Une Des Planches Du Capitaine LUCAND Avec Des Champignons Récoltés En Côte-D’Or
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Une des planches du Capitaine LUCAND avec des champignons récoltés en Côte-d’Or. 172 BN-16_v7.indd 172 13/12/2012 18:40:44 ... DES INVENTAIRES POUR MIEUX CONNAÎTRE Petite histoire de la fonge côte-d’orienne Jean-Claude VERPEAU* Résumé Au début du XVIIIe siècle, un certain COLLET écrit, dans ses Entretiens de Table dans la serre de Monsieur LELOUP, président de l’élection de Bresse [manuscrit conservé à la bibliothèque municipale de Dijon] : « Le secret d’empêcher que les champignons ne vous incommodent, c’est de les faire apprêter avec beaucoup de soin, y mettre tout ce que l’on a de meilleur et puis les jeter par les fenêtres »... Plus sérieusement, on doit beaucoup à l’Académie des Arts, Sciences et Belles-Lettres de Dijon, fondée en 1725, le soin d’éclairer le public sur différents aspects de la nature, la biodiversité, dirait-on aujourd’hui… et de diffuser quelques informations éparses sur les champignons. Il faut attendre la fi n du XVIIIe pour avoir les premiers relevés... Mots-clés : champignons, inventaire, cartographie. * Président de la Société mycologique de la Côte-d’Or - 82 rue des Moulins - 21000 DIJON La Société mycologique de la Côte-d’Or, la Société mycologique Issoise et la Société mycologique du Châtillonnais participent au programme national d’inventaire et de carto- graphie des mycotas français. Celui-ci recense, pour la métropole, quelque 30 000 espèces de champignons… Beaucoup plus modeste, l’inventaire de notre département, bien qu’en constante évolution, se limite à 6 000 taxons. Le premier champignon entré dans l’inventaire est attribué à un savant botaniste anglais SHÉRARD (à qui a été dédié le genre Sherardia) qui voyageait en Bourgogne à la fin du XVIIe siècle. Il avait observé à Cîteaux la Pezize ponctuée, Sphaeria punctata DC. Autre découverte, quelques années plus tard, plus exactement le 4 mai 1764, un certain PICARDET, présente devant l’Académie de Dijon, un champignon attaché à une branche desséchée de chêne nain. Celui-ci, figuré en soucoupe, est remarquable par sa couleur incarnate. Il s’agit, pense-t-on, de Sarcoscypha coccinea. Une mention particulière à François FAUTREY (1833-1905) collaborateur aux Exsiccati de ROUMEGUÈRE, instituteur à Noidan (Côte-d’Or) puis à Corrombles (Côte-d’Or) à qui l’on doit un herbier mycologique comprenant 2 000 espèces dont 1 223 nouvelles (21 cartons) en vente en 1892. Son sujet d’études concernait surtout les Micromycètes, champignons minuscules qui ne retinrent guère l’attention de ses pairs… ce n’est qu’un siècle plus tard qu’un mycologue côte-d’orien s’intéressera de nouveau à ces minuscules champignons : nul doute qu’Alain GARDIENNET découvrira, lui aussi, de nombreuses nouvelles espèces. C’est ainsi, au fil des ans, qu’il a fallu éplucher les travaux de mycologues qui ont contribué, peu ou prou, à étoffer le recensement de la fonge côte-d’orienne. On doit à Emmanuel GIRARD d’avoir grandement facilité la tâche de ses successeurs en publiant, en 1933, une Contribution à l’étude de la Flore mycologique du département de la Côte-d’Or qui recense l’essentiel des taxas concernant le département. C’est donc à lui que l’on doit la collecte des récoltes chez les auteurs suivants : Jean-François DURANDE (1732-1794), médecin à Dijon, publie la Flore de Bourgogne (1782) où sont décrites près de mille trois cents espèces de plantes, mais seulement quatorze de champignons. En 1785, il donne dans les Mémoires de l’Académie de Dijon un articulet sur Le Champignon ridé et sur les autres plantes de la même famille où il montre son souci du détail dans la description du champignon, ce qui est assez nouveau pour l’époque. Rev. sci. Bourgogne-Nature - 16-2012, 172-176 173 BN-16_v7.indd 173 13/12/2012 18:40:45 Rémi WILLEMET (1735-1807), docteur en médecine, exerce la pharmacie à Nancy. Comme membre correspondant de l’Académie des Arts, Sciences et Belles-Lettres de Dijon, il publie en 1783 un Essai sur l’histoire naturelle du champignon vulgaire, l’Agaricus campestris, dans lequel il décourage le lecteur de sa consommation, estimant qu’il est le fruit, entre autres, de l’urine répandue par les animaux tels les cerfs, chevreuils, renards, etc. Celui-ci laisse entendre que des champignons pourraient donner naissance à des insectes et qu’il faudrait « ranger les champignons dans les trois ordres : végétal, animal, minéral ». WILLEMET propose de créer une classe particulière pour les champignons : les Pseudozoolithophytes. Jacques-Nicolas VALLOT (1771-1860), professeur d’histoire naturelle à l’Ecole centrale nouvellement créée à Dijon publie une Flore Dijonnaise (1832), manuscrit conservé à la Bibliothèque municipale de Dijon. Il y dresse une liste de champignons trouvés dans la région. Il peut être considéré comme le premier véritable mycologue bourguignon. Jean dit Jules LAVALLE (1820-1880) directeur du jardin botanique de Dijon (1848), est nommé, l’année suivante, professeur d’histoire naturelle, médicale et thérapeutique à l’école préparatoire de médecine et de pharmacie de Dijon, tout en étant chargé d’un cours de botanique à la Faculté des Sciences. À la suite de ses démêlés politiques, il se retire à Premières (près de Genlis) où il reprend la faïencerie créée par son grand-père maternel. 52 espèces de champignons sont décrites dans son Traité pratique des champignons comestibles. Jean-Louis LUCAND (1821-1896) est incor- poré, comme simple soldat, le 14 juillet 1842 au 59e régiment d’infanterie de Dijon. En récompense des services rendus, il est nommé capitaine (1866) et reçoit la Légion d’honneur. Il est principalement connu, entre autres ouvrages, pour ses Figures peintes des Champignons de la France. Sur 425 planches, 316 figurent des espèces récoltées en Saône-et-Loire, 36 dans la Nièvre, 24 dans l’Allier, 7 dans le Jura et 6 en Côte-d’Or. François-Xavier GILLOT (1842-1910) passe son enfance à Roussillon, village situé à 18 km d’Autun où exerce son père, notaire. Dans son Catalogue raisonné des champignons supérieurs des environs d’Autun et du département de Saône-et-Loire figurent quelques espèces côte-d’oriennes Jean-Louis LUCAND. Lucien-Jean-Baptiste FORQUIGNON (1847-1888). Après un bref passage à la chaire de chimie de Dijon en 1882, il est nommé Maître de conférence à la Faculté des Sciences de Bordeaux (professeur de chimie). Pour raison de santé (il considérait que le climat du Sud-Ouest ne lui était guère favorable), il demande sa mutation à Dijon. Il est nommé le 6 novembre 1884 à la Faculté des Sciences de Dijon comme professeur adjoint de chimie. Il fédère autour de lui un groupe d’amateurs dont l’un deux, SIROT, dresse sous son autorité un catalogue des espèces recueillies en 1885 et 1886 aux environs immédiats de Dijon (Bois de Saulon-Gevrey, Selongey), catalogue comprenant environ 200 espèces. M. VIALLANES, médecin de Marcellois et professeur à l’Ecole de médecine et de pharmacie de Dijon, publie une Contribution à la Flore cryptogamique de la Côte-d’Or dans lequel il dresse une liste des Agaricinées récoltées pendant les années 1891, 1892 et 1893, surtout à Marcelois, canton de Vitteaux, et dans les environs. François-Xavier GILLOT 174 Jean-Claude VERPEAU Rev. sci. Bourgogne-Nature - 16-2012, 172-176 BN-16_v7.indd 174 13/12/2012 18:40:46 René BIGEARD (1840-1917) est instituteur près d’Autun. À partir de 1886, l’étude des champignons supplante les autres disciplines naturalistes qu’il pratiquait à la suite de sa participation à une excursion de la toute nouvelle Société mycologique de France qui tient sa session à Autun, sous les hospices de GILLOT et LUCAND. Il fait alors connaissance avec les sommités de l’époque, tels BOUDIER, QUÉLET, FORQUIGNON. Il adhère naturellement de suite à cette société. Sous la houlette de LUCAND, ses connaissances progressent rapide- ment. Mais ce n’est qu’en 1898, poussé par de nombreux naturalistes, qu’il publie son premier ouvrage, la Flore des Champignons supérieurs du département de Saône-et-Loire. Cet ouvrage comporte la description d’environ 1 350 espèces et leurs auteurs reçoivent la médaille de vermeil de l’Académie de Dijon (1899). En octobre 1903, il publie une Petite Flore des Champignons les plus vulgaires, à l’usage des débutants [360 espèces], ouvrage de vulgarisation suivi de trois suppléments (1905,1906). Puis, en 1909, paraît son ouvrage référence, écrit avec la collaboration de Henri GUILLEMIN, la Flore des Champignons supérieurs de France, ouvrage classant par une méthode originale environ 1 600 espèces. Le succès du livre incite les auteurs à faire paraître un Complément (1913) avec 2 200 espèces. GUILLEMIN Henri (1851-1920). C’est en 1895, au cours d’une excursion dirigée par René BIGEARD, qu’il découvre le monde des champignons et l’attrait de leur étude. Leur collabo- ration va se manifester quelques années plus tard par la publication en 1909 de la Flore des Champignons supérieurs, ouvrage décrivant 1 607 espèces et agrémenté de 56 planches… L’abbé J. FLAGEOLET, curé de Rigny-sur-Arroux (Saône-et-Loire), rédige en 1912, avec J. LORTON (Bull. Soc. Hist. Nat. Autun), une importante liste de champignons considérée comme une suite du Catalogue de GILLOT et LUCAND. En 1913, il publie une révision des Pyrénomycètes de l’herbier CARION et du Catalogue GROGNOT. Maurice BARBIER (1866-1955) en devenant membre de la Société mycologique de France en 1898 se met en relation avec les sommités de l’époque comme BOUDIER, BOURDOT, MAIRE, DUMÉE, PATOUILLARD ou avec les mycologues des départements voisins tels BATAILLE, BIGEARD et GILLOT. Il commence à publier dans le Bulletin de la Société d’Horticulture de la Côte-d’Or en 1896 puis, à partir de 1901, dans le Bulletin de la Société Mycologique de France et, un peu plus tard (1907), dans l’organe de la toute jeune Société mycologique de la Côte-d’Or qu’il a créée en 1905 avec son collègue PARIS et quelques autres passionnés comme le vétérinaire CARREAU et le Recteur BOIRAC.