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24 images

Frères amis de Marco de Blois

Jeune cinéma québécois Numéro 42, printemps 1989

URI : https://id.erudit.org/iderudit/22831ac

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Éditeur(s) 24/30 I/S

ISSN 0707-9389 (imprimé) 1923-5097 (numérique)

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Citer ce compte rendu de Blois, M. (1989). Compte rendu de [Frères amis / Rain Man de Barry Levinson]. 24 images, (42), 76–76.

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FRERES AMIS par Marco de Blois

hez Barry Levinson, le thème de l'amitiéoccup eun eplac ecentrale . C Auxprise save cu n mondequ i les aliène, ses personnagestrouven tdan sl'ami ­ tiél'exutoir e nécessaire à leur mal devivre . Ceux de Diner, parexemple ,n'e n finissent plus de se retrouver autour de la même table,histoir ed'oublier , pendant quelques heures,leu r viefait e dedésillusion . Dans Rain Man, il est question de Charlie, un jeune homme fat et colérique; pour se venger du faitqu eso npèr e l'ai t dés ­ Lesfrère s Raymond (Dustin Hoffman) et Charlie (Tom Cruise) Babbitt. hérité, ilkidnapp e sonfrère , Raymond,qu i estautistique .Comm erançon ,i lexig eun e aliénés: Charlie aime l'argent immodéré­ opte pour une construction épisodique, partied el'héritage . En dépitd umépri s pro ­ ment, et Raymond, par sa maladie, s'est qui traduit le sentiment de Charlie que fond qu'il porte à son frère, Charlie décou­ adapté,corp se t âme, à unrégim ed e vie sur rien ne marche comme il le voudrait : par vre, au-delà de la pathologie, un être à lequel iln' a aucun contrôle. L'une dese s exemple, pour diluer l'intensité de ses aimer profondément; dèslors ,se sproblè ­ priorités consiste à prêter un respect ma­ colères, il les situe dans des plans très meslu ison t futiles. niaque à la grillehorair ed el atélévision ,a u larges. Quant àRaymon d (admirablement Les personnages, chez Levinson,son t point que l'idée d e manquer uneémissio n interprété par un Dustin Hoffman fasci­ aliénésparc equ'il sélèven t lesartifice s de estpou r lui unesourc ed'angoisse . De sorte nant deprécisio n etd'intelligence) , Levin­ la société de consommation au rang de queso n escapadeforcé e luies tsalutaire . son lui préserve son étrangeté. Il le prive mythe:Redfor d succombant au pièged u Doué d'une mémoire prodigieuse, il d'une subjectivité, son but étant d'articu­ vedettariat dans The Natural, Watson est capable de calculs mentaux fabuleux. ler le récit autour de Charlie. aimant les gâteauxa upoin td'e n halluciner Malheureusement, ce don nous vaut une Cependant, Levinson aimese sperson ­ dans ,d e Vit o e t maladresse de scénario. Quand Charlie nages. Aussi, cette subjectivité nous est Dreyfuss prêts à tuer pour leursautomobi ­ s'aperçoit de ce don, ilentraîn e Raymond restituée aprèscoup ,cel agrâc e à uneidé e les (symboles préférés de Levinson)dan s à Las Vegas, o ù ils eser t de luipou r gagner excellente.Tou ta u longd ufilm ,Raymon d Tin Men. Pouraccéde r plu s directemen t à beaucoup d'argent. Cette décision est prend régulièrement des photos d'à peu ce mythe, Levinson avait choisi, jusqu'à appuyée par une mise en scène qui s'em­ près n'importe quoi. Ce qui est tout Good Morning Vietnam, de jouer les balle soudainement. Or, il se trouve que d'abord un gag prend unetou t autre allure ethnologues: ilsituai t sesfiction s dansl e l'amitié profonde de Charlie pour son quand ces photos —qu e nous n'avons passé mythifié et réifié desannée s 30, 40, frère naît grâce àl adécouvert e de ce don. jamais vues — défilent lors du générique 50e t 60. Le héros levinsonnien enaccep ­ Cette décision adon c pour effet de nuire de la fin. Car ces photos sont de fait des tait les objets de culte (bagnoles, télévi­ à l'authenticité de cette amitié, étant images subjectives, grâce auxquelles il sions),le srite s(baseball , radio) , jusqu' àc e donné que l'argent préside justement à nous est permis de voir dans l'âme de cet quel'amiti é vraies eprésent e à luicomm e l'aliénation de Charlie. être attachant. • un exutoire.Or ,s'i l est vraiqu e dan s Rain Jusqu'au dénouement, Charlie n'a Man, l'action nous est contemporaine, qu'un seul but: qu'on lui donne sapar t de RAIN MAN Levinsonn'e npoursui tpa s moin s la recher­ l'héritage. Toutefois, plutôt que de cons­ États-Unis 1988. Ré.: Barry Levinson. Scé.: Ronald Bass ched u mythe . Seulement ,so nregar d se fait et Barry Morrow. Ph.: John Seale. Mont.: Stu Under. truire l'action autour de la quête de Mus.: HansZimmer . Int.:Dusti n Hoffman. Tom Cruise, un peu plushumaniste . Charlie, Levinson laisse la relation des Valeria Golino.Jerrv Molen. 135 min. Couleur. Dist.: Leshéro s de Rain Man sont autant deux hommes prendre toute la place. Il MGM/l'A. 76