Patrimoine architectural netied ’rhtcuemdéaed du médiévale l’architecture de Inventaire OSI ÉÉA ULOT DU GÉNÉRAL CONSEIL ILSSRPI A 2007 MAI - SÉRAPHIN GILLES atour La td monumentale Étude U E I S S Y E T

TEYSSIEU LA TOUR Dimensions : 8,00 x 7,97 : 3,59 x 3,63

D'après les sources écrites, on croit savoir que la tour de Teyssieu fut édifiée peu après 1232 par deux chevaliers du castrum de Saint-Céré, Bertrand et Pierre Bonafos, avec l'autorisation de leur suzerain, le vicomte de Turenne. De fait, le lignage des Bonafos, à supposer qu'un seul lignage soit en cause, est particulièrement difficile à cerner tant ses ramifications étaient étoffées, déjà à l'époque des faits. Des Bonafos, issus semble-t-il des Pestilhac, étaient établis dans le castrum de Pestilhac au 12e siècle ainsi qu'à Cazals, à Domme et à . Un fief de Bonafos et un autre, dit de Bonafossenque, tous deux tenus par des Bonafos, sont signalés au milieu du 13e siècle aux environs de Toulousque et de Saint-Pierre-la-Feuille près de . La Borie-de-Bonafos, actuel château de Surgès, aurait été fondée entre 1348 et 1395 par un certain Jean Bonafos ou son fils Gaillard, donzels des environs de Thédirac et vassaux du baron de . D'autres encore étaient signalés vers Albi et Moissac dès le 12e siècle. En dépit de cette dispersion, il n’est pas impossible que ces lignages apparemment distincts n’en aient constitué en réalité qu’un seul.

Les vestiges du château de Teyssieu subsistent en limite du village, à proximité de l'église paroissiale dont la tour féodale n'était distante que d'une trentaine de mètres (Fig. 1). Un fossé apparemment moderne sépare les deux édifices établis sur le rebord d'un monticule naturel aux allures de motte. Le château, partiellement connu par un plan de 1876, s'inscrivait dans une cour quadrangulaire cantonnée semble-t-il de deux tours rondes au moins, dont une seule était conservée à la date du plan. L'enceinte, accessible par une porte fortifiée dotée d'une herse [5] (Fig. 2 a) et défendue par au moins une archère [6] (Fig. 2 b), ne paraît pas antérieure à la fin du 13e ou au 14e siècle. Un logis en équerre en occupait les côtés sud et est et s'accolait à la tour féodale implantée au centre (Fig. 3). Ce logis a été remplacé par les salles de l'école communale mais a conservé sa porte d'entrée en arc brisé sans chanfrein [1]. Le perron reliant le logis et la tour (Fig. 4), porté par des piliers carrés chanfreinés, existait déjà en 1876 (Fig. 17) et pourrait en partie avoir été édifié sur une structure médiévale comme le suggèrent les congés de son pilier chanfreiné.

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La tour féodale. La tour féodale constitue la partie la plus ancienne du château. Elle est en tout cas antérieure au logis médiéval venu s'y accoler. De plan carré (environ 8 m de côté), elle avoisine 30 m d'élévation et superposait six niveaux (cf. Pl. 4), dont quatre voûtés dans son état final. Les parements réalisés en granit sont hétérogènes. Les puissantes assises de la base, évoquant un appareil cyclopéen, cèdent la place dès le troisième niveau à un moellonnage approximativement assisé puis, à partir du cinquième niveau, à un parement réglé de moyen appareil. De nombreuses traces de reprises sont observables par ailleurs dans les maçonneries et conduisent à s'interroger quant à l'homogénéité de l'édifice.

La base de la tour est occupée par un magasin voûté en berceau, éclairé par une fente de jour [3] et accessible par une trappe [4]. Au-dessus, le premier étage (niveau 1) correspond au niveau d'accès. L'entrée est constituée par une porte en arc brisé et arêtes vives [2] ouvrant côté vallée, donc à l'opposé de la cour et sur le dehors de l'enceinte, à 4,85 du sol extérieur (Fig. 5). La porte d'entrée était précédée d'un ouvrage d'accès en charpente attesté par deux trous de boulins. Son vantail externe était doublé d'un second vantail, établi dans une feuillure aménagée dans le parement intérieur de la salle (Fig. 6). Le couloir d'entrée distribue latéralement un escalier en vis qui peut-être n'avait pas été prévu à l'origine si l'on en juge par l'encoche de fermeture subsistant dans le tableau qui lui fait face. La vis d'escalier, à marches formant noyau, s'interrompt au niveau 2. Elle était alors relayée par une échelle de charpente dont l'un des limons a laissé une trace visible dans l'enduit (Fig. 7). Cette échelle, très raide, se développait d’une paroi à l’autre sans laisser de dégagement. L'échelle moderne qui lui a succédé permet d'atteindre le niveau 3, autrefois planchéié. Au-dessus, la porte qui donne accès aux niveaux supérieurs par un escalier droit intramural, est ouverte à 2,10 m de hauteur, au niveau du bandeau d'imposte de la voûte en berceau. La voûte en berceau couvrant le niveau 3 repose selon l'usage sur des bandeaux d'imposte chanfreinés mais paraît résulter néanmoins d'une reprise. Le fait qu'elle condamne partiellement la fente d'éclairage [11] (Fig. 8) et la porte haute d'accès à l'escalier [10] conduit à supposer qu'elle était initialement prévue plus haute (sans doute en berceau brisé). Le niveau 4, contrairement aux quatre premiers, est caractérisé par une nette diminution de l'épaisseur des murs confirmant l'hypothèse d'une reprise plus tardive. Les portes, en arc brisé, y sont désormais adoucies par des chanfreins (Fig.9). La salle unique qui l'occupe, est dotée de latrines à encorbellement [13] et de deux fenêtres droites à coussièges [15] (Fig. 10). Une voûte en berceau légèrement surbaissé, comme celle du niveau précédent, vient prendre appui en léger surplomb sur des bandeaux d'imposte en quart de rond. Un escalier intramural, analogue à celui du niveau inférieur prend naissance à mi-hauteur et donne accès au niveau 5 (Fig. 11). Celui-ci, doté d'un jour en archère (Fig. 12) et d'une fenêtre percée au niveau du sol (Fig. 13), est couvert par une coupole à quatre quartiers dont la naissance est marquée par une série de corbeaux. Ces corbeaux étaient vraisemblablement destinés à porter initialement une couverture ou un plancher en charpente. Le deuxième et le troisième niveaux conservent les vestiges d'un important décor de peintures murales. Le décor du niveau d'accès, organisé sur deux registres montrent des joutes de chevaliers affrontés, lances croisées, au-dessus d'une série de médaillons sombres, ornés d'animaux, dont le principe rappelle le décor du bâtiment dit des "chanoines" au Puy (Fig. 14). Les faux appareils, ornés de fleurons rouges, qui complètent ce décor, se retrouvent sur la voussure de la porte d'entrée de même que sur l'ensemble des parois du niveau supérieur (Fig. 15).

- 2 - Entreprise peu après 1232, la tour de Teyssieu, en dépit d'une apparente unité, se présente donc comme un ouvrage composite dont l'édification a pu s'échelonner en multiples campagnes sur une période assez longue. Malgré la précision des textes, il ne s'agit donc pas d'un ouvrage daté avec certitude. Les différences sensibles observées dans le dessin des fentes d'éclairage des niveaux 1 à 3 ( large chanfrein bien dessiné pour la première, chanfrein maladroit et maigre pour la seconde, arêtes vives pour la troisième) dissuadent même d'attribuer ces premiers niveaux à une campagne unique. Le niveau 4, pour sa part, n'est probablement pas antérieur à la fin du 13e ou au 14e siècle. Il pourrait être contemporain de l'enceinte fortifiée. La ceinture de mâchicoulis caractérisée par ses consoles à quatre ressauts et son arcature dont subsistent les sommiers, établie en contrebas de l'arase sommitale, incite à n'attribuer le dernier niveau qu'à la seconde moitié du 14e siècle, au plus tôt. Encore a-t-il fait lui-même l'objet d'un remaniement au niveau de la voûte sommitale.

Repères chronologiques

1232 - Bertrand et Pierre Bonafos, Raimond de Turenne. Raimond, par la grâce de Dieu vicomte de Turenne donne à ses chers chevaliers Bertrand et Pierre Bonafos, frères, de Saint-Céré, l'affar de Taisshio à améliorer et pour y faire une tour qu'ils veulent construire, comme ils le disent. Pour lequel bien ils font hommage. Ils s'engagent à rendre Teyssieu et la fortification à toute réquisition et deviennent les hommes liges du vicomte. Témoins : l'abbé de Tulle et de et Hélie Rudel, aîné, seigneur de Bergerac PATAKI (T.), « Hommages rendus aux vicomtes de Turenne 1163-1304 », B.S.E.L. t. CIX (1988), p. 112. D'après A. N. Q1 - 146-1.

1237 - Amalvin Bonafos. Matfred de Castelnau rend hommage au comte de Toulouse en présence d'Amalvin Bonafos, de Hugues-Arnaud de et de Guillaume-Amalvin de Luzech. DEVIC & VAYSSETE, Histoire Générale du Languedoc, éd. Paya. 1841. t. III, preuves, col. 382.

1252 - Hugues Bonafos, chevalier. Raimond de Turenne reconnaît tenir en fief la vicomté de Brassac et en fait hommage à l’abbé de Tulle, en présence de nobles G. de Malemort, St. Cotet et Bernard Chat son frère, P. de Marsa, P. Alboi, W de Malafaida, R. Faraud, Hugues Bonafos, chevaliers, G. de la Barrerie, St. d’Ornhac, W. de Fumel, Raimond de Verneuil, Léonard de Chaunac et autres. CHAMPEVAL DE VIERS (J. B.), Cartulaire de l’abbaye bénédictine Saint-Martin de Tulle et de Rocamadour, n° 545, p. 298.

1351 - Guillaume Bonafos, seigneur de Teyssieu. Devant la chapelle Saint-Bénezet, au-dessus de la porte d'Avignon en , noble Guillaume Bonafous, alias Teyssieu, damoiseau, seigneur de Teyssieu au diocèse de Cahors fait hommage au vicomte de Turenne pour le lieu de Teyssieu avec juridiction haute moyenne et basse, entre les croix dudit lieu, les mas de Cazals, de Bosco, del Cros, de la Condamine, du Thel, de Mon, de Mayrinas et de Podio, le Puy d'Escalmel, Estival, et les bories del Mon, del Coderc et de la Brosse, paroisse de Teyssieu . Témoins, nobles Guillaume de , Adémar d'Aigrefeuille chevaliers et messire Gerald Fournier. PATAKI (T.), « Hommages rendus au vicomte de Turenne », dans B. S. E. L. t. CXVI (1995), p. 171. Note : la même année, à Villeneuve-lès- Avignon, messire Guillaume de Bonafous, chevalier, est témoin de l'hommage fait au vicomte par l'un des damoiseaux de Servières.

1397 - Vézian de Bonafos, damoiseau. Vézian de Bonafos, procureur de Guillaume-Amalvin de Luzech, fait hommage au vicomte de Turenne pour la baronnie de Luzech. PATAKI (T.), « Hommages rendus au vicomte de Turenne », dans B. S. E. L. t. CXVI (1995), p. 183.

Bibliographie ALAUZIER (L. d’), «La Tour de Teyssieu », dans B.S.E.L., t. LXXIX, (1958), p. 38-43. CLARY (Abbé R.), Les paroisses du diocèse de Cahors, Cahors, Tardy Quercy, 1986. p. 284. DIDON (C.), Châteaux, manoirs et logis, le Lot, éditeur : Patrimoines et Médias, 1996. p. 65.

- 3 - Figures

Fig. 1 – La tour de Teyssieu, vue générale depuis le nord.

2. a – Archère qui assurait la défense de la porte d’entrée du château

2. b – Vestiges de l’ancienne porte d’entrée du château pourvu d’un dispositif propre à recevoir une herse

Fig. 2 a et b – La tour de Teyssieu, vestiges de l’enceinte situés sur le front est de la tour.

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Fig. 3 – La tour de Teyssieu, vue générale depuis l’ancienne cour du château au sud.

Fig. 4 – La tour de Teyssieu, vue du perron moderne et du logis médiéval implantés au sud de la tour.

- 5 - Fig. 5 – La tour de Teyssieu, élévation est, porte d’entrée en arc bisé. Les deux trous de boulins bouchés, de part et d’autre du seuil, attestent que la porte était originellement précédée d’un accès en charpente.

Fig. 6 – La tour de Teyssieu, élévation intérieure est, embrasure intérieure de la porte d’entrée. La porte d’accès à l’escalier en vis est visible dans le parement gauche du couloir.

- 6 - Fig. 7 – La tour de Teyssieu, élévation intérieure est du deuxième niveau. L’ancien escalier de charpente a laissé des traces dans l’enduit.

Fig. 8 – La tour de Teyssieu, voûte en berceau du troisième niveau recoupant partiellement la fente de jour ouverte dans l’élévation sud. La baie est accostée d’un placard pourvu d’une feuillure externe et de feuillures réservées aux étagères.

Fig. 9 – La tour de Teyssieu, niveau 4, élévation intérieure nord. La porte de gauche, dont le dispositif de fermeture permettait de se barricader dans la salle, ouvre sur l’escalier intra-mural du niveau inférieur (niveau 3). La porte de droite permet d’accéder aux latrines en encorbellement.

- 7 - Fig. 10 – La tour de Teyssieu, niveau 4, angle nord ouest, porte d’accès à l’escalier intra-mural et fenêtre à coussièges.

Fig. 11 – La tour de Teyssieu, escalier reliant les niveaux 4 et 5, ménagé à l’intérieur du mur nord.

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Fig. 12 – La tour de Teyssieu, niveau 5, élévation intérieure est. Jour en archère ouverte au niveau du sol.

- 9 - Fig. 13 – La tour de Teyssieu, niveau 5, élévation intérieure ouest. Fenêtre ouverte au niveau du sol.

Fig. 14 a et b – La tour de Teyssieu, niveau 1, peintures murales. Combat de chevaliers et animal inscrit dans un médaillon.

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Fig. 15 a et b – La tour de Teyssieu, niveau 1, peintures murales. Faux appareil avec décor de fleurons au pochoir.

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Fig. 16 - La tour de Teyssieu, plan d’après un relevé des M.H., ALAUZIER (L. d’), «La Tour de Teyssieu », dans B.S.E.L., t. LXXIX, (1958), p. 38-43.

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Fig. 17 – La tour de Teyssieu, plan de d’Alauzier d’après un plan de 1876, ALAUZIER (L. d’), «La Tour de Teyssieu », dans B.S.E.L., t. LXXIX, (1958), p. 38-43.

- 13 - TEYSSIEU Légende des plans La tour G. Séraphin mai - 2007

1. Porte en arc brisé du logis accolé à la tour 2. Porte d’entrée principale de la tour, couverte en arc brisé 3. Fente de jour à embrasure intérieure couverte en plein-cintre et appui en gradins 4. Trappe d’accès au niveau 0 5. Vestiges du mur d’enceinte dans lequel est ménagé la porte d’accès à la cour de l’ancien château. 6. Archère défendant la porte d’accès à la cour de l’ancien château 7. Escalier moderne conduisant au perron permettant d’accéder à la porte repercée dans l’élévation sud du premier étage de la tour. 8. Massif de pierre supportant le perron moderne implanté contre l’élévation sud de la tour et desservant la porte repercée dans l’élévation sud. 9. Porte d’accès à l’escalier en vis conduisant au troisième niveau. 10. Fente de jour couverte par un linteau et à appui en gradins. 11. Fente de jour couverte par un linteau et à appui en gradins. 12. Placard à feuillure 13. Caisson de latrines en encorbellement 14. Escalier droit intra-mural desservant le quatrième niveau. Le dispositif de fermeture de la porte en arc brisé est conçu de manière à pouvoir se barricader depuis l’intérieur de la salle. 15. Fenêtre à coussièges étroits dont l’embrasure intérieure est couverte par un arc segmentaire tandis que l’embrasure extérieure, carrée, est chanfreinée et couverte par un linteau droit. TEYSSIEU Planche 1 La tour niveau 0 G. Séraphin - mai 2007

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N 0 1 2 2,5 m TEYSSIEU Planche 2 La tour niveaux 1 et 2 G. Séraphin - mai 2007

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niveau 1

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N 0 1 2 2,5 m TEYSSIEU Planche 3 La tour niveaux 3 et 4 G. Séraphin - mai 2007

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niveau 3

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niveau 4 N 0 1 2 2,5 m TEYSSIEU Planche 4 La tour coupe regardant vers le sud d’après J.-L. Rébières (A.C.M.H.)