N ° 5 - 2 0 1 0 ANNUEL

ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE LOT-ET-GARONNE ÉCOLE NATIONALE le lien le li D’ADMINISTRATION PÉNITENTIAIRE lien en le l n le ien lie le le lie n n i e le e li l n e ie l n le n ie le li l e le li n n e le ie n l l lie le e n n l lie i le le e lie ien n n l l le le e lien e lien l n l BULLETIN D’HISTOIRE JUDICIAIRE ET PÉNITENTIAIRE l e li lie i en le lien le e EN LOT-ET-GARONNE n

le lien le li lien en le l n le ien lie le le lie n n li e le e li l n e ie l n le n ie le li l e le li n n e le ie n l l lie le e n n l lie i le le e lie ien n n l l le le e lien e lien l n l l e li lie i en le lien le e n

LE CAMP DE CARRÈRE

Dans la banlieue villeneuvoise, l’actuelle cité ouvrière René Rieus a connu, entre 1939 et 1949 sous le nom de Carrère, une activité humaine tout autre. Tour à tour cantonnement militaire, prison du régime de Vichy, camp à la Libération puis annexe de maison centrale, son histoire reste intrinsèquement liée à celle de la centrale d’Eysses. Sa disparition pro- chaine est l’occasion de revenir sur son passé.

La cité actuelle - Montage photographique (Énap - O. Baix) N ° 5 - 2 0 1 0

SOMMAIRE

> Affectations successives p. 3 à 5

> État des lieux p. 6 à 8

> Un espace convoité et controversé p. 9 à 15

À la Libération, internés politiques p. 11 opposés aux droits communs

Les Patriotes de Carrère p. 12 à 15

> Un camp contesté en sursis p. 16 à 18

> Cartes des camps p. 19 > Histoire des camps d’internement (1938 - 1946) p. 20 à 21

> Chronologie p. 22

> Bibliographie p. 22 le lien le > Sources p. 23 le lien lien l en e lie En-tête retouchéli du livret des statuts de l’Association des Patriotesn de Carrère l > Liste des sigles et abréviations p. 24 e l e l e (ADLG,en 2 U 603 n° 874) lie li li n e le le n n l l e ie e li n l e ie l le n en l li li e le e lie n n e LE CAMP DE CARRÈRE l n li e le le l l n i i ie e en le l le n n lie e lie n n l l le lien le lien le lie e l i Ce cantonnement militaire destiné aux travailleurs étrangers purgatoire de peines ou un centre de rassemblement d’in- e n de la poudrerie nationale de Sainte-Livrade-sur-Lot devient à dividus dangereux pour la sécurité publique ? Au travers du la fi n 1942 une annexe de la maison centrale d’Eysses jusqu’à mélange de populations et des antagonismes qui ont surgi, sa fermeture en 1949. Cédé en l’état en 1943 au ministère de le statut de cet espace semble plus complexe : est-ce un la Justice pour y « requinquer » ses pensionnaires, Carrère camp, une prison à part entière, une annexe ou encore une accueille à la Libération des internés administratifs ; cette « sous-prison » ? cohabitation forcée est à l’origine d’événements retentis- sants qui renvoient à la fonction même du camp durant ces Afi n de comprendre la place du camp de Carrère dans le dis- années troublées. positif répressif et pénitentiaire, nous nous intéresserons aux fonctions qu’il a successivement remplies, aux formes qu’il Pourquoi et comment ce lieu supportant des baraquements a revêtues et aux règles qui l’ont régi sous l’Occupation, à la temporaires pour les besoins militaires a-t-il durablement Libération et jusqu’à la fi n des années quarante. À l’aide d’ar- rempli plusieurs usages au service des ministères de la Jus- chives préfectorales et de l’établissement, nous aborderons tice et de l’Intérieur ? À la fonction pénale de la prison s’oppo- plus spécialement le fonctionnement quotidien et l’évolution se l’internement administratif visant, en dehors du système de la structure dans le contexte national et local tumultueux pénitentiaire, à enfermer, rééduquer ou faire travailler des d’après-guerre. civils regroupés arbitrairement. Carrère est-il alors un simple

Dossier réalisé par Pascal De Toffoli (attaché de conservation du patrimoine aux Archives départementales de Lot-et-Garonne), avec la participation de Jean-François Alonzo (formateur à l’Énap)

Conception graphique : Énap - DRD - Unité Édition / Diffusion (Odette Baix)

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AFFECTATIONS SUCCESSIVES : UNE STRUCTURE MODULABLE

Naissance du cantonnement de Carrère : une utilisation méconnue

l e l ie n l l ie e n l ie l n En 1937, dans le cadre de son programme e l le d’armement, le gouvernement décide ie lie n d’installern une poudrerie annexe à celle de l le e Bergerac (Dordogne) sur la commune de l li i en e Sainte-Livrade-sur-Lot.l Quatre cent quinze n e lie hectares de terresn de la plaine du Lot sont n l l le lien le lien le lie e alors réquisitionnés par le ministère de l i e

l’Armement et confi és au Service central n Extrait du plan cadastral de Villeneuve-sur-Lot (AMV, 4 Q 2) des constructions de la direction des pou- dres, explosifs et produits chimiques. ces, la phase de construction, comme les février 1941 sur le site de la poudrerie pour La construction, commencée en octobre premiers « pensionnaires », nous échap- y démonter les infrastructures(1) et remettre 1939, mobilise une importante main-d’œu- pent totalement. en l’état les terrains agricoles. Une partie vre – qui doit atteindre 10 000 ouvriers – Au début de 1940, sur le site de la poudre- des travailleurs étrangers et leur famille logée dans les communes environnantes. rie s’activent 2000 ouvriers répartis entre sont encore à pied d’œuvre en juin 1941 et C’est ainsi que six cantonnements sortent compagnies de travailleurs militaires, tra- sont dispersés à la demande de la commu- de terre : le camp de Bias, les camps de vailleurs étrangers, dont 1000 Espagnols ne de Casseneuil dans les Groupements de la Gare et de la Glaudoune à Casseneuil, et travailleurs libres employés dans des travailleurs étrangers (GTE) alentour. les camps de Gillet et du Moulin-du- Lot entreprises locales. À la même période, Au fi nal, l’utilisation et la vie du camp de à Sainte-Livrade-sur-Lot, et le camp de la commune de Villeneuve-sur-Lot hé- Carrère entre 1940 et 1942 demeurent in- Carrère à Villeneuve-sur-Lot. Dans cette berge provisoirement des militaires, hom- connues : les travailleurs espagnols l’ont-ils dernière commune, au pied du coteau mes de troupe et ouvriers au nombre de bâti et y ont-ils séjourné ? Seuls des témoi- de Pujols, 3 hectares 70 de terres fertiles 3000, qui déménagent ensuite sur le site gnages s’appuyant sur l’étude des archives plantées d’arbres fruitiers et de vignes de la poudrerie. du ministère de l’Armement pourraient nous du lieu-dit « Carrère » sont expropriés à Ce n’est que le 15 août 1940, soit pratique- renseigner. Avec la même incertitude, des l’automne 1939 en vue d’édifi er un can- ment deux mois après l’armistice, que les ouvriers de l’aéronautique militaire auraient tonnement. La poudrerie fi t vraisembla- travaux de construction sont stoppés dé- également occupé les lieux en 1941 et blement appel à sa propre main-d’oeuvre fi nitivement, laissant la poudrerie inache- 1942, à l’instar du détachement de l’armée – comme ce fut le cas à Mauzac en Dor- vée. Toutefois, à la faveur de crédits dispo- de l’air affecté au camp du Moulin-du-Lot en dogne – pour construire les baraquements nibles, 1700 travailleurs espagnols et 200 mai 1941. de ses camps. Cependant faute de sour- employés ou ouvriers travaillent encore en

(1) 200 bâtiments sont en cours de fondation, 70 en cours d’élévation et 60 sont terminés sur les 700 prévus ; 15 km de voie ferrée ont été installés dans l’emprise. 3 N ° 5 - 2 0 1 0

Transformation en établissement pénitentiaire : une architecture et des populations qui évoluent au fi l des priorités de l’État

Le 15 septembre 1942, le Service central décembre 1943, 168 internés administra- département. En dépit de réticences liées à des constructions met le cantonnement tifs « irréductibles » en provenance de la l’engorgement des prisons, le ministère de de « Carrère » à disposition de l’adminis- centrale d’Eysses, ayant échappé au trans- la Justice consent à l’utilisation – et non à tration pénitentiaire de Vichy, qui le rat- fert en zone nord grâce à la mobilisation la cession temporaire comme proposé par tache à la maison centrale de correction du collectif de détenus patriotes lors des le directeur d’Eysses – du camp par le mi- d’Eysses nouvellement créée par décret journées des 9 au 11 décembre, dites « nistère de l’Intérieur pour une période pro- du 13 août 1940. Trois Glorieuses », y séjournent. visoire d’un à deux mois. Durant fi nalement ces neuf mois d’emprunt, Carrère demeure À la Libération, alors que l’épuration sau- À partir du 21 janvier 1943, la « forma- un établissement pénitentiaire de centrali- vage bat son plein avec son lot d’exécu- tion pénitentiaire de Carrère » remplit sation des droits communs. plusieurs fonctions : centre d’isolement tions sommaires et que les arrestations et de traitement des condamnés tuber- irrégulières sans mandat d’arrêt ou de Dans la nécessité de recouvrer l’usage du culeux de droit commun, centre de ras- dépôt se multiplient, le préfet François camp pour y loger les droits communs, le semblement des détenus éclopés de Duvignau fait interner administrativement ministère de la Justice accentue sa pres- . Les « individus atteints de les personnes suspectées de collaboration sion jusqu’à ce que le camp soit entière- défi cience physique provisoire imputable et les individus estimés dangereux pour la ment vidé de ses internés administratifs, le à une sous-alimentation prolongée » (2) défense nationale ou la sécurité publique. 19 juin 1945. doivent pouvoir se reconstituer grâce au Il s’agit aussi de donner aux inculpés sur De juillet 1945 jusqu’à sa fermeture en grand air et aux facilités de ravitaillement présomption une garantie normale de jus- 1949, le camp redevient une simple an- avant de gagner ensuite les chantiers tice (3) . Durant la période de septembre à nexe de la maison centrale d’Eysses. À ce extérieurs de travail de la circonscription novembre, les internés administratifs sont titre, il accueille le 31 janvier 1946 plusieurs d’Eysses. Enfi n, cette dernière reçoit placés à la centrale d’Eysses pour être in- centaines de droits communs, et, fi n 1946, les détenus condamnés pour des délits terrogés par le service de prévôté. Après en provenance d’Eysses, un grand nom- concernant le ravitaillement, la détention ce premier examen de leur cas, ils sont, bre de condamnés jugés par les tribunaux d’armes, l’avortement et le vol de colis de à compter d’octobre, progressivement spéciaux de . La grande évasion de prisonniers. transférés par petits groupes dans le cen- tre de séjour surveillé, nouvellement créé septembre 1947 marque la fi n programmée En octobre 1943, son rôle d’annexe se à Carrère le 13 septembre 1944, tandis de Carrère considéré comme peu sûr par précise : afi n de libérer les places néces- que le comité de triage du Comité dépar- l’administration, l’opinion publique, les par- saires à la concentration des détenus poli- temental de Libération (CDL) poursuit l’ins- tis politiques de gauche et les associations tiques de la zone sud à la maison centrale truction de leur dossier. Le préfet souligne d’anciens combattants qui mettent en avant d’Eysses, l’administration opère le trans- le 31 décembre 1944 que Carrère est le la négligence des pouvoirs publics touchant fert des droits communs correctionnels seul camp utilisable pour l’internement ad- la sécurité du camp. Les effectifs désormais au camp de Carrère. Entre les 13 et 22 ministratif des inculpés politiques de son constitués des seuls droits communs ne cessent de décliner jusqu’à sa fermeture.

Photos de la cité actuelle (Énap - O. Baix)

(2) Note du directeur de l’administration pénitentiaire au directeur d’Eysses, 21 janvier 1943 (ADLG, 1 W 621). (3) Entre septembre 1944 et août 1945, le préfet de Lot-et-Garonne prit environ 706 mesures d’internement administratif à l’encontre d’individus 4 suspectés de collaboration, assorties de 404 assignations à résidence et 34 éloignements. N ° 5 - 2 0 1 0

Populations CANTONNEMENT DE CARRÈRE COLONIE CORRECTIONNELLE D’EYSSES

1939 ◗ Mineurs délinquants 1939 ◗ Hébergement des travailleurs étrangers employés à la 1940 poudrerie de Sainte-Livrade-sur-Lot [1940] 1940 MAISON CENTRALE D’EYSSES (15 AOÛT 1940) CONSTRUCTIONS Direction des poudres -

SERVICE CENTRAL DES ◗ [Ouvriers d’aéronautique militaire] (s.d.) Dissoute 16 juin MINISTÈRE DE L’ARMEMENT ◗ Droits communs Effectif : 0 sept 1940 1941 1941

1942 MINSTÈRE DE LA JUSTICE 1942

15 sept. GROUPE PÉNITENTIAIRE EYSSES-CARRÈRE

CAMP DE CARRÈRE MAISON CENTRALE D’EYSSES 1943 1943 26 janvier 1943 Transférés le 13/12/1943 après les Sept. 1943 : internés administratifs indésirables ◗ ◗ Centre d’isolement et de traitement des condamnés tuberculeux « Trois glorieuses » des 9-11 décembre 1943 2 août 1943 à/c octobre 1943 Concentration des détenus ◗ ◗ Centre de rassemblement des détenus éclopés de zone libre politiques de zone sud

Fonctions ◗ Annexe de la centrale condamnés par Vichy concomitantes 19 février 1944 Insurrection ◗ 1944 1944 À L’INTÉRIEUR Détenus ... 30 mai 1944 Déportation de 1121 détenus ◗ septembre SECRÉTARIAT D’ÉTAT ... transportés par le maquis le 2 août 1944.

Double fonctionnalité : à /c de septembre 1944 ◗ Annexe de la centrale d’Eysses (ministère de la Justice) : droits communs Collaborateurs arrêtés préventivement libérables dans 12 mois ◗ Centre de séjour surveillé (ministère de l’Intérieur)

1945 MINSTÈRE 1945 ◗ collaborateurs et suspects dont le cas est en attente d’examen par la DE LA JUSTICE commission de vérifi cation des internements ◗ Indésirables de droit commun ayant terminé leur peine à la centrale d’Eysses

juillet 1945

1946 Camp pénitentiaire de Carrère 1946 Transfert de 186 détenus après l’évasion des 25-26/09/1947 Détenus politiques condamnés ◗ juillet 1946 ◗ Détenus de droit commun par les CC et CJ ◗ Arrivée de plusieurs centaines de droits communs dont MINSTÈRE Droits communs ◗

1947 DE LA JUSTICE des Nord-Africains (31/01/1946) 1947 ◗ Détenus politiques condamnés par les CJ et CC Transferés après l’évasion des 25-26/09/1947 ◗ Visite de Si Kaddour Ben Gabrit (10/11/1947) 1948 1948

1949 1949 ◗ Grâce de 146 droits communs (décrêt du 12/07/1949) 15 déc. 1949 DISSOLUTION 1950 Transformation 1950 en cité ouvrière

ZOOM SUR LES ANTAGONISMES

CAMP DE CARRÈRE MAISON CENTRALE 1944 D’EYSSES 7 Octobre 1944 INDÉSIRABLES

◗ Protestent contre la détention grève de la faim entamée le 3/01/45 ◗ Dénoncent la libération des droits communs étrangers ◗ Cohabitent avec les collaborateurs et les trafi quants du marché noir Juin 1945 / Juillet 1945

DÉTENUS DE DROIT COMMUN DÉTENUS POLITIQUES DÉTENUS POLITIQUES CONTRE condamnés par les cours de justice

Amicale des Patriotes de Carrère (Mars 1946) D Libération anticipée de ÉN ON certains miliciens par Association des Patriotes de Carrère (Avril 1946) CE grâce et commutation de peine Tolérant et Masque l’existence de laxiste l’association Organisent à sa hiérarchie et la démantèle tentative massive en éloignant les chefs Direction Personnel d’évasion les du camp pénitentiaire Sévère et dur 25-26 /09/1947 75% communiste Opinion publique 1948 DÉNONCE

5 ien le lien le lie le l n le N ° 5 - 2 0 1 0 lien lien l e l e l e en lie li li n e le le n n l l e ie e li n l e ie l le n en l li li e le e lie n n e l n li e le TAT DES LIEUX le É l l n i ie ie e n le l la Libération. Durant le premier semestre L’utilisationle du camp comme prison se n avec revêtement intérieur des parois mo- n lie e lie n n l biles en fi brociment ou carton compressé. 1945, sa fonction de camp d’internement l révèle à l’usagele l ieinadaptéen le lie ntantle enlie raison e Dix sont affectés à la population détenue, nécessite de renforcer ses défenses, en l des infrastructures non sécurisées que i cloisonnant des quartiers par un réseau e des moyens humains et matériels insuf- un aux services administratifs, un au poste n fi sants. Ces conditions de détention pré- de surveillants et au corps de garde, un simple de barbelés, et d’aménager les bara- caires et aléatoires s’accompagnent dans aux cuisines et réfectoires et le dernier quements ; un quartier de femmes en pro- l’immédiat après-guerre de forts clivages sert de magasin. Le camp est ceinturé venance d’Eysses, suspectées de collabo- entre populations antagonistes appelées d’un simple réseau de barbelés parcouru ration et de prostitution, et deux quartiers à cohabiter dans un même espace. de lampes et comporte six miradors dans d’isolement des internés hommes sont les angles. Les locaux prévus pour 1200 créés. À l’extérieur de l’enceinte, quatre Les infrastructures se composent de qua- détenus, avec une capacité maximale de baraquements accueillent le personnel de torze baraquements construits en brique 1400, ne sont pleinement utilisés qu’à surveillance et la garde.

Plan du camp de Carrère (ADLG, 1 W 626)

Administration Carrère dépend entièrement de la maison tion faute de personnel administratif qu’il nombreux - 97 en 1949 - , un service mé- centrale d’Eysses : son sous-directeur est impossible de recruter par manque de dical où offi cient une infi rmière de la Croix- dirige le camp avec du personnel(4) , des crédits . À la même époque, le personnel Rouge et deux assistantes sociales. Dans crédits et une intendance mis à sa dispo- de la centrale est désormais confronté à un contexte économique diffi cile, l’adminis- sition par la maison mère. Si la situation une population carcérale plus nombreuse tration est prise en défaut, et son directeur, sous Vichy nous échappe, à la Libération et à haut risque. Appartenant pour les trois Pierre Fougeroux, sanctionné : un blâme en le directeur, Jean Domingie, peine à faire quarts d’entre eux à la cellule communiste octobre 1946, une suspension puis un dé- fonctionner avec un personnel réduit – un de l’établissement, il est gagné à la cause placement en juillet 1948. Il lui est reproché secrétaire administratif et un contingent des résistants détenus qu’il informe des d’avoir en octobre 1946 fait bénéfi cier trop de surveillants qualifi é de « médiocre » commutations de peine et grâces dont bé- largement les détenus de rations contin- et engagé – cette structure non sécuri- néfi cient les détenus politiques d’Eysses. gentées et utilisé abusivement les détenus sée qui manque de tout. Au moment où Parallèlement, l’administration du camp à sa solde. Cette affaire révèle des prati- l’activité est la plus intense, au début du s’étoffe en février 1947 avec un service ques générales interlopes, tels les travaux mois de décembre 1944, le directeur en- du greffe et de la comptabilité, formé d’un que les surveillants du groupe pénitentiaire registre les entrées, sorties et écrous des commis auxiliaire et de trois surveillants- d’Eysses sont amenés à remplir pour amé- internés et contrôle lui-même la popula- commis-greffi ers, des surveillants plus liorer leur maigre solde.

(4) Faute de consultation des dossiers de carrière du personnel, nous ignorons si les directeurs furent des résistants, comme ce fut le cas dans de 6 nombreux camps de la Libération, et si le personnel de Vichy fut épuré. N ° 5 - 2 0 1 0

Conditions de détention

Le coût journalier de présence au camp se monte en mars 1945 à 28 francs Ce n’est qu’à partir d’octobre 1944 que par personne (18 francs de nourriture et d’entretien, 5 francs de garde et 5 nous disposons de larges informations francs pour l’éclairage, l’eau et le chauffage). Comme l’ordonnance du 29 sur la vie dans le camp au travers des rap- janvier 1945 l’y autorise, le préfet impose, dès févriern le l1945,ien le aux internés de ports d’activité adressés par le directeur le lie lien le de la maison centrale au préfet. rembourser leurs frais d’entretien suitel ieà ndes agissements contraireslien à la l le le e réglementation sur le ravitaillement général. en lie li li n e le le n n l l e ie e li n l ie Des régimes différents en droit État sanitaire le Discipline l n n e Au sein d’une population bigarrée, inter- À compter de décembre 1944,ie bien que Le règlement du centre de séjour sanction- l le l ie née ou détenue pour différents motifs, certains baraquements le soient dépourvus ne les petites incartades – sortie clandestine n lie n e l desn tensions apparaissent. L’oisiveté, d’appareils de chauffage,li l’état sanitaire de courrier, trafi c de tabac, correspondance e le le l l de la populationn s’améliore progressive- i l’aisancei fi nancière de certains internés ie entre internés homme et femme – comme e en le l le n n et le règlementlie plus favorable qu’ils ont mente lie grâce aux deux visites hebdomadai- les manquements plus graves – larcin, rixe, n n l l sollicité et obtenu, lsonte li eperçusn le l iparen l’opi-le lie res du docteur Vinson, médecin du camp et acte de rébellion. Les détenus fautifs e l nion publique, la presse communiste et nouvellement nommé. Malgré la pénurie comparaissent devant le prétoire discipli- i e patriote, comme une injure aux valeurs de et le retard dans l’approvisionnement de naire qui leur infl ige une punition variable n la justice républicaine. Les anciens résis- médicaments, il traite, en dehors de l’épi- en fonction de la gravité des fautes. Le di- tants de droit commun y voient une insul- démie de grippe de novembre 1948, œdè- recteur prononce la punition pour la plupart te. L’administration, bien consciente que mes de carence, bronchites, tuberculoses, des motifs à l’exception des cas graves la cohabitation forcée entre internés et affections de l’appareil respiratoire et de relevant du préfet ou du commissaire de droits communs est explosive, fait trans- l’appareil digestif et quelques syphilis. Il l’Intérieur. Au delà de la simple réprimande, férer début 1945 les anciens miliciens à la dispose de deux infi rmeries : l’une pour les punitions s’échelonnent de la privation centrale. A partir de juillet 1945, les quel- les hommes et l’autre à partir de décem- de visite, correspondance, livre, journal, ques détenus relevant de la cour de jus- bre 1944 pour les femmes. Les malades cantine, colis, au régime de pain sec, retrait tice, les Nord-Africains, droits communs, les plus atteints sont dirigés vers l’hô- d’emploi, et à l’incarcération dans un local éclopés et convalescents et les mineurs pital Saint-Cyr de Villeneuve-sur-Lot. Par disciplinaire. (qui n’ont droit à aucun contact avec les ailleurs, l’hygiène corporelle des détenus adultes) sont affectés dans des baraque- est améliorée à la faveur d’une douche par ments distincts. semaine avec change du linge de corps et de la désinfection dans une chambre avec Alimentation appareil à poudre. Le régime alimentaire des internés est le même que celui des droits communs. Le camp profi te de la fertilité de la vallée du Lot pour distribuer quotidiennement E FFECTIFS à chacun 400 grammes de pain, 9 gram- du centre de séjour surveillé et annexe de la maison centrale d’Eysses mes de matières grasses, 800 grammes de légumes verts auxquels s’ajoutent 1 9 4 4 1 9 4 5 125 grammes de viande par semaine. D’autres denrées telles que les pommes de terre, pâtes, sucre et fromage sont dis- UIN J

tribuées en fonction des possibilités du ra- UIN CEMBRE VRIER ARS AI CTOBRE OVEMBRE É VRIL ÉBUT ANVIER vitaillement général. Dans une période de É O N D J F M A M D restrictions, les espaces libres entre les 15 J baraquements et l’enceinte sont cultivés Français ? ? 67 174 140 112 101 86 49 ? en choux, tomates, oignons pour la con- sommation des détenus. Étrangers ? ? 21 58 50 26 21 18 9 ? Aux plus argentés s’offre la possibilité de HOMMES TOTAL 6 73 88 232 190 138 122 104 58 34 « cantiner » – acheter à la cantine de la

centrale des produits alimentaires variés S POLITIQUES Français - ? 63 58 47 24 21 17 9 ?

É (prévenus) dont le prix est majoré de 20 % du prix de gros. Pour les autres, le règlement Étrangers - ? 7 8 7 5 5 4 1 ? INTERN autorise de recevoir de leur famille deux FEMMES sous - TOTAL - 35 70 66 54 29 26 21 10 6 colis de vivres de trois kilos par semaine. Si l’administration considère en novembre TOTAL 6 108 158 298 244 167 148 125 68 40 1947 que « la gamelle » du groupe péni- tentiaire est peut-être une des meilleures Marché noir - - 3 3 16 20 16 10 2 - de tous les établissements du Midi, la Droits communs 200 116 ------239 presse communiste et des anciens com- battants dénonce à l’inverse des condi- Droits communs dits « indésirables » - - 15 12 ------tions de détention jugées trop favorables venant d’Eysses à leurs yeux, et notamment le régime TOTAL 206 224 176 313 260 187 164 135 70 279 alimentaire dont bénéfi cient les anciens collaborateurs.

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État d’esprit agriculteurs des alentours. Si une grande commandos de dix détenus chacun sont Dans les mois qui suivent la libération du partie des détenus est au chômage, cer- constitués. département, les détenus politiques at- tains droits communs sont amenés à tra- En février 1947, la journée des adultes com- tendent avec une fi èvre grandissante leur vailler au service général et de l’industrie mence à 7 heures par la propreté corpo- comparution devant la cour de justice qui où ils accomplissent différentes tâches relle, le nettoyage des locaux et le café. Le tarde en raison de la lenteur apportée à – menuiserie, forge, paillage de chaises, travail dans les ateliers ou de corvée s’étale l’examen de leur cas par la commission ateliers de tailleur, sandales et sacs en ra- de 8 heures à 18 heures, interrompu par le de triage. A contrario, l’énervement et phia, vannerie, mécanique pour bicyclette, déjeuner de 12 h. Par ailleurs, les mineurs l’impatience sont perceptibles chez les émouchettes, éboutage de haricots verts suivent la classe assurée par l’assistante internés indésirables provenant d’Eysses. – ou à l’extérieur dans les fermes ou les sociale, une heure le matin et une heure La cohabitation forcée transforme le lieu chantiers forestiers. Les placements in- l’après-midi, et s’adonnent aussi avec un en une véritable poudrière dont s’inquiète dividuels à l’extérieur sans surveillance moniteur à la culture physique sur un ter- le directeur. sont encouragés par la direction d’Eysses rain aménagé. alors même que la direction pénitentiaire Activités proposées aux détenus les supprime le 16 juillet 1946 au profi t de TEMPS LIBRE (juillet 1945-1949) commandos. Selon le directeur d’Eysses, En dehors des deux promenades quotidien- ces groupes de détenus ne sont pas adap- nes, une bibliothèque d’environ 800 ouvra- TRAVAIL tés à un pays de petits propriétaires en ges scientifi ques et pieux (livres d’histoire, Les internés assurent obligatoirement la raison de terres éloignées les unes des romans, revues…) – les livres politiques cuisine et le balayage de leur quartier et si autres et de la diffi culté à trouver un lo- sont soumis à l’examen du directeur – est nécessaire le service de l’infi rmerie. Non cal sain et sous surveillance. Le manque à la disposition des détenus. Les jeux avec astreints au travail industriel, ils peuvent de surveillants de l’administration limite enjeun le deli e valeursn le (habits, chaussures…) le lie lien le néanmoins demander à travailler à l’exté- d’autant les placements extérieurs alorslien sont interdits. Par ailleurs,l ieunn prêtre et un l le le e rieur. L’utilisation de main-d’œuvre péni- que les besoins en main-d’œuvren pénale pasteur organisent un service desl cultes à ie ie li tentiaire est une aubaine pour l’adminis- sont importants dans l’agriculture,l l’artisa- l’intérieur du camp. n e le le n tration comme pour les entreprises et les nat et l’industrie. En 1947, seulementn deux l l e ie e li n l e ie l le n en l li li e Protection du camp le e lie n n e l n li e le le l l n i i ie e eL’administrationn n’a eu de cesse d’amé- lele lpréfet fait alors appel, entre le 18 août lité républicaine, les ministres de l’Intérieur le n n liorer l lesie défenses insuffi santes dee celie et le 27 décembre 1944, aux formations et de la Justice craignent les groupes de mi- n n l l le lie e cantonnementl imilitaireen le l pourien lune usage pé- de FFI et patriotiques mais peu liciens encore en liberté et requièrent d’une l i nitentiaire. Entre novembre 1943 et mars disciplinées et peu nombreuses, elles ne seule voix en janvier 1945 un renforcement e 1944, seule la partie ceinturée d’un réseau peuvent assurer une garde effi cace. C’est de la protection des prisons face à la mul- n de barbelés, d’une contenance d’environ ainsi que certaines jeunes recrues FFI se tiplication des attaques de résistants visant 800 places, est utilisée pour la détention. livrent parfois à des exercices de tir dans à l’exécution des individus soupçonnés de Les 50 surveillants couvrant 25 postes, les jardins voisins ou tentent de commu- collaboration, en instance de jugement. En avec 6 vieux fusils, doivent qui plus est niquer avec les femmes internées politi- dépit des améliorations de la garde, des assurer à eux seuls la garde extérieure. ques. Tour à tour se succèdent le groupe moyens de sécurité (construction de nou- La surveillance pâtit de la mitoyenneté Kléber, la 3e compagnie du bataillon veaux miradors et rehaussage du réseau du camp avec une propriété privée dont Bernard Palissy, trois compagnies du extérieur) et d’alerte, le directeur déplore profi tent systématiquement les évadés. groupe Vény suivies d’un peloton de gen- en juin 1946 que Carrère soit l’objet d’une Dotée d’un personnel de surveillance en darmes, de troupes noires rapatriées d’Al- agitation certaine et présente des facilités sous-effectif et de moyens de protection lemagne et, durant l’été 1945, d’un déta- d’évasion compte tenu de l’ineffi cacité des dérisoires, l’administration est confron- chement de Malgaches, auteur de vols et défenses et de l’état d’esprit du personnel tée à des évasions répétées en juin et maraudages alentour, confronté à l’host- de surveillance. juillet 1944. Le 3 août 1944, confi rmant lité du préfet et du directeur d’Eysses. A les craintes de la direction, le maquis en- compter de septembre 1945 et jusqu’en 1945 1946 1947 1948 lève 34 condamnés et transfère les 305 juillet 1949, date de sa suppression, la hommes restants à la centrale d’Eysses. garde revient aux CRS. JUIN

CEMBRE CEMBRE

Faute de protection, le camp n’est plus en Dans le cadre du rétablissement de la léga- VRIER CTOBRE É É IN UILLET ANVIER UIN É UIN ANVIER UIN état de fonctionner ! F J D J J D F J O J J À la Libération, la situation est toujours Correctionnels 191 249 - 255 155 aussi critique : l’enrôlement de nombreux Réclusionnaires - 16 14 38 surveillants dans les forces de la Résis- tance , combiné à des défenses et un Relégués 14 13 ------

armement toujours insuffi sants, renfor- Travaux forcés 34 29 - 33 76 (CONDAMNÉS) cent la vulnérabilité des établissements E FFECTIFS DROITS COMMUNS TOTAL 239 307 337 297 - 326 302 163 269 448 655 pénitentiaires. En octobre 1944, le sous- de l’annexe de la Correctionnels - 1 - - - 238 préfet de Villeneuve-sur-Lot alerte le pré- maison centrale fet sur les défenses du camp, « réduites Réclusionnaires - 1 - - - 48 à une simple barrière de fi l de fer barbelé d’Eysses Travaux forcés - 1 - - - 178

relativement aisée à franchir ». Dans le (CONDAMNÉS) COUR DE JUSTICE même temps, le garde des Sceaux de- TOTAL - 3 38 38 - 264 501 836 464 327 20 mande le 17 du même mois aux com- Mineurs - - - 29 - 41 - 20 - 23 22 Courtes peines missaires régionaux de la République de (cour de justice et droits - 15 ------communs) placer les forces de police et de gendar- INTERNÉS 2 ------merie en permanence dans les prisons. ADMINISTRATIFS Pour pallier la désaffection de la police, TOTAL 241 325 375 364 908 631 803 1019 733 798 697

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UN ESPACE CONVOITÉ ET CONTROVERSÉ À la Libération, internés politiques opposés aux droits communs

Dans ce centre de séjour surveillé se sont autorisés à les interner bien qu’aucun dure de vérifi cation des internements, qui côtoient provisoirement, à compter du 7 texte ne le prévoit) dont les infractions prévoit une consultation des commissions octobre 1944, différents types d’internés sont susceptibles d’émouvoir l’opinion et locales et du commissaire régional de la administratifs. Ce sont majoritairement de compromettre la paix sociale et l’ordre République, et nécessite des compléments des femmes et des hommes français et public. d’enquête pour statuer sur la situation du étrangers, suspectés de petite collabora- Par ailleurs, Carrère ne cesse d’accueillir prévenu (cf. schéma de l’internement admi- tion(5) qui attendent l’examen de leur cas. depuis octobre 1944 les droits communs nistratif p.11). S’y ajoutent les détenus justiciables des condamnés sous Vichy et libérables dans Ces internés se sont rendus coupables cours de justice – pour des faits graves les douze mois, dont certains ont fi ni de sous Vichy de délits, essentiellement des de collaboration –, avec ou sans mandat purger leur peine. Ces derniers sont quali- vols avec violence et des coups et blessu- de dépôt, qui ne tarderont pas, conformé- fi és d’«indésirables», abandonnés à la fois res, réprimés par les tribunaux de première ment à l’ordonnance générale en date du par la justice et sous le coup d’un inter- instance et les tribunaux militaires. Ils 5 mars 1945 du garde des Sceaux, à être nement administratif consécutif au refus s’élèvent contre leur maintien en détention transférés à Eysses. La dernière catégorie des préfets des départements d’origine après la fi n légale de leur peine alors que est formée de prostituées et de quelques de les accueillir. La coexistence de ces po- des ressortissants italiens sont libérés. Il trafi quants de marché noir (les préfets pulations se prolonge du fait de la procé- s’agit d’étrangers internés dans l’attente d’une expulsion, dont les biens ont été confi squés et mis sous séquestre. A l’issue d’une grèvgrèvee de la ffaimaim menée entre les 3 et 6 janjanviervier 11945,945, ils obtiennent fi nalement leur libération et assignation à résidence quelques jours après.

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Pétition des « indésirables » (ADLG, 1 W 638)

(5) Dénonciation involontaire ou à la , propagande milicienne, fréquentation de miliciens, relations intimes avec des Allemands. 9 N ° 5 - 2 0 1 0

En fait, leur cas n’a pu être encore exami- né par le service de prévôté de la justice militaire, installée à la maison centrale d’Eysses, et par la commission de cri- blage du CDL qui traitent en priorité les suspects de collaboration. Les tensions entre populations n’échap- pent pas au directeur du camp qui aler- te le préfet à ce sujet le 27 décembre 1944 : « […] pas de personnel suffi sant ou un personnel qui ne veut pas compren- dre et voit dans les internés les miliciens armés, ce qui peut, un jour ou l’autre nous amener quelque fâcheux incident. Le point névralgique du camp est le quar- tier réservé aux anciens droits communs d’Eysses, internés administrativement. Il y aurait intérêt à se débarrasser des 16 actuellement à Carrère. C’est la plaie qui risque d’envenimer et de contaminer les autres quartiers.» Dans son rapport lien le lien le lien n le le l mensuel au ministre de l’Intérieur du 1er lie ien l e l e l e janvier 1945, il renchérit appréhendant « en lie li li n e avec angoisse, connaissant leur manière le le n n l l de se comporter, le jour où, à Carrère, tout e ie e li n l un quartier devra leur être réservé ». e ie l le n Le malaise est relayé dans la presse qui en l li li e entretient la défi ance de l’opinion publique le e lie n n e l n à l’endroit de l’administration considérée li e le le l l comme trop laxiste avec les anciens col- n i ie lie e n (6) le laborateurs.le Ainsi, La Voix du Midi , dans n n lie e lie n n l l son article ldue l29ie njanvierle li e1945,n le «li eMiliciens e l et collaborateurs en vacances », dénonce i e le grand désordre qui règne dans le camp, n permettant aux anciens collaborateurs de bénéfi cier d’une grande liberté et d’un meilleur régime alimentaire que celui de la population locale. S’ensuivent régulièrement des articles dont celui consacré à Louis Palanque, président départemental de la Légion française des combattants, qui fait l’effet (ADLG, 1741 W 28 n°755 ) d’une bombe. À Carrère est installée une antenne de la commission de vérifi cation des interne- UN PENSIONNAIRE NOTOIRE, (7) ments administratifs chargée d’examiner Louis Palanque la situation des prévenus : l’inspecteur de Cet avoué à la cour d’appel d’Agen et ancien combattant des deux guerres a occupé police Blanc y est détaché pour assurer les fonctions de secrétaire à compter de les fonctions de président de la Légion française des combattants et des volontaires janvier 1945. de la révolution nationale de Lot-et-Garonne. Désigné directement par Pétain après Cette situation annonce des antagonis- mes plus profonds qui alimenteront les la défaite de juin 1940, il est à la tête, en avril 1941, de 20 000 légionnaires regroupés patriotes de Carrère. en 262 sections communales dirigées par 46 présidents cantonaux. S’appuyant sur ces anciens combattants, il diffuse les principes de la révolution nationale et mène une propagande anticommuniste et contre les patriotes. Il devient ensuite délégué régional de la Légion de Toulouse-Pyrénées. Il est arrêté le 4 août 1944 par le colonel Beck alors qu’il cherchait vraisemblablement à contacter la Résistance. Après enquê- te et plusieurs mois de détention à la maison centrale d’Eysses puis d’internement au camp de Carrère, qu’il gagne le 4 décembre 1944, la commission de vérifi cation des mesures administratives privatives de liberté considère qu’il n’y a pas lieu de le déférer devant les tribunaux et le relâche vraisemblablement au début de l’été 1946. Cette mesure suscite un immense tollé dans la presse de gauche.

(6) Journal quotidien du peuple édité à Toulouse par le Parti communiste français puis organe de la région toulousaine. Faisant suite à La Voix des travailleurs de Toulouse, Haute-Garonne et Ariège (1936-1937), il paraît entre le 5 février 1937 et le 29 décembre 1946 et devient L’Echo de la Garonne (1947-1952). (7) 10 D’après Jean-Pierre KOSCIELNIAK, Collaboration et épuration en Lot-et-Garonne, 1940-1945, Nérac, Éditions d’Albret, 2003. N ° 5 - 2 0 1 0 tifs ) ra

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11 N ° 5 - 2 0 1 0

Les Patriotes de Carrère

senties comme une terrible injustice, les Plan d’évasion (ADLG, 1 W 626) détenus Marcel Lerbey et Jean Rebeyrol ont l’idée de créer en mars 1946 une asso- Le camp est l’objet d’une nouvelle évasion Deux associations en une ciation regroupant « tous les patriotes anti- au fondement insoupçonné qui ébranle le fascistes, victimes des tribunaux réaction- camp et son administration. QUI SONT-ILS ? naires et militaires fascistes, à la libération Les membres évadés appartiennent à Mise à jour du sol national, ainsi que sous le régime de l’Association des Patriotes de Carrère qui Vichy ». Baptisée « Amicale des Patriotes est une émanation de l’Amicale des Patrio- de Carrère », l’association est dotée de sta- Dans la nuit du 29 au 30 mai 1946, une tes de Carrère, fondée un mois plus tôt tuts rédigés par Lerbey et est administrée évasion de sept détenus, apparemment par des anciens résistants Francs-tireurs par un bureau où Rebeyrol et le même Ler- semblable aux précédentes, révèle l’exis- et partisans français (FTPF), condamnés bey occupent respectivement les postes tence d’une association secrète regrou- à la Libération pour des délits de droit de président et de secrétaire. L’association pant des détenus du camp. commun (vol qualifi é, perquisition illégale, rassemble 79 membres : 42 civils et 37 trafi c de denrées contingentées, séques- militaires. Bien qu’interdite, elle s’emploie Correspondant à l’aide de grille et d’un tration, arrestation illégale, et port illégal à fédérer les résistants du camp afi n d’ob- code secret appelé « «3-6-9 »(8) avec d’uniforme et de décoration). tenir des améliorations à leurs conditions les détenus en chantier extérieur, Roger de détention, une réhabilitation à la mesure Lecomte met au point avec le détenu QUELS SONT LEURS OBJECTIFS ? des délits et leur libération individuelle par Henri Bernard les derniers préparatifs de À la suite des grâces et remises de pei- grâce ou amnistie. l’évasion. C’est ainsi que le 29 mai 1946, nes accordées aux con- Bernard, se faisant oublier à l’extérieur damnés pour f faitsaits de grâce à la complicité d’un gardien, pro- collaboration, détenus à voque pendant la nuit une panne de cou- Eysses,Eysses, qu’ils ont res- rant qui plonge le camp dans l’obscurité. Lecomte et ses camarades en profi tent pour cisailler les barbelés de l’enceinte et pour fuir dans la campagne en direc- tion d’Agen, pensant rejoindre un ie groupe d’anciens maquisards lien le l n le lien n le le li dans les Landes. Mais, mécon- lie en l le e naissant la topographie locale, ils lie li n e sont rapidement interpellés par le n l l les gendarmes. L’enquête, menée ie e n l ie par la brigade mobile de Bordeaux l n e et le service des renseignements l le ie généraux d’Agen, met au jour, à l’ap- n lie l n pui de l’interrogatoire des intéressés e le l leti de leurs archives abandonnées, deux i en e le n associationslie secrètes successives. Leure lie n n l l organisation, lactivitée lien etle objectifslien le sontlie éta- e l blis en octobre 1946 lors du procès des i e sept évadés devant le tribunal d’instance n d’Agen.

) 03 n° 874 (ADLG, 2U 6 Statuts de l’Amicale des Patriotes de Carrère (8) Consistait dans le message écrit à prendre le troisième, (ADLG, 2U 6 12 le sixième et le neuvième mot et ainsi de suite pour constituer le sens du message. 03 n° 874) N ° 5 - 2 0 1 0

En outre, l’esprit de solidarité combiné à une discipline doit permettre d’entretenir le niveau intellectuel et moral des « cama- rades » en les protégeant de la corruption des récidivistes, et maintenir une relation fraternelle à la Libération. Lerbey et Re- beyrol présentent leurs revendications au lien le lien le lien n le le sous-directeur parmi lesquelles fi gurent lie lien l e l e l e le droit de fumer, d’écrire tous les diman- en lie li li n e ches à leur famille et de pratiquer la cultu- le le n n l l re physique. Ils obtiennent selon Rebeyrol e ie e li n l quelques améliorations, dont le transfert e ie l le n des détenus Waffen-SS à la maison cen- en l li li e trale d’Eysses. En revanche, la direction le e lie n n e l se n refuse de les regrouper au sein d’un li e le le l même ldortoir. n i i ie e en le l Après l’éloignementle de Lerbey et n n lie e lie n n l l Rebeyrol en chantierle extérieur,lien le l Lecomteien le li e e l n’ayant pu bénéfi cier d’aucune faveur i e

réactive l’Association des Patriotes de n Carrère. Créée en avril 1946, elle devait, d’un commun accord avec ces derniers, rester mort-née pour s’en tenir au pro- gramme de la première association. Doré- navant, son objectif prioritaire est d’orga- niser une évasion à tout prix.

Alors que l’Amicale était empreinte de légalité et de pacifi sme, ce mouvement Rapport d’activité de l’Association des patriotes de Carrère du 5 avril plus radical, à tendance extrémiste et li- 1946 sur la nouvelle tactique adoptée (ADLG, 2 U 603 n° 874) bertaire, combine une organisation civile avec une organisation propre à une armée secrète. Il est axé sur un comité formé du président Lecomte, du commissaire souci d’authenticité, les rédacteurs politique Lerbey absent, et du secrétaire avaient établi différents types de do- Glorieux, doublé d’une unité combattante cuments – statut, contrat d’engage- formée de treize groupes de huit hommes ment, carte de membre, rapport d’ac- dispensant une formation militaire pour tivité – rehaussés pour l’Amicale par reprendre le combat à l’extérieur. les illustrations de Gilbert Coindreau, dessinateur d’étudesd’études de professionprofession ; L’association au discours antifasciste ces pièces semblent relereleverver d’une as- et anticapitaliste prône une discipline sociation déclarée en préfecture. rigoureuse et un engagement reposant sur une entente cordiale, une union mutuelle et une discrétion relevant du secret défense ; leurs mots d’ordre sont « Silence – Conscience – et Stoïcisme ». Le « Règlement et consignation contrac- tuelle » stipule aussi les peines infl igées aux patriotes défaillants : les détracteurs, renégats, dénonciateurs et traîtres à l’as- sociation seront punis par l’exécution pure et simple. Le comité rédacteur s’est pris à rêver de diffuser son activité dans tout le pays : Lecomte avait préparé un commu- niqué, « L’injustice continue », destiné à être diffusé par la presse. Les nombreux documents légués sont d’une qualité exceptionnelle au regard de leur contexte d’établissement, la clan- destinité, et du soin apporté tant à leur rédaction qu’à leur présentation. Non seulement les documents de la seconde association n’ont pas été détruits par Le- comte, conformément à l’engagement qu’il avait pris envers les autres membres fondateurs, mais un heureux concours de circonstances a retenu dans les bar- belés la musette les contenant. Dans un ernard 03 n° 874874) (ADLG, 2 U 6 Cartes de membre de Serge Glorieux et Henri BernardB

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IMPACT bres sont dispersés dans différents éta- La « condition injuste » de ces patriotes blissements pénitentiaires. En dépit des non seulement touche les gardiens en soutiens à l’intérieur du camp et dans grande majorité acquis à leur cause ainsi l’opinion publique, leurs revendications que les gardes extérieurs, mais trouve un n’ont pas abouti pour une grande majo- appui auprès du PCF et de journaux de rité d’entre eux, contrainte de partager in gauche et d’anciens combattants qui, au fi ne le sort des politiques dont elle voulait travers d’une campagne de soutien, sont se démarquer. Bien que se considérant prêts à les aider. Tous dénoncent la libéra- comme des héros et non comme des tion honteuse des miliciens détenus à la « salauds » – incarnés à leurs yeux par centrale d’Eysses alors que des résistants les collaborateurs – ces résistants ordi- croupissent en prison. Le préfet alerte le naires, affranchis des règles de la justice garde des Sceaux le 6 juillet 1946 sur la républicaine, se sont abrités derrière la nécessité de déplacer dans les plus brefs Résistance pour commettre leurs méfaits. délais le camp. La proximité avec la cen- La Justice a donc distingué le résistant du trale d’Eysses, où des détenus politiques malfaiteur. L’impact de ce collectif demeu- purgent des peines supérieures à dix ans, re symbolique et anecdotique puisque ses conjuguée à un emplacement dans une membres ont purgé intégralement leur région majoritairement hostile à la collabo- peine alors que certains miliciens profi - ration, où la population est tentée de s’api- taient deux ans après la Libération d’une toyer sur le sort des condamnés de droit mesure d’amnistie. commun, risque de nuire à la paix sociale. Un an plus tard, la détention de militaires nord-africains condamnés de droit com- ÉPILOGUE mun rappelle la situation des patriotes, Cette évasion manquée porte un coup fa- même s’ils s’en démarquent en se signa- tal aux deux associations dont les mem- lant auprès d’un haut dignitaire marocain.

DES SOLDATS COLONIAUX À CARRÈRE De nouveaux patriotes se déclarent en 1947 parmi les Nord-Africains détenus à Car- rère. Ces Algériens et Marocains sont en grande majorité des combattants de l’ar- mée de Libération (1e armée française) du général de Lattre de Tassigny appartenant aux divisions marocaines de montagne, d’infanterie algérienne et blindées. Ces mo- destes cultivateurs, ayant parfois déjà servi dans les armées de Vichy ou de la France Libre, participent au débarquement en Provence et à la Libération de la France, ainsi qu’aux combats en Allemagne qu’ils occupent à la fi n des hostilités. Coupables de délits et crimes (attentat à la pudeur, coups et blessures, vol, viol, rébellion, dé- sertion et meurtre) durant leur service armé, ils sont condamnés en 1945 par les tribunaux militaires de la 1e armée française à des peines correctionnelles, réclusion- naires et de travaux forcés oscillant entre 3 et 10 ans. Écroués en deux vagues les 31 janvier 1946 et 26 septembre 1947 au camp de Carrère, ils sont encore 200 environ à l’automne 1947, soumis à un climat préjudiciable à leur santé et exposés aux attein- tes de la tuberculose, quand leur situation trouve une résonance nationale. Écroués en deux vagues les 31 janvier 1946 et 26 septembre 1947 au camp de Carrère, ils sont encore 200 environ à l’automne 1947, soumis à un climat préjudiciable à leur santé et exposés aux atteintes de la tuberculose, quand leur situation trouve une résonance nationale. En effet, Si Kaddour Ben Gabrit, directeur de l’Institut musulman à Paris, ministre plénipotentiaire du sultan du Maroc, vient se rendre compte le 10 novembre 1947 des conditions de vie de ses coreligionnaires et leur fait don de nourriture et de vêtements. A cette occasion, le détenu Meslem rappelle dans son allocution leur engagement armé au service de la patrie et lui demande de plaider leur libération auprès des autorités françaises. Pour cela, il juge vénielles les fautes qui leur sont reprochées et rappelle leur fi délité au GRPF lors des troubles survenus en juin et septembre dans le camp. Au fi nal, ces détenus n’ont pas bénéfi cié de remise de peine particulière : certains achèvent leur détention à Carrère tandis que d’autres sont transférés au camp de Bandol (Var) le 4 novembre 1947 ou à Alger, le 17 mars 1948, plus près de leur famille.

Écrous du camp de Carrère (ADLG, 949 W 1)

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Deux fi gures emblématiques

PARCOURS DU FONDATEUR DE L’AMICALE DES PATRIOTES DE CARRÈRE : Marcel Lerbey Toulousain exerçant les professions libération de Toulouse le 19 août 1944. 14 août 1947 et déclare se retirer à Cas- de boulanger et de comptable, Marcel À la Libération et jusqu’à la fi n 1944, il est seneuil. Lerbey adhère tour à tour aux Jeunes- affecté au 2e bureau FFI du Capitole à Tou- ses socialistes et libertaires puis au Parti louse en qualité d’inspecteur principal de communiste en 1936 où il prend une part la Sûreté nationale avecavec la chargecharge d’arrêterd’arrêter active aux élections législatives de 1936 les collaborateurs. AAussitôtussitôt après, il ss’enga-’enga- puis aux grèves de 1937. Il réussit même à ge dans l’armée pour la durée de la guerreguerre s’infi ltrer au Parti populaire français (PPF) et rejoint l’école régionale des pour en saboter les élections cantonales, cadres où il fonde l’association mais, découvert, il fuit à Marseille pour « La fraternelle Fabien ». Affi liée échapper aux tentatives de meurtre de la au PPartiarti communiste, l’association Cagoule. Cet antimilitariste ayant, par ob- regroupe les anciens FFI de la 17ème jection de conscience, refusé de passer région. Mais ffaceace à la pression de le conseil de révision en 1932, parvient à l’armée sur les responsables locaux se faire réformer temporairement, échap- du PartiParti communiste, il doit dissou- pant de peu au conseil de guerre pour dre l’organisation. désobéissance continue. Après la défaite Démobilisé le 31 août 1945,1945, il est de 1940, il anime un syndicat clandestin arrêtéarrêté le 1616 août et condamné le 9 lien le lien le lien n le le révolutionnaire des boulangers, « L’ami- novembrenovembre 1 1945945 à deux ans de pri- lie lien l le le e cale des ouvriers boulangers français de son par le tribunal milit militaireaire de B Bor-or- n lie l lie n ie Marseille », sur les docks où il est arrêté deaux pour 125125 arrestationsarrestations illégales. l n le e er n l l le 1 février 1941 pour cambriolage des Incarcéré à Car Carrèrerère le 1 155 décembre e ie e li n l entrepôts. Condamné à trois ans de pri- 1945,1945, il f fondeonde a avecvec J Jeanean eR Rebeyrolebeyrol ie l le n son assortis de cinq ans d’interdiction de l’Amicalel’Amicale des P Patriotesatriotes de en Car Carrèrerère qui l li li e séjour qu’il purge à la maison centrale compte 79 membres.l eEn ttantant que com- e lie n n e l d’Eysses,n il est libéré le 4 février 1944 et missaire politique,li LerbeyLerbey rédige les sta-sta- e le le l rejointl le groupe de francs-tireurs et parti- tuts.tuts. Après enn avoiravoir informéinformé le directeur i i ie e en le l sans du Layetle dans les Landes pour échap- FougerouxFougerouxn dans l’espoir d’obtenir certai-certai- n lie e lie n n l l per à la déportationle enlie Allemagne.n le lien lArrêtée lie nes faveurs,faveurs, il est éloigné sur un chantierchantier e l sur dénonciation par les gendarmes de Ga- forestierforestier dans les Landes, le 1177 aavrilvril 11946,946, i e

barret, il est jugé à Pau où son rôle dans la et regagne le camp le 30 juin 1946.1946. Entre- n Résistance est masqué. Arrêté deux mois temps, la seconde association, dont il s’ests’est plus tard à sa sortie de prison par la Milice, désolidarisé a, sous l’autorité de Lecomte,Lecomte, ) Contrat d’engagement03 de n° Marcel 874 Lerbey il est fi nalement relâché et participe à la exécutéexécuté son plan d’évasion.d’évasion. Il est libéré le (ADLG, 2 U 6

PRÉSIDENTPRÉSIDENT DE L L’ASSOCIATION’ASSOCIATION DES PATRIOTESPATRIOTES DE CARRÈRE : Roger Lecomte

Ce comptable lillois, engagé comme adju- sion. Il rédige également dant au 43e RI, est arrêté pour vol qualifi é plusieurs documents qu’il et séquestration. Condamné par le tribu- conserveconserve dans sa muset musettete nal militaire à 5 ans de prison et d’interdic- avecavec l’espoir de les difdiffuserfuser tion de séjour, il est écroué à Carrère le 31 une f foisois en liberté. La pro- janvier 1946. Deux mois après, il adhère à pagande auprès des autres l’Association des Patriotes où il s’occupe résistantsrésistants – il aurait recueilli du groupe des condamnés militaires. 117117 adhésions – masque alors Après le démantèlement de la première son intention de rejoindre un association le 3 avril, Lecomte conçoit maquis des Landes. dès le soir du 4 la seconde organisation, Il réussit à s’évaders’évader en com- l’Association des Patriotes de Carrère, pagnie de ses fi dèles le 30 mai dont il s’empare et qu’il active après l’éloi- 19461946 mais est rapidement in- gnement de Rebeyrol et Lerbey. Sur la tercepté par les gendarmes qui base d’une organisation militaire stricte, le conduisent à la maison d’arrêtd’arrêt dont l’objectif est de recouvrer la liberté d’Agen.d’Agen. JugéJugé par le tribunal d’ins- à tout prix, il échafaude avec Glorieux et tancetance d’d’Agen,Agen, il est transféré à Pithi- Bernard le plan d’évasion qui doit servir viers le 1er décembre 11946946 où nous à quelques-uns de leurs camarades. Le- perdons sa trace. comte et ses complices agissent désor- mais non plus pour le groupe mais dans un but personnel : organiser leur éva-

4) 03 n° 87487 (ADLG, 2 U 6 ecomte oger L

Contrat d’engagement de RogerR Lecomte 1515 N ° 5 - 2 0 1 0

Juridictions évoquées

TRIBUN AU X DE DROIT COMMU N TRIBUNA U X D ' E X CEPTION (aptes à connaître toutes les affaires SAUF celles confiées aux ...

JURIDICTIONS ORDINAIRES JURIDICTION SPÉCIALE JURIDICTIONS D'EXCEPTION RÉPRESSIVES TEMPORAIRES TRIBUNAL DE COUR COUR TRIBUNAL 1ère INSTANCE D'ASSISES D'APPEL MILITAIRE DE VICHY À LA LIBÉRATION

DÉLIT Tribunal CRIMES ET Cour de Chambre de mise spécial Section DÉLITS DE en accusation Révolutionnaire Spécial (24/04/1941) justice spéciale PRESSE (02/08/1944 - (07/10/1944 - (14/11/1944 (26/08/44) (1881-1944) Civil Pénal Tribunal des Chambre civile début sept. 1944) début nov. 1944) Section au 05/03/1948) enfants spéciale (appel des tribunaux Permanent Faits graves de collaboration (1) de 1ère instance) (14/08/1941) Chambre Tribunal civique > Traitement en temps de guerre de Cour correctionnel (18/01/1945 Chambre toutes les infractions commises martiale (juge à la Libération, par les militaires : au 23/04/1947) les individus ayant correctionnelle (20/ 01/1944) > Français engagés militairement aux commercé (appel de tous les Faits de collaboration ayant nui côtés des Allemands avec l'ennemi) jugements correctionnels) aux intérêts du pays (2) > Allemands jugés pour crimes de guerre Cour et auteurs de délits criminelle extraordinaire > Prend en charge le cas des collaborateurs avant l'instauration des (14/05/1944) CJ et CC et après leur dissolution. > Juge, pendant l'exercice des CJ et CC, Légende des dates : les ex-ennemis Caractère normal = exercice en Lot-et-Garonne Caractère italique = décret d'instauration

TRANS MISSION DES AFFAIRES EN COURS APRÈS LEUR SUPPRES SION MO T I F S D ’INCULP A TION DES POPULA TIONS DU CAMP DE CARRÈRE

Droits communs Politique

Vol, tentative de vol, complicité de vol, recel, vol qualifié, violence, blessure volontaire, port d’armes, abus de Atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat, intelligence avec confiance, escroquerie, faux et usage de faux, homicide, meurtre, assassinat, attentat aux mœurs, outrage l’ennemi, trahison, espionnage, acte de nature à nuire à la public à la pudeur, vagabondage spécial, incendie volontaire, agression nocturne, pillage en temps de guerre, défense nationale, agisement anti-national. crimes et délits militaires (désertion, abandon de poste, violation de consignes…), viol et tentative de viol, trafic de denrées contingentées, abattage clandestin, pratique du marché noir, défaut de déclaration de récolte.

RÉGIME DES PEINE S

DE SIMPLE POLICE CORRECTIONNELLES CRIMINELLES POLITIQUES ACCESSOIRES COMPLÉMENTAIRES

� � Amende Amende � Détention de 5 à 20 ans S � Interdiction légale � Relégation Afflictives et Infamantes � Séjour en prison � Emprisonnement � Déportation dans une � Interdiction de � Confiscation des � < 5 jours < 5 ans infamantes enceinte fortifiée séjour biens � � Bannissement � Mort � Déportation simple ERPÉTUELLE � Dégradation Travaux forcés � Dégradation nationale P nationale (loi du Réclusion - Privation des droits � Bannissement civiques 5/01/1951) � Dégradation civique - Destitution de fonction - Dégradation militaire

(1) Auteurs d’actes entre le 16/06/1940 et la Libération révélant l’intention de favoriser les entreprises de l’ennemi (gestapiste, milicien). (2) Français ayant apporté après le 16/06/1940 une aide directe ou indirecte à l’Allemagne et ses alliés, ou porté atteinte à l’unité de la nation ou à la liberté et à l’égalité des Français (parti collaborationniste, SOL, fonctionnaire de Vichy, auteur d’actes mineurs de collaboration économique, femme ayant fréquenté l’occupant. UN CAMP CONTESTÉ EN SURSIS Mobilisation de l’opinion publique

Au cours du second semestre 1946 et majeur de troubles par les autorités, mais publicité à l’affaire. Au moment de l’évasion, de l’année 1947, Carrère est de nouveau comme une provocation par la presse le camp n’a jamais concentré autant de agité par des scandales. Il ne se passe communiste quand les détenus politiques politiques : 814 sur les 1034 passés à pas quinze jours sans qu’une évasion se bénéfi cient d’amnisties. Ce profond malai- Carrère, contre seulement 82 droits com- produise ou que les dérives de la gestion se se transforme alors en vif émoi lorsque muns. Les 76 détenus évadés sont tous laxiste du camp surgissent au grand jour. ces derniers parviennent à s’évader en sans surprise des politiques condamnés(9) Le détournement de denrées contingen- nombre le 26 septembre 1947, concourant par les cours de justice et 51 sont des tées au profi t des détenus (mars-sep- au sentiment d’insécurité dans la popula- récidivistes de droit commun. Dès le 27 tembre 1946), la semi-liberté de certains tion locale. La presse patriote et des an- septembre au matin, alors qu’un grand d’entre eux et autres infractions au règle- ciens combattants s’empare de l’événe- nombre d’évadés, abandonnés par les me- ment sont régulièrement dénoncés dans ment, appuyée par les partis politiques qui neurs, errent sans but, 32 sont repris ou se la presse régionale. Après la phase d’in- organisent une ardente campagne d’indi- livrent à la gendarmerie la plus proche ou ternement préventif, les collaborateurs gnation. Le président socialiste du conseil encore réintègrent le camp ; pendant ce condamnés par les tribunaux spéciaux général nouvellement élu, Rodolphe temps, les instigateurs de l’évasion, une sont à nouveau placés, à la fi n de l’année Roubet, ne place-t-il pas, dans ses vœux de demi-douzaine d’anciens SS et LVF courent 1946 en nombre à Carrère aux côtés des politique générale du 16 avril 1946, l’épura- toujours grâce à des appuis extérieurs. droits communs. Cette promiscuité est tion au rang d’impérieuse nécessité ? non seulement perçue comme un risque La presse régionale donne une grande

(9) Ces politiques ont été condamnés pour trahison, atteinte à la sûreté extérieure de l’État, actes nuisibles à la défense nationale, intelligence avec l’ennemi et activité antinationale. 16 N ° 5 - 2 0 1 0

Pour la gauche relayée par La Giron- de populaire (10) , cette évasion s’ins- crit dans le « Plan bleu », complot anticommuniste préparé en 1946- 1947. Une organisation formée d’anciens vichystes, résistants et généraux cagoulards, comman- (ADLG, 1825 W 16) dant deux divisions d’occupation Tract pour le meeting de gauche en Allemagne, est découverte par les renseignements géné- par le président Vincent Auriol à Louis Jouf- raux alors qu’elle projetait de- freau, condamné à mort(12) par la cour de puis la Bretagne de marcher sur justice de Lot-et-Garonne en février 1946, Paris pour prendre le pouvoir. Le ne passe pas. Tous réclament l’exécution de complot est révélé par le minis- ce milicien tristement connu dans le Ville- tre de l’Intérieur le 30 juin 1947. neuvois pour ses nombreuses implications L’opinion publique sous le choc aux côtés des Allemands et de la Milice, craint que des ramifi cations de notamment le 21 mai 1944 lors de la rafl e l’organisation soient encore ac- à Lacapelle-Biron, et en juillet à Tourliac où tives. les Allemands tuent 11 résistants. À l’issue Les partis de gauche protes- de la réunion, un ordre du jour émanant du Numéro du 27-28 septembre 1947 tent contre les évasions massi- CDL est adressé au président de la Répu- (ADLG, 1825 W 16) ves de Carrère lors d’un grand blique : il met en garde les pouvoirs publics meeting organisé à l’initiative contre le laxisme à l’égard des traîtres de la du PCF et appuyé par la SFIO, Nation qui discrédite la justice républicaine. L’opinion publique est stupéfaite de la faci- le parti radical socialiste, des syndicats, Au fi nal, l’évasion est simplement le fait de lité avec laquelle l’évasion s’est produite. et des mouvements de résistance, an- brigands organisés plutôt que d’un complot De surcroît, la population ne comprend ciens combattants et déportés. Devant politique. Pour autant, la mobilisation de pas que l’enceinte n’offre pas de garan- un auditoire de 400 personnes, les dif- l’opinion publique locale a pour conséquen- ties plus sérieuses et que les gardiens ne férents orateurs, dont Gérard Duprat, ce directe de contraindre l’administration soient pas autorisés à faire usage de leurs critiquent avec véhémence les mesures pénitentiaire à opérer un vaste transfert des armes. insuffi santes prises pour empêcher les détenus politiques de Carrère à Eysses. L’émotion est telle que les partis politiques évasions. Ils dénoncent la responsabilité C’est dans un établissement désormais de gauche organisent un grand meeting des hautes sphères administratives et exi- entièrement réservé aux droits communs de protestation à Villeneuve-sur-Lot le 1er gent la reprise de l’épuration que la man- que 146 d’entre eux obtiennent fi nalement octobre 1947. suétude de M. Teitgen, ancien garde des leur libération par grâce présidentielle du 12 Sceaux(11) , a considérablement assouplie. juillet 1949, contrebalançant ainsi les amnis- La grâce accordée le 3 septembre 1947 ties en faveur des politiques.

LOIS D’AMNISTIE n le lien le le lie lien le > Loi d’amnistie générale votée le 16 avril 1946 sauflien pour les faits de collaboration ;lien l e l e > Loi du 15 août 1947 : porte amnistie partiellel qui concerne entre autres les moins de e18 en lie li ans et 18-21 ans sans activité effectivel iet frappés d’indignité nationale ; n e le le n > Loi du 9 février 1949 élargit l’amnistien des mineurs ; l l e ie e > Loi du 5 janvier 1951 transformeli la dégradation nationale en peine correctionnelle n li le e limitée à 20 ans maximum. Amnistie de plein droit des condamnés à moins de 15 le n en l li li e ans d’indignité nationalele ainsi que les condamnés à moins de 3 ans (peines courtes e lie n n ou correctionnelles)e ; l n li e le le > Loi du 6 août 1953 édicte une amnistie générale sauf pour les condamnés à mort âgés l l n i ie ie e n de 18le ansl pour viol, meurtre, torture ou dénonciation, les membres des services de le n n lie e lie n n l police ou d’espionnage de l’ennemi condamnés à plus de 20 ans de prison. l le lien le lien le lie e l i e

n

(10) Journal quotidien d’information de la Fédération de la Gironde du PCF. Sous la direction de Robert Vonnet, il paraît entre 1937 et 1948, à l’excep- tion de la période 1939 à 1944. Il devient en 1948 Les Nouvelles de Bordeaux et Sud-Ouest. (11) Démocrate chrétien des cabinets De Gaulle, Gouin et Bidault. (12) Peine de mort commuée en travaux forcés à perpétuité. 17 N ° 5 - 2 0 1 0

FRANÇAIS SOUS UNIFORME ALLEMAND : LVF ET WAFFEN SS

La Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF) est créée le 5 août 1941 à Paris à la suite de l’atta- que allemande sur l’URSS. Son comité central comprend les chefs des principaux mouvements parisiens : Déat, Doriot, Bucard, Costantini, Deloncle à qui échoit la présidence. L’hostilité du haut commandement allemand freine son recrutement pour atteindre environ 4500 hommes combattant sous l’uniforme allemand au sein du 638e régiment allemand d’infanterie. L’indiscipline, les rivalités politiques et la médiocrité du commandement provoquent une reprise en main allemande au début de 1942 et le détachement du contingent dans les zones arrières. En août 1944, les derniers combattants de la LVF seront versés d’offi ce dans la Waffen SS. Dans un souci de fournir à Hitler un gage de participation française à la guerre allemande, signe le 22 juillet 1943 l’acte par lequel est offi cialisée la création de la Sturmbrigade Frankreich, unité française de la Waffen SS, dans laquelle s’engage avec un certain nombre de miliciens. À la fi n de la guerre, une partie des survivants de la LVF et de la Waffen SS, les engagés de la Kriegsmarine, et des Schutzkommandos de l’Organisation Todt et des miliciens en fuite seront regroupés en une structure entièrement française, la divi- sion Charlemagne, formant la 33e division de la Waffen SS. Elle fournit l’un des derniers carrés de la résistance du bunker d’Hitler.

Vers la désaffectation

Le centre pénitentiaire de Carrère est dis- décembre au centre pénitentiaire du Vi- La restauration des baraquements est fi - sous en vue d’être désaffecté à compter geant (Vienne). Les derniers détenus sont nancée conjointement par la municipalité et du 15 décembre 1949 sur décision du transférés à Eysses le 5 janvier 1950. Pa- la caisse d’allocations familiales qui en ont garde des Sceaux en raison de la baisse rallèlement, les effectifs des gardiens du délégué l’aménagement et la gestion à l’as- des effectifs et de l’état de délabrement groupe pénitentiaire sont réduits suite au sociation des « Logements familiaux ville- des baraques nécessitant une restaura- licenciement des 44 surveillants auxiliai- neuvois ». En mai 1951, trois baraquements tion onéreuse. Le rapatriement des déte- res. transformés en logements à loyer modéré nus s’effectue en plusieurs vagues : les Environ 2 hectares 86 de terrain portant accueillent 21 familles. détenus placés en chantier extérieur y de- 14 bâtiments en maçonnerie légère sont Aujourd’hui, la vie de la cité René Rieus, du meurent mais sont désormais écroués à vendus à la commune de Villeneuve-sur- nom du maire républicain de gauche entre la maison centrale d’Eysses ; une quaran- Lot qui, en raison de la crise de logements, 1937 et 1944, semble comptée : le tracé de taine de détenus reste provisoirement « les transforme en habitations ouvrières. la future rocade de contournement de Vil- à demeure dans le camp » pour effectuer L’administration pénitentiaire conserve leneuve-sur-Lot nécessite la destruction de des opérations matérielles de liquidation par ailleurs les quatre constructions exté- la majorité des pavillons et le relogement tandis que les autres, environ 230, sont rieures à l’enceinte pour y loger des sur- des habitants, à l’exception d’une ligne de transférés dans la première quinzaine de veillants de la maison centrale d’Eysses. baraquements qui serait conservée. n le lien le le lie lien le lien lien l e l e l e en lie li li n e Emplacement d’une borne du cample de Carrère le n n l l sur le site de la cité actuelle (eÉnap - O. Baix) ie e li n l e ie l le n en l li li e le e lie sode militairen peu connu, ce lieu envisagé déchire, il est aussi un enjeu entre ministè- n e l n li e le commel e un espace d’enfermement provi- res : aux besoins locaux de places d’interne- l l n i ie ie e n lesoirel et modulable constitue la solution ment, l’administration pénitentiaire oppose le n n lie e lie n n l d’urgence peu coûteuse que Vichy et le sans équivoque une vocation de centrali- l le lien le lien le lie e GPRF retiennent pour prendre en charge sation des condamnés de toute la France. l i e

des populations indésirables ou dangereu- Toutefois, souffrant de faibles moyens ma- n ses. Dans l’ombre et au service de la mai- tériels et humains, Carrère n’a jamais cor- son centrale d’Eysses, Carrère fait alors rectement rempli son rôle d’établissement offi ce de sas permettant d’entrer et sortir pénitentiaire. Les scandales provoqués par du système carcéral pour les populations une gestion laxiste de l’administration, no- À l’instar d’autres camps, le camp de Car- que la centrale ne peut absorber faute de tamment en faveur des collaborateurs, et le rère a été créé pour répondre aux besoins place ou par incompatibilité. Mais c’est poids de l’opinion publique conjugués à des de régimes qui, successivement, dans lors du retour à la légalité républicaine que évasions retentissantes n’ont fait qu’accé- une logique d’exclusion et d’exception, Carrère, en tant que structure à la fois car- lérer sa désaffectation. y recoururent, tant les prisons et camps cérale et administrative, devient singulier. étaient insuffi sants. En dehors de l’épi- Théâtre d’une société hétéroclite qui se

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Les camps de la Libération St-Omer Béthune Calonne- (décembre 19441944) Montreuil Houdain Liévin Ostreville Valenciennes Arras Abeville St Quentin Péronne Grugny Amiens Vervins Pauvres Tourlaville Join Laon Lambert Jœuf Pontoise St-Denis Sully Gailon Drancy Château-Thierry Bonneville- Evreux Argenteuil Écrouves sur-Touques Poissy Romainville St-Pabu Les Tourelles Sées Dreux Versailles Alençon Rambouillet Melun Châteaulin Dinan Chartes St-Maurice-aux- Rennes Beauchamp Phitiviers Quimper Laval Beaune- Riches-Hommes Le Mans la-Rolande Sarzeau Orléans Jargeau Auxerre Andelarre Versoul Châteaubriant Angers Blois Le Bocage Dijon Fontevrault Besançon Nantes Tours Bourges Cholet Nevers Autun Beaune Arc-et-Senans Chatellerault Chalon-sur- Camps d’internement Pougues- Le Creusot Pontarlier Fénéry les-Eaux Saone Bourg- Douadic Montceau- Varennes- Louhans nombre d’internés les-Mines Thonon- sous-la-Roche Poitiers les-Mâcon Paray-le-Monial les-Bains 1 -50 Camp provisoire accueillant Niort Rouillé des prisonniers de guerre Salles La Pigue Vichy Macon 51 - 200 Melle La Bécassinière Matha Montussant Annecy Nexon 201 - 600 Centres non localisés Angoulème Clermonts- (placés au chef-lieuchef-lieu du Ussel Pré de Ferrand Les Alliers Tulle la Reine 601 - 1000 département) Fort-Barreau St-Flour Le Puy Brive 1001 - 1500 Mauzac Aurillac Mérignac Herbouze Rieucros Chomérac Gap Plus de 1500 Marmande Ca Villefranche Rodez Mende St-Vincent Moulin du Lot de-Rouergue 0 100 km les-Forts Septfonds Millau Sorgues Brens Nice St-Afrique Avignon La Galinière Sources : ArcArchiveshives nationales, F7 1150875087 (les résultrésultatsats de certcertainsains départements Montauban St-Sulpice- n’étaientn’étaient pas encore parparvenus)venus) Le Seilhan la-Pointe Montpellier Arles Château Antibes de St-Mitre Le Pole Noé Béziers Idron Castenaudary Bandol Gurs Tarbes Pau Carcassonne Narbonne Ger Foix Rivesaltes Perpignan Les camps en Lot-et-GaronneLot-et-Garonne (1939 - 1949)

Marmande (septembre - octobre 1944) Fumel 505e GTE Casseneuil Camp de la Glaudoune (1939-1940) Camp de la gare dit des Espagnols et 536e GTE Bias Camp d’Astor Paloumet n le lien le le lie lien le Sainte-Livrade-sur-Lot Villeneuve-sur-Lotlien lien l Camp de Carrère (1944-1945)le le e Camp du Moulin-du-Lot n lie l (1939-1940) Allez-et-Cazeneuve lie n ie 308e GTE [juin 1941 - septembre 1942] l n le e bis n l l Centre d’accueil 23 du châteaue de Tombebouc (à/c sept. 1943) ie e Buzet-sur-Baïse li n l e er ie Centre départemental de 308 GTE de Tombebouc (juin/juilletle 1941-1 sept. 1942) l n n CTE (Compagnie de travailleurs étrangers) e groupement des indésirables eie l le 308l CTE (1939) ie français et étrangers (1940-1941) Agen le lie n 308e GTE [1940-juin 1941] GTE (Groupement de travailleurs étrangers) n e l n li e le le Cantonnement de la poudrerie nationale l l n i i ie e en le l le n n lie e lie Indésirables n n l l le lie le lie e n le lien Camp d’hébergement pour étrangers l i e Camp d’internement administratif n

19 ien le lien le lie le l n lNe ° 5 - 2 0 1 0 lien lien l e l e l e en lie li li n e le le n n l l e ie e li n l e ie l le n en l li li e le e lie n n e l n li e le SYNTHÈSE SUR LES CAMPSle FRANÇAIS l l n i i ie e en le l le n n lie e lie n n l l D’INTERNEMENTle lien le lien le lie - 1938 - 1946 e l i e

n L’internement administratif a fait l’objet de 4 politiques successives : ❏ La Troisième République fi nissante : mesures d’exception et habitude d’exclusion, 1938 à juillet 1940 ❏ Gouvernement de Vichy : la logique de l’exclusion, juillet 1940 - juillet 1942 ❏ L’antichambre de la mort et la gestion des contraintes, 1942 - 1944 ❏ A la Libération : l’épuration, 1944 - 1946

La Troisième République fi nissante : mesures d’exception et habitude d’exclusion, 1938 à juillet 1940 Sous les gouvernements Daladier et est ouvert à Rieucros, en Lozère, pour est directement liée au Pacte germano- Raynaud (10 avril 1938 - 17 juin 1940) accueillir les « indésirables étrangers». soviétique du 23 août et à la déclaration une législation de l’internement fondée de guerre du 3 septembre 1939. Lors de cette période, deux séries mas- sur deux textes se met en place : sives d’internements s’opèrent : Les Allemands et les Autrichiens ◆ Le décret-loi du 12 novembre 1938 installés en France seront convo- La première série d’internements « relatif à la situation et la police des qués, rassemblés et internés comme est avant tout une réponse dramatique- étrangers » autorise l’internement « ressortissants de puissances enne- ment improvisée à une conjoncture ex- « des indésirables étrangers », mies », selon le décret-loi du 1er sep- ceptionnelle, à savoir l’affl ux massif de tembre 1939. Cette mesure touche ◆ Le décret-loi du 18 novembre 1939 réfugiés espagnols après la défaite de la 18 000 à 20 000 personnes qui avaient généralisant le précédent et visant république espagnole (février 1939). pour la plupart fui les persécutions anti- « les individus dangereux pour la 330 000 personnes sont entassées sémites et la répression politique dans Défense nationale ou la sécurité dans des conditions catastrophiques sur leurs pays d’origine. publique », qu’ils soient étrangers ou les plages du Roussillon, comme Arge- français. lès ou Saint Cyprien. Le 22 février 1939, le premier camp La deuxième série d’internements

Le gouvernement de Vichy : la logique de l’exclusion, juillet 1940-juillet 1942

Le gouvernement de Vichy utilise ensui- L’internement dans les camps est alors L’embrigadement dans ces groupes te ces camps pour faire de l’exclusion régi principalement par trois nouvelles de travailleurs étrangers prenait un un fondement du nouveau régime. lois : caractère punitif, et certains avaient même leurs cantonnements dans Pendant plusieurs mois, le régime s’or- ◆ La loi du 3 septembre 1940 qui sup- l’enceinte des camps; ganise dans l’atmosphère de désordre prime les quelques garanties juridi- et de confusion qui suit la débâcle. Il ques existantes et prévoit l’interne- ◆ La loi du 4 octobre 1940 qui prévoit pose, dès le début, les jalons d’une nou- ment, dans les centres de séjour sur-- que « les ressortissants étrangers de velle politique de l’internement et de veillé, de « tous individus dangereux race juive pourront (…) être internés répression, en rupture avec les principes pour la défense nationale ou la sécu- par décision du préfet du départe- et les pratiques de la IIIe République. rité publique », c’est-à-dire dans un ment de leur résidence ». premier temps, des seuls communis- À la base de cette politique, on trouve tes; un argumentaire que développent les nouveaux gouvernants : il faut cher- ◆ La loi du 27 septembre 1940 qui cher la responsabilité de la défaite dans astreint, si nécessaire, « les émigrés « les tares qui minent en profondeur la en surnombre dans l’économie fran- société française », à savoir le complot çaise » à être versés dans des grou- juif, franc-maçon, communiste et étran- pes de travailleurs étrangers (GTE), - ger. La régénération du pays, condition notamment pour l’exploitation à bon de son redressement, passe par l’ex- compte des mines du sud de la France. clusion de ces quatre fi gures de « l’anti- France ».

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Camp d’internement de Pithiviers (Loiret), 10/02/1942 (Document conservé aux Archives nationales, Paris. Cliché atelier photographique des AN, F7 15101)

Le gouvernement de Vichy : l’antichambre de la mort et la gestion des contraintes, 1942 - 1944 Le printemps et l’été 1942 constituent un travail volontaire en Allemagne (STO). touchent aussi les populations que sa tournant. La collaboration d’État devient politique d’exclusion vise en premier. Par ailleurs, la sécurité reste un impé- pour Vichy une gestion des contraintes ratif majeur pour l’occupant qui exige la Il y a aussi une volonté d’évolution qu’on car dès lors, en matière d’internement, déportation en Allemagne des internés peut lier à deux facteurs : l’évolution de les objectifs des Allemands sont pré- politiques. l’opinion publique, très spectaculaire dominants. En effet, les camps d’inter- après les rafl es et les déportations de nement vont désormais constituer des Dans ce nouveau contexte, le gouver- l’été 1942, et le constat que l’interne- camps de transit dans la mise en oeuvre nement de Vichy accepte de cogérer ment administratif n’est plus une arme de la « solution fi nale en France » visant l’application de la « solution fi nale » et effi cace contre les communistes qui les juifs. l’exploitation de la main-d’oeuvre de sont passés dans la clandestinité. France. Pour les autres populations concernées Quoi qu’il en soit, il est clair que les par l’internement, l’exploitation de la Le camp d’internement, tel qu’il a été camps ont changé de fonction et ne main-d’oeuvre devient de plus en plus conçu par Vichy depuis l’été 1940, tombe peuvent plus apparaître comme un ins- pressante et les camps servent alors de alors en désuétude mais le régime est trument essentiel dans la politique d’ex- réservoir pour la construction du mur de aidé par les faits, puisque les déporta- clusion mise en oeuvre par le régime. l’Atlantique (organisation Todt) ou pour le tions et les ponctions de main-d’oeuvre

A la Libération : l’épuration, 1944 - 1946

Les camps n’ont pas disparu avec la d’exception, ont alors pu contribuer à retraite et la défaite progressive des une sorte de régulation sociale, en par- armées allemandes. ticipant à la prise en charge offi cielle et juridique de l’épuration. Entre la Libération des premières ré- gions métropolitaines en juin 1944 et la Si les charges pesant sur la personne libération du dernier interné administratif suspectée étaient fondées alors la justi- en mai 1946, ils furent même plus nom- ce intervenait. Si elles s’avéraient infon- breux que jamais. La guerre continuait et dées, alors la libération de la personne des mesures de sécurité s’imposaient. était prononcée, pour autant que le cli- Il s’agissait à la fois de solder les comp- mat social le permette. tes et de construire le nouveau régime sur des bases solides, dans l’unité na- lien le lien le lien n le le li tionale reconstituée, par une nécessaire lie en l le le e l épuration qui visait les Français ayant en ie li li n e le le n collaboré avec les autorités d’occupa- n l l e Camp d’internement de Saint-Sulpice-La-Pointe (Tarn) ie e li n tion allemandes. (Document conservé aux Archives nationales, Paris. li le l e Cliché atelier photographique des AN, F7 15108) e n Les camps d’internement, mesures en l li li e le e lie n n e l n li e le le l l n i i ie e en le l le n n lie e lie n n l l le lien le lien le lie e l i e Synthèse établie d’après Denis Peschanski, «La France des camps : l’internement, 1938 - 1946», Paris, Gallimard, 2002 n

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Photo de la cité actuelle (Énap - O. Baix) LE CAMP DE CARRÈRE Chronologie 3 septembre 1939 Déclaration de guerre de la France à l’Allemagne 22 juin 1940 Signature de l’armistice avec l’Allemagne 10 juillet 1940 Vote des pleins pouvoirs au Maréchal Pétain 29-30 août 1941 Venue à Agen et à Nérac du Maréchal Pétain et de l’amiral Darlan 11 novembre 1942 Invasion par les Allemands de la zone libre Février 1943 Installation de la Gestapo à Agen 28 février 1943 Naissance offi cielle de la Milice en Lot-et-Garonne 15 septembre 1943 Rattachement de l’administration pénitentiaire au secrétariat d’Etat à l’Intérieur A partir d’octobre 1943 Concentration des détenus politiques de la zone sud à la maison centrale d’Eysses lien le lien le lien 9-11 décembre 1943 « Les Trois Glorieuses » : révolten le collective des détenus d’Eyssesle l qui lie lien ien l e ien le le lie le e empêche le départ d’internésl administratifsle l vers la zone nordn le en ien lie lie li li l n n le 24 janvier 1944 Nomination due milicienl eJoseph Schivo à la tête de la maison le l e n l n l e n e ie l li l e li n ie ee centraleli d’Eyssese le n n l e l ie l n li le le n 19 février 1944 Echecn de laie tentative d’évasion collective des 1200 détenus politiques d’Eysses e ie l n l li le l le ie e le le n lie 23 février 1944 n Exécutionen de 12 détenus condamnés à mort par la cour martiale instaurée par Joseph n e i li l le n li l ee le le leDarnand, chef de la Milice. n li l e li n n i n e lie ie le n le l e le le n 31 mai 1944le Déportation de 1121 détenus d’Eysses à Dachau n l lie l l ie le n i ie n n lie l e n le lien le lien le lie le e le en 6 juin 1944 Débarquement allié en Normandie n li li l e i n le l n e le lien l ien le lie e e l Nuit du 8 au 9 juin 1944 Arrestation de Louis Tuaillon, préfet de Lot-et-Garonnne, par la police allemande n l i 19 août 1944 Libération d’Agen. Premières arrestations massives de collaborateurs e n 25 août 1944 Libération de Paris 31 août 1944 Installation du Gouvernement provisoire de la République française 7 novembre 1944 Ouverture solennelle de la cour de justice d’Agen Chronologie nationale 18 janvier 1945 Première audience de la chambre civique d’Agen Chronologie locale 27 octobre 1946 Adoption de la constitution de la IV e République

Bibliographie sélective

BARUCH, Marc-Olivier (dir.), Une poignée de misérables : l’épura- l’Université de Paris VIII et Institut d’Histoire du temps présent, Saint- tion de la société française après la Seconde Guerre mondiale, Paris, Denis, Presses universitaires de Vincennes, 1989. Fayard, 2003. PESCHANSKI Denis, « 1939-1946 : les camps français d’interne- COHEN Monique, MALO Eric, Les camps du Sud-Ouest (exclusion, ment », in Hommes et migrations, avril 1994, n°1175, pp. 11-19. internement, déportation), Toulouse, Privat, 1994. PESCHANSKI Denis, La France des camps : l’internement, 1938- FARCY Jean-Claude, Les Sources judiciaires de l’époque contempo- 1946, Paris, Gallimard, 2002. raine (XIXe-XXe siècles), Rosny-sous-Bois, Bréal, 2007. JALADIEU Corinne, La prison politique sous Vichy : l’exemple des PESCHANSKI Denis (dir.), Justice, répression et persécution en centrales d’Eysses et de Rennes, Paris, L’harmattan, 2007. France des années 1930 au début des années 1950 : rapport fi nal, Convention de recherche entre le Ministère de la Justice, le Conseil de KOSCIELNIAK Jean-Pierre, Collaboration et épuration en Lot-et- la recherche et l’institut d’histoire du temps présent, 1993. Garonne, 1940 - 1945, Nérac, Editions d’Albret, 2009. ROUSSO Henry,« L’épuration en France : une histoire inachevée », PEDRON Pierre, La prison sous Vichy, Paris, éd. Ouvrières, 1993. in Vingtième siècle. Revue d’histoire, janvier-mars 1992, n°33, pp. PESCHANSKI Denis, « La France, terre de camps », in De l’exil à 78-105. la Résistance : Réfugiés et immigrés d’Europe centrale en France ROUSSO Henry, Le régime de Vichy, Paris, PUF, 2007. (1933-1945), actes du colloque international, Centre de recherche de

Pour compléter la bibliographie : vous pouvez consulter le catalogue en ligne du Centre de ressources sur l’histoire des crimes et des peines de l’Énap : http://enap-mediatheque.paprika.net/enap1/

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Sources

Sources nationales 1 W 625 Population pénitentiaire du camp de Carrère.- Enquêtes : dossiers indi- Centre des Archives contemporaines (CAC) viduels classés par ordre alphabétique, arrêtés préfectoraux, comptes rendus, rapports, procès-verbaux, correspondance. Peines infl igées à MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR certains détenus, enquêtes : correspondance entre le président de la 19960048 Notes et rapports d’inspection sur les maisons d’arrêt et les camps : commission d’instruction d’Eysses et le préfet (1944-1945). Internés art. 51 camp de Carrère. 1948 administratifs, recensement : états numériques et nominatifs, corres- pondance entre le préfet et le directeur du camp (février-mars 1945). MINISTÈRE DE LA JUSTICE Détenus, révision de peines : correspondance entre le président de la commission d’instruction d’Eysses et le préfet (1944-1945). 19960148 Rapports d’activités et fonctionnement du camp de Carrère : situa- 1944-1945 art. 13 tion sanitaire, détenus (transferts, hygiène, nourriture, réclamations, incidents, évasions), inspection, équipement, personnel, sports et 1 W 626 Situation des établissements pénitentiaires.- (...) Camp de Carrère, loisirs. 1945-1949 désaffectation et rétrocession : correspondance, octobre-décembre 1949.

Centre historique des Archives Nationales 1 W 638 Libérations de détenus politiques.- Détenus du camp de Carrère, (CHAN) enquêtes : dossiers individuels d’internés précédemment détenus à la maison centrale d’Eysses ; correspondance diverse. 7 SOUS-SÉRIE F POLICE 1944-1945 F 7 15101 Inspection générale des camps d’internement.- Camp de Carrère, W vrac Maison centrale d’Eysses et camp de Carrère.- État sanitaire : cor- fonctionnement, administration et liquidation du camp : correspon- cabinet du respondance (1945-1954). Fonctionnement : rapports et comptes ren- préfet 810 dance, rapports d’inspection, plan, notes, pièces comptables. dus des chefs de service de la circonscription pénitentiaire au préfet 1945-1946 (1945-1950). Emploi de la main d’œuvre pénale : rapport, demandes d’autorisation, correspondance (1947-1957). Perquisition de la maison Sources locales centrale d’Eysses le 5 décembre 1946 : note de renseignements, cou- Archives départementales de Lot-et-Garonne pures de presse, télégramme, rapport (1946). Incendies à la maison centrale les 26 février 1949 et dans la nuit du 15 au 16 février 1950 : (ADLG) rapports, télégrammes, procès-verbaux de police (1949-1950). Camp de Carrère 1945-1957 937 W 1-47 Dossiers individuels de détenus libérés entre 1945 et 1949 : extrait W vrac Maison centrale d’Eysses et camp de Carrère.- Transfèrement de cabinet du détenus : correspondance, notes (1947-1959). Plan de la maison des minutes du greffe de la cour d’appel, extrait du registre d’écrou, préfet 813 notice individuelle, fi che de signalement, extrait d’état civil. centrale, 24 août 1946. Enquête sur les évasions et tentatives d’éva- 1930-1959 sion : rapports, notes, correspondance ; procès-verbaux de gendarme- rie, croquis (1946-1959). 1946-1959 949 W 1-9 Registres et répertoire d’écrous des détenus de droit commun et po- litiques. 1945-1949 SOUS-PRÉFECTURE DE VILLENEUVE-SUR-LOT

DIRECTION DÉPARTEMENTALE DES RENSEIGNEMENTS 3 Z 229 Groupe pénitentiaire Eysses-Carrère.- Main-d’œuvre pénale, GÉNÉRAUX enquête, autorisation de placement : correspondance, certifi cat de bonne vie et moeurs (1947-1950). Gestion de la population péniten- 1825 W 16 (…) Évasion de miliciens détenus au camp de Carrère et tentative tiaire, enquête, transfert, autorisation de se marier : statistiques, d’évasion à la maison centrale d’Eysses, meeting de protestation des correspondance, rapport (1944-1950). 1944-1950 partis de gauche. Enquête : messages téléphoniques, télégrammes, tracts, note de renseignement, exemplaires des quotidiens La démo- RIBUNAL DE PREMIÈRE INSTANCE D AGEN cratie, et La Gironde populaire des 27 et 28 septembre 1947, photo- T ’ graphie, listes nominatives, note, rapports. 1947 2 U 603 Instruction du procès de sept évadés du camp de Carrère, membres 2312 W 790 (…) Sécurité de la centrale et du camp de Carrère menacés d’attaques n° 874 de l’Association des Patriotes de Carrère : dossier de procédure. (cote provisoire) extérieures : notes de renseignements (1945-1947) ; visite de Si Kad- 1946 dour Ben Gabrit, directeur de l’Institut musulman de Paris, ministre plénipotentiaire de sa majesté le sultan du Maroc, aux coreligionnai- res du camp de Carrère : note de renseignements (novembre 1947), Archives municipales de Villeneuve-sur-Lot 1945-1947 (AMV)

PRÉFECTURE DE LOT-ET-GARONNE, CABINET DU PRÉFET SÉRIE Q ASSISTANCE ET PRÉVOYANCE 4 Q Application des lois d’assistance et de prévoyance 1 W 621 Etablissements pénitentiaires.- (...) Camp de Carrère, constitu- tion : arrêtés préfectoraux, plan (1944) ; situation et fonctionne- 4 Q 2 Camp de Carrère.- Désaffectation du camp, acquisition des baraque- ment : rapports des chefs de service, correspondance (1942, 1944- ments par la commune, transformation et aménagement de loge- 1945), rapports, comptes rendus à l’administration supérieure (1944- ments sociaux : extrait du registre de délibérations, plans, correspon- 1945) ; internés administratifs, recensement : listes nominatives (avril dance avec l’administration pénitentiaire. 1949-1953 1945) ; régime des détenus administratifs, établissement : état numé- rique, correspondance (1944-1945) ; internés, transfert vers d’autres camps : états nominatifs, correspondance (1945). Personnel de sur- veillance de la maison centrale d’Eysses et du camp de Carrère, ins- tructions : circulaires, textes offi ciels (1944-1945) ; activité, comptes rendus (1944-1945). 1942-1945 1 W 623 Recensement de la population pénitentiaire.- (...) Détenus du camp de Carrère, situation numérique : listes nominatives. novembre 1944-février 1945

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n le lien le le lie lien le lien lien l e l e l e en lie li li n e le le n n l l e ie e li n l ie le l n n e LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONSe l l li i e le e lie n n e l n li e le ADLG Archives départementales de Lot-et-Garonnele l l n i ie ie e n CC Chambre civique le l le n n lie e lie n n l l CJ l e l Courien l dee ljusticeien le lie e l i CDL Comité départemental de Libération e n CLL Comité local de Libération CRS Compagnie républicaine de sécurité CVIA Commission de vérifi cation des internements administratifs FFI Forces françaises libres FTPF Francs-tireurs et partisans français GPRF Gouvernement provisoire de la République française GTE Groupement de travailleurs étrangers LFC Légion française des combattants LVF Légion des volontaires français contre le bolchevisme PCF Parti communiste français PPF Parti populaire français PS Parti socialiste RI Régiment d’infanterie SFIO Section française de l’Internationale ouvrière SOL Service d’ordre légionnaire TM Tribunal militaire

Association des Patriotes de Carrère (ADLG, 2 U 603 n°874)

OMITÉ DE RÉDACTION C lien le lien le lien n le le Directeurs de la publication : Valérie Decroix et Martine Salmon-Dalas. lie lien l le le e n l Comité de rédaction : Jean-François Alonzo, Isabelle Brunet, Pascal De eToffoli, Jack Garcon, Catherine Penicaud, ie li li n e le le n Martine Salmon-Dalas. n l l e ie e li n l e ie l le n en l li li e le e lie n 3, place de Verdun - 47922 Agen cedex n e l n ARCHIVES DÉPARTEMENTALESli e le le Tél : 05 53 69 42 67 - Fax : 05 53 69 44 62 l l n i i DE LOT-ET-GARONNEie www.lot-et-garonne.fr/archives/ - [email protected] e en le l le n n lie e lie n n l l le lien le lien le lie ÉCOLE NATIONALE Énap - 440 av. Michel Serres - BP 28 - 47916 AGEN cedex 9 e Tél : +33 (0)5 53 98 98 98 - Fax : +33 (0)5 53 98 98 99 l i D’ADMINISTRATION PÉNITENTIAIRE www.enap.justice.fr e n

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