De François Ier Entre 1515 Et 1530: L
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Les images ”italiennes” de François Ier entre 1515 et 1530 : l’attente, la crainte, la célébration et la déception chez les hommes de culture de la péninsul Valeria Allaire To cite this version: Valeria Allaire. Les images ”italiennes” de François Ier entre 1515 et 1530 : l’attente, la crainte, la célébration et la déception chez les hommes de culture de la péninsul. Linguistique. Normandie Université, 2018. Français. NNT : 2018NORMC023. tel-02064557 HAL Id: tel-02064557 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-02064557 Submitted on 12 Mar 2019 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. THÈSE Pour obtenir le diplôme de doctorat Spécialité LANGUES ET LITTERATURES ETRANGERES Préparée au sein de l'Université de Caen Normandie Les images "italiennes" de Françοis Ιer entre 1515 et 1530. L'attente, la crainte, la célébratiοn et la déceptiοn chez les hοmmes de culture de la péninsule Présentée et soutenue par Valeria CALDARELLA Thèse soutenue publiquement le 30/11/2018 devant le jury composé de Professeur des universités, UNIVERSITE PARIS 8 UNIVERSITE M. JEAN-LOUIS FOURNEL Rapporteur du jury VINCENNES Professeur émérite, UNIVERSITE PARIS 3 SORBONNE Mme CORINNE LUCAS-FIORATO Rapporteur du jury NOUVELLE Mme ALEXANDRA MERLE Professeur des universités, UNIVERSITE CAEN NORMANDIE Président du jury Professeur des universités, UNIVERSITE DE HAUTE M. CEDRIC MICHON Membre du jury BRETAGNE RENNES 2 Mme ELENA VALERI Professeur assistant, Université Sapienza Rome - Italie Membre du jury M. JUAN CARLOS D'AMICO Professeur des universités, UNIVERSITE CAEN NORMANDIE Directeur de thèse Thèse dirigée par JUAN CARLOS D'AMICO, Equipe de recherche sur les littératures, les imaginaires et les sociétés (Caen) Je tiens à exprimer toute ma gratitude à Monsieur Juan Carlos D’Amico, Professeur d’Italien à l’Université de Caen Normandie, pour avoir accepté d’encadrer cette thèse de Doctorat. Ses conseils et ses remarques m’ont été précieux, tout comme son soutien et sa disponibilité. Ses encouragements et ses recommandations m’ont permis de parcourir ce chemin jusqu’à son aboutissement, sans jamais penser à l’abandonner. Je remercie Mesdames et Messieurs les Professeurs Corinne Lucas Fiorato, Alexandra Merle, Elena Valeri, Jean-Louis Fournel et Cédric Michon de l’intérêt qu’ils manifestent pour cette étude, par leur présence au sein du jury. Un chaleureux remerciement à tous les membres de l’équipe de recherche ERLIS et aux responsables du séminaire TEI, pour leur accueil, pour leurs suggestions, pour la confiance qu’ils m’ont accordée et les opportunités qu’ils m’ont offertes. Merci à mes parents, pour avoir toujours cru en moi ; merci à mes amis et, plus particulièrement, à Alain, Antoine, Alejandra, Nati et Valentina, qui avec leurs relectures, leurs conseils et leur gentillesse m’ont permis d’avancer avec le sourire. Enfin je souhaite remercier Philippe, Matteo et Raphaël, qui, pendant ces années de recherche, ont dû partager leur épouse et mère avec un prince si envahissant et complexe ! Merci pour toute la patience dont ils ont su faire preuve ; merci pour leur indulgence et leur bienveillance. 3 4 INTRODUCTION 5 6 25 janvier 1515 : c’est la date du sacre d’un roi. Monseigneur d’Angoulême, issu d’une branche cadette de la maison de Valois, de par les exigences de la loi salique, succède à son parent Louis XII et devient le monarque d’un des royaumes les plus puissants en Europe sous le nom de François Ier1. Aussitôt, le jeune et grand prince reprend l’entreprise de conquête italienne, un projet qui avait déjà occupé les esprits de ses prédécesseurs. En effet, ceux-ci avaient déjà entrepris le « voyage d’Italie ». En 1494, Charles VIII engage la première des Guerres d’Italie et s’empare, pour une courte période, du Royaume de Naples ; Louis XII réussit à asseoir la domination française sur le duché de Milan entre 1499 et 1512. Une fois couronné, François Ier commence les préparatifs pour « passer les monts » et, tout au long de son règne, semble hanté par le dessein de recouvrement des territoires péninsulaires. Mais, s’agissait-il véritablement d’une obsession ? D’un tropisme invincible qui le poussait à mettre en péril son propre Royaume pour parvenir à assouvir ses appétits de conquête2 ? Nous n’en sommes pas certaine. Pour comprendre cette obstination, il est nécessaire d’évoquer le cadre historique dans lequel vit et règne ce souverain. Vers la fin du XVe et au début du XVIe siècle, se crée en Europe un nouveau système d’États, qui se forme de par l’action de nouvelles forces économiques, de nouvelles techniques militaires et diplomatiques, ainsi que de communication. C’est l’éclosion des monarchies modernes3. En Italie, la situation politique apparaît plus complexe qu’ailleurs : les 1 Comme l’on sait, le roi « tout françois » doit son prénom à un ermite italien, François de Paule, qui avait une réputation de thaumaturge et s’était installé en France en 1492. Il avait été convoqué par la comtesse d’Angoulême peu de temps après son mariage, car l’ermite était surtout connu pour sa capacité d’intercéder auprès de Dieu pour « la production d’héritiers ». Quand un garçon venait au monde grâce à ses prières, il recevait en général son prénom. Ce fut le cas de François d’Angoulême, né à Cognac, le 12 septembre 1494. R. J. Knecht, Un Prince de la Renaissance. François Ier et son royaume, Fayard, Paris, 1998, p. 14. 2 Sur l’obsession territoriale du pouvoir et l’opposition entre période féodale et période moderne, voir M. Foucault, Sécurité, territoire, population. Cours au collège de France, 1977-1978, F. Ewald et A. Fontana (éds.), Gallimard, Paris, 2004, p. 66-67 et F. Gros, « Entre pouvoir et territoire : Deleuze et Foucault » [en ligne]. 3 Nous empruntons et ajustons pour le XVIe siècle la définition que Giuseppe Sergi donne de l’Europe encore médiévale. Pour l’historien, l’Europe est une « notion géographique, mais élastique et polyédrique », qui se superpose à celle de societas christiana, sans, cependant, son ambition d’être universelle. Il s’agit d’un terrain dans lequel luttent des « forces opposées », où les conflits internes cohabitent avec une tendance à la cohésion due à la conscience d’une identité commune par rapport à une diversité qui lui est externe. G. Sergi, L’idea di medioevo. Tra senso comune e pratica storica, Donzelli, Rome, 1998, p. 37 et 40-41. Nous gardons également à l’esprit les considérations de Joël Blanchard à ce sujet : « […] à la notion universelle de christianitas vient se substituer une autre logique spatiale, signalée par exemple par l’apparition du mot « Europe » dans la langue vernaculaire. Certes, cette Europe n’est pas l’objet d’une théorisation, elle n’existe pas sur le papier, mais on relève, à la fin du Moyen Âge, des pratiques de circulation des idées et des hommes à un niveau jamais atteint. Des hommes passent d’un pays à un autre, une espèce de brassage se fait qui illustre ce que l’on serait tenté 7 constructions étatiques se présentent nombreuses et variées4. Il s’agit de républiques, de royaumes, de principautés, de grands et petits duchés, de marquisats et de domaines indépendants ou de fiefs de l’empire ou du Saint-Siège, parfois même disputés par les deux5. Selon Giuseppe Galasso, la péninsule – aux frontières régionales et avec des vides de pouvoirs, proposant des avantages économiques importants – est, à cette époque, le seul espace à la portée des grandes puissances au-delà des Alpes. D’après l’historien, c’était donc le terrain prédestiné pour la réorganisation du système politique européen, si bien que, si c’est effectivement l’action de Charles VIII en Italie qui enclenche le processus, il n’aurait pas pu avoir lieu ailleurs. Pour cela, selon Galasso, la question soulevée par l’historiographie italienne sur les responsabilités des princes ayant attiré l’étranger dans le territoire s’avère futile6. En précisant qu’en réalité la péninsule n’est pas l’unique territoire sur lequel les monarchies naissantes jettent leur dévolu, nous adhérons à l’idée que l’espace politique italien se prête largement, de par sa fragilité, aux agressions « externes ». Par ailleurs, précisément en raison de cette instabilité, les États de la péninsule ne dédaignent pas d’établir, avec les autres entités étatiques, des relations qui parfois se révèlent très étroites. D’autre part, il est important de préciser que, pour ce qui est des souverains français, il ne s’agit pas de se laisser emporter par une volonté conquérante et obsessionnelle, mais de faire valoir leurs droits d’héritage sur des territoires qu’ils considèrent comme leur appartenant, depuis que Filippo Maria Visconti était décédé sans laisser d’héritiers mâles sur le trône du Duché de Milan et que Charles VIII avait récupéré les droits de succession angevine sur le Royaume de Naples. Il s’agit pour eux de revendications on ne peut plus légitimes, qui justifient l’emploi de soldats et d’armes. Pour finir, la domination de la péninsule est chargée d’une valeur symbolique qu’on pourrait définir comme médiévale si elle ne trouvait pas une place si importante encore en ce siècle. Imposer son autorité en Italie représente un premier pas vers la réalisation de la« monarchie universelle », aspiration toujours vivement ressentie par les d’appeler la « praxis » d’un territoire moins homogène, plus contrasté.