Ferrières Au Fil Des Ans. Histoire D'un Village Picard
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FERRIÈRES AU FIL DES ANS Histoire d'un village picard À mon Père, Jean de Tourtier, maire de la commune de 1944 à 1981, dont la bonté, la modestie et la disponibilité resteront pour tous ceux qui l'ont connu un exemple, À ma Mère, Geneviève de Hauteclocque, qui, à Ferrières, durant trente ans, « accompagna » à l'église, enseigna le catéchisme, soigna les malades, assista les mourants, et qui me donna le goût de l'histoire, À tous les habitants passés et présents qui m'ont entourée de leur affection, encouragée et aidée, en témoignage de profonde reconnaissance. « Vous savez que j'aime cette vie à la campagne dans cette grande famille qu'est un village. » Lettre de Mme Jean de Tourtier, née Geneviève de Hauteclocque, à sa mère. Chantal de TOURTIER-BONAZZI Conservateur en chef aux Archives nationales FERRIÈRES AU FIL DES ANS Histoire d'un village picard AVANT-PROPOS par Charles BAUR président du Conseil régional de Picardie PRÉFACE par Roger AGACHE ancien directeur régional des Antiquités de Picardie IMPRIMERIE F. PAILLART 86, Chaussée Marcadé, 80100 ABBEVILLE 1987 En couverture : la famille Flament photographiée devant sa maison, actuellement 1, place Armand Niquet à Ferrières. Vers 1900. Assis : les parents, Alcindor Flament et Sidonie Flament, née Morel. Leurs enfants, de gauche à droite : Gabrielle, Raphaël, Régina, Joseph, Marie et Marguerite. Le père et les deux fils étaient maçons rejointoyeurs, les quatres filles coupèrent le velours. Collection de Mme Maurice Godin, cliché Mor- gand). Sur la page de titre : blason couronné du village dessiné par Mireille Louis, artiste héraldiste. « Écartelé en sautoir : en chef, d'azur au souci tigé d'or ; à dextre, d'or à la truelle de sable ; à senestre, d'or au couteau à couper le velours de sable ; en pointe, d'azur à la merlette d'argent. » L'écu est timbré de la couronne murale à trois tours d'or ouverte et maçonnée de sable. Symbolique : le souci tigé évoque les armes de la famille de Herte, seigneurs de Ferrières aux XVIIIe et xixe siècles ; la merlette celles de la famille de Tourtier, toujours présente ; la truelle symbolise la corporation des maçons nombreux autrefois dans la commune ; le couteau à couper le velours rappelle le travail exécuté à domicile avec cet outil. La couronne murale à trois tours est l'emblème que portaient les déesses grecques pro- tectrices des cités. Ouvrage financé avec le concours du conseil régional de Picardie @ Imp r ijrçèw'e'F. LART, 1987. AVANT-PROPOS Dans le livre de Chantal de Tourtier-Bonazzi, les grands épisodes historiques côtoient la vie quotidienne. Cette histoire de « Ferrières au fil des ans » est vivante et l'on sent tout au long des pages l'attachement de l'auteur à son village natal. C'est avec grand plaisir que j'ai lu cette étude et je souhaite que de nom- breux Picards apprennent à mieux connaître leur passé grâce à cette minutieuse reconstitution historique d'un village. Charles BAUR Président du Conseil régional de Picardie PRÉFACE « FERRIÈRES ... » un petit village, mais un grand livre, un livre exemplaire à bien des titres. Les intellectuels, qui ont eu la chance d'avoir leurs racines familiales dans une communauté rurale et surtout qui ont eu le bonheur d'y passer leur enfance, rêvent d'en écrire l'histoire. Rares sont ceux qui mènent à bien cette entreprise et en publient les résultats. Le plus souvent, ces monographies communales que l'on voit paraître de temps à autre depuis bien plus d'un siècle sont plutôt médiocres car elles sont l'œuvre de personnes, pleines de bonne volonté, mais ne possèdant pas la maîtrise de la recherche historique et de l'exploitation des docu- ments d'archives. Ici, au contraire, c'est une chartiste et une archiviste éminente qui s'est pen- chée sur le passé de son village. L'aboutissement en est cette monographie qui pourra servir de modèle aux chercheurs locaux : avant même de lire cet ouvrage de Chantal de TOURTIER-BONAZZI, qu'ils en étudient les premières pages où l'auteur indique ses sources et, en particulier, les différents types d'archives qu'elle a minutieusement dépouillées et qui sont trop souvent négligées ou trop superficiellement feuilletées. Curieusement, il a fallu attendre 1972 pour que Gérard BOUCHARD, un uni- versitaire ... canadien fasse éditer Le village immobile, Sennely en Sologne au XVIIIe siècle et que, ainsi, une communauté rurale française devienne l'objet d'un ouvrage digne de la recherche scientifique moderne et de la « nouvelle his- toire », encore que ce livre célèbre ne portait que sur une période limitée. Mais, pour notre région, c'est la première fois qu'une spécialiste hautement qualifiée publie l'histoire d'un petit village de l'Amiénois des origines à nos jours, c"où le caractère exemplaire de ce texte, tout spécialement en ce qui concerne la métho- dologie. Jusque-là, c'était généralement l'érudit local, le curé, le châtelain ou, plus fréquemment, l'instituteur qui se passionnaient ainsi pour leur village ; il est à noter d'ailleurs que, dans les Écoles Normales, on donnait aux futurs enseignants quelques directives pour entreprendre ce travail considéré comme une activité « pédagogique » et, tout récemment, on a même vu paraître une étonnante et fort originale petite brochure sur le passé récent de Laviéville (Somme), brochure rédigée avec les élèves de l'école communale, remarquablement guidés par leur maître, René Tabart, il est vrai. Certes, il y a eu en Picardie quelques monographies qui ne sont pas sans intérêt tel l'ouvrage sur Querrieu (Somme) par Alfred GOSSELIN qui y fut institu- teur au début du siècle. Mais souvent, ce ne sont que des livres bavards relevant tantôt de la simple généalogie seigneuriale, tantôt de la chronique plus que de l'histoire 1. Hélas les plus récents ne sont pas toujours les meilleurs, mais il y a des exceptions comme l'intéressant livre d'Edouard LEGENNE sur Harbonnières (Somme). Curieusement, ce type de publications qui, à l'échelle de la France, finit par constituer une grosse série d'ouvrages n'a guère suscité de réflexions d'ensemble sérieuses, si l'on excepte les quelques notes de Marc BLOCH dans les Annales d'histoire économique et sociale (1933 et 1936) ou d'Albert SOBOUL (La Pensée, 1947, et la Revue de synthèse, 1957). La nouvelle génération de monographies communales 2, qui depuis une quin- zaine d'années se répand lentement en France et dont le livre de Chantal de TOURTIER-BONAZZI est, répétons-le, le premier exemple dans la région, méri- terait que l'on s'y attache avec attention, car non seulement ces travaux d'érudi- tion renouvellent le genre entièrement, mais encore leur intérêt dépasse et, de très loin, le cadre apparemment étroit de leur objet : ce livre sur Ferrières le montre particulièrement bien. Mais évidemment, il intéressera aussi grandement les Picards et au premier chef les Ferriérois eux-mêmes ; ils y trouveront, à côté de quelques anecdotes pittoresques qui rendent l'ouvrage si vivant, une foule d'informations dans les domaines les plus variés sur le village ou sur ses habi- tants d'hier et d'aujourd'hui car l'auteur ne s'est pas contenté de donner la bio- graphie des deux personnalités illustres de la commune (l'artiste Jules Boquet et l'évêque, Mgr Crimont), elle s'attache parfois aux plus humbles : combien est émouvante, par exemple, la dure vie de ce maçon, qui, en 1918, dès ses treize ans fait chaque matin 10 km à pied pour entreprendre à Amiens sa longue jour- née de 10 à 11 heures de travail et cela sans jamais d'autres repos que domini- càl ! Chantal de TOURTIER-BONAZZI a, en effet, l'art de peindre en quelques lignes suggestives les personnalités les plus hautes en couleurs, tel cet instituteur du début du siècle avec ses huit maîtresses supposées, ou ce garde champêtre couard (et d'ailleurs si curieusement recruté), ou ce curé trop sensible aux charmes de ses paroissiennes ou cet autre prêtre (il y a toujours eu beaucoup d'originaux parmi ces derniers) qui ne montait pas en chaire, mais lisait ses trop brefs sermons au pied des marches de l'autel ... par timidité prétendait-il auprès 1. Cela montre bien que c'est un genre difficile qui demande une haute compétence ; il est étonnant de constater que ces mêmes instituteurs ont, au contraire, parfois excellé dans les sciences annexes de l'histoire et que certains d'entre eux ont fait des publications de haute valeur, entre autres en archéologie, comme celle de Gilbert LOBJOIS ou de René PARENT dans l'Aisne, parfois même des travaux mondialement connus et qui res- tent fondamentaux, c'est le cas des études de Jules LADRIÈRE dans le Nord et surtout du génial Victor COMMONT dans la Somme au début du siècle. 2. Pour la première fois en France, une de ces monographies vient de connaître un très grand succès de librairie, c'est le livre sorti « en poche » en 1981 de Gilles Perrault, Les gens d'ici. Certes cela tient bien plus du roman que de l'histoire, mais quel chef-d'œuvre romanesque où le héros est le village lui-même ! de ses supérieurs, ce qui ne l'empêchait pas d'émailler ses prônes d'injures variées (mais au fait, ne serait-il pas un précurseur méconnu ?). Il y a aussi des querelles de village, interminables, procédurières, pittoresques, parfois clochemer- lesques, voyez ce même curé qui avait peur de monter en chaire et qui, pendant des années, fit procès sur procès pour le choix de l'emplacement d'un coffre, ou cette affaire du sentier du tour de ville, ou encore la mésentente du maire et de l'instituteur qui finissent par en venir aux mains ..