SEIGNEURIE DE MONTflIÀl. 69 se repose sur un spectacle d autant plus surprenant qu il est plus inattendu et qu il contraste avec la monotonie des pays que l on, vient de parcourir. A des contrées montagneuses succède une immense plaine dont on ne peut distinguer les lirites c est la riche et fertile vallée d Epoisses ; le Serain y trace son sinueux parcours, -marque son passage par un vert ruban de peupliers et se glisse à droite derrière le côteau pour disparaître vers l Isle où il Uangc dc direction. Mille ruisseaux et ruisselets viennent se jeter dans la rivière et f6rti- lisent la prairie en l assainissant ce sont les ruisseaux de Corombles, Perrigny, Vignes, Feauvais, Ségrin, Maison-Dieu, Urée, Roseray, Tréviselot, Saint-Martin, et enfin celui de la Planchotte qui servait autrefois de limite entre !a Bourgogne et la Champagne. Pour avoir une idée de l ensemble du pays, le lecteur voudra bien se transporter avec nous sur l une des tours en ruines de Monthelon. De la hauteur sur laquelle nous sommes parvenus, nous sommes éblouis par le brillant et vaste tableau qui se déve- loppe à nos regards d ici, nous pouvôns compter plus de cinquante villages, témoins incontestables de la richesse proverbiale én territoire, et plusieurs châteaux auxquels les événements et les noms historiques ont laissé une couronne de souvenirs c est Epoisses, ancienne résidence royale sous les rois de la première race, Epoisses, qui depuis son origine a vu passer sous ses murs une suite non interrompue de grands hommes et de puissants seigneurs; c est là que résidait le chancelier Hugonet, ministre infortuné que sa fin tragique a rendu si intéressant dans l histoire; c est par les fenêtres de ce château que se sont envolées quelques lettres de cette immortelle marquise qui a nom Madame de Svigné. -
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O 11111111111 OhIID 11H 111111 0000005562619 70 SEIGNEURIE DE NUrTRA1. Les-ruines de Beauvoir vous rappellent le. nom illustre des Beaivoir-Chaste11ux, auxquels ce castel servit de berceau Voici Guillon, célèbre par son fameux- traité entre le duc de Bourgogne et le roi. d Angleterre Edouard 111 (1360). Au milieu d un parc immense, et de futaies séculaires-, voyèz- VOUS dominer les tours de Ragny, siége-autrefois d un puissant marquisat? Devant nous apparaît Mont-Réai, théâtralement placé sur le sommet d un mamelon dent les flancs, couverts de vignes, s inclinent en pente raide du côté de la rivière. Plus près, vous apercevez Saint-A-yeul , ancien ermitage pittoresquement situé sur le penchant d une colline; Thisy, vieux castel des abbés de Moâtier-Saint--Jean, Perrigny, Trévilly, Courterolles, Sceaux, Cisery, Saint-André, Tronçois; dans cette gorge étroite, vous distinguez Chérisy, Ângel.y, Pancy et là-bas L Isle disparaît noyé dans un massif de hautes futaies. Admirez à l ouest la gracieuse situation d Origny, Coutarnoux, Sainte-Colombe;, à l est, vous pouvez avec une longue-vue découvrir la: flèche des cichers. de Rouvray, de la Roche--en-Brenil, et à une dizaine de lieues de là les montagnes boisées du Morvand qui paraissent se confondre avec l azur de l horizon. Cependant Montréàl joue dans ce tableau le rôle. principal Montréal, avec sa belle église collégiale, avec les débris de ses fortifications tapissées de lierre, offre presque un coup- d oeil moyen-âge mais si nous jetons un regard en arrière de cent années seulement, les, hautes tours de son . vieux château-fort,, noirci pàr le temps, produiraient sur notre imagination un effet saisissant et magique. La vieille ville a bien dégénéré depuis les guerres désastreuses, qui ontaccétéré sa chute; le temps n est plus.où, fière-de sesfranchisesèt de Ses priviléges, elle pouvait lever des soldats, déféndre ses SEIG2EUIIE DE MONTII AL 71 mui ailks assiégées ét prêter dèà stibsiAs âux dtièt d Bourgogne: depuis longtemps, elle a laissé ternir son liladn; comme ni] vain hoclièt peu eH hatniohie avec sa paueté actuelle; les hàbiLais du modeste Mlage qui tepésente l ancienne ville n ont conservé qûè lé souvenir des malheurs de leurs ancêtres. C est que Mdtréal fut éprouvé par de fi4aibreuxsauts la situation avantageuse de cette petite ville de Bourgogne du côté de la Champagne, fut souvent ùft pô1t de ralliement pour les partis ennemis, ; ti§i lui iroyons_nÔu toujours jouer un rôle important aux époques les plusora- geuses de notre histoire; c est ce qui prête à ses annalés un si vif intérêt. Les contrées que nous , avons sous les yeux ont &é,- comme Montréal, maintes fois ravagées par les fléaux et la giierÈ&i la disparition de plusieurs villages habités Iénioiiie dès vicissitudes que les hommes et les choses ont subies Sui 1è bérds du Serain; auj•o trrd hui si paisibles. Vous cheréheèiez en vain Âwy,Froidcville, Varennes, Cappes, C)aùidt, La Rue, Gros-Bois, les châteaux de Mon(ille, des Éorde et IS hameaux qui en dépendaient; une simple fertn . représeiïte l ancien villagè de Cliéiisy et rappelle une église depui longtemps défruite-; le fief de iontheldrï qui ompuivud population assez importante, •aggtotiiérM autour du viEiîx manoir, ne sé composeplus que de quelques masures à.péine kabitablès et si yods alliez visiter l ancien emptdemeîit dâ chteau 4e Gdhiuds, Ërès Th1eéy, on ne ponrrait yods dOEnner aucuïi& indication sur lb grsd Mrénernent qui dut atnenetla ruine de .cette forteresse des pemirs .kges!féodaux; la tradition ne nous a conservé que son nom. 0w peut, eh q;uèlquès St.s. .réSunr le& faits prïneipaux
n 72 SEIGNEURIE DE M01,RAL. qui se rattachent à l histoire de la ville et du château de Montréal. S il en faut croire Courtépée, la reine Brunehaut et son petit-fils Thierry y résidèrent au y ° siècle trois cents ans plus tard, suivant le même auteur qui s en rapporte à un vieux nianuscrit, la forteresse fui prise, pillée par les Nor- mands et reconstruite ensuite par les Anséric. Landry, comte de Nevers, vint l assiéger à plusieurs reprises pendant les guerres du roi Robert, e cst-à-dirc vers 1005 environ, sans pouvoir s en emparer. Vers la même époque, les sires de Montréal fondent le prieuré de saint-Bernard, et en 1068 le Chapitre de celte ville. Après la croisade de 1147, qui suivit la fameuse prédica- tion de saint Bernird à Vézelay, Anséric fit bâtir au retour de cette expédition la curieuse église que l on admire encore aujourd hui. La puissante maison de Montréal, après avoir joué un Mie des plus brillants en Bourgogne pendant près de trois siècles, est dépossédée, en 1255, parla mauvaie conduite de l un de ses membres. Anséric X, dernier du nom, ayant par ses forfaits attiré sur lui la colère du roi saint Louis, le duc de Bourgogne reçut ordre de s emparer de sa seigneurie et de son château de Montréal. Cette famille ne périt pas tout entière avec le dernier des Anséric; elle ne perdit que son nom. La maison de Beauvoir n est qu une branche distincte de celle des Montréal, et c est d dll.que descendent les illustres Beauvoir-Chastellux qui laissèrèfit leur titre deBeauvoir pour ne garder que celui de Chastellux, dont ils possédaient le château. Les domaines importants de Montréal furent donnés, par SEIGNEURIE DE MONTIIkAL. 73
le testament de Hugues IV, à Hugues de Bourgogne, fils de ce dernier: ce Hugues est connu dans l histoire sous le nom de Iluguenin de Montréal. Béatrix de Bourgogne, fille de celui-ci, étant morte sans héritiers, le duc Robert éloigna les puissants et nombreux prétendants à cette succession et annexa cette terre à ses Etats avec défense expresse à ses successeurs de jamais s en défaire. Dès lors, Montréal devint une résidence favorite des ducs, gin venaient souvent y passer une partie de la belle saison. C est dans ce château que frit signé, en 1348, un grand traité d alliance entre Amé, comte de Savoie, et Eudes IV, duc de Bourgogne. La ville fut ravagée par les Anglais commandés par Edouard HI; une partie des habitants fut massacrée; l autre cril fott à souffrir du voisinage des ennemis tant qu ils restèrent aux environs et que l on parlementa pour le traité de Guillon (1360). Trois ans Plus tard, Montréal devint, comme tant d autres villes, de Bourgogne, la proie des Grandes Compagnies. Un capitaine breton, qui logeait à Àrey, parvint à s en emparer le jour de la Pentecôte 4363. En 1404, le (lue Jean-sans-Peur, sur les représentations des Elus de !a province, y publia l ordonnance qui permettait à ses sujets l exportation des grains. La première partie si agitée du xvc siècle eut tin grand retentissement à Montréal ; successivement prise et reprise, la ville voyait à chaque assaut sa population décimée tantôt les habitants couraient faire le guet et garde aux murailles à la vue des chaperons blancs d Armagnac ; tantôt on avait à craindre les robes courtes et les hoquetons de cuir des four- î SEICIrÇELJIUE LIE MOrTÏIkÂL. e guignons eux-ttiênies, qui, organisés h gompaié d édor- cheurs, ravageaient impunément les .campgnes Après le siége de Cravan (1423), les Arrtag. cs s empa- rèrciit de la tille et y restèrent qaclque tenips «. tôgie: â Puissance. » Les Écorcheut s en emparèrent en 1 41,l et y firent dé grands dégâts Montréal était désigné autrefois pour le passage des troupes d Avallon à Montbard, et épargnait trois lieues et One couchée. On y fit plusieurs grandes revues au xv 0 siècle, et notamment en 1431 et en 1433g oii les gendarmes allèrent avec le duc Philippe-le-Bon au siège de la ville d Avallon. En I fl, « la dicte place de Mént-Iléal resta en l obéis- « çance du duc d Âusuiche, depuis le 13 mars jusqu au mois