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* RÊVES ET DÉCOUVERTES BPF Œ Jacques Seive Jannick Seguin ©

Toul et les fortifications de Vauban Œ et Longuyon, fort en Toul Nous continuons notre présentation liée à la semaine fédérale. L’occasion d’accéder à deux sites de -et- dont l’intérêt n’est pas moindre, pourvu que l’on sache s’y attarder un peu.

haque ville, chaque village, a un côté Toul, la gothique venter de longues et belles promenades dans privilégié lorsqu’on veut aller à sa Un peu comme à Chartres, le cyclo arrivant cette région restée très champêtre dès que C rencontre. Toul n’échappe pas à cette sur Toul ne verra que sa cathédrale : la cathé- l’on a quitté les grands axes. Il ne pourra règle et nous ne saurions trop recommander drale Saint-Étienne. Elle domine, écrase l’ho- manquer d’y trouver les deux vedettes de au cyclotouriste d’arriver par l’est en général rizon, interpellant le voyageur, l’attirant et par la piste cyclable de Maron en particu- comme un aimant. C’est qu’elle en vaut la lier. Maron, vous le trouverez en suivant la peine. Construite à partir de 1221, achevée L’Histoire Moselle après avoir quitté Nancy, autre BPF en 1500, elle a gardé toute sa majesté et justi- de la Meurthe-et-Moselle. D’ailleurs, pour fiera un arrêt dans la balade cycliste. Mais, fait aussi partie rejoindre ces deux villes, vous êtes assurés à comme toutes les cités un peu anciennes, il du cyclotourisme 95 % de rouler par des échappées tranquilles serait dommage de ne pas s’attarder un brin et rassurantes, routes et pistes cyclables se dans la ville et une petite promenade permet- succédant et se confondant parfois. tra de découvrir la collégiale Saint-Gengoux, “cette partie de la : les vignes, qui son musée d’art et d’histoire et les charmes donnent le savoureux « petit Gris » de Toul de la vieille ville engoncée dans ses fortifica- et les mirabelliers dont les prunes donnent La cathédrale Saint-Etienne de Toul, garde toute sa majesté tions Vauban. les meilleures confitures et les meilleures Par ailleurs, Toul peut être un intéressant tartes du monde. Ne partez pas” sans avoir point de départ pour des visites en étoiles goûté l’un et l’autre. qui permettent de mieux découvrir et appré- cier cette région aussi riche par son patri- Longuyon moine historique que par ses traditions. et le totem du souvenir Plusieurs circuits touristiques, inventés en Au confluent de la et de la Crusne, le particulier pour les cyclos, existent, offrant « Longa-Guada », le « long gué » devenu des balades courtes en général, idéales pour Longuyon avec le temps, par sa position le cyclotourisme familial. Mais de géographique a tenu pendant des siècles un nombreuses pistes cyclables autoriseront des rôle de sentinelle aux frontières de l’est de la

© Bernard Charpentier initiatives et le cycliste curieux pourra s’in- . En contrepoint de ce poste, il fut

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souvent en première ligne et première victime resse à partir du XVIe siècle, les épouvantes lors de chaque conflit que la France eut avec de cette dure époque justifiant cet usage ses voisins. Les cyclos qui, dans le cadre de la de foi et de guerre mêlées, ou l’église de Semaine Fédérale de , passeront par la sainte Vierge, rachetée en 1984 par ce BPF ne devront donc pas s’étonner que les ses paroissiens pour éviter sa destruction et souvenirs et traces qu’ils découvriront, en visi- le bel Hôtel de Ville, typique exemple de tant ces sites souvent martyrisés, soient majo- l’architecture officielle sous le Second ritairement militaires. Ce qui ne veut pas dire Empire. sans intérêts. L’Histoire fait aussi partie du Mais le plus surprenant pour nombre de cyclos cyclotourisme. La principale curiosité se trouve découvrant la région, sera indiscutablement, légèrement au nord de la ville. Le fort de le plaisir qu’il peut y avoir à rouler dans ces Fermont était une des pièces maîtresses de campagnes lorraines, sur ces petites routes la ligne Maginot, destiné à barrer la trouée paisibles et attrayantes, loin de l’idée que l’on de la Moselle et à protéger le bassin indus- peut avoir de l’Est de la France. La même sorte triel de et Thionville. Sa visite sera certai- de découverte agréable qu’ils ont eue à Saint- nement une source d’étonnement pour le Omer en 2009. ■ cycliste qui saura poser son vélo pour aller le Michel Jonquet Province : Lorraine Département : Meurthe et Moselle Coordonnées IGN : À voir Longuyon 11-C1 et Toul 23-A6-A7

Joseph Carez (1753-1801) Pourquoi la Meurthe-et-Moselle ? Si l’homme célèbre de Toul est indiscu- Lors de la création des départements tablement Gouvion Saint-Cyr, maréchal par l’Assemblée Constituante, en d’Empire, il serait dommage pour les 1790, cette partie de la Lorraine abonnés à Cyclotourisme et les amou- comptait deux départements : la reux de la lecture en général, de ne pas Meurthe et la Moselle. Vinrent la rappeler combien la presse moderne guerre et la défaite de 1870 avec, est redevable à Joseph Carez. pour conséquence, la perte de l’Alsace Chanteur lyrique dans sa jeunesse, il et d’une partie de la Lorraine abandonne l’opéra à la demande de annexées par l’empire allemand. son père, imprimeur de l’évêché, pour Adieu le Haut-Rhin, le Bas-Rhin et la rejoindre l’atelier paternel. Esprit Moselle partis en Germanie pour 48

© Bernard Charpentier curieux et ingénieux il est l’inventeur ans. On ajouta les lambeaux qui res- du clichage qu’il appela stéréotypie. taient de la Moselle au département Acquis aux idées révolutionnaires, il voisin de la Meurthe, créant ainsi la Le Totem offert par les Canadiens mettra son talent au service de la Meurthe-et- Moselle. avant leur départ République, devenant député de la La fin de la guerre 14-18 vit le retour Meurthe puis sous-préfet de Toul. des provinces annexées. Des habitudes découvrir, car les installations sont essentiel- Son procédé de clichage, ancêtre des avaient été prises, et les trois départe- lement souterraines. Lors de sa visite, il pourra gravures modernes, permettra l’im- ments retrouvés vinrent s’ajouter, en descendre jusqu’à 30 mètres de profondeur pression de papier monnaie (les assi- l’état, aux 87 déjà existants. où a été construit un réseau ferroviaire de gnats) en grande quantité et l’illustra- Le docteur Gousset 3 km, et il sera bon qu’il prenne son temps tion des livres et revues. dans le musée et ses pages trop méconnues Dévastée à 80 %, les maisons pillées, de notre histoire. Attaqué le 21 juin 1940, le 156 de ses habitants tués ou brûlés, fort ne fut pas pris par les Allemands et les Longuyon fut martyrisée les 23 et troupes françaises ne rendirent les armes, 24 août 1914 par l’infanterie bavaroi- contraintes et forcées, qu’une fois l’armistice se qui se déshonora ces jours-là. signé. La paix revenue, Longuyon accueillit Durant la deuxième guerre mondiale, les troupes canadiennes de l’OTAN de 1954 un même châtiment menaçait la ville à 1967. En remerciement de l’accueil chaleu- en 1944. Devant ce péril, le maire, le reux reçu tout au long de leur séjour, les docteur Henri Gousset, vint se propo- Canadiens, avant leur départ, firent don d’un ser comme otage pour préserver ses Totem à la ville. Celui-ci fut solennellement administrés et sa cité. Cette noblesse inauguré le 11 mars 1977, devant près de retint la main des nazis et la ville fut 2000 personnes, par le grand chef indien sauvée. Khut La Cha (Le grand cœur) qui exécuta chant et danse sacrés liés à son implantation. * Brevet des provinces françaises : Ce Totem, victime des injures du temps, fut brevet permanent des plus beaux sites de France, remplacé à l’identique en 1985 par les soldats organisés par la FFCT, avec parcours libre au choix canadiens en garnison en Allemagne. Il est du participant (voir Guide du cyclotourisme, visible près du monument aux morts canto- pages 52-53). nal et devrait figurer sur nombre de photos des cyclos passant à Longuyon. Les demandes d’homologation © Bernard Charpentier Mais Longuyon, c’est aussi la collégiale Le Fort de Fermont, une des pièces maîtresses doivent être adressées à : Jean-Louis Rougier Sainte-Agathe, lieu de culte devenu forte- de la ligne Maginot Plat, 24460 Négrondes – E-mail : [email protected]

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