DE MONTRÉAL. 499 GIJY DE BEAU VOIR JEAN DE BEAU VOIR ép Isabelle dû Roussillon chanoine de Langres, (1270-1306) frère de Guy

GUYDOSTUN Jean de Beauvoir ép Marguerite de Beauvoir ép Jaepiette de Bordeaux (1306. 1339) (deu descendent les Beauvoir-CImsteIIux)

JEAN DAUXERRE, Gérard Mir JacquelLe dOstnn, ép Artaud dOstun de Beauseinblani.. (1339)

GUYOT DAUXERRE (1354-1369)

GEOFFROY I (1423-1430)

GEOFFROY Il ép à Philippe Pot. Guy dOstun était un des plus puissants et des plus fidèles chevaliers du duc Eudes. Ayant été chargé de payer une

somme de 15,000 livres que cc prince devait au comte de Bar par une clause de contrat de mariage, Guy fut obligé de faire des emprunts polir y satisfaire (1). Il avait contracté envers Odon de Gayes une dette de 840 livres Simon, fils dOdon, voulut en exiger le paiement des

héritiers de Guy. Gérard dOslun, fils de ce dernier, avait même vu sa terre de Villiers-Liénas saisie et vendue par commission royale, lorsque Jean de Beauvoir, son oncle, promit de faire obtenir à ses frais dautres lettres royales pour faire reporter surie château de Beauvoir la garantie de Simon de Gayes Jean sengage même de fournir un acheteur jus- quà concurrence de 800 livres et à prêter une somme de

(I) foin Plancher, t. Il; Preuves, p 419 200 SEIGNEURIE DE M0rçTRAL.

100 livres fou mois. Dans les démarches quil fait pour assurer la vente du château de Beauvoir, on entrevoit facilement le désir quil a de sen rendre adjudicalairé. Comment expli- quer cette prédilection , cet « attachement, autrement quen supposant que Beauvoir était pour Iiii sa terre principale, la terre (le 565 ancêtres, celle qui lui avait donné soit Malgré cette sollicitude, Jean de Beauvofr fut trompé dans son attente, Beauvoir resta propriété de Jacquette dos- (un (4), femme de Jean dAuccrre, et longtemps après de ses descendants, cest-à-dire de celle famille dAucerre, dite de Beauvoir, (lui parait sêtre éteinte vers 1475 dans la personne (le Geoffroy (le Beauvoir, arrière petit-fils de Jacquette dOs- tun (2).

(1) On voit cependant au terrier de Beauvoir, déposé au château de flagny, quen 1579 Jacqueite dOstun partage Beauvoir avec Marie de Beauvoir, fille de Jean, sa cousine germaine; niais toutefois les sires dAucerre reprennent dans la suite le titre tic eigneurs de Beauvoir. @) Outre la liste généalogique des sires dAncerre, seigneurs de Beauvoir, voici les faits qui se rattachent à ces personnages 1502. - Pierre dOstun, bailli dAuxois. 1554. - Jacquette dOstun, darne de Beauvoir, tant en son nom quen celui de Guyot, son fils, rend foi et hommage pour la terre de Brèves, indivise avec Guillaume de Prie, chevalier. 1569 - Guyot dÀucerre, écuyer, rend hommage pour moitié tic cette même terre. 1415. - Pierre tie Itagny déclare que Beauvoir lui a été donné par Geoffroy de Beauvoir. - Pierre de Ragnv avait épousé ÀIix de Beau- voii.chastellux. 1423. - Geoffroy I dAuccrre, seigneur dé Beauvoir et dAreoncey, vend ù Claude de Beauvoir, maréchal de France, son cousin issu de germain, Je droit de minage et quelques maisons quil avait à Avallon (Arch. tic Cliastellux, Reg. noir, f. 45). 9441. - Geoffroy I dAueerre donne dénombrement de fleauvoir et SEIGNEURIE DE MONTRAL. Oi

V. BIACY.

Ce village a eu des seigneurs qui en ont porté le nom. Pierre de Blacy est qualifié de vicomte en 1181. Cest la seule fois que ce titre est appliqué à un vassal des ires (le Montréal. Il est vrai quà cette époque Ànsérie V sest inti- tulé: Montréal; Pierre (le Flaey était sans doute chargé de le remplacer en son absence et lorsquil partait pour la croisade. 1283. Eudes ou Odot de Blacy, damoiseau, beau-frère dAndré de Iflarmeaux, vendit au duc Robert des biens pro- venant de la succession de Jean de Tard, issu dede la maison de Moniréal (I). - dArconcey en partie; il et dit fils de Guyot (Peincédé, n° 24, r° i, r). Il fut inhumé en 440 dons léglise de Sasigny.en4erre- Plaine. Voici son épitaphe Gy gist noble Geo/floy de Beauvoir, « dit dAucelre, seigneur du dit lieu, de Mussy-la Fosse et dAr- a concey, de Presle et ddrcy . sur. Cliore et noble demoiselle Gui 11e- « mette Digoin, su femme, dame des dits lieux, qui trépassèrent, • savoir le dit Geo/Trov, tan mil quatre cent cinquante, et la dite dame le onzième jour dejanvier mil quatre cent cinquante-neuf. (Mém. l,ist. de labbé Brouillard.) 1450. - Geoffroy If de Beauvoir, seigneur du dit Beauvoir et dAr- eoucey, transige le 2janvier avec les habitants de Chevannes, au sujet

(tu droit de guet CL garde au château dudit Beauvoir (Reg. noir, f0598 et 90). Il avait épousé Pliilippe Pot, qui lui survécut, et épousa en secondes noces Claude de Roquires, qualifié, dans un titre de 1480, de Seigneur de Sauvignyle-Beuréal et de Beauvoir, par sa femme Philippe Pot (terrier de Beauvoir, au château de Bagny;. 4460, 2 janvier. - Les habitants de Chevannes ayant refusé de faire le guet et garde au ehâleau de Beauvoir, Geoffroy de Beauvoir obtint dit un mandement pour les y contraindre. Un arrange- ment sen suivit entre les parties (Areh. de Ilagny). (t) Archives de bijou, Recueil Peincédé, t. XVII p 495. 62 SEIGNEURIE DE MONTIIÉAL. 4380. Simon de Blacy, époux de Arembaut (Comptes de Montréal). Vers le commencement de ce même siècle la famille de Blacy sunit à celle dEtaules et séteignit bientôt en perdant son nom. :&iennet te de Latrecey, femme de Perrenot de Bierry, était dame de Blacy en 4355 (I).

S VI. BRÉCY. Le hameau de l3récy, situé à un kilomètre de Saint-André- en-Terre-Pleine, est appelé Bruciaco en 4323. Il ny eut jamais de maison seigneuriale et Guillaume de CMleau est le premier seigneur dont il soit fait mention (1323) (). Erécy fut affranche en 4379 par Marguerite de Saligny.

S vu. BUSSIèRES. Ce village est mentionné, 4174, dans une donation faite par un sire de Chastellux, donation ratifiée par Anséric de Montréal, attendu que Bussières ainsi que Maneiiioiset dau- tres domaines, situés « près du torrent qui passe près-de Quarré, » relèvent de sa seigneurie (3).

S Viii. CAPPES. Dans le testament de Waré, 724, il est question de Cappas (Cappis). Ce fief était important au xnu siècle; les seigneurs parais- sent dans un grand nombe dactes.

(4) Peincédé, t. XVII, P. 14. (2) Archives de Dijon, Peincédé, t. IX, p. 25. (5) Cartulaire de l yonne, t. I; Fonds Reigny. SEIGNEURIE DE MONTRAt.. 203 1434. Miles de Cappes. 1437. Robert de Cappes, témoin-dun accord entre lab- baye de Vézelay et les religieux du même lieu. Clérembaud de Cappes était lun des plus fidèles compa- gnons dAnsérie VI. Il fit partie de la croisade de 1194 ainsi que Guy, son oncle. Cest de Cappes dont une charte de 4323 fait mention sous le nom de Campis. Guillaume de Château en était alors seigneur. Ce hameau est depuis longtemps détruit, mais il existe entre Cisery, Trévilly et Maison-Dieu deux climats connus sous le nom de grand champ et champ carré, où lon trouve des vestiges dhabitations. Cest sans doute lancien emplacé- met du fief de Champ, Campis ou Cappis. -

S ix. CERCE. Cerce était autrefois une léproserie fondée, selon toute apparence, par les seigneurs de Montréal : une petite église dédiée à sainte Marie était annexée à cet établissement. Le 10 mars 1 23 ., Anséric de Montréal approuva une dona- tion faite par messire de Quincy et Mathilde, sa femtie, en faveur des religieux de lordre de Citeaux (lui desservaient cette léproserie. La donation consistait en terres et en bois situés entre le ruisseau de Sarce et le torrent du Croissant: ces propriétés dépendaient du domaine de Montréal. Nous publions ce document aux pièces justificatives. Labbé de Marcilly levait un péage sur ceux qui traversaient le pont de Cerce, les gens déglise et les religieux de la prévôté dAvallon en étaient exempts; ce droit leur avait été donné par Béatrix, duchesse de Bourgogne (1219). - En 4276, les religieuses de Marcilly ayant fait une récla- mation à lévêque dAutun et lui ayant exposé que leur 204 SEIGNEURIE DE MONTRAL,

nionasière était situé dans un endroit sec et stérile, quelles navaient pas même assez deau pour lusage ordinaire de la cuisine, on leur accorda la permission de se retirer dans la léproserie de Sarces quon leur donna avec tous les revenus qui en dépendaient; à deux conditions, cependant: la pre- mière, quelles feront toutes le charges de la léproserie, cest-à-dire quelles recevront, logeront, dans létendue de la paroisse, tous les lépreux qui demanderont lhospitalité et quelles leur fourniront tout ce qui leur sera nécessaire; la seconde condition est quelles seront soumises et rendront obéissance à lévêque dÂntun, quelles reconnailront sa suprématie ci son droit de visite. Les teligieuses sengagent de plus à perdre tous les priviléges qui leur sont accordés si elles venaient à rompre leur serment et si elles refusaient de recevoir les lépreux. Cet acte fut fait au mois de mai 1256, et il ne parait pas avoir eu dexécution, car le monas- tère de Marcilly ne fut point transporté à Sarces ainsi que cela avait été stipulé, et la communauté ne quitta point labbaye qui avait servi de berceau aux premières religieuses de cet établissement.

S X. CHAUMOT.

Ancien fief situé à un kilomètre de Gisery, dont il ne reste plus maintenant aucun vestige. [bigues des Granges, chevalier, en était seigneur en 1280. Henri et Jean des Granges, ses fils, furent enterrés dans la collégiale de Moniréal, à laquelle ils avaient laissé une renie de quatre sols (I). On na aucun document sur la métairie de La Rue, jadis

- (1) Archives de l yonne; Fonds du chapitre de Monlrâal. SEIGNEURIE 0E MONT8IÀI.. 205 voisine de Chaumot. Peut-étre nexistait-elle pas encore ad %11e siècle. S M. CHARBONNIÈRES. En 4447, le pape confirma à labbaye de llcigny les droits quAnséric de Montréal leur avait accordés dans sa forét de Charbonnières. Un prieuré aviit été fondé dans ce hameau par les sires de Montréal Il la fin du xii siècle ou au commencement du xiti. 1236. Anséric donne la terre, hameau et seigneurie de Charbonnières aux moines de labbaye de Iteigny, conjoin- tement avec Marie de Garlande, son épouse (4).

S XII. CI1ASSIGNY. Cest le Cassaniola du testament de Ward (722). 4323. Marguerite de Saint-FlorenLirt ayant épousé Jean dc Saihlenay, chevalier, seigneur dAnnay, eut le domaine de Chassigny cl la justice dEtaules (2). 4393. La moitié de la terre de Chassigny fut donnée au chapitre de Montréal par Guillaume des Granges (3).

fi XIII. CI1ATELGÉRA8D. Nous avons donné sur ce village une notice spéciale.

s Xiv: CHERISY. A un kilomètre de Montréal, sur la rive droite du ,

(1) Abbé Baudinu, Fii1oire du Morvon. () Archives da Bourgogne, Peincédé. (5) Archives de l y onne- - Couriépéc dit que ce don rut fait par Philippe de Jaucourt en 4390. 206 SEIGNEURIE DE MONTRÉAL. on voit une belle propriété agricole dans laquelle on distingue encore des tourelles rondes, danciens porches, des portes, des fenêtres du ivle siècle, des constructions dun aspect seigneurial. Cest la ferme de Chérisy dont le nom rappelle un ancien village maintenant détruit et une église dédiée à saint Pierre-aux-Liens dont il ne reste également aucun vestige. Cette église était autrefois qualifiée de paroissiale parles habitants de Montréal et cest là quils allaient enten- dre la messe, la collégiale étant spécialèment réservée au Chapitre. 4096. Gérard de Chérisy est cité par Guillaume de Tyr parmi les chevaliers qui prirent la croix avec Godefroy de Bouillon. Il raconte que ce seigneur se distingua dune ma- nière particulière au siége dAntioche et fut envoyé avec plusieurs guerriers connus par leur valeur pour- reconnaître lapproche du prince de Mossoul. Son écusson, sil est bien authentique, est représenté dans la salle des Croisades de la galerie de Versailles il porte: dor à la fasce dazur. Vers 1230, Renaud de Chérisy anna aux religieux de Vausse, ainsi que ses fils, Hugues et Jean, trois voitures de pré situées sur le finage de Monthelon à titre daumôneper- pétuelle, moyennant dix-huit deniers de rente (I). Ces seigneurs furent enterrés dans léglise de Trévilly. Miles de Chérisy, qui vivait en 4339 (2), et Guéot de Chérisy, qui mourut en 1 369- (3), sont les derniers person- nages de ce nom. S XV CUEVAPWES. - Une partie du domaine de Clievannes fui donnée, eu 4147,

(1) Archives de Bourgogne, Leincédé. () Courtépée, (3) Archives de Dijon, Peincédé. SEIGNEURIE DE MONTRÉAL. 207 par Erard de Monjalin et ses fils, à labbaye de Reigny. Toute la terre fut cédée aux mêmes religieux par dame Thiberge de Magny en 4454, cession qui fut ratifiée par le pape (1164).

S XVI. CISER?. En 4225, Guillaume de Cisery donna aux religieux de Vausse quatre setiers de blé et « autant de foin que huit « boeufs en pourraient traîner sur leurs charriots. En 4240, Agnès de Cisery construisit léglise de Varennes, maintenant détruite.

5 XVII. CORMARIN. Bien que ce hameau existàt au xiii c siècle, il na jamais eu de seigneurs du nom et on na rien de particulier à signaler.

5 XVIII. COUTÀRNOUX. Vers 1480, le prieur de Saint-Germain fit rendre un juge- ment contre le sire de Montréal pbur lobliger à restituer aux habitants de Coutarnoux lusage dans la forêt dHervaux. En 4488, le pape confirme aux moines de Saint-Germain dAuxerre la possession du hameau et des dépendances de Coutarnoux (Curte-Arnulfi). Les hommes que labbé y avait envoyésayant été fort maltraités par Anséric X en 4255, ceux-ci sen plaignirent vivement et réclamèrent justice contre le sire de Montréal (1).

S XIX. COURTEROLLES. 4228. Guy de Courterolles, cité dans la charte daffran-

(1) Archives de l yonne, Fonds dé labbaye de Saint-Germain. 208 SEIGNEURIE fit MONTlIIAI.. chissement de Montréal, est le seul seigneur de • e nom que nous ayons trouvé.

S xx. CUSSY-LE-OHÂTF.L.

On na auun document sur ce château détruit, ni sur les seigneurs qui lont habité. On sait seulement quil était, situé sur la commune de Blacy, et Von croit que cest de cette terre de Cussy dont il est fait mention dans les deux testaments de Waré (12e) sous le nom de Gassiaco et Gasseaco. Ce qui le ferait présumer, cest que les domaines dAngely, Vaudrau, Blacy, Marmeaux, Cappes, Chassigny, Perrigny qui en sont voisins sont également mentionnés dans ces chartes.

S XXI. CUSEYLES-rORGES,

_Ancien fief dont le premier seigneur du nom, Radttfus de Gussi, parait, en 114.1 , comme témoin dune charte de donation à Pontigny. ii U. Garnier de Cussy assiste à la charte faite par dame Thiherge de Magny en faveur de labbaye de Reigny. 1246. Guy de Cussy était veuf dAlix de la Rivière, qui fut enterrée à Marcilly (I) 1304. Robert de Cussy est témoin de lacte dhommage rendu à lévêque de Langres pour le comté de Tonnerre, par Eléonore, veuve de Guillaume, comte dÀu%ere et de Ton- nerre (2).

5 XXII. DISSANOY.

Cest le Degantiaco du testament de Waré. Le pape Anastase approuva, le 2G février 11 53, la donation

• . (1) Courtépée. () Dom Plancher, t. II; Preuves, CXXI. SEIGNEURIE DE NONTRÉAL. 209 deléglïsde Dissangy & Saint-Germain dAuxerre. En 4488, la possession des domaines que labba ye avait dans ce der- nier village fut de nouveau ratifiée par le pape. Guillaume de Dissangy est le seul seigneur du nom qui flous soit connu. En 4291, cc Guillaume de Dissangy, clin- lier, Fatice ou Fauca, son épouse, et Guillerniain, leur fils, lèguent à Pontigny 80 livres (le petits tournois. Elienne, prieur de Joux, fut témoin de cet acte qui fut enregistré par Guillaume de Flavigny, clerc-notaire de la cour de Bour- gogne.

S XXIII. FROIDEVILLg. Ce village, complétement détruit maintenant, était situé û un kilomètre de Mohtréal, dans la direction dAngely. Jl donnait son nom è un grand étang qui causa plusieurs fléaux et amena de si grandes épidémies quon fut obligé de le faire dessécher.

- - S xxiv. OENOUILLY. Trois seigneurs de ce nom paraissent au xit siècle comme témoins des Ânsérjc dont ils étaient vassaux: 1430. Rénaud de Genouilly. 444.9. Garnier de Genouilly. 1192. Gaufroy de Genouilly.

XXV. GUILLOrq,

Guillon, aujourdhui chef-lieu de canton, nétait au xii siècle quun modeste village. Le château, alors peu impor- tant, na jamais eu de seigneur du nom. Les sires de Beauvoir, issus de la maison de Montréal, en étaient propriétaires. En 1214, Guy de Montréal ayant donné aux religieux de Sc. hisi. 44 210 SEiGNEURIE DE MONTRÉAL Notre-Dame de Semur des maisons situées dans une île formée par le Serain, n Guillon il sy établit des moines dépendant de ceux db Seinur i) par des concessions suc- cessives le domaine du prieuré saccrut considérablement et finit par envahir une partie du finae. Le prieur exerçait à Guillon la justice tant en son nom quen clii du duc de Bourgogne,un et arrêt de :1397, rendu cire le chapitre de Langres, le maintint dans ce droit Il possédait de plus Ie dunes de plusieurs climats du finage Un traité passé en 4317, entre Mienne dArc, prieur de Semur, et Gaudefroy de Courteroll es, maire de Guillon, rappelle que le mair H6 iIloV&it tenu de se rendre homme-lige des religieux de- TotreDDede Sêmér;uU devait faire résidencéà Guillun sous peilié de perdre la rhai rie; quil était obligé, chaque année, de pàyer an prieur « un porc, quatre fouasses et titi setier de bon vin>S (2). Il est déclaré en outre que le maire de Guillon, quoFquèjustiL ciable du monastère de Sernur, peut être libre et francAu droit de main-morte, taille, corvée, moyennant une tente de q If dix sous dijonnais. La terre de Gtiillon fut vendue en mars 405 à Robert, duc - ,,-in,n.-.--- J---"- de Bourgogne, par Jean de Beauvoir, chantre et chanoine de lEglise de Langres, avec lautorisation de son frère Guy, sire de Beauvoir (3). Nous donnonsonnon la chate en entier aux pièces justificatives: elle est scétteduéeau de Guy de Beauvoir, tvec linscription, S. CUYZ DE BEAUVEOII%. -,

(4) Archives de ]Yonne, copie dun Inventaire des titres du prieuré desemur. - , (I (21 Archives de lYonne, Inv. des titres du prieuré de Sernur, cote 7. (3) Archives de Dijon. n.- SEIGNEUBIE DE MONTn.ÀL. 241 Li4glise de Cuillou était à la rois irieuriate et paroissiale, et les religieux devaient préler leurs prisens au duc de Bour- gogne au moins quarante jours par chaque annéè (J).

$ XXVI. LA BOUCIIERASSE.

Nous avons déj donné les iaisons qui nous autorisaient faire coïncider la Boucherasse avec lancien Brocarjca ou Brocariacurn, résidence de la reine Brunehaut au vi siècle, et qù saint Colomban, abbé de Luxeuil, irefusa de bénir les bâtards de Thierry, roi de Bourgogne. Ce fief était fort important sous les Ànsic. Guillaume de La Boucherasse, bienfaiteur de Vausse, était vicomte dÂvallon, en 1225 (2). Miles de La Boucherasse était seigneur de Trétilly, quel- ques années plus tard. 4323. Guillaume de La Boucherasse, dit Capens, fit savoir quil devait aux religieux de Vausse trois setiers de blé et avoine sur ses terres de Trévill.y (3). 1358. Alexandre de La Boucherasse, écuyer, était sergent darbalétriers au château de Montréal. Mais la famille de La Bbucherasse nétait pas seule Pro- priétaire du fief dont elle portait le nom, car, en 1310, Jean de Cesnin y possédait des biens quil vendit à Geoffroy et Poncet de Bar. Ces deux seigneurs prièrent le duc de recevoir eu foi et hommage pour cette terre leur neveu Jean de Bar (4320) (4).

(4) Bibliothèque dAvallon, Manuscrit Boileau. (2)Ârchives du prieuré de Vausse. () Archives du château de Jlagny, Méru. hist. de labbé Brouillard. (4) Actives de Bourgogne, Recueil Peincédé. ¶1! SEIGNItUUIE DE MOXTRAL. -

S XXVII. LA RUS. La Rue, anciinne métairie maintenant détruite, était située sur le limage de Lisery.

5 XXVIII. LES BORDES. Fief avec village cornplétement détruit. Jl était situé entre Montréal, Àtlue et Àngely. Au XII0 siècle, Hugues des Bordes fonde léglise dAngely, où il fut enterré (1).

5 XXIX. LISLESOUS MONTRÉAL.

Llsle, dont les titres du xii e siècle font mention sous le nom de Insula Mandltbioru?n, Insula in Mandubiis, peut prétendre à une origine romaine. Cest dans une petite lie en forme de berceau, dessinée par le Serain, que le bourg de lIsle a pris naissance; et cest sans doute là que ftit construit le premier château dont il est maintes fois question pendant loccupation des Anséric. Ce petit bourg est aujourdhui chef-lieu de canton, et na pas trop démérité de son importance dautrefois. Dès lorigine de la féodalité, lIsle était une seigneurie relevant de Montréal et appartenant aux sires de ce nom. Ladministration des domaines était confiée à des prévôts dont les pouvoirs étaient presque aussi étendus que ceux dun seigneur, sauf les devoirs de vassalité à légard du suze- rain ; ils prenaient même le titre de la terre quils étaient tenus de régir. Ainsi, de II Ç7 à 1490 environ, on trouve. un Bernard et un Guillaume de lIsle, qui servent de témoins dans

(t) Courtépée. SEIGNEURIE DE MONTRÉAL. 243 la plupart des donations des Anséric, et que lon serait tenté de prendre pour des seigneurs, si certains actes ne les dési- gnaient comme prévôts. Toutefois, dans un acte de labbaye de Saint-Germain, ce Bernard est cité comme bailli de lIsle avec le titre de Bernard de Montbéliard. Il fut forcé par le prieur de labbaye de Saint-Germain dAuxerre de rendre aux habitants de Coutar- noux les droits dusage quils avaient dans la forêt dHer- vaux. Dans lhistoire des sires de Montréal, on a déjà signalé plusieurs faits se rattachant au château de lIsle. Nous ne rappellerons que quelques faits, espérant donner plus tard une monographie de cette petite ville doat lhistoire offre quelque intérêt dans les siècles suivants. On attribue la fondation. du prieuré de Saint-Georges à Anséric Y, grand sénéchal de Bourgogne: Sybille de Bour- gogne, veuve de ce seigneur, donna à labbaye de Reigny, conjointement avec ses fils Anséric et Jean, un droit de pâturage dans sa terre de lIsle (I). Après la mort dAnséric VIII, Agnès de Thil, sa veuve, se relira, en 1235, dans ce château qui lui avait été assigné en douaire et dont elle se dit dame: elle choisit pour sépulture léglise de Pontigny et voulut être enterrée â côté de son mari (2). Lors de la confiscation de Montréal par Hugues IV, la seigneurie de lIsle était possédée en partie par Jean de Mon- tréal, frère dÂnséric X; lautre portion suivit le sort de Montréal et fut donnée en douaire à Béatrix de Champagne

(4) Archives de lYonne, Fonds Beigny. (2) Archives de lYonne, Fonds Pontigny. 214 SElGfÊURjt ér tÔWtkE: que le duc avait épotisée en secondes noces. Lis IÔIi{bi discùbsiobs qui eurent lieu entre Béatrix et lé diiéflbffdH son beau-fils, la forcèrent de sé retirer dans son aiâteàudd lIsle, non loin d& son fils Iluguenie, alors résidat à Mob- trèal. Cest aussi à dater de cette époque qïiè la digneurièrdi lIsle, primitivement du domaine de Bourgo gne, rdleva dé celui de: Champagne dont Thibaud, frère de Béatrix, était comfe - Pendant sa résidence à liste, la duchesse acheta des h6ri tieh de Jean de Montréal ce quils y pôssédaieiit dans lés dépendances du château (t). Mites de Noyers lui vèriditanssi, eu 1274; la terre dé Lucy-le-Bois, moyennant la somme de .200 livres tournois (2) : cest Béatrix qui fit construire là première halle de Montréal et dota plusieurs monastères dé environs; les habitants de lIsle lui dhrbnt une chaie daffranch issehient admirablement rédigée peur lépoque. Marguerite de Bourgogne, unie des filles de la duchesse Béatrix, lit passer la terie de lIsle-sous-Monfréàt dans: la maison de Chalon par son nnariagê avec Jean de Chaloi-: Le desceiïdarits dé c&seigneur ont possédé c4 dofralne peuidint plus de delà si&cle.

S XXX. MAr.Ny,

En 4460, Henri, évêque dAutun, atteste que Jocelin dAvd- loti a.faii don Reign5 de tout ce quil pêtedaiL avoir s&i les dîmes de iagny; témoins: Philippe de- Pi,Bernffrd de lIèle;nGaufroid dArcy etc. (3).

(4) Archives impériales, Trésor des Chartes, cart. 254, n" 49 et 20. (2) Bibliothèque dAvallon, Manusrit 136ileau: (5) CarLulaire de lYozine,.t.-lE; p 440. SEIGNEURIE DE MONTDAL, 215

1164. Le pape approuve la donation Faite, en 11 54, par daxiie Thiberge de Magriy de la terre de Chevaines. 1184. Le pape confirme les droits de la collégiale dAval- Ion surie domaine de Magny (I). 1188. Une charte nous apprend que les moines de Saint- Germain dAuxerre avaient aussi des possessions dans ce village. Par un usage immémorial, les habitants avaient drit de lever et Prendre, le jour de Pâques, le pain bénit offert à Magny et la miche de Noël, à la cliarge dhéberger les lépreux de la paroise en leifr léproserie de Sarce IJugue de May pari en croisade en 4005 avec Pierre lErmite (3). - Erard de Manv partit aussi en croisade en 1145. Hugues II de Magny voulut imiter ses ancêtres et se fendit aussi en Terre-Sainte où il succomba,victime de son eouragè au siége de Sain t,Jean-dAcre (1101) (4). Hugues 111 fut bienfaiteur de labbaye de Reigny (5).

S XXXI. MAïSONflIEU.

Ce nom de Maisôn-Dieu (Domus-Déi) vient sins doute dune petite chapelle pli avait été construite par les Anséric au xiie siècle. Ce nest quau siècle suivant que nous trouvons ce lieu indiqué comme désignant un endroit habité. 1323. Guillaume de Castro, damoiseau, déclare tenir en

(1) ArcAivês de l yonne, Fonds cliajiiirè dAvallon, I. I. (2) Courtépée. (3) Abbé l3audiau, Hist. du Morvan, t. J, p. 311. (4) Abbé l3audiau, t. E p. 119. (5) Abbé Baudiau, t. J, p. 17. 216 SEIGNEURIE DF MONTRÉAL. fief du duc Eudes IV, tout ce quil possède à Maison-Dieu, Brécy, Saint-André, Savigny, Villerot, Champs et Trésilly (in villis de Domo-Dei, de Bruciaco, de Santo-Andreo de Sauvigniaco, de Vellerito, de Campis CL de Trevilliaco) (4).

S xxxii. MÂRSIEAUX.

11 est fait mention de ce village 50115 le nom de ?iiarcoma- - gnia, en 722, dans le testament dewaré. André, frère dÀnséric -VII, prit la terre de Marmeaux vers le commencement du xlc te siècle, et en garda le nom pour se distinguer dun de ses oncles nommé comme lui André. André de Montréal épousa Giletie, fille de Pierre de Ravières et Nieolette de Maigney, qui lui apporta en dot une partie de la terre de Nuits: Robert de Tanlay avait épousé Marguerite de Maigney, soeur de Guette.

En 4232, Nicolette, dame de Maigney, donne au Val-des- Choux une • aumône approuvée par ses gendres, André de Montréal et Robert de Tanlay.

Couriépée dit quAndré de Montréal céda, en 4240, à Miles, de Noyers, toutes les terres quil possédait à Nuits: mais ce fait parait invraisemblable, puisquen 4245 le même André accorda aux frères de la commanderie de Saint-Mare tin droit de pâture dans le même domaine (2).

Deux fils dAndré de Marmeaux, André II et Jean le, , pa- raissent dans un grand nombre dactes. André II, époux deJeanne, vendit au duc Robert, en 1283, tout ce quil possédait provenant de la succession de Jean de

(I) Archives de Dijon, Peincédé, t. IX, p. 23. (2) Archives de Dijon. SEIGNEURIE DE MONTRÉAL. 247 Tard (4). En 4287 il vend au même duc le quart de la sei- gneurie de Tard moyennant 420 livres. En 1270, Jean de Marmeaux, seigneur de Ravières, et sa femme Alix vendirent, comme André II, au duc de Bour- gogne, tout ce quils avaient eu de lhéritage des biens de Huon de Tard, seigneur de Magny-la-Ville et de Milly (2). La même année, labbé de Molème fit une déclaration par laquelle André de la Brosse, seigneur de Villiers-le-Bon, et Marguerite, sa femme, veuve en premières noces de Huon de Tard, cèdent â Jean de Marmeaux, moyennant 400 livres, tout ce quils pouvaient avoir à prétendre de la succession de Huon de Tard (3). 292. Lettre de Jean de Marmeaux, scellée par André et Jeanne, sa femme, par laquelle ils vendent dun commun accord au duc Robert le bois appelé les de Jiar- ;neauz, mouvant du fief de Jean de Ravières, sans en rien retenir, excepté la vaine pâture pour les hommes de Monceau, de Châtel-Gérard et des Ranneaux. La vente eut lieu moyen nant cent livres (4). 1295. André 11 vend au duc Robert, du consentement de Jeanne, sa femme, le vingtième denier quelle percevait sur la vente de Châtillon ainsi que les biens qui lui appartenaient dans cette ville. La vente eut lieu moyennant cent livres viennoises. 4315. Une lettre insérée dans les preuves du deuxième volume de Dom Plancher annonce que Jean II de Marmeaux

(t) Archives de Dijon, Peincédé, t. XVII, p. 493. (2) Ibid. Id. C. 1, P. Di. (3) Ibid. Id. t. !. P. DI. (4) Ibid. Id. t.!. p. 170

"3I, •.-.,.,,-. if tflØfl1 21a. SEI13NEUIUZ DEMONTREÂL; fi "f°po 111V seigneùr de Rviè fut e6euieur •tcsiaSnlàire dè In du- chesse Béatrix. ,çI c;I • 4aI9 Une difficulté i étatit élevée entre Milon de Mar- •,, D.! Iii; il il; il u , meaux, damoiseau, et Guy de Salmaise, prieur de .Thisy, au I I ;i, I:, .1,, t. I t sujet de la justice de Marmeaux, un accord fut fait entre eux • P . bru • .j • .• en présence de Miles dAncSr, André ikémond, de Montréal, 1 Jean Picard, de (&). ç •-J•. .•- i •/ :..IIji. Milon de Marmeaux était sans doute fils dAndré de Mat- I I ,..V.., •,,i-. j ...... I. meaux, bienfaiteur du prieuré de Vausse, en,1301. Les reli- ki f, ...... - .. J.. I •IlP gieux possédaient de fôndation un droit dusage dans les It Jk forêts des Brosses et de Gharnberlry, appartcnantau sire de I. ils firent la remise de ces d!its à André II, qui, par reconnaissance et par compensation, leur céda une I,,iInuI) • • 110 ...... immense quantité de terres , so us la condiûon quils ne pour- -: .i ,11 ,,I,.-1. 4. li raient acquérir autre chose dans le finage de Marmeaux, sans avoir obtenu son consentement ou celui de ses héritiers; I. I tio l. l I,I..i ,..,-,!,.:.S ...... t.... Jeanne, femme dAndré, avait aussi dbnné aux religieux vingt -JI,,oi OuI. sots de revenu (e). Le sire de Marmeaux et le site de Ravtèis signèrent, en 131t, lassociation des Etats de Bourgogne ,(3). Lauteur du Rcomhiis, en parlant des relations qui avaient HI tL_JH, t ...... dû exister entre les maisons de Marmeaux, de Eeauvoir.et de. . ,jI Hl-, itj Il ...... Cltastellux dit que Jean et Milan de Marmeaux • étaient aseii ,ts au droit de vasselage envers Guy et Jean deIII Beau- vài (4. t t... 1329. Guillaume dc Marmeaux relevait de Robert de

(4) Reomais, !fst.monaiierii Reo,idSsis, p 512 cL SIS. (2) Archives du cliôlcau de"flag,y, Mén. hist. de Iab Breuillard. (3) Carreau, ELaL de la iaoMg6gWe,p. (4) Reomaûs, p. 667.

sïd4biili iI iTi2: il Tanlay pur ce quil tenait de lui en fief à Raarés, fit la niéme ftuiiée déctaration dé ses biiîi . e 1370. Marguerite de Marmeaux ap porte en dot.la terr dé MarrE{eàùx h Gùiliaime dû Bohct,dohi clic était déjà en 1379. . 4400. Jeanne de Mrmeaùx,dame de Niiitssdu-itvièrdkJ a Piei"rè dé Grahy, son m ri, itôbert db Clialu, èhbàliet mari de Jeanne de Taniay, et Ferry de Chardennes sotiéri nflt tut procès cùhfteiès hbitants de Rièresre1dtivedent au droit de servitude et d6màin-niorte et le perdent (I) Voici la liste chronologique des sires de Marmeaux et de Ravières, issus de la lignée des Montréal: ÀrDBÉ 1 deNo,t?éi, dit de Marm1^e:iux ép Guette de Maigiley

ANDItKH, . JEÂN 1; .. ,-lMarguérité...... ép Jeatute saigneur de Ravières ép P [[non sire de Tard,, (1283.131)4) -ép ,Alix., 2 Àndr de laBrosscy (1270.1295) sire de Viltier,4e- Boi (1270-1293,) Nilon I Odet Jean]! I Guillaume 413IQ) - I ,, (1309),.... Marguerite Jcaiinej,.jGuillude, r,. ép: Guillaume de Hochet ép Pierre de Graneey seigneur,de ilayjères (1370-1379) (édueren 1358) gti

En 1188 le pape confirma la donation de la grange de . o . in" .1/Â Marzy aux moines de Saint-Germain d Auxerre. zkiAt ,Ce fief était important à lépoque féodale.

(I) ArchivesdSDijôn, Pei ncédiS C l;tT 793.— Cdtt&métuitjàtiTie avait encore des droits sur ta t&r6-dÂFc7(A?ch4CDijbh p&iiécfé, t. li, p. 487. 220 - SEIGNEURIE DE MONrnfiL,,

Nous navons trouvé aucun seigneur qui en ait pris le nom, mais il y avait, comme à lIsle, des prévôts chargés de ladministration des domaines. 44 45. Anséric de Montréal donne aux religieux de Pon- tigny tout ce quil y possédait, depuis le chemin de Nitry à Tormancy jusquà celui de Massangis il donne également divers droits de pâturage dans ses prés situés vers le Se- rai (I). En 1488, le pape confirma tout ce que les moines de Saint-Germain avaient dans ce village (2).

S XXXV. MOtWEAU.

Ce fief, situé sur la commune de Talcy, fut construit près des ruines du château de Gannes, dont il sera question (article Talcy). Il est même à croire que cest avec les pierres provenant des démolitions de cette forteresse que furent construites les maisons de ce hameau. Le nom de Monceau lui vient sans doute du monceau de pierres formé par les ruines du château. 4284. Jean de Eeneuvre déclare que le chapitre de Mon- tréal a droit de main-morte dans ce village (3). 1320. Alix dAutricourt donne au duc Eudes tout ce quelle y possédait, moyennant lusufruit quelle garde sa vie du- rant (4].

S XXXVI. MONTIIELON.

Le 9 janvier 859, Monthelon (4îons-alo) fut donné par

(i) Archives de lYonne, Fonds Pontigny. (2) tartulaire de lYonne, t. Il. (3) Archives de l yonne, Fonds du chapitre de Montréal. 4) Archives de Dijon, Recueil Peincédé.

ot SEIGNEUnTIt DE MONTRhL. - 221 Charles le Chauve à labbaye de Saint-Germain dAuxerre, ainsi que les villages de Lucy, Molay, etc., lorsque que ce roi vint à Auxerre, lors de la -translation du corps de saint Germain (1). La confirmation de cette donâtion de la terre de Monsta- taunus hit faite en 864, par le concile des Pistes, en faveur de la même abbaye, puis par Charles le Chauve lui-même dans le courant de cette année. Sous les Ànséric, Monthelon nétait point un fief. Ce nest quen 1280 quon voit Henri Pailly indiqué comme sei- gneur (2) les ducs de Bourgogne lui avaient sans doute octroyé ce fief-lige.

S XXXVII. MONTJÀLIr. Lors de la croisade de 1147, Erard de Montjalin et ses fils donnèrent la terre de Chevalines à labbaye de Reigny. Ce sont les seuls seigneurs du nom de Montjalin qui nous appa- raissent. Le fief passa, par alliance sans doute, dans la maison de Savigny, car nous trouvons, en 4498, un Guy de Savigny qui laisse -aux religieux de Reigny « deux charretées de foin » sur sa terre de Montjalin (3). Ce domaine fut cédé, en 1261, à Hugues IV, duc de Bour- gogne, par Guillaume de Savigny, écuyer, sa soeur Nargué- rite et leur mère Aimée. Cette vente ou plutôt cette cession CUL lieu en échange de la terre de Pasilly, par lentremise de labbé de Saint-Pierre dAuxerre et du prieur de Précy-le- Sec (4). -

(t) Cartulaire de lYonne, t. t. (2) Archives de Dijon. (5) Archives de lyonne, Fonds Reign. (4) Archives de Dijon, Recueil Peincédé, t. I, p 470. - SJs.EtiE K Hîoflt.

-S xxxviii; PANCY. Nous ne trouvons aucun seigneur qui ait porté le nom de ce fi ref. Le chapitre de Montréal reçut un don Sur cette terre en i l -j €-J_ t.t r ni.. Ifl4.t

$ XXXIX. pEnRlay-LEs.MoNTngAL.

Ce hameau existait au xiiie siècle, mais il ne parait -pas avoir eu de seigneurs qui eh . aieihporté le nom. - -.

Ce nest guère quau xiie siècle que la .terre de Pisy fut inféodée par les Anséçic è, un signjur dArcy On ne peut assigner de date précise à cette prise de fief, lacte dinÇéo- r .- - . . - datiôn ne paraissantnt Le premier seigneur que nous trouvons praît en 4489. • Jean 1-r dArdg, àh jartaiit pour Jrulem, donne aux églises des Echarlis et de Fontaine-Jean son moulin du Fresne, en reservant toutefois son droit de souveraineté, il ajoute dix souâ de renie Pour ls religteux des Echariis Hélissanz, femme de Jean, et ses enfants approuvent cette donation, ainsi que le sire de Montréal t p(ùsieuis aûtre , r seigneurs appelés comme témoins (4). Guy dÂrty, seigneur dÂrcy et dè Pisy, obtint dÂnséric, en 1235, la permission de se construire un châtau et de jouir des droits dusage dans la forêt de Vausse, droiïssem- blâMes à ceux accords aux hommes de MontréaC Cest à ce seigneur quil faut aussi rapporter la première charté

(t) cartulaire de lYonne, t. Il, p. 599.

SEiGNEURIE DE MONTRkA. 223 J ,& Il lS(;U J III d"affrancliissement . des,, hahiantsJ...... de Pisy.. Goy fonda son anniversaire dans léglise du chapiire de Montréal. Jean 41 fonda également pp apiv&r 9, ç,ç.p$t .a la charte daffranciipsènt octroyée par ,son père. Jean Il1 partit flcçpjsaije ç 493.. Ç j4ij,i gun simple motif de curiosité pu 4e piété -qui pouyai y .çpp4uj ses as, le temps des croisades était passé. Milon dArcy, écyye;, et Guillaume, son frère, $ppux de Reine dAncy, lui succédèrent la irne année, En 1307, Guillaume dÂrcy, prde du bâilliagçde M4cpu pour le roi &e France, afflçrne que p evant 1ii Guillaume de il a déclaré sa fortresse de Tin! en Auxois jurable et rendable au duc (1) Cc seigneur ratifia encore la charte d4ranchissemept de Pisy et la fit approuver par le duc .Rohert. Jeanne dArcy, dame de Larrey et de Chacenay, apporta cette terre dans la maison de Grancey par son alliance avec Guy de Grancey (2). Nous ne nous étendrons pdavantage sur Pisy dont lhistoire a été publiée séparément; nous tenions seulement !,PJ9f quelques ?m9P!

S XLI. PRESLES. £

Presles (Pro teilurn, Pracria, P;ae lice, Prellnni), hameau

(t) Archives de Dijon, Recueil Peincédé, t. IX, p. t!. (2) Jeanne avait en sa possession un grand nombre de domaines; outre Larrey, Chddenoyet PiÇàiFd tenait encore des biens àPon, Sainte Colombe, Cdrcelles-les-Gtâvièrei, Baa, elc.Eudeoriîrèt tenait delle on (let Cuisy, Ancy-le-Franô, Cerilly, etc. (Areh, de Dijon, Recueil Peindédé, t. VIII. P. 43). 224 SEIGNEURIE bE NONTflÀL. situé non loin de Cussy-les-Forges, n été autrefois un fief important. A lépoque féodale, il n eu des seigneurs qui en ont pris le nom. Gauihierde Presles partit cri croisade en 1147. 1216. Gauthier de Presles, son fils, abandonne à Reigny tous ses droits sur la terre de Courtemel, en présence du duc Eudes. 1292. Hugues de Prestes fait cession û sa mère de fout ce quil avait ou pouvait avoir dans les sillages de Cussy el de Presles « en hommes, femmes, failles, corvées, terres, « prés, vignes, maisons, rèntes, justice haute, moyenne et « basse, etc. » 4348. Huguenin et Lucas de Presles partagent la terre de Sainte-Marie avec Béatrix, darne de La Marche, et Guy Bezors, de Viltarnoux. Perrin de Presles fut longtemps prévôt dAvallon.

S ILII. PROVENCY.

- Ce fief dépendait, selon toute apparence; de la seigneurie et de Montréal lui servait de limites; les domaines de Préy et de Marcilly, qui nen sont éloignés que dun kilomètre appartenaient aux Miles de Noyers. 4449. Pierre de Provency, témoin dune charte de Hugues de Montréal, dit le Blanc. 1180. .Jobert de Provency vend à Anséric V des bois situés près de ceux dePhilippe de Préy et voisins de la forêt dllervaux. 11 b3. Obert de Provency, témoin dune charte de.lévêque de Langres pour les Templiers Saint-Marc de la Vesvre. Le pape approuve, en 1184, les possessions que la collé- giale dAvallon avait dans ce village.

SEIGNEURIE DE MONTlIiAI,. 225

S XLII. BAGNY.

Ce Fief, qui devait jouer un si grand rôle à partir de la tin (III XVIC siècle, était dune importance secondaire à lévoque des seigneurs de Montréal. - Comme Ragny est devenu Je chef-lieu dun marquisat considérable avec François de La Magdeieine, nous croyons devoir donner la liste des seigneurs qui lont précédé pour navoir plus à y revenir. - 4239. Issaduc de Ragny prend part à ].a (le labbaye de Marcilly-]es-Aval Ion (I). i58. Robert de Ragny (2). 1278. Guillaume de Ragny délivre une charte aux moines (le Moustier-Saint-Jean, ilaiivement aux droits quil levait suries hommes que labbé avait à Ragny (3). 4291. Le même Guillaume ou son fils, car il nest encore qualifié quécuyer, déclare tenir en fief de Jeanne de Noyers la 3e partie des tierces du finage de Marcilly, qui apparte- naient à Robert de Bacelon, écuyer (4). Ce Guillaume de llagny vit sa terre confisquée par le cM- lelain de Montréal elle ne lin fut rendue quaprès nu traité passé avec ce dernier. On ignore la cause de cette confis- cation, on sait seulement quà la même époque le châle- Tain avaitencore mis la main sur les redevances que Philippe de Jaucourt payait au sire de Ragny sur j le domaine de Magny (ii).

(4) Autun chrétien. (2) Archives de Dijon, Peincédé, t. XVI!, p. 487. (5) Archives du château de Ragny et Mém. lnst. de labbé Brouillard. (4) Archives de Dijou, Peincédé, t. XVII, p. 487. (5) comptes de Montréal, Peincédé, t. XVII, p. 705. Sc. nia. 15 SEIGNEURIE DE MONTIIEAL. 4358. Jean et Girard de ikagny, Robert., frère de Jean, était sergent arbalétrier au château de Montréal, 4380. Jean (le Ragny, bâtard, demeurant à la Bouche- tasse. - 4383. Edmond deRagny. 4400. Elisabeth et Margueriie de Ragny, religieuses (le Marcilly. Ilugues de Ragny, dans une reprise de fief de 4370, est qualifié (le seigneur de Ragny et en partie le Pisy et Mar- menus. Il avait épousé Jeanne de Cossand, fille de .J•ean de Cossand et (le Mary de Bierry, qui lui apporta la terre de Bierry, dont il affranchit plusieurs habitants. Marguerite (le llagny, fille de Hugues, épousa Bernard de Ravières. o: Jeanne de Girolles, dame de Ragny (Archives dAvallon). 4445. Pierre de Ragny, a yant épousé A]ix ile Beanvoir- Chastellux, comparut devant le lieutenant de Guy de Bar; bailli dAuxois, pour rendre foi et hommage û loccasion (le cette maison (I). tes 9 et 40 décembre 44.16, une grande revue fut passée û Ragny par Claude de Beauvoir, sire de Chastellrix, beau- frère de Pierre (le Ragnv (2). Alix de Beauvoir-Chastellox, veuve de Pierre, épotisa en deuxième noces ilugites de Yaudrey. 4453. Oudot, seigneur (le Ragny, est nommé tuteur des

(I) Archives du château de Ra gay et Ném. hist. de abbé Brouillard. (2) Compte de Jean Fraignot, receveur général de Bourgogne (1416- 4417). SEIGNEURIE DE MON1ltkAL. enfants mineurs (le Claude de Beauvoir, sire de Chastellux et de Marie de Savoisy (I). Nous avons parlé ailleurs dEudes de Ilagny et de Claude, son fils, les seigneurs les plus importants de ce non). Eudes avait été fait prisonnier à la bataille de Guy près (le Château-Chinon et mourut vers 1480. Claude,qui testa en 1501, fut enterré en 1.505 dans léglise (le Savigny-en-Terre-Plaine, auprès des restes de son père. Huguette de Itagoy, nièce de Claude, lui succéda et épousa Jeannet de Damas, mort en 1527 (2). Elle fut la dernière héritière de ce nom; niais le dernier membre de cette Famille Edme de llagny était chanoine de Montréal vers 1520 (3).

S XLIII. GRANGE DES RANF4EAuX.

Celte grange fut donnée par Anséie lors de la fondation du prieuré de Vausse aux moines de ce monastère,ct la donation fut ratifiée par tous ses successeurs.

5 XLIV. SAINT -AN DRÉ-EN--Tr.BRE-FLAINE. Ce village ne parait pas avoir eu de seigneurs qui en aient porté le nom; au commencement du xiir siècle les dimes furent données par un Anséric à son physicien (médecin). 4323. Guillaume de Castres, sire (le Salignv, en était sei- gn eu r.

(t) courtépée, Descript. de Bourgogne. (2) Archives de Ragny, Méro hist. de labbé Brouillard. (3) Titres du chapitre de Montréal (cliûteau de Chastellux). Je- lianne de Ragny, épouse de N. . Josserand, fut la mère de Guillaume Josserand, prieur de Saint-Bernard, de Montréal. Elle fut enterrée dans la chapelle de cc prieuré, où 1on voit toujours sa tombe. M SEIGNEURIE DE MONTRIAI,,

S XLV. SAINTECOLO3IIIE.

En 1188, léglise de Sainte-Colombe fut donnée par lévê- que dAutun aux chanoines de Saint-Lazare dAvallon.

S XLVI. SAINT-JEAN -LES-BONSUOMMES

Prieuré de lordre de Grammont, fondé par Anséric de Montréal en 4240. Cétait une annexe du prieuré de Vieupou, au diocèse de Sens, qui ne renfermait plus que 13 moines en 1280.

5 XLVII. SÀNT.IONV.

En 1447, Thibaud de Santigny partit en croisade avec Anséric de Montréal, caria nième année il figure au nombre des cheva]iers qui laccompagnaient, et il fait avec lui plu- sieurs donations ,.) labbaye de Reigny. 4200. Laurent de. Santigny fut bienfaiteur du chapitre (le Montréal. 4286, Robert de Santigny, élu (lu diocèse de Langres, fils et héritier de Robert de San tigny et de Lorette,a reconnu que le mcix quil possédait à Santigny était mainmortable et justiciable des religieuses de Saint-Andoche (lAutun. - Jean de Taley se dit seigneur de Santigoy, en 4294, et vend au duc de Bourgogne un fief que Guillaume des Barres, sire dApremont, s tenait de lui (I). Cette famille des Barres posséda partie de la terre de Saniign y jusquau milieu du xve siècle.

5 XI.VIII. SAILlIT.

En 4296, Anseau de Trainel, chevalier, seigneur de Ville- 4 (1) Archives de Dijon. - sEiNEIJiliE Dit MONTRitÀL. 229 neuve, « pour son grand besoing et polir paiel , plusieurs « dûtes croissant par grant usure » vendit au duc Robert tout ce quil possédait « ès villes, finaiges, terraiges et Para- « chaiges et appendises de Sarri, Villiers-les-Hauts etMéreuil « et espéciallemcnt en la ville de Sarri le mex qui fut au « maire...... » La vente eut lieu moyennant quatre mille livres. La charte est dune longueur inusitée (I). Auseau de Trainel avait épousé Béatrix que je suppose fille de Miles de Frolois, car la terre de , primitivement à Miles de Frolois, passa par alliance à Anseau de T..raiel.

S XLIX. SV1GN\"ENTERRC-I1

Léglise de Savigny fut donnée, en 1148, par lévêque dAutun aux chanoines de Saint-Lazare dAvallon. Il est présumable (111e les sires de Beauvoir, fondateurs (le la chapelle de Sauvigny-le-Beuréal, fondèrent également celle de Savigny ilsavaient même assigné aux prêtres de lendroit la jouissance de sept journaux de terre, à charge par ces derniers de chanter à perpéiuité, Pour [e repos de leur âme, une messe chaque dimanche du carême. Ils y avaient droit de sépulture, et lon y voit encore les tombes de plu- sieurs dentre eux. Pendant loccupation de Montréal Parles Anséric, Savigny était un fief, important dont plusieurs soigneurs nous sont connus. En 1190, André de Savigny, Fun deux, partit en croisade avec Anséric V. .. - Gui de Savigny, son fils ou son petit;fils, fit don à labbaye

OR (1) Archives de Dijon, Peineédô, t. t, P. 470. 230 SNEÙRiÊ DÉ MÔNtJkAL.

de Reigny de deux setiers de froment et quatre davoine sur ses terres de Magny et Montjalin. Cette libéralité fut approu- vée en 4498 par Anséric VI, et scellée de son sceau. 1255. Jean de Savigny donne à Notre-Dame de Semur la vigne de Monfôte et tout ce qui lui appartient, depuis le chemin qui va de Guillôn à Moutôt, du côté des vignes (4). 1261. Guillaume de Savigny, Marguerite sa soeur etAimée leur mère, vendent au duc Hugues IVIa terre de Monijalin en écliàngè de Pasilly (2), En 4431, on trouve encore des membres de cette famille: Hue de Savigny, Gitiot de Savigny et ses enfants (3).

S L. SAtJVlGNY-1,E-DEUfl}AL.

Les sires de Beauvoir étaient seigneurs de ce village cri 4490. Dès 1260, lI y avait une maison forte, comme le prouve un litre dAnséric au due Eudes, titre par lequel il reconnait cc château jurable et rendable au duc: « Domino suo Odini, « duci Burgundhc, Ansericus Montis-Ilegalis dominus sain- « [cm. Sciatis quod ego dorninus de Salvineyo de vobis esse « recognosco et ego in die dominica instanti ubi mandaveritis « occurrans accepturus a vobis (4). » Marguerite de Saint-Florentin, fille de Gaucher de Saint- Florentin et petite nièce dAnséric X, apporta, en 1322, à Jean de , chevalier, seigneur dAnnay-]a-Côie,

(1) Archives de ]Yonne, Extrait dun inventaire des archives de Semur. - () Archives de ifijon, Peincédé, L I, p. 470. (3) . Ibid. Id. t. xvii, P. 544. (4) Ibid. Id, t. IX, p 7, SEIGNEURIE DIt MONTIIIÀL. 231 toutes les maisons, pouipIis, hommes et femmes de lit dc Sauvigny, le domaine de Chassigny, un bois situé entre Bierry et Montjalin, ainsi quune vigne à ri.lulcs provenant des héritiers de la famille de Blacy (I.). Sauvigny revint ensuite aux seigneurs de Beauvoirjtlsqllen 1480, oit Claude de ltoqtkibre, époux de Philippe Pot, veuve du dernier sire de Beauvoir de la maison dAucerre, en fut seigneur.

S LI, SÀUVIONYLEflOIS. Ce fief parait avoir été dépendant de la seignettrie de Mont- réai. Renaud de Sauvigny est signalé en 1928 comme vassal dun Anséric.

5 LII. SCEAUX.

On na pas de renseignements sur ce village, antérieure- mentau xnesiècle; on croit seulement quil existait eu 1228, puisque la charte daffranchissement de Montréal parle dit pont de Sceaux, I l est plusieursfois faitiientiOn de la léproserie de Sceaux, dont lorigine remonte aux croisades. 4937. Guy de Besors, seigneur de Villarneux, donne six setiers de froment sur la terre de Scattx, aux moines de lleigny, don que H u gues 1V, ducde Bourgogne, amortit quel-

(4) Archives de Dijon, Ucincédé, t. IX, P . 6. - Jean de Seignelay possédait Annayla-Côte depuis 4,519; le duc lui avait donné cette terre pour te payer dune somme quil lui devait, moyennant quoi ce seigneur devait rendre deux setiers davoine au chapitre dAvallon, deux à celui de Montréal et six au monastère de Vézelay(ArCh, de Bourgogne.),

- M -SEIGNEURIE DE MONTflÉAL.

que temps après pour lamour de Dieu. II eut deux fils, Guy et Gaucher, de sa femme Agnès.

S LIII. TALCY.

Le fief de Talcy est lun des plus anciens dont il soit fait mention dans les titres : dès pan 4042, il y avait un sire de Taley qui fit un don n prieuré de Saint-Bernard. On voit encore sur le [mage de Talcy les ruines anciennes, dun château-fort dont aucun document ne nous apprend limportance. Peut-être est-cc là que résidèrent les premiers sires de Talcy. Lemplacement de ces ruines mérite dêtre visité; il nous offre le plan par terre des premières construc- tions féodales: une forteresse située sur le sommet dun mamelon, abordable dun seul côté, une cour immense en- tourée de hautes murailles au milieu de laquelle sélevait une grosse tour ou donjon, des bâtiments défendus par un double fossé, voilà ce quon peut encore distinguer. La plupart des pierres de taille oui été enlevées pour servir à dautres constructions, et cela de temps immémorial; celles qui res- tent paraissent avoir été rongées par le feu. Il faut que lépoque des guerres qui ont causé la destruction de. cette forteresse soit bien reculée, puisque les habitants du pays nen nont point recueilli la tradition et ne connaissent que le nom du chdteau de Gatznes. • 4480. Barjod de Taley figure comme témoin dune charte dÂnsérie Y. 1240. Mathieu de Talcy était seigneur de la terre de Nuits-sous-Ravières, quil tenait en fief du comte Hervé de Nevers et que celui-ci donna la même année à Pierre,seigneur de Ravières (I). s

(I) Pérard, Recueil de pièces. SiCNEUfl1E DE MONTRIÀL. 233

4242. Agnès de Talcy, épouse dun sieur de S3hv6, étant morte sans enfants, son neveu et héritier, Guillaume de Salive approuva toutes les donations quelle avait, faites à labbaye de Reigny (4). 1214. Ogier de Talcy fait avec le prieur de Thisy échange dune vigne provenant de léchoue de Hugues, archidiacre de Tonnerre, échange qui fut approuvé parce dernier (2). 1268. Donation de Henry, seigneur de Talcy, de deux se- tiers par moitié froment et avoine, aux religieux de Moutier- Saint-Jean. 1278. Sybille, darne de Talcy, vend au duc de Bourgogne ce quelle possédait à Tard. 4294. Jean de Talcy, écuyer, vend au duc, pour soixante- douze livres, le fief que tient de lui Guillaume des Barres, sire dÂpremont ; ce fief était tenu en franc-alleu par le sire de Talcy (3). Cest le dernier seigneur du nom de Talcy qui nous apparaisse. -

liv. TilISY

Dès le xii siècle, ce village faisait partie des domaines de labbaye de Moutier-Saint-Jean, qui y avait fondé un prieuré. Léglise de Thisy fut donnée à Pierre, abbé de itéomé, en 1139; confirmation de cette cession fut faite en 1147, par le pape Eugène III, et en 1164 par le pape Alexandre III. On na point la date précise de la fondation du prieuré; on sait seulement quen 4494, Hugues, prieur d& Thisy, est

(I) Archives de lYonne, Fonds Reigny. (2) fleomais, 1/itt. mônasteri i sancti Johanuis, p. 249. (3) Archives de Dion, Recueil leincede, t. IX, p. 14. b e 234f SEICNEUR!E.OE MONTRÉAL.

témoindune donation faite par Endos 111, duc de Bourgogne à labbaye de Mou tier-Sain(4ean (4). Heduin en était prieur en 1 9.14, car il lit la môme année un échange, avec Ogier de Talcy, dune vigne située dans le élosdit. (Bis-Gremam) (2), clos quiépendait de son échoue. En 1298, labbé de Moutier-SaintJean, sur les prières (le lévêque dAutun et de Jean de Ijourbonne, archidicre dA- vallon, affranchissent deux habitants de Thisy, du conentc- ment de Hugues, prieur du lieu, savoir ilugues, de Fonte- nay etBienvcoue, de Thisy, son épouse, moyennant une rente de quatre livres de cire en faveur du prieuré. Cet affranchis- semeiitétait une récompense des nombreux services que les deux époux avaient, rendus au monastère. 131 6. Labbé de Moutier-Saint-Jean permit à Gui de Salmaise, prieur de Tlus y , délever des fourches patibulaires, mais une-contestation sél,èva à cet égard entre Gui de Salmaise et Milon de Marmeaux, difficulté qui fut appaisée en 4319 par lintervention de Miles, dAncy, dAndré Hémend, de Montréal et de Picard, de Sanugny. Pendant la guerre des - Bourguignons et des Armagnacs, les moines devinrent plus rares dans labbaye de Moutier- Saint-Jean et dans le prieuré de Thisy ;leurs domaines étaient souvent ravhgés, les habitants des villages éloignés ne sa- vaient où se réfugier en cas de surprise de lennemi. Ils étaient forcés de se retirer dans les châteaux-forts du due de Bour- gogne, à Montréal par exemple, et on ne leur donnait lhospi- talité quen leur imposant, de rudes charges et do lourds

(t) Beoinalis, P. 229. - (2) Cc nom indique évidemment Lin plan -do raisin te gros plan t bis-grernam par opposition-ou migraine. - SEIGNEURIE DE MONTRÊAL, 235 impôts, ce qui était un préjudice pour les religieux. Le prieur navait que trente livres tournois de revenu, tous frais payés, et il ne pouvait guère, malgré sa bonne volonté, construire de château-fort à ses frais; de sorte que labbaye de Moutier- Saint-Jean, à laquelle fut réuni le prieuré deThisy, fit élever dans ce village la forteresse que lon y voit encore aujour- dhui. Le sort des pauvres habitants ny gagna pas grande amé- lioration sans cesse assiégés, pillés, ravagés par les Arma- gnacs, les religieux ne pouvaient se suffire, le revenu total du prieuré nexcédant pas 50 ducats dor. Le cardinal Tlugonet, frère du fameux chancelier de ce nom, fit de nouveau annexer le monastère de Tliisy à labbaye de Moutier-Saint-Jean. Jean de Cussigny, moine de la Baume, qui en était prieur commendataire, se démit lui-mémo de ses pouvoirs et de son modeste bénéfice en I 4/76 (I). Le prieuré na jamais été rétabli depuis.

S LV. TORSIANCY. En 1141, le pape confirme à labbé de lteigny tous les biens que les sires de Noyers et de Montréal lui avaient donnés, savoir: la ville de Jormancy, les prés et la roche Ogier. - III. Renaud de Tormaney donne à labbaye (le Reigny un .pr6 situé à rrormanûy ,don qui fut approuvé par Joectin dAvallon, « attendu que le pré relève de soir (2). » 1346. Perrenot de Tormancy (3).

(I) Tous ces faits sont extraits des diverses chartes relatives à Tltisy, publiées dans le Eeomais. (2) Cartulaire de lyonne, t. Il, p. ?fl5. (3) Archives de Dijon, Recueil Peincédé, t. IX, P 15. 236 SEIGNEURIE DE MONTRÀL.

Le fief de ifucltièvre ou Larchièvre, occupé maintenant par le château de la famille Le Deux, était situé sur le finage de Tormancy. Létymologie du nom st facile à trou- ver; cest une abréviation de la rue de la Chèvre qui y abou- tissait. Regnand de Ruchièvre en était seigneur en 1346 (4).

S LVI. TREVILLY.

La famille de Trévilly est lune des plus anciennes du pays. Depuis le xrjusquau milieu du xv 0 siècle, on trouve des seigneurs de ce nom. 111 0. Simon de Trévilly, chevalier. 4164. Gihaud de Trévilly, chevalier, bienfaiteur, de Mont- réa I. 4190. Gui de Trévilly et Elisabeili, sa fille, bienfaitrice également du chapitre de Montréal. 425. Guillaume (le Trévilly donne au prieuré de Vausse deux setiers davoine sur le coutumes (le Trévilly. 1258. Mienne de Trévilly, aussi bienfaiteur de Vausse, comme latteste une charte de Hugues IV, trouvée aux archives de Ragny et rapportée par lahhé Breuiltard (). 4294. Jeannette de Trévilly, fille dEtienne et épouse dAn. seau de Montaigu, approuve cette concession et déclare que dans le cas ou cite négligerait de remplir les engagements de Son père, cIté donnerait une indemnité aux religieux et acquitterait intégralement sa dette envers eux, sans que ceux-ci fussent obligés de donner daune preuve que leur serment (3). -

(1.) Archives de Dijon, Recueil Peincédé, t. IX, p. IS. (2) Mémoires historiques, p. 509. (3) Archives du éhâtdau de RagEly, Méin, hisL do labbé Brouillard. SEIGNEURIE DE 1I0NTRAL. 237

Guiot de Trévitly et Simon di Trévill y , chevalier, sont les derniers de ce nom que nous trouvions en Toutefois, la famille de Trévilly nétait point seule pro- priétaire du fief dont elle portait le titre. Jean de Cesnin y possédait, en 1310, des biens quil vendit à Geoffroi et Poncet de Bar. En 4320, ceux-ci en firent don à Jean de Bar, leur neveu, et prièrent le duc de Bourgogne de recevoir ce dernier en foi et hommage (2).

S LVII. TREV ISELOT.

Guillaume de Castro était seigneur de ce fief en 4323.

S Lviii. TROIQÇÙIS.

Ce fief existait au xiii siècle, mais il ny a jamais eu (le château ni de seigneurs qui en aient pris le nom.

5 LIN. VARENNES.

Ce hameau, complétement détruit maintenant, na jamais été dune grande importance. Il était situé non loinde Ci- seiy. - On y voyait anciennement un prieuré, dont léglise, bâtie en 4fb par Agnès de Ciscry,na disparu que depuis environ cinquante ans. Varennes ne comptait déjà plus quun feu en 1555.

S I.X. VSS5VSO[j5-PI2y. Cétait h lépoque féodale un modeste hameau qui parais- sait avoir été concédé en fief par le duc de Bourgogne à Renaud Boiche, bourgeois. Cest du moins ce qui semble ressortir dun acte du xiii° siècle.

(1) Archives de Dijon, Recueil Peincédé, t. f, p. 166. () Archives de Dijon, Peiucédé. 38 SÀJNEUfUE. 0E • Ce Ilenand floiclie éthii sans dôute liareo de lingues Boiche (li tigonis, mil itis dicti Boicke), dont on parle dans la chaiie daffranbhissement de Pisy,en 1293. Renaud Boiche, époux dAgnès, eut cii 4240 une contesta- lionavec le prieuré de Noire-Dame de Semuv, au sujet des -terres quil possédait à Vassy. Un accord fut ménagé par labbé de Flavign3. p enaud- concède ans moines ce que ceux- ci prétendaient avoir acquis dans sou fief et garde deux do- maines cii litige, à condition . quen Las de mort, de lui ou de sa femme, la moitié des biens reviendront aux religieux, excepté le mobilier qui sera gardé par le survivant. Leshoejifs nécessaires pour le labourage -dune charrue devront rester au prieur de Seinur. Pour cette cession,. Renaud Boiche et sa femme sont tenus (le faire aux moines une rente de cent livres payables par le dernier survivant: les parties sengagent de plus à tenir fidè- lement leur parole, et déclarent quen cas dirifractioiïà sa promesse, le coupable sera passible dune sentence dexcom- munication (1). Lacte latin dont nous extrayons ces détails est curieux en ce quil atteste létonnant abus que les reli- gieux faisaient parfois de leur influence sur la piété des fidèles. En 1234, 11ugues Boiclie, dame Pétronille, son épouse, leurs fils Hugues et Guillaume, donnèrent à ]"abbaye (le Mou- tier-Saint-Jean ce quils avaient de droits SUE le four de Mar- meaux, sur le nouveau moulin qui est situé au-dessous des vignes, sur la moitié des dîmes de Vassy et de Olenon. Cette donation fut approuvée pal- Rbherl, évéquc de Langres (e).

(J) Pièce tirée dun inventaire des archives deSemur. (2) Inventaire des archives de Semur. SEIGNEURIE DE MONTRAL. 239

11 est à croire que le prieuré de Vassy doit son origine à cette famille de Boiche.

S M. VAUSSE.

Voir la monographie de ce prieuré. (Bulletin de la Société des sciences, t. un, p. 48).

5 LXII. VELLEROT.

En 1484, le pape confirma au chapitre dAvallon les pos- sessions quil avait à Vellerot. En 1 227, Gui ou Hugues Bezors, seigneur de Choiseuil, a une contestation avec les chanoines dAvallon parce que ceux-ci prétendaient que les habitants de Saulx avaient droit dusage dans la forêt, près de Vellerot. La contestation se ter- mina par une concession totale du seigneur au chapitre. Sa femme Agnès et ses deux fils Gui u Gaucher approuvèrent la donation. 4300. Christophe (le Vellerot, épouse Marguerite, veuve de Simon de Trévilly. 1323. Guillaume de Castres, seigneur de ce fief.

S LXIII. VILLÎEBS-TOURNOIS.

Cet ancien village, qui nest plus représenté aujourdhui que par un moulin, était important. Le finage était fort étendu, Pnuisquil absorbait celui de et une partie de celui rieur de Civry. Le ToÜrnois lui vient sans doute de ce que le Serain fait en cet endroit un coude trLà prononcé et parait tourner sur lui-même. H y avait dans ceviilage un four banal que le sire de Mont- réai donna, en 1110, au chapitre de cette ville. Dix ans plus Lard, les moines de Pontigny reçurent laumône dun arpent 20 SEIGNEURIE DE M0NTRIÀL. dans la perrière de Vil tiers-Tournois, alors en grande répu- talion. Cette carrière à ciel ouvert, dune grande étendue et dune facile exploitation, justifie la présence dun village en cet endroit; les habitations ont disparu après labandon de la carrière; elles étaient déjà détruites au ne siècle. PIÈCES JUSTIFICATIVES.

CHARTES.

(Août 4228)

À franchissement de Montréal par Àsss&io.

Ego Ansericus, dominos Mentis- Replis, notum faclo universis nrmsentes litteras inspecturis, me dedisse et in perpetunni conces- sisse omnibus botuinibus et mulieribus de Monte-Regali, et ennui- bus itiis qui morantur a porta Sancti-Bernardi asque ail poutein Leprosorum, et secunduin quod aqua determinat et dividit usque ad fluera insulte qum dicitur Joberti-Aalant, el a porta Prigid- villie usque ail poilera Calceatte, et a poile Calceatre sssque ail linem prati Sancti l3eruardi, secunduni quod rivais Frigidre-villre portaU cl dividit, et a Une prredicti prati risque ail poncellum de Saux, et a poncelto de Sans risque ail proedictum ponlem Lepro- sorum, eamdem libertatem et consuetudiucin stuam liabent lioinine Vezeliacenses in villa Vezeliaci hoc audilo, quoi] fulcam, vel raslellum, vel trossam, nec alias corveias possum ai) eis petere, prterquam a quolibet homme qui habeNt quadriganï potero babere corseiarn de quadriga sua per tres dies in anno, videlicet sana die in vinderniis, attera die pro fenis meis adducenclis, et altera die in alio terenino ail menant voluntalean. Concessi etiam eisdeui usuarium in aquis meis prieterquam in defensis, et usuarium simi- liter in nemore meo de Vaucia, videlicet boscum rnortnusn ail eaiefaciendum et vivuisi pro marreuiagio, in domibus, et in ahis infra metas proedictas, ita cuod a me vel a ineo prmposito virum requirent, et eis a inc nec n meo pneposito poterit denegari. Et concessi ois usuarium in Loto nemore meo in Cliarboneriis, prie- Sc. hist. 16 242 SE1GEI;1IIE 0E MQYTjtIÀr, terquarn defensis. Et sciendum ciuod ipsi non poterumt alios boniines meos, vel !louiines vassalos meos, de feodo mec, Infra eadein inclus recipere vol retinere, pnnterqIIanl Ilenatidum de Sauviguco, Obcrtuni de Monte-Ilegali, Giridonem [10 Courteroles et uxores eoruin quibus et heredibiis suis concessi euniileni Per onin ja lilierratem ; et htc oniia concessi omnibus illis qui infra sope diclas inetas niorahuntur, sains, bannis mois in marcio et iii Atiguslo, et salvis cousuetudinihus Oscitinrunl Furein veto vol ho niicidam 11011 fl5I osque ad jus pote ru n t retinere, et q u o Lies opus luerit ail custodiendum castrum meuin, seilicet Montent- Regalein, ineo pro posse son houa lide pi vare tunehuntur. lime totem omnia, jurainento interposito, tirniiter ohservauda houa (bIC promisi et îeei jurare I). Andream, avunciilurn inouni, et alios idoles Incas, quod ipsi jiiraliunt et inducciit rue haria fldead obser- vatibuem ejusdeui li lic-riatis. H qtiod cita sigilluni liaheho Loubar, jiiramento interposito, ipsis llrwsenIes Hueras sigillare. Iterum atterri Irsus sorti sigillci vcuerabilis patris ac doniini avuncu li moi Ilugouis, Liugonensis CSC0I et regavi cuir) qtiod uadis omnibus sine lier excommrinieatioais et inmerdicti senteutias, vol alias prouit uielius polerit, coinpellat ne ad olisenandum pmmdicta, si forte iii aliqno resiliremn. Et rogo siniiliter venerabiles pattes ac dominos arehiepiscopum LUgduIiCuSCnl Cl episcopiim Edueiisein quod flIOdis e omnibus sine per exconrmunicaUonis et interdieti sententias, ni terrain et in personam Ineanl, vel alias i et praut moEurs JJnle- outiL, cern pella ut me ad observan dom l rterl icta, si forte in ah quo resilirenu, et qriotl sigilla sua prasenLibns litrons apponant. Actuui est hoc Ruina iucaruati Verbi millesinuo ducenlesirno vicesiinij octavo, mense Auguste. EIl;N::I!lIl .: DF.MONrltl.Âl..

t"

- 1234. - 40 mars.

Aost,ri( de Montréal 211051e une dooslion faite à la léproserie le Cérte, - par le sire do Quiitey cl son épouse.

Ego, Auserinus, dorninus Noutis . 11ûgalis, noturn facHnIis quorl ilominus de Quincyaeo et blathi?dis, user ejus, dcdcrnllt ecete- sim heafte Maria3 ac fratrib us donius de Sarre, 1ko serv icutibl I s. ordirus Cisierciencis, qua seqil untur inter rivtim tic Sarces attile torreitium de Croissant, vidclicct neriltis et naines terras at;tliiies, allias, pasturas, prata et n erUani justiciatil.

Ego veto, Miserion s , de cujus Curule res prredictai nioveul, iioitationelli iaudavi et colisensum hcncvolti iii COIlCOSSi, ial ([110(1 -

cinlquc tiicU fratres Puss ent acquirere inter cicIos torrentes svc rives, sitiiililer laudavi . Dicli vero fratres tenentur miiti reddcre

ail notalim, preter ai lam j usticiam et gi ardiam q uinq UC lita ras Cerm, o reste be1i Rernigli usqiic ail festum Omnium Sancloruni. in ciijus rei testimoninin prmscritcs I ilteras sigiUi mci muniusioc roboravi l)atiim 1231 10 niattii. (Daprès un manuscrit relié en 9vol. in-18, appartenant û M. Finot, dAvallon. - Ména. loist. de labbé [lreuil- lard).

è Ili.

(moi, 12595.

A nréric, seigneur le Montréal, se constitue .1leige pour [[tares de Bourgogne, haquet cause t109 eliteIIenie5 de Charnu . ia et sIa sait laie (iii et lo,nnaagc lige au Roi, à cii 1239, cii do j ean, comte de CbSIOn, Isi eut saini-Vinceit, quil avoit eues saliange may. - Titre scellé, Ego Ansericus, dominas ,Motttisrcgahis, notum tarin omnibus prescrites litteras inspecturis, quod cura dominas meus Ilugo, diix 244 .SEIGNEIJIIIE fur. lC)Tl%l,U,.

Rurgundie, per excambium quod fecit coin nohili Johanne comito Cahilon. Domino regi Francie Cccii liornagiuni ligium contra omrlcs hommes et feminas gai possunt vivoue et, ...... de Charroi et de monte Sancti-Vincentis et castellanie, et pertiucncfls coruni- dciii per conventionc-s (tuas hahel er]m 00, Sicut in lutons ejusdeai ilucis coutinetur: Ego; ad peticionem et voluntatem dicli ducis, erga donuninu rogom constitui inc pleginin mb hCur, Cormà: qood si idem dominus meus Hugo, dus Burgundic, vel lieres, vol successor ipsiuus à conventionihus Hum obscrvan jjs defeccrint, ego, cuin omnibus fendis que de ipso tenco ad dominum regem vel ejum heredein venirem, et inc coin tenereni (lonec ad vol nntateni dohiini regis, vol ipsiii.s heredis, eniendatum fuisset. lias aiiteni conven- tiones predictas juravi me firmiter servatuntnn Actnm anno Domioi nu" ce. tnicesinuo nono, mense maie.

Au dos

Securitas Ansiti diii Mont Hegal - conventionihus qeius flux Bu rg indic lia 1)01 rani domino ]tege. N°. CC° Xxxix°. (Trésor des Chartes (Art. 21)4, n° 4.)

1V.

42, - (Dimanche après Noël).

Ordre de -saijul Louis au duc de Bourgogne, pour conlisquer les domaines . uIAnsric ire Montré,!.

Ludovicus, Dci gratia Francorum Box, clitecto et Mcli son Hu- goni, Duc! Burgundie salutem et (lilectionein. Cum .Dominos Montis- ilegalis Mura gravia et unormia flicta, et que uuullatenus inlpnnita reinanere dcberent, titnorc Dci postposiio, cominiserit plant nohis SEIGNEURIE DE MONTRIAL. 24.3

pluries extitit intimatum et nos inandaverimus vohis, uthec, prout deeet, emendari racornis ad plenum, nec vos adliuc super hiis corrigendis bonsiliuni apposueritis, prout dicitur; interiin vohis mandamus quatinus ad emendacionem predictorum, per captionqm hereditatis et terre sac, suit aiio modo,quantum effi- cacius poteritis, compeltatis eumdem, tantum iode facientes quod clebcfl)us liabere nos super hoc pro pagalis. Actum Pansus anno Domini M. CG. quinquagesimo quarlo, dominica post Natale Domini. (Arch. de la Chambre des Comptes de Dijon. - D. Plancher, t. il. Preuves). s-

V.

I55. - (5 murs).

Second ioandflaionl de saint Louis au duo du Jiocirgogne, pour taire garder à vue Ansérie dans son c],SLoau de Montréal.

Ludovicus,Dei gracia Francorurn Dcx, dilectoetfideli sue Hugoni, Duci Burgundic, salutem et dilec.tionem. Gnon (le multis enormihus et perversis actihus Domui MontisRegalis, qui contra Deum irre- verenter asseritur ceinrnisisse, in captione videlicet clenicorum et interrectione eliam sacerdotiim, ac moitis allis nequissimis et...... rinlorum injuriis ad nos rnequenter querimonie incite pervenerent, et clamores, et licol super hiis omnibus vos pluries requisierimus, nulta tanien judo sit emendacio subsecuta. cuon etiam ipso nuper ad nostram presentiam vouent, et de hits auditismultorum clamo- rihus et quereits in ejus presentia, saLifactiouem nullaon vel emen- dationem fecerit de quOE dehen]uS esse pacati; et bec omnia, occasione castri sui Nontis-Ilegalis commissa esse noscantur, ne si predicta mala tailler impunita transeant, allis preheatur auducia similia perpetrundi, niandavinous vobis et vos attente requirimus, quatinus in predicto castre tales permis sine dilatione custodes, ne tic ipso, vol occasione ipsius, mala ullerius evenire contingal et 246 SEIGNEURIE DE IONTRÉAL.

nicliilominus haheri valent competens ernenducio de COIflfl]ISSis. Quod Si ipse in predicio castro, quoi] tenet n vohis, ut dicitur, custodes pios 111cc nhiseritis recipere noluerit, labium faciatis quod castrum ipsum capiatis nohis quid indu feceritis vel facere, volueritis, per Drocoïlein de Montigniaco et per Johanneru de Carneriaco, servientein nostrum, latores presentiium, au per vestras litteras rescrihentes. Actum Sylvanecti. anno Domîni M. CC. quin- quagesimo quinto, die Martis auto Âscensionem Domini. (Arcli. crû Bourgogne. - Pérarci. recueil de pièces. - D. Plancher, t. n, preuves).

VI

(I2Uti).

AuLre man,IemenI du roi saint Louis 1 légard dÀnsério. Cum stepe ne swpius de domino Montis-Hegalis rumores pessmnhî ad (lonnu LIII) Regem venissen t, vide] icet q uod i pse qiiam p! urim os

preshiteros, cicricos et alias personas ecc](siastieas 411 seculares suis carcerihus mancipaverat, et eciam q uemdam preshiterum niuscis coniedi fecerat, et plurima houa ai) ecciesiasticis persouis et. secularihus ahstuerat, et ejus n]ahria de die in diem crescehat et sua opera de ma]o in tielerjus corruebant, talia et pejora alieti- dendo, dominos Rex, post mulla precepla fada duel Burgundie et Super h iij usmodi consilium appoueret. qui u u II um apposuit, do lui- n us Itex hahuit in consilium quod mandaret duci Bu rgnndie quoi] (ales custodes poneret in castra Montis-ilegatis quod erat de suo feodo, ut dicebatur, ne talia de celero in eodcrn committerentiir; custodes vero soi sumptus Sijos accipereht, si ve]let flux, de pro- ventihus ipsius castri et caste]Ianie, et maxime cum dominos jampridem preeeissct dcci Rurgundie et dictuin dominum Montis- Regalis ad jus coram se haheret, quem (mn hahoit, eum de tain pessimis criminihus que a cliclo domino Mohtis-llegaiis perpe- SEIGNEURIE 0E lU ONTiliAL. trantur, ut dicitur cohue, non sil, litigandum, sel potins ohser- vandnm - Veruin quia rogaverun t dom initia RCgC111 episcop us Ait hissiodorensis et castellanus Noviomensis, quorum ne.ptein ipso doniinus NonIis-Bcgal.is htabet, ut dicitur, in uxorem quod sujer- sederet ejusmodi mandalo, et ipsi Ioquerentur ciim dicte domino Montis-Regahis, et consiliuin super linjus mcdi facereni apponi, minoram precibus acquievit dominas Box. Ti mebant Criai nul tu m predicti episcopus et castellanus ne, per factum doinini Montis- Regalis, nepotes Md exheredarentur. Extrait rIes Ohm. (Arrêts rendus par la cour de saint Louis. - Pièce publiée dans le recueil des historiens de Fronce).

il.

4255. - Septembre.

e 0 Clii leI-OéfarIl :\nsérie ildlcme piil se retire avec mm hiens lans le eliilmal

(1110 le duc (le Bouigogue consent n lui laisser.

Je Anseris, sires tic Montreatil fais savoir à tous ces pli ces lettres verrunt que ilugues Dux de Borgoinne ma presté Chastel- gimart que il teno [t, tant cnn lui plant par moi et mes choses mettre leans. Et se il avenoit que sa volante flist (Ille il le vosist ravoir, il nie sulTreroit getier moi et les moies choses de celui I Chastelgirart, et conduiroit sauvemdnt moi et les noies choses dues jornées ou trois. Et je suis lenm de yssir et de dehivrer celui - Chastelgirart dedeus le mois que il mauroit Fait savoir. En tes- moingnage de ces choses, je en n données nies lettres scelées (le niun scel. Ce fa fait en lan de grace mil cc. cinquante et cinc, OIT mois de setenibre. (Arc[). de Dijon, charte originale. - Peincéd6, L. i, p. 472. hI. 985). 248 SEIGNEUffiE- DE MoNTnÀL;

42i6.

Le duc Hugues Iv sengage à réparer - les maux fa ils aux églises par Annérie de Montréal.

Nos Hugo, Dux Bnrgundie, universis presentes litteras inspecte- - ris, notum facimus quod nos injurias Jactas Ecclesie Beate-Marie de Monte-Regali et omnibus alus Ecclesiis Eduensis Diecesis, per liominnin Ansericum quondam Dominum Monlis-Begalis, tene.niur bona lide, in omnibus et per omnia ad respectum venerabilis Pains ac Dornini G.À)ei gratia Edueilsis Episcopi, emendari. In cujus roi etc.... Actum anno Domini M. CC. quinquagesimo sexto. (Arcli. de Dijon.)

X.

4276.

Consentement de Hugues-te-Brun et de Béatrix, sa femme, au testament de lingues IV, en faveur de Robert de Bourgogne en de Regarnir, sire de Montré,!.

Nos Hugues le Brun, conte de la Marche et dÀngoulesme, soigner de Fonges, et Beatrix, fille deu noble prince lingues ca en ariers Duc de Borgogne, foule deudit conte de la Marche, facons à savoir à tous cens qui cestes prescrites lettres verront, que lidit lingues duc de Borgogne ordena en sa derreine volonté, que, si Hugues, freres de nos ladite Beatrix enoroit sans hoirs descendant de son et cors, que tous Ji heritagos que hUit Hugues a auroit a la (les - cendue et de la succession o deu don de nostre chier porc Hugues duc de l3orgogne, retorneroitsans contredit lot anteremont a nostre chier frere Robert, flue de llorgogne, et ans hoirs de son cors. Et si le (lit Robert, duc de Borgogne moroit sans hoirs de son cors, tous fi heritages, ainsi que lia, o auroit de la descendue et de la succession o deu don de nostre chier pore Hugues, flue de Bor- goigne, retorneroit sans contredit lot anterement audit Hugues SEIGNEURIE DE MOTflEAL. 949 nostre frere. Et en tete menere secont ladite ordenance de nostre pure, lesehete de mu de nos frères, qui nourrit sans hoirs de son cors, escherroit à lautre frere ardemment en tels que li autre enfant don devant dit Hugues noslre père, ni ses nieces ni prendroient poinct de partage; si donc ne avenoit que les devant dis Robert duc et lingues morissent sans hoirs de lor cors, et coin nos devant dit lingues le Brun conte do la Marche, et nos ladite Béatrix, feme deudit conte, veuillons garder et tenir les devant dites choses et le devant dit ordenament deu devant dit nostre père Hugues ca en ariers Duc de l3orgogne, quant à la dite substitution, nos promettons, por nos et par nos hoirs, ans devant dis nobles Barons Robert Duc de Borgogne et lingues frères, et jurons aux sainets Evangiles rostre seignor corporaument, que nos ledit orde- nanient, quanta la chose dessus dite, tendrons et garderons et encontre ne vendrons pornos ni por antre. Et volons que si li uns de nos freres moroit sans hoirs de son cors, que lesehette veigne a ]autre et a ses hoirs, sans contredit anteremant, sauve a nos et a nos voirs loki eschoite, sil avenod, dont Deu les gart, que notre- dit fere devant dit morussient sans hoirs de tor cors, et coin il soit contenu en testament audit Bagnes de Borgogue nostre père de nos Beatrixdevant dicte, que ledit Robert duc de Borgogne, notre frère, (louaIt n nos ladite Beatrix vint mile livres de brunis en mariage, nos, le devant dit Hugues conte de la Marche, et nos Beatrix fera(-, çleudit conte, prornetons au devant dit deu Robert que nos ne Ii demanderons rien desdites vint mile livres , fors que les six mile livres de tornois esqueles il nos est tenus seront ce pie il estran- tenu en la letere. Et dont remanent des vint mite livres nos tenons n rostre cliere mere Beatrix, Duchesse de Ilorgogne, et n nostre frère Hugues de Borgôgne, qui nos devent palier noef mile livres de tornois. Et le dit Hugues de Borgogne nos doit asseoir cinc cens livres (le rente à tornois par le remanant des dites vint mille livres de tornois; laquelle assise des dites cire cens livres (le tornois de rente a nos et a nos hoirs durablement, li dit lingues, noslrc frère, 2.O SEIGNEUnIE DEMONT;IÂr, nos est tenus fere en la terre quil tient de la descendue et dcii don (leu dit Il tiques Duc de IJorgoigne, pere dcii dit Hugues et (le nos Beatrix, e laquelle assise ledit Robert sest consenti et la lient pop ferme et pot estahie. Et en garahitage dc verit5 nos, le devant dit Hugues conte ti c la Marche, et nos Beatrix, sa feme, avons mis rostre secis aces prescrites leteres.Ce fast feU le metcredy enprôs les octaves (les Apostres select Pere et seinet Polo en lai] 4e grace mit et .doz cens et septante et sis.

(Arcli. de Dijon. -D. Plancher, t. n. Preuves.)

X.

4276. - Septembre. À ccord (Dire nol,eii, du, d Eo,rgoge, Béa tri s • y cuve lu clac lingues Iv, et II aglien in u, Baiigogre. uire du hfouiré,I,

NOS floherl, duc de Ilergoigne et nos fumellealrix, cay en arriers (le noble Baron, Hu gon Duc tic Bergoingne, et je Huguenius 1hz .cay en arriers doudit Iltigon et de la dite Jléa(rix,façons savoir û tons ceiz qui verront et orron t cest osent present, (lue (le tous les descors et les (luereles que nos avons: cest a savoir nos lidit llobers contre ladite Beatrix et Huguenins contre nostre devant dit dne seingnor Robert Duc de lieigoingne, sois liez et sois gardes queix ci cii quelque leu que il soient et en quelque leu que nos les ponts avoir oti devoirs, par raison doit partaige qui est faix entre nos des biens et de leritage (loti devant (lit Ilugon, cay en aMers Duc dc Bcrgoijne, nos coniprometons tic nostre commun assenteineul, cest e savoir nos li devant dit Robert, por nos et por hoirs, et nos la devant Ileatrix et Riiguenin, par nos et per nos [Dits, Cu saiges homes et discrets, eest a savoir Jacques de ta Iloiche, chanoine dOstun, et Proost de Pusse en cote morne Yglise Ut en ulaistre Hugue dArec, cllanoinOEdAticeurre clercs, en Lote ubaniere que li devant dit arbitre doivent cognoistre des devant sEI(;\EUII1E DEM0NJII;Ai,, dis descoN et quereles de plein, au pLus briement quil porroul, et après ce que il liauront coignellu des descors et exauminec la hesoingne diligemment, et il sera conclus en la dite hesoigne, il prononceront torsentence sus les dis descors se ils puent acorder; et se enfinc esteit que il ne poliussient acorder, il doivent reporter tout le procez de ladite liesoigne instruit a nostre amé et chier Seingnnr Philippe par la grace de lieu Roy de France, por ce que lidit Philippe en face droit. Et est lidit compromis sens terme. Et est acorde entre nos que se il havenoit, qui ji ne soit, que fi de- vant dit Jaques ou fi devant dit ilugues fussient empeschie pou mort ou pot maladie, ou pot autre empeoscliemant, ambedu 011 Ii uns doux nos fi devant dit Rohers sotties tenus de mettre un autre proidome ou leu doudit Jaques. Et nos la devant dite Beatrix et Huguenin, devons mettre un autre protidome oit [cil devant dit lingue dArec, et enfine de persone en personne tant que à ce que la besoigne soit menée à lin; et cil qui seront mis ou leu des autres recevront la hesolugne ou point et en lestait ou fi devancier la laisseront. Eucor est il accorde entre nos que fi fie et tes gardes (lesquels est fi devant dix descors seront en la main des devant dix arbitres, et nen seront saisiz TIC fi uns ne fi autre de nos, tant que à ce que fi devants dits arbitres, ou fi (lit Rois (le France, liaient prononeie or sentence cii la dite hesoingue. Et ont surie fi devant dit Jaques et Hugue dÀice, suis seS Evangites, corporel- maii t (file il bien et beau! n ent entendront cil ladite lesoingne pou lune partie et pot lautre et ceist truisme sairinent seront cil qui seront mis ou leu dans , et enfine de persone cil tant que il a ce (luela hesoidgne soit menée ; et de cest compromis est exceptez fi fiez de Poys; ne don dit fie doit nentendons pas nos fi devant dit Ilohert, Beatrix et Huguenin faire compromis, ne en ce nont point de pooir Ji devant dit arbitre. Et havons promis nos fi devant dix Rollins, l3eatrix ut iTiiguenins, a tenir et a garder les choses dessus dites saus ater encontre en tout ne en parUe; et especialeruent a tenir et à garder la sentence des devant dit Roy 25 SEJGDŒUJIIE DE MOflfflÊAL

rie Franco, por nos sairemens donez corpoi-eiement sus seins Evangiles, sus peine de mil mars «argent promises de lune partie à ]autre por stipulation solempnel. Et volons et outroions que nostre devant dit sires Philippe, par la grace de Peu Roy de Franco controigne celuy ou cele de nos qui vendroit encontre cels choses devant dites, ou aucunes (le des, a iceles garder et tenir sens cor- rompre. Et est entre nos que cil qui vendra encontre les devant dites choses ou aucune de les rande, peioit a lavtre partie les de- vant dits mit mars dargent, ledit compromis durant et rernanant en sa force. Et volons encore, nos ladiete Beatrix et Huguenin, que les gardes, desquels est fi discors desus nommez, soient en la main de nostre devant dit seingnor Robert Duc de Bergoigne, auxi coin cumen main de Souverain, non mie en main de partie tant que ou rapeaul des devant diz arhites. Et nos lidi Robcrs cognois- sons que nos ne tenons mie lesdites gardes comme partie, ains comme souverains. Et est accorde que par ceste mise ensi lacent, nos ladite Beatrix et Huguenin prometons a paier et a delivrer et autres persones qui sont à paier, esquex lori doit (erres et héritages ou a vie, ou deniers segun la volonté de nostre chier seingnor liugon Duc de Rergoiugne cay en arriers, ce que Ion leur en de- vra. En lesmoignage desqueles choses nos fi devant dit Robert, Beatrix et Itraguenins, havons nos seaulx en cestes presentes lettres. Ce Iust fait à Beaune le rnercredy devant la Nativité de Nostre-flame. de septembre, en lait de lincarnation nostre Seingnour mil cc. et sexante et sera. (Archives de Dijon. - D. Plancher, t. Ill preuves.)

xi.

4285.

Obli, lion passé@ par liugnes, seigneur de Montréal, en faveur de sa ,œr isa bel il reine uns Romains. Gie Bogues de Bourgoigne, sires de Moiitreaiil, [ais n savoir à SEIC\EUI1[E DEûT RÉAI. 53.. tous ceaus (lui ces présentes lettres verront et ourront, que gin dol à noble darne ma tres chier suer Vsaheaul, par la grace de Pieu, reine des Ronicins, quatre mile livres de tornois, de cause (le prest, et lesquelles gie ha hues et receues de ma dite suer en pectine baulinent nombrée, per la mein de ma Ires chieie darne et mere Bietriz, jadis foute de nobles baron lingues duc de Bout- goigne, mon tres chier pore, des deniers que Ii cuens de Nevers ilevoit a rnadite suer: lesquex quatre mile livres gie promet et suis tenuz pot mon serinent doué orporelment sur seins Evangiles, et sentis lobligation de tes mes biens meubles et non meubles, rendre et paier a madite suer, ou a son certein comendernent, por- tant ces lettres, ou es hoirs de madite suer, oz termes ci dessoubs nommez: cest a savoir, cinc-cens livres de tornois dedans bu mois de la liesurreclion de Nostre Seignor, qui sera en lait grace mil duex cens quatre vins et six, et chic cens livres de ter- unis a lansigant Feste de tous Seins, et ainsit cinc cens livres (le tornois a ces nioismes termes, chascun an continuellement ansigant, tant que la forme demis ditte soit paye antierement a madite suer ou à ses hoirs. Et se ruadite suer y liavoit domaige ne cesteine pot deffaut dus payement desdsdit esdis termes, ou a aucuns desdis termes, gie promet et suis tenuz pot mon dit sairrnent rendre et paiera inadite suer tons coults, tous doinaiges que elle y hauroit et sostiendroit por defaut des paiernens ou don paiement, et au pro- met a croire niadite suer por sa simple parolle, sans autre preuve faire, et soin procurent, por soin Ou tesmoingnaige de .laquel cliouse gie lia mis mon seaul en ces presentes lettres, feites et scelées bu diemoinge aptes Pasques comenians, aitlait grace mil duez cens quatre vins et cinc, (Arch. de Dijon.)

I Si•:CRNELitiK i)a 5i(iÇrI(I.kI,.

XII.

Ohiigaton fle Hugues do Bourgogne, sire de Mouiréal, faite à sa fière RiaIrix, veuve du duc Hugues IV. Cie lingues de Bourgoigue, sires de Montreaul, rais n savoir à Ions ceaux qui ces presentes lettres verront, que gie dois a ma Ires ebiere Darne et more liiesirix, jadis feule de nOi)lCS Baron lingues Duc de l3ourgoiune, mou Ires chier pore, quatre mile ivres tic iornois, de cause de bon prest, lesqiiex gie lia lieues et receues dcli cm pecnne nômbree. el ]esquex gie ha mises ciii mon profil laqnàle sonie de pecune gie promet et sui tenez, por mon serinent donc sur seins Evangiles, et souhs lobligation de (OS mes biens meubles et non meubles, rendre et paier n nia di te Dame et more, es termes ci dessoubs nommez cest à savoir cinc cens livres (le !ornais n moys de la ilesurrection de iiostre Seigrior, qui sera cil I an (le grace rrÇil (lites cens quatre vingt et six, cine cens livres de lornois n lait sigant feste de [os Seins, condnuelnient ansi- gnt, et enlint cliascun au, cine cens livres n ces nioismes ternies, continuelmeat ansiganz, tant que n cvii que ladite sonne nie pectine soit anlereiment paye n madite Dame et more, ou cetd iii on n eaus n cul ou esquex oie donroit pouoir doit lier ses lettres pendens et promet par mordit scrutent rendre et paier n inadite Dameet mère toits domaiges, (lestions, nhissionset costemens et despens, lesquex dc sostiendrnit et poroit bavoir, se gie dess:il - I nie n paier n MaLlile Da me et lucre n chacun des ternies desnsdi (s, eine cens livres en tout ou partie cest n dire se gie ne paioie lait por les dues ternies mil livres, desquex doniaiges gie promet et sut tenus croire n madito Dame et mcm por sa simple paroule, sans autre preuve feire. lor tonIcs ces cliouses tenir, garder et accrut - pur fermement, gie obli ge n niadile Dame et encre moi et Los nies biens, meubles et itou meubles presens et avenir, et veuil et otroi quo nu [loir soient aussi bien obligée (toit comme sil lavieut SElti.\hUiiti, liE M0N-rnr::A L. 25;3 Promis cxpressement por lor serment. Ou tesmoiegnaigede laquele Clio ose gie lia mis-inon seaul mi ces presentes lettes feites et scelees Ion diemoinge apres Pasques Comenians, an lait de grâce mil ditez cens quatre vinz et ci ne. (Archives de Dijon.

XIII.

12S. relire de Hugues, seigueuriir Montréal, par laquelle ii sengage s paver Ragues-le-Brun vomie de la Marche, son beau-frèrc, 9,000 livres tournois. -

Oie lingues deflourgoigne, sires de Montreaul, fais savoir a loris ceaux ([(ii Ces presenlcs lettres verront et ourront, que com ma ires chiere Dante et ancre Beatriz jadis te me de noble baron ilugues duc de Borgoigue, ipon chier pore, se soit obIi.gé avec moi envers Bu Rites Ion Brun, comte tIc la Marche et dAngolesme et soignor de Fon- geres, de nuef mile livres de tornois pour ou tnariaige tic ma Ires chiere suer ilcatriz, comtesse (le la Marche, renie douclit comte, oit temps que mariaiges fut traittiez et feez antre tondit comte et ladite comtesse, ma suer, lesquelx ruer mile livres furent promises a haler audit comte, a certains termes, ainsicentt cent il est contenu plenicre- nient en unes letres scelles (loti seaud don niadite Dntne et Caere, don mien scanl que gie liavoic, quant je estoie escuiers, et doit sceaul doudit comte. Oie reconois publiquement que ma tres chiere Dante et Encre des usdite, lit par moi et a ma req neste ladite obli- gacion, et les covenances, an la forme et en la nianiere que ilest contenu esdites lettres, et que gie seuls estais tenus a fera a acUni- plir lesdites covenances et ladite obligacion, lesquelles matlite Dame et mccc et gie feintes ansamble. Porquoi gie promet et soi tenuz par mon sereinent donc sur -seins Evungiles pou sollempne stipulation, rendre, paier et ressartir a - madite madame ma iaete tous les domaiges, iousles despens, les missions lesqueix etc ha benz et sotenuz, ou haura et sostiendra, et pot-ra bavoir et soteniv 2.5(1 SEIGNEURIE DE MOTIt:A i. an quelque maniere que ccii soit, pot raison et por ac]Ioison de ladite obligacion et desdites covenances, desquex dornaiges, des- pense missions et despens trie promet pur mondit somment croire inadite Dame et inere, por sa simple paroule, sans autre preuve telle. Per toutes ces chouses tenir et garder fermement gie oblige et lia obtigie a madile Dame et mere, moi les mes biens meubles et non meubles, prescris et avenir, et voit et que mil hoir et li possessor de mes biens cri soient aussi bien tenta et ohuigie, comme si lavoient promis por lot serernents. En tesrnnirt- gnaige de laquelle chouse gic ha mis mon seaul en ces présentes lettres, feites et scelees Ion lundy apres Iiuteve de Pasques corne- nians, an lan de grâce mil dIiez cens quatre vinz et chic. - (Archives de Di ion.)

xlv.

j juin 4295. linguette de MonIrtal, femme de Gaucher le Saint-Florentin e Silo à Béalrir, veuve de Bogues, due de Bourgogne, le droit quil préIendit lui apparie air cil la ehastellenie de Lisle-sous-Montréal, par le décès de Jean de Montréal, son père, pi de Mastic, seigneur de Montréal, son oncle.

A tous ceaus qui ces présentes lettres verront et errent, l{iigue (le Mont-Reaul salut. Saiehent tut que eumrne je, de la volante mon seigneur Gaucluer de Saint Florantin, chevalier, mun mari, qui ma doné auctorite et commandement es choses qui senseugnent; glisse fait aioruer a Troies noble dame madame Beatrix, jadis femme le noble buron ileugue, duc de Bourgoigne, et li eusse fait demande don chatel de Lille soz Mont ban!, de la chatellerie et des appartenences, en tant came je disole que à moi aparlenoit n compe derifanz, selonc la costume don pais, tant par raison (le la descendue qui mestoit venue de munseigneur Jetait de Mont-lleaul, mitil chier tierce quant par lesclieoite qui estoit venue de mon seigneur Anseric, SEIGNEURIE DE MONTRÉAL. 257 seigneur de Mont-PÔaul, frère mun pure, aud mua seigneur Jehan mun père; corne a droit hériter de ladicte Duchesse, qui sur ce haiioit chu jour de conseil et jour de veliue, dernenda jour dauoir sum garant, cest assauoir excellent prince et poissent Philippe, par la gràce de heu roy de France, et haute daine et poissent ma- dame Jehanne, par celle meisme pace, reyne de France et de Navarre; li quel roys et royne remirent et piirent la garantie sur eus, et rut jours asséu& au pallemeut à Paris ensuant, pour aler avent selouc tes arrerueuz entre les parties, auquel jour asséné li plaiz fut entamez, et soit proposé dune partie et dautre, et arti- cle [ait et auditour doué; Et je sur les faix propostz de par le Roy et le par la revue, à la défense (le ladicte Duchesse, baie chu consil à mes amis et a plainte de houes genz. et haie voir cogneu le droit que li roys et la revue haveietiL en ans et en ladite Du- chesse défendre; vint li dix Gaincluers. mes mariz air palleinent à Paris qui commença es [rois sepmaitnes de la [este de Toussaint, qui [ut lan de grâce mil deux cens qualre vins et doze ; et illetie de ma volanté et (le mun asscnteinent, il renunca en nom de moi CL pour moi, à la demenile (lue je havais faite sur Leschosesdessas dictes, air et ù tous les arrernans que je mainLenoic contre lestliz roy et reyue, pour raison de cest plail. Et je encore renonce à la deniende, au plait et à tous les arrcrnenz davent dix. Et si je havoie aucun droit, en quelque inenere que ce fust ou chatel de Lille-soz-Mont ileaul, en la chatellerie et es appartenances, si le quitte-je et bai quitté esdiz roy et reyne et à ]a Duchesse, et à leur heirs à touiours. Et.je, Gauchiers davent dix ) mariz de la dicte Hugne, qui doue et bai doué auctorité et commandementà la dicte Huque, ma femme, quant es choses dessus dictes et quant es choses ensevanz, reeoignoi que je bai renuncié en nom de la dicte Nuque, et de sa volanté, ou dit pallement à Paris, et sa demande; au plaiz et k tous les arreniens davent dix; et se je havaie aucun droict eti quelque menere que ce fast, ou dit chatel de Lille, en la chatel- lerie et es appartenences, si le quitte-je et bai quitte, es dix roy et Sc. hist. 17 58 SalaNEtiflie DE MONTRÛAL.

reyne et h la Duchesse et•à ]our Jeirs. à•toiiour.s. Pt.premelons no u s 9aueliiers etiluque-dauent flirt, bien etIealment, •que.•jemais contre ceste quittance, nous ne venrons-ne venir ne ferons, par nous ne par autre; et seli dit roys et teyne e.t Duchesse ou leur heir havejut cous ou dornaiges pour la défaute4enostre quittance, 011 par tesehoison des .convenences dessus dictes,; nous et nostre heir leur serciens tenu atendre ; desquelz couz et donnmaigcs, ils sereicnt LU u par leur plain dit .; et à ce tenir fermement hauous nous obligié et ohlijonspar :noz.foiz, 11nancées, nos et nos héirs et tous Dos biens meubles et non meubles, ou que lissoient, et espe- cialernent tout ecu que noirs tenons de noble, ,harou Robert, duc de Bourgoigne. .En,seur.té delaquelle chpse nous bavons prié et requis, reverent père en nostre Spignour, ileuguepar la grâce de lieu, Evesque dOstun, que il meist sum spel en ces présentes lettres; et nous, Dengues, Evesque .dOstun dauent diz .à la priere et à la requeste Eugucet Gauciner, lavons ces lettres scelées (le nostre scel, lan de grâce mit deux cens quatrp vins et onze, le premier jour dou mois de jun. Au dos:

tittera quictationis Mcte duci flurgundio de Castro deinsula per Liicam de Monteregali, et prestitit sibi dominas Gaucherius de Saffcto-Florentioo, ejus maritus, auctoritatem. mo ce- iiij viij (Areb. lrnp. Trésordes Chartes, car!. 24, n 19.)

xv.

-1304.

Guy de Moniréni chevalier, vend b Robert, duc (le ilonirgogine, sa (erre d AIhie-,oins-Mon(réi.

Nos Bartholomeus, permissions Divina EduensisEpiscopus.Notuni Caccimus universis proesenles litteras inspecturis, quod in prseôtia SEIGNEURIE DE: MONTRÉAL. :259 nostra, propter bec speciatiter constitutus, noLi]is vir Bornons Guido dc Monteregali, miles, Damions de Atheis versus Montem- Regaleru, pubifcc et in judicio confessas est corain nobis, se preha, hitata deliberatione diligenti, propriatn utililatem et coramodum in bac faciens, provide, rite, recte, legitime, perpetus et irrevocabi- liter vendidisse, tradidisse et deliheravisse illustri principi ne reve- rendo karissimo Domino sua Ito]ierto duel Burgundie, pro se et suis lierLdilLiws et successorihus et causain ab eis habitons, omnes possessiones et hereditagia quas et que tenet, habet et possidet, vel quasi possidet in dicta villa de Atheis, finagio, terrilorio et vertine$iis ejusdem, et extra linagiuin et territorium dicte ville, iii ioia castellaniaMontis-Regalis et de Insula, in quibuscumque reluis existant, sivo in domibus, tennis,pratis, vineis, nemorihus, Infus, corveis, costumis, tertlis, justicia magna et pana, mena impenlo, sive mixto juridictionea et cohertione q1iacumque,crnmo. ditadbus et explectarnentis unisersis, quam in rebus liis quibus- eumque et quocumque nomme ceuseantur, cnn usagio in nemore dOrviaul., pro hospieio de Atheis et habitaotibus dicte vine ,ex- replis tamen et penitus lefalcalis de d.ictis rehus vendilis iniginta libratis terre ad turonenses, quas Guida de ViiIa-Àrnulphi, demi, cellus dehetpercipere, levare et liabere annuatini et in perpetuom post decessum ipsius domni Guidonis, super dictam terrain de Atheis, et exceptis quadraginta soli&ttis terre quas Cupitulum Montis-Regalis, ex annuo et perpetuo debitu, habet super ipsam terrain et percipere consuevit; et exceptis .sex biclietis Marti, (ru- menti et avene per medium, ad mensuram Montis-ilegalis, debitis supenipsam:terram ex annuo et perpetuo redditn, religiosis monas- Lerii Verziliacensis; et salve dicte militi et retento usufructu in dictis reluis renduis, quandiu vitam duxuenit in humanis; quein usufructuin idem miles confessus est coram nobis se tenere in feodum n dicta Duce, et ratione ejusdem usufructus se.teneni et obligani adsustentandum et tencuduin in houa statu res predictas, venditas, sicut usufructuarius tenetur et debpt. Preterea ah homi- nibus dicte ville de ktheis dietus miles aunuatim, quandiu vixerit, -260 SEIGNEURIE DE MONTRAI.. ultra summam centum decem libraruin turonensium rations taille, nec aliquid aiiud nisi deliitas servitutes et redehencias Jevare lion polerit, vel deberit. Contitendo oninia predicta vendita esse et ab antiquo fuisse de legio fondu dicti Ducis, et salvo et retento super predictis relais venditis doIalicio nobilis mulieris donne Marie de Tauileyo huile uxoris ejiisdeiu Donini Guidoni, si ipsum coutiuigat dicta viro sua stupervivere, capi;ndo al ezideni, Lune temporis, se- ciunduiun colstl(tudihleln flurgundie in alihus observatan, super r(-bus veiultis siipric1ictis, pitre viktictt, mille et quater contInu lubrarun tlrnnei-iiutII .ileui Durnrio Guiluui u preflilo Once legi tjnicei iutgre sulIIruhlI l in iiLiIil;itiiïi ii3ilu iropriafli conversa- rani, prout idem mites confessùs est coran nobis, Post mortein alite dicti Damai Guidonis, usufruetus predictarum reniai vendita- ions soi morte sinitus et extinctus, proprietati consolidabitur, et ad dictum Dornnum Durera et sdos tauquam proprietarios, pieno jure, inlegre et lihere revertelur, seu cUam remanehit ita quod ex Lune prcdictus Dux et sui predicta vendita poterunt accipere et - ca pteuo jure et pacifice retiuere et tenere, nuila sibi exceptione super pessessione vel proprielate contra eiun vel sucs ah heredibus sen successoribus dicti venditoris proponenda: et si proponrrent volt dictus vendil.or, qnod ipsis OTnflis audiencia deuiegelur et heredes usufructiarii post morions ejusdem in rehus usulructtuariis nichil paris possessionis vel proprietatis valeant reclamare. De qui- bus rebus sic venditis, (lictus Domnus Guido se corarn nobis deves- tivit et prefatim Dommuun Ducem, pro se et suis heredibus, inves_ tivit per traditioneni prescntiuun litterarum, possessionem, pro prietatem eum iitili et directo dominia dictarum rerum venditarum in eosdern peuitus transferendo, promittentes per juramentum sauna super sancta Dei Evangelia corans nobis eorporaliter presti- tuai, et sW expressa ohligatioue omnium honorons et heredum seu successorum sacrum. venditionein predictam cuin tenore prusen- Liuin Leurre, coaiplere et tirailLer observare, garentire que prefato Domno Duci et suis predicta sibi vendita contra omnes in judicio et extra, facere, que et prestare quicquid in causa emptionis debet SEIGNEURIE DE MOr4TRÉAL. 264 fleri et prestari. Hune autein venditionem, nohis mulier liomna Maria, uxor predieti DamnE Guidonis, in prcsentia nostra propter isoc specialiter constituta, de consensu et auctoritate predicti manu sui, laudavit, approhaVit per juramentum sunm super sancta Dei evangelia coram nobis corporaliter prestituru, et penitus confirma- vit: renuocians omni juri et actioni quod et quam IiabelveI habere posset in futuruin in dictis rebus veuditis, quacuque causa, titulo vel actione, salve sihi et retento super ipsis rehus venditis dota- .ticio suo, modo superius decidrato. 11cc autein ornnia et siugula supradicta predicli conjuges confessi sont, presente Galicrino Mc - nachi, preposito Avalonis, procuratore dieU DamnE Ducis, coram nobis pro dicto Damne Duce existente, quem predicti conjuges tanquam procuratoreto dicti Domni flucis admisertint, lia quod confessiones et recogniliflfles preilicte valeant, ac si essent in pre- sentia dicli Dnmni Ducis confessate: volentes se compelli ad pre- missorum observantiam per nos et per succossores nostros per excoinmunieatiOflis sententiam, et per qtiamcumqilejustic[am dictos Damons Dus nialuerit quasi ex re adudicaLa, nbicutnque maneant vel existant. In quorum premissoru[fl testimonitim sigillum nos - triim •Iitteris presenlibus, ad reqiiisitionem dictoruili conjugum, duximus apporiendnin. Datura anno Dornini toillesimo treceutesimo quarto, mense junii. (Archives de Dijon. - Dom Plancher, t. ii preuves cnn.) QUELQUES MOTS

POUR SÉRVIR À LHISTOIRE

DÉS COMMUNES DE LEZINNES ET SAMBØURG.

Pr M. CAMILLE DORMOIS.

Le siècle dernier n vu disparaître un grand nombre d6r- mitages et de chapelles dont lhistoire nest pas sans intérêt à une époque où lon cherche à conserver la mémoire des faits qui se rattachent aux fondations religieuses. Au nombre de ces établissements on voyait autrefois des chapelles pla- cées sur des ponts voisins de certaines localités. Telle était la chapelle qui existait sur le pont dit « à la Maulne, » à lextrémité dun faubourg-de Tonnerre, chapelle érigée en lhonneur de la Vierge Marie, patronne de la ville et bAlle sur larche du milieu, ainsi que lindique la saillie de cette arche. Ces lieux ainsi sanctifiés nétaient-ils pas des oratoires accessibles aux voyageurs et aux pèlerins? Souvent, comme à Tonnerre, ils recevaient, le jour de la fête patronale, un nombreux concours de visiteurs. Ignorant lépoque de la fondation de la chapelle qui, en dernier lieu, a donné à sa base le nom de pont Notre-Dame,