Le Temps Des Précurseurs
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1937 1956 1996 Le 7 août, le président Al- Auboué s’est hissé au som- Heureuse nouvelle, la Mo- bert Lebrun inaugure le stade met du basket français durant selle est le département lor- vélodrome de Lunéville, lors la période de 1947 à 1968, rain qui compte le plus grand d’un match de football. Le une époque de rêve avec des nombre de licenciés en hand- stade est le 3e de ce type en victoires comme la Coupe de ball soit le total de 4 708 li- France. France en 1956. cenciés. Un vélodrome à Lunéville Auboué au sommet du basket Le département du handball numéro 28 100 ANS DE MÉMOIRE L’insertion sociale Vive le sport Comment parler du sport en Lorraine sans calquer son parcours sur la formidable aventure industrielle d’une région marquée par le charbon et le fer ? Le XXe siècle fut celui de l’émergence de la compétition régie par les règles du travail. Longtemps l’apanage de certaines castes aisées, la pratique du sport fut sans aucun doute facilitée et encouragée par les grands patrons de l’époque régentant une population active autour de l’usine ou de la mine. En effet, les clubs sont souvent nés ou ont pris leur essor au plus fort du boum économique de la Lorraine. On s’entraînait à deux pas du carreau de la mine ou à l’ombre des laminoirs et on s’identifiait surtout à sa cité, point d’ancrage incontournable d’un système où la reconnaissance et l’insertion sociale constituaient les premiers repères du futur sport de haut niveau. L’Eldorado lorrain a ainsi engendré des clubs de légende comme ceux des basketteurs d’Auboué ou des athlètes de Batilly. Il a vu éclore une pléiade de champions valeureux dont les performances forcent toujours le respect. Il s’est fait aussi terre d’asile pour Ugo Anzile ou Bruno Benuzzi, ces forçats de la route dont chaque coup de pédales était synonyme d’intégration réussie. Il s’est enfin ouvert à tous, à l’exemple du handball dont Metz fut le berceau. L’épopée sportive demeurera donc étroitement associée à la marche économique et sociale de la Lorraine ayant débouché sur la phénoménale accélération de cette fin de siècle. Avec certes ses dérives et ses excès mais aussi et surtout avec l’avènement du sport loisir et de sa pratique par le plus grand nombre. J.V. La "petite reine" et le Tour de Les Lorrains sont des sportifs qui aiment le vélo. Ils France ont toujours été bien l’ont montré dès le début du siècle en venant nombreux accueillis en Lorraine notamment aux rendez-vous fixés par le Tour de France mais aussi à Metz où ce grand rendez-vous en s’intéressant aux étapes des manifestations régio- sportif attirait les foules comme en nales comme le Tour cycliste de Lorraine cher au "Répu- 1930 où les spectateurs messins blicain Lorrain". En 1952, le 13 juillet, pour le 17e crité- font un triomphe au grand cham- rium cycliste, c’est devant les locaux du quotidien, rue pion Charles Pélissier. Serpenoise à Metz, qu’est donné le départ d’une épreuve qui ne comportait alors que deux étapes. Grand témoin Robert Pérussel, président du Comité régional olympique et sportif. Le temps des précurseurs Cinquante années LE REPUBLICAIN LORRAIN : dont les dirigeants étaient des per- basket, cyclisme, football, gymnas- de structures, il y sera porté re- decine occidentale pour les hu- consacrées à la vie Quels sont les facteurs qui ont sonnalités flattées de voir leur pa- tique etc. La fierté qu’ils avaient mède. Si elles sont le fait mains, les animaux et les végétaux des hommes, à leurs permis au sport de s’imposer ternalisme remercié. du respect de leur éthique a été la d’hommes (ou de femmes), la jus- que nous consommons. Ce n’est activités sportives comme une activité essentielle à R.L. : La pratique du sport a-t- meilleure publicité en faveur du tice passera. pas pour demain ! la vie sociale au début du siècle elle connu son heure de gloire sport. R.L. : Le dopage et la corruption R.L. : En paraphrasant André souvent liées à leurs en Lorraine ? dans notre région avec l’essor de R.L. : Les vingt dernières an- n’en finissent plus de gangréner le Malraux, peut-on dire que le XXIe occupations ROBERT PERUSSEL : Pas si la sidérurgie, la métallurgie et des nées ont été marquées par une monde sportif. Dirigeants et siècle sera sportif ou ne le sera professionnelles. vite ! Le sport n’était pas une acti- charbonnages ? Quel regard por- surmédiatisation des grands évé- champions n’échappent pas à leur pas ? Profil d’un éminent vité essentielle au début du siècle. tez-vous sur cette période où l’em- nements et par une emprise de tour aux "affaires". Avez-vous des R.P. : Vous savez qu’on fait dire dirigeant de football Il l’est devenu grâce à la conjonc- ploi favorisait l’insertion sociale ? l’argent entraînant de regret- solutions ou n’est-il pas trop tard beaucoup de choses à la petite tion de nombreux effets de l’évolu- R.P. : Il faut savoir ce qu’on en- tables dérives. Les valeurs du pour enrayer le mal ? phrase de Malraux. Alors je ne le puis du mouvement tion de la société industrielle : les tend par heures de gloire. Il est sport sont-elles bafouées ? R.P. : J’ai dit plus haut ce que je paraphraserai pas, mais je délivre- sportif régional, lois reconnaissant les syndicats de vrai que les centres d’apprentis- R.P. : Peut-on nommer un seul pensais de la corruption. C’est une rai un message d’optimisme et de silhouette d’un travailleurs (1884) et la mutualité sage de nos grosses unités indus- groupement dont la vie soit grave dérive à sanctionner. Le do- confiance dans le sport. Grâce aux citoyen engagé dans (1898) ont déclenché le vote de la trielles ont permis la naissance et exempte de tache, qu’il soit indus- page est une autre affaire. La mé- enseignements scolaires et li- loi sur la vie associative (1901), l’entretien de clubs puissants, triel, politique, religieux, decine, particulièrement dans vresques, chacun connaît de mieux la lutte sociale… événement fondamental pour le sans soucis d’argent. Mais c’était associatif ? Il existe partout des notre pays, est basée sur la phar- en mieux son corps, ses besoins Robert Pérussel développement des clubs ; l’orga- l’arbre qui cachait la forêt. En de- dérives. Mais l’orgueil du sport est macopée. De plus en plus hanté en particulier d’activité sportive. salue les précurseurs nisation de la société en grosses hors de ces clubs puissants, le de fonder son existence sur ses par la recherche de santé absolue, Grâce aux médias, chacun est in- du sport lorrain dont unités industrielles a entraîné l’or- reste végétait ; dans les cam- valeurs et de tout mettre en œuvre on se drogue pour un oui, pour un formé sur tous les sports, permet- il a aimé le sens de ganisation des loisirs et d’abord pagnes, il n’y avait rien ou pour les exalter. C’est tellement non. Qui n’a sa pilule, ses tant aux tout jeunes de rêver et de Ancien cadre dirigeant des HBL, des loisirs sportifs, surtout ceux presque. Dans les grandes villes, il vrai qu’en cette fin de millénaire où gouttes ? On en rajoute, on fume, choisir. Grâce à toutes nos cam- Robert Pérussel a consacré l’éthique. tendant à la préparation militaire n’y avait que des spectateurs. Ce- les valeurs de la société semblent on boit. Tout cela est du dopage. pagnes d’explications, chacun une grande part de ses activités Aujourd’hui, les avant 14-18 ; les médias éclairés, pendant, le sport doit beaucoup à disparaître, on a reconnu que le Et je suis pessimiste sur le do- peut affiner sa pratique, y cultiver au développement du mouvement temps ne sont plus les quotidiens surtout, se sont fait ces précurseurs qui ont été des sport, lui, n’avait pas démissionné. page. Pour moi, la solution passe sa santé, y développer ses valeurs sportif et associatif en Lorraine. les mêmes. le relais de la vogue pour le sport modèles, clubs d’athlétisme, de Les dérives ? Si elles sont le fait par une remise en ordre de la mé- fondamentales. 2 La vie sportive numéro 28 Le Tour Boxe Champion du monde aime la Lorraine Metz fut ainsi la première ville étrangère à avoir été visitée par le Tour de France. Nous étions en 1906. L’année de l’invention de la flamme rouge marquant le dernier kilomètre. Ce n’est pas par hasard s’il repassa 74 ans plus tard par Longwy. La Grande Boucle a toujours aimé mêler la petite histoire à la grande. Les étapes lorraines Avant Amstrong à Metz, Indurain n’ont souvent eu qu’une valeur à Madine, Coppi paracheva anecdotique, à l’exception bien ainsi à Nancy son Tour 52. Mais entendu des contre-la-montre. on n’oublie pas surtout que Ber- nard-Napoleon choisit la Lor- raine pour pointer sous Hinault- Bonaparte. 1978, Le Breton brut de dé- coffrage, dévoile son incompa- Tour de France 1951 : Metz est une nouvelle fois ville-étape. rable tempérament ; par son goût immodéré du panache, il ruine toutes les stratégies, à commencer par celle de ses ad- Fils de campionissimi versaires. Par sa seule force, il Figure se montre le maître du peloton. Le championnat de France gagné en juin à Sarrebourg sur un circuit exigeant en est la par- faite illustration.