ARCHÉOLOGIE EN NORD - PAS-DE-CALAIS HISTOIRE DE LA PRÉHISTOIRE RÉGIONALE 1 AU Xixe S
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ARCHÉOLOGIE EN NORD - PAS-DE-CALAIS HISTOIRE DE LA PRÉHISTOIRE RÉGIONALE 1 AU XIXe S. : DE L’INVentaire patriMONIAL À LA FOUILLE ARCHÉOLOGIQUE ous le Premier Empire, commencèrent châteaux, églises, abbayes, chapelles, mé- Sà fleurir les annuaires statistiques dépar- galithes, fortifications et voies antiques. tementaux, répertoires de données géo- Parallèlement, on s’intéresse aux vestiges graphiques, économiques et historiques ; mobiliers exhumés fortuitement tels que 2 ceux du département du Nord sont dûs à vases, sépultures, statuaire ou monnaies. On son secrétaire général, Sébastien Bottin, rechercha très tôt les traces des populations 1. Plan de l’ensemble mégalithique de Fresnicourt. plus connu par son Almanach annuel du anciennes dans le sous-sol : des fouilles commerce de Paris que par ses travaux furent menées à Famars dès 1771, à Bavay 2. Planche photographique publiée par Terninck en 1870. d’archéologue amateur. À sa suite, des éru- à partir de 1790 ; Louis Cousin et Ernest dits (Auguste Terninck en Artois, Daniel Lejeune exploraient les tumulus du littoral 3. Fouille du tumulus Haigneré dans le Boulonnais) et des socié- sous le Second Empire, Gatien Chaplain- de Wimereux (en 1907). tés savantes (Société d’Agriculture, com- Duparc, Emile Sauvage et Ernest Hamy 4. Coupe de la grotte de Rinxent merce, sciences fouillaient les publiée en 1897. et arts de Bou- grottes du logne, Société des Boulonnais Antiquaires de la entre 1864 Morinie, Com- et 1890, missions dépar- tandis que la tementales des « celtomanie » Antiquités) multi- suscitait la fouille plièrent les inven- de la plupart des taires descriptifs des mégalithes entre monuments régio- 1820 et 1870. 3 naux, cataloguant 4 2 1 3 AU XXe S. : DE L’ARCHÉOLOGIE DE SAUVetage À L’ARCHÉOLOGIE PRÉVENTIVE ans la continuité du XIXe siècle, la pre- régulier des découvertes régionales était 1. Travaux de creusement du Canal Dmière moitié du siècle suivant confir- publié dans les chroniques des revues Gallia du Nord en 1911. ma le rôle des amateurs et des et Gallia-Préhistoire, puis dans les 2. Fouille de sauvetage sociétés savantes dans la collecte Bulletins Scientifiques Régionaux de Biache-Saint-Vaast en 1976. des informations, grâce à des depuis 1991. Les grands travaux 3. Coupe du Canal du Nord en 1911. prospections ou des observations d’aménagement du territoire du effectuées à l’occasion de travaux dernier quart du XXe siècle et la 4. Répertoire des sites préhistoriques du Pas-de-Calais publié en 1958. de creusement, dans des secteurs prise de conscience collective de comme le littoral, l’Audomarois, la destruction des « archives du 5. Evolution du nombre d’opérations archéologiques préventives de les Monts de Flandre, l’Avesnois sous-sol » amènèrent l’émergence 1989 à 2012. ou le Douaisis. La compilation de de la notion d’archéologie préven- ces données permit la constitu- tive, reconnue par la loi de 2001. tion d’une carte des sites archéo- 4 logiques. On peut citer les inventaires systé- matiques de Charles Croix en 1956, de Dom Fouilles Prévost en 1958, de Roger Félix en 1968, de Diagnostics Roland Delmaire entre 1994 et 1996. La loi de 1941, instaurant un contrôle des fouilles et une protection des sites archéologiques par l’Etat, permit la centralisation des infor- mations par les Directions régionales des Antiquités. C’est ainsi que naquit, dans les années 1970, la carte archéologique infor- matisée de la France, tandis qu’un résumé 5 Glaciers 1 2 “Plage fossile” Plage actuelle 3 4 LES TRACES DES CHANGEMENTS CLIMatiQUES GLOBAUX 1. Carte de l’Europe durant a localisation, la conservation et l’ac- steppes étaient fréquentées par des trou- le maximum de froid Lcessibilité des sites paléolithiques et peaux d’herbivores chassés par les hommes (18.000 avant notre ère). Extension des glaciers en blanc mésolithiques du nord de la France sont (rennes, bisons, chevaux, mammouths, et des mers en bleu. conditionnées par les changements cli- rhinocéros laineux) et par des carnivores 2. Coupe de loess à Havrincourt. matiques qu’a connu le globe au Pléisto- (loups, ours, félins). Les vents charriaient cène (-2,6 millions d’années à -8000 ans). des poussières limoneuses qui ont formé, 3. Ancienne plage interglaciaire Durant les périodes de réchauffement, en Belgique et dans le nord de la France, à Sangatte. dites interglaciaires, une végétation tem- des dépôts de loess pouvant atteindre 4. Squelette d’ours découvert pérée, avec des forêts de feuillus, abritait 15 mètres d’épaisseur : ils ont pour double à Beuvry (Musée d’Histoire Naturelle de Lille). une faune sauvage comprenant aurochs, avantage d’avoir enregistré les variations cerfs, chevreuils, sangliers, éléphants et climatiques et d’avoir protégé les gisements rhinocéros. Les gisements de ces époques préhistoriques de l’érosion. L’alternance sont très rares, car ils ont pour la plupart de périodes glaciaires et interglaciaires en- été détruits par l’érosion lors des phases traîna des variations importantes du niveau de dégradation climatique. Durant les pé- marin. Ainsi, le détroit du Pas-de-Calais fut riodes froides, une calotte glaciaire, centrée émergé à certaines périodes et fréquenté sur la Scandinavie, s’est étendue jusqu’au par les troupeaux et les chasseurs paléoli- nord de la Belgique, faisant régner dans thiques ; les gisements correspondants sont notre région un climat périglaciaire : les aujourd’hui submergés. Paléolithique moyen Paléolithique supérieur et Mésolithique 1 LES CHASSEURS-CUEILLEURS DES PLAINES DU NORD 2 urant le XIXe s., les observations des 1986-2001 voit le passage de l’archéologie de 1. Carte des sites paléolithiques Dgéologues, particulièrement dans les sauvetage à l’archéologie préventive, permet- et mésolithiques. carrières de sables et grès, permettent la tant la mise au jour de nouveaux gisements 2. Fouille du site paléolithique découverte de gisements dans tout le bassin de de Saint-Amand-les-Eaux à l’emplacement de acheuléens et mousté- l’Escaut et dans la val- l’hypermarché Leclerc. riens (-300.000 à -40.000 lée de la Deûle. Après ans). Entre le début du 2001, la systématisa- 3. Fouille du site paléolithique d’Havrincourt sur le tracé e XX s. et les années 1960, tion des diagnostics du Canal Seine-Nord Europe. la recherche marque le archéologiques préa- pas mais par la suite une lables accroît encore nouvelle génération de le rythme des décou- chercheurs, amateurs ou 3 vertes. La vallée de universitaires, profite des travaux de recons- l’Escaut concentre la majorité des sites mis truction et d’industrialisation : les dernières au jour mais des zones jusqu’alors vides com- briqueteries en fonctionnement livrent de mencent à être investies, tandis que le nombre nombreuses séries paléolithiques en strati- de sites épipaléolithiques et mésolithiques graphie, tandis que des aménagements indus- augmente fortement. Parallèlement aux triels provoquent les fouilles de sauvetage de fouilles préventives, des recherches program- Biache-Saint-Vaast et de Seclin. La période mées sont menées sur des sites non menacés. 2 3 1 4 5 6 DES GISEMENTS paléolithiQUES BIEN CONSERVÉS e Nord - Pas-de-Calais ne possède que viales, recouvertes par des dépôts fluviatiles Ltrès peu de grottes naturelles, unique- fins, sont également favorables à la préserva- ment dans le Boulonnais et dans l’Avesnois. tion de sites paléolithiques : à Biache-Saint- 7 Les habitats paléolithiques sont presque tous Vaast plusieurs niveaux d’occupation suc- 1. L’Abri de la Grande Chambre des sites de plein air. Le recouvrement des cessifs, datés de 240.000 à 175.000 ans, ont à Rinxent, occupée par les gisements paléolithiques les rend difficilement été fouillés. Ils ont livré deux crânes d’anté- Moustériens. accessibles aux archéologues et des méthodes néandertaliens et de la faune en abondance. 2. Éclat Levallois d’Hermies. spécifiques de détection, par sondages pro- Les conditions climatiques très rigoureuses, 3. Bifaces moustériens fonds, ont été progressivement mises au point. entre 22.000 et 13.000 ans avant le présent, de Saint-Amand-les-Eaux. La modélisation des processus sédimentaires expliquent probablement la rareté des sites par les géomorphologues permet de délimiter du Paléolithique supérieur. La réoccupation 4. Remontage de lames du Paléolithique final de Proville. les zones favorables à la bonne conservation permanente de la région se place au Méso- des sites. Par exemple les versants exposés lithique, à partir de 9.500 ans avant notre 5. Harpon du Paléolithique final de Dourges. favorablement ont été recouverts par les loess ère, avec le radoucissement climatique holo- qui ont fossilisé des portions de sols archéo- cène. Les traces en ont été trouvées récem- 6. Amas de débitage d’Hermies. logiques, comme à Hermies où ils sont datés ment, grâce à l’archéologie préventive, dans 7. Sondage en puits sur le Canal de 70.000 à 45.000 ans. Les objets en silex y les plaines alluviales humides des vallées Seine-Nord Europe. sont demeurés à peu près à l’emplacement de l’Escaut (Valenciennes, Bruay-sur-Es- où les tailleurs de silex les ont abandonnés, caut, Proville, Bouchain, Escaudoeuvres), ce qui permet de reconstituer partiellement de la Scarpe (Flers-en-Escrebieux) et de la leurs gestes et leurs mouvements. Canche (Beaurainville). Les bordures des anciennes plaines allu- Néolithique et mégalithes 1 LES PREMIERS agriculteurs 2 a région du Nord – Pas-de-Calais se La recherche sur le Néolithique ne démarre Lcaractérise par l’éloignement géogra- vraiment que dans les années 1970 : les phique des foyers de néolithisation : elle découvertes se concentrent dès lors dans constitue une frontière maritime pour le cou- les bassins de l’Escaut et de la Deûle. Entre rant danubien venu du Proche- 1986 et 2001, le nombre de Orient. Sa position l’a placée au sites mis au jour s’accroît dans contact de plusieurs aires cultu- les zones les plus urbanisées 1. Carte des sites du Néolithique. relles et la proximité des Iles mais la carte s’enrichit égale- Britanniques amène à s’interro- ment de quelques points plus 2.