Schéma Régional des Carrières de la région Auvergne Rhône Alpes

Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

Evaluation environnementale stratégique

FOCUS TERRITORIAL SUR L’AIRE URBAINE DE CHAMBERY

ETAT INITIAL DE L’ENVIRONNEMENT

Version 1 du 1er octobre 2018

Assistance à maîtrise d’ouvrage réalisée : Agence MTDA

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Table des matières

Etat initial de l’Environnement ...... 11 1 Analyse du milieu physique ...... 15 1.1 Les sols et sous-sols ...... 15 1.1.1 Présentation générale ...... 15 1.1.2 Les ressources, l’exploitation et les usages des matériaux du sous-sol ...... 17 1.1.3 Les usages du sous-sol, du sol et les pressions ...... 20 1.1.4 La règlementation pour la préservation du sol et du sous-sol ...... 23 1.1.5 Les perspectives d’évolution des sols à l’échelle de l’aire urbaine ...... 24 1.1.6 Les enjeux environnementaux « sols et sous-sols » ...... 24 1.2 L’eau ...... 25 1.2.1 Présentation générale ...... 25 1.2.2 Les carrières et l’eau ...... 32 1.2.3 La règlementation et les dispositifs de connaissance, de suivi ou d’action ...... 33 1.2.4 Les perspectives d’évolution de l’eau à l’échelle de l’aire urbaine ...... 36 1.2.5 Les enjeux environnementaux « eau »...... 36 1.3 Le climat et le changement climatique ...... 37 1.3.1 Présentation générale ...... 37 1.3.2 Un changement climatique en cours...... 38 1.3.3 Les carrières et le changement climatique...... 39 1.3.4 La règlementation et les dispositifs de connaissance, de suivi ou d’action ...... 40 1.3.5 Les perspectives d’évolution du climat à l’échelle de l’aire urbaine ...... 42 1.3.6 Les enjeux environnementaux « climat et changement climatique » ...... 43 1.4 La qualité de l’air ...... 44 1.4.1 Présentation générale ...... 44 1.4.2 Les carrières et la qualité de l’air ...... 50 1.4.3 La règlementation et les dispositifs de connaissance, de suivi ou d’action ...... 51 1.4.4 Les perspectives d’évolution de la qualité de l’air à l’échelle de l’aire urbaine ...... 53 1.4.5 Les enjeux environnementaux « qualité de l’air » ...... 53 1.5 L’énergie ...... 54 1.5.1 Présentation générale ...... 54 1.5.2 Les carrières et l’énergie ...... 56 1.5.3 La règlementation et les dispositifs de connaissance, de suivi ou d’action ...... 57 1.5.4 Les perspectives d’évolution de l’énergie à l’échelle de l’aire urbaine ...... 58 1.5.5 Les enjeux environnementaux « énergie » ...... 59 2 Analyse des milieux naturels, du paysage et du patrimoine ...... 60 2.1 Les milieux naturels et la biodiversité ...... 60 2.1.1 Présentation générale ...... 60 2.1.2 Les services écosystémiques ...... 63 2.1.3 Les carrières, les milieux naturels et la biodiversité...... 64 2.1.4 Les sensibilités et les pressions ...... 65 2.1.5 La règlementation et les dispositifs de connaissance, de suivi ou d’action ...... 67 2.1.6 Les perspectives d’évolution des milieux naturels et de la biodiversité à l’échelle de l’aire urbaine 74 2.1.7 Les enjeux environnementaux « milieux naturels et biodiversité » ...... 74 2.2 Le patrimoine paysager et bâti ...... 75 2.2.1 Un relief très marqué et contraint ...... 75

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2.2.2 Un paysage varié ...... 76 2.2.3 Un patrimoine bâti remarquable ...... 78 2.2.4 Les carrières, le patrimoine paysager et bâti ...... 78 2.2.5 Les sensibilités et les pressions ...... 79 2.2.6 Règlementation et dispositifs de connaissance, de suivi ou d’action ...... 80 2.2.7 Les perspectives d’évolution des patrimoines paysager et bâti à l’échelle de l’aire urbaine 83 2.2.8 Les enjeux environnementaux « patrimoine paysager et bâti » ...... 83 3 Analyse du milieu humain ...... 84 3.1 L’urbanisme, la consommation de l’espace et les transports ...... 84 3.1.1 Présentation générale ...... 84 3.1.2 Les carrières, urbanisme, consommation de l’espace et transports ...... 88 3.1.3 Sensibilités et pressions ...... 90 3.1.4 Règlementation et dispositifs de connaissance, de suivi ou d’action ...... 92 3.1.5 Les perspectives d’évolution de l’urbanisme, la consommation de l’espace et les transports à l’échelle de l’aire urbaine ...... 95 3.1.6 Les enjeux environnementaux « urbanisme, consommation de l’espace et transports » 96 3.2 Les activités agricoles et forestières ...... 97 3.2.1 Présentation générale ...... 97 3.2.2 Les carrières, les activités agricoles et forestières ...... 100 3.2.3 Pressions et sensibilités ...... 101 3.2.4 Règlementation et dispositifs de connaissance, de suivi ou d’action ...... 103 3.2.5 Les perspectives d’évolution des activités agricoles et forestières à l’échelle de l’aire urbaine 106 3.2.6 Les enjeux environnementaux « activités agricoles et forestières » ...... 107 3.3 Les risques ...... 108 3.3.1 Présentation générale ...... 108 3.3.2 Relation de la thématique avec les carrières ...... 112 3.3.3 Sensibilités et pressions ...... 113 3.3.4 Règlementation et dispositifs de connaissance, de suivi ou d’action ...... 113 3.3.5 Les perspectives d’évolution des risques à l’échelle de l’aire urbaine ...... 115 3.3.6 L’enjeu environnemental « risques » ...... 116 3.4 Les nuisances ...... 117 3.4.1 Présentation générale ...... 117 3.4.2 Les carrières et les nuisances ...... 118 3.4.3 Règlementation et dispositifs de connaissance, de suivi ou d’action ...... 119 3.4.4 Les perspectives d’évolution des nuisances à l’échelle de l’aire urbaine ...... 121 3.4.5 L’enjeu environnemental « nuisances » ...... 121 3.5 Les déchets ...... 122 3.5.1 Présentation générale ...... 122 3.5.2 Les carrières et les déchets ...... 124 3.5.3 Sensibilités et pressions ...... 125 3.5.4 Règlementation et dispositifs de connaissance, de suivi ou d’action ...... 125 3.5.5 Perspectives d’évolution des déchets à l’échelle de l’aire urbaine ...... 128 3.5.6 Les enjeux environnementaux « déchets » ...... 128 4 Synthèse des enjeux environnementaux ...... 129 Annexe 1 : Schéma des thématiques de l’état initial ...... 131

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Annexe 2 : Définitions ...... 132

Liste des figures

Figure 1 - Schéma du sol avant exploitation du gisement de granulats et après reconstitution ...... 22 Figure 2 - Consommation et usage de l'eau en (Source : BNPE) ...... 31 Figure 3 - Normales mensuelles à la station de Chambéry (Source : Météo ) ...... 38 Figure 4 - Ecart à la moyenne 1961-1990 (11,8 °C) de la température moyenne annuelle en France (Source : Météo France) ...... 38 Figure 5 - Nombre de jours d'activation d'un dispositif préfectoral en 2017 sur l'ensemble des zones de la région AuRA (source : Atmo Bilan de qualité de l'air en 2017 Auvergne Rhône-Alpes) ...... 46 Figure 6 - Evolution de la part de chaque secteur dans la consommation d'énergie finale CA Grand Chambéry (source : OREGES Auvergne-Rhône-Alpes, 2017) ...... 54 Figure 7 - Evolution de la part de chaque énergie dans la consommation du secteur transport routier (source : OREGES Auvergne-Rhône-Alpes, 2017) ...... 55 Figure 8 - Evolution de la production d'énergie sur le territoire Grand Chambéry (en MWh) (OREGES Auvergne- Rhône-Alpes, 2017) ...... 56 Figure 9 - Répartition (en pourcentage) de la production d'énergie sur le territoire Grand Chambéry par type (source : OREGES Auvergne-Rhône-Alpes, 2017) ...... 56 Figure 10 - Evolution comparée de la consommation d'énergie finale et de la production d'énergie renouvelable locale (source : OREGES Auvergne-Rhône-Alpes, 2017) ...... 56 Figure 11 - Répartition des espèces de vertébrés indigènes de Savoie en fonction de leur statut (source : LPO Savoie) ...... 67 Figure 12 - Vue sur le Lac du Bourget et Aix-les-Bains depuis le Revard ...... 77 Figure 13 - Vue panoramique, depuis la roche du Guet dans le massif des Bauges, de la combe de Savoie (auteur : Florian Pépellin) ...... 78 Figure 14 - Part de l'occupation du sol de l'aire urbaine de Chambéry, du grand pôle et de la couronne (source : Corine Land Cover 2012) ...... 85 Figure 15 - Tendances des quantités collectés sur le département de la Savoie (Sources : Département de la Savoie, SINDRA) ...... 123

Liste des cartes

Carte 1 - Intercommunalités de l'aire urbaine Chambéry ...... 13 Carte 2 - Géologie de l'aire urbaine Chambéry ...... 16 Carte 3 - Sites géologiques de l'aire urbaine ...... 17 Carte 4 - Carrières de l'aire urbaine, matériaux produits et dates de fin d’exploitation ...... 18 Carte 5 - Etat écologique des masses d'eau de surface ...... 29 Carte 6 - Etat chimique des masses d'eau souterraines ...... 30 Carte 7 - Etat quantitatif des masses d'eau souterraine ...... 31 Carte 9 - Pluviométrie et ensoleillement sur la région Auvergne-Rhône-Alpes (Source : Panorama agricole Auvergne-Rhône-Alpes, DRAAF AuRA) ...... 37 Carte 10 - Zones et communes sensibles en Rhône-Alpes vis-à-vis des pollutions de l'air (Source : SRCAE Rhône- Alpes) ...... 45 Carte 11 - Les trois bassins d'air de la Savoie (source : Les services de l'Etat en Savoie) ...... 46 -3 Carte 12 - Moyenne annuelle NO2 (valeur limite 40 µgs.m à ne pas dépasser) en 2014 (source : Atmo Bilan de qualité de l'air en 2017 Savoie/Métropole Chambéry) ...... 47 Carte 13 - Moyenne annuelle de PM10 (valeur limite de 40 µg.m-3) en 2017 en Savoie (source : Atmo Bilan de qualité de l'air en 2017 Savoie/Métropole Chambéry) ...... 47 Carte 14 - Nombre de jours de dépassements de la valeur limite de 50 µg.m-3 de PM10 en 2017 en Savoie (source : Atmo Bilan de qualité de l'air en 2017 Savoie/Métropole Chambéry) ...... 48 Carte 15 : Moyenne annuelle de PM2.5 (valeur limite de 25 µg.m-3) en 2017 en Savoie (source : Atmo Bilan de qualité de l'air en 2017 Savoie/Métropole Chambéry) ...... 48 -3 Carte 16 - Nombre de jours de dépassements de la valeur limite de 120 µg.m d’O3 en 2017 en Savoie...... 49

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Carte 17 - Dépassement de la valeur cible pour la végétation en O3 en 2017 en Savoie ...... 49 Carte 18 : Localisation de l'Ambroisie en Savoie en novembre 2012 (source : Agence Régionale de Santé) ...... 50 Carte 19 - Localisation des zones humides sur l'aire urbaine de Chambéry ...... 61 Carte 20 - Localisation des pelouses sèches sur l'aire urbaine de Chambéry ...... 62 Carte 21 - La forêt alluviale en Combe de Savoie (DDT Savoie) ...... 63 Carte 22 - Zones Natura 2000 ...... 69 Carte 23 - Espaces naturels protégés et/ou d'intérêt ...... 71 Carte 24 - Réservoirs biologiques et corridors écologiques au niveau de l’aire urbaine (source : SRCE Rhône-Alpes) ...... 73 Carte 25 - Relief au niveau de l'aire urbaine de Chambéry ...... 75 Carte 26 - Unités paysagères de l'aire urbaine ...... 77 Carte 27 - Occupation du sol (Source : Corine Land Cover) ...... 86 Carte 28 - Relation TER Rhône-Alpes, zoom sur l'aire urbaine de Chambéry (Source : SNCF DTER Rhône-Alpes, janvier 2015) ...... 87 Carte 29 - Voies de communication et échanges entre l'aire urbaine de Chambéry et les grands pôles voisins . 88 Carte 30 - Orientation principale des exploitations (Source : DDT 73) ...... 98 Carte 31 - Répartition des territoires boisés de l'aire urbaine de Chambéry (Source : DDT 73) ...... 99 Carte 32 - Territoire à Risque important d'Inondation et atlas des zones inondables ...... 109 Carte 33 - Zones réglementées par les différents PPRn ...... 110 Carte 34 - Risques technologiques ...... 112 Carte 35 - PAPI de la Savoie (Source : DDT 73) ...... 115

Liste des tableaux

Tableau 1 - Carrières en fonctionnement de l'aire urbaine Chambéry (Source : base des installations classées) 18 Tableau 2 - Emprise au sol des carrières en fonctionnement (Base des installations classées) ...... 19 Tableau 3 - Remises en état prévues des carrières en fonctionnement (Source : Arrêtés préfectoraux) ...... 20 Tableau 4 - Détermination de l'état des masses d'eau superficielle ...... 26 Tableau 5 - Etat écologique des cours d'eau de l'aire urbaine Chambéry (Source : Etat des lieux du SDAGE RM 2016-2021) ...... 26 Tableau 6 - Consommation d’eau pour la fabrication d'une tonne de granulats, impacts potentiels (Source : UNPG) ...... 33 Tableau 7 - Communes classées en zone de répartition des eaux ...... 35 Tableau 8 - Emission de GES pour la fabrication d'une tonne de granulats, impacts potentiels (Source : UNPG) 40 Tableau 9 - Principaux polluants de l'air et leurs effets ...... 44 Tableau 10 - Objectifs de réduction fixés pour la France (exprimés en pourcentage par rapport à 2005) ...... 51 Tableau 11- Dynamiques d'évolution de la consommation d'énergie finale dans le secteur Industrie hors branche énergie (source : OREGES Auvergne-Rhône-Alpes, 2017) ...... 55 Tableau 12 - Données de consommation d'énergie finale sur le territoire Grand Chambéry (en GWh) par secteur et par énergie (source : OREGES Auvergne-Rhône-Alpes, 2017) ...... 55 Tableau 13 - Consommation d’énergie pour la production de granulats à partir de roche massive (Source : Bilan énergétique de la production de granulats naturels et alternatifs, CETE) ...... 57 Tableau 14 - Emission de GES pour la fabrication d'une tonne de granulats (Source : UNPG)...... 57 Tableau 15 - Familles de paysage de l'aire urbaine de Chambéry (Source : Les 7 familles de paysages en Rhône- Alpes) ...... 76 Tableau 16 - Bilan avantage/inconvénient des différents types de transport (Source : SDC Savoie) ...... 89 Tableau 17 - Evolution de l'occupation des sols entre 2006 et 2012 (source : Corine Land Cover) (Unité : ha) .. 90 Tableau 18 - Facteurs d’émission de GES liés au transport de granulats par mode de transport (Source : bilan carbone® de l’ADEME) ...... 91 Tableau 19 - Volumes exploitables selon les régions forestières de l'aire urbaine de Chambéry (Source : ONF) ...... 102 Tableau 20 - Récapitulatif des enjeux environnementaux par thématique environnementale ...... 129

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Liste des acronymes et abréviations utilisés

ADEME - Agence de l’Environnement et de la DRAC - Direction Régionale des Affaires Maîtrise de l’Energie Culturelles AEP - Alimentation en Eau Potable DRAAF - Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt AG - Adour-Garonne DREAL - Direction Régionale de AOP - Appellation d’Origine Protégée l’Environnement, de l’Aménagement et du AuRA - Auvergne-Rhône-Alpes Logement AVAP - Aires de mise en Valeur de EBF - Espace de Bon Fonctionnement l’Architecture et du Patrimoine EES - Evaluation Environnementale Stratégique BRGM - Bureau de Recherches Géologiques et EFESE - Evaluation Française des Ecosystèmes Minérales et des Services Ecosystémiques BTP - Bâtiments Travaux Publics EIE - Etat initial de l’Environnement CATNAT - CATastrophes NATurelles ENS - Espace Naturel Sensible CBPS - Code de Bonnes Pratiques Sylvicoles EPCI - Etablissement Public de Coopération CDOA - Commission Départementale Intercommunal d’Orientation de l’Agriculture EPRI - Evaluation Préliminaire des Risques CDPENAF - Commissions Départementales de d’Inondation la Préservation des Espaces Naturels, Agricoles GES - Gaz à Effet de Serre et Forestiers Gis Sol - Groupement d’Intérêt Scientifique Sol CEN - Conservatoire des Espaces Naturels GIEC - Groupe d’experts Internationaux sur CEREMA - Centre d'Etudes et d'Expertise sur les l’Evolution du Climat Risques, l'Environnement, la Mobilité et l'Aménagement HAP - Hydrocarbure Polycyclique Aromatique CGDD - Commissariat Général au IBD - Indice Biologique Diatomées Développement Durable IBGN - Indice Biologique Global Normalisé CPER - Contrat de Plan Etat-Région ICPE - Installations Classées pour la Protection DCE - Directive Cadre sur l’Eau de l’Environnement DCSSM - Directive Cadre Stratégie pour le INAO - Institut National de l’Origine et de la Milieu Marin Qualité DDRM - Dossier Départemental des Risques INPN - inventaire National du Patrimoine Majeurs Naturel DERU - Directive sur les Eaux Résiduaires IPR - Indice Poisson Rivière Urbaines ISDnD - Installation de Stockage des Déchets DGPR - Direction Générale de la Prévention des non Dangereux Risques LAAAF - Loi d’Avenir pour l’Agriculture, DOCOB - DOCument d’Objectifs Natura 2000 l’Alimentation et la Forêt DRA (SRA) - Directive (Schéma) Régional LB - Loire-Bretagne d’Aménagement LTECV - Loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte

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MAPAM - Loi relative à la Modernisation de PSG - Plan Simple de Gestion l’Action Publique territoriale et à l’Affirmation RMC - Rhône-Méditerranée-Corse des Métropoles RNN et RNR - Réserve Naturelle Nationale et MEA - Masse d’Eau Artificielle Régionale MTES - Ministère de la Transition Ecologique et RNTSF - Règlement National des Travaux et Solidaire Services Forestiers ROE - Référentiel des Obstacles à l’Ecoulement MEFM - Masse d’Eau Fortement Modifiée RTG - Règlement Type de Gestion MNHN - Museum National d’Histoire Naturel NQE - Normes de Qualité Environnementale NOTRe - loi portant Nouvelle Organisation Territoriale de la République ODG - Organisme de Défense et de Gestion ONCFS - Office National de la Chasse et de la OMS - Organisation Mondiale de la Santé Faune Sauvage ONF - Office National des Forêts ORECC - Observatoire Régional des Effets du SAFER - Société d’Aménagement Foncier et Changement Climatique d’Etablissement Rural OREGES - Observatoire Régional de l’Energie et SAGE - Schéma d’Aménagement et de Gestion des Gaz à Effet de Serre des Eaux ORHANE - Observatoire Régional Harmonisé SAU - Surface Agricole Utile Auvergne-Rhône-Alpes des Nuisances SCoT - Schéma de Cohérence Territorial Environnementales SDAGE - Schéma Directeur d’Aménagement et PAC - Politique Agricole Commune de Gestion des Eaux PACA - Provence-Alpes-Côte-d’Azur SIQO - Signe d’Identification de la Qualité et de PCAET (anciennement PCET) - Plan Climat (Air) l’Origine Energie Territorial SLGRI - Stratégie Locale de Gestion du Risque PDM - Programme De Mesures Inondation PDPFCI - Plan Départemental de Protection des SNB - Stratégie Nationale pour la Biodiversité Forêts Contre l’Incendie SNBC - Stratégie Nationale Bas-Carbone PDR - Plan de Développement Rurale SRADDET - Schéma Régional d’Aménagement, PLQA - Plan Local d’amélioration de la Qualité de Développement Durable et d’Egalité des de l’Air Territoires PM - Particulate Matter SRC - Schéma Régional des Carrières PNFB - Programme National de la Forêt et du SRCAE - Schéma Régional Climat Air Energie Bois SRCE - Schéma Régional de Cohérence PNN et PNR - Parc Naturel National et Régional Ecologique PNPGD - Plan National de Prévention et de Gestion des Déchets SRGS - Schéma Régional de Gestion Sylvicole PPA - Plan de Protection de l’Atmosphère STH - Surfaces Toujours en Herbe PPBE - Plan de Prévention du Bruit dans TVB - Trame Verte et Bleue l’Environnement UNESCO - Organisation des nations unies pour PPFCI - Plan de Protection des Forêts Contre les l’éducation, la science et la culture Incendies UNICEM - Union Nationale des Industries de PPR - Plan de Prévention des Risques Carrières Et Matériaux de construction PRAD - Plan Régional de l’Agriculture Durable UNPG - Union Nationale des Producteurs de PREPA - Plan national de Réduction des Granulats Emissions de Polluants Atmosphériques ZAP - Zone Agricole Protégée PRGI - Plan de Gestion du Risque Inondation ZBC - Zone de Bruit Critique

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ZICO - Zone Importante pour la Conservation des Oiseaux ZNIEFF - Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique ZPS - Zone de Protection Spéciale pour les oiseaux ZRE - Zone de Répartition des Eaux ZSC - Zone Spéciales de Conservation pour les habitats et les espèces ZSF - Zone de Sauvegarde pour l’alimentation en eau potable pour le Futur

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Préambule En complément de la démarche régionale, une réflexion est menée sur différents types d’aires urbaines, choisies par la DREAL pour leur représentativité selon leur taille (grande moyenne et petite) et leurs caractéristiques (grenier à matériaux, zone en tension, forts enjeux environnementaux et humains …). Chaque territoire présente des caractères spécifiques (géographie ; géologie ; milieux naturels, contexte paysager, infrastructures et activités du territoire ; population...), et des problématiques très variables liées aux matériaux (besoins et ressources, présence ou non de carrières, transport, etc.). L’objectif de ce focus territorial, ici l’aire urbaine de Chambéry est de disposer d’un cas concret permettant de transposer une méthode d’état des lieux à l’échelle des autres territoires. Le travail sur plusieurs focus devra permettre de dégager une méthode d’approche en matière de planification urbaine (PLU, PLUi, SCoT) et à destination des décideurs en exposant les moyens et méthodes à mettre en œuvre pour prendre en compte le schéma régional des carrières dans leur document d’urbanisme, et donc de bâtir une politique locale en matière de besoins et ressources locales en matériaux de carrières, tout en tenant compte des enjeux environnementaux. Dans le cadre de l’évaluation environnementale et conformément au cahier des charges, ces focus territoriaux font l’objet d’un état initial, d’une identification des enjeux et de leur hiérarchisation. En parallèle de cette approche environnementale, il est mené un diagnostic des ressources et des besoins en matériaux sur l’aire urbaine, et un travail prospectif sur les évolutions des besoins et ressources dans l’espace et dans le temps. L’ambition de l’exercice serait à terme de tester les orientations du SRC au fur et à mesure de son élaboration : • tester l’opérabilité et l’effet de la territorialisation des actions/orientations du SRC sur l’environnement dans le cadre d’un territoire. Ce test aura pour effet de valider à petite échelle les orientations du SRC, vérifier leur adéquation avec les objectifs, définir les conditions de mise en œuvre et de réussite, et les leviers d’action, tout en prenant en compte les enjeux environnementaux préalablement identifiés ; • adapter le périmètre de l’analyse à une échelle pertinente pour la prise en compte effective par les collectivités compétentes en matière d’urbanisme du schéma.

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Etat initial de l’Environnement

Le cadre géographique de l’évaluation environnementale de ce focus territorial est celui de l’aire urbaine de Chambéry, au sens de la définition INSEE. Selon les thèmes abordés, un périmètre plus large sera concerné, incluant le niveau global, l’échelle nationale, celle de la région et des départements sans oublier celle des pays frontaliers limitrophes. Les objectifs de l’état initial de l’environnement sont la description et l’analyse prospective du territoire pour en faire ressortir les enjeux environnementaux. Les thématiques environnementales sont organisées en 3 types de milieux pour plus de lisibilité, étant entendu que la transversalité des thématiques est importante et sera abordée dans le document : - Milieu physique : sols et sous-sols, eau, climat et changement climatique, qualité de l’air et énergie ; - Milieu naturel et paysages : milieux naturels, biodiversité, paysages, patrimoine ; - Milieu humain : activités agricoles et forestières, urbanisme, consommation des espaces et les transports, risques, nuisances et déchets. Les enjeux ainsi identifiés au regard de l’installation, de l’exploitation et de la remise en état des carrières vont servir de base à l’analyse des incidences territorialisée qui permettra de vérifier la validité des orientations du schéma. Rappel des définitions INSEE Aire urbaine : Une aire urbaine ou « grande aire urbaine » est un ensemble de communes, d'un seul tenant et sans enclave, constitué par un pôle urbain (unité urbaine) de plus de 10 000 emplois, et par des communes rurales ou unités urbaines (couronne périurbaine) dont au moins 40 % de la population résidente ayant un emploi travaille dans le pôle ou dans des communes attirées par celui-ci. Pôle urbain : Le pôle urbain est une unité urbaine offrant au moins 10 000 emplois et qui n'est pas située dans la couronne d'un autre pôle urbain. Unité urbaine : La notion d'unité urbaine repose sur la continuité du bâti et le nombre d'habitants. On appelle unité urbaine une commune ou un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu (pas de coupure de plus de 200 mètres entre deux constructions) qui compte au moins 2 000 habitants.

Périmètre de l’aire urbaine de Chambéry L’aire urbaine de Chambéry compte 85 communes, toutes du département de la Savoie : Aiguebelette-le-Lac (73001) Challes-les-Eaux (73064) Les Déserts (73098) Aix-les-Bains (73008) Chambéry (73065) Drumettaz-Clarafond (73103) Apremont (73017) Chamousset (73068) Francin (73118) Arbin (73018) La Chapelle-du-Mont-du-Chat (73122) Ayn (73027) (73076) Grésy-sur-Aix (73128) (73029) La Chapelle-Saint-Martin (73078) Hauteville (73133) Barby (73030) Châteauneuf (73079) Jacob-Bellecombette (73137) Bassens (73031) (73082) (73140) Betton-Bettonet (73041) (73084) (73147) Billième (73042) (73087) Lucey (73149) (73043) Coise-Saint-Jean-Pied-Gauthier Les Marches (73151) (73050) (73089) (73152) Le Bourget-du-Lac (73051) Corbel (73092) Méry (73155) Bourgneuf (73053) Cruet (73096) Meyrieux-Trouet (73156) Brison-Saint-Innocent (73059) (73097) (73159)

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Montagnole (73160) Sainte-Hélène-du-Lac (73240) La Thuile (73294) Le Montcel (73164) Saint-Jean-d'Arvey (73243) (73299) Montmélian (73171) Saint-Jean-de-Chevelu (73245) (73300) La Motte-Servolex (73179) Saint-Jean-de-Couz (73246) Trévignin (73301) (73182) Saint-Jean-de-la-Porte (73247) Verel-Pragondran (73310) (73183) Saint-Jeoire-Prieuré (73249) (73313) (73184) Sainte-Marie-d'Alvey (73254) Villard-d'Héry (73314) (73191) Saint-Offenge (73263) (73326) (73193) Saint-Paul (73269) Viviers-du-Lac (73328) (73200) Saint-Pierre-d'Albigny (73270) (73329) Pugny-Chatenod (73208) Saint-Pierre-d'Alvey (73271) (73210) Saint-Pierre-de-Soucy (73276) (73213) Saint-Sulpice (73281) Saint-Alban-Leysse (73222) Saint-Thibaud-de-Couz (73282) Saint-Baldoph (73225) (73288) Saint-Cassin (73228) Thoiry (73293)

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L’aire urbaine de Chambéry et intercommunalités

Carte 1 - Intercommunalités de l'aire urbaine Chambéry

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L’aire urbaine de Chambéry n’est pas calquée sur un ou plusieurs EPCI mais comprend une partie du territoire de Métropole Savoie et une partie des communes des quatre Communautés de Communes Cœur de Chartreuse, , Lac d’Aiguebelette et Val Guiers. Métropole Savoie est un syndicat mixte qui regroupe la Communauté de Communes Cœur de Savoie, et les Communautés d’Agglomérations Grand Lac et Grand Chambéry. Son périmètre couvre 109 communes au 1er janvier 2017.

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 14 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

1 Analyse du milieu physique

L’analyse du milieu physique de l’aire urbaine Chambéry est constituée des thématiques suivantes : la qualité des sols et sous-sols, le changement climatique, la qualité de l’air, les ressources énergétiques et les ressources en eau (superficielles et souterraines).

1.1 Les sols et sous-sols

1.1.1 Présentation générale

Présentation du contexte topographique Ce territoire alpin est une succession de monts et chaînes culminant à environ 1 500 m d’altitude (Chartreuse, Bauges et Belledonne) sur l’aire urbaine, et de vallées plus ou moins importantes (Leysse, Isère, Hyères, etc.) se situant entre 200 et 300 m d’altitude (cf. partie 2.2.1). Il s’agit de l’entrée dans la Savoie et vers les premiers hauts sommets alpins. Principales caractéristiques géologiques La ville de Chambéry est enserrée au niveau de la partie la plus étroite de la « cluse de Chambéry ». L’aire urbaine présente plusieurs entités géographiques et géologiques remarquables dans son environnement proche : - au nord, le lac du Bourget, - au nord-est, le massif des Bauges (dominé par le Nivolet, 1 547 m), - au sud-est, le massif de Belledonne - au sud, la Trouée des Marches, - au sud-ouest, le massif de la Chartreuse avec le mont Granier, 1 933 m - à l’ouest, la chaîne de l'Épine (montagne la plus méridionale du massif du Jura, entre 900 et 1 000 m d’altitude). Les massifs des Bauges et de la Chartreuse appartiennent au Préalpes calcaires, qui ont été entaillés par le passage des glaciers lors des dernières dizaines de millénaires. Sur cette puissante ossature calcaire, viennent s’appuyer des formations superficielles récentes du quaternaire. L’époque glaciaire a façonné le paysage (creusement, dépôts glaciaires variés …), et les barres calcaires plus anciennes qui ont résisté structurent actuellement le paysage. La cluse de Chambéry est donc un creusement glaciaire, formant un large couloir qui sépare les Bauges de la Grande Chartreuse, orienté Nord-Ouest Sud-Est, d'une largeur de 4 à 5 km. Le fond est une plaine généralement plane. Elle est formée par un ensemble de vallonnements peu prononcés, avec une importante moraine de fond. A l'est, au pied des Bauges, les pentes sont abruptes et affectent une forme concave. Au pied du massif, les talus sont constitués par des éboulis provenant des étages du Jurassique Supérieur et du Crétacé. Quelques rares moraines latérales apparaissent également. A l'ouest, sur les pentes du Mont Granier, vers le massif de la Chartreuse, le paysage est différent, tant du point de vue de la pente, de l'exposition, que de la structure. En 1 248, un pan entier de la montagne s'est écroulé et a recouvert le territoire qui correspond aux communes de Myans, Les Marches, Apremont. Ces éboulis de marnes et de calcaires se sont largement étalés. La tectonique de la région chambérienne est caractérisée par une intensité de plissements croissante de l'Ouest vers l'Est. La zone jurassienne montre deux faisceaux anticlinaux encadrés par de vastes synclinaux à contenu miocène.

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Carte 2 - Géologie de l'aire urbaine Chambéry

Les roches massives calcaires et les alluvions sont exploitées pour la ressource en matériaux. Patrimoine géologique L’inventaire national du patrimoine géologique a été lancé en 2007 dans le cadre de la loi du 27 février 2002, relative à la démocratie de proximité. Il a permis d’identifier 5 sites géologiques d’un intérêt patrimonial élevé sur l’aire urbaine de Chambéry : - la cluse de Chambéry et l’ombilic glaciaire du lac du Bourget formés par érosion glaciaire et glissement de terrain ; - le système hydrothermal et le karst hydrothermal actif d'Aix-les-Bains marques de l’hydrothermalisme local ; - les éboulis et la moraine de la carrière de Saint-Thibaud-de-Couz, résultats de la sédimentation ; - la capture de l'Arc par l'Isère à Aiton.

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Carte 3 - Sites géologiques de l'aire urbaine

La diversité des types de sol La variabilité des sols sur l’aire urbaine de Chambéry réside dans la diversité des formations géologiques et des formations superficielles sur lesquelles les sols se sont développés. Dans les cônes torrentiels (cailloux roulés) ou issus des glaciers (forme anguleuse des cailloux), les niveaux de matériaux fins et grossiers s’interpénètrent et la charge en cailloux (calcaires schistes) varie dans une matrice sableuse, limoneuse ou argilo-limoneuse. Dans les éboulis, la terre fine peut être très rare. Les conditions de pente contribuent à la différenciation et à l’évolution des sols. Sur les escarpements calcaires, les sols sont superficiels (moins de 50 cm) contre 1,5 m dans les colluvions de bas de pente et fond de vallée. De même, les usages des sols dans un passé plus récent expliquent la qualité et la fertilité des sols notamment pour l’agriculture, et la sylviculture. Des études de sols en vue de caractériser les terroirs viticoles existent à l’échelle locale. La problématique de la pollution des sols est abordée dans la partie 3.4.1 relative aux nuisances.

1.1.2 Les ressources, l’exploitation et les usages des matériaux du sous-sol

L’exploitation des matériaux et minéraux de carrières est essentielle pour les besoins du BTP et de l’industrie en France et dans le monde. Les carrières fournissent granulats, roches ornementales et de construction, ainsi que certains minéraux à forte valeur ajoutée. Les granulats sont la matière première la plus importante du BTP. Les ressources peuvent provenir de roches meubles correspondant à des formations géologiques superficielles (alluvions fluviatiles, glaciaires, sables marins) ou de roches massives concassées d’origine magmatique ou métamorphique, ou d’origine calcaire.

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Dans le cas de l’aire urbaine de Chambéry, les roches massives calcaires sont exploitées pour la production de granulats, tandis que le matériel alluvionnaire majoritaire conduit à des matériaux type sable et gravier essentiellement. Les carrières du territoire L’aire urbaine compte neuf carrières en fonctionnement. Plusieurs d’entre elles arriveront en fin d’exploitation d’ici quelques années. Sans renouvellement d’autorisations, et sans ouverture de nouvelles carrières, le parc des carrières du territoire sera réduit d’ici 4 ans à deux carrières alluvionnaires, sur les communes de Bourget-du-lac et Marcieux, et une carrière de roches massives calcaires à Gresy-sur-Aix.

Carte 4 - Carrières de l'aire urbaine, matériaux produits et dates de fin d’exploitation

Cette carte localise les carrières recensées sur le territoire et le tableau qui suit détaille les caractéristiques de chacune. Tableau 1 - Carrières en fonctionnement de l'aire urbaine Chambéry (Source : base des installations classées)

Quantité Date Date fin Code S3IC Nom usuel Commune Type de carrière Matériaux Activité annexe maximale autorisation exploitation (t/an)

BOTTA Eboulis calcaires St-Thibaud- 11-07-2016 0061.01659 ENTREPRISE 11-03-1994 et molasse Granulats / 100 000 de-Couz SARL (fin extraction) conglomératique

GRANULATS 20-12-2018 Broyage/concassage 0107.00284 La Chavanne 20-07-2001 Alluvionnaire Granulats 250 000 VICAT SAS (fin extraction) (autre lieu-dit)

06-07-2036 Gresy-sur- Roches massives 0061.01565 SECA SAS Aix 08-03-1999 (Fin extraction Granulats Broyage/concassage 75 000 prévue en calcaires (Les Teppes) 2026)

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LOUIS 18-07-2020 Sables et Stockage 0061.01536 BORGHESE Chamousset 18-07-2005 Alluvionnaire 140 000 graviers SARL (RE incluse) Broyage/concassage

Gresy-sur- Roches massives 0061.01566 SECA SAS Aix 03-01-2007 03-01-2022 Granulats Stockage 140 000 calcaires (Antoger)

Roches massives 0061.01590 VICAT Montagnole 11-05-1992 01-05-2022 Granulats Broyage/concassage 300 000 calcaires

Stockage Sables et 0061.01577 GAVEND Marcieux 05-01-2001 06-02-2029 Alluvionnaire Broyage/concassage 50 000 graviers Production béton

Le Bourget- 27-11-2034 Sables et 0061.01522 SCBL 14-12-2004 Alluvionnaire Stockage 500 000 du-Lac (RE incluse) graviers

24-07-2022 Sables et 0061.01678 SCMS SAS Voglans 03-07-2000 Alluvionnaire Stockage 100 000 (RE incluse) graviers

Emprise des carrières au sol Tableau 2 - Emprise au sol des carrières en fonctionnement (Base des installations classées)

Nom usuel Commune Type de carrière Emprise

Roches massives BOTTA ENTREPRISE SARL St-Thibaud-de-Couz AP non disponible calcaires

GRANULATS VICAT SAS La Chavanne Alluvionnaire AP non disponible

Gresy-sur-Aix Roches massives SECA SAS Carrière : 4,5 ha (Les Teppes) calcaires

LOUIS BORGHESE SARL Chamousset Alluvionnaires AP non disponible

Gresy-sur-Aix Roches massives SECA SAS AP non disponible (Antoger) calcaires

Roches massives CIMENTS VICAT Montagnole AP non disponible calcaires

GAVEND Marcieux Alluvionnaire AP non disponible

Carrière : 21,5 ha SCBL Le Bourget-du-Lac Alluvionnaire Transit : 3,5 ha

Carrière : 7,1 ha SCMS SAS Voglans Alluvionnaire Transit : 1,2 ha

L’emprise exacte de chacune des carrières n’est pas disponible, mais la surface totale est estimée à 176 ha, répartie entre le grand pôle (98 ha) et la couronne (78 ha). La remise en état des carrières L’étude d’impact prévoit le projet de réaménagement coordonné du site en fin d’exploitation. Le plan de phasage tient compte de l’ensemble des contraintes environnementales : harmonie du paysage, proximité d'un habitat, réinsertion de la faune et de la flore, contraintes hydrauliques (prévention des risques de crues ou d'inondations). Les réaménagements prévus sur le parc des carrières en exploitation de l’aire urbaine et pour lesquelles les données sont disponibles sont en majorité à vocation naturelle.

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Tableau 3 - Remises en état prévues des carrières en fonctionnement (Source : Arrêtés préfectoraux)

Nom usuel Commune Type de carrière Remise en état

BOTTA ENTREPRISE St-Thibaud-de- Roches massives AP non disponible SARL Couz calcaires

GRANULATS VICAT La Chavanne Alluvionnaire La modification de l’état final de la carrière consiste à remblayer la partie SAS Est du site pour réaliser une remise en état naturelle avec un réseau de mares, de fossés et de boisements. La remise en état permet la formation de multiples micro-habitats humides favorisant le développement d’une biodiversité à l’échelle du secteur. Cette remise en état favorisera les milieux humides et les secteurs intermédiaires de type « milieux terrestres-milieux aquatiques » La surface sera semée d’un mélange hygrophile couvrant et supportant une immersion provisoire (Ray gras anglais, pâturin commun, lotier carniculé, agrostide, Salicaire,). Ce semis aura pour objectif de limiter la propagation des espèces invasives sur le site et permettra un retour progressif de la flore locale. Des chenaux, mares, réseaux de fossés et zones de haut-fonds seront créés afin de favoriser le développement de la végétation aquatique, des ceintures d’hélophytes et zones de carex. Les autres aménagements initialement prévus seront maintenus en l’état, à savoir : - les ripisylves déjà existantes, et qui seront maintenues en l’état, - la zone de Hauts-Fonds située à l’ouest de l’ile

SECA SAS Gresy-sur-Aix Roches massives Doit conduire en fin d’exploitation à réintégrer le site dans le paysage en (Les Teppes) calcaires masquant la majeure partie des fronts de taille par remblaiement avec des matériaux inertes et en revégétalisant les terrains de manière à donner une vocation naturelle au site

LOUIS BORGHESE Chamousset Alluvionnaires AP non disponible SARL

SECA SAS Gresy-sur-Aix Roches massives AP non disponible (Antoger) calcaires

CIMENTS VICAT Montagnole Roches massives AP non disponible calcaires

GAVEND Marcieux Alluvionnaire AP non disponible

SCBL Le Bourget-du-Lac Alluvionnaire Restitution d’un vaste front de taille d’une pente intégratrice de 38° au global composé d’une succession de gradins et de risbernes végétalisées et boisés permettant d’assurer la pérennité de la stabilité des terrains exploités ; Restitution du carreau de la carrière, d’une surface d’environ 8 ha, sous forme d’une prairie de fauche ; Conservation ou création de pierriers et de zones d’éboulis sur le carreau résiduel et les gradins ; Reconversion des bassins d’infiltration des eaux de ruissellement en zones humides sur une surface de l’ordre de 1000 m2 minimum.

SCMS SAS Voglans Alluvionnaire Doit conduire en fin d'exploitation à taluter les fronts résiduels avec des matériaux inertes selon une pente assurant la stabilité des terrains.

1.1.3 Les usages du sous-sol, du sol et les pressions

Le chapitre 4.2 sur l’urbanisme, la consommation de l’espace et les transports détaille la problématique de l’urbanisation des sols. La forêt représente près de la moitié du territoire, l’agriculture 38 %, les eaux de surfaces 6,6 % et les milieux artificialisés s’élèvent à 11,8 %. Ce dernier chiffre montre que le territoire présente une forte pression d’aménagement et la demande en matériaux est toujours croissante, étant donné les besoins d’urbanisation qui se poursuivent.

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Pollutions des sols Les sols agricoles constituent un patrimoine économique important (élevage, vigne, …). La pression qui s’exerce est à la fois surfacique par l’urbanisation grandissante et qualitative car les sols agricoles peuvent subir des pressions variées : travail du sol trop important et tassement diminuant la structure des sols ; épandage d’engrais, épandage d’effluents d’élevage pouvant conduire à un excès d’azote dans le sol. Il en est de même pour les produits phytosanitaires. Ce phénomène se retrouve essentiellement dans les plaines et vallées avec les grandes cultures céréalières. Cependant l’agriculture est tournée en grande partie vers la qualité (AOC, IGP, agriculture biologique) et les surfaces en herbe exploitées extensivement sont dominantes sur les zones escarpées. Ces productions agricoles génèrent aussi des industries agro-alimentaires de renom (Pâtes Crozet, Alpina, vin de Savoie, fromages …). Plusieurs décennies d’activités industrielles dans les secteurs pétrolier (stockage, transport, distribution), du gaz, de l’automobile, etc., ont pu laisser ponctuellement des sols pollués. Il s’agit généralement d’anciens sites industriels, de stockage et de dépôts de déchets. L’existence de décharges brutes et dépôts sauvages de déchets est également susceptible de générer une pollution des sols, selon la nature des produits entreposés. Les boues d’épuration et industrielles peuvent contenir des éléments traces métalliques (cuivre, chrome, plomb, etc.), des micropolluants organiques (pesticides, HAP), des micro-organismes pathogènes et des polluants émergents (résidus pharmaceutiques, perturbateurs endocriniens). Cependant, un dispositif réglementaire prévoit d’analyser la teneur des boues en métaux avant tout épandage. Enfin, les éléments traces métalliques comme le cadmium, le chrome, le cuivre, le nickel, le plomb et le zinc, sont naturellement présents dans les sols mais proviennent également de contaminations locales liées à des activités industrielles, agricoles ou de transport. L’accumulation de ces éléments dans les sols et par conséquent dans les chaînes alimentaires peuvent dans certains cas porter préjudice à la santé humaine. Concernant le plomb, le trafic automobile était à l’origine de plus de 90 % des contaminations avant l’essence sans plomb. L’artificialisation et l’imperméabilisation des sols Les chapitres 3.1 sur les activités agricoles et forestières et 3.2 sur l’urbanisme, la consommation de l’espace et les transports abordent ces problématiques. L’artificialisation des sols résulte principalement de l’étalement urbain et de la construction d’infrastructures de transport. Ce phénomène conduit à plusieurs effets : perte de terres agricoles, ou forestières perte de milieux naturels, perturbation des écosystèmes, fragmentation des milieux, production d’eaux pluviales par imperméabilisation, perte de terres fines par ruissellement, risque de pollution accidentelle, etc.). L’imperméabilisation des sols fait que les sols ne jouent plus leur rôle épurateur pour les eaux, capteur de CO2 pour limiter le changement climatique, et les services rendus par les sols n’existent plus ; au contraire, leur imperméabilisation engendre des effets négatifs sur bon nombre de thématiques environnementales. L’usage des sols et le changement climatique L’artificialisation des sols ou la mise en culture d’une prairie provoque généralement un déstockage de carbone et des émissions renforcées de N2O. Aussi, certaines pratiques agricoles et forestières (fertilisation, absence de couverture du sol en hiver, travail du sol, etc.) peuvent affecter ces échanges de GES avec l’atmosphère et aggraver le phénomène de réchauffement climatique. Dans son rapport sur le bilan énergie et effet de serre en Auvergne-Rhône-Alpes, l’Observatoire Régional de l’Energie et des Gaz à Effet de Serre (OREGES) a calculé que le flux d’absorption net annuel

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 21 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes dû aux changements d’affectation des sols (entre 2006 et 2012) était de -237 kteqCO2/an (kilo tonne 1 équivalent CO2) . L’érosion des sols L’érosion des sols est un phénomène naturel qui correspond au décapage des particules de surface sous l’action du vent, de l’eau, de l’homme, etc. Elle peut provoquer, au final, une dégradation irréversible des sols et est souvent renforcée par l’action de l’homme (pratiques culturales, surpâturage, imperméabilisation, déforestation notamment). Le lien entre sols et carrières La pression exercée par les carrières recensées sur le territoire de l’aire urbaine de Chambéry est faible en surface et en nombre. Les surfaces autorisées vont encore diminuer dans un avenir proche (si d’autres ouvertures ou extensions ne sont pas autorisées). Dans la remise en état prévue, le sol est voué à devenir milieux naturels ou plans d’eau.

Figure 1 - Schéma du sol avant exploitation du gisement de granulats et après reconstitution

La première étape de production est le décapage du sol (ou découverte). Il s’agit de mettre à nu les niveaux à exploiter en retirant la terre végétale, les roches plus ou moins altérées et les niveaux stériles. Ces matériaux retirés sont conservés afin de servir lors de la remise en état du site après l’exploitation du gisement. La reconstitution d’un sol de qualité, permettant par exemple la reprise d’une activité agricole, requiert plusieurs conditions essentielles afin de conserver ses qualités physico-chimiques et biologiques (stockage court, manipulation en conditions suffisamment sèches, etc.). Certaines difficultés ont pu apparaître dans la culture de ces zones réaménagées : rendement aléatoire, zones de sols très compactés à l’origine de difficultés de manipulation des engins agricoles par temps de pluie, présence de mouillères, etc.2. La remise en état à vocation naturelle nécessite également de respecter la terre végétale pour reconstituer des milieux terrestres vivants.

1 OREGES, Bilan énergie et effet de serre en Auvergne-Rhône-Alpes, fiche bilan puits de carbone, décembre 2017 2 S. Vanpeene Bruhier, I. Delory. Réaménagement agricole des carrières de granulats : propositions d’amélioration de leur qualité pour une utilisation agricole durable. Ingénieries - E A T, IRSTEA édition 2000, p.33 - p. 43.

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1.1.4 La règlementation pour la préservation du sol et du sous-sol

La loi « biodiversité »3 reconnait la protection des sols d’intérêt général, en les intégrant au patrimoine commun de la nation (art. L.110-1 Code de l’Environnement). La loi Grenelle II4 a étendu l’outil d’arrêté de protection de biotope aux géotopes, afin d’interdire la destruction, l’altération ou la dégradation d’un site d’intérêt géologique et d’en protéger les fossiles (art. L.411-1 Code de l’Environnement). Certains engagements des Grenelles affectent l’activité extractive comme le l’utilisation plus rationnelle des ressources et l’utilisation de nouveaux matériaux, de matériaux recyclés. La loi de modernisation de l’agriculture et de la pêche5 prévoit une réduction de 50 % de la consommation des terres agricoles d'ici 2020. La feuille de route pour la transition écologique, publiée en 2012, indiquait vouloir freiner l'artificialisation des sols pour atteindre la stabilité à l'horizon 2025. Au niveau européen, l'objectif est l'arrêt du phénomène en 2050. Instituée par la loi n° 2001-44 du 17 janvier 2001 relative à l'archéologie préventive, la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) peut prescrire un diagnostic archéologique lorsque des travaux d’aménagement menacent de détruire des vestiges sur un terrain à fort potentiel archéologique. Selon les résultats du diagnostic, une fouille préventive peut être menée. Elles peuvent amener à la modification de la consistance du projet. La prise en compte des vestiges archéologiques dans le cadre d’une autorisation ICPE (notamment carrières) a des incidences sur le contenu de l’étude d’impact. L’autorisation d’exploiter doit être assortie des prescriptions nécessaires pour préserver ces vestiges, notamment en modifiant le périmètre d’exploitation. S’il n’est pas possible de concilier le projet d’exploitation avec la préservation des vestiges archéologiques, par exemple lorsque ceux-ci présentent un intérêt dans leur globalité, l’autorisation doit être refusée. La réglementation des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE) L’exploitation des ressources du sol et du sous-sol de la région est soumise à autorisation au titre de la réglementation ICPE pour une durée déterminée (30 ans au maximum). Cette autorisation intègre la remise en état des sites exploités une fois la période d’activité terminée. De plus, tout au long de la vie de l’exploitation, l’inspection des installations classées contrôle la mise en œuvre effective des mesures préventives et curatives de lutte contre les pollutions. La base de données BASOL, gérée par le ministère de la transition écologique et solidaire, inventorie les sites et sols pollués ou potentiellement pollués appelant une action des pouvoirs publics, à titre préventif ou curatif. L’archéologie préventive L’archéologie préventive consiste à détecter et à sauvegarder les éléments du patrimoine archéologique affectés ou susceptibles d'être affectés et dégradés ou détruits par les travaux d'aménagements. Cette opération est réalisée dans le cas d'aménagements ou d'ouvrages soumis à étude d'impact, n'importe où. La prise en compte des vestiges archéologiques dans le cadre d’une autorisation ICPE (notamment carrières) a des incidences sur le contenu de l’étude d’impact (prescriptions nécessaires pour préserver ces vestiges).

3 Loi n°2016-1087 du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages 4 Loi n°2010-788 du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement 5 Loi n°2010-874 du 27 juillet 2010 de modernisation de l’agriculture et de la pêche

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1.1.5 Les perspectives d’évolution des sols à l’échelle de l’aire urbaine

En attente des résultats de l’étude des ressources sur l’aire urbaine (richesse en matériaux ?) : mail. Pour compléter cette partie Thématique : « Les sols et sous-sols » Perspective d’évolution Situation actuelle sans mise en œuvre du SRC (Scénario de référence) Une aire urbaine à la topographie variée +/- Mais source de contraintes fortes en / matière d’aménagement Une problématique qui s’inscrit de plus Un taux d’imperméabilisation des sols en plus dans les réflexions mais une - très important, particulièrement dans le pression de l’urbanisation qui ne devrait grand pôle pas faiblir Une bonne connaissance de ces sites et Une trentaine de sites et sols pollués - sols et des actions de suivi et de gestion (dont 11 sur la commune de Chambéry) prescrites

1.1.6 Les enjeux environnementaux « sols et sous-sols »

Les enjeux majeurs relatifs aux sols et aux sous-sols sont donc : la protection des sols (érosion, pollution, artificialisation) ; l’utilisation rationnelle des ressources du sous-sol ; la préservation du patrimoine géologique.

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1.2 L’eau

1.2.1 Présentation générale

Une gestion de l’eau encadrée La Savoie est située sur le bassin hydrographique Rhône-Méditerranée-Corse (RMC), dont la gestion est encadrée par le Schéma Directeur d'Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) RM 2016-2021. L’aire urbaine de Chambéry ne comprend aucun SAGE sur son territoire. On y trouve cependant deux contrats de milieux qui concernent les bassins versants du lac du Bourget (2ème contrat 2011-2017, achevé) et de Guiers (2ème contrat 2012-2018). Une hydrographie autour de 3 bassins versants principaux L’hydrographie du territoire s’organise principalement autour de 3 bassins versants : - Lac du Bourget ; - Avant-pays savoyard (Leysse) ; - Combe-de-Savoie (Isère). L’aire urbaine déborde aussi très légèrement sur les bassins versants de Guiers-Aiguebelette et de l’Arc. Le bassin versant du lac du Bourget, d’importants enjeux portés par deux contrats de milieu successifs D'une superficie de 588 km², le bassin versant du lac du Bourget s'étend des contreforts de la montagne de l'Epine au plateau du Revard. Son réseau hydrographique, dense, est composé de 5 tributaires : - la Leysse (300 km2) ; - le Sierroz (133 km2) ; - le Tillet (50 km2) ; - le Grand Canal de Chautagne (42 km2) ; - le Belle-Eau (14 km2). La traversée des zones urbaines et l'artificialisation des berges, du fond et du tracé en plan des rivières ont considérablement appauvri leur diversité biologique déjà mise à mal par des pollutions intermittentes. Le lac est principalement alimenté au sud par les eaux de la Leysse, et, à l'est, par celles du Tillet et du Sierroz. Deux objectifs quantitatifs de gestion de la ressource en eau ont été définis dans le SDAGE 2016-2021 sur le Sierroz et la Leysse, conformément à la disposition 7-06. Un premier contrat de lac porté par le Comité Intersyndical pour l’Assainissement du lac du Bourget (CISALB) a été réalisé entre 2003 et 2009. Il a traité de la dépollution de l'eau, de la restauration des milieux aquatiques, de la gestion des crues, de l'action pédagogique et du suivi environnemental des milieux. A terme, c'est un budget de 80 millions d'euros qui a été engagé sur le territoire. Un second contrat a été poursuivi sur la période 2011-2017. Il déclinait les objectifs majeurs du SDAGE 2010-2015 sur le bassin versant du lac. Les enjeux du territoire ayant été traités dans le contrat sont : - Enjeu 1 : la restauration écologique des rivières ; - Enjeu 2 : la lutte contre la pollution par les substances dangereuses ; - Enjeu 3 : la lutte contre l’eutrophisation ; - Enjeu 4 : la restauration écologique du littoral ; - Enjeu 5 : la lutte contre la pollution par les pesticides ; - Enjeu 6 : la gestion de la ressource en eau ; - Enjeu 7 : la gestion des zones humides ; - Enjeu 8 : le plan de gestion du lac ; - Enjeu 9 : la lutte contre les plantes invasives ;

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- Enjeu 10 : la sensibilisation et la communication. Le lac bénéficie d’un cortège de protections règlementaires, il est par exemple classé zone humide Ramsar. Signataire de la Convention de Ramsar en 1971, la France a ratifié ce traité en 1986. Elle s’est alors engagée sur la scène internationale à préserver les zones humides de son territoire. A ce jour (février 2018), 48 sites Ramsar s’étendent sur une superficie de plus de 3,6 millions d’hectares, en métropole et en outre-mer. L’état des masses d’eau de surface : un état écologique majoritairement moyen sauf exceptions L’état des masses d’eau superficielle est déterminé selon les critères suivants : Tableau 4 - Détermination de l'état des masses d'eau superficielle Etat chimique (bon ou mauvais) 41 substances (NQE1) Etat écologique (très bon, bon / moyen, médiocre, mauvais) Biologie Chimie Hydromorphologie Physico-chimie : oxygène, nutriments, températures et Régime hydrologique acidification Paramètres : IBD2, IBGN3, Polluants spécifiques : IPR4 Continuité arsenic, chrome, cuivre, zinc, chlortoluron, oxadiazon, Morphologie linuron, 2.4D, 2.4MCPA 1 Normes de Qualité Environnementale (directives 2008/105/CE et 2013/39/CE) 2 Indice Biologique Diatomées 3 Indice Biologique Global Normalisé 4 Indice Poisson Rivière

Le tableau suivant résume les états écologique et chimique des cours d’eau traversant l’aire urbaine ; ils ont été évalués dans le cadre de l’élaboration du SDAGE 2016-2021. Tableau 5 - Etat écologique des cours d'eau de l'aire urbaine Chambéry (Source : Etat des lieux du SDAGE RM 2016-2021)

Sous Nature masse Etat bassin Code EU Libellé masse d'eau d'eau écologique Versant Arc et FRDR358 L'Arc de l'Arvan à la confluence avec l'Isère MEFM Médiocre massif du Mont- Cenis

FRDR11155 Ruisseau Saint-Pierre Masse d'eau Bon naturelle Avant pays FRDR11746 La Méline et la Lône Masse d'eau Moyen savoyard naturelle FRDR521 Le Flon Masse d'eau Moyen naturelle FRDR1168b Le Gelon en aval de sa confluence avec le Joudron MEFM Moyen FRDR354b Isère de l'Arly au Bréda MEFM Bon Combe de FRDR10107 Ruisseau l'ancien lit du Gelon Masse d'eau Bon Savoie naturelle FRDR12125 La Bialle Masse d'eau Moyen naturelle

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 26 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

FRDR10509 Ruisseau Gargot Masse d'eau Moyen naturelle FRDR11629 Ruisseau le Coisetan Masse d'eau Moyen naturelle FRDR11831 Ruisseau du Bondeloge Masse d'eau Médiocre naturelle Guiers FRDR514 Leysse de Novalaise - Nances Masse d'eau Moyen Aiguebelet naturelle te

FRDR526b Le Sierroz de la confluence avec la Deisse au lac du MEFM Moyen Bourget FRDR527b La Leysse de la Doriaz au lac MEFM Moyen FRDR11972 Le Nant de Petchi MEFM Moyen FRDR1491 Le Tillet MEFM Moyen

FRDR11387 Ruisseau le Merderet Masse d'eau Très bon naturelle FRDR11988 Ruisseau de Ternèze Masse d'eau Très bon naturelle FRDR527a La Leysse de la source à la Doriaz Masse d'eau Bon naturelle Lac du FRDR11021 Ruisseau de la Mère Masse d'eau Bon Bourget naturelle FRDR1487 L'Hyère Masse d'eau Bon naturelle FRDR526a Le Sierroz de la source à la confluence avec la Deisse Masse d'eau Moyen et la Deisse naturelle FRDR528 L'Albanne Masse d'eau Moyen naturelle FRDR11051 Ruisseau Nant Bruyant Masse d'eau Moyen naturelle FRDR529 Ruisseau de Belle Eau Masse d'eau Médiocre naturelle FRDR11672 le Torne Masse d'eau Médiocre naturelle

Les masses d’eau fortement modifiées (MEFM), au sens de la directive cadre sur l'eau, sont les masses d’eau sur lesquelles s’exercent une ou plusieurs activités dites spécifiées, qui modifient substantiellement les caractéristiques hydromorphologiques originelles de la masse d’eau, de telle sorte qu’il serait impossible d’atteindre le bon état écologique sans induire des incidences négatives importantes sur cette activité. Deux masses d’eau naturelles s’illustrent par leur très bon état écologique sur le bassin versant du lac du Bourget : le ruisseau de Ternèze et le Merderet. Le ruisseau de Ternèze est un affluent de la Leysse en rive gauche. Il prend sa source au-dessus du col du Marocaz sur la commune de la Thuile. Il s’écoule paisiblement jusqu’au hameau du Boyat, puis prend un caractère plus torrentueux avant de rejoindre la Leysse en dessous du village de Curienne. Avec près de 12 km de linéaire, il constitue d’ailleurs en longueur le 3ème affluent de la Leysse après l’Hyères et l’Albanne6. Le ruisseau le Merderet, aussi appelé

6 Sandre Portail d’accès aux référentiels sur l’eau Fiche Cours d’eau

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 27 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes ruisseau de Morge est un affluent du Guiers en rive droite. Il prend sa source à environ 1000 m d’altitude sur le versant ouest de la Montagne de l’Epine. Il traverse notamment les communes d’Attignat-Oncin, Saint-Franc et de . Il se jette dans le Guiers juste en amont des Gorges de Chailles, sa longueur est d’environ 8 km7.Erreur ! Liaison incorrecte.L’état écologique a été évalué médiocre pour trois ruisseaux : le Bondeloge, Belle Eau et Torne. Le ruisseau de Bondeloge, appartient au bassin versant Combe de Savoie. Il est rattaché à la ZNIEFF de type 1 « Marais sur le ruisseau de Bondeloge », qui a longtemps souffert d’une déconnexion avec le cours d’eau. Prenant sa source sous le col du Granier en Chartreuse (commune d’Apremont) et se jetant dans l’Isère (commune de Francin), le ruisseau du Bondeloge assure une connexion entre les corridors biologiques « Bauges-Chartreuse » et « Chartreuse-Belledonne », ayant chacun fait l’objet d’un contrat de territoire en 2009-2014. Le contrat de territoire est un dispositif créé en 2006 par le Conseil Régional destiné à soutenir des acteurs locaux dans la conduite de projets opérationnels visant à préserver ou restaurer la connectivité écologique d’un territoire. Les actions des contrats de territoire ont œuvré notamment pour la renaturation des berges du Bondeloge amont. Le marais du Bondeloge, véritable clé de voute entre les deux massifs, a aussi fait l’objet d’une restauration et d’une valorisation pédagogique par le Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie8. Le ruisseau de Belle Eau traverse les communes Le Bourget-du-Lac, la Motte-Servolex, Viviers-du-Lac et Voglans, son affluent est le ruisseau de la Vie9. Il a souffert par le passé des rejets agricoles, des rejets de l’aéroport, ainsi que de la rectification de son lit10. Le ruisseau de la Torne traverse les communes de Hermillon, et Saint-Jean-de-Maurienne, il est un affluent de la rivière l’Arc11. Ce cours d’eau a subi différentes opérations d’aménagement du chenal au niveau de Saint-Jean-de-Maurienne. L’Isère de Arly au Bréda et le ruisseau Belle Eau sont les seuls cours d’eau dont l’état chimique est mauvais. En ce qui concerne les plans d’eau dont l’état a été évalué, le lac d’Aiguebelette bénéficie d’un bon état écologique et chimique. Le lac du Bourget possède lui aussi un bon état chimique, en revanche, son état écologique est moyen.

7 Sandre Portail d’accès aux référentiels sur l’eau Fiche Cours d’eau 8 Contrats de territoire Corridors biologiques Bauges Chartreuse Belledonne 9 Annuaire Mairie le ruisseau de Belle Eau 10 Qualité des cours d’eau du bassin versant du lac du Bourget 11 Annuaire Mairie le ruisseau de la Torne

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 28 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

Carte 5 - Etat écologique des masses d'eau de surface

L’état quantitatif et chimique des masses d’eau souterraines : des résultats bons12 L’aire urbaine est située sur les 10 masses d’eau suivantes : - Alluvions de l'Isère Combe de Savoie et Grésivaudan + Breda (FRDG314) ; - Alluvions de l’Arc en Maurienne (FRDG308) - Calcaires et marnes du massif des Bauges (FRDG144) ; - Calcaires et marnes du massif de la Chartreuse (FRDG145) ; - Domaine plissé BV Isère et Arc (FRDG406) ; - Molasses miocènes du Bas Dauphiné entre les vallées de l'Ozon et de la Drôme (FRDG248) ; - Formations variées de l'Avant-Pays savoyard dans BV du Rhône (FRDG511) ; - Alluvions de la plaine de Chambéry (FRDG304) ; - Alluvions Rhône marais de Chautagne et Lavours (FRDG330) ; - Formations quaternaires en placage discontinus du Bas Dauphiné et terrasses région de Roussillon (FRDG350). A l’exception des Molasses miocènes du Bas Dauphiné entre les vallées de l’Ozon et de la Drôme et des Formations quaternaires en placage discontinus du Bas Dauphiné et terrasses région de Roussillon, dont l’état chimique a été évalué médiocre, toutes les masses d’eau souterraines affichent un bon état chimique. Les pressions sur l’état chimique des deux masses d’eau souterraine n’atteignant par le bon état chimique proviennent de l’agriculture et de l’amendement en nitrates et pesticides. Pour les Molasses miocènes du Bas Dauphiné entre les vallées de l’Ozon et de la Drôme, l’irrigation agricole y représente plus de 38,8 % des prélèvements en eau, tandis qu’elle n’excède généralement pas les 3 % pour les autres masses d’eau.

12 Système d’information sur l’eau

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 29 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

Carte 6 - Etat chimique des masses d'eau souterraines

Le bon état quantitatif est atteint pour l’ensemble des masses d’eau souterraine excepté pour les alluvions Rhône marais de Chautagne et de Lavours, dont une toute petite partie se trouve sur l’aire urbaine au nord. L’alimentation en eau potable représente le premier poste de consommation d’eau de ces masses et s’élève à 84,8% du prélèvement total des aquifères. Les données prélèvements de l’Agence de l’eau enregistrent également des prélèvements pour les carrières sur deux des aquifères : 188 600 m3 pour les alluvions de l'Isère Combe de Savoie et Grésivaudan (2,9% du volume) ; 24 000 m3 pour le domaine plissé BV Isère et Arc (0,1 % du volume) et enfin 43 300 m3 pour les formations variées de l'Avant-Pays savoyard dans BV du Rhône (0,2 % du volume). Par ailleurs, les alluvions de l’Isère Combe de Savoie et Grésivaudan (FRDG314) est très sollicitée pour l’alimentation en potable (3 744 500 m3 prélevés, soit 56,7 % de ses prélèvements).

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 30 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

Carte 7 - Etat quantitatif des masses d'eau souterraine

La consommation d’eau en Savoie

Figure 2 - Consommation et usage de l'eau en Savoie (Source : BNPE)

La consommation d’eau en Savoie (hors énergie) se répartit de la manière suivante : 55,3 % destiné à l’alimentation en eau potable et 41,1 % utilisé par l’industrie. La ressource est principalement d’origine souterraine (68,5 %). Certaines ressources sous pression quantitative Des enjeux quantitatifs importants se jouent au sein de l’aire urbaine. En effet, le SDAGE Rhône- Méditerranée 2016-2021 a identifié la nappe alluviale de Chambéry comme une masse d’eau affleurante nécessitant des actions de résorption du déséquilibre relatives aux prélèvements pour l’atteinte du bon état quantitatif. De plus, les bassin versants du Lac du Bourget et de la Leysse sont identifiés comme des sous bassins versants sur lesquels des actions de résorption du déséquilibre relatives aux prélèvements pour l’atteinte du bon état. Celui de l’Isère, au sein de l’aire urbaine, est un sous bassin pour lequel des actions de préservation de l’équilibre quantitatif relatives aux prélèvements sont nécessaires.

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 31 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

Ce déséquilibre s’est traduit par le classement de plusieurs communes en Zone de Répartition des Eaux (cf. partie 1.2.3). Trois études de détermination des volumes prélevables ont été menées sur les bassins versants du Tillet (décembre 2012), du Sierroz (juillet 2013) et de la Leysse (juillet 2013). Les zones humides nombreuses et diversifiées Les zones humides, définies comme « les terrains, exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d’eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire ; la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l’année » (art. L.211-1 du Code de l’Environnement) sont nombreuses sur le territoire. Outre leur fonction écologique, les zones humides assurent également une fonction de régulation des crues (ralentissement des ruissellements, surfaces propices à l’expansion des crues…) et de préservation de la ressource en eau (soutien du débit des cours d’eau en étiage, préservation de la qualité des eaux). Elles peuvent également présenter des fonctions socio-économiques (usage agricole, espace de découverte, paysage). Le premier inventaire des zones humides du département réalisé par le Conservatoire d’Espaces Naturels a été rendu public le 22 février 2010. L’inventaire a été actualisé en 2015 à l’occasion de l’élaboration du nouveau SDAGE (2016-2021). Parmi les zones humides ayant été mises en évidence sur le territoire de l’aire urbaine, on peut trouver : - des marais (ex : plaine du Gelon ; marais de de la Bialle ; marais du Coisin et Coisetan du lac Sainte-Hélène…) ; - des bois humides (ex : forêt alluviale de la Combe ; bois humides de Tchnenolac ; bois humides des Bauches…) ; - des prairies humides (celles de la Croix Verte et des Timonnières) et inondables (prairies inondables du Mont).

1.2.2 Les carrières et l’eau

Les carrières peuvent présenter des impacts sur la ressource en eau (perturbation des écoulements et risques de pollutions) et sur les écosystèmes qui y sont associés. Historiquement, les extractions dans le lit mineur des cours d’eau ont eu des impacts importants sur ceux-ci, en provoquant notamment des ruptures de leur profil d’équilibre avec diverses conséquences (abaissement du lit et des nappes, érosion, instabilité des ouvrages d’art, etc.). C’est pourquoi l‘arrêté du 22 septembre 1994 a interdit les extractions de matériaux dans le lit mineur ainsi que les exploitations de carrières de granulats au sein de l'espace de mobilité du cours d'eau. Aujourd’hui, les carrières présentant le plus de risques pour la ressource en eau sont celles de granulats alluvionnaires situées dans les vallées fluviales à proximité des cours d’eau. En cours d’installation et d’exploitation, des impacts potentiels peuvent survenir sur la nappe alluviale (mise à nu, abattement) ou sur l’hydromorphologie du cours d’eau (modification de la topographie, espace de liberté). D’autres risques sont présents comme le rejet de matières en suspension, la vulnérabilité de la nappe mise à nu aux pollutions, etc. En fin d’exploitation, selon les conditions de réaménagement du site, les impacts pourront être positifs (comme la création de zones humides par exemple) ou négatifs. Dans l’aire urbaine, deux sites de carrières se situent au sein du lit majeur de l’Isère. Enfin, l’eau est utilisée dans le processus de production, notamment pour l’étape de lavage et le fonctionnement des installations. Cette eau est souvent utilisée en circuit fermé (UNICEM). La charte de l’environnement de l’UNICEM prévoit le recyclage des eaux de procédé ainsi que l’adoption de mesures spécifiques en prévention des pollutions accidentelles des eaux.

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 32 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

Une étude de l’UNPG13 a déterminé la quantité d’eau nécessaire pour la production d’une tonne de granulats : Tableau 6 - Consommation d’eau pour la fabrication d'une tonne de granulats, impacts potentiels (Source : UNPG)

Roche meuble Roche massive Recyclage Consommation d’eau 279 27,6 48 (en litre)

Sur le bassin de la Leysse, la carrière située au Bourget-du-Lac prélève directement sur le nant de Varon. L’exploitation satisfait ses besoins en eau à partir d’un réseau en circuit fermé, mais l’évaporation et les diverses pertes sont compensées par un prélèvement dans le cours d’eau (environ 230 m3 mensuel en moyenne). Toutefois, considérant la faiblesse de ce prélèvement et le caractère isolé de son usage, il n’a pas été intégré au bilan quantitatif du bassin versant de la Leysse issu de l’étude des volumes prélevables. L’étude recommande à ce prélèvement d’éviter les périodes d’étiage. Les autres études ne font pas mention de prélèvement à destination de carrière.

1.2.3 La règlementation et les dispositifs de connaissance, de suivi ou d’action

Au niveau européen, la directive 2000/60/CE du 23 octobre 2000 établissant un cadre pour une politique communautaire dans le domaine de l’eau (DCE), ainsi que ses Directives filles, constituent le cadre de référence en matière de gestion de l’eau au niveau européen. Elle définit un cadre pour la gestion et la protection des eaux par grand bassin hydrographique dans une perspective de développement durable. Ses grands principes sont : - la fixation d’objectifs par masse d’eau ; - une gestion par bassin versant ; - une planification et une programmation avec une méthode de travail spécifique et des échéances ; - une analyse économique des modalités de tarification de l’eau et une intégration des coûts environnementaux ; - une consultation du public. D’autres directives européennes comme la Directive sur les Eaux Résiduaires Urbaines (DERU)14 et la Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin (DCSMM)15 apportent des objectifs pour des usages ou des milieux spécifiques liés à la ressource en eau. En France, de nombreux textes législatifs encadrent la gestion et la préservation de la ressource et de ses usages, à commencer par les différentes lois sur l’eau de 1964, 1992 et 2006. Ces lois instituent notamment l’eau comme « patrimoine commun de la nation. Sa protection, sa mise en valeur et le développement de la ressource utilisable, dans le respect des équilibres naturels, est d’intérêt général. »16. Les lois « Grenelle I »17 et « Grenelle II » apportent également des éléments en faveur de la protection des eaux (économies d’eau, atteinte des objectifs DCE, réduction des déchets flottants, etc.). Enfin, d’autres législations et politiques publiques, dont les objets sont plus éloignés de l’eau, participent également à sa préservation comme la loi de transition énergétique pour la croissance

13 Evaluation des impacts environnementaux potentiels de la production de granulats en France, 2011, UNPG 14 Directive n°91/271 du 21 mai 1991 relative au traitement des eaux urbaines résiduaires 15 Directive n°2008/56/CE du 17 juin 2008 établissant un cadre d’action communautaire dans le domaine de la politique pour le milieu marin 16 Article 1er de la Loi n°92-3 du 3 janvier 1992 sur l’eau 17 Loi n°2009-967 du 3 août 2009 de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 33 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes verte (LTECV)18 sur l’interdiction de l’utilisation des pesticides en zone non-agricole d’ici 2022 et la loi sur la biodiversité introduisant l’interdiction d’utilisation de la plupart des néonicotinoïdes d’ici le 1er juillet 2020. L’arrêté modifié ministériel du 22 septembre 1994 L’article 11 de l’arrêté interdit les extractions de matériaux dans le lit mineur des cours d’eau et dans les plans d’eau traversés par des cours d’eau. De plus, les exploitations de carrière de granulats sont interdites dans l’espace de mobilité d’un cours d’eau. La distance minimale séparant les limites de l'extraction des limites du lit mineur des cours d'eau ou des plans d'eau traversés par un cours d'eau est fixée par l’arrêté d’autorisation de la carrière, mais ne peut être inférieure 50 mètres vis-à-vis des cours d'eau ayant un lit mineur d'au moins 7,50 mètres de largeur. Elle ne peut être inférieure à 10 mètres vis-à-vis des autres cours d'eau. Enfin, lors des exploitations de carrières dans la nappe phréatique, le pompage de la nappe phréatique pour le décapage, l'exploitation et la remise en état des gisements de matériaux alluvionnaires est interdit, sauf autorisation expresse sur la base de l’étude d’impact. Le Schémas Directeurs d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) Le SDAGE, sur un grand bassin hydrographique (six en France métropolitaine), est le document de planification dédié à l’atteinte des objectifs de la DCE. Ils sont appliqués pendant 6 ans, suivant les échéances fixées par la DCE (2010-2015, 2016-2021, 2022-2027). Le SDAGE est accompagné d’un Programme de Mesures (PDM) qui décrit les actions opérationnelles à réaliser pour atteindre les objectifs du SDAGE au niveau de chaque bassin. Le SDAGE en vigueur sur l’aire urbaine est celui de Rhône-Méditerranée. Le SDAGE fixe des dispositions dans le cadre des carrières, particulièrement en lit majeur. Les Zones de Sauvegarde pour l’alimentation en eau potable Les zones de sauvegarde pour l’alimentation en eau potable (actuelle et future) sont des portions d’aquifère, de cours d’eau et de lacs stratégiques pour l’alimentation en eau potable. Leur forte potentialité (bonne qualité, exploitables, importantes en quantité, bien localisées) ou leur forte exploitation actuelle amène le besoin de les sauvegarder et d’y mettre en place des plans d’actions afin d’assurer la consommation en eau des populations futures. L’aire urbaine de Chambéry présente une zone de sauvegarde : les alluvions de la plaine de Chambéry (FRDG304). Cette nappe, exploitée par quatre puits principaux, permet d’alimenter en eau potable l’agglomération chambérienne dans sa quasi-totalité. Elle a été désignée comme nappe à sauvegarder du fait de son usage AEP primordial et de sa vulnérabilité quantitative (ressource principale de substitution/secours de secteurs quantitativement et qualitativement sensibles alimentés par des ressources gravitaires)19. Aucune carrière en exploitation ne se situe au droit de cette nappe stratégique. Les contrats de milieux (généralement de rivière, de lac ou de nappe) Les contrats de milieux sont des accords techniques et financiers entre acteurs de la gestion de l’eau pour une gestion globale, concertée et durable à une échelle locale et cohérente. C’est un programme d’actions volontaires et concertées sur 5 ans avec un engagement financier contractuel.

18 Loi n°2015-992 de transition énergétique pour la croissance verte du 18 août 2015 19 Etude de risques et de protection de la nappe de Chambéry - Délimitation des secteurs de sauvegarde en tant que ressource stratégique pour l’eau potable, Chambéry métropole, 2017

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Les contrats de milieu du territoire sont aujourd’hui achevés. Il s’agissait du contrat du bassin versant du Lac du Bourget (2011-2017), et le contrat du bassin Guiers-Aiguebellette (2012-2018). Les Zones de Répartition des Eaux (ZRE) Les ZRE sont définies comme des « zones présentant une insuffisance, autre qu'exceptionnelle, des ressources par rapport aux besoins » (article R.211-71 du Code de l’Environnement). Elles peuvent comprendre des bassins, des sous-bassins, des fractions de sous-bassins hydrographiques ou des systèmes aquifères et sont déterminées par arrêté du Préfet coordonnateur de bassin. Ce classement permet d’assurer une gestion plus fine et renforcée des prélèvements, d’abaisser les seuils d’autorisation et d’initier des démarches de connaissance et de réduction des volumes prélevés (étude d’évaluation des volumes prélevables, plan de gestion quantitative des ressources en eau, etc.). En tant qu’ICPE, les carrières doivent participer à la réduction des volumes prélevés dans la zone définie. L’aire urbaine de Chambéry contient une Zone de Répartition des Eaux pour les eaux superficielles et les eaux souterraines associées. Dix communes sont concernées sur le bassin versant de la Leysse et celui du Sierroz (arrêté préfectoral du 29 mai 2015). Tableau 7 - Communes classées en zone de répartition des eaux

Leysse Sierroz

Le Bourget du Lac Grésy-sur-Aix

La Motte Servolex Le Montcel

Saint-Sulpice Saint-Offenge

Vimines Trévignin

Cognin

Deux sites de carrières sont concernés par ce classement (Grésy-sur-Aix et Le Bourget-du-Lac). Plans et programmes Par ailleurs, certains plans et programmes dont l’objet n’est pas directement lié à l’eau auront cependant des effets sur celle-ci. Le plan Ecophyto II, par exemple, vise la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires de 25 % d’ici 2020 puis de 50 % à l’horizon 2025. D’autre part, le Plan National Santé Environnement et les Plans Régionaux d’Agriculture Durable (PRAD) ambitionnent une utilisation raisonnée des produits phytosanitaires. Le PRAD Rhône-Alpes, approuvé le 24 février 2012, a pour objectif de « optimiser l’utilisation de l’eau en agriculture et développer les pratiques économes en eau » et de « concourir à la qualité de l’eau en améliorant les pratiques et en développant des programmes d’actions concertés » (objectifs 4 et 9). Celui d’Auvergne, approuvé le 28 mars 2012, vise à « contribuer à l’amélioration de la qualité de l’eau tout en optimisant les charges liées aux engrais et en valorisant les sous-produits » et à « optimiser le stockage et l’utilisation de la ressource en eau dans les exploitations agricoles et les industries agroalimentaires » (actions II.8 et III.11). Enfin, depuis sa réforme de 2003, la Politique Agricole Commune (PAC) soumet ses aides à l’écoconditionnalité, notamment au respect des bonnes conditions agricoles et environnementales (bande tampon d’une largeur de 5 m le long des cours d’eau, couverture minimale des sols en zone vulnérable, maintien des haies, des bosquets et des mares, etc.).

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1.2.4 Les perspectives d’évolution de l’eau à l’échelle de l’aire urbaine

Thématique : « Eau » Perspective d’évolution Situation actuelle sans mise en œuvre du SRC (Scénario de référence)

Un territoire au patrimoine fortement lié Une gestion de ces milieux, avec à l’eau avec deux milieux aquatiques + notamment des contrats de milieux et exceptionnels : les lacs du Bourget et des protections mises en place d’Aiguebelette Ambitions du programme de mesures du Une forte proportion de cours d’eau - SDAGE et réalisations des deux contrats n’atteignant pas le bon état de milieux du territoire Des cours d’eau de vallée ayant subi des - aménagements historiques importants / (endiguement par exemple) Les sécheresses dues au changement Des problématiques quantitatives sur climatique risquent d’accroitre les - certaines nappes et bassins versants en tensions sur la ressource et de dégrader tension l’état écologique et chimique

1.2.5 Les enjeux environnementaux « eau »

Les enjeux majeurs relatifs à l’eau sont donc : la prise en compte de l’objectif de bon état écologique des cours d’eau ; la préservation de l’alimentation en eau potable depuis les alluvions de l’Isère et de la plaine de Chambéry.

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1.3 Le climat et le changement climatique

1.3.1 Présentation générale

Le climat de l’aire urbaine, située en basse vallée, est très influencé par son relief marqué, qui lui confère de fortes amplitudes de températures entre l’hiver et l’été, caractéristiques du climat continental. Les versants, les formes du paysage, et des entités tel le lac du Bourget sont à l’origine de micro-climats. On observe ainsi une nette différence des précipitations annuelles entre les massifs et les vallées (carte 8). Le rayonnement global annuel est moyen, de l’ordre de 1300 kWh/m2.

Carte 8 - Pluviométrie et ensoleillement sur la région Auvergne-Rhône-Alpes (Source : Panorama agricole Auvergne-Rhône- Alpes, DRAAF AuRA) Une station météorologique suit le climat à Chambéry. Sur la période 1981-2010, la température minimale moyenne est de 6,5 °C, celle maximale est de 16,5 °C. Les hauteurs de précipitations sont en moyenne de 1 221 mm par an (116,6 jours de précipitation)20.

20 Météo France

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Figure 3 - Normales mensuelles à la station de Chambéry (Source : Météo France)

1.3.2 Un changement climatique en cours

Eléments de contexte Le changement climatique est un phénomène global provoqué par une augmentation trop importante de la concentration dans l’atmosphère des Gaz à Effet de Serre (GES) liée à des activités humaines. Les trois principaux GES, représentant plus de 95 % des émissions, sont le gaz carbonique (CO2), le méthane i (CH4) et le protoxyde d’azote (N2O). Trois autres GES sont réglementés par le protocole de Kyoto : il s’agit de trois gaz fluorés (le chlorofluocarbone (CFC), l’hydrofluocarbone (HFC), l’hexafluorure de Soufre (SF6)). A un niveau global, les teneurs élevées en GES rompent l’équilibre thermique sur Terre. Dans son 5ème rapport de septembre 2013, le Groupe d’experts Internationaux sur l’Evolution du Climat (GIEC) souligne qu’au niveau mondial, la température moyenne de la surface s’est élevée de 0,85°C entre 1880 et 2012. La vitesse de ce réchauffement est sans équivalent depuis plusieurs milliers d’années. Quel que soit le scénario envisagé, les scientifiques du GIEC prévoient une intensification de ces phénomènes. Les Figure 4 - Ecart à la moyenne 1961-1990 (11,8 °C) de la changements sont certains mais les température moyenne annuelle en France (Source : Météo France) contours et l’ampleur sont encore imprécis. Les conséquences sont multiples, notamment pour l’environnement : acidification des océans, fonte des glaces, augmentation du niveau des mers, augmentation de la fréquence des phénomènes climatiques extrêmes, saisons perturbées, etc. Le changement climatique sur l’aire urbaine Le Plan climat énergie territorial (PCET) Savoie est un outil opérationnel pour la mise en application des orientations internationales et nationales de lutte contre le changement climatique. Adopté le 24 juin 2013, son engagement phare d’ici 2020 est la réduction des émissions de gaz à effet de serre de -

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20 % par rapport à l’année de référence (2011) pour les activités patrimoine et services de la collectivité. Il se conjugue aux objectifs non quantifiés de sobriété et d’efficacité énergétique et de production d’énergies renouvelables. D’après le PCET, le département pourrait connaitre les évolutions suivantes : - températures : augmentation moyenne de +1 °C en hiver et +1,5 °C en été à l’horizon 2030 (+1,8 et +2,8 °C en 2050 / +2,5 et +4 °C en 2070) ; - précipitations : en 2050, +10 % en hiver et -20 % en été et en 2070, -30 % en été et baisse en automne ; - enneigement et altitude moyenne de la limite pluie-neige : quels que soient les scénarios et projections réalisés à partir des observations actuelles, une diminution importante de l’enneigement est à envisager à basse et moyenne altitude et plus particulièrement en fin de saison hivernale (globalement, l’épaisseur de neige diminuerait de 40 % dans les Alpes du Nord d’ici 2050) ; - devenir des glaciers alpins : quels que soient les scénarios et projections réalisées à partir des observations actuelles, la plupart des petits glaciers sont amenés à disparaitre d’ici la fin du siècle avec les incidences que cela devrait entrainer sur l’alimentation des réseaux hydrologiques de surface et les aquifères de montagne. Le changement climatique a déjà commencé. Des profils climats territoriaux ont été réalisés pour les EPCI soumis à un Plan Climat Air Energie Territoire d’ici fin 2018. Sur l’aire urbaine, ces EPCI sont la communauté d’agglomération Grand Lac ; la communauté de communes Cœur de Savoie et la communauté d’agglomération Grand Chambéry. La station de référence représentative du climat de ces trois territoires, située à Cran-Gevrier, a révélé que les températures moyennes annuelles ont augmenté de +1,7°C entre 1945 et 2016. La station de mesure météorologique du réseau de Météo France, située à Thônes, a enregistré une augmentation de la moyenne des températures maximales de l’ordre de +2,1°C entre 1951 et 2016. Ces changements ont d’ores et déjà des conséquences importantes sur l’ensemble des écosystèmes et de la société : dégradation de la qualité de l’air, raréfaction de la ressource en eau, impacts sur la biodiversité, augmentation de la vulnérabilité des personnes fragiles vis-à-vis de la chaleur, etc. Sols et Gaz à Effet de Serre (GES) Les échanges de GES entre le sol et l’atmosphère sont continus. Le sol peut agir comme puits (captage) ou source (relargage) selon l’usage du sol et les conditions d’utilisation. Les sols constituent ainsi un immense réservoir de carbone (évalué à 3 à 4 milliards de tonnes en France métropolitaine) et contribuent très fortement aux émissions de protoxyde d’azote (N2O) via la fertilisation azotée.

1.3.3 Les carrières et le changement climatique

Les impacts des carrières en lien avec le changement climatique sont fortement liés à la consommation d’énergie (cf. partie 2.5) : transport, traitement des matériaux, etc. Ainsi, les émissions de GES peuvent se présenter sous deux formes : - les émissions directes : émissions liées aux combustibles et carburant, émissions issues de la biomasse (changement d’occupation du sol) ; - les émissions indirectes : consommation d’électricité, achats de produits ou services, immobilisation de biens, fin de vie des déchets, déplacements professionnels ou domicile- travail, transport des visiteurs et des clients, etc. Les émissions sont ainsi très variables d’un site à l’autre, en fonction des ressources extraites, des équipements utilisés, des trajets effectués, etc. Toutefois, l’étude de l’UNPG indique les émissions suivantes pour la fabrication d’une tonne de granulats :

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Tableau 8 - Emission de GES pour la fabrication d'une tonne de granulats, impacts potentiels (Source : UNPG)

Roche meuble Roche massive Recyclage Emission de GES 2,30 2,57 2,96 (en kgeqCO2)

Les émissions de gaz à effet de serre plus importantes pour la production d’une tonne de granulat recyclé s’expliquent en partie par la plus grande émission par la consommation d’énergie nécessaire à cette production. En effet, le processus de recyclage nécessite l’utilisation d’une quantité de diesel bien plus importante (5,62 l/t) que pour les autres processus de production (ces derniers s’appuyant davantage sur l’électricité). L’ajout d’un transport routier de la tonne produite sur 19 km double la quantité de GES émise. Une autre source d’émission de GES réside dans l’installation d’une carrière à la suite de la découverte d’un gisement. En effet, l’étape de décapage, mettant à jour le gisement permettant son exploitation, conduit à défricher la végétation et à retirer la terre végétale superficielle. Or, ces dernières capturent et retiennent du carbone. Cependant, la remise en état du site après exploitation avec la terre végétale retiré atténue ce phénomène. Afin d’agir en faveur de la lutte contre le changement climatique, l’UNICEM a mis en place des outils comme la charte de l’environnement. Elle propose différentes actions : organisation de formations à l’efficacité énergétique, à la réalisation de bilans de GES ou encore à l’analyse du cycle de vie. De plus, les carrières sont généralement placées, dans la mesure du possible, à proximité des besoins (distance moyenne parcourue sur route en France par les granulats de 33 km21). L’ensemble des carrières de l’aire urbaine utilisent le transport routier exclusivement pour la livraison des marchandises aux lieux de besoin.

1.3.4 La règlementation et les dispositifs de connaissance, de suivi ou d’action

La LTECV vise à engager la France dans une démarche de lutte contre le dérèglement climatique et de préservation de l’environnement, indispensable au respect de ses engagements internationaux. Elle souhaite également renforcer l’indépendance énergétique du pays. Concernant les émissions de GES, la loi porte comme objectif leur réduction de 40 % à l’horizon 2030 et leur division par quatre d’ici 2050 (par rapport à 1990). Plusieurs leviers sont activés pour l’atteinte des objectifs : rénovation du parc de bâtiments existants, amélioration des performances énergétiques et environnementales des bâtiments neufs, développement des transports propres, lutte contre le gaspillage et promotion de l’économie circulaire, développement des énergies renouvelables, renforcement de la sûreté nucléaire, simplification des procédures et lutte contre la précarité énergétique. Le Plan Climat de la France et la Stratégie Nationale Bas-Carbone Présenté en juillet 2017 en réponse aux accords de Paris, le Plan Climat de la France fixe de nouveaux objectifs plus ambitieux pour le pays. Il vise la neutralité carbone à l’horizon 2050. Sur cette base, la Stratégie Nationale Bas-Carbone donne les orientations stratégiques pour mettre en œuvre, dans tous les secteurs d’activité, la transition vers une économie bas-carbone et durable. La France s'est engagée, avec cette stratégie, à réduire de 75 % ses émissions GES à l'horizon 2050 par rapport à 1990. Schéma Régional Climat Air Energie (SRCAE) et projet de Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Egalité des Territoires (SRADDET)

21 Didier Riou, président de l’UNICEM, Le Moniteur, 30 mai 2013

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La loi NOTRe22 a fait évoluer le cadre réglementaire des différents schémas régionaux ayant attrait au climat, à l’énergie, à la gestion des déchets, aux trames vertes et bleues, etc. en les regroupant au sein d’un même document : le SRADDET (article 10), dont le périmètre est plus large et la structuration différente. Les régions doivent avoir adopté leur schéma d’ici fin juillet 2019. Ce schéma fixe les objectifs de moyen et long termes sur la région en matière d’équilibre et d’égalité des territoires, d’implantation des différentes infrastructures d’intérêt régional, de désenclavement territorial, d’habitat, de gestion économe de l’espace, d’intermodalité et de développement des transports, de maîtrise et de valorisation de l’énergie, de lutte contre le changement climatique, de pollution de l’air, de protection et de restauration de la biodiversité, de prévention et de gestion des déchets. Aujourd’hui, le territoire compte deux SRCAE en application, celui de l’Auvergne et celui de Rhône- Alpes. Afin d’agir pour l’atténuation du changement climatique, la région Auvergne a établi l’objectif de réduction de 15 % des émissions de GES (par rapport à 2007) à l’horizon 2020. La région Rhône- Alpes, quant à elle, s’est engagée sur une réduction de 34 % des GES (par rapport à 2005) sur la même échéance. Les Plan Climat Air Energie Territoriaux (PCAET) Au niveau local, les PCAET (anciennement Plans Climat-Energie Territoriaux (PCET)) exposent les stratégies des collectivités pour le climat, l’air et l’énergie sur leur territoire. L’élaboration du plan est obligatoire pour les collectivités territoriales de plus de 20 000 habitants d’ici le 31 décembre 2018 (sans délais pour celles de plus de 50 000 habitants). L’objectif est d’agir localement pour l’atténuation et l’adaptation de la collectivité au changement climatique par la réduction des émissions de GES et la réduction de la consommation d’énergie notamment. Afin de disposer des connaissances nécessaires à la réalisation de ce plan, les collectivités territoriales de plus de 50 000 habitants, mais également l’Etat, les entreprises de plus de 500 salariés et les établissements publics de plus de 250 salariés doivent réaliser un Bilan des Emissions de Gaz à Effet de Serre (BEGES). L’aire urbaine de Chambéry compte trois PCAET, ils se situent sur les intercommunalités de Grand Chambéry (en cours de mise en œuvre), du Grand Lac et de Cœur de Savoie (tous deux en cours d’élaboration). Le conseil départemental de la Savoie était par ailleurs concerné par l’obligation de réaliser un PCET23 avant le 31 décembre 2012. Bien que la loi de transition énergétique pour la croissance verte ait réformé les PCET, il poursuit l’animation de son plan jusqu’à son terme (2020). L’Observatoire Régional des Effets du Changement Climatique (ORECC) et l’Observatoire Régional de l’Energie et des Gaz à Effet de Serre (OREGES) Le SRCAE Rhône-Alpes a défini le besoin d’améliorer et de diffuser la connaissance sur le climat, ses évolutions et ses effets comme une orientation prioritaire. Ainsi, a été créé l’ORECC en 2013. L’union des régions Rhône-Alpes et Auvergne a amené l’observatoire à élargir son périmètre d’étude à l’ensemble de ce territoire nouvellement constitué en 2017. L’ORECC a trois objectifs majeurs24 : - développer et diffuser la connaissance sur le changement climatique et ses effets ; - favoriser l’élaboration et la mise en œuvre par les acteurs, de stratégies d’adaptation ; - constituer un lieu d’échange et de concertation. Il est complémentaire de l’OREGES, davantage tourné vers l’atténuation du phénomène. Dans cette optique, les missions de ce dernier sont25 :

22 Loi n° 2015-991 du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République 23 La LTECV impose aux Plans Climat Energie Territoriaux (PCET) d’intégrer désormais un volet sur la qualité de l’air, devenant ainsi des Plans Climat Air Energie Territoriaux (PCAET) 24 ORECC (http://orecc.auvergnerhonealpes.fr) 25 OREGES (http://oreges.auvergnerhonealpes.fr)

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- d’être un lieu d’échange ; - de rassembler et de produire une information sur les différentes composantes de la production/consommation d’énergie et d’émission de GES ; - d’engager les études nécessaires au renforcement de la connaissance ; - d’assurer les échanges et la cohésion des informations au niveau régional et national ; - de mettre en place un suivi de cette connaissance.

1.3.5 Les perspectives d’évolution du climat à l’échelle de l’aire urbaine

Thématique : « Climat et changement climatique » Perspective d’évolution Situation actuelle sans mise en œuvre du SRC (Scénario de référence) Mise en œuvre volontaire ou obligatoire de plans et schémas avec des objectifs Baisse progressive des émissions de GES d’atténuation et d’adaptation (SRADDET, + = à l’échelle nationale et européenne SRCAE, PCAET prévus, PCET PNR Massif Mais processus lent et surtout global des Bauges et PCET département Savoie etc.) Augmentation de la prise en compte du changement climatique dans toutes les Prise en compte dans les politiques politiques de développement + publiques et la société (agriculture, industrie, transport, urbanisme, gestion de l’eau, etc.) Une connaissance sur le phénomène. Augmentation des connaissances sur le Mais quelques incertitudes toujours phénomène à l’échelle locale et +/- présentes sur les conséquences à plus internationale (causes et conséquences) ou moins long terme et de la prise de conscience du public Un climat qui a déjà évolué depuis plusieurs années, dont les conséquences commencent à apparaitre sur la société et les écosystèmes : Impacts sur l’agriculture : baisse de • recul des glaciers ; l’autonomie fourragère et perte de • augmentation de l’évapotranspiration production laitière, gel tardif sur et baisse du bilan hydrique, canicules ; arboriculture. • remontée des espèces en altitude et - Impacts sur les écosystèmes : régression vers le nord, modification de la des zones humides, du milieu forestier phénologie, désynchronisation des (espèces, altitude, maladies écosystèmes ; parasitaires), évolutions du • réchauffement des lacs et des rivières fonctionnement des grands lacs. parallèlement à l’air ; • réchauffement du permafrost en haute-montagne, écroulement, chutes de séracs. Apparition de tensions sur la ressource Réserves d’eau menacées et une en eau en période de sécheresse (bassin - sécheresse chronique versant du lac du Bourget)

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 42 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

1.3.6 Les enjeux environnementaux « climat et changement climatique »

Les enjeux majeurs relatifs au climat et au changement climatique sont donc : la recherche de minimisation des émissions de GES tout au long du processus de production et d’usages des matériaux (extraction, transport, proximité gisement-besoins, recyclage, réaménagement, etc.) ; un réaménagement ou une remise en état des carrières adapté au changement climatique (choix des espèces, etc.)

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1.4 La qualité de l’air

1.4.1 Présentation générale

Les polluants atmosphériques sont classés en deux catégories : - les polluants primaires, les polluants directement émis dans l’atmosphère, généralement issus de toutes les combustions incomplètes (industrie, transport, etc.) mais peuvent également provenir de l’agriculture ou être d’origine naturelle ; - les polluants secondaires issus de la réaction physicochimique des polluants primaires avec des conditions météorologiques particulières.

Les particules sont classées suivant leur taille : PM10 pour des particules au diamètre inférieur à 10 µm (retenues au niveau du nez et des voies aériennes supérieures) et PM2.5 pour des particules de diamètre inférieur à 2,5 µm (pénétration possible dans l’appareil respiratoire et la circulation sanguine). Tableau 9 - Principaux polluants de l'air et leurs effets

Effets sur Polluant Sources d'émission Effets sur l'homme Réactions l'environnement Avec les COV -> Anthropique : Irritation des ozone combustion, bronches Acidification des troposphérique Oxydes d'azote agricole, industrie provoquant crises milieux (NOx) d'asthme, Avec l'ammoniac Naturelle : volcans, Eutrophisation infections (NH3) -> particules éclairs, sols pulmonaires secondaires Anthropique : Irritation des combustion Avec les NOx -> Dioxyde de souffre muqueuses, de la d'énergies fossiles, Pluies acides particules (SO2) peau, des voies industrie secondaires respiratoires Naturelle : volcans Evaporation lors de Irritation, l'utilisation diminution des (solvants à usage Avec d'autres Composés capacités domestique, polluants -> ozone, organiques volatils respiratoires, peintures, particules (COV) nuisances transports) secondaires, GES Certains Naturelle : plantes, cancérigènes émissions de gaz Anthropiques : Accumulation : mine, aciérie, affection du transformation, système nerveux, incinération de des reins, du déchets, transport Métaux lourds système routier respiratoire, etc. Naturelles : Certains érosion, volcans, cancérigènes feux de forêts

Polluant Irritation de Perturbation de la secondaire l'appareil photosynthèse, Ozone (O3) résultant de respiratoire et des GES, pouvoir transformations yeux oxydant

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complexes (NOx, CO, COV) Irritation des yeux Formation de Eutrophisation et et des poumons, particules fines Ammoniac (NH3) Activités agricoles acidification des mortel à très haute avec d'autres eaux et des sols dose substances

Combustions Irritations, incomplètes, diminution des Hydrocarbures solvants, capacités Aromatiques dégraissants, respiratoires, Formation d'ozone Polycycliques (HAP) produits de nuisances remplissage des Certains réservoirs, etc. cancérigènes

La qualité de l’air sur l’aire urbaine Chambéry polluant par polluant Le SRCAE Rhône-Alpes a identifié les communes dites sensibles à la pollution de l’air : sont identifiées 748 communes soit 21,8 % du territoire et 69,9 % de la population. Une grande partie des communes de l’aire urbaine de Chambéry relève de cette catégorie (cf. carte 10). L’ensemble des carrières alluvionnaires sont situées en zone sensible.

Carte 9 - Zones et communes sensibles en Rhône-Alpes vis-à-vis des pollutions de l'air (Source : SRCAE Rhône-Alpes)

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Le bassin d’air zone urbaine Pays de Savoie, auquel appartient l’aire urbaine de Chambéry, fait partie des plus touchés de la région AuRA en termes d’épisodes de pollution (bassins d’air du département carte 11). Le seuil d’alerte a ainsi été dépassé onze jours sur l’année 2017, et le seuil d’information six jours (cf. figure 5).

Carte 10 - Les trois bassins d'air de la Savoie (source : Les services de l'Etat en Savoie)

Figure 5 - Nombre de jours d'activation d'un dispositif préfectoral en 2017 sur l'ensemble des zones de la région AuRA (source : Atmo Bilan de qualité de l'air en 2017 Auvergne Rhône-Alpes)

Les principales sources de SO2 sont les industries, les centrales thermiques, le chauffage domestique. La part du trafic automobile, uniquement attribuable aux véhicules diesel, est de plus en plus faible en raison de l'amélioration du carburant (désulfurisation du gasoil) et de la présence de filtres à particules qui équipent les véhicules les plus récents. Les stations de référence basées à Chambéry n’ont relevé aucun dépassement du seuil de protection de la végétation sur les moyennes annuelles 2013 et 2014.

Le secteur automobile constitue la principale source de NO2. Les niveaux observés ces dix dernières années sur l’agglomération Chambéry (situation de fond) restent en deçà de la valeur limite annuelle.

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Cependant, l’évaluation par modélisation permet de compléter les connaissances, en montrant que la valeur réglementaire est dépassée le long de certains axes routiers du bassin Chambéry-Aix-les-Bains, exposant près de 1 000 personnes. Les valeurs moyennes annuelles sont en diminution depuis une dizaine d’années en lien avec la réduction des rejets notamment liés aux transports.

-3 Carte 11 - Moyenne annuelle NO2 (valeur limite 40 µgs.m à ne pas dépasser) en 2014 (source : Atmo Bilan de qualité de l'air en 2017 Savoie/Métropole Chambéry)

Les particules en suspension (PM10, PM2.5) proviennent majoritairement de la combustion (chauffage...), du transport automobile et des activités industrielles (53% des PM10 et 63% des PM2.5 provenaient du secteur résidentiel en Savoie en 2013). Les fonds de vallée sont plus touchés car les sources de pollution sont concentrées et la dispersion est souvent difficile en hiver (inversions de température fréquentes). Depuis 2006, une tendance à la baisse est observée sur les concentrations de PM10. Depuis 2002, la valeur limite annuelle (40 μg/m3) (carte 10) n’a jamais été franchie sur un site savoyard. En revanche, le seuil recommandé par l’OMS (20 μg/m3) est quant à lui franchi : 40 000 savoyards, soit 9 % de la population du département, sont exposés à ce dépassement, dont 38 000 habitants de Grand Chambéry (presque 30 % de la métropole).

Carte 12 - Moyenne annuelle de PM10 (valeur limite de 40 µg.m-3) en 2017 en Savoie (source : Atmo Bilan de qualité de l'air en 2017 Savoie/Métropole Chambéry)

La modélisation révèle que la valeur limite journalière est régulièrement dépassée au niveau de l’aire urbaine sans toutefois excéder la valeur limite de 35 jours de dépassement par an.

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Carte 13 - Nombre de jours de dépassements de la valeur limite de 50 µg.m-3 de PM10 en 2017 en Savoie (source : Atmo Bilan de qualité de l'air en 2017 Savoie/Métropole Chambéry)

Pour les PM2.5 en revanche, les mesures montrent que les niveaux de fond urbain sur l’agglomération de Chambéry stagnent sans diminuer. La valeur limite annuelle n’a pas été dépassée en 2017. Cependant, le seuil recommandé par l’OMS (10 μg/m3) est largement dépassé en Savoie : un peu plus de 400 000 savoyards (soit 95 % de la population du département) sont exposés à des concentrations supérieures à ce seuil. La totalité des habitants de Grand Chambéry sont dans ce cas.

Carte 14 : Moyenne annuelle de PM2.5 (valeur limite de 25 µg.m-3) en 2017 en Savoie (source : Atmo Bilan de qualité de l'air en 2017 Savoie/Métropole Chambéry)

Concernant l’ozone O3, la valeur cible pour la protection de la santé est dépassée sur une grande partie des territoires montagnards : environ 160 000 personnes sont exposées à ce dépassement réglementaire, soit 37 % de la population de la Savoie. Au niveau du Grand Chambéry, cela représente 40 000 habitants soit 30 % de la population.

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 48 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

-3 Carte 15 - Nombre de jours de dépassements de la valeur limite de 120 µg.m d’O3 en 2017 en Savoie

En été, dans les zones d’altitude, le rayonnement solaire plus énergétique en montagne favorise la formation d’ozone. La valeur règlementaire de protection de la végétation est ainsi dépassée sur les zones d’altitude du département de la Savoie : 2 163 km2 sont concernés (35% de la surface totale du département).

Carte 16 - Dépassement de la valeur cible pour la végétation en O3 en 2017 en Savoie

La problématique Ambroisie L’Ambroisie à feuilles d’armoise (Ambrosia artemisiifolia), espèce exotique envahissante dont le pollen est particulièrement allergisant, pose d’importants problèmes de santé publique. La répartition du risque pollinique sur l’aire urbaine est disponible et régulièrement actualisée sur la plateforme Atmo. En Savoie, l’Avant-Pays savoyard et le bassin de Chambéry/Aix-les-Bains sont les secteurs les plus touchés par la présence de l’ambroisie.

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 49 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

Carte 17 : Localisation de l'Ambroisie en Savoie en novembre 2012 (source : Agence Régionale de Santé)

1.4.2 Les carrières et la qualité de l’air

Les poussières et le transport L’impact des carrières sur la qualité de l’air peut être considéré autour de deux axes principaux : les retombées de poussières et le transport (cf. 1.3.3 Les carrières et le changement climatique). Les retombées de poussière sont générées par le fonctionnement des installations de traitement (criblage, concassage), le transport de matériaux sur les pistes, les périodes de décapage des sols, etc. Les principales sources d’émission de poussière restent la manutention et le transport. La configuration de la carrière, le climat local, la topographie du site, le mode de transport entre la zone d’extraction et la zone de traitement et la granulométrie des éléments transportés sont autant de paramètres qui peuvent influencer les émissions poussiéreuses. Les impacts peuvent essentiellement concerner la santé des employés, la faune et la flore locale ainsi que les paysages et le patrimoine situés à proximité. Il faut noter que différentes actions sont mises en place pour atténuer ces impacts, notamment afin de se conformer à la réglementationii : confinement des installations de concassage, bâchage des camions, nettoyage des essieux, etc. Le Plan Local d’amélioration de la Qualité de l’Air de Chambéry Métropole (cf. partie 1.4.3) identifie l’exploitation de carrières comme sources particulaires à hauteur de 14 % de l’ensemble du secteur industriel, derrière les activités liées au chantier/BTP (45 %) et le travail du bois (23 %). Tout secteur confondu, l’industrie est responsable de 36 % des émissions de PM10 sur le territoire. Toutefois, l’état des lieux du plan note bien l’incertitude pesant encore sur ces proportions. La propagation de l’ambroisie L’extraction des matériaux, comme toute activité qui génère la destruction du couvert végétal et le rajeunissement permanent du milieu, est propice à l'implantation de l’espèce, et les transports de matériaux, comme tout transport, peuvent disséminer les espèces envahissantes. Les préfets de département arrêtent les mesures à mettre en œuvre sur leur territoire en fonction du contexte local, et notamment du niveau de présence des ambroisies et du type de milieux infestés (sols agricoles, bords de route, zones de chantier, terrains de particuliers, etc.). En Savoie, l’arrêté

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 50 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes préfectoral du 23 mai 2007 rend obligatoire pour tous la lutte et la prévention contre cette espèce, depuis les gestionnaires publics jusqu’aux simples particuliers. Un comité départemental de lutte contre l’ambroisie a été créé en Savoie le 15 mars 2013. Piloté par la Préfecture, il a pour but d’informer les principaux gestionnaires (communes, monde agricole et gestionnaires d’infrastructures linéaires) et d’organiser leurs actions à tous les niveaux. En plus du comité de pilotage, 3 groupes de travail se sont constitués : - "recensement/formation/animation" du réseau des référents ambroisie, piloté par l'ARS ; - "agricole/berges", piloté par la DDT ; - "routes/infrastructures linéaires", piloté par le Conseil général. Parallèlement, chaque maire désigne 1 ou 2 référents communaux ou intercommunaux, qui pourront être par exemple des élus locaux, des agents communaux ou des bénévoles. Après une formation, dispensée par l’ARS, ces référents auront pour rôle : - la diffusion de l’information aux publics ; - le repérage de la plante sur le territoire communal et l’information des propriétaires et gestionnaires de sites infestés : l’objectif est d’éliminer les plants repérés et d’interrompre le cycle de la plante.

1.4.3 La règlementation et les dispositifs de connaissance, de suivi ou d’action

Deux directives européennes (2004/10726 et 2008/50/CE27) fixent les normes sanitaires à respecter, ce qui aboutit à la nécessité de surveiller la qualité de l’air, d’en informer les populations, de respecter les valeurs limites pour les polluants et de mettre en œuvre des actions en cas de dépassements. Le protocole de Göteborg de 1999 a fixé des plafonds d’émissions pour certains polluants au niveau international, ainsi que des objectifs de réduction à l’horizon 2020. La directive 2016/228428 intègre ces objectifs tout en en apportant de nouveaux aux horizons 2020 et 2030. Ainsi, les Etats doivent mettre en place un système d’inventaires nationaux d’émissions de polluants atmosphériques et un plan d’action national de réduction des émissions de polluants atmosphériques. Les objectifs doivent permettre de réduire de 50 % la mortalité prématurée due à la pollution atmosphérique au niveau européen. Tableau 10 - Objectifs de réduction fixés pour la France (exprimés en pourcentage par rapport à 2005)

Horizon 2020 Horizon 2030 SO2 -55 % -77 % NOx -50 % -69 % COVNM -43 % -52 % NH3 -4 % -13 % PM2,5 -27 % -57 % De multiples secteurs ayant des impacts sur la qualité de l’air font également l’objet de règlementations, européennes et nationales, notamment : - les transports (qualité des carburants et combustibles, entretien moteurs, etc.) ; - les activités industrielles et leurs rejets dans l’atmosphère ; - certains appareils domestiques (chauffage, etc.) ; - l’utilisation de certains produits (solvants) ; - l’interdiction de brûlage des déchets verts.

26 Directive 2004/107/CE du 15 décembre 2004 concernant l’arsenic, le cadmium, le mercure, le nickel et les hydrocarbures aromatiques polycycliques dans l’air ambiant 27 Directive 2008/50/CE du 21 mai 2008 concernant la qualité de l’air ambiant et un air pur pour l’Europe 28 Directive 2016/2284 du 14 décembre 2016 concernant la réduction des émissions nationales de certains polluants atmosphériques, modifiant la Directive 2003/35/CE et abrogeant la Directive 2001/81/CE

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 51 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

Plan national de Réduction des Emissions de Polluants Atmosphériques (PREPA) Le PREPA fixe la stratégie de l’État pour réduire les émissions de polluants atmosphériques au niveau national et respecter les exigences européennes. C’est l’un des outils de déclinaison de la politique climat-air-énergie. Il combine les différents outils de politique publique : réglementations sectorielles, mesures fiscales, incitatives, actions de sensibilisation et de mobilisation des acteurs, action d’amélioration des connaissances.

Le plan prévoit notamment le développement du transport combiné route-rail (TC1MA) et l’amélioration ou la création de voies navigables nouvelles (TC2MA) Schéma Régional Climat Air Energie (SRCAE) et projet de Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Egalité des Territoires (SRADDET) Devant l’importance de l’enjeu que revêt la qualité de l’air au niveau de l’ancienne région Rhône-Alpes, le SRCAE définit des objectifs pour 2020 en ce qui concerne l’émission de polluants atmosphériques : - la réduction de 34 % de l’émission de PM10 par rapport à 2007 ; - la diminution de 54 % des émissions de NOx par rapport à 2007. Plan Local d’amélioration de la Qualité de l’Air (PLQA) Chambéry Métropole a décidé d’opter pour un Plan Local d’amélioration de la Qualité de l’Air (PLQA) afin de « lister, coordonner, renforcer et organiser le suivi des actions spécifiques mises en œuvre sur le territoire afin d’améliorer la qualité de l’air de l’agglomération chambérienne »29. Ce document a été finalisé en 2016. Concernant les industries, le PLQA vise l’élaboration d’une charte « chantier propre » intégrant un volet qualité de l’air et une amélioration des connaissances sur les émissions diffuses de particules des carrières associé à une généralisation des bonnes pratiques : actions de réduction des émissions et de surveillance. Atmo Auvergne-Rhône-Alpes Association de type « loi 1901 » agréée par le Ministère de la Transition écologique et solidaire, Atmo est l’observatoire pour la surveillance et l’information sur la qualité de l’air de la région. Ses missions sont l’observation (surveillance et bancarisation des données de qualité de l’air), l’accompagnement (aide à la réalisation des plans d’actions et de la gestion de crise), la communication (mise à disposition des données, sensibilisation), l’anticipation (expérimentations, innovations, nouvelles technologies) et la gestion (animation territoriale et mutualisation avec le niveau national).

29 Plan Local d’amélioration de la Qualité de l’Air (PLQA) sur le territoire de Chambéry Métropole, mai 2016

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1.4.4 Les perspectives d’évolution de la qualité de l’air à l’échelle de l’aire urbaine

Thématique : « Qualité de l’air » Perspective d’évolution Situation actuelle sans mise en œuvre du SRC (Scénario de référence) Des outils mis en place (réseau de mesures, SRCAE, 3 PCAET, PLQA Poursuite de la mise en œuvre d’outils + = Chambéry Métropole, PCET afin de respecter les objectifs d’ici 2030 départemental) Baisse progressive des émissions de Des objectifs de réduction des émissions polluants de l’air à l’échelle nationale et + polluantes dans l’air avec une = européenne amélioration depuis 10 ans Mais processus global Une qualité de l’air dégradée au niveau Des objectifs d’amélioration de la qualité

- de l’aire urbaine avec des dépassements de l’air à l’échelle régionale afin de de valeurs seuils récurrents respecter les valeurs seuils Des PCAET adoptés au niveau de l’aire Des épisodes de pollution intenses, urbaine afin de réduire ces épisodes - principalement au niveau des = Mais un trafic qui s’intensifie avec la infrastructures de transport croissance urbaine et des épisodes climatiques défavorables plus fréquents Des effets conjugués du changement Intensification du changement - climatique et de la mauvaise qualité de climatique et de ses effets l’air

1.4.5 Les enjeux environnementaux « qualité de l’air »

Les enjeux majeurs relatifs à la qualité de l’air sont donc : la connaissance fine des émissions de particules fines par les exploitations de carrière ; la non aggravation de la pollution aux particules fines dans les vallées (zones sensibles).

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1.5 L’énergie

1.5.1 Présentation générale

Avant tout, il faut distinguer : - l’énergie primaire, qui est la forme d’énergie directement disponible dans la nature avant toute transformation : bois, charbon, gaz naturel, pétrole, vent, rayonnement solaire, énergie hydraulique, géothermie, etc. ; - et l’énergie finale, qui est l’énergie consommée et facturée à chaque bâtiment, en tenant compte des pertes lors de la production, du transport et de la transformation du combustible (exemple : 1 kWh d’électricité équivaut à 2,58 kWh d’énergie primaire). Ainsi, la consommation d’énergie primaire « est constituée des consommations liées aux activités de transformation d’énergie, des consommations finales des autres secteurs et des consommations de produits énergétiques à des fins non énergétiques (pétrole pour plastiques, gaz pour engrais). »30 Consommation d’énergie en Savoie et dans l’aire urbaine Chambéry Les données présentées ci-après proviennent de l’Observatoire Régional de l’Energie et des Gaz à Effet de Serre (OREGES) Auvergne-Rhône-Alpes :

Figure 6 - Evolution de la part de chaque secteur dans la consommation d'énergie finale CA Grand Chambéry (source : OREGES Auvergne-Rhône-Alpes, 2017)

La consommation d’énergie finale dans la communauté d’agglomération Grand Chambéry s’élevait à 3 724 GWh en 2015. Celle de la Savoie s’élevait à 18 173 GWh, Grand Chambéry concentre ainsi 20 % de la consommation du département. Si l’on s’intéresse à l’évolution de la part de chaque secteur dans la consommation d’énergie finale, on remarque que la part de l’industrie hors branche énergie a diminué tandis que la part du transport routier, du résidentiel et du tertiaire a augmenté. En 2015, les transports et le secteur résidentiel sont les plus importants (respectivement 29 % et 32 %). Le secteur industriel et le tertiaire représentent 15 % et 22 % de l’énergie consommée sur le territoire. La part de l’énergie provenant d’organo-carburants dans le secteur du transport routier a augmenté depuis 1990 mais stagne depuis 2005.

30 Bilan énergie et effet de serre en Auvergne-Rhône-Alpes, Données 2015, éd. décembre 2017, OREGES, p.1

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Figure 7 - Evolution de la part de chaque énergie dans la consommation du secteur transport routier (source : OREGES Auvergne-Rhône-Alpes, 2017)

Le secteur industriel a diminué sa consommation d’énergie finale de 37 % sur le territoire ces 25 dernières années : Tableau 11- Dynamiques d'évolution de la consommation d'énergie finale dans le secteur Industrie hors branche énergie (source : OREGES Auvergne-Rhône-Alpes, 2017)

L’énergie consommée sur le territoire provient principalement des produits pétroliers et du gaz, et s’élève pour ces sources d’énergie à 1 379 GWh : Tableau 12 - Données de consommation d'énergie finale sur le territoire Grand Chambéry (en GWh) par secteur et par énergie (source : OREGES Auvergne-Rhône-Alpes, 2017)

La production d’énergie locale Au niveau de la production d’énergie, trois types de filière sont distingués : la filière classique (centrales nucléaires et thermiques), la filière d’énergie renouvelable thermique (bois énergie, pompes à chaleur, solaire, etc.) et la filière d’énergie renouvelable électrique (hydraulique, éolien, photovoltaïque, etc.). Comme on peut le voir sur la figure ci-dessous, une grande part de la production est dédiée à la production de bois énergie, qui permet de produire de la chaleur qui ne cesse de progresser d’année en année (227 115 MWh). Cette utilisation du bois de chauffage permet d’atteindre une part de production en énergie renouvelable exemplaire (cf. figure 10). Cependant, le chauffage au bois entraine des revers sur la qualité de l’air comme nous l’avons vu précédemment. La production d’énergie thermique provient dans une moindre mesure de la valorisation des déchets (83 512 MWh). La valorisation thermique du biogaz a fait son apparition en 2010 et représente une valorisation estimée à 4 715 MWh. La production d’énergie renouvelable électrique sur la communauté d’agglomération provient exclusivement des déchets (25 539 MWh) du photovoltaïque (4 527 MWh) et du biogaz (369 MWh), tandis que la production d’électricité renouvelable de la Savoie repose sur de très nombreux ouvrages hydroélectriques (5 881 490 MWh).

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Figure 8 - Evolution de la production d'énergie sur le territoire Grand Chambéry (en MWh) (OREGES Auvergne-Rhône-Alpes, 2017)

La communauté d’agglomération est largement déficitaire du point de vue gradient consommation- production d’énergie comme le montrent les deux figures ci-après :

Figure 9 - Répartition (en pourcentage) de la production d'énergie sur le territoire Grand Chambéry par type (source : OREGES Auvergne-Rhône-Alpes, 2017)

Figure 10 - Evolution comparée de la consommation d'énergie finale et de la production d'énergie renouvelable locale (source : OREGES Auvergne-Rhône-Alpes, 2017)

1.5.2 Les carrières et l’énergie

Des travaux ont été réalisés en matière de consommation d’énergie pour l’extraction de matériaux, et plus particulièrement pour la production de granulats. Le Centre Technique de l’Equipement (CETE -

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CEREMA) a étudié la consommation d’énergie en fioul et en électricité de la production de granulat en roche massive selon trois fractions (0/20 mm, 0/31,5 mm et 0/10 mm) et sur trois sites différents31. Tableau 13 - Consommation d’énergie pour la production de granulats à partir de roche massive (Source : Bilan énergétique de la production de granulats naturels et alternatifs, CETE) Valeurs Site 1 Valeurs Site 2 Valeurs Site 3 R massive 2010 R massive 2011 R massive 2012 0/20 mm 0/31,5 mm 0/10 mm Granulats 2 160 000 t/an 500 000 t/an 300 000 t/an 21 MJ/t 18 MJ/t 33 MJ/t 7 (électricité) 5 (électricité) 19 (électricité) Energie 13 (fuel) 13 (fuel) 17 (fuel) Soit 5,7 kW/t Soit 5,1 kW/t Soit 9,2 kW/t La consommation d’énergie reste très variable suivant les sites (configuration, équipements installés, type de ressource, etc.). De plus, le transport représente une importante consommation non prise en compte dans ce tableau. La proximité des sites d’extraction avec les sites d’emploi des matériaux est donc une donnée capitale en matière de consommation d’énergie. L’étude de l’UNPG indique les consommations énergétiques suivantes pour la fabrication d’une tonne de granulats : Tableau 14 - Emission de GES pour la fabrication d'une tonne de granulats (Source : UNPG)

Roche meuble Roche massive Recyclage Consommation 65 60,9 47,4 d’énergie (en MJ) (ou 18,0 kW) (ou 16,9 kW) (ou 13,2 kW)

La consommation énergétique de la carrière est un des paramètres devant faire l’objet d’une analyse des effets lors de l’étude d’impact du projet. Ainsi, cet examen doit préciser les sources consommatrices d’énergie ainsi que l’estimation des consommations totales du site. Dans certains cas, certains impacts du projet en termes de consommation d’énergie pourront être positifs (mise en place d’un dispositif récupérateur d’énergie pendant l’exploitation, remise en état avec une zone de production d’énergie renouvelable)32. Afin de maîtriser la consommation d’énergie, l’UNICEM a développé une charte de l’environnement, adopté aujourd’hui par près de 1 000 sites de carrières et recyclage. L’énergie y est abordée, notamment avec la réalisation d’un bilan des consommations et l’élaboration d’un plan d’actions pour les réduire tout en maintenant un bon niveau de performance.

1.5.3 La règlementation et les dispositifs de connaissance, de suivi ou d’action

Le « paquet énergie-climat 2020 », adopté en 2009, est un ensemble d’actes législatifs européens contraignants qui fixent des objectifs précis à l’horizon 2020. Ainsi, les Etats membres se sont notamment engagés à : - porter à 20 % la part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie de l’UE ; - améliorer l’efficacité énergétique de 20 %. En 2014, il a été décidé de faire évoluer ces objectifs à l’horizon 2030 en les portant à 27 % pour la part des énergies renouvelables et à 27 % pour l’amélioration de l’efficacité énergétique.

31 Bilan énergétique de la production de granulats naturels et alternatifs, V. Le Turdu, S. Perigois et MC. Brennetot, CETE Ouest et IF, présentation du 10 décembre 2013 32 Elaboration des études d’impact de carrières, Guide de recommandations, UNICEM

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De plus, la loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015 a fixé des objectifs plus ambitieux, avec une part de production en énergie renouvelable de 23 % en 2020 et de 32 % en 2030. Dans cet optique, la Programmation Pluriannuelle de l’Energie 2018-2023 a fixé des objectifs en termes de puissance installée pour les différentes filières de production d’énergie renouvelable en France métropolitaine d’ici 2023. Elle vise notamment une augmentation de la puissance installée de l’éolien terrestre de 134 % à 179 % ou encore de celle de l’énergie solaire de 244 % à 281 % par rapport au 31 décembre 2014. Les Schémas Régionaux Climat Air Energie (SRCAE) des régions Auvergne et Rhône-Alpes ont également établi des objectifs à l’horizon 2020 en ce qui concerne la consommation d’énergie finale et la part de la production énergétique en énergies renouvelables. Celui de l’Auvergne adopté en juin 2012 a fixé comme objectifs : - une réduction de 22,4 % de la consommation énergétique finale par rapport à 2008 ; - une production d’énergies renouvelables équivalente à 30 % dans la consommation énergétique finale. Au niveau de Rhône-Alpes, les objectifs fixés par le SRCAE adopté en avril 2014 sont : - une réduction de 20 % de la consommation énergétique finale par rapport au scenario tendanciel (soit près de 30 % par rapport à 2005) ; - une production d’énergies renouvelables équivalente à 29,6 % dans la consommation énergétique finale.

1.5.4 Les perspectives d’évolution de l’énergie à l’échelle de l’aire urbaine

Thématique : « Ressources énergétiques » Perspective d’évolution Situation actuelle sans mise en œuvre du SRC (Scénario de référence) Une part importante de production Un potentiel d’énergies renouvelables + d’énergie du territoire réalisée à partir important de ressources renouvelables Une diminution forte de la consommation d’énergie par le secteur Une diminution de la consommation industriel (à relativiser en raison du recul énergétique qui devrait se poursuivre en de l’industrie : - 1 800 emplois privés raison des objectifs règlementaires, des + (industrie manufacturière et évolutions technologiques et du recul de transports/entreposage) entre 2008 et l’industrie. 2013 sur le territoire de la métropole Savoie) Des objectifs européens, nationaux et régionaux en faveur d’une réduction de Une forte dépendance du territoire à la consommation énergétique finale et l’importation d’énergie, dont une part d’une plus grande part des énergies

- importante est issue de ressources renouvelables dans la consommation fossiles énergétique finale d’ici 2020 et 2030. De plus, le photovoltaïque a progressé localement ces dernières années.

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1.5.5 Les enjeux environnementaux « énergie »

Les enjeux majeurs en matière de consommation d’énergie pour les carrières sont donc : la connaissance et la maîtrise de la consommation d’énergie dans les sites d’extraction, dans le transport des matériaux et dans la valorisation des déchets inertes en guise de granulats ; le développement, dans la mesure du possible, de la production d’énergies renouvelables dans les carrières (photovoltaïque, éolien, etc.).

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2 Analyse des milieux naturels, du paysage et du patrimoine

2.1 Les milieux naturels et la biodiversité

2.1.1 Présentation générale

2.1.1.1 Les milieux naturels de l’aire urbaine

La Savoie abrite une grande diversité de milieux naturels : glaciers, roches et moraines, pelouses d'altitudes, landes, forêts de conifères en versants, de feuillus en plaine, prairies de fauche, lacs, rivières et zones humides. L’étagement altitudinal, la variété des sols et des expositions, l'activité agricole participent à cette diversité. A titre indicatif, 71,4 % du département est recouvert par des ZNIEFFS de type 2. Bien que l’aire urbaine soit en partie conquise par l’urbanisation, il ressort une multitude de milieux semi-naturels à naturels qui contribuent à la richesse écologique du territoire. Ils sont dus à des paramètres physiques (géologie ; topographie ; microclimats) et humains (alpages). Des écosystèmes aquatiques à préserver L’aire urbaine présente un réseau hydrographique dense porteur d’enjeux écologiques. Les écosystèmes aquatiques constituent la trame bleue, soit une des composantes des corridors écologiques identifiés par les Schéma Régionaux de Cohérence Ecologique. On peut souligner la présence partielle sur de territoire de deux grands lacs naturels : le lac du Bourget, dont une partie du littoral située sur l’aire urbaine fait l’objet d’une protection par le Conservatoire du Littoral, et le lac Aiguebelette. Les rivières remarquables de la Leysse et l’Isère traversent également le territoire. Les zones humides abritent de multiples milieux naturels d’étendues et de formes diverses, qui ont comme point commun la présence d’eau, permanente ou temporaire, visible ou invisible : marais, tourbières, milieux alluviaux et lacustres, etc. À travers leurs fonctions biologiques (richesse en espèces rares et sensibles), les zones humides constituent des milieux naturels essentiels. Les marais alcalins présentent une végétation abondante appelée blache, dominée par des laîches, des choins et des graminées comme la molinie. C’est le domaine des orchidées rares : orchis à fleurs lâches, liparis, herminium, spiranthe d’été et sa faune est diversifiée : papillons, libellules, reptiles et batraciens. La fauche de la blache est souvent favorable, voire nécessaire au maintien du milieu. La populiculture, le maïs, les remblais et la création de zones aménagées sont, avec le reboisement naturel, les causes principales de leur disparition. Le Conservatoire d’Espaces Naturels (CEN) de Savoie gère plus de 38 marais alcalins sur le territoire de l’aire urbaine Chambéry. Les tourbières sont des milieux très pauvres, qui obéissent à des conditions naturelles particulières : un relief doux, un sol imperméable, une température fraîche et une alimentation permanente en eau pauvre en éléments nutritifs. La flore y est très originale et dominée par des mousses hydrophiles : les sphaignes. On y trouve également des plantes carnivores comme les grassettes, les droseras et des petites laiches, la plupart protégées. LE CEN Savoie a en charge la gestion de la Tourbière de la Fedaz. Les écosystèmes alluviaux vivent au rythme des variations du fleuve, ils présentent une palette de milieux fortement contrastés : bancs de galets, fourrés de saules, lônes, pelouses sur sable et forêts marécageuses. Les alluvions favorisent une végétation exubérante. On citera le site les Délaissés de l’Isère sur le territoire de l’aire urbaine géré par le CEN Savoie.

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Les milieux lacustres sont caractérisés par une végétation abondante : la roselière, qui abrite un nombre important d’espèces, autant dans sa partie terrestre que lacustre. On trouve pareil milieu au niveau du lac du Bourget et au niveau du lac Saint-André.

Carte 18 - Localisation des zones humides sur l'aire urbaine de Chambéry

Les pelouses sèches, milieu ouvert remarquable Les pelouses sèches partagent, avec les zones humides, la double caractéristique d’une forte valeur biologique et d’une importante régression ces cinquante dernières années, au niveau départemental comme au niveau national. Leur richesse est directement liée à leurs particularités : pauvreté minérale, fort contraste thermique, longue période de sécheresse, sol souvent filtrant, ensoleillement soutenu et gestion agricole en général extensive. Les versants de basse et moyenne altitudes sont les plus propices. Ces pelouses présentent un tapis végétal peu élevé et clairsemé, mais elles accueillent une grande diversité d’espèces, dont certaines ne peuvent se développer que dans ces milieux (ophrys abeille, aster amelle, l’azuré du serpolet, la couleuvre d’Esculape, le lézard vert, le hibou petit-duc, le circaète Jean-le-Blanc, etc.).

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Carte 19 - Localisation des pelouses sèches sur l'aire urbaine de Chambéry

Les massifs et la forêt alluviale Combe de Savoie

Une forêt ou un massif forestier est une étendue boisée, relativement dense, constituée d'un ou plusieurs peuplements d'arbres et d'espèces associées. Les milieux forestiers couvrent 44,6 % de la superficie totale de l’aire urbaine (Corine Land Cover), une part plus importante qu’à l’échelle du département. Les milieux forestiers du territoire comprennent des milieux très divers en fonction des conditions (exposition, altitude, relief) ce qui se reflète sur les essences prédominantes. Ils sont le refuge d’espèces emblématiques et patrimoniales telles que la chouette chevêchette, la gelinotte des bois, le chat forestier, la rosalie des alpes, la buxbaumie verte (une mousse protégée). La biodiversité est favorisée par un ensemble de bonnes pratiques de gestion sylvicole pratiquées ou promues par l’ONF dans le domaine public : préservation de bois mort et d’arbres à cavités. Il reste néanmoins des espèces (animales, muscinales, fongiques) exigeant une quantité et diversité de bois morts, y compris de très gros bois, ou une certaine structure et ancienneté du manteau forestier ; ceci peut impliquer un manque à gagner pour le propriétaire. Une forêt remarquable du territoire de l’aire urbaine est la forêt alluviale Combe de Savoie. Une forêt alluviale est un espace boisé de surface variée poussant sur des alluvions (argiles, limons, sables, graviers, galets) déposées par un cours d'eau. Cet espace englobe les ensembles d'arbres isolés, les haies, les bosquets, les ripisylves étendues, et les massifs de plusieurs hectares. La forêt alluviale constitue un milieu naturel lié à la présence de l'eau et qui abrite une grande diversité d'espèces animales et végétales caractéristiques. Ses fonctions sont multiples : zone tampon ; rôle de filtre ; rôle récréatif et paysager ; rôle sanitaire et climatique ; production de bois. Les forêts alluviales sont présentes en Savoie, notamment dans la vallée de l’Isère, entre et , où la forêt Combe de Savoie a fait l’objet d’une étude spécifique. La forêt alluviale y occupe 1 578 hectares, soit 19 % du territoire. Cette forêt alluviale se répartit pour 1 453 ha en forêt alluviale spontanée et 125 ha en forêt alluviale plantée. Elle appartient dans 90 % des cas à des propriétaires privés. 51 % de la forêt alluviale (745 ha) sont situés dans une zone humide recensée par l'inventaire départemental.

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Carte 20 - La forêt alluviale en Combe de Savoie (DDT Savoie)

2.1.1.2 La biodiversité de Savoie

L’aire urbaine, à l’image de la Savoie, abrite de nombreuses espèces rares ou menacées, parfois endémiques. Les espèces non menacées sont également présentes sur le territoire, et profitent également des actions visant à préserver l’intégrité du patrimoine naturel ou agricole. La richesse et la diversité des milieux naturels permettent le développement d’une biodiversité particulièrement variée et abondante. L’Observatoire de la biodiversité de Savoie propose un état des connaissances actuellement répertoriées, fruit de la mutualisation des connaissances de l'ensemble de ses partenaires constitutifs depuis 1990, enrichi chaque année. A l’échelle communale, des atlas de biodiversité communale ont été réalisés notamment sur les communes la Motte-Servolex, Chambéry, Saint Alban-Leysse et Barby, toutes font partie de l’aire urbaine. Le patrimoine végétal

L'Observatoire de la biodiversité de Savoie recense aujourd'hui 2985 plantes sur le département, dont 2480 plantes à fleurs. Le patrimoine animal 3930 espèces animales ont été recensées sur le département de la Savoie à ce jour, dont 2986 insectes, 308 oiseaux, 82 mammifères, 43 poissons, 13 reptiles, 16 amphibiens, 180 mollusques et 300 arthropodes. 316 espèces indigènes de vertébrés sont répertoriées en Savoie. Cependant, la biodiversité est encore loin d’être inventoriée de façon exhaustive. De nombreuses zones n’ont pas fait l’objet d’investigations approfondies ou récentes.

2.1.2 Les services écosystémiques

L’ONU, dans l’évaluation des écosystèmes pour le millénaire en 2005, définit les services L’ONU, dans l’évaluation des écosystèmes pour le millénaire en 2005, définit les services écosystémiques comme « les biens et les services que les hommes peuvent tirer des écosystèmes, directement ou indirectement, pour assurer leur bien-être ». Le maintien des services écosystémiques contribue à la durabilité, par exemple en garantissant l’accès durable aux ressources naturelles ou encore en fournissant un cadre de vie de qualité aux sociétés humaines. Au contraire, leur dégradation peut avoir des conséquences néfastes comme augmenter le risque d’inondation, réduire le niveau de sécurité alimentaire ou augmenter certains risques sanitaires.

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L’organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture en distingue quatre types33 : - les services d’approvisionnement : produits alimentaires, matières premières, eau douce, ressources médicinales ; - les services de régulation : climat et qualité de l’air au niveau local, piégeage et stockage du carbone, modération des phénomènes climatiques extrêmes, traitement des eaux usées, prévention de l’érosion et maintien de la fertilité des sols, pollinisation, lutte biologique, régulation de la circulation de l’eau ; - les services de soutien : habitat des espèces, maintien de la diversité génétique ; - les services culturels : loisirs et santé, tourisme, conscience et inspiration esthétiques dans la culture, l’art et le design, expérience spirituelle et sentiment d’appartenance. L’Evaluation Française des Ecosystèmes et des Services Ecosystémiques (EFESE) Initiée en 2012 par le ministère en charge de l’Environnement, l’EFESE regroupe un ensemble de travaux d’évaluation des écosystèmes et des services écosystémiques aux échelles nationales et locales. Elle vise à construire des outils d'inventaire et d'évaluation robustes et cohérents pour que les enjeux de protection et la conservation des écosystèmes et de la biodiversité s’imposent à l’ensemble des acteurs de la société. L’objectif premier de l’EFESE est la production d’une synthèse des données disponibles à l'échelle nationale pour décrire l'état et les tendances d'évolution des écosystèmes métropolitains et ultramarins, terrestres et marins ainsi que les biens et services qui en dépendent et dont bénéficient les populations humaines. D’autres objectifs sont poursuivis d’ici à 2020 comme : - la sensibilisation et la prise de conscience des valeurs de la biodiversité par les acteurs ; - l’intégration des valeurs de la biodiversité dans les stratégies et les processus de planification nationaux et locaux de développement, ainsi que dans les systèmes de comptabilité ; - la restauration et la sauvegarde des services écosystémiques essentiels ; - la restauration d’au moins 15 % des écosystèmes dégradés. La quantification de la valeur économique des services écosystémiques est recherchée, lorsqu'elle est possible.

2.1.3 Les carrières, les milieux naturels et la biodiversité

Les impacts des carrières sur les milieux naturels et la biodiversité peuvent être multiples, selon le stade d’avancement d’installation, d’exploitation ou de fin d’exploitation du site. Concernant le projet de carrière, les effets de l’installation peuvent porter sur plusieurs aires d’étude34 : - sur l’aire immédiate, les effets sur les espèces et les habitats y sont directs : destruction d’habitats, de plantes d’intérêt, de gîtes de reproduction animale, d’aire de repos, d’hivernage, etc. - sur l’aire élargie, des perturbations peuvent survenir pendant l’ensemble de la vie d’une carrière : bruit, poussières, baisse du niveau des nappes, etc. ; - sur l’aire éloignée, le projet peut principalement présenter des impacts en termes de fonctionnalité écologique de la zone : fragmentation des espaces, espèces très mobiles (oiseaux), etc. Les perturbations engendrées par la création et l’exploitation d’une carrière peuvent également profiter à la prolifération d’espèces exotiques envahissantes, qui sont souvent des espèces pionnières.

33 Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (http://www.fao.org/ecosystem-services- biodiversity/fr/) 34 Elaboration des études d’impact des carrières, Guide de recommandations, UNICEM

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La remise en état du site revêt alors une importance capitale au regard des milieux naturels et de la biodiversité. Un milieu propice peut être recréé, favorisant l’implantation d’une biodiversité variée et riche. Cependant, le suivi de cette restauration est essentiel afin de maîtriser les éventuelles colonisations par des espèces invasives. Cependant, la compensation (au stade de projet) ainsi que la remise en état (après exploitation) peuvent poser certaines difficultés, en ce qui concerne des milieux remarquables ou rares dont les qualités de fonctionnement et de services écosystémiques peuvent être liées à un écosystème plus global, mais aussi pour la biodiversité ordinaire qui reste encore mal prise en compte. « Lors de la mise en œuvre de la séquence ERC, la pratique actuelle conduit à focaliser l'évaluation des impacts et la définition des mesures compensatoires sur les éléments de biodiversité remarquable. En d'autres termes, si cette approche permet de traiter certains sujets notables et emblématiques, elle exclut par là même la majorité de la biodiversité »35. Des inventaires ont été réalisés sur la présence d’espèces au sein de carrières de roches massives. Ce sont 35 sites répartis sur toute la France métropolitaine qui ont fait l’objet d’une étude. Il a été ainsi recensé 362 espèces animales (insectes, reptiles, amphibiens, oiseaux, etc.) et 1 092 espèces végétales. En effet, les différents espaces créés par l’exploitation de la carrière (front de taille, bassins, remblais et carreaux) représentent des milieux originaux et sont colonisés par la nature à la fin de l’exploitation36. De plus, des inventaires peuvent être prescrits. Ils sont réalisés soit à l’occasion des demandes d’autorisation de carrière, y compris lors de la phase de renouvellement ou d’extension, soit tout au long de la vie de l’exploitation. La biodiversité est un des axes de réflexion apportés par la Charte environnement de l’UNICEM. Elle invite notamment les exploitants de carrière à réaliser un diagnostic faune-flore ou un suivi biodiversité sur leur site, et à y réaliser des actions en sa faveur.

2.1.4 Les sensibilités et les pressions

Les milieux naturels sont des écosystèmes fragiles, sensibles aux activités humaines et aux conditions naturelles. La biodiversité qui y est présente est directement dépendante des perturbations subies par leurs habitats. Ainsi, les pressions sont nombreuses. L’artificialisation des sols La surexploitation des milieux peut entrainer une perte de biodiversité et ainsi, une fragilisation des habitats (pâturage, exploitation forestière, etc.). L’artificialisation des sols entraîne également généralement une destruction totale des milieux naturels présents dans la zone. La déprise agricole La déprise agricole, avec l’abandon des alpages depuis la moitié du 20ème siècle, entraine la progression de la forêt sur les terrains de montagne et entraine la fermeture des milieux. Ce phénomène se couple à celui des changements de pratiques agricoles avec la transformation des pelouses sèches en vignes et l’urbanisation. Certaines zones humides peuvent également subir la colonisation d’une végétation boisée et perdre leur caractère et leurs fonctionnalités.

35 Sur la réalité des mesures de compensation des atteintes à la biodiversité engagées sur des grands projets d'infrastructures, intégrant les mesures d'anticipation, les études préalables, les conditions de réalisation et leur suivi, Rapport de commission d’enquête du Sénat, 25 avril 2017

36 Le patrimoine écologique des carrières de roches massives, UNICEM, octobre 2008

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En Savoie, environ 50% des zones humides ont disparu ces cinquante dernières années. Le drainage, urbanisation, aménagements hydrauliques, mise en eau pour la réalisation de plans d’eau artificiels, endiguement des cours d’eau, etc. causé leur dégradation et leur disparition. La préservation de ces milieux est un enjeu national et européen, reconnu depuis les années 1990 à travers l’établissement de plusieurs textes de loi et d’engagements. La forêt alluviale de la vallée de l'Isère (Combe de Savoie) est remise en cause en de nombreux endroits, et ce depuis plusieurs années. Elle subit en effet la pression d’autres utilisations du territoire, telles que l’urbanisation, l’agriculture, et l’exploitation de carrières. On estime à 122 ha (a minima) les défrichements effectués depuis 1986, dont 72 depuis 2000. Les pollutions Les pollutions (rejets directs ou pollutions diffuses) sont également une pression supplémentaire très présente au niveau de ces milieux, qu’elles soient d’origine urbaine, industrielle ou agricole. L’état chimique dégradé des deux cours d’eau relevé par l’état des lieux 2013 du SDAGE en est le témoin. Quelques milieux naturels peuvent également être fragilisés par la fréquentation humaine, notamment touristique ou de loisir. C’est par exemple le cas de grottes ou cavernes, essentielles pour plusieurs espèces de chiroptères, qui peuvent être dérangées par une fréquentation abusive. Le changement climatique Le manque d’eau en période d’étiage et l’augmentation du nombre d’épisodes de sécheresse fragilisent également les milieux sensibles et les espèces, de manière directe ou indirecte. Au niveau des milieux aquatiques, les zones humides sont particulièrement sensibles aux sécheresses, provoquant un danger pour les espèces qui y vivent. De même la perte de débit causée par des étiages sévères peut avoir plusieurs conséquences : augmentation des pollutions (par perte de dilution), augmentation des températures de l’eau, prolifération d’algues, etc. Les prélèvements en eau Les prélèvements en eau dans les nappes souterraines peuvent créer des pressions pour la biodiversité, notamment par l’assèchement de zones humides ou de cours d’eau dépendants de ces ressources (abattement de la nappe). Cela est d’autant plus problématique avec les effets du changement climatique qui font apparaitre des tensions sur la ressource. Les besoins agricoles en eau augmentent avec les fortes chaleurs et les sécheresses en été. Des tensions sont déjà identifiées sur les bassins versants du lac du Bourget. Les espèces exotiques envahissantes Ce sont des espèces allochtones, introduites par l’homme, qui provoquent des perturbations des écosystèmes dans lesquels elles se développent avec des conséquences écologiques, économiques et sanitaires négatives. Les espèces devenant envahissantes entrent en compétition avec les espèces autochtones en s’accaparant les ressources disponibles ou en s’en nourrissant directement. Elles perturbent ainsi les équilibres en place et sont l’une des causes majeures d’érosion de la biodiversité. Le Département de la Savoie s’implique depuis 2005 dans des actions d‘information, de prévention et de lutte contre les espèces invasives dans la gestion de son patrimoine et des routes départementales, mais aussi en partenariat avec les collectivités et autres organismes gestionnaires. Aujourd’hui, plusieurs espèces sont sous surveillance : l’ambroisie à feuille d’armoise, la berce géante du Caucase, le chancre coloré du platane, la renouée du Japon, l'ailante glanduleux, les solidages, la balsamine de l'Himalaya et le buddléia du père David ou arbre à papillons. Les espèces menacées L’ensemble de ces pressions provoquent la disparition d’espèces animales et végétales depuis des décennies. Aujourd’hui, beaucoup d’entre elles sont menacées sur le territoire.

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 66 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

La liste rouge de la faune de Savoie permet d’objectiver et d’alerter sur les espèces sensibles de vertébrés du département. Certains groupes sont plus sensibles que d’autres : ainsi 57 % des espèces d’amphibiens sont en liste rouge (86 % en ajoutant celles quasi menacées). C’est le groupe le plus critique en Savoie, suivi des oiseaux, poissons, reptiles et mammifères. La dégradation continue est la règle, malgré les engagements nationaux visant à enrayer l’érosion de la biodiversité.

Figure 11 - Répartition des espèces de vertébrés indigènes de Savoie en fonction de leur statut (source : LPO Savoie)

2.1.5 La règlementation et les dispositifs de connaissance, de suivi ou d’action

Contexte international Plusieurs conventions et protocoles internationaux et européens visent à la préservation de la biodiversité. Les conventions de Washington et de Berne sont deux des premières. Signées respectivement le 3 mars 1973 et le 19 septembre 1979, elles visent à réguler le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction, et à assurer la conservation de la flore et de la faune sauvages et de leurs habitats naturels, ainsi qu’à protéger les espèces migratrices menacées. Par la suite, le sommet de la Terre de Rio de 1992 est décisif, avec la signature de la convention sur la diversité biologique. Ses objectifs sont la conservation de la biodiversité, l’utilisation durable de ses éléments et le partage juste et équitable des avantages découlant de l’exploitation des ressources génétiques. Le protocole de Nagoya, ainsi que les 20 objectifs d’Aichi, adoptés en 2010, ont donné à cette convention une portée règlementaire plus forte dans le but de ralentir l’érosion de la biodiversité pour la période 2011-2020. Enfin, la convention de Ramsar, adoptée le 2 février 1971, vise « la conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides par des actions locales, régionales et nationales et par la coopération internationale ». Une liste des zones humides d’importance internationale est établie, qui compte aujourd’hui 2 200 sites, pour 2,1 millions km². Un site Ramsar est présent sur le territoire : le lac du Bourget - marais de Chautagne (FR7200021), pour une superficie de 5 500 ha. Ce lac est le plus grand lac naturel entièrement français et représente un des principaux réservoirs de biodiversité parmi tous les lacs alpins, en bon état de conservation.

2.1.5.1 Les zones protégées, gérées ou inventoriées

Deux directives européennes à la base du réseau Natura 2000 Au niveau européen, deux directives sont fondatrices de la protection de la faune et de la flore sauvages, ainsi que de leurs habitats : les directives « habitats, faune, flore »iii et « oiseaux »iv. Ces textes sont à la base du réseau Natura 2000. Le principal objectif est la préservation de la diversité biologique et du patrimoine naturel (maintien ou rétablissement du bon état de conservation des

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 67 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes habitats et des espèces) tout en prenant en compte les exigences économiques, sociales et culturelles, ainsi que les particularités régionales. Le principe est la délimitation de zones (Zones de Protection Spéciale (ZPS) pour les oiseaux et Zones Spéciales de Conservation (ZSC) pour les habitats et les espèces) abritant des habitats ou des espèces d’intérêt communautaire. Ces sites font alors l’objet d’un document d’objectif pour établir les enjeux, les objectifs de développement durable et les actions à mettre en œuvre pour la préservation des habitats et espèces d’intérêt communautaire. Les sites Natura 2000 présents sur l’aire urbaine sont : - l’ensemble lac du Bourget-Chautagne-Rhone (ZSC et ZPS) : L'ensemble du site avec ses trois systèmes naturels (fleuve, lac et marais) forme une unité fonctionnelle. Le site présente une responsabilité particulière dans la sauvegarde de certains peuplements et habitats d'espèces : - des espèces telles que le Sonneur à ventre jaune, la Lamproie de Planer, le Toxostome... - des formations végétales telles que les forêts alluviales, les cladiaies, les formations pionnières sur tourbe, les saulaies riveraines, les herbiers et roselières aquatiques. L’érosion de la richesse biologique des marais est accélérée lorsque les niveaux d'eau dans les marais ne sont pas maintenus. De plus, l'abandon des pratiques agricoles traditionnelles peut entraîner une régression de la diversité de la faune et de la flore du fait de l'enfrichement ou, au contraire, du drainage ou de la mise en culture des prairies. La gestion de la fréquentation est aussi un enjeu sur ce site, notamment la navigation à proximité des roselières et sur les lônes. - le réseau de zones humides dans la combe de Savoie et la basse vallée de l’Isère (ZSC) : Ce réseau de zones humides est associé au cours de l’Isère entre Albertville et l’agglomération chambérienne. Ces zones humides de la basse vallée de l’Isère présentent divers stades d’évolution des marais neutro-alcalins : prairies humides et caricaies encore fauchées, faciès d’embroussaillement à différents stades et boisements humides. S'y ajoute un cours d'eau de qualité. L’activité humaine autour de ces zones devient de plus en plus importante, laissant ce réseau comme unique refuge naturel. - la partie orientale du massif des Bauges (ZSC et ZPS) : Situé au front des massifs alpins, le massif des Bauges appartient à la chaine des massifs subalpins des Alpes du nord françaises qui s'étire de Valence à Thonon-les-Bains. Ceinturé par une population importante (villes d'Aix-les-Bains, Albertville, Annecy, Chambéry), il constitue un territoire privilégié de détente, de découverte, ainsi qu'une réserve hydrologique conséquente. Du plissement des roches marneuses et calcaires jurassiennes et de l'action conjuguée de l'érosion, résulte la géologie actuelle qui détermine fortement le microclimat local, la morphologie des falaises et les secteurs d'implantation des pelouses sèches. La partie orientale correspond aux hauts sommets du massif des Bauges avec 3 grands types de milieux : alpages, peuplement forestier de montagne et rochers. Les milieux ouverts sont exposés à la menace de l’embroussaillement. - Hauts de Chartreuse (ZSC et ZPS (Avant-Pays Savoyard)) : Le site est très minoritairement situé sur l’aire urbaine. Les hauts plateaux de Chartreuse se présentent comme un vaste synclinal perché au-dessus de la vallée du Grésivaudan, s'étendant sur 20 km de long de la Dent de Crolles au Granier. De nature calcaire, la Chartreuse, et en particulier les hauts plateaux, apparait comme un important territoire refuge pour des plantes rares à aire de répartition morcelée par les glaciations comme la Vulnéraire des Chartreux et la Potentille luisante. On y trouve également la station de Sabot de Vénus la plus importante des Alpes du Nord et des peuplements importants de chauves-souris (dont 5 espèces d'intérêt communautaire).

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- le rebord méridional du massif des Bauges (ZSC et ZPS) : Le rebord méridional du massif des Bauges représente 3 grands types de milieux : forêts sèches, pelouses sèches et rochers. Le rebord méridional doit son intérêt à la présence de nombreuses zones de pelouses sèches pour lesquelles la fermeture du milieu constitue la plus importante des menaces. - le Réseau de Zones humides, pelouses, landes et falaises de l’avant-pays savoyard (ZSC et ZPS (Avant-Pays Savoyard)) : Ce site fragmenté présente des zones humides de type : étendue d’eau libre, roselières, prairies humides et cariçaies encore fauchées. Il se situe dans les chaînons calcaires de l’avant-pays savoyard. Le Lac d’Aiguebelette fait partie intégrante de ce réseau. Quinze habitats ont été identifiés sur ce site, dont trois prioritaires (marais calcaires, sources pétrifiantes et forêts de pente, éboulis ou ravins). - le Réseau de Zones humides de l’Albanais (ZSC) : Site fragmenté mais présentant des relations fonctionnelles qui comprend 43 zones humides situées dans l’Albanais, dont une petite dizaine au sein de l’aire urbaine. Ces zones humides son des étangs riches en végétation aquatique et palustre, des bas-marais, des grandes cariçaies, des molinaies, des sources tufeuses et des faciès forestiers humides.

Carte 21 - Zones Natura 2000

Les Réserves Naturelles Nationales (RNN) et Régionales (RNR) La RNN permet de protéger réglementairement des milieux naturels de grande valeur. Toute action susceptible de nuire au développement de la flore et de la faune ou d’entraîner la dégradation de biotopes peut y être réglementée ou interdite. La RNR, quant à elle, est un espace naturel protégé réglementairement classé par le Conseil Régional. La gestion durable de cette zone est assurée à l’aide de suivis scientifiques réguliers et d’une réglementation adaptée. Le territoire compte une réserve naturelle régionale : le lac d’Aiguebelette.

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Les Arrêtés Préfectoraux de Protection de Biotope (APPB) L’APPB a pour objectif la préservation des milieux naturels nécessaires à l’alimentation, à la reproduction, au repos ou à la survie des espèces animales ou végétales protégées par la loi. Cet arrêté établit, de manière adaptée, les mesures d’interdiction ou de réglementation des activités pouvant porter atteinte au milieu. L’aire urbaine comprend 9 APPB : - les Rives sud du lac du Bourget ; - le Marais des Noux ; - Zones humides de Planaise ; - Lac d’Aiguebelette ; - La Bialle et les bassins Mollards ; - Les Zones humides de Planaise ; - Les Lacs et marais Saint-Jean Chevelu ; - Le Marais du Puits de l’Enfer ; - Le Marais des Villards et du Parc. Les Parcs Naturels Régionaux (PNR) Les PNR sont créés pour protéger et mettre en valeur de grands espaces ruraux habités. Il s’agit d’un territoire à dominante rurale dont les paysages, les milieux naturels et le patrimoine culturel sont de grande qualité, mais dont l’équilibre est fragile. Un Parc Naturel Régional s’organise autour d’un projet concerté de développement durable, fondé sur la protection et la valorisation de son patrimoine naturel et culturel37. Les chartes des parcs naturels régionaux peuvent définir des zones n’ayant pas vocation à accueillir l’activité de carrière, encadrer le renouvellement ou l’extension des carrières, préciser des durées et quantités de matériaux à extraire. Les chartes peuvent également contenir des mesures encadrant la phase d’exploitation (notamment pour les nuisances) et la réhabilitation des sites après exploitation. Deux PNR sont localisés sur l’aire urbaine : le PNR Massif des Bauges et le PNR de la Chartreuse. La charte du PNR Chartreuse souhaite mobiliser les ressources minérales dans la limite des capacités environnementales et paysagères du territoire, notamment en économisant la ressource en encourageant le recyclage. La chartre du PNR Massif des Bauges dispose de spécifications particulières aux carrières qui encadrent cette activité : respect de conditions pour l’ouverture et l’extension de carrières en matière de besoins, de ressource en eau, de qualité de l’air, de connaissance, etc. Le Conservatoire d’Espaces Naturels (CEN) Savoie Les Conservatoires d'Espaces Naturels sont des associations engagées à but non lucratif qui gèrent un réseau de sites naturels. Leur action est fondée sur la maîtrise foncière et d’usage et s’appuie sur une approche concertée, au plus près des enjeux environnementaux, sociaux et économiques des territoires. Au niveau de l’aire urbaine, le CEN Savoie assure directement la préservation et la gestion de près de 52 sites. Les Espaces Naturels Sensibles (ENS) Les Espaces Naturels Sensibles sont des sites d’intérêt départemental au regard de leur qualité, leurs paysages et leur milieux naturels. Après l’identification de sites potentiels, les conseils départementaux mettent en place une politique d’acquisition foncière ou de gestion contractuelle. Ils

37 Parcs naturels régionaux (http://www.parcs-naturels-regionaux.fr/)

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 70 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes assurent la maîtrise d’ouvrage et la sensibilisation des populations. Les financements sont assurés par la taxe départementale des espaces naturels sensibles. Les Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) et les Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO) Les ZNIEFF et les ZICO sont des inventaires initiés par le Museum National d’Histoire Naturelle ayant pour objectif d’identifier et de décrire des secteurs présentant de fortes capacités biologiques et un bon état de conservation. L’inventaire ZNIEFF a été lancé en 1982, modernisé à partir de 1996, et distingue deux types : - les ZNIEFF de type I concernant les secteurs de grands intérêt biologique ou écologique ; - les ZNIEFF de type II représentant de grands ensembles naturels riches et peu modifiés, offrant des potentialités biologiques importantes. Certaines ZNIEFF et ZICO ont été désignées par la suite en sites Natura 2000. Les ZNIEFF de type I localisées sur l’aire urbaine sont au nombre de 91, elles couvrent une majeure partie du territoire. Les ZNIEFF de type II sont au nombre de 15. Enfin, le territoire comprend 2 ZICO : le Lac et marais du Bourget et Les Bauges.

Carte 22 - Espaces naturels protégés et/ou d'intérêt

2.1.5.2 Les plans, programmes et schémas

La Stratégie Nationale de Biodiversité (SNB) 2011-2020 La Stratégie Nationale pour la Biodiversité concrétise l’engagement national au titre de la convention sur la diversité biologique et vise donc à atteindre les 20 objectifs fixés dans ce cadre à toutes les

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échelles territoriales. La loi Grenelle I de 2009 décline cette stratégie à l’échelle régionale et la loi biodiversité de 2016 étend les stratégies à toutes les régions. La SNB se décline en six axes : - Susciter l’envie d’agir pour la biodiversité ; - Préserver le vivant et sa capacité à évoluer ; - Investir dans un bien commun, le capital écologique ; - Assurer un usage durable et équitable de la biodiversité ; - Assurer la cohérence des politiques et l’efficacité de l’action ; - Développer, partager et valoriser les connaissances. Le Schémas Régional de Cohérence Ecologique (SRCE) de Rhône-Alpes Le Schéma Régional de Cohérence Ecologique (SRCE) de Rhône-Alpes, approuvé le 16 juillet 2014 est un document issu du Grenelle de l’environnement qui permet d’identifier les trames verte et bleue, et de définir des objectifs de préservation ou de restauration. La Trame verte et bleue est un réseau formé de continuités écologiques terrestres et aquatiques, constitué des réservoirs de biodiversité et des corridors écologiques. Les réservoirs de biodiversité sont « des espaces dans lesquels la biodiversité est la plus riche ou la mieux représentée, où les espèces peuvent effectuer tout ou partie de leur cycle de vie et où les habitats naturels peuvent assurer leur fonctionnement en ayant notamment une taille suffisante, qui abritent des noyaux de populations d’espèces à partir desquels les individus se dispersent ou qui sont susceptibles de permettre l’accueil de nouvelles populations d’espèces. » (art. R.371-19 du Code de l’Environnement). Les corridors écologiques permettent de relier les réservoirs de biodiversité entre eux.

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 72 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

Carte 23 - Réservoirs biologiques et corridors écologiques au niveau de l’aire urbaine (source : SRCE Rhône-Alpes) La planche E05 de l’atlas du SRCE centrée sur l’aire urbaine montre quelques corridors d’importance régionale qu’il convient de remettre en bon état. Les autres programmes La protection, préservation ou restauration de la biodiversité peut faire l’objet de subventions au niveau européen notamment², via divers fonds comme le FEDER (Fond Européen de Développement Economique et Régional), FEADER (Fond Européen Agricole pour le Développement Rural) et LIFE (programme de soutien aux projets dans les domaines de l’environnement et du climat). Dans la région, plusieurs programmes intégrant des actions en faveur de l’environnement ont ainsi pu être financés, parmi lesquels les Programmes Opérationnels Interrégionaux Rhône-Saône, Alpes,

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Massif Central et Jura, le Plan Loire, les programmes ALCOTRA France-Italie, France-Suisse, Espace Alpin, etc.

2.1.6 Les perspectives d’évolution des milieux naturels et de la biodiversité à l’échelle de l’aire urbaine

Thématique : « Milieux naturels et biodiversité » Perspective d’évolution Situation actuelle sans mise en œuvre du SRC (Scénario de référence)

Grande diversité de milieux et d’espèces Artificialisation et homogénéisation de

+ grâce aux conditions topographiques certains milieux et dégradation de l’état variées de conservation des espèces indigènes Des mesures de gestion mises en place De nombreuses mesures de et dont l’application se poursuit. + connaissances et de gestion des sites Certains milieux remarquables sont naturels remarquables encore peu reconnus (pelouses sèches) Des efforts menés sur les continuités Présence de couloirs de migration écologiques (trames verte et bleue). +/- importants, dont certains sont à Obligation réglementaire sur certains restaurer cours d’eau (listes 1 et 2) Des efforts réalisés pour la diminution Des pressions importantes (usage des de certaines pressions, notamment sur sols, déprise agricole, fermeture des les sites gérés, mais d’autres - = milieux, urbanisation, changement persistantes (déprise agricole, climatique, etc.) urbanisation, etc.) voire s’aggravant (changement climatique) L’inventaire des pelouses sèches en Des connaissances hétérogènes sur 2015 est une première étape vers la - certains milieux très sensibles création d’outils règlementaires et une meilleure reconnaissance

2.1.7 Les enjeux environnementaux « milieux naturels et biodiversité »

Les enjeux majeurs relatifs aux milieux naturels et à la biodiversité sont donc : la préservation des milieux particuliers de l’aire urbaine soumis à de fortes pressions : pelouses sèches et zones humides ; l’évitement de la création de nouvel obstacle aux continuités écologiques, notamment entre Bauges et Chartreuse (importance régionale).

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2.2 Le patrimoine paysager et bâti

2.2.1 Un relief très marqué et contraint

Le paysage est défini comme « une partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l'action de facteurs naturels ou humains et de leurs interrelations dynamiques. » (art. 171 de la loi biodiversité). L’aire urbaine de Chambéry bénéficie d’un relief très varié, entre vallées et montagnes. Cependant, cette caractéristique contraint fortement les aménagements humains.

Carte 24 - Relief au niveau de l'aire urbaine de Chambéry

Au niveau des vallées, l’aire urbaine de Chambéry en compte deux principales : • la Combe de Savoie (ou vallée de l’Isère) qui s’étend de l’est au sud-ouest du territoire. L’Arc, descendant de la vallée de la Maurienne, la rejoint au niveau de la commune de Bourgneuf. Cette vallée est également marquée par les autoroutes A43 puis A41 poursuivant vers Grenoble ; • la Cluse de Chambéry (ou vallée de la Leysse), qui part du lac du Bourget pour rejoindre celle de l’Isère au niveau de Francin. Cette vallée apparaît comme celle à l’urbanisation la plus intense, avec la présence de Chambéry et de son agglomération. Ces vallées, supports d’anciennes étendues marécageuses, ont été drainées pour permettre l’installation humaine. L’Isère a été canalisée au cours du XIXème siècle et quelques étendues de zones humides subsistent le long de la rivière. Le lac du Bourget, situé au nord du territoire, est entouré de faibles pentes alluvionnaires au sud-est, avant le massif des Bauges, des versants abrupts de la chaîne de l’Epine à l’ouest et la montagne de la Biolle à l’est, et par les parties planes de la Cluse de Chambéry au sud.

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Enfin, trois grands massifs se dressent au sein du territoire : • le massif des Bauges au centre, culminant, sur le territoire, à plus de 1 600 mètres (Pointe de la Galoppaz, le Grand Roc, etc.) ; • les premiers reliefs du massif de Belledone au sud ; • le massif de la Chartreuse au sud-ouest, dont le Col du Garnier est situé en périphérie de l’aire urbaine (1 933 m).

2.2.2 Un paysage varié

Le paysage de l’aire urbaine de Chambéry est très varié. En effet, cinq des sept familles de paysage comprises dans l’Atlas des paysages de Rhône-Alpes38 y sont présentes : Tableau 15 - Familles de paysage de l'aire urbaine de Chambéry (Source : Les 7 familles de paysages en Rhône-Alpes)

Type de paysage Caractéristiques majeures Secteurs Naturels Paysages très variés : haute-montagne, Bassin du lac du Bourget : grande étendue zones humides, gorges, forêts, landes, d’eau autour de laquelle les paysages lacs apparaissent variés : des secteurs urbains Peu de traces humaines, nature vaste et (Aix-les-Bains et maillage routier) aux reliefs sauvage importants (Epine et Dent de Chat) (cf. figure 14) Agraires Paysages façonnés et gérés par l’activité Avant-pays savoyard, Combe de Savoie en agricole, occupés visiblement par amont de la confluence de l’Isère et de la l’homme Leysse, Plateau de la Leysse : vignobles et Présence de champs cultivés, de prairies autres cultures de vallées traversées par des clôturées et de constructions infrastructures linéaires (voies routières, ferrées et lignes électriques) et par le cours d’eau chenalisé (cf. figure 15) Ruraux- Présence de structures paysagères Bassin du Châtelard : le cœur des Bauges, patrimoniaux singulières issus d’une spécialisation avec de grandes vallées et des massifs agricole : architecture caractéristique, importants ; une importante présence de petit patrimoine rural forêt Emergents Paysages naturels ou ruraux ayant Cluse de Chambéry, Combe de Savoie en aval évolués récemment vers des formes de la confluence de l’Isère et de la Leysse d’urbanisation diffuse à vocation résidentielle Urbains et Paysages présentant une part Agglomérations de Chambéry et d’Aix-les- périurbains majoritaire d’infrastructures et Bains d’espaces revêtus ou bâtis Centres historiques, ensembles pavillonnaires, faubourgs rattachés à la ville, zones industrielles, etc.

A noter que le secteur correspondant à l’arrivée de la vallée de l’Arc dans la vallée de l’Isère est situé en paysages marqués par de grands équipements. Ce paysage correspond à des couloirs géographiques de déplacement fortement aménagés qui sont souvent ponctués de grands équipements industriels : usines, centrales, aménagements hydrauliques, carrières, etc.

38 Les 7 familles de paysages en Rhône-Alpes, DREAL AuRA, 2006

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Carte 25 - Unités paysagères de l'aire urbaine

L’ensemble de ces paysages est marqué par la présence humaine, l’ayant modifié voire façonné, des vallées aux sommets, des centres urbains savoyards aux alpages.

Figure 12 - Vue sur le Lac du Bourget et Aix-les-Bains depuis le Revard

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Figure 13 - Vue panoramique, depuis la roche du Guet dans le massif des Bauges, de la combe de Savoie (auteur : Florian Pépellin)

2.2.3 Un patrimoine bâti remarquable

Le patrimoine bâti de l’aire urbaine est relativement riche. Cela se traduit par un nombre d’immeubles classés au titre des monuments historiques assez important (cf. partie 2.2.6). Ces monuments ont souvent des origines religieuses, de la Cathédrale Saint François de Sales de Chambéry aux petites églises et chapelles de villages de montagne (Chapelle Saint-Martin de Curienne par exemple). Mais d’autres bâtiments sont également classés, comme des moulins (Moulin d’Entrenant à la Thuile), des jardins et parcs, des fontaines, des hôtels particuliers, etc. La richesse patrimoniale des communes de Chambéry et d’Aix-les-Bains leur a notamment permis de disposer du label « Ville d’art et d’histoire ».

2.2.4 Les carrières, le patrimoine paysager et bâti

Les impacts des carrières sur les paysages sont très variés dans leur nature et leur importance en fonction du type d’exploitation, de sa localisation, de sa prise en compte lors de l’installation, etc. Chaque espace est un cas particulier, notamment en fonction de la diversité des paysages, de leur degré d’artificialisation, des perceptions depuis le voisinage ou depuis les hauteurs, etc. Par exemple, la perception des carrières situées en fond de vallée sera très différente depuis le fond de vallée lui-même (vision à courte distance limitée par les végétaux et autres structures artificielles) et depuis les flancs de vallée (vision à longue distance depuis les reliefs). Dans l’aire urbaine, les sites de carrière présents sur la photo ci-dessus (cf. figure 14), situés dans la commune de Grésy-sur-Aix au pied du versant Sud-Est de la pointe Sud du Mont de Corsuet, peuvent être qualifiés d’extravertis (parfois sur un versant ou en escarpement ou présence de grands bâtiments ou installations). Ils sont situés sur un versant et sont particulièrement visibles depuis la vallée, comme depuis le versant opposé. A noter que ce site se situe au sein du site inscrit de Lac du Bourget, mais hors du champ de vision à partir du lac. Une autre carrière de l‘aire urbaine est présente au sein de ce même site, dans la commune du Bourget-du-Lac (gravière hors eau). Bien que relativement moins visibles puisque situées au sein d’un paysage plat déjà marqué par une urbanisation continue (zones d’activités notamment) et des infrastructures linéaires importantes (A43 et A41 par exemple), les carrières de granulat alluvionnaire, comme celles présentes au sein des Combes de Savoie, peuvent affecter le paysage par leur concentration assez importante, et leur possible extension (cf. figure 15).

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 78 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

2.2.5 Les sensibilités et les pressions

Les facteurs influençant les paysages sont nombreux, et la qualité de ceux-ci peut en être impactée de façon négative. Les changements d’usages du sol Des vallées alluviales aux plateaux de haute altitude, l’activité agricole continue d’influencer et de modeler les paysages. Ainsi, les changements d’usages du sol, que ce soit en perte ou création de surface agricole, ou en changement de cultures ou de type d’agriculture modifient les paysages. L’abandon de l’activité pastorale sur certaines surfaces en herbe par exemple favorise la fermeture progressive de la zone par une végétation arbustive. Le retournement de prairies pour en faire des zones de culture change également les paysages en créant des zones monospécifiques. L’agriculture n’est pas le seul facteur de changement d’usages du sol. L’urbanisation, notamment à proximité des grandes zones urbaines, change également le paysage par la reprise de territoire autrefois supports de l’activité agricole ou de milieux naturels. La réalisation de grands aménagements et de grands axes de communication, majoritairement dans les vallées, ont également créé des structures linéaires marquantes dans le paysage. Le développement des énergies renouvelables, objectif de la France vis-à-vis de l’utilisation de ressources non renouvelables et de la maîtrise de la consommation énergétique, peut avoir des impacts sur les paysages. L’installation d’éoliennes, de parcs photovoltaïques ou de barrages hydroélectriques sont des aménagements qui sont particulièrement visibles. L’implantation d’installation de production d’énergies renouvelables implique donc de mener une réflexion de planification intégrant les enjeux paysagers en amont des projets et de mettre en place une concertation entre les acteurs pour faire émerger un vrai projet permettant son appropriation et la mesure des impacts par les acteurs du territoire. Au niveau de l’aire urbaine, peu d’installations éoliennes sont actuellement recensées (cf. partie 1.5). Enfin, les activités de loisirs impactent également la qualité des paysages, particulièrement en zone de montagne. La multiplication de domaines skiables en haute montagne, associée au développement de stations de ski et d’aménagements permettant la pratique de ces activités, augmentent le taux d’artificialisation des paysages jusqu’aux plus hauts sommets. Au sein de l’aire urbaine, un grand domaine de ski est présent : La Féclaz - Le Revard - St François de Sales - Arith (Savoie Grand Revard). Le changement climatique Les paysages reposent sur la composition et la structuration des habitats « naturels ». Ils sont ainsi directement concernés par les évolutions qui touchent ces derniers. Ce phénomène a déjà modifié et modifiera certainement encore considérablement les paysages. Des bouleversements importants, notamment sur la répartition de la végétation sont donc susceptibles d’impacter les paysages dans les années et décennies à venir. Ces changements sont d’ores et déjà particulièrement remarquables en montagne (disparition d’éléments marquants le paysage comme les glaciers, diminution des surfaces toujours enneigées, etc.). Les risques naturels Ces risques, comme les inondations et les incendies, peuvent impacter le patrimoine paysager pour plusieurs dizaines d’années. Ils peuvent aussi être à l’origine de la destruction du patrimoine bâti (ouvrages d’art, patrimoine remarquable au fil de l’eau, etc.). De plus, la lutte contre les risques nécessite parfois la réalisation d’équipements qui modifient les paysages (vigies, endiguements, coupe-feux forestiers, dessertes anti-incendie, citernes, bassins de rétention, etc.).

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 79 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

Les entrées de ville Paysages de transition entre le milieu extérieur (« naturel ») et intérieur (« urbain »), les entrées sont un facteur de dégradation du paysage. Sur l’aire urbaine, certaines entrées des grandes agglomérations souffrent d’un phénomène de banalisation : domination des grands centres commerciaux ou zones d’activités, fort maillage routier, etc. Certains paysages émergents contribuent à cette banalisation, par un étalement urbain diffus constitué d’habitations standardisées.

2.2.6 Règlementation et dispositifs de connaissance, de suivi ou d’action

La Convention européenne du paysage, adoptée le 20 octobre 2000, vise à promouvoir la protection, la gestion et l’aménagement des paysages et à organiser la coopération internationale dans ce domaine. Directement inspirée de ce texte, la politique nationale en matière de paysage poursuit deux objectifs : - préserver et promouvoir la qualité et la diversité des paysages à l’échelle nationale ; - faire du paysage une composante opérationnelle des démarches d’aménagement de l’espace. Pour cela, elle vise à développer la connaissance des paysages (Atlas des paysages et observatoires photographiques des paysages), à formuler des objectifs de qualité paysagère (Plans de paysage, SCoT et Charte de PNR) et à promouvoir une culture du paysage. Le patrimoine mondial de l’UNESCO Sur la base de la Convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel, adoptée en 1972, l’UNESCO encourage l’identification, la protection et la préservation de sites considérés comme ayant une valeur exceptionnelle pour l’humanité. En droit français, la préservation du site UNESCO est souvent réalisée à travers les autres outils (PN, PNR, RN, etc.). Trois sites sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO sur l’aire urbaine de Chambéry, faisant partie d’un même bien regroupant 111 sites : les sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes. Il s’agit plus précisément du Littoral de Tresserve, de la Baie de Grésine et du lac d’Aiguebelette. Ce sont des vestiges d’établissements préhistoriques datant de 5 000 à 500 av. J.-C., qui sont situés sous l'eau, sur les rives du lac du Bourget et d’Aiguebelette. Les Plans de Paysage Le PNR du massif des Bauges et la Communauté de Communes Cœur de Savoie mènent une démarche de Plan Paysager Prospectif sur les communes de Chignin à Fréterive. Il s’agit de partager une vision commune du territoire, de mettre en relief les transformations et mutations liées aux facteurs naturels, économiques, sociaux et culturels, et de guider l’ensemble des acteurs publics ou privés dans la maîtrise de ces évolutions, dans le respect des qualités et des singularités paysagères du territoire39. Des travaux similaires sont réalisés pour le territoire de l’Albanais Savoyard (Pugny-Châtenod, Trévignin, Le Montcel et St-Offenge) ainsi qu’au niveau du PNR Chartreuse, qui propose une réflexion sur l’évolution des paysages d’ici à 2035. Enfin, en rive gauche de l’Isère, un Plan de Paysages est également en cours de construction par la Communauté de Communes Cœur de Savoie. Les sites classés et inscrits La loi du 2 mai 1930 ayant pour objet de réorganiser la protection des monuments naturels et des sites de caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque a mis en place l’inscription et la protection de sites remarquables. Les sites classés sont des espaces reconnus nationalement comme exceptionnel du point de vue du paysage, et intégrant à ce titre le patrimoine national. Les sites inscrits quant à eux, sont des monuments naturels et des sites dont la conservation ou la

39 Parc des Bauges

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 80 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes préservation présente un intérêt général. Il s’agit d’une protection moins forte que pour les sites classés. L’aire urbaine compte 8 sites classés et 31 sites inscrits. Parmi les sites inscrits, deux sont particulièrement reconnus : les lacs du Bourget et d’Aiguebelette. D’autres concernent plus particulièrement des milieux naturels : le bois de Tresserve et de Lamartine et la cascade de Couz et ses abords (partie inscrite). A noter également un grand site classé depuis 2010 : les coteaux viticoles de Jongieux et de Marestel, d’une superficie de 1 785 hectares, situé sur les contreforts ouest du massif de la Charvaz. Les autres sites classés sont les gorges de Sierroz, la mairie de Tresserve et ses jardins, la Chapelle et gorge de Saint-Saturnin, l’esplanade et les jardins du château de Chambéry, le Clos Jean- Jacques Rousseau et la cascade de Couz et ses abords (partie classée). Les sites patrimoniaux remarquables Les sites patrimoniaux remarquables remplacent les Aires de mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine (AVAP) ainsi que les secteurs sauvegardés au titre de la loi du 7 juillet 2016 relative à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine. Ce sont « les villes, villages ou quartiers dont la conservation, la restauration, la réhabilitation ou la mise en valeur présente, au point de vue historique, architectural, archéologique, artistique ou paysager, un intérêt public » ainsi que « les espaces ruraux et les paysages qui forment avec ces villes, villages ou quartiers un ensemble cohérent ou qui sont susceptibles de contribuer à leur conservation ou à leur mise en valeur » (article L.631-1 du Code du Patrimoine). Un plan de valorisation de l’architecture et du patrimoine (servitude d’utilité publique) ou un plan de sauvegarde et de mise en valeur (document d’urbanisme) est établi sur chaque site patrimonial remarquable. Il détermine les conditions de préservation et de mise en valeur des éléments présentant un intérêt public. Le territoire compte 2 sites patrimoniaux remarquables : le centre ancien de Chambéry et l’ensemble du site patrimonial de Chambéry (ancienne ZPPAUP). Le caractère très urbain de ces sites rend très peu probable l’installation d’une carrière. Les chartes des Parcs Naturels Régionaux L’aire urbaine de Chambéry est concernée par deux Parcs Naturels Régionaux : celui du massif des Bauges et celui de Chartreuse (cf. partie 2.1.5). La Charte du PNR de Chartreuse souhaite « mobiliser les ressources minérales dans la limite des capacités environnementales et paysagères du territoire » (mesure II.3.2). Il s’agit de contribuer à une production de matériaux compatible avec les impératifs de préservation du patrimoine, des paysages et des activités structurantes sur lesquels le territoire mise son développement, et notamment : - d’établir des recommandations techniques pour diminuer l’impact paysager des carrières lors de leur extension ou en cours d’exploitation ; - d’accompagner et conseiller les communes durant la phase de réhabilitation des sites qui incombent aux exploitants ; - d’initier un partenariat avec l’UNICEM et les pétitionnaires pour que le Parc soit associé aux études de faisabilité en amont des projets afin de favoriser la recherche de méthodes innovantes dans l’exploitation ; - de mettre en place avec l’UNICEM un comité de suivi des exploitations. Dans l’aire urbaine, deux carrières de granulats sont situées au sein du parc : sur les communes de Montagnole et de St-Thibaud-de-Couz. La Charte du PNR du massif des Bauges vise à « garantir l’utilisation durable et équilibrée des ressources » (mesure 2.2.1). Elle établit plusieurs conditions à l’ouverture ou à l’extension de carrières, notamment : - qu’elle soit justifiée par un déficit de matériaux sur le territoire du Parc ;

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 81 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

- que toutes les solutions pour l'approvisionnement du marché local (bâtiments, routes, granulats pour béton, remblais, …) par les carrières existantes aient été mises en œuvre, notamment en adaptant les modalités d'exploitation et de production. En outre, des spécifications applicables à toutes les carrières sont prises, et certaines sont particulièrement applicables aux carrières de roches massives, et d’autres aux carrières en terrasses alluvionnaires. Concernant les paysages, il s’agit de : - ne générer aucun impact visuel majeur pendant et après l’exploitation en faisant appel, éventuellement, à des techniques d’extraction spécifiques et de remise en état coordonnées ; - pour un motif environnemental, impact visuel fort par exemple, rouvrir exceptionnellement une carrière fermée pour une courte durée dans l’unique but de lui conférer un impact visuel définitif conforme à la charte du Parc. L’autorisation accordée dans ces conditions ne sera délivrée qu’une seule et unique fois ; - minimiser les surfaces d’exploitation en favorisant les exploitations en profondeur (carrière en roches massives) ; - l’extraction d’alluvions en terrasses peut être autorisée, sous réserve de réduire au strict minimum les surfaces d’extraction, et de prévoir, dès l’origine, la destination des terrains au moment de leur restitution, terrains agricoles ou terrains pouvant faire l’objet d’un plan d’aménagement concerté. Aucune carrière de l’aire urbaine n’est située dans le territoire du PNR. Les immeubles inscrits ou classés au titre des monuments historiques La protection au titre des monuments historiques, telle que prévue par le livre VI du Code du patrimoine, constitue une servitude de droit public. Toute intervention d’entretien, de réparation, de restauration ou de modification doit être réalisée en maintenant l’intérêt culturel qui a justifié le classement de l’immeuble. La protection des monuments historiques est indissociable de l’espace qui les entoure. Une vigilance particulière est donc appliquée concernant toute modification sur cet espace. Ainsi, la loi n°92 du 25 février 1943 instaure l’avis de l’Architecte des Bâtiments de France sur toute demande d’autorisation de travaux à l’intérieur d’un périmètre de protection de 500 mètres de rayon autours des sites inscrits et classés. Depuis 2000, le périmètre peut être adapté selon les réalités topographiques, patrimoniales et parcellaires du territoire, sur proposition de l’Architecte des Bâtiments de France. Au sein du territoire, 97 immeubles sont (partiellement) inscrits ou (partiellement) classés. Les communes de Chambéry et d’Aix-les-Bains en présentent 34 à elles seules. Les mesures de gestion et de préservation des paysages intégrées dans les politiques publiques Les documents d’urbanisme doivent intégrer le paysage dans leurs projets d’aménagement. Ils offrent également la possibilité d’inscrire des règles de préservation des structures paysagères comme la préservation de cônes de vue, la protection d’éléments de paysage, etc. mais peu de collectivités utilisent encore pleinement ces outils. Le SCoT de l’Avant Pays Savoyard vise une exploitation durable des matériaux du sous-sol, et souhaite que les PLU prennent en compte les périmètres d’exploitation potentielle de carrières définis dans le schéma département des carrières. Les politiques publiques foncières d’acquisitions et de gestion des espaces naturels sont aussi des outils de conservation des paysages, menées par les communes, les conseils généraux à travers la politique des espaces naturels sensibles ou le conservatoire des espaces naturels. Les autres propriétés publiques, notamment forestières (forêt domaniale, départementale et communale) constituent aussi des outils de préservation et de gestion des paysages.

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2.2.7 Les perspectives d’évolution des patrimoines paysager et bâti à l’échelle de l’aire urbaine

Thématique : « Patrimoine paysager et bâti » Perspective d’évolution Situation actuelle sans mise en œuvre du SRC (Scénario de référence)

Des acteurs qui prennent conscience de cette richesse et qui réfléchissent aux moyens de la préserver (démarches de Un paysage diversifié et renommé, prospection et de concertation) + mêlant vallées « plates », reliefs alpins = et étendues d’eau emblématiques Mais un paysage parfois dégradé (points noirs) par une forte urbanisation depuis plusieurs décennies qu’il sera difficile de reconquérir Des protections multiples (sites Des démarches aujourd’hui en cours inscrits/classés, monuments historiques, d’élaboration qui seront + Chartes de PNR) associées à des progressivement mises en œuvre (SCoT démarches volontaires (Plans de Métropole Savoie, PLUi, Plans de Paysage, documents d’urbanisme, etc.) Paysage, etc.) Un grand pôle dont les principales Une pression démographique ne richesses paysagères sont liées aux faiblissant pas, associée à la réalisation - vignobles, aux massifs montagneux de nouveaux aménagements (projets sur proches et aux derniers milieux naturels la voie rapide urbaine, Lyon-Turin, etc.) dispersés Des conflits importants, notamment Une tendance marquée de mitage du dans le grand pôle, entre maintien de vignoble par l’urbanisation et de perte - l’agriculture et des milieux naturels, et des derniers milieux naturels au profit extension de l’urbanisation et des zones de l’extension des zones d’activités d’activités

2.2.8 Les enjeux environnementaux « patrimoine paysager et bâti »

Les principaux enjeux environnementaux vis-à-vis du patrimoine paysager et bâti pour les projets, exploitations et remises en état de carrières sont : le maintien des coupures d’urbanisation (composantes séparant deux zones urbanisées), des espaces viticoles et des derniers espaces naturels au sein des vallées ; le respect des paysages identitaires des territoires des PNR Chartreuse et massif des Bauges dans la couronne.

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3 Analyse du milieu humain

L’analyse du milieu humain de l’aire urbaine de Chambéry est constituée des thématiques suivantes : l’urbanisme, la consommation de l’espace et les transports, les activités agricoles et forestières, les risques, les nuisances et les déchets.

3.1 L’urbanisme, la consommation de l’espace et les transports

3.1.1 Présentation générale

3.1.1.1 L’urbanisme et la consommation de l’espace

L’aire urbaine de Chambéry s’étend sur 790 km² au sein de la Savoie. Elle représente 13,1 % de la surface de ce département, mais plus de la moitié de sa population (52 %). Une démographie hétérogène L’aire urbaine comprenait 222 185 habitants en 2014, avec une densité assez importante de 281 hab./km², soit plus du double de celle de la France (Insee). Le taux d’évolution est très important puisque la zone comptait 129 029 habitants à la fin des années 1960 (taux annuel de +1,2 %). Elle est principalement due au solde migratoire (taux annuel de +0,8 %). L’aire urbaine de Chambéry apparaît donc comme très attractive. L’aire urbaine de Chambéry est constituée du grand pôle de Chambéry (35 communes) et de sa couronne (50 communes) : - le grand pôle accueille près de 84 % de la population totale de l’aire urbaine (186 355 habitants) et dispose d’une densité de population de 582 hab./km². Il comprend les deux plus grosses communes de la zone : Chambéry (59 697 habitants) et Aix-les-Bains (29 822 habitants) et est traversé selon un axe nord/sud par les autoroutes A41 et A43. Le taux d’évolution annuel de la population est de +1,24 %, en grande partie dû à un grand solde migratoire (+0,86 %) ; - la couronne accueille 35 830 habitants, avec une densité de 76 hab./km². Le taux annuel d’évolution de la population est plus faible, mais tout de même assez important (+0,98 %) dont un solde migratoire de +0,46 %. Montmélian (4 112 habitants) et St-Pierre-d’Albigny (3 936 habitants) apparaissent comme les communes les plus importantes de cette couronne. La dynamique démographique plus faible de la couronne est notamment la conséquence d’un espace contraint au sein d’un territoire de montagne. Tandis que le grand pôle profite des espaces offerts par les vallées de la Leysse et de l’Isère (Cluse de Chambéry), la couronne présente des dénivelées plus importantes (massifs des Bauges et de la Chartreuse, chaîne de l’Epine). L’occupation du sol Une telle densité de population entraîne nécessairement une urbanisation importante. En effet, 11,8 % de la superficie de l’aire urbaine de Chambéry sont des territoires artificialisés. Ce chiffre est bien supérieur à ceux de la région (5,2 %) et de la Savoie (3,6 %). Si seul le grand pôle est pris en compte, la part de territoires artificialisés grimpe à 23 %. Elle est de 3,9 % pour la seule couronne.

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 84 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

Aire urbaine Couronne

Grand pôle

Figure 14 - Part de l'occupation du sol de l'aire urbaine de Chambéry, du grand pôle et de la couronne (source : Corine Land Cover 2012)

L’aire urbaine présente également une proportion en territoires agricoles (38,2 %) plus faible que celle de la région (47,9 %) mais supérieur à celle de la Savoie (31,9 %). Toutefois, cette part varie relativement peu entre le grand pôle (34,3 %) et la couronne (40,9 %). Avec 45,5 % de sa superficie recouverte par des forêts et des milieux semi-naturels, l’aire urbaine montre une proportion très similaire à celle de la région (46 %) mais inférieure à celle du département (61,4 %). Elle varie davantage entre le grand pôle (35,8 %) et la couronne (52,5 %). Enfin, le caractère de vallée du grand pôle est bien marqué par la grande part de surface en eau (6,6 %) alors que la couronne n’en est recouverte que par 2,5 %. L’aire urbaine comprend également une partie du Lac du Bourget. La part de zone humide (0,2 %) reste constante selon les trois zones considérées. A noter que les zones d’extraction de minéraux occupent une surface d’environ 176 ha, répartie entre le grand pôle (98 ha) et la couronne (78 ha), soit un très faible pourcentage du territoire (environ 0,2 %).

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Carte 26 - Occupation du sol (Source : Corine Land Cover)

3.1.1.2 Les transports

Le réseau routier L’aire urbaine de Chambéry profite d’un réseau routier dense. Le territoire se situe à la fois sur les axes Genève-Grenoble et Lyon-Turin. Ce réseau permet de desservir les massifs alpins et constitue une voie d’accès vers l’Italie, via le tunnel du Fréjus. L’autoroute A43 entre sur le territoire par l’ouest via les deux tunnels successifs de et de l’Epine. Elle bifurque ensuite vers le sud et traverse l’agglomération de Chambéry jusqu’à rejoindre l’Isère. Elle repart alors vers l’est en suivant l’Isère avant de se séparer à la sortie de l’aire urbaine pour rejoindre la vallée de la Maurienne vers le sud en longeant l’Arc et, plus tard, l’Italie. L’autre séparation, l’A430, poursuit vers l’est le long de l’Isère pour rejoindre Albertville. L’autoroute A41 entre dans l’aire urbaine par le nord en provenance de Genève et d’Annecy. Elle rejoint l’A43 après avoir longé le lac du Bourget. Elle continue vers le sud à la sortie de l’aire urbaine en direction de Grenoble. En 2014, à la gare de péage de Chambéry Nord (jonction A43/A41), le trafic fut de 50 883 véhicules. Depuis 2009, une évolution de +2,1 % est observée. Au niveau de la gare de péage de Chignin barrière (Chambéry sud), le trafic fut de 47 614 véhicules, en évolution de +2,5 % depuis 2009. Entre les deux, la voie rapide urbaine de Chambéry a vu une fréquentation d’environ 100 000 véhicules sur son tronçon le plus fréquenté (VRU boisse) en 2014. Elle augmente de 1,1 % en moyenne par an entre 2008 et 2014. Le trafic de poids lourds y représente environ 5 % du trafic total. Ces chiffres connaissent également des variations infra-annuelles, avec des pics de fréquentation en période estivale et hivernale, en raison de l’afflux touristique vers les stations savoyardes40.

40 Observatoire des déplacements de la Savoie (http://www.savoie.fr/7681-reseaux.htm)

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 86 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

Ces autoroutes sont complétées par des routes départementales dont la plupart suivent les vallées. Toutefois, plusieurs d’entre elles permettent de relier les communes situées en altitude : la D1006 qui rejoint St-Jean-de-Couz, la D912 qui traverse l’aire urbaine du nord-est au sud-est et la D1504 qui dessert l’autre rive du lac du Bourget, etc. Au niveau de leur fréquentation en 2014, la D1006 a connu un trafic de 5 815 véhicules à St-Thibault- de-Couz (commune située en entrée/sortie de l’aire urbaine), et la D1504 a vu un trafic de 11 739 véhicules au niveau du tunnel du Chat. Le réseau ferroviaire Le réseau ferroviaire de l’aire urbaine suit en grande partie les autoroutes du territoire. Il comprend huit gares de passagers. L’aire urbaine est notamment traversée selon l’axe nord/sud par la ligne dite du Sillon Alpin qui relie Valence à Genève :

Carte 27 - Relation TER Rhône-Alpes, zoom sur l'aire urbaine de Chambéry (Source : SNCF DTER Rhône-Alpes, janvier 2015)

Avec 1 771 voyageurs/km/jour en 2014, la ligne Aix-les-bains - Chambéry est la plus fréquentée du territoire. La ligne Chambéry - Montmelian était fréquentée par 725 voyageurs/km/jour. Enfin, les lignes joignant l’extérieur de l’aire urbaine, Montmelian - Albertville et Pont-de-Beauvoisin - Chambéry voyaient une fréquentation de respectivement 448 et 399 voyageurs/km/jour41. En 2016, la fréquentation de la gare de Chambéry Challes les Eaux était de 3 604 056 voyageurs. Elle est en baisse depuis 2014 (-8,2 %). Elle reste la gare la plus fréquentée du département devant Aix-les- Bains le Revard (1 283 506 voyageurs) et la 5ème au niveau régional42. Le projet de ligne Lyon-Chambéry-Turin a été déclaré d’utilité publique par décret du 23 août 2013. Il consiste à relier ces villes par une nouvelle ligne à grande vitesse dédiée à la fois au fret et aux voyageurs. Ce projet, d’une longueur de 140 km pour la partie française, a un coût estimé à 7,7 milliards d’euros en 2011 en raison des nombreux tunnels et ouvrages d’art à bâtir (plus de 60 % du trajet en souterrain). Autres transports L’aire urbaine comprend également un aéroport : Chambéry Savoie Mont-Blanc. Il permet de rejoindre 10 destinations en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas et en Suède. En 2015, il a accueilli 212 882 passagers (hors transit).

41 SNCF, Région Auvergne-Rhône-Alpes 42 SNCF Open Data

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Carte 28 - Voies de communication et échanges entre l'aire urbaine de Chambéry et les grands pôles voisins

3.1.2 Les carrières, urbanisme, consommation de l’espace et transports

3.1.2.1 Consommation de l’espace

Les problématiques liées à la consommation de l’espace par les carrières sont abordées dans le chapitre sur les activités agricoles et forestières (cf. partie 3.2).

3.1.2.2 Les transports

En Savoie, la distance moyenne entre lieux de production et lieux de consommation des matériaux est de 14,4 km. Elle est inférieure à la distance moyenne régionale (18,6 km). Toutefois, autour des grandes agglomérations, comme c’est le cas de Chambéry, la tendance est à l’éloignement de la production du centre de consommation. Ceci est dû à la réduction du nombre d’autorisations existantes de carrières autour de ces zones. Ainsi, pour l’arrondissement de Chambéry, au sein d’un rayon de 20 km, les perspectives d’évolution de la production de granulat montraient un nombre de sites qui diminue jusqu’à 2 autorisés d’ici 2020 (sur 17 en 2008), pour une production réduite à moins de 200 000 tonnes (pour 2 290 000 tonnes en 2008). La tendance est similaire pour le rayon 20-40 km : de 44 sites à 12 ; de 4 600 000 tonnes produites à 1 050 000. Les besoins de l’arrondissement devraient alors être satisfaits sur la base d’un éloignement de la production plus important43. Le transport routier des matériaux de carrière : un outil aux points forts reconnus permettant un approvisionnement de proximité La route constitue aujourd'hui le mode de transport le plus flexible et le moins contraignant techniquement pour le transport de matériaux. Il n’engendre pas de rupture de charge entre le lieu

43 Cadre régional « matériaux et carrières », DREAL Rhône-Alpes, mars 2013

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 88 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes d’approvisionnement et le lieu de livraison et évite les surcouts liés aux quais de chargements/déchargements. Au niveau de la Savoie, la très grande majorité des transports de matériaux est réalisé par voie routière. Le transport ferroviaire des matériaux de carrière en déclin à l’ouest Le transport ferroviaire de matériaux est spécifique et devient intéressant économiquement en général dans les cas suivants : - il existe un embranchement ferré de la carrière ou une gare à proximité immédiate ; - la quantité à transporter est supérieure à 400 tonnes ; - la distance de transport est supérieure à 150 km ; - il s'agit de matériaux de qualité ; - il existe une plate-forme de démassification à l'arrivée des convois, ou le transport arrive directement au lieu de traitement. C'est par le cas par exemple pour les matériaux de la carrière de Meillers qui sont transportés de la gare de Souvigny, dans l’Allier, jusqu’à une usine embranchée en Savoie (vallée de la Maurienne). Au sein de l’aire urbaine, seule la carrière SOGYMA de St-Jean-de-Maurienne utilise la voie ferrée pour le transport du gypse vers Chambéry. Le gypse est transporté par camions jusqu’à la gare de St-Jean- de-Maurienne et est ensuite acheminé à l’usine Placoplatre de Chambéry, distante de 70 km, par des trains quotidiens de 1 100 tonnes. Ce transport permet d’éviter tous les ans 11 000 camions dans la vallée de la Maurienne. Le transport fluvial des matériaux de carrière Le trafic par voie fluviale en France est largement dédié au transport de matériaux de construction, qui représentaient, en 2017, 42 % des trafics fluviaux de marchandise44. L’utilisation de la voie fluviale pour ce secteur est soumise à plusieurs éléments indispensables : - des carrières embranchées à la voie d’eau ; - des équipements fluviaux adaptés ; - des installations industrielles ou logistiques elles aussi embranchées. Du fait de ces contraintes, le transport fluvial n’est pas utilisé en Savoie. Tableau 16 - Bilan avantage/inconvénient des différents types de transport (Source : SDC Savoie)

Transport Avantages Inconvénients Routier Souplesse Consommation d’énergie Pas de rupture de charge Bruit, poussière, vibrations Dégradation des routes Gêne pour les autres usagers Risques d’accident Ferré Quantités importantes Programmation rigoureuse Cadences élevées Rupture de charge + nuisances liées aux pré et post- acheminements Nuisances liées aux plateformes Fluvial Faible consommation énergétique Localisation réseau Transport propre Programmation difficile Rupture de charge + nuisances liées aux pré et post- acheminements

44 Bilan du trafic fluvial en 2017, Voies navigables de France, le 20 février 2018

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 89 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

3.1.3 Sensibilités et pressions

3.1.3.1 Une large progression des territoires artificialisés

L’occupation du sol évolue constamment. Les dynamiques actuelles aux échelles nationales et régionales sont à la perte de Surface Agricole Utile (SAU) et de forêts et milieux semi-naturels au profit de territoires artificialisés. Au niveau national, le taux d’artificialisation des sols a évolué de +0,16 % sur la période 2006 - 2012 (soit 87 000 ha). Il était de +0,40 % sur la période 2000 - 2006. Plus de 87 % des territoires nouvellement artificialisés le sont au détriment de surfaces agricoles (-0,14 % entre 2006 et 2012). Le reste est prélevé sur les forêts et milieux naturels (-0,02 % entre 2006 et 2012)45. En ce qui concerne la région, entre 2006 et 2012, les surfaces agricoles ont vu leur superficie diminuer de 0,27 %, tendance donc deux fois plus forte qu’au niveau national. Au niveau de l’aire urbaine de Chambéry, le tableau suivant indique les grandes évolutions en termes d’occupation des sols sur la base de l’analyse de Corine Land Cover de 2006 et de 2012 : Tableau 17 - Evolution de l'occupation des sols entre 2006 et 2012 (source : Corine Land Cover) (Unité : ha)

Aire urbaine Grand pôle Couronne 2006 2012 Evolution 2006 2012 Evolution 2006 2012 Evolution Territoires artificialisés 8855,23 9704,04 9,6% 7323,56 7859,08 7,3% 1531,67 1844,95 20,5% Territoires agricoles 31701,17 31258,07 -1,4% 12113,18 11729,60 -3,2% 19587,99 19528,47 -0,3% Forêts et milieux semi-naturels 37634,60 37294,16 -0,9% 12359,71 12243,87 -0,9% 25274,89 25050,29 -0,9% Zones humides 247,90 191,17 -22,9% 106,06 78,49 -26,0% 141,85 112,68 -20,6% Surfaces en eau 3466,17 3457,64 -0,2% 2268,01 2259,47 -0,4% 1198,16 1198,16 0,0% Ainsi, à l’image des dynamiques nationales et régionales, l’aire urbaine a perdu des territoires agricoles (-1,4 %) et des forêts et milieux naturels (-0,9 %) au profit des territoires artificialisés (+9,6 %). En termes de superficie, cela correspond à près de 850 ha artificialisés en 6 ans au détriment surtout des territoires agricoles (443 ha de perte) et des forêts et milieux semi-naturels (340 ha de perte). En considérant le grand pôle et la couronne, les évolutions d’occupation du sol sont différentes. En effet, à l’échelle de la couronne, la forte progression des territoires artificialisés (+20,5 %, soit 313 ha) est principalement réalisée sur des forêts et milieux semi-ouverts (-0,9 %, soit 225 ha), les territoires agricoles ayant diminué de moins de 60 ha. Tandis qu’au niveau du grand pôle, la perte de territoire agricole est bien plus importante (-3,2 %, soit 384 ha). Cela souligne bien la forte pression foncière qui s’opère dans les vallées sur les terres agricoles.

3.1.3.2 Les transports

Un réseau routier très fréquenté Certaines difficultés apparaissent sur le réseau routier de l’aire urbaine, notamment en périodes touristiques (été et hiver). Le nœud autoroutier de Chambéry nord, sur lequel se croisent trois voies de communication majeure : les autoroutes A41 et A43, et la voie rapide urbaine, apparaît comme un point à forts enjeux. Le contournement autoroutier de Chambéry étant définitivement abandonné en juin 2014, ce point a de fait un rôle de nœud autoroutier supportant un trafic d’échange élevé non prévu lors de sa mise en œuvre : plus de 50 000 véhicules par jour en moyenne et près de 90 000 véhicules par jour en période

45 L’occupation des sols en France : progression plus modérée de l’artificialisation entre 2006 et 2012, CGDD, décembre 2015

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 90 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes de pointe, avec une tendance, de plus, à la hausse (environ +2 %/an en moyenne d’ici 2022). Les temps de parcours moyen des trajets Chambéry - Lyon et Chambéry - Annecy se sont également dégradés46. Des travaux devraient débuter en 2019 et se poursuivent sur 4 ans afin d’améliorer les conditions de circulation à ce niveau. Il s’agira de fluidifier le trafic, de séparer les flux de circulation Lyon / Annecy avec une nouvelle bretelle et de dédier entièrement une voie à Aix-les-Bains. Le transport routier de granulats : plus couteux qu’en apparence et responsable d’émissions de GES C’est le temps de parcours, plus que le nombre de kilomètres parcourus, qui a la plus forte influence sur le cout de transport. Les couts externes liés au transport routier sont un autre élément à prendre en compte. Ce sont les couts indirects, c’est-à-dire non facturés, du transport des matériaux. Ils sont liés aux risques d’accidents, aux pollutions de l’air, du sol, aux nuisances sonores, au réchauffement climatique, et aux atteintes sur les milieux naturels. Le bureau suisse de conseil INFRAS et l’Université de Karlsruhe ont réalisé une étude d’actualisation de ces coûts en 2004 pour les pays de l’Union Européenne. Ils montrent que le cout externe lié au transport par route est 4 fois supérieur au transport par voie fluviale ou par voie ferrée. Plus de 95 % des émissions totales de gaz à effet de serre liées au transport de granulats viennent du secteur routier. Les émissions liées au transport routier ramenées en tonnes/kilomètres sont de 0,220 keqCO2/t/km, ce qui en fait le mode de transport le plus polluant. Les enjeux liés à la qualité de l’air et au réchauffement climatique, développés dans la partie sur l’analyse du milieu physique, montrent la part à jouer du choix du mode de transport des matériaux extraits des carrières. Tableau 18 - Facteurs d’émission de GES liés au transport de granulats par mode de transport (Source : bilan carbone® de l’ADEME)

Enfin, la circulation de nombreux poids-lourds pour le fret de marchandises quelles qu’elles soient pose des problèmes de sécurité pour l’ensemble des usagers de l’autoroute, en plus de susciter des nuisances sonores au niveau des carrières et alentours. Un réseau ferré nécessitant d’importantes rénovations et des projets réévalués La ligne du Sillon Alpin fait l’objet d’importants travaux. La phase de travaux du Sillon alpin sud (Valence - Moirans) s’est achevée en fin d’année 2013 après 7 ans et un investissement de 540 millions d’euros. Afin de réaliser les travaux d’infrastructure, la circulation a dû être coupée entre Grenoble et Valence de décembre 2012 à décembre 2013, entrainant de nombreuses difficultés pour les usagers. Le Sillon alpin nord (Aix-les-Bains - Annecy) doit également subir une modernisation. Prévue dans le contrat de plan Etat-Région pour un montant de 160 millions d’euros, ces travaux doivent notamment permettre de doubler la ligne ferroviaire sur 13 km et de moderniser les infrastructures. Ceci devrait permettre d’augmenter la fréquentation des trains et ainsi diminuer les transports routiers. Concernant le projet Lyon - Turin, la démarche est actuellement en suspens. En effet, le rapport du conseil d’orientation des Infrastructures de février 2018 indique que « la commission n’a pas pu s’assurer que les risques de saturation et de conflits d’usage qui justifient la réalisation du projet

46 Réaménagement du nœud autoroutier de Chambéry, Bilan de la concertation publique et suite de la concertation, AREA, mai 2016

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 91 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes interviendraient avant les années 2035 à 2040 ». Ainsi, elle classe le projet en seconde priorité, avec une réévaluation selon une périodicité de 5 ans. Ce rapport préconise par ailleurs d’engager une modernisation progressive du tronçon Dijon - Ambérieu - Chambéry - Montmélian - St-Jean-de-Maurienne afin d’améliorer les conditions d’accueil de fret. Les investissements à réaliser y sont estimés à hauteur de 700 millions d’euros sur 10 ans (variables selon les scenarii). Enfin, le réseau capillaire fret, reliant au réseau magistral les sites industriels qui en sont éloignés, a été diagnostiqué en 2014 comme étant dans un état très dégradé. La fermeture de ces lignes est à craindre sans un effort important de régénération et d’entretien.

3.1.4 Règlementation et dispositifs de connaissance, de suivi ou d’action

3.1.4.1 L’urbanisme et l’occupation des sols

Le cadre législatif La loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt du 13 octobre 2014 comme la loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové du 24 mars 2014 définissent le cadre juridique d’une ville plus dense et moins consommatrice d’espace, en encourageant la densification. Elles concourent à la réduction de l’artificialisation des sols. La loi Montagne du 9 janvier 1985 a pour objectif le développement et la protection des espaces de montagne. Elle a été complétée par la loi du 28 décembre 2016 de modernisation, de développement et de protection des territoires de montagne. Elle participe à la maîtrise de la consommation d’espace en appliquant le principe de construction en continuité ou en hameau nouveau intégré, et en imposant la non constructibilité dans certain cas. Sur l’aire urbaine, 57 communes sont classées en zone de montagne. La loi Littoral du 3 janvier 1986 est le pendant de la loi montagne en ce qui concerne le littoral et les rives des grands plans d’eau intérieurs. Elle vise notamment une maîtrise de l’urbanisme (extension en continuité ou en hameau nouveau intégré à l’environnement, non constructibilité dans la bande littorale des 100 mètres) et la protection stricte des espaces et des milieux naturels les plus caractéristiques du patrimoine naturel et culturel du littoral. Au sein de l’aire urbaine, 7 communes sont concernées, dont Aix-les-Bains, autour du lac du Bourget. Les documents d’urbanisme (SCoT, PLU, CC) Les documents d’urbanisme, couvrant différentes échelles de la commune aux pays ou cantons, ont un rôle majeur en termes d’occupation du sol et de consommation de l’espace. Ils définissent en effet les règles et orientations afin d’organiser le développement du territoire pour le futur. La loi n°2010-788 du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement, dite « Grenelle II », a érigé le Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT) comme la clé de voûte du dispositif de lutte contre une consommation excessive des espaces naturels, agricoles et forestiers. L’aire urbaine de Chambéry est couverte par deux SCoT : le SCoT de l’Avant Pays Savoyard et le SCoT Métropole Savoie. Ces deux SCoT sont approuvés, respectivement depuis mars 2015 et juin 2005. Afin de se mettre en compatibilité, le SCoT Métropole Savoie est en cours de révision. Par ailleurs, plusieurs communes du sud du territoire ne sont pas couvertes par un tel schéma (St-Thibault-de-Couz, St-Jean- de-Couz et Corbel). D’autre part, les documents d’urbanisme communaux (parfois intercommunaux) tel que les Plans Locaux d’Urbanisme (PLU), les Plans d’Occupation des Sols (POS, ancien PLU) et les Cartes Communales (CC) permettent également de maîtriser la consommation de l’espace. Un zonage à la parcelle est en effet réalisé afin de définir les zones urbanisées, les zones à urbaniser, les zones naturelles et les zones agricoles. Au 12 mai 2017, les communes sont couvertes par 7 cartes communales, 10 POS et 56 PLU. Douze communes ne sont couvertes par aucun document d’urbanisme et sont donc soumises au

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 92 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

Règlementation National d’Urbanisme (RNU). Cependant, plusieurs PLU intercommunaux (PLUi) sont en cours d’élaboration : - la Communauté d’Agglomération Chambéry Métropole - Cœur des Bauges élabore actuellement un PLUi HD (PLU intercommunal Habitat Déplacement). L’approbation est attendue pour la fin 2019 et aura vocation à couvrir les 38 communes de l’intercommunalité, dont 24 de l’aire urbaine ; - un autre est en cours d’élaboration sur la Communauté d’Agglomération Grand Lac. Il couvrira, début 2019, 17 communes, toutes situées au sein de l’aire urbaine de Chambéry ; - un troisième PLUi est en fin d’élaboration, le PLUi Albanais savoyard. Sur l’aire urbaine, il concerne la commune de La Biolle ; - enfin, la Communauté de Communes Cœur de Chartreuse élabore un PLUi-H valant SCoT à l’échelle de ses 17 communes, dont 3 sur l’aire urbaine de Chambéry. L’arrêt du projet est prévu pour 2019. Ainsi, la « gestion économe de l’espace » devient un principe général de l’urbanisme que les documents d’urbanisme doivent respecter et qui participe à la mise en œuvre du développement durable. Le projet de Directive Territoriale d’Aménagement et de Développement Durables (DTADD) des Alpes du Nord La Directive Territoriale d’Aménagement (DTA), créée par la loi du 4 février 1995, était destinée à encadrer l’urbanisme en fonction des spécificités du territoire, et notamment vis-à-vis des lois montagne et littoral. Le projet de DTA des Alpes du Nord, débuté en 1999, n’a pu aboutir en raison notamment de désaccords sur l’encadrement du développement des stations de montagne et l’importance des contraintes qu’elle faisait peser sur les documents d’urbanisme47. La loi du 12 juillet 2010 (Grenelle 2) a transformé les DTA en DTADD, leur retirant leur poids juridique pour aboutir à un document constitué d’orientations et de recommandations. Le projet sera donc abandonné ou transformé en DTADD. La Commission Départementale de Préservation des Espaces Naturels, Agricoles et Forestiers (CDPENAF) La CDPENAF a été créée par arrêté préfectoral du 31 août 2015. Elle succède à la Commission Départementale de Consommation des Espaces Agricoles (CDCEA) issue de la loi de modernisation de l'agriculture et de la pêche du 27 juillet 2010. Elle émet un avis sur les documents d'urbanisme et, d'une manière générale, peut demander à être consultée sur toute question relative à la régression des surfaces naturelles, agricoles et forestières et sur les moyens de contribuer à la limitation de la consommation de ces espaces. De plus, la règlementation relative à la protection des sols de nature agricole et naturelle a notamment été exposée dans la partie sur les sols et sous-sols de l’analyse du milieu physique (cf. parties 1.1.4) ainsi que dans la partie sur les milieux naturels et la biodiversité de l’analyse des milieux naturels, du paysage et du patrimoine (cf. parties 2.1.5 et 2.2.6).

47 Jean-François Joye. La saga de la DTA des Alpes du Nord : retour sur un « échec » de la planification française d’urbanisme et d’aménagement. Colloque « Identité, qualité et compétitivité territoriale », Sep 2010, Aosta, Italie. 2010.

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 93 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

3.1.4.2 Les transports

Loi n°2009-967 du 3 août 2009 de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l'environnement L’Article 11 prévoit que les moyens dévolus à la politique des transports de marchandises soient mobilisés pour faire évoluer la part modale du non-routier et non-aérien de 14 % à 25 % à l'échéance 2022. Commission Mobilité 21 « Pour un schéma national de mobilité durable » Un projet de Schéma National des Infrastructures de Transport (SNIT), destiné à planifier les orientations de la politique des transports, et notamment la création des grandes infrastructures nouvelles, est rendu public en novembre 2011. L'ampleur des investissements prévus n'apparait pas soutenable financièrement pour l’État, ses établissements publics et les collectivités territoriales. Une commission dite Mobilité 21, composée de parlementaires et d'experts reconnus, est alors constituée. Son but est de trier, hiérarchiser, et mettre en perspective les grandes infrastructures mais aussi de réfléchir aux évolutions des services, en donnant la priorité aux transports du quotidien, à la rénovation des réseaux existants et l’amélioration à court terme du service rendu aux usagers. Le Contrat de Plan État-Région (CPER) Rhône-Alpes 2015-2020 Les documents permettent de s’enquérir des projets financés et programmés sur le territoire par l’Etat et la région. Le contrat comporte 5 volets thématiques dont un portant sur la Mobilité Multimodale. Le CPER Rhône-Alpes, signé à Lyon le 11 mai 2015, souligne que la Mobilité Multimodale est un enjeu de développement durable particulièrement important sur ce territoire. Les objectifs partagés comprennent le développement des modes alternatifs à la route, que ce soit pour les personnes et les marchandises, et la minimisation des impacts des déplacements et du système de transport sur l’environnement, la santé et le cadre de vie des riverains des infrastructures. Enfin, le CPER devra assurer l’équilibre et l’aménagement du territoire, en maintenant une bonne qualité des infrastructures (notamment ferroviaires). Le volet Mobilité représente un investissement total de 462,7 M€ de l’Etat et de 353,2 M€ de la Région, dont 552 M€ destinés au volet ferroviaire. Le projet de Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Egalité des Territoires (SRADDET) La loi NOTRe transfère des départements aux régions toute la chaîne de transports en dehors des agglomérations : organisation des services de transports interurbains (réguliers et à la demande) par cars et des transports scolaires, aménagement et exploitation des gares routières, et gestion des infrastructures de transports ferrées ou guidées non urbains de personnes et de marchandises viennent ainsi compléter les compétences des régions en matière de transport, routier ou ferroviaire (TER). Les transferts sont effectifs depuis janvier 2017 (septembre pour le scolaire). Cadre régional « matériaux et carrières » Rhône-Alpes Le Cadre régional « matériaux et carrières » Rhône-Alpes, qui date de mars 2013, fixe onze orientations pour le futur de l’exploitation des carrières dans la région, dont l’une vise à « Intensifier l’usage des modes alternatifs à la route dans le cadre d’une logistique d’ensemble de l’approvisionnement des bassins de consommation ». Le cadre présente par ailleurs les potentialités de report modal sur le territoire. Instruction du Gouvernement du 4 août 2017 relative à la mise en œuvre des schémas régionaux des carrières L’instruction appuie sur le fait qu’il est « nécessaire d’insister plus particulièrement sur la définition des moyens logistiques à développer pour tenir compte du transit entre les bassins de production et ceux de consommation […] tout en favorisant les approvisionnements de proximité ». De plus « l’usage de

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 94 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes modes de transport alternatifs à la route doit être privilégié, en développant notamment les modes de transport dont l’impact sur le changement climatique est faible. » Stratégie nationale pour la gestion durable des granulats terrestres et marins et des matériaux et substances de carrières L’Axe 2 « Inscrire les activités extractives dans le développement durable » contient deux actions relatives au mode de transport des matériaux issus des carrières qui sont : - 11. Privilégier et développer le transport de granulats par voie d’eau ou ferrée, ou par tout mode de transport écologique possible, expertiser les possibilités de combinaison des différentes modalités de transport ; - 12. Maintenir et encourager l’implantation des lieux de production embranchés voie d’eau ou fer.

3.1.5 Les perspectives d’évolution de l’urbanisme, la consommation de l’espace et les transports à l’échelle de l’aire urbaine

« Urbanisme, consommation de l’espace et Thématique : transport » Perspective d’évolution Situation actuelle sans mise en œuvre du SRC (Scénario de référence) Un rythme qui devrait freiner sous l’impulsion des évolutions législatives et des Un rythme d’artificialisation très important nouveaux documents d’urbanisme, mais - (évolution de +9,6 % entre 2006 et 2012) une artificialisation qui devrait se poursuivre, au vu de l’attractivité grandissante du territoire. Des difficultés au niveau de certains points Des difficultés connues et des travaux du réseau routier, notamment autour de - engagés pour améliorer les conditions de Chambéry, rallongeant les temps de trajet circulation moyens Des carrières de proximité qui ferment et Des besoins en matériaux de moins en une production en baisse. Les besoins de - moins satisfaits par les productions de l’agglomération devraient être satisfaits par proximité (rayon de 40 km) une augmentation de la distance moyenne production-consommation.

Le réseau ferroviaire ne répond pas aux Des contraintes topographiques diminuent besoins de transport des matériaux issus la potentialité de l’utilisation du réseau des carrières, ce dernier est donc très ferroviaire dans le département. - majoritairement routier, ce qui dégrade la = qualité de l’air, entraine des émissions de Mais des travaux sont en GES et des nuisances sonores et augmente cours/programmés/recommandés pour le risque d’accidents de la route. moderniser et restaurer le réseau.

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 95 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

3.1.6 Les enjeux environnementaux « urbanisme, consommation de l’espace et transports »

Les enjeux majeurs liés à la consommation de l’espace et aux transports sont : la réduction du rythme d’artificialisation des sols ; l’apport de solutions alternatives au transport par la route ; la satisfaction des besoins futurs en matériaux de l’aire urbaine par une approche la moins impactante possible : analyse des avantages/inconvénients entre position du site d’extraction et éloignement aux besoins.

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 96 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

3.2 Les activités agricoles et forestières

3.2.1 Présentation générale

3.2.1.1 Une activité agricole tournée vers la qualité

La Surface Agricole Utile (SAU) connue de l’aire urbaine est de 21 700 ha, soit 26,5 % de sa surface totale. Toutefois, elle doit être légèrement supérieure car la SAU de 13 communes du territoire est soumise au secret statistique. Cette SAU est répartie au sein de 876 exploitations. Ceci est cohérent avec la SAU du département (31 % de sa surface), qui est un territoire relativement peu agricole (moyenne nationale de 51 %) du fait des contraintes topographiques principalement. Ces dernières expliquent également la grande proportion de Surface Toujours en Herbe (STH) parmi la SAU : 67,3 %. Cette part est toutefois plus faible que celle du département (86 %)48. L’élevage, orientation majoritaire de l’agriculture de l’aire urbaine L’élevage est l’activité agricole majoritaire du territoire : bovins lait, viande et mixte, ovins et autres herbivores, polyélevage, etc. Il est principalement réalisé de manière extensive au sein des reliefs montagneux. C’est également le cas au niveau de la Savoie, où la valorisation sous signe de qualité (AOC, IGP) des productions issues de l’élevage laitier (Chevrotin, Tome des Bauges et Gruyère sur l’aire urbaine) a favorisé le maintien des troupeaux de vaches laitières en alpages. Le label "Agneau d'alpage" a joué le même rôle pour l'élevage ovin. Les principales races bovines rencontrées sont l’Abondance et la Tarentaise, réputées pour la qualité des fromages qui y sont liés. De plus, la race ovine Thônes et sert à la production de fromages, de produits laitiers et de viande. Des vallées aux orientations plus diversifiées Au sein des vallées de la Leysse et de l’Isère, les orientations principales dominantes des exploitations sont davantage diversifiées : polyculture - polyélevage pour de nombreuses communes, mais aussi maraîchage - horticulture et élevage. En outre, plusieurs communes en aval de la Leysse et en rive droite de l’Isère sont spécialisées dans la viticulture. Elles produisent les vins de Savoie et Crus : Monterminod, Abymes, Apremont, Chignin, Chignin-Bergeron, Arbin, Cruet, etc. Le territoire produit également des noix de Grenoble (vallée de l’Isère), AOP fruitière.

48 Agreste - Recensement agricole 2010

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 97 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

Carte 29 - Orientation principale des exploitations (Source : DDT 73)

Une agriculture biologique en progression A l’image des départements voisins, l’agriculture biologique se développe en Savoie, avec 80 exploitations recensées en 2010. Au niveau de l’aire urbaine, plusieurs communes présentent une part de SAU sous label Agriculture Biologique assez importante (jusqu’à plus de 80 %). Elle se développe surtout dans la vallée de l’Isère, autour du lac du Bourget et dans l’avant pays savoyard.

3.2.1.2 L’activité forestière

La forêt occupe une superficie d’environ 36 500 ha au sein du territoire, soit 44,6 % de la superficie totale de l’aire urbaine (Corine Land Cover). C’est davantage qu’à l’échelle du département (33,5 %). Les forêts sont surtout présentes au niveau des massifs (certaines communes possèdent un taux de boisement supérieur à 75 %). Dans les vallées, elle est beaucoup moins développée, avec de nombreuses communes du sillon alpin et de la vallée de la Leysse comprenant un taux de boisement inférieur à 10 %. La répartition des essences Les deux tiers des forêts sont constituées d’espèces de feuillus : Chênes (pédonculés, rouvres, pubescents), Hêtres, Frênes, Châtaigniers, Erables, Tilleuls, etc. 18 % environ sont des forêts de résineux : Épicéa, Sapin pectiné, etc. Le reste (15 %) est couvert de forêts mélangées. L’aire urbaine de Chambéry concerne 4 régions forestières : l’Avant-Pays jurassien, les Bauges, le Sillon alpin et la Chartreuse49. Les taux de boisements y varient de 24,9 % pour le Sillon alpin à 71,6 % pour la Chartreuse. Les principales essences représentées sont également très différentes entre ces zones : prédominance des feuillus dans l’Avant-Pays jurassien et le Sillon alpin ; prédominance des conifères dans les Bauges et la Chartreuse.

49 Inventaire Forestier National

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 98 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

Néanmoins, plusieurs espèces exotiques sont présentes en Savoie comme le Robinier faux-acacia et l’Érable negundo de manière éparse. Enfin, des peupliers cultivés (peupleraies) sont également présentes, notamment dans l’Albanais.

Carte 30 - Répartition des territoires boisés de l'aire urbaine de Chambéry (Source : DDT 73)

L’exploitation forestière En 2015, la récolte de bois en Savoie a été de 298 milliers de m3 ronds, très majoritairement pour du bois d’œuvre (242 milliers de m3 ronds). Les autres utilisations sont le bois d’industrie (1 milliers de m3 ronds) et le bois énergie (55 milliers de m3 ronds). Cela représente 5,8 % de la récolte régionale. Le volume de bois sur pied est estimé à 46 millions de m3 dans le département50. Autres services rendus par la forêt51 Désormais, les activités forestières traditionnelles telles que la sylviculture, la production et la valorisation du bois doivent tenir compte de la valorisation des services écosystémiques rendus par la forêt, et notamment de ses aménités environnementales. La forêt par la capture du CO2 limite les effets du changement climatique même si elle doit aussi s’y adapter. La forêt joue un rôle de protection des sols en luttant contre l’érosion (notamment sur les versants pentus), La forêt régule la ressource en eau tant d’un point de vue quantitatif que qualitatif. Par ailleurs, la forêt est un réservoir de biodiversité. Elle joue un rôle important sur la santé humaine et spécialement en zone péri-urbaine, sa fonction de loisirs, pédagogique (lien avec la nature), tranquillité ressourçante est très importante. Les activités de pleine nature sont définies comme « les activités physiques et sportives dont la pratique s’exerce en milieu naturel, agricole et forestier (terrestre, aquatique ou aérien) aménagé ou non ». Les activités de pleine nature susceptibles d’être pratiquées en forêt, ou utilisant en partie cet espace, sont

50 Memento de la statistique agricole, Agreste Auvergne-Rhône-Alpes, septembre 2017 51 Programme régional de la forêt et du bois en Auvergne-Rhône-Alpes – Version du 18 décembre 2017

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 99 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes diverses et variées : la randonnée pédestre, la randonnée VTT et autres activités à vélo, la randonnée équestre (cheval et âne), l’escalade, le trail et les courses d’orientation, la chasse et la pêche, le canyoning, l’accrobranche, le parapente ou encore le tir-à-l’arc. La forêt apporte également des bienfaits sur la santé humaine : appréciables non seulement à travers une activité dans la nature (marche ou bicyclette par exemple), mais aussi du simple fait de voir la nature, par exemple par une fenêtre, ou de l’avoir à proximité au cours des activités quotidiennes.

3.2.2 Les carrières, les activités agricoles et forestières

Les conflits d’usage en forêt Au-delà de l’emprise au sol de la carrière qui entraine la disparition d’une partie du couvert forestier, les carrières peuvent ainsi affecter localement l’équilibre agro-sylvo-cynégétique. D’après l’article L.425-4 du Code de l’Environnement « L'équilibre agro-sylvo-cynégétique consiste à rendre compatibles, d'une part, la présence durable d'une faune sauvage riche et variée et, d'autre part, la pérennité et la rentabilité économique des activités agricoles et sylvicoles. » Les carrières peuvent également affecter les zones de calme de la forêt recherchées par le public. Les carrières, certes morcellent un massif forestier par son emprise, mais elles créent des lisières souvent largement utilisées par les animaux comme voie de cheminement, de gagnage et de diversification. L’impact des poussières sur l’agriculture52 Lorsque les retombées de poussières issues de l’activité d’extraction sont très importantes, la pellicule de poussières qui se dépose sur les végétaux peut altérer la synthèse chlorophyllienne et ralentir la croissance des plantes. Le dépôt des poussières peut se faire sentir de façon plus importante pour l’agriculture en provoquant la diminution de la qualité et/ou de la quantité de certaines récoltes. L’aspect poussiéreux des fruits est une entrave à leur commercialisation souvent mise en avant par les producteurs. Il fait craindre en effet une évolution des caractéristiques des produits issus des procédés de transformation (vinification, industrie agroalimentaire…). À l’heure actuelle, les pertes de qualités ne sont cependant pas prouvées. Les mesures prises à la source pour réduire les poussières peuvent diminuer largement ces effets. Ceci étant, ces mêmes poussières peuvent avoir, dans certains cas spécifiques, un impact positif, soit par ajout d’amendement calcaire, soit en bloquant le développement de certains organismes parasites ou en favorisant la pollinisation. Le réaménagement des carrières Les activités des carrières sont temporaires dans le paysage naturel et offrent la possibilité de restituer aux terres exploitées, soit leur vocation initiale, soit une nouvelle vocation qui répond aux enjeux locaux. Les projets de réaménagement avec la revégétalisation des carrières ont été imposés dans les dossiers de demande d’autorisation d’exploiter à partir de 1979 (décret n°79-1108 du 20 décembre 1979). Pour les exploitations en fosse hors d’eau des matériaux alluvionnaires et de certaines roches massives, la principale voie de réaménagement est le retour à l’agriculture. Cependant, le retour à la forêt par boisement à but de production sylvicole est également pratiqué sur de grandes surfaces. Certains sites en Île-de-France font l’objet de plantation de 5 à 6 ha par an pour un boisement final d’une quarantaine d’hectares. Les exploitations de talus morainiques sont souvent reboisées afin d’en assurer une intégration paysagère sans but réel de production de bois. Le reboisement ou la végétalisation arbustive est bien souvent la seule possibilité pour les exploitations de roches massives en front de taille. Il est nécessaire d’optimiser la reconstitution du sol, les

52 Carrières, poussières et environnement, ENCEM, février 2011, NRI-B3-11-G p. 31

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 100 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes plantations par le choix des espèces, le type et la qualité des plants et les moyens de lutte contre la concurrence herbacée afin d’obtenir un réaménagement durable53. En 2006, le Schéma Départemental des Carrières de Savoie a opté pour des orientations en vue du réaménagement de carrières : il s’agit notamment, pour les carrières exploitées « hors d’eau » et les carrières « en eau » remblayées, de privilégier : - mise en valeur agricole, forestière, industrielle ; - réaménagement paysager ; - autres : réaménagement en terrain de sport ou de loisirs, réaménagement pédagogique pour les sites présentant un intérêt particulier.

3.2.3 Pressions et sensibilités

3.2.3.1 L’activité agricole

Agrandissement des exploitations et fragilité financière Entre 2000 et 2010, le nombre d’exploitations a chuté de 39 % et la SAU de 8 %, tandis que la surface moyenne des exploitations progressait de plus de 8 ha. Cette dernière reste cependant très inférieure à la moyenne régionale : 25 hectares contre 46. Le nombre d’animaux par exploitation dans les élevages augmente également. En 2010, une exploitation moyenne de Savoie dispose d’une Production Brute Standard (PBS) de 51 k€, inférieur à celui régional (61,5 k€) et bien inférieur à celui national (104,6 k€). De plus, les différentes subventions s’élèvent à environ 47 k€ par bénéficiaire en moyenne en Savoie, soit plus qu’en région (36 k€) et qu’en France (39,5 k€). Pour plusieurs exploitations, le revenu serait négatif sans ces aides. Cette dépendance aux aides s’explique notamment par la présence d’exploitations de petites tailles en zones défavorisées54. Déprise agricole et fermeture des paysages Les difficultés existantes dans les filières d'élevage extensif conduisent à des reconversions vers les cultures annuelles et la concentration des troupeaux dans des zones plus accessibles. Certains milieux ouverts peuvent donc être soumis à des surpâturages, alors que d'autres vont être progressivement envahis par les broussailles et se refermer. Ce phénomène est d'autant plus marqué en zone de montagne en raison de la difficulté de la collecte laitière. Artificialisation et conflits d’usages Entre 2006 et 2012, plus de 90 % des surfaces nouvellement artificialisées de la région ont été prélevées sur des surfaces agricoles55. Cette tendance est similaire au niveau de l’aire urbaine de Chambéry avec seuls les territoires artificialisés ayant connu une progression de surface. Ainsi, en raison de la consommation d’espace nécessaire à l’exploitation des carrières, un conflit d’usage peut intervenir avec les activités agricoles qui s’avèrent très présentes sur la région. Ce conflit se retrouve essentiellement pour les carrières alluvionnaires qui exploitent bien souvent des sols à fort potentiel agricole et dont le besoin d’espace est plus important56. Au sein de l’aire urbaine, ce conflit est à relativiser à la vue de la faible superficie de territoire couverte par des exploitations de carrières (environ 0,2 %) et de l’importance de l’artificialisation des sols par d’autres dynamiques (urbanisation,

53 S. Vanpeene Bruhier. Recommandations pour un réaménagement forestier durable des carrières de granulats. Ingénieries - E A T, IRSTEA édition 2002, p. 37 - p. 48 54 Agreste Auvergne-Rhône-Alpes - Mai 2015 55 DREAL AuRA CIDDAE n° LA 35 juin 2017 56 Evaluation Environnementale de l’Allier, 2012

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 101 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes transports, etc.). De plus, la carrière est vouée à être présente de manière temporaire, à plus ou moins long terme, avant une remise en état (retour du terrain à son usage initial). Les surfaces toujours en herbe en baisse Une baisse globale des Surfaces Toujours en Herbe (STH) est également observée sur le territoire (perte d’environ 2 000 ha entre 2000 et 2010). Pourtant, le maintien des prairies, notamment par l’activité d’élevage extensif, contribuent fortement à la préservation de la biodiversité. Les surfaces en herbe, en particulier les prairies naturelles, sont en effet des milieux très appréciés par beaucoup d’espèces sauvages, qu’elles soient animales ou végétales. Elles participent par ailleurs à la préservation de la qualité de l’eau. Les prairies sont également considérées comme des puits de carbone, aussi importants que les milieux forestiers sous notre climat, tant qu’elles ne sont pas labourées. Pourtant, les prairies sont des terres de moindre rentabilité que celles mises en culture et sont donc davantage soumises à la pression foncière urbaine57.

3.2.3.2 L’activité forestière54

La problématique du morcellement Le morcellement des propriétés forestières rend la gestion et l’exploitation compliquée et pose des difficultés de repérage, de délimitation et d’accès aux parcelles. La forêt départementale est détenue à 56 % par 58 500 propriétaires forestiers privés. Cela correspond donc à une moyenne de 1,8 ha par propriété forestière. Par ailleurs, une très grande majorité d’entre eux sont propriétaires de moins de 4 ha58. Sur le territoire Chambéry - Bauges - Métropole, ce sont 7 899 ha qui appartiennent à 4 286 propriétaires, soir une propriété moyenne de 1,84 ha. Afin de lutter contre ce phénomène, des bourses foncières sont mises en place : territoire de Chambéry - Bauges - Métropole, Chartreuse, etc. Il s’agit d’un outil qui permet de mettre en relation vendeurs et acheteurs potentiels afin de faciliter la vente, l’achat ou les échanges de parcelles forestières. Une exploitation forestière contrainte En Savoie, deux facteurs rendent l’exploitation de la forêt difficile : le climat (altitude élevé) et le relief (fortes pentes et difficulté d’accès). Cela engendre des coûts supplémentaires pouvant rendre le bois savoyard moins compétitif que d’autres provenant de forêts de plaine et de colline. Ainsi, en ce qui concerne la forêt publique (domaniale, communale et départementale), près de 30 % des surfaces boisées sont inexploitables. C’est pourquoi l’Inventaire Forestier National (IFN) distingue les forêts de production et les formations boisées (inexploitables). Dès que la pente excède 30 %, le treuillage par tracteur nécessite que les bois exploités soient situés à proximité d’une voie accessible au tracteur (100 m à l’amont, 200 m à l’aval maximum)59. Tableau 19 - Volumes exploitables selon les régions forestières de l'aire urbaine de Chambéry (Source : ONF)

Volume exploitable Volume non- Région forestière (milliers de m3) exploitable (%) Avant-Pays jurassien 100 20 Bauges 1 000 22 Chartreuse 340 32 Sillon alpin Négligeable Négligeable

57 Agreste AuRA Analyses n°10, juin 2017 58 Centre Régional de la Propriété Forestière Auvergne-Rhône-Alpes 59 Observatoire savoyard de l’environnement n°13

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 102 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

3.2.4 Règlementation et dispositifs de connaissance, de suivi ou d’action

La loi n° 2014-1170 d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt (LAAAF) Cette loi ambitieuse comporte 96 articles et aborde des sujets aussi divers que la politique en faveur de l’agriculture et de l’alimentation, la performance économique et environnementale des filières agricoles et agro-alimentaires, la protection des espaces naturels, agricoles et forestiers, le contenu des documents d’urbanisme, le renouvellement des générations d’exploitants agricoles, le droit de préemption des SAFER, les baux ruraux, la politique de l’alimentation et sanitaire, les produits phytopharmaceutiques, l’enseignement agricole et forestier, et la forêt. La protection des espaces naturels, agricoles et forestiers représente l’un des principaux domaines d’action.

3.2.4.1 L’activité agricole

Le Plan régional d’Agriculture Durable (PRAD) de Rhône-Alpes Le PRAD, conforté par la LAAAF, doit constituer le cadre de la transition agro-écologique. Issu d’une réflexion collégiale, le plan fixe les grandes orientations de la politique agricole, agroalimentaire et agro-industrielle de l’Etat dans la région en tenant compte des spécificités des territoires. Il comporte un diagnostic du territoire et un plan d’action. Le PRAD Rhône-Alpes, approuvé par arrêté préfectoral du 24 février 2012, a structuré son plan d’action autour de plusieurs enjeux : - Enjeu 1 : Intégrer et développer les activités agricoles et agroalimentaires dans les territoires rhônalpins ; - Enjeu 2 : Améliorer la performance économique des exploitations agricoles rhônalpines dans le respect des milieux naturels ; - Enjeu 3 : Garantir et promouvoir une alimentation sûre, de qualité, source de valeur ajoutée et de revenu pour les agriculteurs et les transformateurs rhônalpins ; - Enjeu 4 : Faciliter l'adaptation de l'agriculture rhônalpine aux changements et accompagner ses évolutions. Zone agricole protégée Cet outil de protection du foncier agricole a été créé par la loi d’orientation agricole du 9 juillet et est codifié à l’article L.112-2 du Code Rural. Il peut être instauré à l’échelle communale ou intercommunale. La Zone Agricole Protégée (ZAP) consiste en la création d’une servitude d’utilité publique appliquée à un périmètre donné, en raison de la qualité de production ou de la situation géographique. Ce zonage particulier est annexé au document d’urbanisme. Cette protection pérennise dans le temps la destination agricole des parcelles situées à l’intérieur de son périmètre, pérennité indispensable aussi au maintien des exploitations agricoles. Tout changement d’affectation ou de mode d’occupation du sol qui altère durablement le potentiel agronomique, biologique ou écologique de la ZAP doit être soumis à l’avis de d’agriculture et de la Commission Départementales d’Orientation de l’Agriculture (CDOA). L’aire urbaine de Chambéry compte plusieurs ZAP dans les communes de Grésy-sur-Aix, Drumettaz- Clarafond (première ZAP nationale en 2003), Méry, Vimines et La Ravoire. Les zones défavorisées Les zones défavorisées sont des zones soumises à des contraintes naturelles. Dans ces zones, les agriculteurs sont éligibles à des aides compensatoires de l’Union Européenne : les Indemnités Compensatoires de Handicaps Naturel (ICHN). Il existe trois types de zones défavorisées : - les zones de montagne (et de haute montagne) ; - les zones défavorisées simples ;

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 103 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

- les zones affectées de handicaps spécifiques. Ces zones sont délimitées par arrêté à l’échelle des communes (parfois infra-communale). Une révision est en cours et la nouvelle carte des zones défavorisées entrera en vigueur après son approbation par la Commission Européenne le 1er janvier 2019. En Savoie, les zones défavorisées couvrent 99 % du territoire. Elles sont soit des zones de haute montagne, soit des zones de montagne, soit des zones défavorisées simple. Les Mesures Agro-Environnementales et Climatique (MAEC) Il s’agit de mesures permettant d’accompagner les exploitations agricoles qui s’engagent dans le développement de pratiques combinant performance économique et performance environnementale ou dans le maintien de telles pratiques lorsqu’elles sont menacées de disparition. Pour la période 2014/2020, elles peuvent être de trois types : - MAEC répondant à une logique de système ; - MAEC répondant à des enjeux localisés ; - MAEC répondant à l’objectif de préservation des ressources génétiques. De plus, cette programmation introduit notamment les mesures systèmes d’exploitation herbagers et pastoraux. Elles sont adoptées dans une logique de maintien des pratiques existantes (maintien de la STH, respect d’un taux annuel de chargement animal maximum, absence de traitement phytosanitaire, etc.). Elles sont rémunérées de 58 €/ha à 116 €/ha selon les risques d’abandon. La réduction d’une zone sous Signe d’identification de la Qualité et de l’Origine (SIQO) Afin de préserver les espaces naturels, agricoles et forestiers, l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO) participe, avec voix délibérative, aux commissions départementales de la préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers (CDPENAF), à chaque fois qu’une réduction des surfaces de production sous SIQO est étudiée. Les organismes de défense et de gestion (ODG) des AO peuvent également saisir les pouvoirs publics s’ils considèrent qu’un projet d’urbanisme ou de construction pourrait porter atteinte à l’aire géographique, aux conditions de production, à la qualité ou à l’image du produit d’appellation. Le ministre de l’Agriculture exprime un avis à l’autorité administrative décisionnaire, après consultation de l’INAO. Cadre régional « matériaux et carrières » Rhône-Alpes Le Cadre régional « matériaux et carrières » Rhône-Alpes fixe onze orientations pour le futur de l’exploitation des carrières dans la région, dont deux s’appliquent particulièrement en termes d’activité agricole : - orientation 9 : Orienter l’exploitation des carrières et leur remise en état pour préserver les espaces agricoles à enjeux et privilégier l’exploitation des carrières sur des zones non agricoles ou de faible valeur agronomique ; - orientation 11 : Favoriser un réaménagement équilibré des carrières en respectant la vocation des territoires. La Charte foncière agricole en Savoie Signée le 18 novembre 2011 face au constat de la perte de surface agricole dans le département (275 ha en moyenne par an), elle vise à partager et à défendre les enjeux du foncier agricole. La Charte poursuit trois objectifs majeurs : - intégrer le foncier agricole stratégique dans le développement territorial ; - garantir la pérennité du potentiel agricole ; - gérer l’espace agricole.

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 104 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

3.2.4.2 L’activité forestière

L’autorisation de défrichement Dans tous les terrains comprenant une forêt, quelle que soit sa surface propre, mais faisant partie d'un massif de plus de 4 ha, la carrière ne peut être ouverte sans autorisation de défrichement, qui donne lieu au paiement d'une taxe. Les articles relatifs aux défrichements sont : - pour les « bois des collectivités et autres personnes morales » au livre II titre I (articles L.214- 13, L.214-14 et R.214-30, R.314-31) en procédant par renvoi aux règles générales du livre III ; - pour les « bois de particuliers » au livre III titre IV (articles L.341-1 à L.342-1 et R.341-1 à R.341- 9). Les forêts de protection Les forêts privées ou publiques pouvant faire l'objet d'un refus de défrichement (article L.311-3 du Code Forestier) sont notamment les forêts ayant fait l'objet de subvention pour leur mise en place, ainsi que les forêts classées au sens de l'article L.411-1 du Code Forestier, soit « Les forêts dont la conservation est reconnue nécessaire au maintien des terres sur les montagnes et sur les pentes, à la défense contre les avalanches, les érosions et les envahissements des eaux et des sables ; Les bois et forêts, quels que soient leurs propriétaires, situés à la périphérie des grandes agglomérations, ainsi que dans les zones où leur maintien s'impose, soit pour des raisons écologiques, soit pour le bien-être de la population ». Au sein de l’aire urbaine, une forêt de protection est présente : la forêt de protection de Montmélian, s’étalant sur 16,3 ha. Elle a été classée comme telle pour la protection contre le risque avalanche. Les espaces boisés classés des PLU Dans les documents d’urbanisme, les « espaces boisés classés » constituent un zonage particulier des Plans locaux d'urbanisme qui interdit toute ouverture de carrières. Le déclassement de ces espaces nécessite une révision du PLU (article L.130-1 du Code de l’Urbanisme). Programme National de la Forêt et du Bois et sa déclinaison en programme régional Prévu par la loi d'avenir et accepté par le Conseil Supérieur de la Forêt et du Bois en mars 2016, le PNFB définit les orientations de politique forestière pour les 10 prochaines années. Ce programme a été co-construit avec tous les acteurs concernés de la filière, en prenant en compte le contrat stratégique de filière bois. Ses objectifs sont : - créer de la valeur dans le cadre de la croissance verte, en gérant durablement la ressource disponible en France, pour la transition bas carbone ; - répondre aux attentes des citoyens et s'intégrer à des projets de territoires ; - conjuguer atténuation et adaptation des forêts françaises au changement climatique ; - développer des synergies entre forêt et industrie en trouvant des débouchés aux produits forestiers disponibles à court et moyen termes et en adaptant les sylvicultures pour mieux répondre aux besoins des marchés. Ce plan national doit désormais être mis en œuvre en région avec l'écriture de Programmes Régionaux de la Forêt et du Bois. Celui d’Auvergne-Rhône-Alpes est en cours d’élaboration. Directive Régionale d’Aménagement (DRA) et Schéma Régional d’Aménagement (SRA) Ce sont des documents directeurs qui encadrent la réalisation des aménagements forestiers pour les forêts domaniales (DRA) et les forêts des collectivités (SRA). Ils sont soumis aux dispositions du Code Forestier (articles D.122-2 et suivants, et D122-6 et suivants). Les documents relatifs à l’ancienne région Rhône-Alpes sont de 2006.

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Documents de gestion durable des forêts privées Les documents de gestion durable des forêts (PSG, CBPS, RTG) donnent une garantie (ou une présomption de garantie) de gestion durable aux propriétaires qui en suivent les recommandations. Ces documents, nécessaires pour une bonne gestion de son patrimoine forestier, sont exigés par les services de l'Etat lors du dépôt de demandes d'aides ou d'aménagements fiscaux : - le Schéma Régional de Gestion Sylvicole (SRGS) est un document cadre régional pour les forêts privées ; - le Plan Simple de gestion (PSG) est un document spécifique à sa forêt. Le PSG est indispensable pour les forêts de plus de 25 ha ; - le Code de Bonnes Pratiques Sylvicoles (CBPS) permet de gérer les petites surfaces ; - le Règlement Type de gestion (RTG) est un outil définissant les modalités de gestion pour chaque grand type de peuplement. Le RTG s'adresse aux propriétaires ne rentrant pas dans le cadre d'une obligation de PSG et qui font gérer leur bois par un organisme de gestion (coopérative...) ou un expert. La Certification forestière est quant à elle un engagement de gestion durable, complémentaire aux documents de gestion. Règlement national d’exploitation forestière Ce document regroupe l’ensemble des prescriptions techniques relatives à l'exploitation des bois. Il constitue le cahier des charges technique des travaux d’exploitation forestière. Il s'impose à tous les intervenants en forêts publiques pour des travaux d'exploitation forestière quel que soit leur statut : acheteurs de bois sur pied, prestataires de service pour le compte de l’ONF, équipes internes de l'ONF. Règlement national des travaux et services forestiers Le Règlement National des Travaux et Services Forestiers (RNTSF) constitue un document de référence rassemblant l’ensemble des prescriptions s’appliquant aux travaux et services forestiers (hors exploitation des bois) en forêt domaniale de métropole, et une référence pour les collectivités propriétaires de forêts relevant du régime forestier réalisant, en tant que maître d'ouvrage ou donneur d’ordre, des travaux ou services forestiers.

3.2.5 Les perspectives d’évolution des activités agricoles et forestières à l’échelle de l’aire urbaine

Thématique : « Activités agricole et forestière » Perspective d’évolution Situation actuelle sans mise en œuvre du SRC (Scénario de référence) Des conflits d’usages et des pressions qui Recul de l’agriculture et disparition des - s’accélèrent sur les ressources agricoles surfaces agricoles périurbaines Une dynamique en faveur de la recherche Une fragilité des exploitations dont des produits locaux de qualité, au sein d’un - beaucoup sont dépendantes des aides département qui compte beaucoup de européennes signes de qualité (AOC, IGP, etc.) Des contraintes topographiques entraînant une agriculture et une exploitation du bois - = / difficile (augmentation des coûts rendant les produits moins compétitifs)

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Des bienfaits de plus en plus recherchés par Des forêts étendues et variées rendant de + la population, et source d’une attractivité nombreux services grandissante

3.2.6 Les enjeux environnementaux « activités agricoles et forestières »

Les enjeux majeurs liés à l’activité agricole et forestière sont : le maintien des surfaces agricoles de vallées, particulièrement des vignobles, surfaces agricoles identitaires, souffrant de mitage par l’extension de l’urbanisation ; la restitution de la carrière à son occupation initiale (agricole, forestière, naturelle) en prévoyant une remise en état de qualité ; la prise en compte de la diversité des usages présents (agriculture, loisirs, etc…) lors du choix de l’implantation d’une carrière.

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3.3 Les risques

3.3.1 Présentation générale

On distingue les risques naturels et les risques technologiques : - les risques naturels se rapportent à des aléas qui font intervenir des processus naturels variés : atmosphériques, hydrologiques, géologiques ou géomorphologiques ; - les risques technologiques sont liés à l’action humaine et majoritairement à la manipulation, au transport ou au stockage de substances dangereuses pour la santé et l’environnement. Le risque se situe à la croisée entre, d'une part, un ou plusieurs aléas et, d'autre part, la vulnérabilité d'une société et/ou d'un territoire qu'elle occupe. L'aléa ne devient un risque qu'en présence d'enjeux humains ou économiques. Le risque, d'origine naturelle ou technologique, est dit majeur lorsqu'il peut faire de très nombreuses victimes et occasionner des dommages considérables, dépassant les capacités de réaction des instances concernées (États, sociétés civiles) à l'échelle de la zone touchée. Le risque majeur est caractérisé conjointement par une faible probabilité d’occurrence (faible fréquence) et d'énormes impacts.

3.3.1.1 Les risques naturels

Sur l’aire urbaine, les risques naturels rencontrés sont : - le risque inondation ; - le mouvements de terrain ; - le risque sismique ; - le risque radon. Le risque inondation Le risque inondation est un risque très présent au niveau de l’aire urbaine. Il est particulièrement présent autour du lac du Bourget et au sein des vallées de la Leysse et de l’Isère. Un Territoire à Risque Important d’inondation (TRI) a été délimité dans le territoire : le TRI de Chambéry - Aix-les-Bains. Il concerne 31 communes autour des bassins de vie de Chambéry et d’Aix- les-Bains et s’appuie sur les inondations des cours d’eau ou plans d’eau suivants : la Leysse, l’Hyères, le Tillet, le Sierroz et le lac du Bourget. Ce sont souvent des rivières torrentielles, dont la hauteur d’eau peut augmenter rapidement en cas de fonte de neige rapide ou d’épisodes pluvieux violents. De plus, le lac du Bourget, exutoire des différents bassins versants de la zone, peut atteindre des niveaux élevés par suite du rôle de bassin d’expansion qu’il joue vis-à-vis du Rhône. Sur ce territoire, une population permanente de 3 031 personnes est soumise à une crue fréquente, 7 548 à une crue moyenne et 45 843 à une crue extrême. De telles crues impactent également les emplois (de 1 119 au minimum en crue fréquente à 72 771 au maximum en crue extrême). Des ouvrages de protection, souvent des digues, sont présents sur la partie aval de la Leysse, de l’Hyères et du Sierroz. Quant à la vallée de l’Isère, le risque inondation y est également très présent. L’atlas des zones inondables y décrit des risques moyens à fort sur pratiquement toute sa longueur au sein de l’aire urbaine. L’Arc est également concerné. Des digues sont installées sur la quasi-totalité de ces cours d’eau dans le territoire.

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 108 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

En crue centennale, le débit total entrant dans le système de la Combe de Savoie est de 1 900 m3/s. Le comportement de ces cours d’eau sur cette zone a été modélisé dans le cadre du PAPI des Combes de Savoie60 : - pour des crues ayant une période d’occurrence de l’ordre de 5 ans, les premiers débordements interviennent. Ils touchent principalement des zones naturelles et agricoles, mais peuvent toucher des zones urbanisées localement ; - avec des occurrences voisines de 50 ans, l’inondation de plaine se généralise entre la courbe de et le seuil de Montmélian. L’inondation provoque des désordres importants dans les zones d’activité et sur les axes de communication, coupant la circulation du réseau routier départemental et autoroutier, ainsi que de la voie ferrée. Une approche réaliste intègre d’autres facteurs susceptibles de modifier et d’aggraver les phénomènes : défaillance des digues, défaillance des remblais transversaux, encombrement du lit de l’Isère, etc. En outre, les crues ne concernent pas seulement ces deux cours d’eau, mais également d’autres affluents comme le ruisseau de Verrens, la Biale de Grignon, le ruisseau de St Vital, le ruisseau de Rotey, le torrent du Gros Chêne, le Cayan, etc.

Carte 31 - Territoire à Risque important d'Inondation et atlas des zones inondables

Le risque mouvement de terrain Le risque mouvements de terrain regroupe différents types d’aléas : le retrait-gonflement des argiles, les glissements de terrain, les chutes de blocs, les effondrements de cavités souterraines et les coulées de boues. Ces phénomènes restent difficiles à prévoir : localisation et moment de rupture ou d’accélération du phénomène. En termes de prévention, il s’agit soit d’empêcher le phénomène de se produire (clouage de falaise, drainage, etc.), soit de protéger les enjeux (installation de merlons et de filets pare-blocs).

60 Syndicat mixte de l’Isère et de l’Arc en Combe de Savoie (SISARC)

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 109 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

Ce risque affecte, à divers degrés, 35 communes de l’aire urbaine de Chambéry. Le risque sismique L’ensemble de l’aire urbaine est situé en zone de sismicité « moyenne ». Les Alpes sont en effet soumises aux mouvements de la plaque Afrique qui entraîne la micro plaque Adriatique. Deux grands phénomènes seraient responsables des séismes alpins : le mouvement de coulissage de cette micro plaque (glissement des compartiments situés à l’est vers le sud) et extension des Alpes internes (tendance à l’affaissement sous leur propre poids)61. L’aire urbaine est plus principalement concernée par la faille bordière de Belledonne : séparation entre le bloc de la Chartreuse et le bloc de Belledonne, coulissant horizontalement l’un par rapport à l’autre. Les déplacements sont cependant très faibles (quelques dixièmes de millimètres par an) et la zone active se situe très en profondeur (de l’ordre de 5 km). Depuis l’installation du réseau de surveillance Sismalp en 1989, le séisme le plus important a été ressenti à Laffrey (magnitude 3,5). A l’échelle de la faille, des séismes similaires ont une période d’occurrence de 15 ans. Pour des séismes M=4, elle est de 40 ans, M=5 de 300 ans et M=6, de 2 000 ans. Toutefois, les failles sont détectées par les séismes qui y surviennent. C’est pourquoi, d’autres failles restent encore inconnues, comme dans la Chartreuse, du fait qu’elles soient inactives depuis l’installation des réseaux de surveillance62.

Carte 32 - Zones réglementées par les différents PPRn

Le risque radon Gaz radioactif d’origine naturelle provenant de la désintégration du radium, lui-même issu de la désintégration de l’uranium contenu dans la croûte terrestre, le radon est inodore et incolore. Il est

61 Institut des risques majeurs de Grenoble (IRMA-Grenoble) 62 Institut des Sciences de la Terre (ISTerre)

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 110 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes particulièrement présent dans les sous-sols granitiques et volcaniques. Le risque pour la santé est essentiellement dû à la présence du radon dans l’air intérieur des bâtiments et en particulier des habitations dans lesquelles il peut s'accumuler, selon leur localisation, leur conception et leur ventilation. Le radon est classé comme « cancérigène pulmonaire certain »63 depuis 1987. En France, le radon serait responsable de 5 à 12 % des décès par cancer du poumon (soit la 2ème cause après le tabac)64. Au sein de l’aire urbaine, la plupart des communes sont classées en catégorie 1 : localisées sur les formations géologiques présentant les teneurs en uranium les plus faibles. Toutefois, huit sont classées en catégorie 2 (Chambéry, Sonnaz, Voglans, Verthemex, Tresserve, Viviers-du-Lac, Aix-les-Bains et Challes-les-Eaux) : localisées sur des formations géologiques présentant des teneurs en uranium faibles mais sur lesquelles des facteurs géologiques particuliers peuvent faciliter le transfert du radon vers les bâtiments65.

3.3.1.2 Les risques technologiques

L’aire urbaine est concernée par les risques technologiques : - le risque de rupture de barrage ; - le risque minier ; - le risque de Transport de Matières Dangereuses (TMD). Le risque de rupture de barrage Le phénomène de rupture de barrage correspond à une destruction partielle ou totale d'un barrage. Une rupture de barrage entraîne la formation d'une onde de submersion se traduisant par une élévation brutale du niveau de l'eau à l'aval. Chaque barrage de plus de 20 mètres de hauteur et de capacité supérieure à 15 millions de m3 (décret 2005-1158 du 13 septembre 2005) fait l'objet d'un Plan Particulier d'Intervention (PPI), plan d'urgence spécifique, qui précise les mesures destinées à donner l'alerte aux autorités et aux populations, l'organisation des secours et la mise en place de plans d'évacuation. Ce plan s'appuie sur la carte du risque et sur des dispositifs techniques de surveillance et d'alerte. Au sein de l’aire urbaine de Chambéry, ce risque concerne 16 communes situées dans la vallée de l’Isère, en rapport avec 4 grands barrages situés sur le même bassin versant : Chevril, Roselend, Girotte et Bissorte. Le risque de transport de matières dangereuses Le risque de transport de marchandises dangereuses, ou risque TMD, est lié aux accidents se produisant lors du transport de ces marchandises par voie routière, ferroviaire, fluviale ou canalisée. Certaines zones sont particulièrement sensibles du fait de l'importance du trafic : abords des autoroutes, des routes nationales et départementales, et des industries chimiques et pétrolières. Plusieurs communes sont soumises à ce risque par la traversée (ou l’influence) de gazoduc (24), d’oléoduc (5) ou des deux (11) qui traversent l’aire urbaine de part en part. Le risque minier Le risque minier est lié à l’évolution des vides miniers et des ouvrages (puits, galeries) abandonnés et sans entretien du fait de l’arrêt de l’exploitation. Ces cavités souterraines présentent des risques potentiels de désordres en surface pouvant affecter la sécurité des personnes et des biens, à plus ou

63 Centre international de recherche sur le cancer 64 Ministère des solidarités et de la santé 65 Institut de Radioprotection et de Sureté Nucléaire (IRSN)

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 111 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes moins long terme, selon la taille des cavités, leur profondeur, la nature et la qualité des sols. Elles présentent de plus un risque de pollution. Précision importante, en matière d’exploitation des ressources minérales, on distingue66 : - les carrières, à ciel ouvert ou souterraines, qui exploitent des matériaux de construction (calcaire, craie, sable, gravier, argile, gypse …), ou des matériaux industriels tels que la silice ; - les mines, à ciel ouvert ou souterraines, d’où sont extraits des minéraux stratégiques et concessibles par l’État : les métaux tels que l’or, le fer, le cuivre, l’uranium ; les combustibles tels que le charbon, le pétrole, le gaz naturel ; les sels tels que la potasse ou le gemme. Quatre communes sont concernées par ce risque : Chambéry, La Motte-Servolex, Sonnaz et La Chapelle-du-Mont-Chat en raison de 6 concessions minières (dont 3 valides actuellement).

Carte 33 - Risques technologiques

3.3.2 Relation de la thématique avec les carrières

Les carrières doivent prendre en compte les risques naturels et technologiques existants afin de ne pas accentuer la vulnérabilité des biens et des personnes dans les zones concernées. Le risque inondation L’ouverture d’une carrière en zone inondable est possible. Dans ce cas, le respect et la mise en place de dispositions particulières (règlementation, PPRi, urbanisme, etc.) sont indispensables. Les carrières, et en particulier les gravières, peuvent servir à l’écrêtement de crues, mais l’efficacité est limitée et fortement dépendante des caractéristiques géométriques, hydrauliques et hydrogéologiques du site et de l’hydrogramme de crue. De plus, des effets secondaires négatifs peuvent alors apparaître : capture du lit mineur et des matériaux transportés par la crue, modification

66 Les risques majeurs dans le Puy-de-Dôme : risque minier, RISQUE AUVERGNE

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 112 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes du trajet de l’écoulement des crues, pollution des nappes, accentuation des processus d’érosion (accélération des écoulements, diminution du laminage de la crue par le lit majeur, déstabilisation d’ouvrages, etc.), etc. L’interdiction d’exploitation de carrières dans l’espace de mobilité du cours d’eau et le respect d’une bande de sécurité entre la gravière et le cours d’eau ont néanmoins permis de diminuer plusieurs de ces risques. Au sein de l’aire urbaine, quatre carrières sont situées dans la zone inondable de l’Isère. Deux sont situées en zone inconstructible, en totalité ou en partie. Les autres se trouvent en zone constructible sous conditions. Le risque de mouvement de terrain Le risque d’effondrement de cavités souterraines peut être lié à l’exploitation d’anciennes carrières. Ce risque peut affecter la sécurité des personnes et des biens. Des remblais d’anciennes carrières mal consolidées peuvent, sous l’effet d’une charge, favoriser l’apparition de tassements qui soumettent les structures des ouvrages à des contraintes engendrant des désordres ou des dommages. Cependant, les carrières peuvent également parfois, du fait de leur localisation, protéger des éboulements (pièges à cailloux) et des laves torrentielles.

3.3.3 Sensibilités et pressions

Le risque inondation Comme évoqué auparavant (cf. partie 3.1), l’artificialisation des sols ne cesse de progresser. Or cette dernière, en provoquant l’imperméabilisation des sols, entraine le ruissellement des eaux pluviales par capacité insuffisante d’infiltration et de rétention. De plus, malgré les Plans de Prévention du Risque Inondation (PPRi), il arrive que certaines constructions restent tolérées en zone inondables, ou bien au sein de champs d’expansion de crues. L’aménagement ou la protection des enjeux peut également porter atteinte à l’espace de bon fonctionnement du cours d’eau et accroître le risque en aval. Enfin, le changement climatique a pour conséquences l’augmentation de la densité des précipitations et la fonte des glaciers, deux phénomènes qui accroissent le risque. Le risque des mouvements de terrain Le changement climatique présentera probablement un effet aggravant pour les phénomènes retrait- gonflement des argiles auxquels la région est actuellement exposée à un niveau non négligeable.

3.3.4 Règlementation et dispositifs de connaissance, de suivi ou d’action

Arrêté du 22/09/94 relatif aux exploitations de carrières et aux installations de premier traitement des matériaux de carrières modifié Concernant l’installation de carrières dans le lit majeur d’un cours d’eau, elles « ne doivent pas créer de risque de déplacement du lit mineur, faire obstacle à l'écoulement des eaux superficielles ou aggraver les inondations » (article 11). Il s’agit de ne pas constituer un obstacle à l'écoulement des crues ni réduire les surfaces des zones inondables. De plus, après son exploitation, en fin de vie, le comblement de la carrière ne doit pas modifier gravement l'effet "tampon" hydraulique des sols. Dossier Départemental des Risques Majeurs (DDRM) Le Dossier Départemental des Risques Majeurs (DDRM) établi par le préfet de département, décrit les risques présents dans le département et détermine les communes à risque. Les Plans de Prévention des Risques Naturels prévisibles (PPRN) et Technologiques (PPRT)

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 113 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

En 1982, la loi n°82-600 relative à l’indemnisation des victimes de catastrophes naturelles a institué le Plan d’Exposition aux Risques (PER) pour inciter notamment les assurés à la prévention. Depuis 1995 (loi n°95-101 du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de l’environnement dite loi « Barnier »), les Plans de Prévention des Risques Naturels prévisibles (PPRN) les ont remplacés, se substituant également à tout autre plan ou dispositif approuvé par les préfets. La loi dite « Barnier » vise à renforcer et à unifier l’action de prévention. Elle précise en outre que les procédures déjà approuvées valent PPR. Ce dispositif a ensuite été renforcé par la loi n°2003-699 du 30 juillet 2003 relative à la prévention des risques technologiques et naturels, dite « loi Bachelot », qui ajoute donc aux risques naturels un volet de prévention des risques technologiques. Ces plans ont pour objet de délimiter les zones exposées au risque ou soumises à précautions, et déterminent le règlement afférent à ces zones, qui comprend des mesures d’interdictions ou de prescriptions. Ils règlementent donc l’aménagement. Les risques naturels prévisibles concernés sont les inondations, les mouvements de terrain, les avalanches, les incendies de forêt, les séismes, les éruptions volcaniques, les tempêtes ou les cyclones. Des PPRn fréquemment rencontrés sont ainsi les Plans de Prévention du Risque inondation (PPRi) et les Plans de Prévention du Risque mouvement de terrain (PPRmvt). Au sein de l’aire urbaine, quatre PPRi et 1 PPR minier sont appliqués : Bassin Aixois, Bassin Chambérien, Combe de Savoie, Arc Aval et Voglans (PPR minier). Par ailleurs, aucun PPRT n’est approuvé. La base de données Gaspar Cette base est gérée par la Direction Générale de la Prévention des Risques (DGPR) du ministère de la transition écologique et solidaire. Mise à jour directement par les services instructeurs départementaux, elle réunit des informations sur les documents d’information préventive ou à portée réglementaire cités plus haut, soit : communes classées à risque naturel ou technologique, PPR naturels et assimilés, PPR technologiques, procédures de type « reconnaissance de l’état de catastrophes naturelles », documents d’information préventive. Plan de Gestion du Risque Inondation (PGRI) Le Plan de Gestion des Risques d’Inondation (PGRI) est au cœur de la mise en œuvre de la Directive européenne 2007/60/CE du 23 octobre 2007, aussi appelée directive inondation. Cet outil stratégique définit à l’échelle de chaque grand bassin (district hydrographique) les priorités en matière de gestion des risques d’inondation. Les territoires à risque important d’inondation d’Auvergne-Rhône-Alpes L'identification des Territoires à Risque Important d'inondation (TRI) est basée sur les résultats de l'Evaluation Préliminaire des Risques d'Inondation (EPRI), réalisée à l'échelle de chaque district hydrographique. La liste des TRI a été arrêtée par l'autorité compétente à cette échelle, le préfet coordonnateur de bassin. L'identification des TRI dans la mise en œuvre de la directive inondation (Directive n°2007/60/CE) du 23 octobre 2007 obéit à une logique de priorisation des actions et des moyens apportés par l’État dans sa politique de gestion des inondations. A cet effet, le TRI de l’aire urbaine (carte 32) : - d'une cartographie des risques pour les phénomènes d'inondation caractérisant le territoire ; - d’une Stratégie Locale de Gestion des Risques d'Inondation (SLGRI) à l'échelle du bassin versant concerné dont les objectifs et le périmètre sont identifiés. Les Programmes d’Actions de Prévention des Inondations Créés en 2003, les Programmes d’Actions de Prévention des Inondations (PAPI) visent à réduire les conséquences des inondations sur les territoires à travers une approche globale du risque, portée par un partenariat entre les services de l’Etat et les acteurs locaux.

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 114 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

Sur l’aire urbaine, trois PAPI sont en cours de mise en œuvre : celui du Lac du Bourget, celui de la Combe de Savoie et celui de la Maurienne (Arc).

Carte 34 - PAPI de la Savoie (Source : DDT 73)

3.3.5 Les perspectives d’évolution des risques à l’échelle de l’aire urbaine

Thématique : « Les risques » Perspective d’évolution Situation actuelle sans mise en œuvre du SRC (Scénario de référence) 88 % des communes sont concernées par Augmentation du risque en lien avec les au moins un risque naturel (hors le risque effets du changement climatique (retrait- - sismique qui concerne toute la région à gonflement des argiles et inondations) des niveaux variables) Phénomène d’urbanisation des vallées Le risque inondation concerne à lui seul - qui sont des territoires propices aux 86 % des communes inondations et changement climatique Des plans de prévention des risques naturels, des PAPI et une SLGRI mis en Mise en place d’actions de prévention, de + place pour protéger les personnes et les protection et de connaissance aménagements Le développement économique de la Des risques technologiques présents et - zone aura tendance à augmenter ce nombreux dus à l’activité économique risque.

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 115 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

3.3.6 L’enjeu environnemental « risques »

Finalement, l’enjeu environnemental majeur du SRC vis-à-vis des risques naturels et technologiques est le suivant : la prise en compte et la gestion du risque inondation et du risque d’érosion (non aggravation du risque par les carrières) dans un contexte de changement global.

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 116 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

3.4 Les nuisances

3.4.1 Présentation générale

Les nuisances sonores Qu'elles proviennent des voies routières ou autoroutières, des voies ferrées ou des aéroports, ou de certaines activités, les nuisances sonores perturbent sérieusement les conditions de vie des riverains, en particulier la nuit. Elles peuvent également constituer un réel enjeu de santé publique. La directive 2002/49/CE relative à l’évaluation et à la gestion du bruit dans l’environnement impose l'élaboration de cartes stratégiques du bruit, et à partir de ce diagnostic, de Plans de Prévention du Bruit dans l’Environnement (PPBE). L’objectif est de protéger la population, les zones calmes et les établissements scolaires ou de santé, des nuisances sonores excessives. Deux types de cartes sont ainsi établis : - les cartes de bruit des agglomérations ; - les cartes de bruit des grandes infrastructures de transport (8 200 véhicules/jour et 82 trains/jour). Les voieries concernées sont autant les infrastructures de l’Etat que le réseau routier départemental et communal. Les infrastructures de communication sont classées en catégories : de 1 (la plus bruyante) à 5. Pour chaque tronçon de voie routière ou ferroviaire classée, un secteur affecté par le bruit est défini. C'est une zone qui s'étend de part et d'autre de l'infrastructure classée qui est fonction du classement de la catégorie 1 (la plus bruyante) à la catégorie 5. Cette largeur est de 300 m pour la catégorie 1, 250 m pour la catégorie 2, 100 m pour la catégorie 3, 30 m pour la catégorie 4 et enfin 10 m pour la catégorie 5. Cette distance est prise à partir du bord de la chaussée de la voie routière ou du rail extérieur de la voie ferrée. Au sein de l’aire urbaine, les autoroutes A41 nord et A43 sont très majoritairement classées en catégorie 1. La D1201 et la D1504 entre Viviers-du-Lac/Le Bourget-du-Lac et Chambéry sont classées en catégorie 2, tout comme plusieurs tronçons de voies communales à Chambéry et la D1006 entre Chignin et Montmélian. Les autres voies routières concernées sont classées en catégories 3, 4 et 5. En Savoie, le nombre de personnes exposées à un bruit journée moyen (Lden) dépassant la valeur limite de 68 dB(A) est estimé à 1 584 personnes (dont 791 pour la voie rapide urbaine). En ce qui concerne la nuit (Ln, valeur limite de 62 dB(A)), il est de 783 (dont 500 pour la voie rapide urbaine). En ce qui concerne les infrastructures ferroviaires, seul un tronçon traversant Chambéry est classé en catégorie 1, la majorité du réseau ferré étant classé en catégorie 2. En Savoie, le nombre de personnes exposées à un bruit moyen journée (Lden) dépassant la valeur limite de 73 dB(A) est estimé à 1 868. Pour la nuit (Ln, valeur limite de 65 dB(A)), il est de 87467. Les vibrations Les vibrations peuvent constituer un problème pour la protection des populations riveraines (sécurité des constructions et effets sur les occupants de ces constructions). Les effets des vibrations mécaniques sur les constructions comprennent : - les effets directs (fissuration...) résultant de la mise en résonance par les vibrations entretenues, ou bien d’excitations répétées ou non, mais à niveau élevé, par les sources impulsionnelles ; - les effets indirects par densification du sol. Ils sont fortement liés à la nature et à la structure du terrain géologique traversé.

67 Plan de Prévention du Bruit dans l’Environnement, deuxième échéance 2013-2018, avril 2018

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 117 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

Les poussières Les poussières sont à l’origine d’irritations des yeux, de la peau et du système respiratoire. Aux poussières en suspension d’origine naturelle, s’ajoutent des poussières d’origine anthropique pouvant provenir des installations de combustion, des transports, des activités industrielles, etc. Plus les particules sont fines, et plus elles irritent les voies respiratoires. Certaines particules ont également des propriétés mutagènes et cancérigènes.

Les particules en suspension (PM10 et PM2,5) sont aujourd’hui considérées comme un des principaux indicateurs de la qualité de l’air (cf. partie 1.4). Les sites pollués La présence de polluants dans les sols est susceptible d’avoir des conséquences importantes sur la santé humaine, les écosystèmes et les ressources en eau. Certains polluants sont en effet très mobiles. Ils peuvent atteindre la nappe phréatique et présenter une menace pour les captages d’eaux potables ou les puits servant à l’irrigation. Sur l’aire urbaine, 34 sites et sols pollués sont recensés, dont 11 au sein de la commune de Chambéry68. Il n’y a pas de site de carrière parmi eux.

3.4.2 Les carrières et les nuisances

Les nuisances sonores Comme toute activité industrielle, l’exploitation des carrières peut générer des nuisances sonores : trafic des engins et poids lourds, traitement des matériaux (concassage, criblage, broyage…), tirs de mines, klaxon de recul des engins et véhicules, sirènes de mise en marche des installations, etc. Les effets de ces nuisances sonores peuvent être très importants et néfastes pour la santé humaine. Elles peuvent entraîner des effets d’ordre physiologique (audition, système cardio-respiratoire, système neuromusculaire, …), psychologique (trouble du comportement, gêne de la concentration et de l’attention) ou sociologique (gêne à la communication et la prise d’information). Les vibrations A la différence des carrières d'alluvions de rivière, la production de granulats de roche compacte nécessite l'emploi d'explosifs pour l'extraction de la masse. Les vibrations mécaniques issues de ces tirs de mine se définissent par leur amplitude, leur vitesse et leur accélération en fonction du temps. Elles se propagent par voie aérienne ainsi que dans les terrains avoisinants. La valeur limite règlementaire est de 10 mm/s. Les principales mesures pour réduire la vibration sont : l’utilisation du micro-retard ; l’amorçage fond- de-trou ; le contrôle de la foration et profilage des fronts ; l’optimisation des plans de tirs, etc. Les émissions de poussières Sur un site d’extraction de roches ou de matériaux, les sources d’émissions de poussières sont nombreuses et fonction des qualités physiques intrinsèques de matières premières : procédés d’extraction (forage, explosion, abattage…), convoyage et traitement sur site (ciblage, concassage, broyage, tamisage, taille ou polissage), circulation et manœuvres des engins sur le site et à l’extérieur, stockage des produits élaborés, aménagements du site, etc. Les principaux risques d’affection sont liés aux poussières alvéolaires siliceuses. Elles proviennent de la silice libre présente dans la grande majorité des roches silicatées. L’inhalation chronique par les travailleurs peut conduire à l’apparition de pneumoconioses et de complications cardiaques ou pulmonaires. Les émissions ne sont toutefois localisées qu’au niveau des installations et leur

68 Base de données BASOL

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 118 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes environnement proche. Les mesures prises vis-à-vis de la santé des personnels permettent de limiter les conséquences sur les riverains. Les sites et sols pollués Les sites et sols pollués ne font pas l’objet d’un cadre juridique spécifique mais s’appuient principalement sur la législation des installations classées et notamment sur le Livre V - Prévention des pollutions, des risques et des nuisances du Code de l’Environnement. L’ensemble des textes ministériels (arrêté du 2 février 1998 modifié, arrêtés sectoriels) et l’action menée par l’inspection visent à connaître et maîtriser les émissions de toutes natures sur les installations aujourd’hui en exploitation, ce qui contribue à limiter l’exposition des personnes et la pollution des milieux. Sur ces sites et sols déjà potentiellement pollués, l’implantation d’une carrière où des substances polluantes sont parfois manipulées est susceptible d’engendrer des pollutions supplémentaires. Une vigilance est de plus nécessaire dans le cadre des remblaiements des carrières pour s’assurer de ne pas apporter de matériaux contaminés.

3.4.3 Règlementation et dispositifs de connaissance, de suivi ou d’action

L'engagement n°153 du Grenelle relatif aux nuisances sonores Cet engagement a fixé pour objectif « la révision de l'inventaire des points noirs de bruit pour fin 2007 et la résorption en 5 à 7 ans des plus dangereux pour la santé ». La notion de point noir est donnée par la circulaire du 12 juin 2001, complétée par la circulaire du 25 mai 2004. Il s’agit d’un bâtiment sensible localisé dans une Zone de Bruit Critique (ZBC) dont les niveaux sonores en façade résultant de l’exposition au bruit issu des infrastructures de transports terrestres du réseau national dépassent ou risquent de dépasser au moins l’une des deux valeurs limites représentant les isophones Lden68 (valeur limite sur l’ensemble de la journée 68 dB) et Ln62 (valeur limite nocturne 62 dB). Un bâtiment sensible peut être un bâtiment à usage d’habitation, d’enseignement, de soins, de santé ou d’action sociale respectant les règles d’antériorité (construction antérieure à l’apparition du risque). Les nuisances sonores se situent à proximité des aéroports, des axes autoroutiers, ferroviaires et des grandes agglomérations. L’arrêté du 23 janvier 1997 à la limitation des bruits émis dans l'environnement par les installations classées pour la protection de l'environnement Classées en tant qu’ICPE (Installations Classées Pour l’Environnement), des limites règlementaires sont imposées aux carrières en limite de propriété et pour les zones à émergence règlementée. Ainsi, les émissions sonores des carrières ne doivent pas engendrer, dans ces zones, une émergence supérieure aux valeurs admissibles. Elles sont définies dans l’article 3 de l’arrêté du 23 janvier 1997. L’arrêté du 30 septembre 2016 modifiant l'arrêté du 22 septembre 1994 relatif aux exploitations de carrières et aux installations de premier traitement des matériaux de carrières Cet arrêté fixe les dispositions permettant de prévenir, limiter et contrôler les poussières émises par les exploitations de carrières. Les exploitants de carrière devront ainsi limiter et suivre les émissions issues des envols de poussière et des rejets d’air capté. Afin de réduire les envols de poussière, l’exploitant devra ainsi aménager et convenablement nettoyer les voies de circulation et les aires de stationnement de l’installation. La vitesse des engins sera également adaptée sur les pistes non revêtues. Les rejets d’air capté des installations ne doivent quant à eux pas dépasser une valeur seuil de teneur en poussières, les modalités de mise en œuvre différant selon la capacité d’aspiration de l‘installation. La part de particules PM10 est de plus mesurée lors de chaque prélèvement aux moyens d’impacteurs. Depuis le 1er janvier 2018, les exploitants sont de plus tenus d’établir un plan de surveillance des émissions de poussières, dont les installations ont une production annuelle supérieure à 150 000

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 119 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes tonnes, à l’exception de celles exploitées en eau. Le suivi des retombées atmosphériques totales est assuré par jauges de retombées. Dans cette perspective, la norme NF X 43-014 (2003) doit être respectée. Enfin, l’exploitant devra établir chaque année un bilan des mesures réalisées. La circulaire du 23 juillet 1986 relative aux vibrations mécaniques émises dans l'environnement par les installations classées pour la protection de l'environnement Cette circulaire a pour objectif d’harmoniser les moyens et méthodes d’évaluation des effets et de fixer des normes pour éviter les gênes ressenties par les personnes ou les dommages subis par les constructions. Elle fixe les limites vibratoires à ne pas dépasser ainsi que la méthode de mesurage. Le Plan National Santé Environnement (PNSE) 3 2015-2019 et sa déclinaison régionale (PRSE) Le troisième PNSE 2015-2019 témoigne de la volonté du gouvernement de réduire autant que possible et de façon la plus efficace les impacts des facteurs environnementaux sur la santé afin de permettre à chacun de vivre dans un environnement favorable à la santé. Il s’articule autour de 4 grandes catégories d’enjeux : - des enjeux de santé prioritaires ; - des enjeux de connaissance des expositions et de leurs effets ; - des enjeux pour la recherche en santé environnement ; - des enjeux pour les actions territoriales, l’information, la communication, et la formation. Ce plan fait l’objet d’une déclinaison régionale : le PRSE 3 ARA 2017-2021, signé le 18 avril 2018. Il poursuit trois objectifs : - développer les compétences en matière de promotion de la santé dans le champ de la santé environnementale ; - contribuer à réduire les surexpositions environnementales dans les territoires ; - améliorer la prise en compte des enjeux de santé dans les politiques à vocation économiques, sociales et environnementales. Le Plan de Prévention du Bruit dans l’Environnement (PPBE) de Savoie A l’issue des diagnostics établis grâce aux cartes stratégiques de bruit, la directive européenne 2002/49/CE du 25 juin 2002 et sa transposition en droit français imposent la réalisation de Plans de Prévention du Bruit dans l’Environnement (PPBE). Ils définissent les mesures prévues pour traiter les situations de fortes nuisances liées aux infrastructures terrestres nationales. Chaque autorité compétente réalise et publie son PPBE pour informer les populations sur le niveau d’exposition et les effets du bruit sur la santé. Le plan vise à établir un état des lieux et à définir des actions locales à mettre en œuvre afin de réduire les situations d’exposition sonore jugées excessives et le cas échéant prévoir la préservation des zones calmes. Le PPBE concernant les infrastructures de transports terrestres relevant de l’État sur le territoire du département de la Savoie a été approuvé le 10 avril 2018. L’Observatoire Harmonisé Auvergne-Rhône-Alpes des Nuisances Environnementales ORHANE L’élaboration de la plateforme est confiée aux associations Acoucité et ATMO Auvergne-Rhône-Alpes, avec l’appui technique et méthodologique du réseau scientifique du ministère de l’écologie (CEREMA - DTER-Centre-Est, ex CETE de Lyon). Ces trois partenaires construisent et entretiennent la partie commune de la plateforme, les cartographies modélisées du bruit et de la pollution atmosphérique étant produites par chacune des associations sur leur domaine de compétences respectifs. La plateforme contient notamment une cartographie annuelle de l’indicateur air-bruit, encore en cours d’élaboration sur la zone Auvergne. La DREAL Auvergne-Rhône-Alpes et la Région Rhône-Alpes apportent leurs soutiens à cette initiative.

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 120 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

Les bases de données BASOL et BASIAS

Le site internet BASOL du Ministère de la Transition écologique et solidaire (MEDDE) présente la Base de données BASOL sur les sites et sols pollués (ou potentiellement pollués) appelant une action des pouvoirs publics, à titre préventif ou curatif, pour prévenir les risques pour les populations riveraines et les atteintes à l’environnement et ce en fonction de l’usage du site. BASIAS est la base de données d’anciens sites industriels et activités de service. Elle est destinée au grand public, notaires, aménageurs afin de d’apprécier les enjeux d’un terrain en raison des activités qui s’y sont déroulées. Il faut souligner que l'inscription d'un site dans la banque de données BASIAS ne préjuge pas d'une éventuelle pollution à son endroit. La création de BASIAS et les principes de son utilisation sont définis dans l'arrêté ministériel du 10 décembre 1998 publié le 16 avril 1999, ainsi que dans deux circulaires ministérielles, en date du 26 avril 1999, adressées aux Préfets et aux DREAL.

3.4.4 Les perspectives d’évolution des nuisances à l’échelle de l’aire urbaine

Thématique : « Les nuisances » Perspective d’évolution Situation actuelle sans mise en œuvre du SRC (Scénario de référence) Prise en compte de la nuisance causée par les poussières sur la qualité de l’air L’arrêté du 30 septembre 2016 fixe les par la réglementation, elle présente dispositions permettant de prévenir, +/- cependant des limites, notamment en limiter et contrôler les poussières émises raison d’effets mal connus par les exploitations de carrières et est Le territoire est de plus sujet à la mis en application dès 2018 pollution par les particules fines Politique nationale de gestion des sites 32 sites encore potentiellement pollués visant la surveillance des impacts, la ou soumis à surveillance et restriction - réhabilitation et pérennisation en d’usage dont un tier sur la commune de fonction de l’usage, et la prévention des Chambéry pollutions futures Nuisances sonores présentes sur le territoire notamment le long des infrastructures de transport et dans les Mise en place du PPBE et résorption des - agglomérations, préoccupation points noirs relativement émergente en termes de santé publique

3.4.5 L’enjeu environnemental « nuisances »

Finalement, l’enjeu environnemental majeur du SRC vis-à-vis des nuisances est le suivant : la préservation de la santé des populations (bruit, vibrations, risques technologiques, allergènes) et de leur cadre de vie.

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 121 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

3.5 Les déchets

3.5.1 Présentation générale

Une organisation de la gestion des Déchets Ménagers et Assimilés (DMA) autour du syndicat mixte Savoie Déchets et du SIBRESCA Savoie Déchets est un syndicat mixte de traitement des déchets qui possèdent deux compétences : le traitement des DMA, et le tri et la valorisation des collectes sélectives. Sur l’aire urbaine, la majorité des Établissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI) sont adhérents au syndicat mixte Savoie Déchets. Cependant, quelques communes n’y adhèrent pas : la Communauté de Communes du Val Guiers (commune de Ste-Marie-d’Alvey dans l’aire urbaine) et une partie de la Communauté de Communes Cœur de Savoie (Apremont, Myans, Les Marches, Chignin, Francin, Montmélian, La Chavanne, Ste- Hélène-du-Lac, Les Molettes, Planaise, Arbin, St-Pierre-de-Soucy et Villard d’Héry). Ces dernières sont adhérentes au Syndicat Intercommunal du Bréda et de la Combe de Savoie (SIBRESCA). La collecte des ordures ménagères résiduelles et sélective Les chiffres clés de la collecte sont69 : - collecte des Ordures Ménagères Résiduelles en 2017 : 226,27 kg/hab. (Savoie Déchets, +0,68 % par rapport à 2016) et 255,65 kg/hab. (SIBRESCA, -3,95 % par rapport à 2016) ; - collecte sélective emballages, journaux, magazines, verre, autres : 37,90 kg/hab. (Savoie Déchets) et 63,41 kg/hab. (SIBRESCA, +5,28 % par rapport à 2016). Un des objectifs phares de la Loi Transition Energétique pour la Croissance Verte (LTECV) est d’atteindre -10 % de Déchets Ménagers et Assimilés (DMA) en kg/hab. entre 2010 et 2020. Les Déchets Ménagers et Assimilés (DMA) regroupent : les ordures ménagères résiduelles, les déchets ménagers collectés séparément (collectes sélectives multimatériaux, biodéchets), les déchets des activités économiques collectés par le service public, les encombrants des ménages et les déchets collectés en déchèterie. Au niveau départemental en 2015, le gisement de DMA était de 273 785 tonnes, soit 490 kg/hab. (ration prenant en compte la population saisonnière). 42,7 % de ce gisement a été envoyé pour valorisation matière (hors déchets inertes), et 42,7 % total ont été valorisés énergétiquement, soit un bilan de 85,8 % valorisés. Les ordures ménagères résiduelles représentaient 128 544 tonnes, soit 227 kg/hab.70

69 Rapports d’activité 2017 de Savoie Déchets et du SIBRESCA 70 Observatoire de l’environnement Savoie

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 122 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

Figure 15 - Tendances des quantités collectés sur le département de la Savoie (Sources : Département de la Savoie, SINDRA)

Le traitement des DMA Le syndicat mixte Savoie Déchets traite les déchets non recyclables (120 000 tonnes/an) et les boues de station (40 000 tonnes/an) collectés par l’intermédiaire de l’Unité de Valorisation Energétique et de Traitement des Déchets (UVETD). Les déchets non recyclables traités sont les déchets d’activités de soins à risques infectieux, les déchets industriels banals et les encombrants incinérables. En 2017, l’UVETD a produit 29 039 MWh d’électricité et 94 176 MWh de vapeur (couvrant les besoins annuels de près de 9 316 foyers. Les sous-produits de l’incinération (26 346 tonnes) sont majoritairement valorisés en travaux publics, en fonderie et dans d’anciennes mines de sel. Un système de traitement des fumées limite largement les polluants atmosphériques émis. En ce qui concerne le SIBRESCA, le traitement est également réalisé par une usine d’incinération (UIOM) d’une capacité de 3 t/h et mise en service en 1977. Depuis, diverses modifications ont eu lieu : séparation des cendres volantes des mâchefers, traitement des fumées, hall de déchargement et aire de maturation des mâchefers, brûleur de « montée » en température, bassin de récupération des eaux d’incendie, etc. Le site peut traiter 19 000 tonnes de déchets/an et a produit, en 2017, 3 042 MWh d’électricité, environ 3 700 tonnes de produits solides valorisables et 419 tonnes de cendres volantes. Quant aux déchets issus des collectes sélectives, ils sont vendus à diverses sociétés les recyclant après avoir été traités en centres de tri (Valespace à Chambéry, Gilly-sur-Isère, Tri Athanor à La Tronche). Par ailleurs, deux plateformes de compostage prennent en charge les déchets verts uniquement au niveau de l’aie urbaine : Chambéry et Francin. De plus, trois sites de méthanisation sont également en fonctionnement : deux à Chambéry (liés à la station d’épuration et à la ferme) et un à la Motte- Servolex (un site industriel interne). Les déchets liés aux Bâtiments Travaux Publics (BTP)71 Les déchets du BTP recoupent plusieurs types de déchets : les déchets inertes (ne se décomposant et ne brûlant pas, et ne produisant aucune réaction chimique), les déchets non dangereux non inertes et les déchets dangereux. En France, les déchets du BTP représentent 33 % du tonnage des déchets générés, soit 253 millions de tonnes avec une majorité de déchets inertes72. Ce secteur d’activité produit trois catégories de déchets : des déchets inertes, des déchets non dangereux non inertes et des déchets dangereux.

71 Les déchets du BTP en AuRA, Sindra, 2016 72 ADEME chiffres des déchets-édition 2012

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Le gisement de déchets produits par les entreprises du BTP en Savoie s’élève à 2 millions de tonnes. Les déchets et matériaux inertes issus de chantiers de Travaux Publics constituent le gisement le plus important, puisqu’avec près de 1,64 million de tonnes générés, ils représentent 82 % du gisement total généré par le BTP (ratio similaire à celui de la région). Parmi ce gisement, les déchets inertes sont très majoritaires (92 %). Il faut noter que la Savoie accueille des déchets et matériaux inertes provenant de Suisse. En Savoie en 2017, 35 % des déchets et matériaux inertes sont recyclés, 29 % sont utilisés en remblais de carrière et 7 % sont utilisés sur un autre projet ou en remblais selon le Code de l’Urbanisme. Le taux de recyclage, valorisation et réutilisation est donc de 75 %73. Ce taux est de 9 % inférieur à celui de la région. Sur l’aire urbaine, 5 sites de stockage définitif et 1 remblaiement de carrière étaient en fonctionnement en 2013. Cette année-là, plusieurs sites de traitement étaient en fonctionnement : 3 centrales d’enrobage, 11 plateformes de recyclage, 2 plateformes de transit-tri et 4 plateformes de transit. Les déchets dangereux en AuRA74 Les déchets dangereux représentent l’ensemble des déchets explosifs, inflammables, toxiques, cancérigènes ou infectieux notamment. Cette dangerosité impose une gestion à part de ces déchets mais il n’est pas toujours aisé de les identifier étant donné la diversité de leurs natures et de leurs sources de production : résidus de l’industrie chimique ou mécanique, déchets de soin, déchets des ménages (peinture, solvants, piles, huiles moteur, pesticides, déchets électroniques…). Une part non négligeable (environ 30 % des déchets dangereux de la région) provient de la collecte des déchets non dangereux. La priorité est d’en limiter la production. En 2015, environ 50 000 tonnes de déchets dangereux ont été produites en Savoie, soit 6,4 % de la production régionale. Cependant, seuls 2 % de la production régionale traitée dans la région (52 %) ont été traitée dans le département. Elle est réalisée à Aiguebelle (en limite de l’aire urbaine) par la société Trez qui produit de la poudre de zinc à partir des boues et crasses contenant différant métaux.

3.5.2 Les carrières et les déchets

Dans le département, 29 % des déchets inertes sont utilisés en remblais de carrière, soit environ 500 000 tonnes. Au niveau de l’aire urbaine, une carrière a accueilli de tels matériaux en 2016 : la carrière de La Chavanne (Granulat Vicat). A noter que sa date de fin d’exploitation est le 31 décembre 2018. Sa capacité d’accueil en 2015 était de 12 500 tonnes. Aux horizons 2021 et 2027, il existe un projet d’installation de stockage de déchets inertes. Les déchets inertes sont utilisables pour le remblayage des carrières sous certaines conditions, en particulier pour le remblayage des exploitations de gypse et d’anhydrite. Les apports extérieurs de déchets pour le remblayage sont accompagnés d’un bordereau de suivi qui indique leur provenance, leur destination, leurs quantités, leurs caractéristiques et les moyens de transport utilisés et qui atteste de la conformité des déchets à leur destination. L’exploitant a l’obligation de tenir à jour un registre sur lequel sont répertoriées ces informations, ainsi qu’un plan topographique permettant de localiser les zones de remblais. L’exploitant doit s’assurer que les eaux superficielles et les eaux souterraines ne sont pas dégradées, au cours d’une exploitation de carrières, par les déchets inertes utilisés pour le remblayage et la remise en état de la carrière ou pour la réalisation et l’entretien des pistes de circulation. Egalement, il doit veiller au maintien de la stabilité de ces dépôts.

73 Les déchets du BTP en Auvergne-Rhône-Alpes, données 2016, Sindra 74 Gisement et traitement des déchets dangereux en AuRA en 2015, Sindra

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 124 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

La production de déchets par les carrières Les déchets des carrières peuvent se répartir en deux catégories (UNPG) : - les déchets non dangereux : déchets industriels banaux, métaux, caoutchouc, boues, déchets verts et bois ; - les déchets dangereux : matériaux souillés, huiles usagées, batteries, piles et accumulateurs, solvants, DEEE, DDS fluides, PCBPCT, déchets phytosanitaires, déchets des séparateurs à hydrocarbures. Les exploitations de carrières, en tant qu'ICPE, sont responsables de leurs déchets et tiennent une comptabilité des déchets produits et éliminés. Elles les collectent et les confient pour valorisation et/ou élimination à des installations dûment autorisées ou des entreprises agréées.

3.5.3 Sensibilités et pressions

Si le taux de recyclage, valorisation et réutilisation des matériaux et déchets inertes est satisfaisant en Savoie, l’enjeu réside dans le réemploi pour la construction afin de limiter les impacts environnementaux liés à l’ouverture de nouvelles carrières. Ainsi, la Stratégie nationale pour la gestion durable des granulats terrestres et marins et des matériaux et substances de carrières souhaite faire évoluer la part de granulats recyclés, actuellement évaluée à environ 6 %, à au moins 10 % de la production nationale dans les 10 à 15 prochaines années. L’usage des matériaux recyclés a été étudié dans le rapport du cadre régional matériaux et carrières de Rhône-Alpes. En 2011, l’utilisation de granulats en Savoie était de 3,5 millions de tonnes. Sur cette quantité, 19 % (soit 677 000 tonnes) étaient des matériaux recyclés : recyclés de béton et mixte, recyclés d’enrobés, graves traités à la chaux, etc.75 En 2008, l’UNICEM estimait la quantité de granulats recyclés issus des déchets du BTP (hors valorisation des mâchefers) à 220 000 tonnes alors que la production était d’environ 3,47 millions de tonnes, soit 7 % de la production de matériaux non destinés à l’industrie sur le département76. Le cadre régional estimait en 2013 que « le déficit de production de granulats de l’aire urbaine Chambéry/Aix-les-Bains [160 000 t/an] pourrait largement être comblé localement par la valorisation des déchets inertes produits sur le territoire ».

3.5.4 Règlementation et dispositifs de connaissance, de suivi ou d’action

La Directive 2008/98/CE du 19 novembre 2008 relative aux déchets Elle définit une hiérarchie dans la gestion des déchets (prévention, préparation en vue du réemploi, recyclage, autre valorisation notamment valorisation énergétique et élimination) et impose la collecte séparée, a minima, du papier, du métal, du plastique et du verre. L’ordonnance n°2010-1579 du 17 décembre 2010 portant diverses dispositions d’adaptation au droit de l’Union Européenne dans le domaine des déchets L’ordonnance transpose en droit français la directive cadre sur les déchets de 2008 (partie législative). Elle précise ce qu’est un déchet, privilégie la prévention de la production de déchets et introduit une hiérarchie dans leurs modes de traitement, avec priorité à la réutilisation, au recyclage et à la valorisation. Elle étend le champ de compétences des régions en matière de prévention et de gestion des déchets par la définition d’un plan régional unique (art. 5). Elle prévoit notamment la création d’un Plan Régional de Prévention et de Gestion des Déchets (PRPGD). Elle donne également la compétence

75 Plan de prévention et de gestion des déchets issus de chantiers du BTP de la Savoie 76 Cadre régional « matériaux et carrières » de Rhône-Alpes – mars 2013

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« collecte et traitement des déchets ménagers » aux EPCI, qu’ils peuvent assurer en régie ou transférer à des syndicats intercommunaux ou mixtes. Sur la base d’un état des lieux, le PRPGD contient une analyse prospective sur 6 et 12 ans, des objectifs en matière de prévention, de recyclage et de valorisation des déchets, une planification de la prévention et de la gestion des déchets à terme 6 et 12 ans et un plan régional d’action en faveur de l’économie circulaire (article L.541-13 du Code de l’Environnement). Le plan prévoit en outre les mesures permettant d’assurer la gestion des déchets dans des situations exceptionnelles. Arrêté du 30 septembre 2016 modifiant l'arrêté du 22 septembre 1994 relatif aux exploitations de carrières et aux installations de premier traitement des matériaux de carrières Cet arrêté définit les déchets inertes utilisables pour le remblayage des carrières et les conditions particulières de remblayage des exploitations de gypse et d’anhydrite. Le Programme National de Prévention des Déchets 2014-2020 Dans la lignée du plan national de prévention des déchets 2004-2012, le Programme National de Prévention des Déchets 2014-2020 a pour ambition de rompre la corrélation entre augmentation de la production de déchets et croissance économique et démographique. Le programme traite de l’ensemble des catégories de déchets et s’adresse à l’ensemble des acteurs économiques, autrement dit les déchets des ménages, des entreprises, des administrations publiques, des biens et des services publics. Articulé en trois grandes parties, le programme vise à : - faire le bilan des actions de prévention menées jusqu’alors, notamment dans le cadre du plan national de prévention 2004-2012 ; - fixer des orientations et objectifs pour la période 2014-2020 ; - préparer la mise en œuvre, le suivi ainsi que l’évaluation des mesures élaborées. Le programme fixe notamment comme objectif : - une stabilisation au minimum de la production de déchets du BTP d’ici à 2020, avec un objectif de réduction plus précis à définir. Les plans départementaux de gestion et de prévention des déchets Conformément au contexte réglementaire antérieur aux lois NOTRe et TECV, la planification de la gestion des déchets non dangereux et du BTP était jusqu’à présent partagée entre les Départements (et la Métropole de Lyon). Les plans départementaux en cours d’élaboration au 7 août 2015 ont été finalisés par les Départements et transférés à la Région pour approbation. Les plans départementaux resteront en vigueur jusqu’à l’approbation du futur Plan Régional de Prévention et de Gestion des Déchets (PRPGD), ils devront également être pris en considération et l’alimenter, au même titre que les plans et schémas nationaux. Le Plan de Prévention et de Gestion des Déchets issus des chantiers du BTP de la Savoie a été approuvé en 2016. Les objectifs par type de déchets sont notamment : - Déchets inertes : un objectif de recyclage de 46 % en 2011, 50 % en 2021 et 55 % en 2027. L’accent est mis sur les graves et matériaux rocheux, ainsi que les bétons mélangés aux autres déchets inertes ; - Déchets non dangereux : réduire leur production, favoriser leur réemploi et leur réutilisation ; - Déchets dangereux : réduire la nocivité des matériaux utilisés et des déchets. A noter que plusieurs syndicats mixtes et EPCI ont mis en place des plans locaux de prévention des déchets. Ils mettent en œuvre des actions visant à réduire la production de déchets et à respecter les objectifs règlementaires d’ici 2020. Le plan régional d’élimination des déchets dangereux Auvergne et Rhône-Alpes Le Plan régional d’Auvergne a été approuvé en novembre 2009. Le Plan régional de Rhône-Alpes relatif aux déchets dangereux (approuvé en octobre 2010) a fait l’objet d’une révision en 2014-2015 et est

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 126 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes devenu le Plan Régional de Prévention et de Gestion des Déchets Dangereux. Ce plan révisé devra donc également alimenter le nouveau PRPGD de la région AuRA sur son volet relatif aux déchets dangereux. Les Territoires zéro déchet, zéro gaspillage et les Contrats d’Objectif déchets économie circulaire Les appels à projets Territoires zéro déchet, zéro gaspillage, lancés par le ministère de l’Environnement et portés par l’ADEME, visent à repérer et à accompagner les collectivités territoriales qui s’engagent dans une démarche ambitieuse de prévention, de réutilisation et de recyclage de leurs déchets. Ces territoires déclinent ainsi de manière opérationnelle les avancées de la LTECV en matière d’économie circulaire. Les appels à projets lancés au niveau national en 2014 et 2015 ont permis de retenir 153 territoires lauréats, représentant plus de 33 millions d’habitants, répondant au cahier des charges proposé. Pour les territoires les plus ambitieux dans la mise en œuvre d’une telle politique d’économie circulaire et sur la base d’une étude de préfiguration, l’ADEME peut proposer un Contrat d’objectif déchets et économie circulaire (CODEC). Il permet de bénéficier d’un soutien financier visant à l’animation du territoire, la sensibilisation des multiples acteurs locaux producteurs de déchets et à la mise en œuvre d’un programme d’actions permettant d’atteindre les objectifs fixés au CODEC. Ces objectifs portent sur la réduction de la production des déchets du territoire, l’augmentation de la valorisation globale des déchets, la réduction du stockage des déchets et la mise en œuvre de démarches d’économie circulaire notamment auprès des acteurs économiques. L’aire urbaine est largement concernée par cette démarche puisque Grand Chambéry Agglomération et Grand Lac communauté d’agglomération constituent conjointement un territoire lauréat avec la Communauté d’agglomération d’Annecy et le Syndicat mixte interdépartemental de l’Albanais. Cette démarche s’arrête en 2018. Sindra : Observatoire des déchets en Auvergne Rhône-Alpes En développant Sindra en 2000, l’ADEME et la Région Rhône-Alpes ont voulu mettre à la disposition des collectivités locales un outil susceptible de les aider dans leur gestion des déchets ménagers. Elles souhaitaient ainsi favoriser une meilleure cohérence des politiques engagées sur l’ensemble du territoire régional et susciter une complémentarité voire une solidarité entre territoires. En 2007, les Conseils Généraux deviennent co-financeurs de l’observatoire pour qu’il serve de base de suivi des Plans Départementaux. En 2012, Sindra s’élargit aux déchets dangereux et aux déchets du BTP. Sindra est devenu au 1er janvier 2016 l’observatoire des Déchets en Auvergne-Rhône-Alpes.

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 127 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

3.5.5 Perspectives d’évolution des déchets à l’échelle de l’aire urbaine

Thématique : « Les déchets » Perspective d’évolution Situation actuelle sans mise en œuvre du SRC (Scénario de référence) Un taux qui devrait augmenter en poursuivant les objectifs du plan Un objectif de 70 % (directive cadre départemental, sui sera intégré au sein + déchets) des déchets du BTP valorisés en du plan régional (-9 % de stockage des 2020 atteint déchets inertes en ISDI et +26 à 31 % de recyclage des déchets non dangereux d’ici 2027). La stratégie nationale pour la gestion Une aire urbaine disposant de nombreux durable des granulats terrestres et + sites de traitement des déchets du BTP marins et des matériaux et substances de (tri, recyclage, stockage) carrières vise une augmentation de la part de matériaux recyclés Beaucoup de démarches engagées : Un objectif de -10 % de DMA en kg/hab. PRPGD Auvergne-Rhône-Alpes, plans entre 2010 et 2020 qui semble difficile à locaux de prévention, territoires zéro - atteindre (relativement stable entre déchets, zéro gaspillage, etc. qui 2010 et 2015 pour la Savoie). devraient permettre de tendre vers l’objectif à terme

3.5.6 Les enjeux environnementaux « déchets »

Finalement, les enjeux environnementaux majeurs du SRC vis-à-vis des déchets sont les suivants : l’augmentation de l’utilisation de matériaux recyclés pour le BTP dans le but de diminuer l’usage des ressources primaires ; le respect des bonnes pratiques de l’exploitant dans la gestion des déchets des carrières.

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4 Synthèse des enjeux environnementaux

Tableau 20 - Récapitulatif des enjeux environnementaux par thématique environnementale

Sous- Enjeu Thématique

Milieu physique

La protection des sols (érosion, pollution, artificialisation) Les sols et sous- L’utilisation rationnelle des ressources du sous-sol sols La préservation du patrimoine géologique

La prise en compte de l’objectif de bon état écologique des cours d’eau

L’eau La préservation de l’alimentation en eau potable depuis les alluvions de l’Isère et de la plaine de Chambéry

La recherche de minimisation des émissions de GES tout au long du processus de production et Le climat et le d’usages des matériaux (extraction, transport, proximité gisement-besoins, recyclage, changement réaménagement, etc.) climatique Un réaménagement ou une remise en état des carrières adapté au changement climatique (choix des espèces, etc.)

La connaissance fine des émissions de particules par les exploitations de carrière La qualité de l’air La non aggravation de la pollution aux particules fines dans les vallées (zones sensibles) La connaissance et la maîtrise de la consommation d’énergie dans les sites d’extraction, dans le transport des matériaux et dans la valorisation des déchets inertes en guise de granulats L’énergie Le développement, dans la mesure du possible, de la production d’énergies renouvelables dans les carrières (photovoltaïque, éolien, etc.)

Milieux naturels, paysage, patrimoine La préservation des milieux particuliers de l’aire urbaine soumis à fortes pressions : pelouses sèches Milieux naturels et zones humides et biodiversité L’évitement de la création de nouvel obstacle aux continuités écologiques, notamment entre Bauges et Chartreuse (importance régionale) Le maintien des coupures d’urbanisation (composantes séparant deux zones urbanisées), des espaces Le patrimoine viticoles et des derniers espaces naturels au sein des vallées paysager et bâti Le respect des paysages identitaires des territoires des PNR Chartreuse et massif des Bauges dans la couronne Milieu humain La réduction du rythme d’artificialisation des sols L’urbanisme, la L’apport de solutions alternatives au transport par la route consommation de l’espace et les La satisfaction des besoins futurs en matériaux de l’aire urbaine par une approche la moins transports impactante possible : analyse des avantages/inconvénients entre position du site d’extraction et éloignement aux besoins

Le maintien des surfaces agricoles de vallées, particulièrement des vignobles, surfaces agricoles identitaires, souffrant de mitage par l’extension de l’urbanisation Activités La restitution de la carrière à son occupation initiale (agricole, forestière, naturelle) en prévoyant une agricoles et remise en état de qualité forestières La prise en compte de la diversité des usages présents (agriculture, loisirs, etc…) lors du choix de l’implantation d’une carrière

Evaluation environnementale - Etat initial de l’environnement Chambéry - septembre 2018 129 Schéma régional des carrières d’Auvergne-Rhône-Alpes

La prise en compte et la gestion du risque inondation et du risque d’érosion (non aggravation du Les risques risque par les carrières) dans un contexte de changement global La préservation de la santé des populations (bruit, vibrations, risques technologiques, allergènes) et Les nuisances de leur cadre de vie L’augmentation de l’utilisation de matériaux recyclés pour le BTP dans le but de diminuer l’usage des Les déchets ressources primaires Le respect des bonnes pratiques de l’exploitant dans la gestion des déchets des carrières

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Annexe 1 : Schéma des thématiques de l’état initial

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Annexe 2 : Définitions

Source : Instruction du gouvernement du 4 août 2017 relative à la mise en œuvre des schémas régionaux des carrières Distinctions ressources-gisements

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Définitions matériaux et substances

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Bibliographie

i Traité international pour la réduction des émissions des gaz à effet de serre arrêté le 15 mars 1999 ii Décret n°2013-797 du 30 août 2013 fixant certains compléments et adaptations spécifiques au code du travail pour les mines et carrières en matière de poussières alvéolaires iii Directive 92/43/CEE du 21 mai 1992 concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages iv Directive 79/409/CEE du 2 avril 1979 concernant la conservation des oiseaux sauvages, remplacée par la directive 2009/147/CE du 1er décembre 2009 (version codifiée)

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