Le Castellum De Fanum Martis (Famars, Nord) Gerhard Bersu, Wilhelm Unverzagt, Ernest Will
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Le castellum de Fanum Martis (Famars, Nord) Gerhard Bersu, Wilhelm Unverzagt, Ernest Will To cite this version: Gerhard Bersu, Wilhelm Unverzagt, Ernest Will. Le castellum de Fanum Martis (Famars, Nord). Gallia - Fouilles et monuments archéologiques en France métropolitaine, Éditions du CNRS, 1961, 19 (1), pp.159-190. 10.3406/galia.1961.2318. hal-01926173 HAL Id: hal-01926173 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01926173 Submitted on 25 Feb 2020 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. Distributed under a Creative Commons Attribution - NonCommercial - NoDerivatives| 4.0 International License LE CASTELLUM DE FANUM MARTIS (Famars, Nord) par MM. G. Bersu et W. Unverzagt Nous sommes heureux de pouvoir présenter ici une documentation de première importance pour l'histoire de la fortification du Bas-Empire dans la Gaule du Nord-Est. Cette documentation a été réunie, dans des circonstances particulières, par deux savants allemands de renom, MM. G. Bersu et W. Unverzagt. Chargés, en effet, vers la fin de 1917, par les autorités allemandes, de prévoir des mesures de sauvegarde pour les antiquités pré- et protohistoriques du Nord de la France, ils furent amenés à examiner les vestiges de Famars, dont ils reconnurent aussitôt l'importance et, comme le site était menacé par les projets des militaires, ils se décidèrent à une série de sondages qui furent pratiqués entre le 7 juin et le 13 octobre 1918. La documentation ainsi réunie, prête pour la publication vers le début de la deuxième guerre mondiale, fut détruite dans un bombardement aérien de Berlin au cours de 1943, à l'exception, fort heureusement, des premières épreuves de l'illustration prévue. C'est à l'aide de ces épreuves que l'étude a pu être reprise et achevée. Nous remercions MM. Bersu et Unverzagt d'avoir confié leur étude à Gallia, de même que la Rômisch-germanische Kommission pour les clichés mis libéralement à notre disposition. Nous devons ajouter, pour souligner tout l'intérêt de cette publication, que la documentation ici présentée ne saurait plus être réunie aujourd'hui. Les restes du rempart du Bas-Empire de Famars ont certainement souffert au cours des opérations militaires de la fin de 1918 et de la reconstruction des années suivantes ; ils sont maintenant pratiquement inaccessibles : les angles Sud-Ouest et Sud-Est sont recouverts par des constructions modernes et l'angle Nord-Ouest est enterré dans un parc. Des recherches de l'importance de celles dont nous rendons compte doivent être considérées comme exclues pour tout avenir prévisible. E. Will Directeur de la Circonscription des antiquités historigues de Lille. Au Nord et au Sud de Valenciennes, l'Escaut traverse un fond de vallée marécageux assez vaste, de 1 km. 5 de large en moyenne, vallée délimitée de part et d'autre par des lignes de collines qui, à hauteur de la ville, sont distantes de 2 km. 5. Il a toujours été facile de franchir la rivière à cette place, même aux époques de climat plus humide, et il n'est pas étonnant, en raison de ces données naturelles, que la ville de Valenciennes se soit développée à ce passage favorable. Au Sud de la ville, l'Escaut est bordé, vers l'Ouest comme vers l'Est, par des plateaux (fig. 1) ; le plateau oriental, mollement ondulé, surplombe par un à pic d'environ f)0 mètres le niveau de la rivière et il est partagé, par des ruisseaux coulant vers le Nord, en une série de langues de terrain au sommet plane et aux bords abrupts. 160 G. BERSU ET W. UNVERZAGT Fig. 1. - La région de Valenciennes-Famars (carte au 80.000e). LE CASTELLUM DE FANUM MARTIS 161 ii_. Fig. 2. — Plan de situation du village de Famars avec le castellum [K) vctat 1918>. Échelle : 1 : 10.000. 162 G. BERSU ET W. UNVERZAGT C'est ainsi que se dessine, exactement au Sud de Valenciennes, une langue de terrain étirée, d'axe principal Nord-Sud, délimitée par la vallée marécageuse de l'Escaut et le ruisseau de la Rhonelle. A l'endroit où cette langue est le plus large, à env. 5 kilomètres au Sud de Valenciennes, est située l'actuelle localité de Famars qui, d'après le texte de la Notitia dignilalum cité plus bas, s'appelait Fanum Martis du temps des Romains. La localité doit sa naissance en premier lieu au fait que plusieurs voies antiques se croisaient en ce point. Les plus importantes d'entre elles sont constituées par deux chemins très anciens. L'un vient de la direction de Tournai et franchit l'Escaut à Valenciennes, pour se diriger ensuite vers le Sud, en passant à l'Ouest d'Aulnoye, sur Famars et au-delà sur Bermerain. L'autre unit la région de Mons à celle de Cambrai ; on le reconnaît encore sans peine sur le terrain entre les villages de Monchaux, Maing, Famars et Haspres. On peut admettre que les Romains trouvèrent ces chemins au moment de la conquête et ne firent que les aménager. A l'intersection de ces chemins se développa sans doute de bonne heure une agglomération1 et c'est là que dut s'élever le temple de Mars, d'où la localité tira son nom. La position de Famars par rapport à ce croisement ressort de la figure 2 (état 1918), et sur le même plan on a indiqué par la lettre K l'emplacement du castellum qui, au Bas-Empire, prit la succession d'un grand établissement de thermes plus ancien. Le castellum est situé immédiatement au Nord-Ouest du croisement. Par leur tracé, qui est adapté aux mouvements du sol, les chemins décrits se différencient très nettement des grandes routes romaines établies, selon des considérations stratégiques, en ligne droite et sans égards pour le terrain, routes qui rayonnent autour de l'étoile itinéraire de Bavay. Sur la carte (fig. I), on distingue bien, à 8 kilomètres au Sud de Famars, la voie romaine rectiligne Bavay-Cambrai qui porte là le nom, fréquent dans la région, de « Chaussée Brunehaut »2. A notre premier passage à Famars, nous constatâmes que sur la face occidentale du castellum des restes importants du mur d'enceinte s'élevaient encore au-dessus du sol ; ainsi sur la figure 3, le tracé 2-4; ensuite entre 5 et 6, où le noyau de maçonnerie était encore conservé sur une hauteur de 2 m. 50 au-dessus du sol. De plus, entre 6 et 7, on pouvait voir des vestiges semblables englobés dans un mur de terrasse et la tour d'angle du Château de Pailly ; cette dernière n'était manifestement que le revêtement moderne de la tour d'angle n° 7 du castellum (fig. 4). Au-dessous du niveau du sol actuel, l'intérieur de la tour était creux, mais l'état romain ne pouvait être déterminé sans fouilles. De plus, du côté Sud on voyait d'autres restes du mur d'enceinte du castellum, qui atteignaient encore le premier étage du château, mais sans plus offrir de façade continue, entre 7 et 8 de la figure 3 (cf. fig. 6). Du côté de l'Est enfin, sur la figure 3 en 11, un massif de maçonnerie de même nature que les précédents se dressait encore sur une hauteur de 4 mètres et représentait manifestement les restes d'une tour (fig. 5). A aucun endroit, ces différents vestiges, constitués par des massifs de maçonnerie, ne possédaient plus leur parement externe ; de façon générale, (1) Cf. Appendice, p. 188, où est mentionnée la découverte, faite à Famars, de monnaies gauloises. (2) II est caractéristique que le castellum de Famars fut établi à l'intersection de routes anciennes et non sur une des grandes routes stratégiques du début de l'occupation romaine. LE CASTELLUM DE FANUM MART IS 163 Fig. 3. — L'enceinte du castellum de Famars : restes relevés en 1918 dans le village en .4, les thermes. Échelle : 1 : 2500. 1G4 G. BERSU ET W. UNVERZAGT on avait employé un mortier de teinte blanche ; des chaînages de tuiles étaient reconnais- sablés en plusieurs places. Enfin les dimensions de l'espace délimité par le rempart primitif étaient révélées par la surélévation du niveau du castellum par rapport au terrain environnant. D'autres précisions sur l'organisation des défenses du castellum résultèrent des travaux militaires. Sur le côté Ouest, immédiatement au Sud de 2 de la figure 3, les déblais accumulés devant le rempart avaient été enlevés sur une largeur de 4 mètres et le mur du castellum percé sur une largeur et une hauteur de 2 mètres. Du côté interne, cette percée avait été élargie vers le Nord et le Sud de façon à former un abri antiaérien de 15 x5 mètres, protégé par une épaisseur de 3 mètres de terre ; la paroi Ouest de l'abri était constituée par la face interne du mur du castellum, KM, et la paroi Est par un autre mur romain, BM (fig. 7). Ces différentes données fournissaient un point de départ commode à nos recherches. Les circonstances nous imposèrent cependant, d'un côté, de réserver nos efforts à l'étude du castellum du Bas-Empire, plutôt qu'à celle des restes plus anciens, et, d'un autre côté, à limiter nos fouilles au strict minimum3.