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Ces compléments ajoutés au fil du temps au noyau originel constituent un véritable maquis car certains passages sont inédits et d’autres se chevauchent, offrant ainsi deux récits parallèles des mêmes événements. Pour ne rien arranger, aucune édition scientifique ne regroupe à ce jour l’ensemble des continuations, ce qui aurait pu offrir une vue d’ensemble du corpus . Notre première tâche a donc été de remettre de l’ordre au sein de ces continuations en les classant. Afin de bien comprendre les différentes orientations prises par l’historiographie épiscopale lors de ces quatre siècles, il nous a paru nécessaire de fournir un résumé assez détaillé de l’histoire des prélats messins et de leur principauté. Ce travail préliminaire est en effet indispensable pour évaluer dans les meilleures conditions la fiabilité et les fonctions remplies par les continuations latines, au moment de leur rédaction. Plusieurs phénomènes de grande ampleur affectent durant cette période la puissance des évêques de Metz, tels que l’émancipation politique des Messins, les différents schismes ou encore la montée des pouvoirs laïcs régionaux. Après une dernière phase d’apogée, au milieu du XIII e siècle, le pouvoir épiscopal va irrémédiablement stagner, voire décliner. La modification des équilibres qui assuraient aux évêques de Metz une certaine primauté politique en Lorraine, est en grande partie à l’origine de la rédaction des très nombreuses continuations latines, qui ont cherché à redorer le blason terni des prélats messins. C’est seulement après ces deux étapes que pourra commencer l’étude historiographique des continuations, envisagées d’abord séparément, puis comme un tout, car malgré la diversité des auteurs et des époques, tous ces ajouts présentent un certain nombre de points communs, qui nous ont conduits à mener une d’étude d’ensemble de ce corpus . Comme l’a fait remarquer Michel Sot, la démarche des continuateurs est différente de celle des rédacteurs des gesta episcoporum originels 1 : alors que les seconds entendent inscrire leur œuvre dans le temps long, et créer ainsi un lien indissoluble entre les origines de leur siège et 1 Sot [1981], p.50-54. 450 leur époque, en déclinant la sainte lignée des pasteurs qui se sont succédés sur le trône épiscopal, les premiers ne travaillent que sur les époques les plus récentes. Les sources qu’ils utilisent ne sont pas de même nature, et leur dessein n’est pas d’apporter sens et unité à l’ensemble de la lignée épiscopale. Il leur appartient seulement de rattacher les notices des évêques les plus récents à un schéma historiographique qu’ils n’ont pas créé. Ces quelques points communs ne doivent cependant pas cacher les nombreuses différences que l’on rencontre parmi ces continuations, et qui font toute la richesse de l’historiographie épiscopale messine. Ces nuances feront bien évidemment l’objet de toutes nos attentions. 451 I. L’apogée de la principauté épiscopale (1162-1260) A. Le difficile maintien des équilibres (1162-1212) 1. Les difficultés temporaires des successeurs d’Etienne de Bar (1162-1179) La mort d’Etienne, de Bar le 30 décembre 1162, met fin à une période de restauration et de rayonnement de la puissance épiscopale. Ses trois successeurs n’ont pas la même aura et leur histoire, moins bien documentée, est marquée par un certain nombre de difficultés qui vont temporairement affaiblir la principauté ecclésiastique 1 . Les prélats messins sont en premier lieu fragilisés par le schisme qui affecte l’Empire, et la mésentente persistante entre Alexandre III et Frédéric Barberousse va les conduire à adopter une attitude des plus prudentes durant toute la crise. Parallèlement, un nouvel acteur politique s’affirme dans l’espace lorrain avec l’émergence des puissantes familles de citadins messins qui commencent à jouer un rôle politique dans la cité épiscopale. Malgré ces facteurs de déstabilisation, les prélats messins vont néanmoins parvenir à maintenir l’essentiel de leur puissance, tant dans la ville de Metz que dans l’ensemble de leur évêché. 1Les actes de ces trois évêques ont été édités par Michel Parisse, Actes des princes lorrains. 2 e série : princes ecclésiastiques. I. Les évêques de Metz. C. Thierri III, Ferri, Thierri IV (1163-1179) , 1971 ; Nancy ; sur l’histoire de ces trois évêques voir les remarques de G. Wolfram, « Zur Metzer Bischofsgeschichte während der Zeit Friedrichs I . », JGLGA, XV, 1903, p.207-218. 452 Thierry de Bar (1163-1171) Le premier successeur d’Etienne de Bar, Thierry III, est le neveu de l’évêque défunt. Il est le fils du comte de Bar, Renaud I er et de Gisèle de Vaudémont 1. Cette succession devait être préparée de longue date puisque le nouvel élu exerçait les fonctions de princier du chapitre cathédral depuis le bras de fer qui avait opposé, en 1136, Etienne de Bar et les chanoines messins 2. Rappelons qu’au XII e siècle la dignité de princier constitue la dernière marche avant l’épiscopat, dans la mesure où les trois prédécesseurs de Thierry III ont accédé à la fonction épiscopale 3. L’élection a dû se tenir dans les toutes premières semaines de l’année 1163 4. Il n’y aura par contre jamais de consécration à cause du schisme provoqué par la querelle entre le pape Alexandre III et Frédéric Barberousse. Thierry III a préféré adopter une attitude très prudente pour ménager les deux partis, alors que dans le même temps l’archevêque de Trèves, Hillin de Falmagne manifestait ouvertement son affiliation au camp impérial. Il aurait été facile pour le nouvel élu de recevoir la consécration des mains de son métropolitain ou de l’antipape en personne. Victor IV a en effet accompli une tournée dans l’Empire en 1162, et il était présent à Metz à la fin du mois d’octobre 1162, sans que l’évêque Etienne de Bar et son princier ne soient attestés à ses côtés 5. La première continuation des GEM mentionne que Thierry III s’est empressé de chasser les cardinaux de Victor et le légat impérial venus recueillir l’obédience du clergé messin 6. La scène est à placer avant le 20 avril 1164 et la mort de l’antipape, mais il y a fort à parier qu’elle s’est déroulée au début de l’année 1163, alors que Victor IV et ses cardinaux séjournaient encore à proximité de la cité 1 Thierry est le troisième fils du comte Renaud de Bar. Il est archidiacre de Marsal depuis 1128 ce qui place sa naissance au plus tard au début des années 1110. Il a accompagné son père durant la II e Croisade et il était présent lors de sa mort le 10 mars 1149 sur le chemin du retour : Parisse [1972], n°15, p.57. Il est attesté comme princier de Verdun en 1156. 2 cf. p.245-247 de notre travail 3 Parisse [1971], p.23-28 : Adalbéron de Louvain est devenu évêque de Liège en 1123 ; Adalbéron de Montreuil est devenu archevêque de Trèves en 1131 ; Adalbéron de Chiny est devenu évêque de Liège en Liège en 1135 4 Thierry apparaît en tant qu’élu de Metz dans un acte de Frédéric Barberousse en faveur de l’abbaye de Marmoutier en Alsace le 8 juillet 1163 à Selz, MGH DD F I, t.II, n°400, p.276-278 : Ce diplôme reprend les termes d’un acte de Thierry III en faveur de Marmoutier qui a servi de modèle et qui est daté de 1163 sans mention du jour et du mois, mais avec la précision qu’il s’agit de la 11 e année du règne de Frédéric ce qui place la rédaction de ce document avant le 11 mars 1163, éd. P. Wentzcke, « Zur Geschichte Bischof Theoderichs III von Metz », JGLGA, 1908, p.450-454; Parisse [1971], n°2, p.10-11, voir la note n°20. 5 Victor IV délivre deux bulles datées du 27 octobre 1162 en faveur de l’hôpital Saint-Ladre et de l’abbaye Sainte-Glossinde sans faire mention ni d’Etienne, ni de Thierry et l’on peut se demander si ces derniers étaient présents dans la ville ou s’ils ont préféré éviter de se compromettre avec l’antipape, Parisse [1969], n°248 et 249, la première bulle est inédite AD Mos. Arch.