A Une Sociologie Des Transformations Du Champ Journalistique
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Contribution `aune sociologie des transformations du champ journalistique dans les ann´ees80 et 90. A propos d"' ´ev´enements sida " et du " scandale du sang contamin´e" Dominique Marchetti To cite this version: Dominique Marchetti. Contribution `aune sociologie des transformations du champ journalis- tique dans les ann´ees80 et 90. A propos d"' ´ev´enements sida " et du " scandale du sang con- tamin´e". Sociologie. Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), 1997. Fran¸cais. <tel-00853845> HAL Id: tel-00853845 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00853845 Submitted on 23 Aug 2013 HAL is a multi-disciplinary open access L'archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destin´eeau d´ep^otet `ala diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publi´esou non, lished or not. The documents may come from ´emanant des ´etablissements d'enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche fran¸caisou ´etrangers,des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou priv´es. ECOLE DES HAUTES ETUDES EN SCIENCES SOCIALES Contribution à une sociologie des transformations du champ journalistique dans les années 80 et 90. A propos d’« événements sida » et du « scandale du sang contaminé » THESE DE DOCTORAT DE SOCIOLOGIE TOME I Présentée et soutenue publiquement par Dominique MARCHETTI (décembre 1997) Directeur M. Pierre BOURDIEU, Professeur au Collège de France, Directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales Membres du jury Madame Claudine HERZLICH, Directeur de recherches au CNRS, Directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales Monsieur Erik NEVEU, Professeur à l’Institut d’Etudes Politiques de Rennes Monsieur Patrice PINELL, Directeur de recherches à l’INSERM Monsieur Charles SUAUD, Professeur à l’Université de Nantes 2 REMERCIEMENTS A Pierre Bourdieu dont les nombreux travaux m’ont été très précieux ainsi que l’attention qu’il a portée à cette enquête ; Ce travail doit beaucoup à la complicité de Patrick Champagne, qui a réalisé plusieurs entretiens avec moi et a participé étroitement à toutes ses phases en montrant une confiance et un soutien qui ont été décisifs. Les conseils et l’aide de Pierre Lascoumes ont également été importants. Le Conseil national du sida (CNS) et surtout la commission « Sciences de l’homme et de la société » de l’Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS) ont participé au financement de ce travail. Que leurs membres en soient remerciés et tout particulièrement Françoise Héritier-Augé et Yves Souteyrand. Cette recherche n’aurait pas pu être réalisée bien évidemment sans la participation patiente de toutes les personnes qui ont accepté de me rencontrer et qui, pour certaines d’entre elles ont bien voulu faire des remarques critiques sur ce travail. Ces remerciements s’adressent plus particulièrement à Philippe Artières, Jean-Baptiste Brunet et aux personnes qui m’ont aidé à l’Inathèque de France (notamment Christine Barbier-Bouvet et Myriam), au CRIPS (Claudine Vallaury), au service de presse du ministère de la santé (Philippe Dumas, Hervé Magueur et Jean-François Rioufol) et au cabinet de Laurent Fabius (Brigitte Bloch et Florence Ribard). Il doit également à l’attention ou aux discussions diverses avec Béatrice Casanova (et tous les membres du groupe de travail sur les journalistes au CSEC), Eric Darras, Julien Duval (que je remercie aussi tout particulièrement pour son travail de relecture), Claude Fossé-Poliak, Christophe Gaubert, Thomas Gay, Malika Gouirir, Jacques Lagroye et Daniel Gaxie (au tout début de cette recherche lors du DEA de Science Politique de Paris I), Frédéric Lebaron, Rémi Lenoir, Gérard Mauger, Fabienne Pavis, Louis Pinto et quelques autres encore. Mais qu’il me soit aussi permis de dire aussi que cette thèse n’aurait pu être menée à bien sans le soutien moral et affectif de mes parents, de mes frères et soeurs, de leurs proches et sans celui de nombreux amis qu’il serait trop long de citer ici mais qui ont été présents tout au long de ce travail. Qu’ils en soient tous ici chaleureusement remerciés. 3 INTRODUCTION Depuis les années 80, les publications sur « les médias » et « les journalistes » se sont multipliées. Outre le développement d’une presse spécialisée, de pages et de chroniques spécifiques dans les grands médias, il existe aujourd’hui sur ces sujets de très nombreux ouvrages rédigés par des journalistes ou par des essayistes1. Ces publications ont souvent pour vocation de livrer des « réflexions » ou des « témoignages » sur le métier lui-même. Si le genre s’est fortement développé en France, c’est probablement parce que les médias, à la fin des années 80 et au début des années 90, ont été mêlés directement à l’actualité - on pense notamment aux controverses sur le travail des journalistes à l’occasion d’événements devenus emblématiques - mais aussi en raison du développement des chaînes de télévision privées. La place prise par ce média dans la production de l’information a suscité (et suscite) des critiques2 de la part des journalistes de la presse écrite nationale dont certains affirment non sans un certain mépris qu’ils « ne font pas le même métier ». Par ailleurs, nombreux sont les ouvrages de professionnels de la presse qui portent sur l’histoire des journalistes3 ou leurs « fonctions »4, qui s’intéressent plus particulièrement à un média5 ou à un type de 1 Pour un exemple, voir Alain Minc, Le média-choc, Paris, Grasset, 1993. 2 Sur ce sujet, cf. notre troisième partie. 3 Voir le livre d’un journaliste du Monde (Thomas Ferenczi, L’invention du journalisme en France. Naissance de la presse moderne à la fin du XIXème siècle, Paris, Plon, 1993) où il est aujourd’hui médiateur. 4 Cf. l’ouvrage d’un journaliste (Marc Paillet, Le journalisme. Fonctions et langages du quatrième pouvoir, Paris, Denoël, 1974) qui a commencé à la Libération et était rédacteur en chef l’AFP quand il l’a rédigé. 5 Ainsi, des livres de journalistes sont sortis dans les années 80 et 90 sur l’AFP, Le Monde, Libération, Europe 1, etc. On peut citer un des derniers parus rédigés par deux reporters : Christophe Nick et Pierre Péan, TF1. Un pouvoir, Paris, Fayard, 1997. 4 média6, certains évoquant les petites histoires qui circulent dans les grandes rédactions parisiennes7. Beaucoup de livres sont enfin consacrés à l’« élite » de la profession, c’est-à-dire les « stars de la télévision », les dirigeants8 et/ou les éditorialistes politiques9, et à leurs rapports avec le pouvoir politique. Si ces publications sont utiles - elles permettent de repérer des débats qui agitent certaines fractions du milieu journalistique et livrent par ailleurs sur l’activité médiatique nombre d’informations parfois inaccessibles aux chercheurs -, elles sont aussi les principaux vecteurs d’un sens commun journalistique, qui conduit à poser les problèmes de la presse de manière essentiellement éthico-politique (les « dérives », les « dérapages », les « connivences », etc.), donnant une représentation largement négative de la « profession » que les principaux intéressés sont les premiers à déplorer bien qu’ils contribuent à l’alimenter en permanence. Parmi les travaux de chercheurs qui se sont fortement développés à partir des années 80 dans différentes disciplines (sociologie, histoire, sémiologie, etc.), beaucoup n’échappent pas à ces problématiques indigènes10 qui font obstacle à l’analyse sociologique. C’est pourquoi, peut-être plus encore qu’en 6 Bernard Wouts, La presse entre les lignes, Paris, Flammarion, 1990 ; Marie-Eve Chamard et Philippe Kieffer, La télé. Dix ans d’histoires secrètes, Paris, Flammarion, 1992. 7 Cf. l’ouvrage d’une ancienne journaliste de Libération (Françoise Berger, Journaux intimes. Les aventures tragi-comiques de la presse sous François Mitterrand, Paris, Robert Laffont, 1992) et de deux anciens collaborateurs du même quotidien dans les années 70 (Marie-Odile Delacour et Yves Wattenberg, Dix petits tableaux de moeurs journalistiques à l’usage des lecteurs de presse !, Paris, Megrelis, 1983). 8 Cf. notamment Laurent Greilsamer, Hubert Beuve-Mery, Paris, Fayard, 1990 ; Yves Courrière, Pierre Lazareff, Paris, Gallimard, 1995. 9 Cf. par exemple les livres d’un journaliste politique (François-Henri de Virieu, La médiacratie, Paris, Flammarion, 1990) ou d’un journaliste-essayiste de L’Evénement du Jeudi (Yves Roucaute, Splendeurs et misères des journalistes, Paris, Calmann-Lévy, 1991). Voir aussi « La mediaklatura. Le nouveau pouvoir culturel », Documents Observateur, n°1, mai 1988. 10 Cf. par exemple Dominique Wolton, Eloge du grand public. Une théorie critique de la télévision, Paris, Flammarion, 1990 ; Roland Cayrol, Médias et démocratie, la dérive, Paris, Presses de Science Po, 1997. 5 d’autres domaines du fait que les journalistes parlent d’un sujet qu’ils connaissent bien, la sociologie, comme le montrera ce travail, doit rompre avec ces visions médiatiques. L’expansion de recherches sur « la communication », qui jusque-là étaient peu nombreuses en France comparativement aux Etats-Unis, a cependant contribué à améliorer la connaissance du journalisme français. Par exemple, la création de revues spécialisés (Réseaux, Quaderni, Hermès) et de troisièmes cycles en sciences de l’information et de la communication y participent et en témoignent à la fois. Ces recherches s’intéressent majoritairement à l’information produite par la presse écrite nationale d’information générale et/ou surtout par les chaînes de télévision à travers l’analyse de journaux d’information11, d’émissions politiques et, plus récemment, d’autres types de programmes : reality shows, émissions dites de « divertissement », etc. Au-delà de l’apport régulier de travaux historiques sur les médias en général12 (notamment audiovisuels13) et/ou sur les journalistes14, des recherches récentes ont permis de mieux connaître ce champ d’activité, qu’il s’agisse des études sociographiques portant sur les titulaires de la carte professionnelle, même si elles restent très incomplètes, ou sur certains types de journalistes (« l’élite »15 ou les « journalistes sociaux »16 notamment), des travaux 11 Cf.