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CALENDRIER

19/09 Amphi D ou Debeyre séance d’introduction APOCALYPSE NOW de

PARTIE I / PROPAGANDE ET IDEOLOGIE 26/09 Amphi D ou Debeyre : ALEXANDRE NEVSKI de Serguei Eisenstein et Dimitri Vasilyev 03/10 Amphi Cassin : Séance spéciale « La Continentale » : 2 films LA CONTINENTAL : LE MYSTERE GREVEN de Claudia Collao (documentaire) LES INCONNUS DANS LA MAISON DE Henri Decoin (fiction) 10/10 Amphi Cassin IVAN LE TERRIBLE de Serguei Eisenstein 17/10 Amphi Cassin Séance spéciale propagande américaine : 2 films OPERATION HOLLYWOOD de Emilio Pacull (documentaire) PATTON de Franklin J. Schaffner

PARTIE II / PAMPHLET / SATIRE 24/10 Amphi Cassin THE CHARGE OF THE LIGHT BRIGADE ( LA CHARGE DE LA BRIGADE LEGERE de Tony Richardson 31/10 pas de film : pause pédagogique 07/11 Amphi Cassin PATHS OF GLORY (LES SENTIERS DE LA GLOIRE) de 14/11 Amphi D ou Debeyre LA VIE ET RIEN D'AUTRE de Bertrand Tavernier 21/11 Amphi D ou Debeyre : INTOLERANCE de David Wark Griffith 28/11 Amphi Cassin : TO BE OR NOT TO BE ( JEUX DANGEREUX) de Ernst Lubitsch

Toutes les séances sont introduites et commentées par le Pr de Carbonnières, Historien du Droit JEUDI 19 SEPTEMBRE 13h30 Amphi D OU DEBEYRE SEANCE D’INTRODUCTION

APOCALYPSE NOW de Francis Ford Coppola USA, Version Redux (director’s cut 2001), 3h35 min Scénario : John Milius et Francis Ford Coppola avec Martin Sheen, Robert Duvall, Dennis Hopper, Marlon Brando … Palme d’Or festival de Cannes , 1979 Synopsis

Saïgon, 1969. Le capitaine Benjamin L. Willard, mal rasé et imbibé d'alcool, s'ennuie et est submergé de fantasmes. Mais l'état-major ne l'a pas oublié. Réveillé et emmené rudement, il apprend du général Corman et du colonel Lucas de la C.I.A., qu'il doit partir tout de suite pour le Cambodge, neutre. Sa mission est de supprimer le colonel Kurtz qui, retranché dans un temple, avec des milliers d'hommes sous ses ordres, en demi-dieu, fait la guerre pour son propre compte.

Pas même citée au générique, la nouvelle de Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres, parue en 1899 a largement inspiré Coppola. Apocalypse now, est une introspection douloureuse. Durant sa lente remontée du fleuve, Willard acquiert la confirmation que l'horreur peut détruire le cœur de l'homme et le renvoyer à l'animalité. La société archaïque que Kurtz reproduit autour de lui est l'aboutissement d'un état de guerre qui a détruit toute conscience. La guerre produit la monstruosité à l'intérieur même de l'homme. Elle le renvoie à un degré d'inhumanité bestiale qui font paraitre la totale inconscience du danger ou la préservation des avantages coloniaux acquis comme terriblement dérisoires, derniers rayons d'une humanité voués à la disparition. Ciné club Caen

Le scénario a été écrit par Millius en 1969, en écho à l'offensive du Têt. Coppola, obligé de l'actualiser, en garde de nombreux éléments, mais réécrit aussi une partie de l'histoire à la lumière de la défaite américaine, survenue six ans plus tard. Dès le départ, Apocalypse now est ainsi conçu comme une oeuvre expiatoire, un questionnement sur le sens même de ce conflit, du comportement qu'y ont eu les Etats-Unis. https://www.arte.tv/sites/olivierpere/2011/05/31/apocalypse-now-de-francis-ford-coppola/ JEUDI 26 SEPTEMBRE 13h30 SALLE DEBEYRE

ALEXANDRE NEVSKI de Serguei Eisenstein et Dimitri Vasilyev Russie, 1938, 1h52 Scénario : Serguei Eisenstein et Pyotr Pavlenko Avec Nikolai Tcherkassov, Nikolai Okhlopkov, Andréi Abrikosov Musique : Serguei Prokofiev

Synopsis

Dans la Russie du XIIe siecle, Alexandre Nevski, prince pacifique d’un peuple de pêcheurs, prend le commandement d’une armée pour repousser les hordes barbares qui ont envahi son pays.

Au temps où l’art d’Eisenstein était à la fois reconnu en URSS et surveillé de près par la nomenklatura soviétique, Staline lui-même commande Alexandre Nevski au plus grand cinéaste russe de son temps. Il s’agit pour Staline, à la veille de la Seconde guerre mondiale, de mettre en garde la nation contre l’expansionnisme allemand à l’Ouest ; pour ce faire, il va puiser dans l’Histoire russe, celle du Moyen-Age en particulier, pour en extraire un sujet apte à faire flamber le patriotisme : la victoire d’Alexandre Iaroslavitch (dit Alexandre Nevski) sur les troupes allemandes de l’Ordre Teutonique, venues envahir la terre russe pour y diffuser la religion chrétienne.

Film de propagande soviétique dans toute sa splendeur, l’un des moins personnels d’Eisenstein, Alexandre Nevski demeure un morceau grandiose de cinéma épique. "Contrôlé" par le pouvoir stalinien, Eisenstein n’a guère les coudées franches pour diriger son projet et pour lui insuffler ses ambitions si personnelles : art réflexif du montage, expressivité des formes, touche d’ambiguïté... Le cinéaste aurait ainsi qualifié Alexandre Nevski de film impersonnel et superficiel. https://www.avoir-alire.com/alexandre-nevski-la-critique JEUDI 3 OCTOBRE 13H30 AMPHI CASSIN

SÉANCE SPÉCIALE CONTINENTALE : UN DOCUMENTAIRE SUIVI DU FILM « LES INCONNUS DANS LA MAISON »

LA CONTINENTAL : LE MYSTERE GREVEN de Claudia Collao Documentaire, France, 52 min

Le fil conducteur de ce documentaire est la figure mystérieuse et paradoxale d’Alfred Greven (1897-1973). Cet Allemand, proche ami de Hermann Göring depuis la première guerre mondiale, est nommé à Paris par Joseph Goebbels, ministre de la propagande du IIIe Reich, directeur de Continental-Films, dont le but, rappelle Bertrand Tavernier, était de produire « des films anodins, sans ambition particulière – des films qui endorment le spectateur… » Mais Greven, qui accroche chaque matin son manteau et son chapeau sur un buste d’Adolf Hitler dans son bureau de l’avenue des Champs-Elysées, témoigne d’« une étrange liberté », ainsi que le formule Tavernier. Contredisant à plusieurs reprises les ordres de Goebbels – qui n’impose pourtant pas de propagande à la production française de la Continental –, il s’ingénie à produire des longs-métrages de qualité. Ce francophile, qui « connaît très bien le cinéma français et sait qui sont les meilleurs », rappelle Jean Ollé-Laprune, laisse la bride sur le cou de ses poulains scénaristes et réalisateurs. Il encourage des scènes que la censure du gouvernement de Vichy aurait refusées. La Continental adapte même Zola et Maupassant, auteurs pourtant mis à l’index par les nazis. Plus étonnant encore, Alfred Greven engage des juifs, et aurait lancé : « Pour le cinéma, les juifs sont les plus forts ! » https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2018/12/19/la-continental-le-mystere-greven-l-agent-double-du-cinema- nazi_5399973_1655027.html LES INCONNUS DANS LA MAISON DE HENRI DECOIN France, 1941, 1 h 30 min Scénario et dialogues d'Henri-Georges Clouzot d'après le roman de Georges Simenon avec Juliette Faber, Raimu, Tania Fédor, Marcel Mouloudji …

Synopsis

Un avocat, Loursat, abandonné par sa femme il y a 18 ans, a sombré dans la mélancolie, le dégoût et l'ivresse. Dans sa maison trop vaste dont il n'occupe qu'un étage a grandi sa fille, Nicole, élevée sans affection. Un jour, un cadavre est découvert chez lui, un ami de sa fille est inculpé ; il se fait son défenseur.

« Clouzot avait écrit l'adaptation du roman de Simenon (rédigé en 1938 et publié en octobre 40) pour la Continental Films, dirigée, sous l'Occupation, par l'Allemand Alfred Greven. Ce sujet, dur, sans concessions, dévoilant l'hypocrisie et les tares d'une bourgeoisie de province repliée sur son ordre moral n'aurait certainement pas franchi les barrières de la frileuse censure du gouvernement de Vichy. "Les inconnus dans la maison" fut interdit à la Libération, (...).

Le temps s'est chargé d'effacer le malentendu (le film fut taxé à tort de xénophobie; il gênait tout autant la morale d'après la Libération que celle du temps de Pétain) » (…) C’est au cours d’une plaidoirie retentissante,(…), que Loursat démasque le vrai coupable. Tout cela relève d’une tradition de dénonciation des mœurs et de l’hypocrisie bourgeoises, à laquelle Simenon apportait sa pierre. Mais qu’il y ait eu là-dedans un nom à consonances juives, Ephraïm Luska, même dans la foulée du romancier, sonnait, à l’époque, comme une marque d’antisémitisme. Ajoutons que l’attaque lancée par Loursat contre la décadence des mœurs, la responsabilité des adultes dans la déliquescence d’une société qui n’avait rien fait pour la jeunesse, retentissait comme l'apologie des idées nouvelles apportées par la « révolution nationale » de Pétain. (…) Il y a une étude de mœurs virulente, où la province, sur les vertus de laquelle s’appuyait l’ordre moral pétainiste, en prend pour son grade et perd son masque de respectabilité sous les coups de boutoir d’un ivrogne. Il y a, à l'abri de la Continental, où la censure française de Vichy ne pouvait pas s’exercer, un pamphlet social d'une grande force, d’une grande tension. Jacques Siclier, Le Monde, 13/10/1987

NB Le personnage d’Ephraïm Luska, fut rebaptisé "Amédée" dans une version redoublée après la Seconde Guerre mondiale, afin d'éviter des accusations d'antisémitisme. Raimu étant décédé en 1946, son dialogue ne put être redoublé : le prénom "Ephraïm" réapparait donc dans le dialogue, le personnage semblant dès lors avoir deux prénoms. JEUDI 10 OCTOBRE 13h30 Amphi Cassin

IVAN GROZNYY I et II (IVAN LE TERRIBLE) de Serguei Eisenstein URSS, 1944-1946 , 1h35 et 1h21 min Scénario : Sergueï M. Eisenstein Avec Nikolaï Tcherkassov, Lioudmila Tselikovskaia, Serafima Birman

Partie 1 : En l'an 1547, le Grand Duc de Moscovie est couronné Tsar de toutes les Russies. Le sacre a lieu dans une atmosphère de complot ; mais Ivan a heureusement l'appui du peuple... / Partie 2 : Pour briser le complot des boyards, Ivan crée un corps de miliciens et fait régner la terreur.

Bénéficiant à nouveau des faveurs du pouvoir après Alexandre Nevski (1938), Sergueï Eisenstein met en chantier une grande fresque destinée à exalter la nation alors face à la menace allemande. Objet de tous les soins d’Eisenstein que ce soit sur le plan de l’écriture, de la préparation ou encore du tournage, la première partie d’Ivan le terrible ne sortira qu’en janvier 1945. Bien reçue par le pouvoir, elle obtient le Prix Staline. La deuxième partie sera terminée un an plus tard mais sera vivement critiquée par les autorités culturelles. Eisenstein devra faire son autocritique et commencera à travailler sur les corrections, travail interrompu par sa mort. La seconde partie ne sortira en URSS qu’en 1958, soit bien après la mort de Staline.

Le thème du film est de faire revivre les années de pouvoir du tsar Ivan IV dit Le Terrible (XVIe siècle), le tsar qui rassembla et unifia toutes les terres de Russie. Mais Eisenstein s’écarte ouvertement des faits historiques, il crée une grande tragédie aux accents shakespeariens, un opéra visuel au service de son propos. Il exalte la grandeur : tout est vertical, démesuré à commencer par le tsar lui-même (... ) Ivan le terrible est aussi une tragédie sur le pouvoir, sur la nécessaire intransigeance et l’isolement qui en découle, sur le doute qui s’insinue. Ivan a d’ailleurs plus à se défendre de ses proches que des ennemis de la nation. Ces éléments entraineront la condamnation officielle de la seconde partie. Il est plus que probable qu’Eisenstein ait voulu dépeindre Staline au travers d’Ivan, ou au moins a-t-il voulu mettre en garde contre les dérives du pouvoir d’un seul homme. https://films.oeil-ecran.com/2012/02/02/ivan-le-terrible-eisenstein/ JEUDI 17 OCTOBRE 13H30 AMPHI CASSIN

SÉANCE SPÉCIALE PROPAGANDE AMÉRICAINE : PROJECTION DE 2 FILMS : UN DOCUMENTAIRE SUIVI DU FILM PATTON

OPERATION HOLLYWOOD de Emilio Pacull Documentaire, USA , 2004 , 1h 30 min Scénario : Emilio Pacull et Maurice Ronai

La longue collaboration entre Hollywood et le Pentagone a permis aux studios américains de produire des films aux budgets gigantesques et à l’efficacité redoutable… Retour sur une association fructueuse : connivence, échanges de bons procédés, propagande insidieuse voire censure : ce film retrace les soubresauts d’une coopération fort complexe. Illustré de nombreux extraits de films (Patton, Pearl Harbor, Top Gun, Apocalypse Now, etc.) et de témoignages de cinéastes, de militaires et de journalistes, Opération Hollywood radiographie plus de soixante ans de cinéma de guerre américain et y décrypte l’influence du Pentagone. PATTON de Franklin J. Schaffner USA, 1970, 2h50 Scénario : Ladislas Farago, Omar Bradley, Francis Ford Coppola et Edmund H. North Avec : George C. Scott, Karl Malden, Michael Bates … 7 oscars en 1970, meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur (George C. Scott), meilleure direction artistique, meilleur montage, meilleur scénario, meilleur son.

Synopsis :

Le général Patton est envoyé à Tunis en 1943 pour reprendre en main les troupes américaines, durement éprouvées par les violents combats contre l'Afrika Korps du maréchal Rommel. Patton instaure une discipline de fer, sans se soucier de la désapprobation générale. En Sicile, il gifle un soldat, puis supporte patiemment la colère de ses supérieurs. Alertée, la presse s'empare de l'affaire et Patton est sommé de présenter des excuses publiques. L'état- major allemand est persuadé que cet incident a été monté en épingle dans le seul but de créer une diversion, alors que le Débarquement en Europe semble imminent. Plus tard, Patton prend la tête de la troisième armée en Normandie...

Sur un scénario co-écrit par Francis Ford Coppola, Patton retrace le parcours de ce général hors du commun, féru d’Histoire et, selon lui, né pour se battre. Le récit se concentre ainsi plus sur le personnage que sur ses faits d’armes. Le général Patton était incontestablement un brillant stratège mais il fut souvent tenu à l’écart par l’état-major car impossible à contrôler et enclin à faire des maladresses diplomatiques ou médiatiques. La vérité historique est assez bien respectée et le plus remarquable dans le film est dans la distance prise avec le sujet : ce n’est ni un éloge admiratif ni une condamnation, c’est avant tout le portrait d’un homme qui se sentait investi d’une mission et qui a joué un rôle important dans le déroulement de la Seconde Guerre mondiale. https://films.oeil-ecran.com/2018/03/17/patton/ JEUDI 24 OCTOBRE 13H30 AMPHI CASSIN

THE CHARGE OF THE LIGHT BRIGADE ( LA CHARGE DE LA BRIGADE LEGERE) de Tony Richardson Grande-Bretagne, 1968, 2h10 Scénario : Charles Wood, Avec : Trévor Howard,

Synopsis

La Russie ayant envahi la Turquie, la Grande- Bretagne enrôle et forme de nouveaux soldats afin de contrer cette invasion avec ses alliés français. Durant le siège de Sébastopol, les 600 cavaliers de la brigade légère dirigés par Lord Cardigan sont envoyés par erreur à la charge contre une armée forte de 20 000 hommes et canons, livrés ainsi à une mort certaine.

Richardson a clairement découpé son film en 2 parties et suit un plan à peu près semblable à celui que suivra Kubrick vingt ans plus tard pour son Full Metal Jacket avec lequel il entretient pas mal de similitudes. (…) Dans les 2 cas, le discours est résolument dénonciateur voire antimilitariste. Dans les deux cas, on est face à des soldats qui n’ont d’autre solution que d’obéir aux ordres fussent-ils déraisonnables. Le sort réservé à celui qui désobéit est le sujet d’une des séquences les plus fortes du film. (…)

La Charge de la brigade légère sort à un moment où la contestation contre la guerre du Vietnam est à son apogée, et il est difficile de ne pas mettre le film de Richardson dans cette perspective. La guerre est une bêtise mais l’obéissance aveugle à des ordres en est une plus grande encore, semble nous dire Richardson. (…) Il a par moment recours au prisme de la satire pour brosser le tableau d’une époque où la bourgeoisie se déplaçait sur le champ de bataille pour admirer une charge de cavalerie (« The men who came to fight and die an those who came to watch ! » , et où les officiers, embarrassés dans leurs querelles d’égo et leurs distractions futiles l’étaient plus du fait de leur hérédité ou d’un quelconque statut social que du fait de leur vraie valeur. Richardson se garde bien de faire une comédie et cela même si, indéniablement, un certain humour est bien présent. Le film trouve son équilibre entre le sérieux et le réalisme de la reconstitution de la campagne de Crimée. http://www.dvdclassik.com/critique/la-charge-de-la-brigade-legere-richardson JEUDI 7 NOVEMBRE 13H30 AMPHI CASSIN

PATHS OF GLORY (LES SENTIERS DE LA GLOIRE) de Stanley Kubrick Etats-Unis, 1957, 1 h 26 Scénario : Stanley Kubrick, Carter Willingham et Jim Thompson, d'après le roman de Humphrey Cobb Avec Kirk Douglas, Ralph Meeker … Synopsis

La guerre de 14-18 fait rage. Tandis que les soldats survivent, enterrés dans les tranchées, l'Etat-Major, composé du général Broulard et de son subordonné, le général Mireau, projette la prise de « La Fourmilière », point stratégique, réputé imprenable, détenu par les Allemands. Le colonel Dax, lui, mesure dans toute son horreur l'inutilité, la cruauté de la mission qui lui est dévolue. Mais l'obéissance reste la vertu première d'un militaire, même sans illusions.

Contrairement à une idée répandue, Les Sentiers de la gloire n’a jamais été interdit de projection en France. La réalité est presque pire : le film avait déjà suscité de violentes réactions de l’armée et d’associations d’anciens combattants lors de son exploitation en Belgique. Soucieux de s’épargner une polémique supplémentaire en pleine guerre d’Algérie, le Quai d’Orsay demande à Washington de suggérer au distributeur d’oublier de proposer le film en France

L'armée française n'aurait pas vu d'un bon œil l'arrivée d'un film qui la mettait gravement en cause au moment où l'union nationale était requise. Elle avait capitulé quatre ans plus tôt à Dien Bien Phu et la situation algérienne prenait une ampleur qui nécessitait l'intervention militaire et l'envoi de conscrits.

Les Sentiers de la gloire ne sortira en France que durant l’été 1975.

(Source : Jérôme Bimbenet, Film et Histoire, Editions Armand Colin. Novembre 2007. Pages : 114 à 116) JEUDI 14 NOVEMBRE 13h30 Amphi D ou Debeyre

LA VIE ET RIEN D'AUTRE de Bertrand Tavernier France, 1989, 2h15 Scénario : Jean Cosmos, Bertrand Tavernier Avec Philippe Noiret, Sabine Azéma …

Synopsis

1920. Deux ans après la fin de la Première Guerre mondiale, le Commandant Dellaplane recense minutieusement les disparus du conflit, cherchant à identifier les amputés, les amnésiques ou les cadavres... Dans un hôpital de province, il fait la rencontre d'Irène de Courtil, bourgeoise au charme froid en quête de son époux disparu.

En s’appuyant sur une documentation énorme, en soignant les décors et les moindres détails, Tavernier parvient à recréer avec force une période méconnue, l’immédiat après-guerre avec ses plaies encore béantes et ses absurdités administratives. Son regard critique et son recul historique s’enrichissent tantôt de tendresse pour les êtres tantôt d’un humour noir caustique pour les situations.

https://alarencontreduseptiemeart.co m/la-vie-et-rien-dautre/

« La Vie et rien d’autre vient montrer l’horreur d’une guerre dont les stigmates ne disparaîtront jamais, et que les hautes instances de l’armée et de l’Etat peinent à assumer, cherchant à faire table rase du passé, quitte à oublier nombre de deux qui se sont sacrifiés en leur nom. » https://www.lecinematographe.com/La-Vie-et-rien-d-autre_a6558.html JEUDI 21 NOVEMBRE 13H30 AMPHI D

INTOLERANCE de David Wark Griffith États Unis · 1916 · 2h30 · muet, colorisé Scénario D.W Griffith Avec : Mae Marsh, Constance Talmadge, Lillian Gish ...

Synopsis : A travers l'image d'une femme berçant un enfant, quatre épisodes de l'intolérance sont racontés dans une fresque monumentale. Un épisode moderne, sur un gréviste condamné à la pendaison. Un épisode biblique, lors d'une noce à Cana. Un épisode des guerres de religion, au temps de Charles IX. Et un épisode chaldéen. Dans tous, l'intolérance l'emporte sur l'amour… Accusé de racisme après "Naissance d’une nation", Griffith riposta à ces attaques par ce film, le plus ambitieux jamais réalisé sur le thème du fanatisme…

Le tournage de ce film reste mythique, avec un budget de 1.750.000 dollars, 60.000 figurants, ouvriers, acteurs et techniciens pour la reconstitution d'un palais babylonien, de Paris au 16e siècle et de Jérusalem au temps du Christ. "(...) Cette fresque historique mégalomane (...) est, en même temps qu'une superproduction, un essai d'une extrême audace puisqu'il déroge au principe de la continuité et de la linéarité narrative. (...) L'originalité profonde d'Intolérance est d'avoir surpassé le principe propre au récit de chacune des histoires par la mise en parallèle globale de celles- ci avec le thème de l'amour maternel, métaphore des forces du bien et du progrès dans l'Histoire. (...) Cette symphonie en quatre mouvements, entrecroisant les épisodes, sautant d'une époque et d'un lieu à l'autre, multiplie les télescopages et les analogies symboliques avant de se transfigurer, lors de l'épilogue, dans une apothéose pacifiste qui prendra à revers l'opinion publique américaine à quelques mois de l'intervention des Etats-Unis dans le conflit européen." Michel MARIE, Dictionnaire des films, Bernard Rapp et Jean-Claude Lamy. JEUDI 28 NOVEMBRE 13H30 AMPHI CASSIN

TO BE OR NOT TO BE ( JEUX DANGEREUX) de Ernst Lubitsch Etats - Unis, 1942, 1h35 Scénario : Ernst Lubtisch, Edwin Justus Mayer, d’après une histoire de Melchior Lengyel Avec : Carole Lombard, Jack Benny, Robert Stack …

Synopsis

A Varsovie, en 1939. Au théâtre, une troupe répète la pièce Gestapo avec les deux vedettes Joseph et Maria Tura. Bien que très amoureuse de son mari, Maria se laisse courtiser par le charmant lieutenant d’aviation Sobinski qui la rejoint tous les soirs lors de la représentation de , pendant que Joseph attaque le grand monologue "To be or not to be." La guerre éclate ; Sobinski est envoyé à Londres d’où il essaye de faire parvenir un message à Maria par l’entremise du professeur Siletzky, qui s’avère être un espion nazi sur le point de transmettre des documents capitaux à la Gestapo. Cet incident va précipiter la troupe d’acteurs, les Tura en tête, dans une suite de périlleuses aventures.

« Oui, j’ai vu Joseph Tura sur scène. Ce que nous faisons aujourd’hui à la Pologne, il le faisait alors à Shakespeare « To Be or Not to Be comme Le dictateur de Chaplin, sont considérés aujourd’hui, à juste titre, comme des œuvres essentielles de l’histoire du 7ème art. Ces deux films sont indissociables l’un de l’autre car Chaplin et Lubitsch ont traité leur sujet sur le mode de la satire, (...). Pourtant, même si le film utilise des ressorts comiques, il s'avère très réaliste, beaucoup plus que Le dictateur. Contrairement au film de Chaplin qui emploie des noms fictifs comme Hynkel (pour Hitler) ou Osterlich (pour Autriche) pour mettre en place sa satire, Lubitsch s’attaque au problème de façon directe et n’hésite pas à parler d’Hitler, de la Pologne, de camps de concentration. On connaît, chez Shakespeare, la mise en abyme du théâtre dans le théâtre. Lubitsch pousse à une incandescence rarement égalée cet artifice dans To be or not to be. La réalisation de ce film eut lieu en 1941, pendant la guerre, ou pour mieux dire : sous la réalité de la guerre, bien que les Etats-Unis fussent loin du théâtre des opérations. La distance entre Varsovie et l’Angleterre, à l’intérieur de la narration du film, est aussi bien distance réelle que distance mentale entre le danger et le salut, entre le mal et le bien. Lubitsch organise un triple vertige : un film, une pièce de théâtre, la réalité. Le passage subtil de l’une à l’autre de ces instances pour l’esprit du spectateur caractérise la magie de cette œuvre. S’il se plaît malicieusement à rendre brusque et visible, avec un petit instant de décalage, le passage de la pièce de théâtre (Gestapo) à la réalité de la situation de guerre décrite dans le film, réalité cinématographique donc, mais aussi référence à une réalité extérieure matérielle, l’art de Lubitsch nous rappelle, par ces décrochages et par les signes de l’humour, que nous sommes au cinéma.

L'humour dans le film d'Ernst Lubitsch, To be or not to be / Michel Ceijlin / les Temps Modernes , 2010/2-3, pages 322 à 335

La plus fameuse tirade shakespearienne, d’une importance capitale dans le récit, donne au film de Lubitsch sa véritable signification. Il s’agit d’être libre ou pas, intelligent ou pas, résistant ou pas. Lubitsch livre ici sa philosophie hédoniste de la vie. Liberté des désirs amoureux, liberté d’esprit et liberté politique sont indissociables; l’amour des femmes et du théâtre s’oppose à la barbarie et à la bêtise nazies. Olivier Père, Arte

Par l’intermédiaire du burlesque, To Be or Not to Be dresse un portrait assez réaliste de l’état-major allemand : les membres de la Gestapo, avec entre autres le personnage de Ehrhardt, sont montrés comme des êtres grotesques, ridicules, lâches, fuyant toute responsabilité du fait de leur dévotion aveugle et de leur crainte du Führer. (DVD Classik)