Archives Du COMTÉ De Mortain Introduction
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Archives du COMTÉ de Mortain Archives départementales de la Manche Introduction Origine du fonds Lorsque Philippe-Egalité, duc d'Orléans vendit son comté de Mortain, le 16 octobre 1792, les archives du domaine demeurèrent dans la tour du château dite la tour de Dessus la porte , qui servait de chartrier. Elle était la dernière des huit tours qui formaient l'enceinte de la citadelle. Le donjon a été rasé, cette même année 1792. Ce dépôt avait été établi dans un but d'ordre public, en vertu de lettres-patentes du roi, datées du 13 juin 1770 1 Jusque sous la Restauration, ce chartrier ne cessa d'être considéré comme étant d'intérêt public, et cela parce qu'il intéressait tous les habitants de l'arrondissement pour la conservation de leurs droits d'usage, leurs concessions en la lande de Mortain et en la forêt de Lande-Pourrie. Un archiviste assermenté en avait la garde et il était « chargé de délivrer des copies aux parties qui le requéraient ». Un archiviste, le citoyen Bareigne, faisait valoir, en l'an XIII, « sa connaissance des écritures anciennes ». L'acquéreur du comté de Mortain, en 1792, François Collet, fut autorisé par le Comité de salut public, le 26 frimaire an II (17 décembre 1794), à construire un fourneau dans la forêt de Lande Pourrie, pour couler des fontes et des projectiles. Ce fourneau étant tombé en faillite, les biens de François Collet à Mortain furent vendus en 1801 et acquis par les sieurs d'Inglemare et Bachelier, qui ne réussirent pas plus dans leurs affaires. En 1823, Marie-Renée de Valleaux, première femme d'Athanase de Pracontal, racheta l'ancien domaine de Mortain et, en 1837, elle vendit au département pour y établir la sous-préfecture, ce qui restait du château de Mortain, à savoir un bâtiment élevé vers 1690, et la tour de Dessus la porte , dite aussi la tour des Archives , ou était conservé le chartrier. Cette tour monumentale, de forme cylindrique, coiffée d'un toit conique et d'une hauteur d'environ 25 mètres, avait cinq ou six étages et était percée d'étroites fenêtres irrégulièrement disposées et protégées par des grilles. Comme la tour des Archives gênait l'entrée des écuries de la sous-préfecture, sa destruction fut ordonnée. Elle s'écroula sous la pioche des démolisseurs en avril 1838. Les archives avaient été évacuées et entassées à proximité. « Des milliers de cahiers, de vieux papiers et de parchemins jonchèrent la place ; ce fut le pillage par les enfants d'abord, puis par les grandes personnes ». 2 Cela dura une huitaine de jours sans que l'administration départementale ait envisagé de mettre ses documents à l'abri. Athanase de Pracontal, époux de l'ancienne propriétaire du château, récupéra la masse de documents épargnés, qu'il fit transporter en son domicile, près du fourneau de 1 Rapport de l'archiviste 1864, p. 58 2 Victor Gastebois, Le Vieux Mortain , Mortain, G. Letellier, 1930, p. 310-312 Bourberouge, avant qu'ils ne soient transférés dans le château actuel de Bourberouge (sur la commune de Saint-Jean-du-Corail) dont la première pierre fut posée en 1838, par Bathilde de Pracontal, âgée de deux ans. Athanase de Pracontal mourut en 1840, laissant une fille mineure, Bathilde, issue de son second mariage avec Caroline-Bathilde de La Haye d'Ommoy. A la demande du subrogé-tuteur de l'enfant, le domaine fut mis en vente et racheté le 13 avril 1844 par Gustave de Failly, remarié depuis moins d'un an à Mme de Pracontal. Vers 1862, le vicomte Gustave de Failly, conseiller général de Barenton, remit aux Archives de la Manche une partie des archives du comté de Mortain, comprenant 480 registres et 10.880 pièces. Dans son rapport fait au Conseil général en 1863 le préfet Pons signale « le transférement (aux Archives de la Manche) du riche chartrier du château de Bourberouge. Les milliers de titres donnés par votre collègue, M. le vicomte de Failly, sont les restes précieux du chartrier du comté de Mortain, dont il était le légitime détenteur. Cette collection, M. le Ministre l’a décidé, portera dans nos archives le nom du donateur, auquel vous témoignerez avec moi, Messieurs, de la reconnaissance du département ». Ces documents furent cotés A 245 à A 2050 et A 3938 à A 4020. Ils ont été détruits par les bombardements de Saint-Lô le 6 juin 1944, à l'exception des articles suivants, qui, au moment du sinistre, étaient en communication à l'extérieur : Série A 479, 486, 487, 489-495, 500, 504, 507, 509, 510, 512, 513, 516, 517, 519, 523, 526, 529, 530, 597. L'importance historique et matérielle des archives du comté de Mortain remis par le vicomte de Failly a été décrite par l'archiviste Nicolas Dubosc, dans son Rapport au préfet, de 1863, et dans l'introduction à l'inventaire-sommaire de la série A, en 1865. La masse de documents remis par le vicomte de Failly était considérable mais elle ne représentait pas la totalité des archives du comté de Mortain, puisqu'il avait conservé en son château de Bourberouge les documents qui font l'objet du présent inventaire. Le comte et la comtesse Edmond de Thieulloy, châtelains de Bourberouge, arrière petits-enfants de Bathilde de Pracontal (1836-1913) et de Stanislas de Thieulloy (1831-1861) ont confié aux Archives de la Manche, les documents que le vicomte de Failly avait cru utile de conserver par devers lui. Ces documents font l'objet du présent répertoire numérique détaillé. Composition et intérêt historique du fonds Le fonds du comté de Mortain occupe 3,80 m de rayonnage. Il a été classé en 1.012 articles qui s’échelonnent de la fin du XV e siècle à la Révolution de 1789, avec plusieurs copies de pièces antérieures, parmi lesquelles figure une copie du XVIII e siècle de l’acte de fondation de la collégiale Saint-Evroult de Mortain en 1082. Ce fonds a été classé en trois séries : I. Administration du comté II. Paroisses ayant des liens avec le comté III. Pièces diverses I. Administration du comté Dans cette série ont pris place les types de documents suivants : actes de foi et hommage, aveux des tenanciers, patronages d’églises, requêtes présentées au comte et délibérations de son conseil, baux du domaine, ordres de paiement, comptes de recettes et dépenses ; offices de justice (règlements, ventes et résignations, nominations, préséances), notariats, tabellionages et contrôle des actes, sergenteries, bâtiments domaniaux et publics (château, collège, église collégiale, hermitage St-Michel, halles), la Lande de Mortain (aliénation par portions), la forêt de Mortain ou de Lande-Pourrie (droits d’usage, usurpations, dégradations, adjudications et ventes), confection du papier terrier. II. Paroisses ayant des liens avec le comté de Mortain Cette série regroupe des titres féodaux, aveux et déclarations, contrats de fieffes, concernant des paroisses situées dans l’actuel département de la Manche, du Calvados et de l’Orne : Dans la Manche : Barenton, Bion, Brécey, Buais, Le Buat, La Chapelle-Urée, Chasseguey, Chérencé-le-Roussel, Chévreville, Le Fresne-Poret, Ger, Le Grand-Celland, Husson, Lapenty, La Mancellière, Le Mesnil-Gilbert, Le Mesnillard, Moulines, Le Neufbourg, Parigny, Reffuveille, Le Rocher, Romagny, St-Barthélémy, St-Clément, St-Georges-de- Rouelley, St-Jean-du-Corail, Savigny-le-Vieux, Sourdeval, Le Teilleul, Virey. Dans le Calvados : Maisoncelles-la-Jourdan, Dans l’Orne : Beauchêne, Le Ménil-Ciboult, St-Christophe-d’Amphernet, St- Cornier-des-Landes, St-Jean-des-Bois, St-Mars-d’Egrenne, Tinchebray, Yvrandes. Le fonds du comté de Mortain apporte des renseignements nombreux et variés sur la vie économique et sociale du Mortainais, principalement aux XVI e et XVII e siècles. Le chercheur y trouvera des éléments intéressant les structures féodales du comté, l’entretien du château, l’exploitation de la forêt de Lande-Pourrie, les industries (forges et fonderies, moulins à couteaux, verreries, poteries de Ger), des références aux guerres de religion, et d’autres thèmes, comme en témoigne la présentation des documents suivants : Le comté de Mortain au XVII e siècle d’après deux mémoimémoiresres : Vers 1630, les officiers du comté de Mortain ont répondu au mémoire, sous forme de questionnaire, envoyé « par Monseigneur de Choisy, chancelier de Son Altesse Realle » « De quelle ellection et combien on y paie de taille ? Ellection de Mortaing, on y paie IIII c mil livres de taille, lesquelles ont quadruplé depuis l’an 1626, en sorte que le peuple est réduict à une extresme pauvreté, ce qui est cause qu’il est presque impossible au recepveur de se faire paier des rentes deubs au domaine dud. conté. ... Combien il y a de feux et combien d’habitants ? Cela ne se peult dire attendu que tout est confondu en petitz hameaux en pays de boscage. S’il y a exercice de la religion prétendue réformée et combien de gens en font profession ? Fort peu de personnes, entr’autres le sieur baron des Biardz, le sieur de Fontenay, le sieur de la Bazoge, la dame de Chasseguey, le sieur du Desert-Brumanfany et quelques simples gentilzhommes et roturiers en petit nombre. ... S’il y a marché, foires, combien et à quels jours ? A Mortaing y a trois marchez par chacune sepmaine, scavoir au mardy, jeudy et sabmedy où il ne se vend autre chose que du bled, volaille, beure, fil et fillasses et autres menues denrées sans aucun bestiaux. Il y a deux foires dans ledict lieu, scavoir au premier jour de may et sabmedy d’après le jour de la Trinité. A Tinchebray y a marché au lundy où il se vend de toutes sortes de marchandises, et audict lieu y a une foire au jour St-Lucas.