Le Camp De Carrère
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N ° 5 - 2 0 1 0 ANNUEL ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE LOT-ET-GARONNE ÉCOLE NATIONALE le lien le li D’ADMINISTRATION PÉNITENTIAIRE lien en le l n le ien lie le le lie n n i e le e li l n e ie l n le n ie le li l e le li n n e le ie n l l lie le e n n l lie i le le e lie ien n n l l le le e lien e lien l n l BULLETIN D’HISTOIRE JUDICIAIRE ET PÉNITENTIAIRE l e li lie i en le lien le e EN LOT-ET-GARONNE n le lien le li lien en le l n le ien lie le le lie n n li e le e li l n e ie l n le n ie le li l e le li n n e le ie n l l lie le e n n l lie i le le e lie ien n n l l le le e lien e lien l n l l e li lie i en le lien le e n LE CAMP DE CARRÈRE Dans la banlieue villeneuvoise, l’actuelle cité ouvrière René Rieus a connu, entre 1939 et 1949 sous le nom de Carrère, une activité humaine tout autre. Tour à tour cantonnement militaire, prison du régime de Vichy, camp à la Libération puis annexe de maison centrale, son histoire reste intrinsèquement liée à celle de la centrale d’Eysses. Sa disparition pro- chaine est l’occasion de revenir sur son passé. La cité actuelle - Montage photographique (Énap - O. Baix) N ° 5 - 2 0 1 0 SOMMAIRE > Affectations successives p. 3 à 5 > État des lieux p. 6 à 8 > Un espace convoité et controversé p. 9 à 15 À la Libération, internés politiques p. 11 opposés aux droits communs Les Patriotes de Carrère p. 12 à 15 > Un camp contesté en sursis p. 16 à 18 > Cartes des camps p. 19 > Histoire des camps d’internement (1938 - 1946) p. 20 à 21 > Chronologie p. 22 > Bibliographie p. 22 le lien le > Sources p. 23 le lien lien l en e lie En-tête retouchéli du livret des statuts de l’Association des Patriotesn de Carrère l > Liste des sigles et abréviations p. 24 e l e l e (ADLG,en 2 U 603 n° 874) lie li li n e le le n n l l e ie e li n l e ie l le n en l li li e le e lie n n e LE CAMP DE CARRÈRE l n li e le le l l n i i ie e en le l le n n lie e lie n n l l le lien le lien le lie e l i Ce cantonnement militaire destiné aux travailleurs étrangers purgatoire de peines ou un centre de rassemblement d’in- e n de la poudrerie nationale de Sainte-Livrade-sur-Lot devient à dividus dangereux pour la sécurité publique ? Au travers du la fi n 1942 une annexe de la maison centrale d’Eysses jusqu’à mélange de populations et des antagonismes qui ont surgi, sa fermeture en 1949. Cédé en l’état en 1943 au ministère de le statut de cet espace semble plus complexe : est-ce un la Justice pour y « requinquer » ses pensionnaires, Carrère camp, une prison à part entière, une annexe ou encore une accueille à la Libération des internés administratifs ; cette « sous-prison » ? cohabitation forcée est à l’origine d’événements retentis- sants qui renvoient à la fonction même du camp durant ces Afi n de comprendre la place du camp de Carrère dans le dis- années troublées. positif répressif et pénitentiaire, nous nous intéresserons aux fonctions qu’il a successivement remplies, aux formes qu’il Pourquoi et comment ce lieu supportant des baraquements a revêtues et aux règles qui l’ont régi sous l’Occupation, à la temporaires pour les besoins militaires a-t-il durablement Libération et jusqu’à la fi n des années quarante. À l’aide d’ar- rempli plusieurs usages au service des ministères de la Jus- chives préfectorales et de l’établissement, nous aborderons tice et de l’Intérieur ? À la fonction pénale de la prison s’oppo- plus spécialement le fonctionnement quotidien et l’évolution se l’internement administratif visant, en dehors du système de la structure dans le contexte national et local tumultueux pénitentiaire, à enfermer, rééduquer ou faire travailler des d’après-guerre. civils regroupés arbitrairement. Carrère est-il alors un simple Dossier réalisé par Pascal De Toffoli (attaché de conservation du patrimoine aux Archives départementales de Lot-et-Garonne), avec la participation de Jean-François Alonzo (formateur à l’Énap) Conception graphique : Énap - DRD - Unité Édition / Diffusion (Odette Baix) 2 N ° 5 - 2 0 1 0 AFFECTATIONS SUCCESSIVES : UNE STRUCTURE MODULABLE Naissance du cantonnement de Carrère : une utilisation méconnue l e l ie n l l ie e n l ie l n En 1937, dans le cadre de son programme e l le d’armement, le gouvernement décide ie lie n d’installern une poudrerie annexe à celle de l le e Bergerac (Dordogne) sur la commune de l li i en e Sainte-Livrade-sur-Lot.l Quatre cent quinze n e lie hectares de terresn de la plaine du Lot sont n l l le lien le lien le lie e alors réquisitionnés par le ministère de l i e l’Armement et confi és au Service central n Extrait du plan cadastral de Villeneuve-sur-Lot (AMV, 4 Q 2) des constructions de la direction des pou- dres, explosifs et produits chimiques. ces, la phase de construction, comme les février 1941 sur le site de la poudrerie pour La construction, commencée en octobre premiers « pensionnaires », nous échap- y démonter les infrastructures(1) et remettre 1939, mobilise une importante main-d’œu- pent totalement. en l’état les terrains agricoles. Une partie vre – qui doit atteindre 10 000 ouvriers – Au début de 1940, sur le site de la poudre- des travailleurs étrangers et leur famille logée dans les communes environnantes. rie s’activent 2000 ouvriers répartis entre sont encore à pied d’œuvre en juin 1941 et C’est ainsi que six cantonnements sortent compagnies de travailleurs militaires, tra- sont dispersés à la demande de la commu- de terre : le camp de Bias, les camps de vailleurs étrangers, dont 1000 Espagnols ne de Casseneuil dans les Groupements de la Gare et de la Glaudoune à Casseneuil, et travailleurs libres employés dans des travailleurs étrangers (GTE) alentour. les camps de Gillet et du Moulin-du- Lot entreprises locales. À la même période, Au fi nal, l’utilisation et la vie du camp de à Sainte-Livrade-sur-Lot, et le camp de la commune de Villeneuve-sur-Lot hé- Carrère entre 1940 et 1942 demeurent in- Carrère à Villeneuve-sur-Lot. Dans cette berge provisoirement des militaires, hom- connues : les travailleurs espagnols l’ont-ils dernière commune, au pied du coteau mes de troupe et ouvriers au nombre de bâti et y ont-ils séjourné ? Seuls des témoi- de Pujols, 3 hectares 70 de terres fertiles 3000, qui déménagent ensuite sur le site gnages s’appuyant sur l’étude des archives plantées d’arbres fruitiers et de vignes de la poudrerie. du ministère de l’Armement pourraient nous du lieu-dit « Carrère » sont expropriés à Ce n’est que le 15 août 1940, soit pratique- renseigner. Avec la même incertitude, des l’automne 1939 en vue d’édifi er un can- ment deux mois après l’armistice, que les ouvriers de l’aéronautique militaire auraient tonnement. La poudrerie fi t vraisembla- travaux de construction sont stoppés dé- également occupé les lieux en 1941 et blement appel à sa propre main-d’oeuvre fi nitivement, laissant la poudrerie inache- 1942, à l’instar du détachement de l’armée – comme ce fut le cas à Mauzac en Dor- vée. Toutefois, à la faveur de crédits dispo- de l’air affecté au camp du Moulin-du-Lot en dogne – pour construire les baraquements nibles, 1700 travailleurs espagnols et 200 mai 1941. de ses camps. Cependant faute de sour- employés ou ouvriers travaillent encore en (1) 200 bâtiments sont en cours de fondation, 70 en cours d’élévation et 60 sont terminés sur les 700 prévus ; 15 km de voie ferrée ont été installés dans l’emprise. 3 N ° 5 - 2 0 1 0 Transformation en établissement pénitentiaire : une architecture et des populations qui évoluent au fi l des priorités de l’État Le 15 septembre 1942, le Service central décembre 1943, 168 internés administra- département. En dépit de réticences liées à des constructions met le cantonnement tifs « irréductibles » en provenance de la l’engorgement des prisons, le ministère de de « Carrère » à disposition de l’adminis- centrale d’Eysses, ayant échappé au trans- la Justice consent à l’utilisation – et non à tration pénitentiaire de Vichy, qui le rat- fert en zone nord grâce à la mobilisation la cession temporaire comme proposé par tache à la maison centrale de correction du collectif de détenus patriotes lors des le directeur d’Eysses – du camp par le mi- d’Eysses nouvellement créée par décret journées des 9 au 11 décembre, dites « nistère de l’Intérieur pour une période pro- du 13 août 1940. Trois Glorieuses », y séjournent. visoire d’un à deux mois. Durant fi nalement ces neuf mois d’emprunt, Carrère demeure À la Libération, alors que l’épuration sau- À partir du 21 janvier 1943, la « forma- un établissement pénitentiaire de centrali- vage bat son plein avec son lot d’exécu- tion pénitentiaire de Carrère » remplit sation des droits communs.