Echos du NIFFF

NEUCHÂTEL INTERNATIONAL FANTASTIC FILM FESTIVAL - 9ème édition 30 juin au 5 juillet 2009

(Miroir, miroir, dis-moi....)

Le jury international 2009 : Bong Joon-Ho, réalisateur Comme vous avez été très parce que les genres de films, ou (Président)/ François Angelier les films de genre présentés au journaliste / Joko Anwar, peu nombreux à découvrir réalisateur /Gerard Soeteman, nos lignes sur le NIFFF 2008, NIFFF attirent avant tout un réalisateur / Erika Stucky, je me permets d'initier le billet public jeune! Chanteuse 2009 avec la question déjà En moins de dix ans, le NIFFF a Les sections : posée il y a douze mois : vu le nombre de visiteurs passer La compétition internationale (13 Connaissez-vous ce Festival films) d'environ 2000 à près de 22'000 qui s'est spécialisé dans les en 2009. Il a réussi à fidéliser une Le "new cinéma" asiatique (8 films) films (franglais oblige) vaste audience venant de toutes

Les courts métrages suisses "Fantastic, Ghost, Survival, les régions linguistiques de Suisse Vampire, Gore, Splatter, et aussi de l'étranger. La Les courts métrages européens Possession, Haunted House, couverture de presse Swiss Art Video Science Fiction, Horror, internationale du NIFFF en fait un des grands "petits festivals" (à Category III : La Transgression Slasher, Shocker, Terror, made in Hong Kong (5 films). Meat, Ultra-Violent, Zombie, l'instar du Festival de Locarno).

Sueurs Froides : Le Cinéma de Demonic, etc" ? Pour sa deuxième collaboration genre scandinave contemporain avec le NIFFF, la photographe Fondé en 2000, le NEUCHÂTEL Jelena Barraud propose une Une sélection Catégorie III (adultes INTERNATIONAL FANTASTIC seulement) du cinéma de Hong- relecture d’un classique de la Kong (5 films). FILM FESTIVAL se définit comme peinture fantastique du XIXe un festival ouvert à tout film qui Carte blanche au réalisateur siècle, « All is Vanity » de sort des sentiers battus, qui est en l'Américain Charles Allen Gilbert coréen Bong Joon-Ho, Président décalage avec "la réalité du Jury international (3 films). (1873 – 1929). Ce n'est plus une ordinaire". D'où une jeune femme, mais un homme qui L'Etrange : rétrospective du programmation très variée qui va réalisateur japonais Shinji Aoyama contemple son reflet, un reflet, des grosses productions aux films mais est-ce bien le sien ? Il en né en 1964 (7 films). d'auteur. Le but du Festival est de résulte une expression vibrante du L'illusionniste visionnaire : s'ouvrir à toutes les formes de fantastique : le double, le miroir, rétrospective du réalisateur cinématographies du monde. Le américain (1914- l’illusion. Que voit-il ? Et nous, en NIFFF s'est donné comme parrain dehors d'une tête de mort qui 1977) (7 films) l'artiste Hans Ruedi Giger et surgit de draperies veloutées, d'un Programme Open Air (6 films) remet à ses lauréats des être jeune et beau dont le reflet ne "Narcisses". semble pas tout à fait .... que (Pour plus d'informations, http://www.nifff.ch) voyons-nous ? Si un modeste compte-rendu se ______trouve sur e-media, c'est bien

1 Petite histoire du NIFFF pages 2 à 4 une reproduction de Affiches retrouvées des celles que nous avons précédentes éditions : Le Festival a invité et accueilli retrouvées sur le Net. Si nous chaque année des hôtes de réussissons à compléter 2000 marque dont la liste ne cesse de l'éventail, nous tenterons une s'allonger : Jess Franco, Joe étude comparative.... Dante, George A. Romero, Terry Gilliam, Dario Argento, John Nous avons jeté notre dévolu sur Howe, Marc Caro, Kiyoshi six sections qui présentent des Kurosawa, Park Chan-Wook, Ray longs métrages. Cette fois-ci Harryhausen, Roger Corman, Phil encore, nous faisons l'impasse, à Tippett, John Landis, Jaume regret, sur les courts métrages. Balaguero, Ryoo Seung-Wan Idéalement, nous aimerions Ruggero Deodato, Syd Mead et renouer avec une vieille tradition, autre Hideo Nakata et pardon celle de voir un court métrage pour les noms que j'ai oubliés! avant un long métrage, et que le long en question ne dépasse pas Au fil des ans, la vitalité du 100 minutes! On peut rêver! cinéma asiatique s'est imposée Le Palmarès 2009 est le suivant : dans le genre "fantastique", c'est pourquoi le Festival lui consacre Prix H.R. Giger "Narcisse" du 2002 une compétition propre dans meilleur film à Fish Story de laquelle se mêlent chaque année Yoshihiro Nakamura, Japon. comédies, films d'horreur, Mention spéciale du Jury thrillers, mélodrames, films de international à Infestation de Kyle sabre, épopées historiques, etc. Rankin, USA. Méliès d'argent du meilleur long Les festivaliers peuvent ainsi métrage européen à Left Bank de explorer la formidable diversité Pieter Van Hees, Belgique. de cinématographies souvent Prix de la jeunesse à Fish Story méconnues. Les sections sont de Yoshihiro Nakamura, Japon. multiples, les choix difficiles, les Prix Titra Film à Antichrist de séances souvent uniques, et les Lars von Trier. nuits longues (certains Prix H.R. Giger "Narcisse" du programmes commencent après meilleur court métrage suisse à minuit et se terminent à l'aube). Le Petit Dragon de Bruno Collet. Ce petit festival n'a rien à envier Nomination pour le Méliès d'or du meilleur court métrage européen à aux grands : même avec une bonne organisation, on ne peut Tile M for Murder de Magnus 2004 guère voir plus du quart des Holmgren, Suède. quelque 120 projections Prix TSR du Public à Connected proposées par le NIFFF. de Benny Chan, Chine-Hong- Kong. Nous sommes des fidèles du Prix du meilleur film asiatique à NIFFF depuis sa création, et le The Handsome Suit de Tsutomu voyons grandir avec intérêt. Ses Hanabusa, Japon. invités sont prestigieux et Prix Mad Movies du film le plus toujours plus nombreux, son "Mad" à Left Bank de Pieter Van organisation se peaufine, sa Hees, Belgique. publicité s'affine. Il y aurait sans nul doute une jolie étude à faire sur l'évolution du design des affiches du NIFFF. Malheureusement, elles sont difficiles à retrouver pour qui ne les a pas collectionnées en version papier! Vous pouvez voir dans la colonne de gauche des ______

2 Rétrospective aviez-vous vu ou entendu parler Affiches retrouvées de William Castle de Johnny Stool Pigeon (1949), précédentes éditions: William Castle (1914-1977), (1959), House on 2005 acteur, réalisateur et producteur Haunted Hill (1959), américain est né William Schloss, (1960), Mr Sardonicus, (1961), I et on dit qu'il a simplement traduit saw what you did (1965)? Qu'en son nom germanique en anglais, reste-t-il de nos jours ? Et pour créer son pseudonyme. On pourtant, de très grands noms du dit qu'il a commencé sa carrière cinéma figurent à certains d'acteur à Broadway, à l'âge de génériques : Joan Crawford, 15 ans, en se faisant passer pour Vincent Price, ou encore John le neveu de Samuel Goldwyn. Sa Ireland, Elisha Cook Jr. première mise en scène fut celle de Dracula au théâtre, il avait William Castle avait acheté les alors 18 ans. Il travailla pour la droits du roman d'horreur radio, écrivit des dialogues et des Rosemary's Baby d'Ira Levin scénarios pour la Columbia. Entre (publié en 1967), mais la 1943 et 1974, il dirigea une production, Paramount Pictures, soixantaine de films, qui n'ont rendue frileuse par la réputation peut-être pas marqué la mémoire de Castle de spécialiste de films collective. Mais une chose est B, lui préféra Roman Polanski. Castle est néanmoins producteur 2006 certaine, Castle avait un don exceptionnel pour inventer de ce film mythique dans lequel il d'irrésistibles stratégies fait une apparition "caméo"! Une promotionnelles : sièges qui astuce chère à Hitchcock, son tremblent de peur sous votre aîné de quinze ans et sans doute séant, lunettes spéciales bicolores son modèle! pour distinguer les fantômes (ghost viewers), vente de polices d'assurance aux spectateurs à qui on garantissait un enterrement gratuit s'ils mouraient de peur, infirmières, brancards et corbillards prêts à l'entrée du cinéma... Aller voir un film de Castle, c'était un peu embarquer sur le train fantôme du Luna Park, et ses films attirèrent les foules. "Criez au bon moment, cela peut vous sauver la vie!" 2007 Tout lui était bon, dans ses années d'intense activité, pour ramener au cinéma le public en train de prendre goût au petit écran. Dans les années 1950, en plein Maccarthysme, le cinéma connut un fort recul des entrées. On dit que Castle imita Hitchcock, Pour attirer les spectateurs, on entre autres en apparaissant, proposait de multiples bonus, comme lui, dans certains de ses comme le 3D, le Cinerama, la films ou dans les lancements. Il VistaVision, le Cinemascope, mit ainsi au point une image de lui l'Actionscope, le Colorscope, le le montrant dans un fauteuil de Regalscope, le Tohoscope, et metteur en scène, de profil, autres machin-scopes dont peu fumant un gros cigare! ont eu une longue exploitation. Le Smell-o-Vision et le Sensurround, ça vous dit quelque chose ? Mais

3 lancés non identifiés, à l'infirmière Affiche NIFFF de l’avant- sexy qui nous ausculte à l'entrée, dernière édition : aux vendeurs d'assurance-vie... Dans une ambiance de champ de foire, le public déchaîné de 2009 criait, hurlait, riait sataniquement, 2008, premier "miroir" : jouant le jeu comme le public d'il y a cinquante ans! L'interactivité, tout est là! Ou appelle-t-on cela "Happening" ?

Castle et l'ombre du Tingler

Près de quarante ans après la William Castle entre deux "proches sortie (La collaborateurs" Maison de tous les Mystères,

1959) et 13 Ghosts (1960), Terry House on Haunted Hill (1959) Castle, fille de William Castle, a House on Haunted Hill de est le récit d'une nuit dans un William Castle, 1959 estimé que le moment de renouer manoir qui tient du blockhaus avec le succès de son père était stalinien et de l'art déco. Un venu. Elle a négocié un projet richissime excentrique a promis avec la Warner et fonctionné une somme rondelette à cinq comme productrice et consultante invités s'ils restent jusqu'à l'aube. sur les remakes de House on Mais la maison est hantée, Haunted Hill (William Malone, d'étranges phénomènes se 1999) et 13 Ghosts (Steve Beck, produisent, la mort frappe et 2001). Que vous trouverez sur chacun se méfie de chacun. DVD, si le coeur vous en dit. Intrigue sans véritables surprises, déroulement selon les codes du Le projet de la rétro William Castle genre. Si ce film mérite d'être vu, est né d'une collaboration avec la c'est surtout pour Vincent Price Cinémathèque Française, qui dont on déguste l'ironie et la montre cet été quelque 75 films méchanceté des répliques. dans lesquels Castle a oeuvré L'accumulation d'effets comme réalisateur ou producteur prétendument effrayants ne ou acteur, ou tout à la fois. Le convainc guère. Entre thriller et NIFFF a sélectionné sept titres, histoire de fantômes, ce huis clos parmi lesquels nous en avons a peu à offrir et ni Julie Mitchum choisi quatre. Pour le plaisir de (sœur de Robert) ni Elisha Cook revoir certains acteurs et celui de Jr n'y changent quoi que ce soit. se remettre dans la peau du public de Castle. Le NIFFF y avait The Tingler (1959) est le nom mis du sien : on a eu droit aux donné à l'excroissance qui se "ghost viewers", au squelette forme sur la colonne vertébrale de phosphorescent qui glisse sur un l'individu soumis à un stress fil au-dessus de nos têtes, aux extrême, la peur par exemple : jeux de lumières, aux objets une sorte de parasite qui tient du

4 myriapode sans queue ni tête et la famille... Les lunettes du NIFFF 13 Ghosts de William Castle, grossit à l'aune de la peur. Le avaient pour unique effet de nous 1960 : chirurgien Warren Chapin faire voir la copie très usée en (Vincent Price) réussit à extraire le bleu ou en rouge. Et il fallait de tingler sur le cadavre d'une bons yeux pour distinguer les sourde-muette, mais ce frisson hyalines silhouettes blanchâtres solidifié lui échappe pour semer la des fantômes (en surimpression panique parmi les spectateurs! négative) ! À mi-film, le suspense Une seule parade pour se concentre sur un magot caché l'empêcher de croître : hurler de dans la maison et quelqu'un prêt à peur! Le public du NIFFF a donc tout pour le récupérer. hurlé à qui mieux mieux, tandis Heureusement un fantôme va qu'un objet humide non identifié sauver un innocent avant d'être était lancé et relancé dans le noir. complètement escamoté de Sous l'écran, une demoiselle très l'intrigue, comme les autres. sexy (une vraie!) luttait avec la bébête pur plastique, amenée par (1965)... and l'Américain Bruce Goldstein du I know who you are ! Telle est la Film Forum, qui présentait la rétro petite phrase assassine que deux Castle. Il ne manquait que les adolescentes et une fillette fauteuils équipés de moteur! susurrent au téléphone, dans une frénésie d'appels anonymes Pour 13 Ghosts (1960), chacun qu'elles font en l'absence des recevait des lunettes "spéciales" parents. Mais elles ont composé (ghost viewers), censées faire le mauvais numéro ! Pas de apparaître ou disparaître les fantômes, mais un thriller, ou doit- fantômes. Partiellement thriller, on dire un "shocker" dans lequel partiellement film de fantômes John Ireland a une forte tendance (même un lion fantôme, la gueule à jouer du couteau. On y retrouve pleine... et son dompteur Joan Crawford, censée avoir décapité!), ce film fonctionne sur séduit Ireland. L'actrice, de dix les bons vieux codes du genre : ans l'aînée de son partenaire, portes qui grincent et se referment joue une séductrice défraîchie, toutes seules, fenêtres qui prête à tout pour harponner le claquent, ombres menaçantes, mâle : de quoi le pousser à bout! son hors champ terrifiant, Drame d'un homme qui n'en peut ouvertures secrètes, parquets qui plus d'être brimé par les femmes, craquent, objets qui s'animent, jeux dangereux d'adolescentes ! hululements, hurlements, et tutti Une belle photo noir-blanc et des quanti. Les protagonistes font acteurs qui tiennent la route nous même une partie de Ouija (Oui - font oublier quelques maladresses Ja!!), un jeu de médium qui de scénario. annonce la mort d'un membre de ______

Catégorie III (adultes cinéma de la transgression et du seulement) du cinéma de défi à la censure. Alors que s'approchait la date de 1997 (la Hong Kong (1988 à 1997) reddition de Hong Kong à la Chine), toujours plus de À l'origine, la Catégorie III était cinéastes saupoudrent leurs censée permettre la sortie de films de violence et de sexe,... films d'art et essai étrangers et pendant qu'il est encore temps ? plus généralement, des films Se retrouvent en catégorie III des considérés comme "sensibles" films de réalisateurs confirmés par les autorités. Mais très aussi bien que de débutants rapidement (dans les années dont l'audace est d'oser un 1990), cette catégorie est devenue le rendez-vous d'un

5 message politique ou des scènes Hong Kong, avec les économies érotiques. de ses anciens patrons, et y mène Rencontres : grand train, tout en continuant à Mais il y a surtout des films de contaminer le plus grand nombre l'outrance en tout genre. Plus on possible. Cannibalisme, viols, met d'hémoglobine, de nu, de mutilations, meurtre, sexe crade, castagne, de cannibalisme, de c'est ce qui fait de ce film "un massacres, de perversions exutoire libérateur", affirme Julien. sexuelles, de charcutage, bref, Sévéon. plus ça horrifie et ça choque, mieux c'est (pour le tiroir- Anthony Wong est Sam, le bouc caisse!). En fait, il était patent perpétuellement en rut et en que plus un film comprenait de colère. Il est bestial, brutal et Anaïs Emery, Directrice artistique et scènes insoutenables, plus vite il sème la mort. D'esclave soumis, Bruce Goldstein du Film Forum était noté "Catégorie III", et il devient un tyran et un tueur, mieux il se vendait! Un fourre- certains verront là une revanche tout, et pardon pour ce mauvais du prolétariat... Dans ce genre jeu de mots! Les quatre films que de film qui marie le gore, le nous avons vus ont été répugnant, le sadique, le brutal à présentés par LE spécialiste de l'état pur, on peut voir tout ce la Catégorie III, Julien Sévéon. qu'on veut, sans doute. Si on a Ce journaliste de MAD MOVIES l'estomac solide, il paraît que disserte avec passion sur les The Bunman, the Untold Story fleurons de cette catégorie, et (1993) de Danny Lee, également Le réalisateur danois Ole Bornedal leur prête, dans ses exégèses avec Anthony Wong et The absolument convaincantes, une Story of Ricky (1991) de Ngai vaste richesse d'intentions, de Kai Lam, construits sur la même qualités techniques et d'audaces. trame scénaristique (un homme Nudité, totale pour les femmes, disjoncte et sème l'horreur. À vos partielle pour les hommes, sexe risques et périls! Mais sachez gore, sexe torride, fluides en tout que Anthony Wong est l'une des genre, sadisme, anormalité. figures-phares de l'ex-colonie, et démence, débordements, peut jouer dans beaucoup

Julien Sévéon signant pour le outrances, excès. d'autres registres. président Pierre-Yves Jeanneret un exemplaire de Catégorie III Ebola Syndrome (Yi Boh Laai Dans le film Erotic Ghost Story Beng Duk), d'Herman Yau, 1996. II de Peter Ngor (1991) qu'on Le film se déroule à Hong Kong, pourrait qualifier de burlesque en 1986. Sam, un employé de érotique en costumes, on restaurant (bête de somme retrouve Anthony Wong. Son exploitée) tue sauvagement le personnage, le démon Wu-Tung, couple qui l'employait et s'enfuit y possède un deuxième en Afrique du Sud, où il retrouve appendice viril dans le dos qui du travail dans un restaurant. À ressemble à un scoubidou, ce nouveau, il est exploité et sous- qui ne manque pas de pimenter Le président du Jury de la payé. Sa vie change le jour où il ses orgies sexuelles. Grimé, compétition internationale Bong Joon-Ho et Annick Mahnert, viole une noire... atteinte du virus outrancier dans ses mimiques, le membre du comité d'organisation d'Ebola. Tout va se précipiter : il chef ceint d'une crinière tue patron et patronne, les hache opulente, l'affreux Wu-Tung menu comme chair à pâté (pâté viole, mutile et tue pendant 90 qu'il baptise "African Bun") et minutes, à la recherche d'une ajoute ce hamburger très démone qui devrait résister à ses particulier au menu du restaurant. assauts mortels. Beaucoup Les clients ravis en redemandent, d'invention dans les scènes le virus se répand, tandis que érotico-pornographiques, une Sam se porte bien, il n'est que image léchée (dixit Julien porteur. Lorsque la police sud- Sévéon), des décors soignés, de africaine commence à soupçonner très beaux effets de draperies, quelque chose, Sam repart à voiles et soies aux couleurs

6 pastel : une splendide folie Sueurs froides : le visuelle pour qui supporte cinéma scandinave de l'indigence du prétexte qui sert d'histoire et les prolongations genre actuel interminables de chaque scène. Quoi de neuf dans les républiques de Finlande et d'Islande ? Et dans les royaumes de Norvège, de Suède et du Danemark ? On ne connaît guère les cinématographies scandinaves de ces, disons, 30 dernières années. Qui dit Suède,

Anthony Wong en Wu-Tung dit Ingmar Bergman. Qui dit Danemark, dit Lars von Trier et Viva Erotica, de Yee Tung- "Dogma 95". Finlande ? Les Shing, 1996, exploite le thème Frères Kaurismäki. Norvège ? du cinéma au cinéma. Shing est euh..... Islande ? euh ..... un jeune réalisateur dont les films ne marchent pas. Son Tout le monde devrait connaître producteur réussit à le faire des stars comme Greta Garbo, engager sur un projet financé par Ingrid Bergman, Liv Ullman, un gros bras qui impose sa petite Lena Olin, Max von Sydow, et amie dans le casting. Ravissante peut-être même Mads Mikkelsen, certes, mais sans talent. Le Ulrich Thomsen, Stellan diktat de la production Skarsgärd... Tous ces transforme peu à peu le sage Scandinaves sont connus grâce scénario de Shing en un film à des films américains et on a érotique avec scènes de nu, peut-être oublié leurs origines. genre méprisé, conspué, mais Passage obligé à Hollywood ? plébiscité par ceux-là même qui Les choses vont peut-être le critiquent! Comédie leste et changer après le succès de alerte, Viva Erotica ne manque Millenium, Män som hatar pas de scènes plus ou moins kvinnor, de Niels Arden Oplev, érotiques et enregistre l'aisance qui nous est venu directement de et la complicité progressives des Suède en 2009 ! protagonistes. L'équipe de ce joyeux bordel qu'est le film Le NIFFF avait récompensé en devient une petite famille unie 2008 d'un Méliès d'argent du contre les aléas du métier, elle meilleur long métrage est même attachante. Cette européen le film du Suédois comédie érotique est une critique Tomas Alfredson Let the Right de l'industrie cinématographique One in (distribué en Suisse par et du mauvais goût du public que Ascot-Elite). C'est sans doute ce ladite industrie cultive et exploite. qui a entraîné la création d'une N'y voit-on pas un réalisateur de section scandinave au NIFFF la vieille école se suicider, dans 2009, qui proposait 7 titres dans l'indifférence générale, parce que cette section, parmi lesquels plus personne ne prête attention nous avons choisi deux films de à lui, encore moins à ses films ? vampires et un . C'est le film qui a le plus à dire et qui le dit avec un talent certain. Kaelighed pa film (L'amour au Presque un OVNI parmi les cinq cinéma) de Ole Bornedal a été films présentés au NIFFF, mais présenté au NIFFF sous son titre peut-être pas dans le réservoir international, donc anglais (!) : Catégorie III. Just Another Love Story, en présence du réalisateur. Le scénario de Ole Bornedal est digne de l'intrigue de I married a

7 Dead Man (1943) de William l'extérieur! Un détachement de Irish dont il existe 3 versions au soldats nazis disparus peu avant cinéma, ou encore de While You la fin de la 1e guerre mondiale va were Sleeping, de Jon peu à peu les exterminer, après Turteltaub (1995). Il est question qu'ils ont chèrement et d'usurpation d'identité, d'envie de centimètre par centimètre repartir à zéro, de tout changer, défendu leur peau et leurs de lassitude du petit bonheur viscères. Ces zombies nazis étriqué. Le héros est confronté à grognent comme des bêtes une tentation immense, enragées et, à les voir groupés, magnifique et dangereuse, celle on s'attendrait presque à les voir de devenir un autre. Nous le danser Michael Jackson dans qualifions de "film noir", mais Thriller. Le film est teinté devrait-on dire "film de midlife d'humour et truffé de scènes très crisis" (en français : "crise de la gore impressionnantes. La quarantaine" ou "de la bande-son contribue largement cinquantaine", selon le aux effets effrayants. dictionnaire...) ? Bornedal juge parfaitement normale et courante la tentation de son personnage, mais il espère que la représentation de cette tentation sera un peu notre catharsis, et que nous repartirons délivrés de toute velléité, après avoir ingéré ce film comme une drogue et effectué un trip salvateur. Il qualifie Kaelighed pa film de Le Suédois Peter Pontikis a film d'aventure sans aucune tourné Vampyrer à Stockholm, en prétention à un réalisme social novembre 2007. Son film traite de ou une leçon de vie. C'est filmé la relation entre deux jolies sœurs avec soin et calme par un qui ont des problèmes existentiels Bornedal qui a dit une fois que de survie, et d'adaptation. Dans la les films dogma lui donnent "le scène initiale, les deux sœurettes mal de mer". Une voix off, celle sont en boîte, et la cadette d'un homme gisant sur la entraîne un gars dans les toilettes, chaussée, sous une pluie le tue et se nourrit. Puis elle invite battante, nous introduit le film, et sa sœur à finir le repas, l'aînée le conclut. Un hommage à obéit avec réticence. On découvre Sunset Boulevard (Billy Wilder, peu après qu'elle est amoureuse 1950), dans lequel un mort et prête à essayer de changer (on flottant sur le ventre dans une la voit manger choucroute et piscine raconte comment il en saucisses, elle se donne de la est arrivé là. peine et en a! Comme elle a tendance à grossir, un peu de Dead Snow (Dod sno) de diète ne peut que lui faire du bien! Tommy Wirkola. Des zombies lui dira la petite sœur!) La cadette qui ne suivent pas tout à fait les essaie désespérément de la règles du genre : ils supportent retenir, elle ne veut pas changer, tous les temps, semblent se elle n'a que sa sœur. Cette nuit multiplier, courent très vite et est une dernière cavale à deux. résistent à tout. Quatre couples Elles vont courir dans le froid, de jeunes, des étudiants en sous la pluie, dans une ville médecine, veulent goûter aux déserte où il ne semble y avoir joies du chalet de montagne en que leurs poursuivants et elles. plein hiver. Leur refuge est isolé, Traquées par 4 motards casqués l'aménagement rustique, preuve dont on ne voit pas les visages - en est en particulier la planche elles ont tué leur comparse - elles trouée qui sert de toilettes à ne cessent de fuir. Mais en dehors

8 de ce crime-repas, le film ne fait déplacent comme des insectes plus référence à leur essence de débiles dans un univers déserté et vampires : tout pourrait tout aussi desséché. Je suppose qu'on peut bien se jouer sur un lien très fort disserter à perte de vue sur ce entre deux soeurs parfaitement film, et l'apprécier sans doute normales. C'est intéressant, mais mieux dans les exégèses qu'il finalement assez réducteur. suscitera que dans la vision proprement dite. J'ai trouvé les Carte Blanche à Bong scènes interminables, les Joon-Ho situations répétitives et Nous avons renoncé à re-voir les soporifiques. Les images excellents The Thing de John brouillées et prémonitoires qui Carpenter (USA 1982) et Hanyo apparaissent à la télévision me (The Housemaid) de Kim Ki- rappellent, en moins réussi, Ring Young (Corée 1960), faute de de Hideo Nakata (1998). Bref, le temps. Nous n'avons donc vu que message n'a pas passé. l'un des trois films choisis par Bong Joon-Ho, le Kurosawa qui L'étrange selon avait déjà passé au NIFFF il y a Aoyama Shinji quelques années. Shinji Aoyama a travaillé comme Dans Kairo (2001, Kiyoshi assistant de Kiyoshi Kurosawa et Kurosawa), Taguchi, jeune a passé réalisateur en 1995. Son informaticien, est retrouvé pendu film Eureka (1999), tourné en dans son appartement. Sous le scope et en sépia, a obtenu le choc, ses collègues cherchent à Prix de la Critique internationale, en savoir plus sur ce suicide et le Prix du Jury Oecuménique inexplicable. Une piste se dessine au Festival de Cannes 2000. sous forme d'énigme, un Aoyama est considéré depuis lors mystérieux témoignage sur comme un des grands espoirs du disquette laissé par la victime. De jeune cinéma japonais. Il était toute évidence, cette disquette l'hôte du NIFFF 2009. recèle un virus qui contamine ses utilisateurs et transforme Nous avions mis Chinpira - Two radicalement leur comportement. Punks (1996) et My God My God À Tokyo, l'inquiétude grandit à Why hast thou forsaken me ? mesure que le virus se propage à (Eli, Eli, lema sebachtani ?) travers les réseaux informatiques, (2005) à notre programme, et faisant des victimes avant tout nous n'avons pas cherché à en chez la jeune génération. Des voir plus. Aoyama Shinji a sans petits groupes de jeunes se doute tourné un chef-d’œuvre en forment et tentent de résister alors 1999. Mais ses "questionnements que les disparitions se multiplient. d'une jeunesse hésitant entre la Kairo n'est pas vraiment un film vie normale et celle des Yakuza" de fantômes, c'est plutôt une dans Chinpira ne m'ont guère critique de notre société intéressée. Ni sa description d'un technologique dont les méfaits fléau qui s'étend dans un futur s'étendent toujours plus. proche sur le pays dans My God, Kurosawa dénonce notre mode de My God, fléau qui pousse les vie aliéné, dominé par gens au suicide. Les médias l'informatique : notre ère de parlent du Syndrome de communication à outrance est une Lemming. Deux chasseurs de ère de l'isolement et de sons ont peut-être trouvé le l'enfermement dans nos remède. Des scènes ordinateurs, iPod et autres interminables dans des consoles de jeu. Dans des campagnes désertes, des gens contextes urbains ternes, suicidaires que le bruit semble glauques, où le vide est guérir, peu ou pas de dialogues, omniprésent, les personnages se et peu ou pas d'action. On attend

9 que quelque chose se passe, et chevalier servant (malgré lui) on se surprend à penser à tout pour lui venir en aide, à l'enquête autre chose, ou à dormir. que décide d'entreprendre un Impossible de vous résumer ce policier honnête sur son propre qu'on a entrevu, entre deux temps, et à l'espoir d'un petit attaques de paupières. En ce garçon de pouvoir dire au revoir mois de juillet, j'ai été à son père à l'aéroport. On ne complètement imperméable aux s'ennuie pas une seconde, le film visions pessimistes de Kiyoshi est haletant et passionnant. Kurosawa et Aoyama Shinji. Queens of Langkasuka (Puen New cinema from Asia Yai Jom Salad) de Nonzee Nimibutr (Thaïlande 2008) est un film de pirates qui n'a rien à envier A-t-on fait les bons choix ? Avec (pour la richesse visuelle, le Connected (Hong Kong 2008) et rythme et les effets spéciaux) à la Queens of Langkasuka franchise du XXIe siècle : Pirates (Thaïlande 2008), sans aucun of the Caribbean (2003-2006- doute. Mais il est fort dommage 2007, Gore Verbinski). Lorsque que nous ayons raté The des pirates, sous l'égide de Handsome Suit de Tsutomu l'infâme sorcier Black Raven, Hanabusa (Japon 2008), qui a menacent d'envahir son royaume, retenu les suffrages du NIFFF et la reine Hijau, sa sœur et sa fille dont tous ont dit beaucoup de (sauf erreur) vont rechercher aide bien! et alliés pour défendre leurs sujets. Black Raven s’est mis en tête de recouvrer des canons redoutables enfouis au fond de la mer de Thaïlande. Pari, un jeune héros, va venir en aide aux souveraines. Il sera conseillé par un mystérieux magicien, White Ray, qui lui explique la dualité de l'être et la démontre en cours

Nick Cheung (Detective Fai) et Louis Koo d'histoire en devenant Black Ray! (Bobby) au sol. Les autres, euh... La photo est magnifique, les Connected (Bo chi tung wah) costumes et décors somptueux, de Benny Chan, est un excellent les interprètes craquants. Un film remake de Cellular de David R. d’aventures plein de noblesse, de Ellis (USA 2004), peut-être romantisme et de sagesse. Les meilleur que sa source, parce effets spéciaux avec la faune qu'on y trouve l'humour en plus aquatique sont remarquables. Le de tout le reste. Une femme est ton de Queens of Langkasuka kidnappée, enfermée dans un est épique, l'esthétique grandiose hangar dans lequel elle réussit à et achevée, alternant scènes en retaper un téléphone détruit et extérieur et séquences en studio. établir une communication avec L’univers créé se développe un inconnu qu'elle supplie de pendant près de cent vingt l'aider. Scènes de course- minutes fort agréables. Le poursuite d'anthologie entre les message de paix et de pardon puissantes voitures des très passe sans être trop pesant, les méchants et la petite Ford Ka rebondissements sont multiples, jaune du héros malgré lui. Un les personnages attachants, tout petit peu film choral aussi : l'émotion certaine. en alternance, on assiste aux appels désespérés de la jeune Cybord She (Boku no kanojo femme prisonnière d'une bande wa saibôgu) de Kwak Jae-Yong, de mafieux, aux efforts de son Japon 2008, démarre comme

10 une comédie romantique de somme toute, tourne un peu à science-fiction pétillante! Jiro fête vide. chaque année son anniversaire seul, personne ne le lui souhaite. Compétition Internationale Au restaurant dans lequel il a l’habitude d'aller apparaît une Je ne reviendrai pas sur étrange jeune fille. Elle vient du Antichrist sur lequel j'ai déjà écrit futur. Sa rencontre avec une quelques lignes dans l'article androïde bouleverse Jiro. On "Cannes 09" paru sur le site e- assiste, au cours d'une folle media (voir Festival de Cannes soirée, à une succession 2009 par SDS. ).Le film a gagné effrénée de gags montrant les au NIFFF le prix Titra et semble surprises que réserve notre avoir fait un effet profond sur le monde à une "alien" : elle prend public. ce qu'elle veut et ne paie jamais, boit du parfum, ne supporte pas Nous n'avons pas pu voir Fish l’alcool, mange comme vingt, etc. Story, de Yoshihiro Nakamura, Jiro tombe amoureux, mais un (Japon 2009) qui a été robot n'est pas programmé pour récompensé au NIFFF, ni aimer. Elle repart, et revient un Franklyn de Gerald McMorrow an plus tard. Cette fois-ci, la jolie (Royaume-Uni et France 2008). Il "cyborg" est censée sauver Jiro n'y avait plus de billets. Les échos d'une catastrophe. Et elle se sur ces deux films sont très découvre des sentiments. De positifs, Franklyn est distribué en l'humour et un peu d'émotion Suisse par Ascot-Elite, Fish Story nous amènent à suivre avec n'a pas (encore ?) été acheté. plaisir l'évolution de la relation Comme la plupart des films de la entre cet humain un peu compétition, d'ailleurs. D'où complexé et cette super-nana. l'importance pour le Le ton est initialement léger, la cinéphile/cinéphage de hanter les possibilité d'un drame est festivals! suggérée, mais les situations burlesques perdurent jusqu'à atteindre un paroxysme censé être bouleversant. Comment classer ce film ? Une comédie romantique de science-fiction ?

Sam Parsonson, le psychopathe

L'action du film de Rupert Glasson, Coffin Rock (Australie 2009), se déroule sur la côte australienne, dans un petit village où tout le monde connaît tout le monde. On y vit essentiellement de la pêche. L'arrivée d'un juvénile inconnu va servir de catalyseur aux conflits latents et provoquer une escalade de violence. Mais l'intérêt réside surtout dans la problématique du "baby blues" (à la mode cette année avec Sid dans Ice Age 3 : À en juger par les effets Dawn of the Dinosaurs de spéciaux, le film a dû coûter Carlos Saldanha)! Rob et Jessie beaucoup d'argent. Mais tout ont peine à avoir un enfant. cela reste très gentillet, et, Jessie, trentenaire, est obsédée

11 par l'envie de procréer et par la néanmoins de mener la grossesse frustration de pas y réussir. Elle à terme et d'accoucher culpabilise son partenaire qui se naturellement. Elle accouche d'un sent jugé et méprisé, et leur bébé mort-né... qui revient à la couple s'en trouve fragilisé. Après vie. Miracle! Le nourrisson, qu'elle une soirée arrosée et une violente baptise Grace, la tète jusqu'au dispute avec Rob, Jessie cède sang et n'est jamais rassasié. aux avances d'Evan, nouveau Vient le jour où Grace aimerait venu dans la communauté, et manger du solide, de même découvre bientôt qu'elle est source... Dans l'entourage de enceinte. Elle sait de qui est Madeline les hommes sont l'enfant, mais essaie de le cacher faibles, ternes et soumis, seules au géniteur et à son mari. Mais les femmes semblent capables de lorsque Rob se vante dans tout le détermination, que ce soit la belle- village d'avoir fait ses preuves, mère manipulatrice et possessive, Evan ne l'entend pas de cette le bébé Grace qui dévore pour oreille : il est venu pour prendre survivre ou même Madeline femme et ce foetus lui appartient! capable de tout pour son enfant. Bouillant de rage, il laisse éclater La coupure entre Madeline et le la violence qui sommeille en lui. monde réel, sa chute vers la folie, Face à lui, Rob, toute la les cris du bébé dans le huis clos collectivité et même Jessie sinistre qui lui tient lieu de maison baignent encore dans la quiétude renvoient au climat angoissant né aveugle de leurs habitudes. Nous de l'inéluctable prise de découvrons le vrai Evan avant possession par un être diabolique eux. Il harcèle Jessie et fait de sa d'un Eraserhead (David Lynch, vie un enfer. Peu à peu, le USA 1977) ou d'un Rosemary's psychopathe va plonger Coffin Baby (Roman Polanski, USA Rock dans l'horreur. Un excellent 1968). L'atmosphère du film est suspense qui rappelle le non envoûtante et effrayante. Le jeu moins excellent Fear de James des acteurs est parfait. Mais Foley (USA 1996) avec Marc l'image est laide, floue et terne, Wahlberg. Il aurait mérité une les mouvements de caméra distinction. maniérés, certains inserts incompréhensibles. Le film a été Grace de Paul Solet (USA 2008) tourné en Bêta digital, ceci a pour principale protagoniste explique un peu cela. Le rythme et Madeline, une jeune femme la bande-son sont par contre malade du désir d'enfanter irréprochables et témoignent d'un (toujours le baby blues!). Le film la savoir-faire indéniable. montre, dans une scène précédant le générique, subissant Infestation de Kyle Rankins (USA l'accouplement puis se mettant en 2009) est un film d'invasion par de position du fœtus pour garder le gigantesques coléoptères qui possible spermatozoïde tiennent du crabe, de l'araignée fécondateur. Adepte de la culture ou encore du cancrelat. Cooper, bio, végétarienne ou végétalienne, un loser né, se réveille dans les elle veut accoucher dans l'eau, bureaux de l'entreprise qui vient avec une sage-femme de le congédier. Il est enveloppé végétalienne, et surtout pas dans dans un cocon. Il se souvient du un hôpital. Pour quelqu'un qui ne dernier entretien avec sa vit que par les légumes et petites patronne, d'un bruit strident, et graines, Madeline a un étrange puis plus rien. Tous les humains intérêt pour les émissions TV sur sont enveloppés dans un cocon, l'abattage et la reproduction et sont vivants. Les créatures sont d'animaux! Ce sont ses films partout. Cooper doit courir, d'horreur, sans doute! Peu avant frapper, finasser, pour survivre. Il son terme, elle apprend que son réveille sa patronne, la fille de bébé est mort, mais décide celle-ci, brune piquante et

12 décidée, et forme un petit groupe le robot Gerty. Sam a hâte de de survivants avec une masseuse rejoindre sa famille dont il se asiatique versée en bio-chimie, repasse sans cesse les appels une blonde météo girl en mal de vidéo. mâle, un père afro-américain et son fils, soldat réformé, sourd- muet. Les survivants doivent s'organiser dans un monde envahi par des créatures belliqueuses, et même un loser sait alors prendre des initiatives. Le film n'est pas censé effrayer, mais plutôt faire rire d'un échantillonnage Mais des malaises l'accablent, il a d'Américains très moyens. Et des maux de tête, il perd ses lorsque les humains deviennent dents et finit par avoir un accident hybrides, et qu'il leur pousse des dans son module lunaire. Il ne pattes et des pinces, il est difficile meurt pas, il est même sauvé par de rester sérieux. Les dialogues un astronaute qui lui ressemble sont très jouissifs, le comique de étrangement, et avec l'aide un situation permanent. À voir. peu réticente de Gerty, ils vont essayer d'y voir plus clair dans Left Bank (Linkeroever), de leur situation. Qui est-il ? Que lui Pieter Van Hees, Belgique 2008. arrive-t-il ? Qui est le nouveau Un thriller d'horreur sans gore ni venu ? Le scénario est intelligent, scènes de violence. Une jeune Rockwell est impeccable, et les athlète doit renoncer à la décors parfaitement lunaires. À compétition et prendre du repos, voir absolument. elle a des problèmes de santé. Elle fait la connaissance d'un Tears for Sale (Carlston za archer et s'installe chez lui, sur la Ognjenku) d'Uros Stojanovic, rive gauche de Antwerpen, un Serbie et Montenegro 2008. Comédie en costumes, qui se quartier qui était celui des parias ère et des lépreux au MA et qui est déroule après la 1 Guerre maintenant un quartier friqué. Mondiale dans la campagne Mais des signes sont négatifs : sa serbe. Un village où il ne reste mère perçoit des ondes négatives, que des femmes, qui ne savent des gens disparaissent, une sorte plus ce que c'est qu'un homme. de suie noire se dépose un peu Deux sœurs se mettent en quête partout, la blessure qu'elle se fait de mâles, partent dans le vaste en tombant en forêt s'infecte, monde, et y expérimentent désir, devient noire et d'horribles poils jalousie, haine. Elles se trouvent poussent. L'atmosphère est chacune un homme, espèrent angoissante, l'étau se resserre, échapper à leur destin et rejoindre dans un climat glauque, un Belgrade. En quelques mots : film isolement inquiétant, très slave, musique très slave, claustrophobique. Le clou de superbes interprètes, scénario un l'histoire n'est pas réellement peu ampoulé et message confus. intéressant, mais tout le chemin C'est une fable sombre, dont les pour y arriver l'est. héroïnes sont des jeunes filles qui gagnent (bien) leur vie comme Moon, de Duncan Jones, UK, pleureuses professionnelles et ne 2009. Sam Bell (Sam Rockwell), savent rien des hommes : c'est est, dans le futur proche, un donc bien une réflexion sur un astronaute qui arrive au terme de pays ravagé par la guerre, même son contrat de trois ans sur la lune si de nombreuses scènes frôlent où son travail consistait à collecter le burlesque! Carlston za du combustible nucléaire pour les Ognjenku est le film serbe le plus besoins énergétiques de la terre. cher jamais fait. Le mélange de Sa seule compagnie sur la lune : folklore balkanique avec des

13 images de synthèse est réussi : l'époque nettement plus les couleurs chaudes de l'image convaincant. rappellent un peu le travail de Bruno Delbonnel dans Un long Tormented, de Jon Wright, dimanche de fiançailles (France (Royaume-Uni 2009) est un 2004) de Jean-Pierre Jeunet. slasher qui se laisse voir, mais ne révolutionne pas le genre. La photo réaliste et propre, l'enchaînement d'événements prévisibles, les personnages très "clichés" de cette école (qui sont censés donner une image de société ?), tout cela est un peu "déjà vu". D'un côté la jeunesse dorée, le Cool Gang, ils sont beaux, sportifs, friqués et vains. De l'autre les marginaux, ici un bigleux, deux premières de classe The Children de Tom Shankland. pas vraiment jolies qui adorent (Royaume-Uni 2008) triche sur la Keira Knightley et un obèse marchandise : on nous y présente asthmatique. Entre deux, Justine des enfants tueurs, et on brouille (sic!), une bonne élève qui préfère l'image pendant et après chaque les cool aux adeptes de KK. Le meurtre! Deux familles parentes réalisateur se moque ouvertement passent les vacances de Noël des forts en thème et des riches, il ensemble, avec leurs enfants en fait des êtres ridicules et respectifs (on a beaucoup de inintéressants, il laisse peine à savoir qui est à qui!), dans transparaître un petit peu de une maison à l'orée de la forêt. sympathie pour les parias. Le film Parents modernes, copains, débute par l'enterrement de joueurs, en un mot "cool", croyant Darren Mullett qui fut sa vie durant tout savoir de l'éducation et ayant le souffre-douleur du Cool Gang. Il réponse à tout (chacun à leur revient se venger, annonçant la façon, bien entendu), et couleur par SMS! Gras, chair convaincus que leur progéniture a transparente et verdâtre, yeux toutes les qualités. Dès le début glauques, veines apparentes, et du séjour bien arrosé, chaque toujours asthmatique, son paire de parents veut démontrer à fantôme varie le style des l'autre qu'elle sait mieux y faire! punitions : mains tranchées au De leur côté, les enfants massicot, tête empalée sur une observent, muets, peu amènes haute barrière, crayons bien taillés envers les adultes. Paulie, le petit enfoncés dans les narines garçon du couple en visite, est jusqu'au cerveau, tympans crevés particulièrement hargneux, et par des décibels, décapitation barbouillé, il a vomi pendant le avec une pelle, etc. Le fantôme ne trajet. A-t-il attrapé un virus, fait pas dans la dentelle et l'histoire ne le dit pas. Mais tous n'oublie personne, car personne les enfants se muent peu à peu n'est innocent. Au cas où vous ne en petits monstres, hyperactifs ou le sauriez pas, un "slasher" est un amorphes, toujours menaçants. film d'horreur dans lequel un tueur L'aspect le plus réussi du film : psychopathe élimine les c'est le maquillage sinistre des personnages un à un. CQFD. enfants et leurs regards qui vous Vertige, d'Abel Ferry, France font froid dans le dos. Autrement, 2009 est un "survival movie", dans je vous renvoie à Quien puede lequel cinq amis se lancent sur matar a un nino ? (connu aussi une "via ferrata" (une voie sous le titre : Los Ninos) de sécurisée pour l'escalade) en Narciso Ibanez Serrador haute montagne, en Croatie. Pour (Espagne 1976) qui m'avait paru à Chloé, Guillaume, Fred, Karine et

14 Loïc, le vertige des sommets et spaghetti qui se déroule en les éléments affectifs compliquent Mandchourie sous l'occupation l'aventure, d'autant qu'ils japonaise, dans les années 1930. découvrent avec horreur qu'ils ne On y suit une chasse à la carte au sont pas seuls... L'expédition va trésor dans laquelle s'affrontent le rapidement virer au cauchemar. bon chasseur de primes (joué par Abel Ferry livre un long métrage Woo-Sung Jung), la brute sans accompli dans le genre scrupules (Byung-Hun Lee), et le "enfermement dans un milieu cinglé, une fripouille pleine de hostile et lutte pour survivre". Le ressources (Kang-Ho Song). Les réalisateur nous a confié que ni trois rôles sont tenus par des stars ses comédiens ni son équipe du cinéma coréen. technique n'étaient des habitués de la haute montagne et que la tension ressentie par le spectateur est peut-être due à leurs propres craintes. Avant l'affrontement final, les protagonistes auront eu le temps de se détester, de se battre, de se tolérer, mais pas vraiment de se comprendre.

Après une ascension périlleuse sur une paroi à pic, et une traversée angoissante sur un pont Un film trépidant et survolté de suspendu brinquebalant, les bout en bout, poursuites à moto, à jeunes gens vont se jeter dans la cheval et en voiture, personnages gueule du loup. En l'occurrence, grimaçants et peu attachants. le loup est une créature sauvage L'influence de Sergio Leone (Il et sanguinaire, peut-être un enfant buono, il brutto, il cattivo, 1966) loup devenu grand, qui considère et d'Ennio Morricone est tout humain comme une menace. revendiquée. Le NIFFF nous l'a La dernière partie du film est une annoncé comme étant un lutte à mort entre les intrus et le "western-noodle" mélangeant monstre. Ferry sait filmer la tenues et décors asiatiques à montagne, les gouffres, les cimes ceux du traditionnel western. d'arbres, et leur donner un Dans une surenchère de courses, caractère menaçant. La montagne pétarades, bruits, batailles, la devient ici un personnage hostile caméra toujours en mouvement et dont le monstre est le gardien. les interprètes en ébullition ne Quiconque viole le sanctuaire est nous laissent guère de répit, on condamné. Le film a été tourné est à bout de souffle en fin de dans les Pyrénées. vision.

The Good, the Bad and the L'Open Air Weird (Le Bon, la Brute et le Parmi les six films présentés à Cinglé) (Joheunnom l'Open Air, les deux titres ci- Nabbeunnom Isanghannom) de dessous sont en distribution en Ji-Woon Kim, (Corée du Sud Suisse et les amateurs 2008) est une comédie-western d'animation ne doivent en aucun cas manquer Mary and Max,

15 d'Adam Elliot, Australie 2009 enfers dont certaines étapes sont (distribué en Suisse par Pathé presque comiques dans ce film Films) qui raconte l'histoire d'une très noir et très angoissant. improbable amitié entre une petite fille de Melbourne et un Les mots de la fin quadragénaire reclus, obèse et Au bout de cinq journées bien asocial de New York. remplies (25 films !), je parodie Terminator : "I'll be back!" Mes films préférés de cette édition : Moon, Coffin Rock, Infestation, Vertige, Connected, Left Bank, Viva Erotica, Queens of Mary (voix de Toni Collette) Langkasuka et Just another L'autre film à recommander si Love Story. Le NIFFF continue vous avez l'estomac solide : The de surprendre et captiver, il Chaser (Choo Gyuk Ja), de reste un festival sympathique et Hong-Jin Na (Corée du Sud 2008) ouvert à chacun, et ses invités qui est distribué en Suisse par sont tout à fait abordables pour Mont-Blanc. Le film raconte la le commun des mortels, un traque d'un ex-policier devenu point extrêmement positif ! proxénète qui se rend compte que ses filles disparaissent après avoir Mais le NIFFF est aussi victime rencontré le même client : à de son succès, il semble avoir l'évidence, un tueur en série sévit. atteint les limites de sa capacité Une chasse haletante débute, et d'accueil. Sans doute faudra-t-il on ne sait pas toujours qui est revoir les questions logistiques gibier... C'est l'occasion pour l'édition 2010. d'égratigner l'appareil policier coréen dans une descente aux ______Pour en savoir plus - Site du NIFFF : http://www.nifff.ch/index.php?section=1 - Site de la Fédération européenne des Festivals de Films Fantastiques : http://www.melies.org/ - Site de Clap.ch (le cinéma dans tous ses états) : http://www.clap.ch/index.php - Site donnant les horaires et détails pour tous les cinémas de Romandie : http://www.cine.ch/home.php Le cinéma scandinave, site Internet : http://cinemanageria.ifrance.com/cine_pays/cine_scandinave.htm - Un ouvrage de référence pour le cinéphile : AMSTRONG Richard B. and AMSTRONG Mary Williams : Encyclopedia of Film Themes, Settings and Series (Paperback), McFarland & Co 2009, ISBN-10 0786445726 - Un autre ouvrage de référence très utile : LOPEZ Daniel : Films gy Genre : 775 Categories, Styles, Trends and Movements Defined, with a Filmography for Each, McFarland & Co 1993, ISBN-10 0899507808 - LE livre sur la Catégorie III (Hong Kong) : SEVEON Julien : La Catégorie III, Sexe, sang et politique à Hong Kong, Bazaar&Co 2008, ISBN 978-2-917339-03-9 ______Suzanne Déglon Scholer, enseignante au gymnase, Chargée de communication Promo-Film EcoleS et responsable de la TRIBUne des Jeunes Cinéphiles, juillet 2009

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