Retour À Jajouka Sur Les Traces De Brian Jones Au Maroc Un Voyage
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DOSSIER de PRESSE Retour à Jajouka Sur les traces de Brian Jones au Maroc Nouveau titre de la collection L’écailler du rock, après Rock en vrac de Michel Embareck (paru le 27 octobre 2011). Un voyage au cœur des sixties, par Gaston Carré Une plume érudite et poétique, presque précieuse, qui nous emmène au croisement du récit de voyage, de la biographie et de l’essai. Le livre Biographie d’une figure légendaire du rock, qui évolua aux côtés d’Anita Pallenberg, Mick Jagger, Keith Richards, Marianne Faithfull, Nico…, essai sur la fascination exercée sur les esprits par les drogues et le rock, carnet de voyage en nostalgie, où l’on croise les fantômes de Paul Bowles, Brion Gysin, William S. Burroughs et Paul Morand, Retour à Jajouka est tout cela à la fois, invitation au voyage, notamment dans la mythique ville de Tanger, et exploration psychologique et culturelle des sixties. Gaston Carré convoque les âmes des grands écrivains voyageurs et des divinités (Pan, les Naïades, Astarté) pour ciseler un texte de haut vol, poétique, puissant, intelligent et érudit. Et insolite aussi. Où l’on apprend la distinction entre Jajouka et Joujouka, le lien entre Brian Jones et Winnie l’ourson et pourquoi les amoureux de Tanger en veulent à Arielle Dombasle... L’extrait On convie Brian Jones, qui à Jajouka n’est point une idole mais juste un extraterrestre, à revenir bientôt au village, on écrit une chanson en son honneur : « Ah Brahim Jones Jajouka Rolling Stone Ah Brahim Jones Jajouka really stoned » Un enregistrement paraîtra trois années plus tard, Brian Jones presents the Pipes of Pan at Joujouka, dont l’intitulé nourrira bien des spéculations. D’aucuns supposent quelque lointaine affinité entre les maîtres de Jajouka et les bergers d’Arcadie, tous fédérés sous la bannière du dieu Pan. Dans la mythologie grecque, Pan est mi-homme mi-bouc, crâne orné de cornes et pieds en forme de sabot fendu. L’homme-bouc joue de la « syrinx », ou flûte de Pan, dont les harmonies provoquent l’afflux de jeunes filles en fleur. Car le son de la flûte est aphrodisiaque et Pan est une divinité lubrique, sans cesse à la recherche de bergères à déflorer, qu’il poursuit bourses et cornes au vent. Parmi les nymphes qu’il convoite le plus assidûment figurent les Naïades, divinités des eaux troubles, qui tirent les séducteurs imprudents vers le fond de l’eau. Pan (« panique ») est aussi le dieu de la peur. Les témoins du séjour de Jones à Jajouka se souviennent d’une scène étrange, qui atteste la singularité du visiteur mais aussi la profonde affinité qu’il semble éprouver à l’endroit de leur village et de ses rites. Il faut rappeler ici qu’en tête de gondole du grand bazar ésotérique et orientalisant de ces années-là figure l’adhésion aux dogmes de la métempsycose et de la réincarnation. On invoque le « samsara », cycle des existences sans cesse réitérées, on croit à la migration des âmes vers le règne animal ou végétal, on se penche sur les « archives akashiques », sortes de registres éthérés où les morts consultent les annales de leurs vies révolues, et l’on donne à ces prodigieuses sornettes la caution de Platon, de Pythagore ou du Livre des morts égyptien. L’esprit ainsi farci, Brian Jones nourrit le fantasme d’un grand flash-back spatio-temporel, se voit happé dans le tunnel à spires au bout duquel s’effectuera un zoom sur ses antécédents de crapaud ou de haricot. L’auteur Gaston Carré en quelques mots, titres et dates Biographie Né le 17 mars 1955 à Sarrebourg (France), Gaston Carré réside au Luxembourg depuis 1984. Docteur en psychologie, il se consacre d'abord à l'étude des pharmaco-dépendances, consacrée par la publication de Toxicomanie - Repères cliniques et théoriques (Editions Lëtzebuerger Journal) et d'un travail de recherche sur Les toxicomanes dans les prisons européennes, réalisé pour la Commission des Communautés européennes en collaboration avec le criminologue Armand Mergen. Puis le psychologue découvre le journalisme… un métier qui, depuis 1989, lui permet de cultiver sa passion de l'écriture, du voyage et de l'observation psychologique ! Il dirige actuellement le service culturel du Luxemburger Wort, principal quotidien d'informations générales au Grand- Duché. Il apporte à ce journal sa passion pour le rock, à la fois comme pratique musicale et comme phénomène socio-culturel. Gaston Carré est lauréat du Concours national de littérature au Luxembourg. Bibliographie Killing Fields, ou les champs de l'obscène (éditions Phi) : travail journalistique sur la guerre du Kosovo. Un accord en souffrance (éditions Mémor) : roman sur l'un des fils de Jean-Sébastien Bach. Figures de la névrose ordinaire (éditions Saint-Paul) : recueil de satires sociologiques. Guy Michels, un homme et son oeuvre (éditions Imprimerie Centrale) : monographie d'artiste. L’interview Comment en êtes-vous venu à vous intéresser puis à écrire sur cette page de l’histoire des Stones ? L’affaire commence à l’âge de 16 ans environ. A l’instar de toute la première génération pop- rock, il fallait que je fasse un choix parmi les deux grands marqueurs musicaux et « idéologiques » des années soixante, les Beatles et les Stones. J’ai longtemps hésité mais les dés finirent par tomber: je serais stonien, pour l’éternité. Pourquoi? Parce que Yesterday, des Beatles, est une perle, que vous pouvez contempler une vie durant, mais parce que l’écoute de Jumping jack flash, des Stones, me procure plus qu’un bonheur musical: un « flash » justement, un feu, une énergie, une vertigineuse intensité - les Stones sont la quintessence du rock, dans sa puissance sauvage et vénéneuse. Cela dit, sur mon attachement aux Stones comme formation musicale sont venus se greffer un intérêt pour ce groupe comme légende, comme mythe, et une interrogation sur la fascination qu’ils exercent, sur l’idolâtrie qu’ils suscitent. Or Brian Jones fut, parmi les Stones, l’idole qui exerça la fascination la plus profonde, la plus ambiguë aussi, dans la mesure où il incarnait le rock dans son ambivalence, entre Eros et Thanatos, comme aurait dit Freud s’il avait connu la Fender Stratocaster, qui peut vous faire jouir comme elle peut vous électrocuter. Voici pour mes « fondamentaux ». Mais voilà que mon intérêt pour Brian Jones me mène sur ses traces au Maroc, dans le petit bled nommé Jajouka, où dans ses derniers jours il découvre la confrérie des Master Musicians, une dynastie de musiciens guérisseurs, qui semblent perpétuer des dévotions et pratiques très anciennes. Dans cet étonnant village de Jajouka je retrouve non seulement Jones et la cohorte de « people » qui s’y sont rendus à sa suite, mais aussi une incroyable conjonction entre le culte voué au Stone et le culte antique rendu à la déesse Astarté. Une collision de cultes et de mythes donc, dans ce village où se sont croisés Brian Jones, Catherine Deneuve et John Lennon, William Burroughs et Paul Bowles, les Lupercales romaines et le dieu Pan de la fertilité. [Brian Jones] [Jajouka, Maroc - Crédit photo : Gaston Carré] Comment avez-vous connu les éditions L’écailler ? Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de leur proposer votre manuscrit ? Je croyais connaître l’ensemble des éditeurs rock en France quand un jour, dans une librairie de Strasbourg, je trouvai, aux éditions L’écailler, le livre Rock en vrac de Michel Embareck, lui- même une grande figure du genre. Né sous le signe du Poisson je fis de grands yeux ronds. J’étais séduit par l’originalité du format, par le lay-out très rock’n roll de la couverture, par le beau rouge de la tranche. J’achète donc le bouquin d’Embareck* et là je découvre la narration de ses rencontres avec des sommités du rock, je lis les portraits qu’il en dresse, de Bernard Lavilliers par exemple, portrait magnifique par l’empathie du rapport, l’acuité du regard, l’élégance du style. Une réussite sur le fond et sur la forme, un bonheur de lecture en surcroît du plaisir de la découverte, conjonction rare dans la production rock, où la plupart des éditeurs semblent tenir la guitare et la plume pour incompatibles. Je me suis dit : voilà, je voudrais être publié à cette enseigne-là, car j’y serais dans la cour des grands, et parmi des gens qui savent à la fois écouter Exile on main street et lire Proust. [*Rock en vrac, paru à L’écailler le 27 octobre 2011] Votre langue est érudite, fouillée, jusqu’à la préciosité, on sent que vous vous délectez des mots, de leur sonorité, de leur forme, de leur chair presque. Vous autorisez-vous aussi cette langue dans le journalisme, où une certaine paresse stylistique semble s’imposer ? Votre observation me touche, et soulève une question dont je ne me lasse pas de débattre avec mes collègues journalistes. Concernant ma « délectation » sur le plan de l’écriture, je ne puis concevoir que l’on rédige un livre sans chercher le plaisir que vous procure le travail sur la forme. Chercher le mot juste, la métaphore qui fera mouche, ciseler la phrase, travailler le rythme. Voyez-vous mon usage de la ponctuation, des virgules surtout? Elles donnent aux phrases leur « groove », elles sont à l’écrit ce que le rythme est à la musique, et je ne rédige pas un paragraphe sans le réciter d’abord en mon for intérieur, pour vérifier si elle est bien cadencée, si elle claque ou si elle coule, si elle est funky par instants. J’espère dès lors que le lecteur trouvera un intérêt à cette page très particulière de l’histoire du rock que j’ai essayé de lui rapporter, mais j’espère aussi, et surtout, qu’il sera sensible à mon plaisir d’écriture, et que mon bonheur sera le sien.