L'inventaire du Toulois 2e partie : Sites archéologiques par Jean-Yves CHAUVET

Nous poursuivons l'inventaire du silex découverts en 1868 à ne Les monnaies côtoyaient, en géné- Toulois tel que nous l'autorisent Etienne faisait pas de doute, en présence de ral, de véritables inventaires d'objets, Olry et surtout Henri Lepage, dont les flèches, de lances, de racloirs et de débris telles que ces terres cuites rouges, abon- travaux témoignent de l'érudition d'un de hache. Quant aux silex travaillés en dantes sur le territoire de Sexey-aux- siècle encore inhabile à identifier et à pointes de flèches enfouis à Villey-saint- Forges.ÀBulligny (date indéterminée), le dater les sites archéologiques. Mais dési- Etienne, ils partageaient leur gisement lieu-dit "Sur le fort", en direction rant rendre strictement compte de la avec des galets taillés en forme de mar- d', des substructions gallo- démarche intellectuelle et scientifique teau. À Pierre-la-Treiche, un prélèvement romaines d'une longueur de 500 m, pour des deux auteurs, nous respecterons ici de casse-tête et de haches, au "Trou de une largeur de 2,50 m, livrèrent, à foison, leur découpage chronologique qui se Sainte-Reine", ainsi que dans la grotte des débris de céramique et des frag- distribue entre périodes celtique, gallo- dite "Trou des Celtes", près de la rivière, ments de trusatyles, des cruches, des romaine et moderne. Ce ne sont pas ces s'accompagnait de l'exhumation de pierres plates sciées, des fragments de certitudes qui gênent -elles correspon- sépultures protégées par des pierres ciment et d'enduit au plâtre, des mon- daient à l'état de réflexion de l'époque plates ; ces tombes contenaient de nom- naies de César et de Valentinien, avec, en qui possédait autant de valeur que la breux objets : fragments de poteries prime, un bronze représentant un petit nôtre-, c'est plutôt l'absence de données "celtiques", couteaux, haches, flèches, animal grand de 5 cm. scientifiques et la difficulté à assurer le lances, silex, couteaux sacrificateurs en suivi de ces fouilles d'alors et la conser- métal, plus une quantité d'os d'animaux À Jaillon, les fondations d'un mur vation de leurs produits. disparus du pays depuis longtemps. solide produisirent, sur 100 m de lon- gueur, une véritable moisson d'objets de toute nature remontant aux Romains, EPOQUE "CELTIQUE" EPOQUE GALLO-ROMAINE comptant des armes, des urnes ciné- raires, des sépultures, des monnaies et Il serait plus exact de parler de D'époque celtique, il est certaine- des médailles nombreuses du Haut paléolithique ou de néolithique, avec la ment davantage question avec le recueil Empire, plus une lance en fer, une flèche découverte, à Bouvron, en divers points de monnaies gauloises, respectivement à barbée en bronze, des flèches ordinaires, du territoire, de silex ouvragés, de Favières ("en Nabécote", pièces gauloises des bracelets et des clés. D'autres flèches, de grattoirs et de débris de et romaines) et à Jaillon. Ces quelques fouilles, dans la maison d'école du même lames. D'autres fragments de hache en pièces étaient frappées de la marque des lieu, permirent d'extraire une pléthore silex furent exhumés à Crézilles, en 1863, Leuci ; en plus, l'une d'elles portait une d'autres objets parmi lesquels un casque, aux "Thermes", de même qu'à , tête de barbare et un sanglier. Une telle une hachette, des lances et un vase. en un lieu non mentionné. Un filon de trouvaille était, pour ainsi dire, monnaie pointes de flèches en silex se trouva éga- courante ; il en advint deux autres, à Même situation, à Allain-aux- lement exploité à Manoncourt-en-Woëvre, Villey-saint-Etienne et à , au "Rupt Bœufs, à la "Haie-Mignot", où des frag- près de la ferme de Sébastopol, tandis du Frêne", aux "Chenevières", et à ments de poteries diverses voisinaient qu'on déterra un véritable arsenal sur le "Châtillon". À l'occasion, les fouilles avec des meules de lave volcanique. Le plateau de Pierre-la-Treiche, à proximité du offraient des informations plus précises territoire regorgeait de vestiges : "aux chemin de Maizières, sous forme d'é- sur la nature des monnaies prélevées, Plates-Pierres", on découvrit un bauches de haches, de couteaux, de comme à où était déterrée, le 7 Vittelius et aux "Sarrazinières", ce fut un lances et flèches en silex. avril 1843, au canton du “Haut de la Commode en argent que le sol restitua, Croix”, une grande quantité de mon- non moins précieux que les pierres Si l'on ne trouvait à Jaillon, que des naies romaines à l'effigie de Vespasien, plates et sciées, constellées de monnaies objets en silex taillé, l'usage militaire des de Néron et d'Adrien. romaines en or qui gisaient aux lieux-dits 31 “Gagne-Petit” et “Poirier-Bécat”. Des chaque face. Autour d'un squelette, se ou de César. Etablissement important, substructions gallo-romaines y rete- trouvaient placés un morceau de fer par sa force et sa surface, sans jamais naient encore un trusatyle, une chaîne en oxydé et un vase de cuivre. avoir possédé d'ouvrages de défenses fer, une fibule, des clés, une bague, une sérieux, ce camp aurait servi de station petite lampe… Au "Monastère", à deux temporaire aux légions cantonnées entre kilomètres du village, vers Thuilley, d'an- LES CAMPS ROMAINS et Scarpone. Les troupes à pied ciennes habitations abritaient divers auraient occupé un petit plateau limité objets dont beaucoup d'origine gallo- Leur existence semble certaine par le village, la vallée, la route et le che- romaine. mais pour des âges indifférenciés (par min de la Croix. La partie du chemin Lepage) de la période gallo-romaine. Les d'Avrainville à Jaillon qui traverse cette Avec la statuaire archéologique, voici énumérés par ordre alphabétique enceinte, porte encore le nom de chemin initiée par la découverte, près de Blénod- de lieux ; ils témoignent d'une militarisa- des Romains. lès-Toul, d'une statue d'Apollon avec tion forte du Toulois, pourtant situé bien colonnes et débris de temple, s'amorce la en retrait des frontières sensibles des La cavalerie s'établissait au Nord véritable période celtique rapidement Limes, lesquelles devinrent des zones de de cette position, sur la "Plaine du suivie par la période gallo-romaine dont tensions aux IIIe et IVe siècles, aux Késer", à l'extrémité nord-est où se trou- les vestiges prenaient forme, à Favières,"à confins des actuelles Alsace et Moselle. ve la forêt d'Avrainville. "La Grande la Bonne Fontaine", en 1860, de fonda- Ecurie" prenait quartier de l'autre côté tions d'un corridor et d'une pièce d'habi- , à environ deux du Terroin. Un autre lieu était pris par le tation avec un ciment fleuri à la façon kilomètres au sud du village, vers Sexey- marché des vivandières, un chemin y d'une mosaïque. En 1856, de premiers aux-Bois, s'étendaient les ruines d'un conduisait, sous le nom de "Chemin des restes de constructions avaient été camp fortifié de murailles et de tours, Vivandières" ; il était terrassé de maté- sondés au lieu-dit "sous le bois du desquelles on embrassait un panorama riaux disposés par couches alternative- Méter", en présence, encore, de tuiles considérable. Les monnaies et les ment inclinées à droite et à gauche. plates et de monnaies. Entre le cimetière médailles recueillies sur le site laissent et le faubourg Saint-Ambroise, les alen- présumer qu'il avait été fréquenté par les Mont-l'Etroit, à un kilomètre à tours de l'église recelaient de nom- Gaulois ou les Romains. l'orient de la localité, la "Côte de breuses substructions ; tout un cimetière Chapion" renfermait une enceinte ova- gallo-romain était d'ailleurs restitué sur la Bagneux, existence supposée d'un laire de 500 m par 150 m, défendue d'un commune, assorti d'une multitude d'ob- camp ou d'un fort sur le territoire. côté par l'escarpement de la montagne et jets antiques : monnaies, anneaux d'ar- de l'autre par un petit fossé. Poste d'ob- gent, hache d'arme, sabre, tandis que, Barisey-au-Plain. Il y aurait des ves- servation de la voie romaine de Langres vers 1830, la forêt du "Grand tiges d'un camp romain près de Barisey- à Toul, il est probable que cette structu- Rhinchard" délivrait un sarcophage au-Plain. On y préleva beaucoup de re ovalaire fut d'origine préceltique, antique. médailles. comme celle de Barisey-la-Côte.

La sculpture antique put prendre Blénod-lès-Toul, un camp romain Pierre-la-Treiche, au "Camp", traces un aspect très personnifié, comme à aurait existé en un lieu indéterminé, à "la de retranchements avec un petit mur Sexey-aux-Forges, près de la ferme de Voivre", ou sur la crête de la montagne supposé gallo-romain. Gimey, où fut reconnue une pierre por- où s'élevait la forteresse de Galiaud, dès tant, en sculpture, deux enfants au ber- le VIe siècle. Lepage y observait encore , un camp était placé sur ceau pouvant représenter Rémus et des traces de retranchements. les hauteurs et le territoire se laissait tra- Romulus, les deux jumeaux, ou géminii, verser par la voie antique de Scarpone à desquels viendrait justement le nom de Bulligny, "sur le fort", en direction Toul. On a recueilli deux statues sur le Gimey. Le territoire de Francheville livra d'Allamps, à 1500 m, avaient été bord de cette voie, l'une en argent, l'autre ses lots de monnaies romaines mais c'est dégagées des substructions gallo- en bronze, plus une statue de Mercure, dans un champ situé à la naissance du romaines d'une longueur de 500 m et un fragment de murailles, des médailles, chemin de Bouvron sur celui d'Andilly, d'une largeur de 2,50 m. Le témoignage des boucliers, des cuirasses. Ce camp que se trouva levée une pierre en forme de Lepage ne permet pas de conclure au aurait existé, sans certitude. de fût de colonne d'autel consacré à caractère militaire du site, que seule, la Apollon et à trois autres divinités indé- toponymie nous conduit à inscrire ici. , trouvaille, dans les vignes terminées ; deux d'entre elles pouvaient voisines, d'un sabre droit et de beaucoup être Minerve et Bacchus. Leurs effigies, à Jaillon, présence d'un camp romain d'ossements humains. La campagne res- figure humaine, étaient portées par dans la plaine encore appelée de Késer titue, principalement sur le monticule 32 LES TRACES DE CONSTRUCTION

Les traces de construction sont un signe éminent de présence humaine. Ces indices sont nombreux dans le Toulois, sans autres précisions, ni campagnes, ni techniques de fouilles qui puissent les identifier autrement. Au moins, Lepage les situe-t-il en fonction des lieux-dits, ce qui permettrait une actualisation des sites.

Allain-aux-Bœufs, restes d'antiques constructions, sans plus ;

Avrainville, vestiges d'habitations romaines à la "Croix-camarade", à la "Chalte-Napée" et à la "Haye de Circourt" (en ce canton, présence d'une tête en pierre sculptée), et en "Brugné", où des substructions ont été explorées, avec l'apport de monnaies romaines.

Boucq : à "La Lochère", substruc- tions et fragments de pierres plates sciées ; nombreuses monnaies romaines sur le territoire.

Charmes-la-Côte : aux "Poirielles", restes d'habitations.

Colombey-les-Belles : en 1858, “sous le Taillis”, ont été déblayées des constructions souterraines bâties de moellons taillés au ciseau, accompagnées de poterie rouge ornementée, de tuiles à Extrait de la carte des Naudin rebords et de cornes de cerf. Vers 1840, 83 FD 454 V2 C Inventaire général- ADAGP aux "Raies Montans", des substructions ont produit des fers de lance, des lames de sabre et de la monnaie romaine. Roman, Romanus mons ou Sarrasine, des établissements militaires. L'un de ces des briques de grande dimension, des forts se trouvait près du chemin de Crézilles : le long de la voie romaine tuiles romaines et des restes de mur. Des Thiaucourt, au “Formont” ; le second, de Langres à Toul par Soulosse, prélève- lignes de fortification circulaient en ces étendu sur le coteau appelé “le ments d'objets antiques, de restes d'an- lieux, dans les sillons desquels on glana Belvédère”, fut détruit au siècle dernier ciennes constructions, plus des tuiles à des monnaies de Commode, Nerva, dans ce bois. “Au canton de vaux des rebord, "aux Sarrazinières" et "aux Trajan, d'autres des évêques de Metz, de Rayes” (Raptes, ou Royes), des substruc- Petites Pièces". "Aux Thermes", à 500 Toul, du duc de Lorraine tions, fouillées à 1200 m du village, ont mètres à l'orient du village, sur la lisière rendu des débris de tuiles plates, des du bois et sur une étendue de 4 à 500 Villers-en-Haye : à proximité de fragments de meules de lave, des tes- mètres, débris de nombreuses construc- Villers-en-Haye et de Scarpone, une sons, et de poteries. tions gallo-romaines. Des tuiles et des route, qui franchit bois et finages, laisse pierres plates, des fragments de meules penser que les Romains y entretinrent en lave, diverses poteries ont été 33 exhumés. En 1862, était dégagé un petit pavillon de bain.

Dommartin-lès-Toul, à 3 km de Toul, à gauche de la route de Toul à Nancy, entre Dommartin et Gondreville, à "l'Ancien Couvent", sur une superficie considérable, s'étendaient les vestiges d'une villa gallo-romaine, recouverts d'une quantité de débris de tuileaux, de briques, de poteries. Sis sur le versant de la colline, face à Toul, le bâtiment princi- pal comprenait un autel quadrangulaire décoré d'un bas-relief sur chaque face, enjolivé d'une quantité de marbre de toutes couleurs, avec peintures à fresques, poteries fines, fibules, médailles.

Flirey, ruines devant le "Bois de Vassagne" ; au lieu-dit "La Monnerie", ensemble d'habitations gallo-romaines.

Laneuveville-devant-.Aux "Sarrazins", substructions importantes avec tuiles et débris de poteries, frag- ments de pierres sciées. Vers 1820, on fit recueil d'un vase en terre renfermant de nombreuses monnaies.

Maizières-lès-Toul, vestiges d'habita- tions et tuiles romaines à "La Petite l'Etrichamp" et au "Colombier", ce der- nier canton s'étendait à petite distance d'un lieu où s'élevait l'ancien château ; s'y entassaient des objets antiques et des fragments de poteries. Extrait de la carte des Naudin Ochey. Traces d'anciennes 83 FD 455 V2 C Inventaire général- ADAGP constructions dont les ruines avaient déjà été remuées. LA VÉRITABLE TUILE ROMAINE. considérable de fragments de tuiles à rebords, mélangés à des poteries et à Royaumeix, aux "Ouillons", débris Bien souvent, les anciens sites d'autres débris, qui confirmerait l'exis- de constructions, de même au "Haut de bâtis se font remarquer par des amoncel- tence, en ce lieu, d'une bourgade antique Marbouché", au "Coin du Ménil", au lements de tuiles, vraisemblablement des considérable. À Moutrot, restes de "Grand jardin", à "la Chèvre". tegulae à rebords et des imbrex courbes. constructions, accompagnés de tuiles à C'était le cas à Allain-aux-Boeufs, où les rebords, de monnaies romaines, en Sexey-lès-Bois, en "Xermepré", fon- tuiles à rebords sont précisément quali- "Voirimois", à "Terre-Monsieur", à la dations de ruines d'habitations. fiées. Tuiles à rebords également à "Sarrazinière" et "en Montant les Choloy, à 500 m du village, en Portions". Ces mêmes tuiles abondent à "Champalby", en présence de monnaies Ochey en de nombreux lieux : aux romaines, ainsi qu'à Saulxures-lès-Vannes. "Grandes Haies", à la "Terre-Gadel". Au sud de Gondreville, sur une vaste éten- Entre Ochey et Thuilley, au "Haut de la due, on notait la présence d'une quantité Croix", vers 1843, furent rassemblés de 34 nombreux fragments de tuiles et de AGE taille. À Rosières-en-Haye, des vestiges poteries romaines dans des restes de d'habitations, non datées du temps de constructions antiques. Quelques restes d'établissements Lepage, étaient conservés en religieux témoignent de l'évangélisation "Hermiterre". Lepage ne parle, par contre, que des campagnes ou de retraites de com- de tuiles plates pour Andilly, au bord du munautés régulières. C'est à Allain-aux- Terrouin en particulier, trouvailles Bœufs, à la "Cour" qu'un quartier du vil- LIEUX FORTIFIÉS accompagnées de restes de poteries lage formant une enceinte carrée, s'est antiques ; de simples tuiles plates encore établi sur les fondations d'un ancien cou- Avrainville. Dans la forêt qui sépa- à Charmes-la-Côte, aux "Poirielles", à vent de femmes appelé "les dames de la re Avrainville et Rosières-en-Haye, une Mont-le-Vignoble, en "Nalléchamp", ainsi cour". ligne de retranchements appelée qu'à la "Haie de l'Ecluse", avec des "Redoute", limitait en partie le canton ruines d'habitations. À Sexey-lès-Bois,en À Choloy, le "Val de Passey" abri- "Grande-Ecurie" considéré comme une "Xermepré", fondations de ruines d'ha- tait un petit hameau, apparu sous forme dépendance du camp de Jaillon, lieu de bitations et débris de tuiles plates nom- des restes de constructions du prieuré de repos de la cavalerie. breuses. À Thuilley-aux-Groseilles, débris Bénédictins de Saint-Maur, fondé en d'habitations avec tuiles à la "Côte- 1236. À Fontenoy-sur-Moselle, le territoire À Maizières-lès-Toul, il ne restait Claudin". avait conservé les restes de construc- plus que quelques traces de fossés du tions et de plantations d'un ancien cou- fort bâti au XIIe siècle et détruit au Tuiles à la fois plates et à rebords, vent ; vers 1835, en défrichant "le Bois- XVIIIe. Le site livra un boulet de canon à Colombey-les-Belles, sur la voie romaine Juré", fut déterrée une statuette de pier- et une certaine quantité de monnaies du de Langres à Toul. Un Trajan en bronze re. Moyen Age. y côtoyait des tuiles plates à rebords et d'autres débris (Coin Jeanmarie, À Mandres-aux-Quatre-Tours ,à la EPOQUE MODERNE , Haute Charmille, Sarra- "Côte", ont été fouillées les ruines d'un zinière). couvent. À , on parla d'un éta- Puisqu'il avait un siècle d'avance blissement de Templiers au lieu "les tui- sur nous, Lepage pouvait observer un De même à Crépey, "aux leries", où se perdaient des ruines ; il s'y habitat qu'il considérait ancien et Tuillottes"à un km au sud, où ces tuiles trouvait aussi des anciens vestiges de menacé, datable du XVe au XVIIe siècle, se recueillaient par fragments. Tuiles à constructions, à la "Côte". tel que certaines maisons d'. rebords ici, tuiles plates là, à Sexey-aux- Ces édifices nous paraissent insoupçon- Forges, les premières sur le "Chemin le À - un village fondé en nables aujourd'hui ; ce sont, au contrai- Comte", venant de Bainville-sur-Madon, 1242 par Hugues, comte de Vaudémont- re, les maisons qui lui étaient contempo- où ont été reconnus des vestiges d'habi- le "Grand jardin" conservait les ruines raines ou datées du XVIIIe siècle, dont tations gallo-romaines, des débris de d'un couvent, tandis qu'à Villers-en-Haye, nous déplorons aujourd'hui la dispari- tuiles à rebords, des poteries rougeâtres aux “Vaux des Raptes”, des ruines de tion. La spirale de perte de patrimoine en plusieurs endroits de la forêt commu- constructions s'étendaient largement. Il était la même hier qu'aujourd'hui, avec nale, du "Bois le Duc" et "Champ du existait un couvent, avec un hôpital cette différence que nous disposons Mouton". Les secondes se récoltaient qu'un ermitage remplaça par la suite ; il d'une prise de conscience culturelle qui au-dessus du "Hal de Bourgogne", près fut supprimé à cause des vols et des devrait nous imposer un effort de sauve- de la ferme des "Gymées". On y déga- rapines des ermites. garde plus grand. gea, vers 1842, au milieu de tuiles plates sur massif de maçonnerie, un bloc de Les constructions en tous genres Les sites de constructions indéter- pierre rompue de 50 à 55 cm de lon- se multipliaient à Gye, près de la voie minées foisonnaient alors et Lepage en a gueur et sculpté en relief, représentant le romaine ; à Housselmont, dans les jardins dressé un état incertain : à Barisey-la-Côte, buste de deux enfants au maillot. et abords du village. À Manoncourt-en- vestiges d'anciennes constructions avec Woëvre, d'une époque incertaine, à la tuiles plates (Corvée des Templiers) ; à "Plate côte en Haye", s'éparpillaient Bernécourt au "Trait de la Meix", ruines débris d'habitations et tuiles plates. Sans d'habitation, avec tuiles à rebords ; à plus de précision, on fit à ,en Crézilles, à une époque imprécise, ves- 1865, l'expertise des fondations d'un tiges d'anciennes habitations, à partir de mur de briques épais, traversant la l'église sur 150 m de longueur, et vers le chaussée et l'on préleva, “au Breuil”, des sud, découverte d'un cercueil en pierre, débris de constructions de pierre de de débris d'armure et d'un puits. 35 À Gye, étaient sondées, dans les curiosités scientifiques. À Domèvre-en- des luttes dont il a été le champ clos. prairies sous le village, des ruines d'habi- Haye, en 1867, en déblayant un puits, une Mais l'identification et la datation des tation au milieu desquelles on trouvera, statue fut extraite des champs ; à dépouilles restent incertaines, quand vers 1859, une épée, genre de dague Francheville, à 1 km au nord-est du village, elles sont seulement esquissées ; un espagnole du temps de la ligue. en "Chatian", on fit provision d'armes manque à savoir important pour la scien- avec boulets en fonte, dans un tertre ce d'aujourd'hui qui dispose d'autres À Moutrot, "Derrière-Latrie" et d'apparence naturelle. moyens d'analyse anthropologique que "en Mollonville", fut fouillé un ensemble du temps de Lepage. Où se trouvent de ruines assez étendu supposé être les aujourd'hui ces squelettes ? Dans quelles vestiges de Mollonville ou ceux de l'an- NÉCROPOLES fosses communes de l'oubli sont-ils cien Moutrot. En "Poche-Pierre", repo- tombés ? En voici, vue par Lepage, une saient des débris de bâtiments mélangés Nombreuses dans le Toulois, elles énumération par ordre alphabétique des à de nombreux fragments de tuiles marquent la chronologie des guerres et communes. creuses peu épaisses. Aux abords du vil- lage, on fit trouvaille d'objets divers dont plusieurs boulets de calibre 8, dans les- quels Lepage voyait peut-être un indice de combats livrés par le duc de Guise aux protestants en 1587, entre Crézilles et Moutrot.

À Vannes-le-Châtel, le lieu-dit "Sèche-fontaine" recelait des vestiges de constructions démembrées au XVIIIe siècle. À Viéville-en-Haye, en "Fontaine", près du ban de Régniéville et Vilcey, on exhuma des fondements d'habitations représentant peut-être le site d'un ancien hameau détruit, du nom de Baleycourt. Le village, lui-même, avait été ruiné et inhabité durant la première moitié du XVe siècle ; il fut rebâti avec deux "reins" de maisons.

Ailleurs, ce sont de véritables tré- sors, dont l'importance était souvent plus culturelle et historique que pécu- niaire, que l'on sortit de terre, au siècle de Lepage ou en des temps plus reculés. Le terme de trésor doit parfois être pris au pied de la lettre comme à Lucey,où l'on trouva, au XVIe siècle, dans les vignes, un amas considérable de médailles d'or et d'argent dont le cha- pitre s'empara à titre de seigneur du lieu. Bien plus tard, vers 1856, à Saulxerotte,au "Haut de Beaumont", seront prélevées des monnaies lorraines alors que soixan- te ans plus tôt, ce site avait déjà rendu un pot à huit pans renfermant plusieurs pièces d'or.

Quant aux trésors d'archéologie, Extrait de la carte des Naudin ils aiguiseraient surtout aujourd'hui les 83 FD 456 V2 C Inventaire général- ADAGP 36 À Allain, à l'occasion de l'ouvertu- Bagneux, en juillet 1838, sur le che- contenant trois à quatre squelettes re d'une carrière sur le plateau situé au min de grande communication n°1 de superposés. nord de la commune, non loin d'un ravin Toul à Colombey, lors de l'abaissement profond et abrupt, furent dénombrés, à du coteau dit “Château-Rouge”, furent À Maizières-lès-Toul, il serait resté, une profondeur de 50 à 60 cm, des rangs dégagés sept squelettes rangés l'un à côté de l'époque moderne, dans la pierrière de squelettes régulièrement disposés, de l'autre, à un mètre de profondeur, "sur le haut de la Côte", des sépultures sans aucune estimation d'époque ; l'hy- quelques-uns avec de la vaisselle aux avec débris d'anciennes croix, représen- pothèse d'un champ de bataille fut rete- pieds. Des ossements de femme por- tant un cimetière de pestiférés, selon tra- nue alors. Lepage évoque une autre taient au cou une médaille entièrement dition. nécropole -mais peut-être s'agit-il de la effacée. même- au lieu-dit au "Cercueil", à 200 m du village, où étaient exhumés, dans des Bulligny, provenant d'une époque À Mandres-aux-Quatre-Tours, pré- carrières, vers 1840, de nombreux sque- incertaine, alors, aux lieux-dits "Aux sence, sans autre précision, de squelettes lettes accompagnés de débris d'armes, Tombois", également aux "Trépassés", avec armes, cuirasses et épées. À Ménil- dont des fers de lance. À la sortie du vil- étaient reconnues des sépultures nom- la-Tour, de même, près des dernières lage, du côté de Colombey, reposaient breuses avec armes et armures ; non maisons du village, non loin de la bifur- d'autres dépouilles rangées, orientées et loin, reposait un squelette supposé être cation des voies romaines. abondantes, ensevelies sous des pierres celui d'un chef, accompagné d'un sabre plates, entre 0,30 et 0,40 m de profon- et de garnitures. À Pagney-derrière-Barine, des sque- deur. lettes gisaient à la "Verte Côte". Charmes-la-Côte, au "Montignon", À Andilly, lors de la reconstruction où furent levées, peu de temps avant la À Pierre-la-Treiche, en 1835, l'ouver- de l'église en 1828, a été trouvé un cer- Révolution, des sépultures nombreuses ture d'une carrière au "Champ au cer- cueil grossier formé d'un seul tronc contenant des dépouilles de taille colos- cueil", livra quinze à vingt squelettes, d'arbre creusé et des squelettes sale, garnies de débris d'armes antiques. tenant, à leur côté, une épée et un poi- d'hommes de haute stature "morts au gnard. Ils étaient rangés autour d'un cer- milieu de la durée ordinaire de la vie". À Choloy, à la "Fosse la Grive", se cueil orienté est-ouest, plus large à une Sous ces restes, s'étendait un très beau situaient des sépultures de pestiférés. extrémité que l'autre. Le couvercle était pavé de carreaux de terre cuite de gran- constitué d'une seule pierre légèrement de dimension, coulé sur un lit de béton, À , au "Cimetière des bombée, portant des agrafes de fer. Il présentant des dessins fantaisie, des ara- Moines", des sépultures contenaient, en pouvait s'agir des restes d'un guerrier besques, des stries faites au peigne ; on y plus des dépouilles, une quantité de encore jeune, d'après la dentition, décoré lisait une inscription relative à la monnaies du XVIe siècle. d'un anneau de bronze sur la poitrine, DECIVS XIV LEGIO. La tradition d'une bague en argent avec onyx sur voulait, par ailleurs, qu'il existât de sem- À Favières, à "la Croix-Porchat", lequel on voyait Apollon ou Mercure, blables cercueils en divers points de la sans datation certaine mais vers 1790, de armé d'une épée et d'un poignard de fer. place de l'église et sous les maisons. Si le nombreux squelettes ont été déterrés Lepage identifiait cette sépulture comme pavé semblait exécuté par les Romains avec armes et armures. celle d'un chef franc "environné de ses pour le besoin des bains et des thermes Leudes", morts, selon l'usage, en cou- alimentés par le Terroin, les cercueils À Gondreville, à la “Croix Sainte- vrant de leur corps le maître qu'ils s'é- grossiers ne pouvaient résulter que de Anne”, entre 1835 et 1840, à un mètre taient donnés et auquel ils ne pouvaient l'œuvre des "barbares". Dans la même de profondeur, vingt sépultures gallo- survivre sans honte. commune, au "Chauffour", on énuméra, romaines contenaient des corps de sexes vers 1869, au milieu de sépultures, une et d'âges différents. Ces dépouilles por- À Royaumeix, une vingtaine de quantité considérable d'objets qui parais- taient des bracelets armillaires et des col- squelettes étaient alignés sur le chemin, saient remonter à la période mérovin- liers de bronze. Les tombeaux étaient entre Andilly et Royaumeix, à 25 cm de gienne, avec armes, flèches, sabres à un formés de réduits façonnés en pierre profondeur. Dans un champ attenant à tranchant, poteries détruites, et tuiles sèche. ce chemin, reposaient huit autres sque- plates à rebords. lettes dont les têtes s'effritèrent quand À Jaillon, quarante sépultures on voulut les prélever. Il semblerait que Ansauville, à quelque distance du gisaient à un mètre cinquante de profon- ce terrain ait été rempli de cadavres à village, gisaient des sépultures, avec des deur, contenus dans treize tombeaux, une époque très reculée. armes. disposés sur quatre lignes parallèles deux à deux, figurant les côtés d'un rectangle 37 LES VILLAGES DISPARUS

Les communautés lorraines ont souvent souffert des querelles intestines et des crises entre nations qui se vidaient sur leur territoire. Lorsque Lepage décri- vait ce phénomène, il ne pouvait prévoir les disparitions et les destructions de vil- lages lors de la première guerre mondia- le. Il dressait, lui, un bilan des sites défi- nitivement désertés depuis le Moyen Age, et surtout lors de la guerre de Trente ans, quelques quatre-vingt vil- lages, dit-on, mais sans certitude qu'ils n'aient pu disparaître plus tôt, notam- ment en 1587, lors de l'expédition des reîtres. Cela aurait pu être le cas de Barisey-la-Planche, situé à 2 km au sud- ouest de Barisey-au-Plain, détruit pen- dant les guerres de la contre la maison d'Autriche, ou de Barisey-la-Côte, village effacé de son site lors de la guer- re de Trente ans, anciennement bâti aux environs de l'église (il fut brûlé, avec cer- titude, en 1587).

Le château et le village de Molzey (Molisiacus, Malzey ou Marley), entre Aingeray et Sexey, à l'orient et à deux kilomètres d'Aingeray, représentent les plus célèbres des lieux disparus. Détruit au XVIIe siècle, ensuite, temporairement habité par quelques familles puis défini- tivement abandonné, le site figurait encore sous le dénombrement de 1710. Aux "Vaux Toussaint" entre Aingeray et Fontenoy, un second hameau disparu s'appelait "Le Vieil Aingeray", on y fit Extrait de la carte des Naudin provision d'un grand nombre d'objets, 83 FD 463 V2 C Inventaire général- ADAGP dont des tuiles plates à rebords.

Limey compte, également, au À Saulxures-lès-Vannes, en 1848, à , non loin du château nombre des villages déplacés ; l'ancien quelque distance du village, le site du féodal (encore debout au XVIIe siècle, cadre bâti se situait au-delà de l'église, château féodal délivra plusieurs sque- mais ruiné au siècle de Lepage), a été vers . On trouve sur son terri- lettes, certains ayant été écrasés sous d'é- dénombrée une quantité de sépultures toire, au "Meix la Dame", à deux normes pierres, signe évident d'un siège avec armes, certains squelettes avaient la kilomètres à l'est du village, les ruines et de luttes. tête entre les jambes. d'un ancien couvent de religieuses voué à Saint-Maixant. Sexey-aux-Forges, en 1863, dans les Trondes, époque incertaine, présen- vignes, on fit butin d'une grande quan- ce d'ossements avec armes. D'autres sites de hameaux dispa- tité d'ossements ensevelis dans de vastes rus représentent les cœurs de mémoire fosses. , vers 1830, près du village, des villages, d'aujourd'hui, comme à des fouilles à bâtir ont restitué deux Charmes-la-Côte, où se situe, près de la squelettes, la tête protégée par des laves. 38 "Moinerie", un village incendié par les Ainsi, Aingeray aurait été formé par Favières se serait implanté autour Bourguignons. Par ailleurs, au-dessus du la réunion de plusieurs hameaux, dont le d'un monastère construit sur la hauteur village, sur une grande étendue, s'éten- ban se serait séparé, entre 1333-1732 où l'église est bâtie. Des habitations s'ag- dent des ruines d'habitations. À Lucey, (bien précis), de celui de Molzey, site glomérèrent jusqu'à constituer un village c'est "au Viller" que sont enterrés les ves- aujourd'hui disparu. considérable. tiges d'un hameau détruit depuis fort longtemps, accompagnés de débris nom- Allain-aux-Bœufs, l'origine du nom Fontenoy-sur-Moselle, au Moyen Age, breux de sépultures avec armes. En 1822, remonterait à 451, de l'une des hordes de autrefois le village s'étendait plus à l'ouest ; on fit vendange, dans les vignes, d'une barbares utilisées par Aetius contre Attila. on a trouvé, dans cette direction, des quantité considérable de monnaies d'or. traces d'habitations. L'appellatif Blénod-lès-Toul aurait Enfin, à , au couchant, à une origine celte, formée à partir de Gondreville, se serait congloméré à petite distance du village, sur une étendue Bélénod, nom de Belen, l'Apollon des partir de grandes métairies où les rois de plus de 400m, se trouvent les ruines anciens Leucquois. francs tenaient cour. des habitations d'un hameau dépendant de cette localité. Domèvre-en-Haye, au Xe siècle, était Laneuveville-derrière-Foug, le village dénommé Domni Apri. paraît avoir été fondé au XIIIe siècle, par DES ORIGINES DE NOS VILLAGES Thiébaut, comte de Bar. Domgermain, la légende donne à ce Nous compilons, ici, les informa- village une ancienne et miraculeuse origi- Mont-l'Etroit, le village aurait été tions éparses délivrées par Lepage, affé- ne. Saint-Loup venait d'être proclamé bâti près d'un cimetière public, d'où le rentes à la genèse physique ou aux évêque de Mâcon lorsqu'il passa par Toul nom de Mons-in-Atrio. sources toponymiques des localités, dont accompagné de Saint-Germain. Celui-ci l'identité onomastique situe généralement attirait une foule nombreuse. Il planta en Royaumeix, le nom du village vient l'époque de création, mais dont la légende terre son bâton de coudrier pour se de Régius Hortus ou Régio Mansia (meix ou la mémoire écrite peut préciser (pour mettre à prêcher, le bâton prit racine et signifie jardin). Il s'y trouvait une maison faible partie) le développement, à partir devint un arbre. Ce lieu fut appelé la cros- de plaisance des rois de la première race. d'un site de villa gallo-romaine, par se ou la béquille de Saint-Germain. Cette Un bois de Royaumeix est dit Bois de la exemple. histoire arriva à Domgermain où l'on vit Reine, en souvenir de la reine Brunehaut. depuis une abbaye sous le nom de Saint- Àsuivre… Les interprétations toponymiques Germain. sont celles de l'époque, sous réserves.

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