Rembercourt-Aux-Pots (Meuse)
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Aux confins du Barrois et du Verdunois REMBER COURT-AUX -POTS (Meuse) Aux confins du Barrois et du Verdunois REMBERCOURT - AUX - POTS (Meuse) Sa curieuse église (XVe et XVIe siècles). — La Bataille de La Vaux-Marie (8, 9, et 10 septembre 1914). — Son émouvant cimetière militaire (12.000 tombes). — Rapports des Marats et de l'abbaye de Lisle-en-Barrois avec Rembercourt. — Saint Louvent, martyr du VIe siècle, titulaire de l'insigne église. Lettre de Monseigneur Aimond Prélat de la Maison de Sa Sainteté Directeur de l'Enseignement chrétien à M. l'abbé JOIGNON, auteur de « Sur les Confins du Barrois et du Verdunois » Bar-le-Duc, 24 novembre 1938 CHER MONSIEUR LE CURÉ, Lorsqu'on visite l'imposante église de Rembercourt, la première impression que l'on ressent est celle-ci : « Certes ! les bâtisseurs ont vu grand. » De même, ceux qui vous liront, comparant votre important volume à l'humble notice consacrée jadis par Bonnabelle el votre paroisse, estimeront — et ce sera un éloge — que l'auteur « a vu très grand ». C'est que, passionné par le passé de Rembercourt, autant que dévoué à tous ses intérêts présents, vous avez rêvé — après avoir relevé ses Calvaires — de lui ériger un véritable monument du Souvenir. Ce bourg n'est pas en effet une simple localité comme tant d'autres. Son rôle historique, aux frontières à la fois de deux grands Etats du moyen âge : la France des Capétiens et le Saint-Empire,. et de trois diocèses, l'importance religieuse que lui confé- raient le martyre et le culte de saint Louvent, ses établissements religieux ou hospitaliers : Couvent de Cordeliers, Hôtel-Dieu, Maison de charité, et surtout sa remarquable église, enfin le sceau de l'épreuve — on pourrait dire du martyre — que la dernière guerre a mis à la longue série de ses vicissitudes, légitimaient des développements, devant lesquels l'historien de Rembercourt n'a pas reculé. Dans cette surabondante richesse, les historiens de l'avenir trouveront à glaner maints renseignements intéressants. Par ailleurs, de la description enthousiaste que vous donnez de votre belle église et de l'interprétation très personnelle de ses sculptures, l'archéologie — science prudente et un peu froide — retiendra l'ingéniosité de vos commentaires. Mais c'est surtout vos paroissiens, auxquels vous pensiez, pour ainsi dire, à chaque ligne de votre livre (n'y retrouveront-ils pas l'écho de vos prédi- cations ?), qui seront les principaux bénéficiaires de votre méritoire labeur. Notre époque, si ingénieuse à varier les moyens d'apostolat, a enrôlé l'histoire locale elle-même au service de l'Action catholique. C'est que, raconter à des chrétiens d'aujourd'hui le passé édifiant de leurs ancêtres, faire parler les pierres de leur vénérable église, imprégnées des prières de tant de générations croyantes, prêter une voix aux restes historiques épars dans les carrefours et jusque dans les champs d'une paroisse, n'est-ce pas intéresser les intelli- gences pour mieux toucher les coeurs ? N'est-ce pas surtout rattacher par le fil solide de la tradition et de la continuité historique la jeune génération, passionnément tournée vers l'avenir, à ce passé lointain, où après tout les ancêtres ont su œuvrer d'une façon méritoire ? Pour la grande famille paroissialè de Rembercourt, votre volume, cher Monsieur le Curé, sera un peu ce qu'on appelait autrefois un « Livre de raison ». Vos paroissiens n'y retrouveront-ils pas, avec les noms et même l'histoire de leurs familles, le détail de leurs humbles occupations et jusqu'au « climat moral » d'un bourg, qui sut toujours allier la probité du travail à un sens ingénieux des affaires. Gardien vigilant des tombes d'un cimetière national, tout proche du tragique plateau de La Vaux-Marie, vous en avez évoqué les glorieux morts. C'est ainsi que leurs familles, qui aiment à faire chaque année le pèlerinage de Rembercourt, trouveront dans votre livre, avec les grands et douloureux sou- venirs de la dernière guerre, le nécrologe complet de leurs chers disparus. Vous avez ainsi prolongé dans ce livre — fruit de vos laborieuses recherches, — l'action de votre zèle religieux et patriotique. N'est-ce pas le plus bel éloge que l'on en puisse faire ? Ch. AIMOND. CHER MONSIEUR LE CURÉ, Je tiens à vous féliciter très vivement pour votre important travail qui honore grandement le clergé du diocèse. NIHIL OBSTAT M. NIN ET, vie. gén. cens. libr. Rembercourt-aux-Pots, 22 octobre 1938 En la fête de saint Louvent, abbé de Saint-Privat, martyr et patron de ce lieu COURTE PRÉFACE CHER ET BIENVEILLANT LECTEUR, La Préface de ce livre est courte pour que vous la lisiez. Elle vous dira toute ma joie de Curé de campagne de faire, en éditant ce modeste travail, « une œuvre » de moralité française. Mon vieux Maître, l'abbé Paul Collot, ancien curé de Resson (Meuse), m'a pourtant souvent déconseillé d'éditer quoi que ce soit. Originalité ou sagesse ? — Les deux probablement ! Sa chère âme me taxera, peut-être, de témérité en me voyant passer outre à sa consigne de savant. Heureux bénéficiaire de ses conceptions sacerdotales, je n'ai voulu que raviver les braises des vieux foyers de Rembercourt en recampant en pleine vie les anciens qui dorment à l'ombre de la vénérable église Saint-Louvent, qu'ils ont faite à la mesure de leur foi. J'ai pensé être utile à ma Patrie lorraine et française en faisant un faisceau glorieux d'une multitude de feuilles volantes, qui çà et là, en diverses archives et bibliothèques de villes, notent, chacune, tel ou tel événement du riche passé de l'antique cité barroise. J'ai voulu aussi, par ce travail de onze années de patientes recherches, cultiver la patriotique fierté de ceux qui, en notre chère France, s'intéressent encore à l'archéologie sacrée, à l'art et à l'histoire. J'ai senti que « cette œuvre » serait consolatrice et glorieuse pour les familles des 12.000 martyrs de la Patrie, inhumés dans l'impressionnant cimetière militaire, confié à la garde de Rembercourt-aux-Pots. Enfin, je devais couronner ce modeste édifice monographique d'une pierre de faîte que j'aurais voulu pouvoir ciseler plus finement. Saint Louvent, martyr du VIe siècle et patron de Rembercourt, apparaîtra en cet essai historique comme « le commencement et la fin » de l'intéressante Paroisse qui peut revendiquer l'honneur d'avoir édifié le premier temple dédié à son culte. Je dois ici exprimer mon amicale et très respectueuse gratitude à mon paroissien, M. Armand Bardonnet, pour les illustrations si vraiment artis- tiques qu'il a voulu m'offrir pour enrichir cet ouvrage. M. Le Bourgeois de Rambouillet a dit, en voyant ces illustrations, que M. A. Bardonnet n'est pas seulement un habile dessinateur, mais un véritable artiste qui passe de l'âme aux choses. L'église en ruine est un sanglot qui fait chanter la résurrection de l'église reconstituée 1. Merci aussi à la mémoire de M. le chanoine Humbert,ainsiqu'àMgrAimond, qui ont voulu, en maintes circonstances, être guides sûrs dans mes recherches aux archives et ailleurs. Je dois aussi assurer de toute ma reconnaissance M. d'Herbécourt, ancien archiviste de la Meuse, ainsi que M." Pierre Marot, archiviste de Meurthe- et-Moselle, pour la bienveillance soutenue et éclairée que j'ai toujours trouvée près d'eux au cours de mes travaux. Avec ces Messieurs, je me sentais à si haute Ecole, que j'y trouve encore la recommandation la plus autorisée pour cette monographie. Ai-je fait du définitif ? — C'est probable, car si on n'épuise jamais un sujet historique, je puis affirmer que, en toutes mes recherches sur Rember- court, peu de détails m'ont paru négligeables. Cependant je dois dire que je serais très flatté si mon modeste travail pouvait servir de base à l'œuvre d'un historien plus expert et mieux documenté. Je dédie mon humble travail à la mémoire vénérée de mon père, Paul- Etienne Joignon, et de ma mère, Maria-Catherine Viard, tous deux décédés après avoir élevé huit enfants, dont trois sont morts pour la France. Sint animse eorum in Pace 1 En terminant, j'offre « mon œuvre » en hommage très filial à Son Excellence Mgr Charles Ginisty, Evêque de Verdun, à qui je le soumets très respectueusement. Nombre de prêtres érudits, par leurs écrits autorisés, ont bâti au cours des siècles le magnifique édifice de l'histoire de l'Eglise verdunoise. Timi- dement j'arrive, oh ! loin derrière ces géants, à un bien mauvais moment, heureux pourtant d'apporter ma petite pierre à cette riche construction qui s'irradie à mes yeux, « fortiter et suaviter », de la vigilance de ses Pontifes, gardiens de la Cité, et du joli sourire de Notre-Dame. G. JOIGNON, Chapelain de la Cathédrale de Verdun, Curé de Rembercourt. 1 M. Le Bourgeois est l'artiste puissant qui inscrivit si délicieusement l'histoire de la guerre de 1914 aux curieux chapiteaux de la crypte de la cathédrale de Verdun (XIIe siècle). CHAPITRE PREMIER Rembercourt des origines à l'époque féodale SOMMAIRE : § I. Le territoire. — § II. Etudes critiques sur le nom de Rembercourt-aux-Pots. — § III. Histoire politique avant et durant le XVe siècle. — § IV. Domination barroise. — § V. Vers l'annexion de Rembercourt à la couronne de France. PARAGRAPHE 1 Le territoire : ORIGINES. — SITUATION GÉOGRAPHIQUE. - LES DIVERSES CONTRÉES DU TERRITOIRE. NATURE ET DISPOSITION DU SOL. HYDROGRAPHIE Origines On ne sait pas grand'chose concernant l'histoire de Rembercourt avant la fin du vie siècle. Cependant dans sa notice sur Rembercourt, Bonnabelle, (page 4), nous apprend que le 15 juillet 1881, en nivelant un champ au lieudit Caïpha, on mit à découvert un pot en terre renfermant environ dix kilos de diverses monnaies romaines.