HISTOIRES DE NEAUX Du Même Auteur
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HISTOIRES DE NEAUX Du même auteur : - LE COMBAT DE NEAUX 1975 - La Révolution à NEAUX 1976 - Valorges, petit fief sans justice 1977 (c) Joseph VIGNON, à Valorges, NEAUX 42470 Saint-Symphorien-de-Lay Joseph VIGNON HISTOIRES DE NE AUX 1979 AVANT-PROPOS Voici à peu près toutes les Histoires qu ' une analyse méthodique des archives de la Mairie de NEAUX a permis de raconter : il a fallu, pour que ce soit, à coup sûr, des histoires vraies, beaucoup de temps,pas mal de "vé- rifications", et faire appel à plus d'une aide... On pourra encore chercher dans les archives départementales : on trouvera beaucoup de détails,surtout sur les Familles... Pour le moment, il faut savoir s'arrêter, et conclure. Que cet ouvrage soit dédié à ceux qui m'ont aidé à le rédiger : - ceux qui m'ont raconté leurs souvenirs du passé,déjà lointain,ou les tra- ditions recueillies des Ancêtres; - ceux qui m'ont montré ou confié les vieux papiers qu'ils gardent précieu- sement ; - ceux dont les écrits, que j'ai lus, m'ont appris ce que j'ignorais, et que je cite, parfois abondamment avec leur très aimable permission; - ceux qui, orfèvres en la matière, m'ont fortement aidé dans les recher- ches de documents, ou par leur expérience, ou par leur savoir; - et tout autrement, ce jeune homme de presque quatre-fois-vingt-ans qui a fait combien de fois l'ascension du clocher,pour relever ou vérifier acro- batiquement les inscriptions des cloches; - ou encore celle qui a frappé et refrappé les brouillons de "cet ouvrage cent fois remis sur le métier"; - et celles qui ont accepté de bonne grâce un "travail de Bénédictin" pour que soit trouvée la meilleure présentation au Lecteur... Qu'ils soient tous remerciés de leur concours : si le Lecteur doit éprouver quelque plaisir en feuilletant ces pages, il saura du moins qu'il le doit aussi à la gentillesse de beaucoup de monde... Valorges, septembre 1979 CHAPITRE I : ORIGINES ET GEOGRAPHIE Comme beaucoup d'autres localités,NEAUX doit son exis- tence et son nom à sa position géographique... A l'origine, les collines qui s'élevaient vers l'est depuis le confluent des vallées du Gand, du Rhins et de l'Ecoron, étaient couvertes de forêts. Pourquoi et comment devinrent-elles un lieu de passage et de peuplement? Pour le comprendre, il faut relire le savant ouvrage que Pierre FUSTIER a consacré à l'étude de "LA ROUTE" (1). On y trouvera l'explication de l'origine, et même de l'étymologie de NEAUX... Lorsque la conquête des GAULES par les Romains attei- gnit notre territoire, elle trouva des pistes, créées naturel- lement dans la forêt par les gros animaux, et aussi des chemins plus ou moins aménagés.. utilisés par les populations clairsemées qu'on regroupe aujourd'hui sous la définition familière de "nos ancêtres les Gaulois". Et le génie de l'organisation romaine choisit, pour les aménager, celles de ces voies qui lui parurent les plus aptes à assurer les liaisons rapides de ses troupes et de ses marchands entre les centres urbains... Ici, il s'agissait de relier LYON à ROANNE... De la présence romaine en ces lieux, on a des preuves: on se rappelle ce "Trésor de LAY", trouvé à proximité du chemin vicinal de Cantin à Ronzière, dans les restes d'une petite cons- truction aux tuiles romaines caractéristiques, et dont la data- tion des pièces de monnaie permettait de déterminer avec certi- tude l'origine et la nature : un poste de guet d'une petite troupe de l'Empire Romain... Mais ce qui intéresse tout particulièrement NEAUX, c'est que P. FUSTIER cite (et reproduit en photo) un "aqueduc en pierres sèches, sous la voie de LYON à ROANNEs près de NEAUX" (2), qui est toujours bien visible actuellement à proximité du domaine "du Pont" (LACOMBE-RECORBET) ainsi que les restes d'un "soutènement ro- main en pierres sèches sur Za voie de LYON à ROANNE". (3) C'est ce qu'on appelle encore ici "la Chaussée Ste Marguerite" presque au dé- part de "la Vieille Route de NEAUX à l ' HOPITAL" ... Et ces vesti- ges permettent de penser que la "Vieille Route", dans sa forme (1) Pierre FUSTIER : LA ROUTE. Voies Antiques. Chemins Anciens. (2) Loc. cit. p. 68 (3) Loc. cit. p. 119 ' des XVIIe et XVIIIe siècles que nous connaissons encore (4), avait repris pour traverser le territoire de NEAUX, le tracé d'une voie romaine créée dès les premiers siècles de l'ère chré- tienne pour rejoindre LYON à ROANNE et à la LOIRE. Cette voie connut toute son activité aux Ile et Ille siècles, à l'apogée de la pénétration romaine en GAULE. Et l'ins- tallation de colons romains le long de son parcours est sans doute à l'origine de NEAUX : des "villas" entourées de terres défrichées, prospérèrent à ce moment aux endroits propices à leur installation, c'est-à-dire près des axes de circulation : et probablement sur un plateau bien exposé, comme celui de NEAUX... Hélas! Dès le IVe siècle, avec la décadence de l'Em- pire Romain, les voies romaines tombèrent "dans un état de profonde décrépitude" qui "se poursuivit inexorablement pendant toute la période Mé- rovingienne (448-751) et Carolingienne (751-987)". La dépopulation de cette période du Moyen-Age entraina "le repli sur eux-mêmes des villes et des villages"3 qui voulurent se mettre à l'abri des bandes ar- mées... De même, lorsqu'existait un domaine seigneurial impor- tant, "appartenant ci un propriétaire gallo-romain ou barbare"successeur des colons romains, c'est sur ce domaine principal (villa urba- na) que se replièrent par mesure de sécurité les établissements isolés d'alentour... "et les terres abandonnées retournèrent en friche ou en forêt..." Mais dès le Haut Moyen-Age, à partir de ces "villæ ur- banae " se créèrent "de nouvelles paroisses où la vie locale put se main- tenir..." Et "loY'squ'au XIe siècles un peu de vie revint en Europe3 et que la population se reprit à augmenter, on voulut trouver de nouvelles terres de culture... Les communautés religieuses et les seigneurs locaux firent défricher par leurs serfs Z-a terre environnant la Paroisse". (5) C'est ainsi que la Cartulaire de SAVIGNY mentionne en l'an 1020, une paroisse "de la région de Rodona" (Rodumna-ROANNE) "sur un domaine (villa) qui s'appelle NOVALS, à côté de l'église dédiée à Ste Margueri tte... " Les étymologistes pensent que NOVALS est la con- traction de " Novales Terrae" : nouvelles terres, celles que les serfs défrichèrent autour de la nouvelle paroisse... Ce qui apporte à NEAUX la double satisfaction : d'a- voir quelques notions, presque quelques certitudes sur ses très lointaines origines, et de se savoir l'une des plus anciennes paroisses de l'actuel canton de ST-SYMPHORIEN-DE-LAY. NOVALS devint petit à petit : NUALZ, NOAUZ, NAOUX, NAUX, NEAUX... c'est pourquoi les habitants de NEAUX devraient être des NOVALIENS... Sur ces origines, il existe de nombreux documents; le DICTIONNAIRE TOPOGRAPHIQUE du FOREZ, de J.E. DUFOUR (page 638) en donne la liste chronologique suivante, avec les orthographes successives et les références : - "In pago Rodonensi, in villa quae NOVALS dicitur, juxta eccle- siam Sanctae Margaritae", 1020 (Cartulaire de Savigny, t.I p.353) (4) On verra plus loin, au chapitre "Voies et Communications"comment cette voie fut réaménagée à partir du XVe siècle. (5) LA ROUTE, p. 146 à 154. - Ecclesia de NOALS, XIe, copie du XVIe (ibidem, t.II p.1057) - Ecclesia de NUALZ, 1225 (LONGNON, Pouillés, p. 11) (6) - Ecclesia Beate Marie de NOAUZ, 1287 (B 1850, f° 30 verso) - Luminare Sancte Margarite DANOALS, 1313 (B 1852, f0161 verso) - Ecclesia de NOALIBUS, 1379 (Bulletin de la Diana, t. XXVI p. 345) (7) - Parrochia de NUALIBUS, 1380 (B. 1885, f° 140 verso) - Luminare Beate Margarite de NOHO, 1390 (Invent.som. t.II,p.192) - Ecclesia de NOYAUS alias NUALIBUS, XIV, (LONGNON, Pouillés, p. 32) - Luminare de NUALIBUS, 1411 (B 1887, f° 80) - Luminare de NOLIBUS, 1433 (B 1895, f° 6) - Ecclesia de NOATS, XVIe (Cartulaire de SAVIGNY, t.II p. 982) - Sainte Marguerite de NAOUX, 1743 (Mémoires de la Diana t. V, p. 74 du tirage à part) - NAUX ou SAINTE MARGUERITE de NAUX, 178 9 (Almanach de LYON) - NEAUX XVIIIe siècle (Cassini) Ces dernières orthographes concordent avec celles que l'on trouve aux registres paroissiaux de NEAUX, dès 167 5 : no- tons toutefois que les curés écrivent toujours "Margueritte", avec deux "t"... La superficie de NEAUX, en tant que Paroisse puis Com- mune, a-t-elle beaucoup varié au cours des siècles? Aujourd'hui, elle est officiellement de 17,3 kilomètres carrés, ce qui est énorme, puisque CROIZET en a 6; CHIRASSIMONT 10,7; LAY 11,3; FOURNEAUX 12,2; MACHEZAL 14; ST-JUST-LA-PENDUE 20 et ST-SYMPHO- RIEN 32,2 ... On possède aux archives de NEAUX un plan géométral de 21 cartes,daté de 1763, qui donne à cette époque la répartition des terres entre les propriétaires (8). Nous y reviendrons au chapitre "Familles et Lieux-Dits". On y voit aussi la nature de ces terres : en 1763, beaucoup de bois actuels étaient alors cul- tivés; et on relève de très nombreuses "chenevières" (cultures du chanvre). L'étang sur Ecoron, entre Valorges et La Garde dont il reste aujourd'hui la chaussée, y figure encore, mais d'une superficie réduite. Aujourd'hui, d'après le nouveau cadastre de 1970, voi- ci la répartition de nos 1736 hectares : (6) Ce même Pouillé de 1225, du diocèse de LYON (Etat des bénéfices ecclé- siastiques) est cité par les Chartes du FOREZ (N° 749 et 901) : L'Eglise de NUALZ dépend du Père Prieur de RIGNE (REGNY).