Sofia Boutella, De Bab El-Oued À Hollywood
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Culture / Culture Elle s'impose comme une actrice incontournable des blockbusters américains Sofia Boutella, de Bab El-Oued à Hollywood ©D. R. À 34 ans, la fille du compositeur algérien Safy Boutella a assurément fait du chemin. Dans le nouveau blockbuster Star Trek : sans limites, sorti mercredi sur les écrans français, elle crève, pour ainsi dire, l’écran. Danseuse de réputation mondiale, Sofia Boutella enchaîne dans ce film très attendu des figures acrobatiques et autres battles à couper le souffle. Elle y joue le personnage de Jaylah, une extraterrestre dont le rôle est déterminant dans la trame du film. Jaylah éclipse tous les autres personnages. Presque méconnaissable sous son visage strié de rayures, son teint blafard et ses yeux de serpent, la jeune “dégourdie” n’en garde pas moins les traits fins d’une belle brunette bien de chez nous. Après son apparition dans Street Dance 2 en 2012, le public mondial découvre enfin sa frimousse dans Kingsman : Services secrets, où elle donne la réplique à l’acteur britannique Colin Firth. Ce film sorti en 2015 propulse définitivement sa carrière d’actrice, puisqu’elle rejoint ensuite le prestigieux casting de Star Trek Beyond et de The Coldest City. Forte de ce succès, la jeune femme est alors annoncée à l’affiche du remake de La Momie, où elle donne la réplique au sémillant Tom Cruise avec qui la presse people lui trouve quelques affinités autres que professionnelles… “Who’s that girl ?” aurait demandé un jour Madonna interloquée par les figures de la petite danseuse algérienne qui deviendra très vite “le clou” de ses spectacles et de ses tournées mondiales. En réalité, c'est le chorégraphe de Madonna, Jammie King, qu'il l'a repérée pour le compte de la star italo-américaine. Ce dernier réussira même à la faire danser en talons aiguilles avec Madonna sur scène. Grâce à lui, Sofia découvrira le déhanché latino, brisant quelque peu son image d'adepte du break-dance. Tout est parti de là : dès lors, de nouveaux horizons s’offrent à elle. Née le 3 avril 1982 à Alger, dans le quartier mythique de Bab El-Oued, Sofia Boutella n'a jamais pu oublier d'où elle vient. “J'ai grandi en Algérie. Il y a beaucoup de choses que je garde en tête. Je me les remémore très souvent. Et du fait que je vient d'un pays comme celui-là, ça m'a encore poussée à aller au bout de ce que j'avais réellement envie de faire, c'est-à-dire danser”, expliquait-elle à ses débuts à la presse française, qui présente à ce jour Sofia comme une “beurette” alors qu’elle est montée à Paris à l’âge de 10 ans. Il est vrai que sur le plan artistique, la fille de Safy à de qui tenir. Non seulement son père est connu pour être un grand créatif et un musicien de talent, mais son grand- père également. Feu Rabah Boutella, un ancien officier de l’ALN et colonel de l'ANP, était aussi un grand mélomane devant l'Éternel. Il avait déjà jalonné le chemin de Safy, bercé, lui aussi, dès sa tendre enfance par les douces mélodies de la musique classique. Assurément, Sofia n'oublie jamais d'où elle vient. Pour justifier son succès, somme toute précoce, elle avoue sans ambages : “Il y a toute ma famille derrière moi !” Tout comme elle n'est pas près d'oublier, non plus, les longues séances de “tortures” de la gymnastique rythmique et sportive (GRS), une discipline d'enfer s'il en est. Aujourd’hui encore, cette étoile naissante de Hollywood continue à assumer ses premières figures de hip-hop sur le sol des Halles du Châtelet à Paris quand elle était gamine. Dotée d'une musculature et d'une souplesse exceptionnelles, Sofia abandonne très vite ses études pour chercher sa voie, quelque part, entre l'art et le sport pour se consacrer uniquement à la danse. Au début, ses parents grinceront un peu des dents, mais ils finiront par se résoudre à la vue de ses performances époustouflantes et de sa formidable progression. À force d'abnégation, Sofia est devenue, en quelques années seulement, la figure de proue mondiale du hip-hop féminin. Aujourd’hui, avec ses acrobaties audacieuses et sa personnalité épaisse, l’artiste algérienne subjugue le tout-Hollywood. Des milliers de fan-clubs sont créés à travers le monde. Oui, vous avez bien lu : des milliers ! Mohamed-Chérif Lachichi.