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AAllliiixx eett RRoolllaanndd MMAARRTTIINN ISBN n° 978-2-9559986-0-1 Janvier 2017 LLaa rroouuttee ddee ll''OOuueesstt,, dduu ttooiitt ddee llaa TTuunniissiiee aauuxx rriivvaaggeess ddeess sshhoottttss……

Hammam Zouakra… LLAA RROOUUTTEE DDEE LL’’’OOUUEESSTT,,, dduu ttooiiitt ddee lllaa TTuunniiissiiiee aauuxx rriiivvaaggeess ddeess sshhoottttss……

La Tunisie des montagnes

A l’orée de la Tunisie des montagnes, on ressent un « manque », un regret. On voudrait s’arrêter là, digérer les sensations éprouvées et les spectacles admirés durant la traversée des hauts plateaux du Tell. Mais Makthar et Thala, pour ne parler que de ces bourgs, ne sont pas encore équipés d’hôtels-restaurants satisfaisants. On parlerait, dans ce cas d’un « cercle vicieux » car les promoteurs n’y font pas construire d’hôtels parce que les touristes y sont très peu nombreux, mais les touristes ne s’arrêtent pas là où il n’y a pas d’hôtel ! Une initiative, une « aide » gouvernementale pourrait résoudre ce problème.

Sur la route de Makthar et l'arc de triomphe de la ville

Dans un article précédent, nous avons laissé les voyageurs dans la région de Makthar avec la possibilité pour ceux qui étaient pressés, de rejoindre , ou Monastir. Les privilégiés qui disposent encore de quelques jours de vacances peuvent descendre par une route déserte mais superbe vers H’babsa à travers le Jebel Barbrou, puis vers Hajeb et Sbeïtla.

Hammam Zouakra et le Kalaat El harrat / Le Jebel Skarna et la mosquée de D’autres « chanceux » choisiront de s’éloigner de Makthar par une route magnifique qui se faufile à l’Ouest, vers le camp militaire de Souk El Jemâa, vers Hammam Zouakra dont la nécropole mégalithique est l’une des plus importantes de Tunisie, vers Henchir Mided / Mididi dont certains tombeaux mégalithiques, dotés de dalles coulissantes, ont été conçus pour être réutilisés et vers Rouhia. Ce bourg, qui recèle quelques vestiges de l’époque romaine et une superbe mosquée au dôme côtelé, pourrait être un haut-lieu du tourisme de randonnées en montagne et de chasse au petit gibier et au sanglier. La ville est entourée de grands massifs de plus de 1000 mètres d’altitude, les Jebels Skarna, où ont été découverts les premiers ophrys murbeckii, Barbrou, les grandes tables d’Oum Jeddour et le Kef Soltane.

La piste des crêtes du Jebel M'ghila

Quelques kilomètres plus loin, la ville de , l’antique Sufes offre le spectacle de son développement agricole impressionnant à ceux qui l’ont connue il y a une vingtaine d’années. A proximité des ruines d’une forteresse byzantine, une ancienne basilique chrétienne pratiquement ruinée constitue les vestiges d’une mosquée « Jemaâ Sidi Okba » qui daterait de la conquête musulmane. Les Jebels Tiouicha à l’Ouest et l’énorme massif du M’ghila à l’Est, attirent irrésistiblement les marcheurs et les chasseurs. Toute la région semble avoir été très peuplée et très cultivée à l’époque romaine car de très nombreux vestiges de toutes les époques parsèment la région. Il semble que la culture de l’olivier ait été très développée car les gros blocs massifs qui servaient à régler la pression exercée sur la pâte d’olive sont très fréquents.

SBEÏTLA (Photo Bodha) Quelques tours de roues permettent d’arriver à Sbeïtla. La mise en valeur du site de l’antique Sufetula est remarquable. Nous avons beaucoup apprécié les petits murs de quelques décimètres de haut, qui délimitent les bâtiments antiques. Ils permettent aux « non-spécialistes » de pouvoir voir des maisons, des temples, une huilerie, des églises qui, autrefois, n’étaient que des alignements de petits tas de pierres. Le forum, sa grande porte monumentale et ses trois temples, parfois illuminés de nuit, forment un ensemble grandiose.

Le « centre commercial » voisin qui permet de se reposer, de se désaltérer, d’acheter des « souvenirs » ou de menus produits nécessaires matérialise une excellente idée. De bons hôtels-restaurants offrent la possibilité de reprendre son souffle au sortir de la Tunisie des montagnes avant de se rendre dans les steppes à alfa qui vont à et serviront de transition entre la dorsale et la Tunisie du Sud-Est. Le festival de Sbeïtla connaît un succès grandissant. Les multiples « activés » offertes aux festivaliers sont à même de plaire aux jeunes comme aux plus âgés.

Les ruines de Thala

Les gens qui sont partis « plein Sud » par et , ont rejoint les précédents à Rouhia ou peut être bifurqué à la sortie d’El Ksour, vers Thala. Ce bourg, très dynamique, a-t-il été la grande ville dans laquelle Jugurtha avait fait construire un palais qui abritait ses enfants ? Si les vestiges de l’époque romaine à la sortie de la ville sont peu étendus, toute la région est parsemée de monuments mégalithiques dont un superbe alignement de pierres dressées le long de la route qui mène à . Des routes sillonnent actuellement toute la région. Elles conduisent les chasseurs vers / El Ayoun, le pays des Fersex / Frechich excellents combattants et souvent rebelles, connus depuis l’époque romaine. De là, on peut rejoindre Sbeïtla en se faufilant entre les Jebels et Tionicha, On peut choisir la sortie de Thala, de s’enfoncer dans les forêts de pins du Jebel Bireno puis rejoindre et Kasserine ou décider d’emprunter la grande route qui mène directement à Kasserine.

Et ceux qui sont allés visiter Kalaat Esnan ?

Ils peuvent, par une très bonne piste, traverser le massif boisé de Bourbaïa et arriver à / Ammaedara antique. Le site a été bien réaménagé. La très grande citadelle byzantine rappelle l’importance stratégique de cette ville, rempart de l’Africa romaine. La IIIème légion y a tenu garnison, puis les Byzantins s’y sont retranchés face à la menace des Berbères chameliers. Ses murs de 8 à 10 mètres de haut, ceignaient plus de deux hectares de bâtiments divers dont une église bien présentée. Même l’arc de triomphe à l’entrée de la ville avait soutenu les murs d’un fortin !

Les voyageurs ont alors le choix de rejoindre directement Thala en traversant un paysage de collines boisées ou d’aller d’abord à Kalâa Khesba, dont les environs sont parsemés de monuments mégalithiques, avant d’arriver à Thala.

D’autres moins aventureux préfèreront, en sortant de Kalaat Esnan aller à Haïdra par la route, via Kalâa Khesba, puis revenir sur leurs pas. Tous repasseront par Thala et rejoindront Kasserine après 50 kilomètres d’une route qui leur fera d’abord traverser un plateau à 1000 mètres d’altitude environ puis les mènera, par la vallée de l’Oued Hatab, entre les Jebels Chambi et Semama, un des hauts lieux de la campagne de Tunisie 1942 / 1943. Les blindés allemands avaient réussi à forcer cette trouée et se proposaient de remonter jusqu’à , de contourner donc toutes les armées alliées qui combattaient dans l’Est tunisien. Ils furent heureusement arrêtés à Thala !

Haïdra , la citadelle byzantine et une des basiliques chrétiennes de la ville…

Kasserine, l’antique Cillium, le Jebel Chambi, le point culminant de la Tunisie… Toute cette région mérite une présentation particulière. On peut regretter que le succès de Sbeïtla toute proche, ait un peu fait oublier l’intérêt que présente Kasserine qui devrait être, elle aussi, une ville-étape sur « La Route de l’Ouest » qui continue normalement vers la Tunisie des steppes, passe par Gafsa, serpente éventuellement dans les oasis de montagne et débouche dans le Jérid : La Tunisie des oasis.

LA TUNISIE DES STEPPES : La Tunisie des origines

Très brièvement, avant de quitter Kasserine avec regret, évoquons d’abord le poème de cent dix vers gravé sur la façade du « mausolée des Flavii » dédié à Flavius Secondus. Une autre inscription indique que le mausolée abritait les restes de ce personnage et de plusieurs membres de sa famille. C’est sans doute, ce mausolée et un autre, en partie détruit, situé sur la rive de l’oued Derb, qui a permis de nommer Kasserine « Les deux ksars ».

Kasserine, Le mausolée Contrairement au consul Marius qui avait laissé ses bagages à Kasserine et qui était allé en deux ou trois nuits, avec les légionnaires équipés légèrement mais bien pourvus d’eau, prendre Gafsa d’assaut, on pourrait essayer, de flâner dans la région.

Les amateurs de records monteront évidemment vers le sommet du Jebel Chambi « le toit de la Tunisie » avec ses 1544 mètres d’altitude et le Parc National qui y a été aménagé en 1980. Plus de 6000 hectares sont entourés par 60 kilomètres de clôture. La flore abondante et variée, Pins d’Alep, Genévriers de Phénicie, Chênes verts, buissons de cistes, d’alfa, de diss et de romarin varie avec l’altitude. Elle abrite une faune curieuse telle que la Hyène rayée, la Gazelle de montagne, le Mouflon à manchettes, l’Aigle de Bonelli, l’Aigle royal et parfois, le grand Vautour fauve.

Le Jebel Chambi

Les randonneurs peuvent se laisser tenter par de très belles promenades dans tous les massifs boisés voisins. Les Jebels Selloum et le khchem El Kelb où l’interdiction de chasser a permis à la faune sauvage de se multiplier. Un peu plus au Sud, le Jebel Sidi Aïch d’où part une route toute droite, orientée Nord-Sud (ancienne voie romaine) qui va jusqu’à Gafsa, l’!

Les amateurs d’histoire s’arrêteront à Thélepte et regretteront que le site soit pratiquement abandonné et … continuellement pillé ! Pourtant les vestiges historiques et l’environnement préservé sont certainement les deux « atouts maîtres » d’un prochain tourisme qui ne demande qu’à se développer dans ces régions !

En remontant vers le Nord-Ouest on s’arrêtera un instant au puits d'Oglet Bou Haya, certainement d’époque romaine et encore entouré d’auges creusées dans la pierre.

On choisit ensuite, de remonter vers Bir Bou Haya par une très bonne piste et rejoindre les vestiges d’une église d’époque vandale, dont les arcades ont donné son nom à ce bourg « Henchir El Goussa ». Il recèle aussi une très belle huilerie monumentale, avant d’arriver à Aïn Bou Dries. Les berges d’un petit oued tout proche abrite Aïn Meterchem, un des plus importants sites préhistoriques et paléolithiques de Tunisie « La Tunisie des origines » !

D’Aïn Bou Dries, on rejoindra le poste frontière de Bou Chebka et la grande route que l’on a laissée à Oglet Bou Haya.

On aurait pu choisir de faire le tour dans l’autre sens et de commencer par les forêts des Jebels Tamesmida et Dernaïa, les plus « sauvages » de Tunisie. Il y a quelques années, un matin, nous y avons trouvé les restes à demi- dévorés d’un énorme sanglier qui, à voir les buissons écrasés tout autour, s’était certainement bien défendu. Seule une panthère, à notre avis, est capable d’attaquer et de tuer un sanglier de grande taille. D’où venait-elle ? Il en reste encore quelques unes au Maroc. Les moins aventureux auront suivi la route de l’Ouest, seront passés à Feriana et continué vers Gafsa. Dommage que personne ne leur ait dit qu’à 14 kilomètres au Nord de Gafsa, les collines qui bordent la route recèlent le site préhistorique d’El Mekta, considéré comme le « gisement type » de la civilisation du Capsien ! Capsa ou Gafsa à l’époque romaine ! Ce gisement a livré les premières « sculptures » de formes humaines connues en Tunisie. Une source d’El Guettar abritait le plus ancien « monument cultuel » du monde ! Sur le site même de la ville de Gafsa, des bifaces paléolithiques ont été trouvés. Les alentours sont parsemés de sites préhistoriques situés autour de , Metlaoui, Moularès : la Tunisie des origines !

Paysage près de Gafsa

Tous les historiens qui s’intéressent à l’Afrique ont entendu parler des hommes du capsien (de Gafsa) qui sont, sans doute, à l’origine du peuplement actuel de l’Afrique du Nord. Gafsa est une des plus anciennes villes de Tunisie, au moins. C’était déjà une ville fortifiée du royaume de Jugurtha en 107 av. J.C. Elle aurait été fondée, dit la légende, par un dieu « Hercule libyen ». Sa position stratégique au carrefour des grandes voies commerciales joignant le « Nord » au « Sud » lui a valu d’être alternativement une grande cité prospère, « la cité aux cents portes » et un bourg ruiné, toujours reconstruit.

Gorges de la Selja Si les remparts byzantins ont tenu en respect les tribus berbères et les premières incursions arabes, la ville capitule en 669 face aux armées d’Okba Ibn Nafaa. Elle conserve durant tout le Moyen-âge une population abondamment latinisée et christianisée. Comme les habitants du Jérid voisin, les Gafsiens se sont rebellés à plusieurs reprises contre le pouvoir central. Ses remparts et sa Kasbah ont été démantelés et reconstruits plusieurs fois. Sa kasbah occupe sans doute le site de la forteresse byzantine. Nous ferons prochainement un article consacré à Gafsa et ses environs. La ville est entrain de se doter d’hôtels et de restaurants très appréciés qui vont permettre d’y séjourner confortablement et agréablement. Elle peut être une base pour rayonner à l’Est vers le Jebel Orbata dont la faune et la flore sont protégées depuis des décades. On peut aller « nomadiser » par une petite route qui continue plein Est vers le Parc National du Bou Hedma et sa forêt de gommiers, puis grimper vers les villages berbères de Saket et, si on a un bon 4 x 4, escalader les pentes du Jebel Biadha jusqu’au « vieux » Sened.

On peut aller au Sud-Est, vers la trouée de Bir Oum Ali où les millénaires se superposent. Un fortin moderne a été construit à proximité du mur fortifié qui balisait la frontière à l’époque romaine. Elle passait sur un gisement néolithique.

Nous avons évoqué dans un article précédent les promenades à faire dans le massif du Chareb à partir de Metlaoui, dans les gorges de l’oued Selja et vers les oasis de montagne qui pourraient servir de transition entre la Tunisie des oasis et celle des steppes ou parfois celle des miracles. Il nous est arrivé de « naviguer » en allant vers Bir Oum Ali, dans une mer de fleurs qui s’élevaient jusqu’aux vitres de l’auto et qui cachaient complètement la piste. Une pluie précédente les avait fait éclore.

Nous pourrions choisir de quitter la région de Gafsa soit par la route « directe » qui mène à , Nafta et la Tunisie des oasis, qui est elle aussi, le fruit du miracle de l’eau dans le désert, soit par la route des oasis de montagne. On peut aussi emprunter une voie plus « aventureuse » mais parfaitement carrossable, qui passe par El Guettar, Bir Oum Ali et la traversée du Shott. Mais là, si on arrive dans la Tunisie des oasis, on atteint celles de Kébili, de et de Régim Maâtoug qui ne ressemblent pas à celles de Tozeur et de Nafta.

Dans un article précédent, nous parlions de régions « authentiques », pittoresques et de sites intéressants et variés le long de la « Route de l’ouest ». Sans avoir encore parlé de la Tunisie des oasis, nous pensons que les montagnes et les steppes sont, au moins, aussi intéressantes que les autres régions de la Tunisie.

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Le Tell fleuri sur fond du Jebel Slata LLAA RROOUUTTEE DDEE LL’’’OOUUEESSTT,,, uunnee aauuttrree TTuunniiissiiiee……

La khroumirie ou la verte Tunisie

Tabarka est un superbe point de départ de cette « Route de l’ouest » que nous vantons depuis … des décades.

La khroumirie est belle, intéressante en toutes saisons. L’été, c’est, paraît-il, la saison rêvée du tourisme ! La « côte du corail » offre aux baigneurs une succession de grandes plages de sable bordées de forêts ou de petites criques cachées par des arêtes déchiquetées de rochers bruns qui plongent dans une mer turquoise. Pêcheurs et chasseurs sous-marins s’y régaleront. Des championnats internationaux de pêche sous-marine se déroulaient naguère à . Les promeneurs, les randonneurs disposent de l’ombre fraîche des immenses forêts d’altitude qui enserrent Aïn Draham où les nuits d’été, caniculaires ailleurs, sont bien agréables.

La station thermale de Hammam Bourguiba permet de se détendre, de se soigner ou plus simplement de prendre de soin de soi, bien confortablement. Les amateurs d’animation seront satisfaits par les nombreuses manifestations du Festival de Tabarka.

Les amateurs de nature, eux pourraient peut être préférer venir au printemps quand, sous les chênes majestueux et les grands pins élancés, les sous-bois parfumés abritent mille ruisseaux qui murmurent entre les fougères royales, les bruyères arborescentes, les myrtes et les arbousiers. En mars, les bécasses et les palombes sont encore là et les cigognes sont revenues. Les grands rapaces décrivent, dans l’azur, de grands cercles tandis que les martinets criards et les hirondelles se livrent à des acrobaties aériennes. Mille fleurettes parfumées et de très belles orchidées sauvages s’épanouissent de la fin de l’hiver au début de l’été, des dunes du littoral aux sommets des monts.

Tabarka / Tabarka vu d'Aïn Draham / L'Algérie d'Aïn Draham

Les chasseurs pourront préférer l’automne et l’hiver, d’abord pour aller écouter le brame des grands cerfs de Berberie en rut puis pour participer à une battue au sanglier avant de revenir bavarder devant un grand feu de cheminée dans un hôtel douillet tandis que dehors, le brouillard, les longues pluies ou les flocons de neige limitent l’horizons aux maisons voisines.

Enfin les amateurs de nature pourront aussi « faire un saut » jusqu’au Parc National d’El Feïja. Nous leur avons déjà dit que des milliers d’hectares de forêts touffues et de landes parfumées servaient d’écrin aux cerfs de Berberie et à bien d’autres animaux.

Bulla Réjia / Chemtou et le Parc National de El Feija

Un écomusée intéressant, des pistes et des aires de repos y ont été aménagés. Les amateurs d’histoire n’ont que l’embarras du choix, les plages du littoral, celle de Zouara en particulier, recèlent des vestiges préhistoriques que les dunes de sable cachent ou découvrent selon l’humeur du vent. Les monts abritent de très nombreux tombeaux rupestres berbères dont certains – ceux de Kef El Blida – sont ornés de superbes peintures pariétales.

La descente sur la riche vallée de la Majerda mène, selon le goût de chacun soit vers Bulla regia, soit vers Chemtou.

La Khroumirie autour de Hammam Bourguiba

Chemtou, l’antique Simithus ! Son marbre, marmor numidicum, aux reflets dorés, connu tout autour de la Méditerranée, était extrait de grandes carrières qui entourent le site. Il était travaillé dans un « camp » voisin, le plus grand d’Afrique du Nord.

Sous le dallage du forum romain une bazina, un tombeau princier, a été découverte. Les sculptures du linteau de la porte du « temple » reflètent une influence égyptienne illustrant les ambitions des rois numides qui l’ont construit.

Bulla regia, numide d’abord, la nécropole à dolmens, toute proche, l’atteste, puis lentement, volontairement romaine se protège des sirocos brûlants en dotant ses villas, ornées de magnifiques mosaïques figuratives, florales ou géométriques, d’un niveau souterrain dont les doubles murs et le système d’aération sont d’une « modernité » surprenante.

On peut aussi escalader les pentes de Kef El Agab pour aller chercher des outils préhistoriques ou de la poussière d’or que contiennent les rochers, visiter le bourg de Balta célébré par les chroniqueurs arabes ou … faire étape à au terme de cette errance en Khroumirie. Des hôtels-restaurants tout à fait convenables vous y accueilleront.

Les gens pressés, qui ne disposent que d’un week-end ou de quelques jours, peuvent retourner à l’aéroport : ils auront vu une Tunisie différente. Pour les autres, les vacanciers chanceux, cap au Sud !

Le Haut Tell ou la Tunisie dorée

La Tunisie des blés dorés, on la rencontre à la sortie de Jendouba. Elle s’étale au soleil sur cette belle plaine, qu’on a voulu assimiler aux « grands camps » romains, formées des alluvions de l’oued Medjerda qui s’y attarde longuement en méandres creusés et abandonnés selon son humeur ! Et … il faut choisir, peut être la voie directe, traditionnelle, qui passe par « Muthul ». Allez voir : la plaque est encore fixée au mur de l’ancienne gare d’un chemin de fer qui n’a jamais existé ! Le fleuve Muthul, le long duquel Jugurtha a durement « accroché » les légionnaires romains du Consul Metellus n’est jamais passé ici ! Le Mellèg n’est plus assimilé, depuis quelque temps, à ce fleuve antique et il est barré quelques kilomètres plus loin. Nous conseillons aux flâneurs d’aller s’asseoir un moment, à l’auberge accueillante, au pied du barrage, ou à la guinguette agréable, qui en dépend, au sommet. Au printemps, les orchidées fleurissent tout autour, en été, quand la plaine de Jendouba cuit au soleil, il fait frais ici et en automne ou en hiver, après une bonne partie de chasse le « Chef » y prépare de délicieux « poissons du lac » qui méritent le détour.

La vallée de l'Oued Mellègue

Puis, restaurée, rafraîchis, nous grimperons par une des deux petites routes qui escalent les hauteurs du Jebel Dyr et se faufilent entre des bois de pins où roucoulent les tourterelles et les champs de céréales qui affirment qu’on est au pays du blé.

On peut aussi préférer faire l’école buissonnière en commençant par s’éloigner vers Oued Meliz, puis serpenter vers , le long d’une petite route déserte qui traverse des paysages bucoliques et … descendre dans la vallée du Mellèg pour atteindre directement El Kef ou … aller flâner, dans de grandes forêts, vers , se recueillir un instant au Monument des Martyrs de la lutte pour l’Indépendance, s’arrêter un moment à la Réserve naturelle de Saddine dont l’écomusée sera bientôt ouvert au public et monter lentement vers El Kef entouré à l’ouest par un arc de cercle de collines, bleues au coucher du soleil. Oui, franchement bleues, nous en prenons le pari !

La citadelle d'El Kef et la porte monumentale de Mustis

Nous saluons au passage le marabout de Sidi Abdallah et avons un sentiment de gratitude pour Sidi Bou Makhlouf, le Saint Patron d’El Kef, qui nous a conduits jusqu’ici sans encombre. El Kef ! N’en déplaise à … qui voudra, il – au masculin, évidemment ! – est l’antique capitale de la Numidie, le gardien de la frontière, le centre économique de la région, un pôle intellectuel et religieux et, plus récemment, un foyer actif de militantisme syndical et politique, au moment des combats pour les indépendances de la Tunisie d’abord, de l’Algérie voisine ensuite. El Kef, nous en avons tellement parlé que nous avons été accusés d’être « régionalistes », pourtant El Kef et sa région sont encore bien méconnus alors que de bons hôtels-restaurants permettent d’y séjourner agréablement.

Le Jebel Dir et la région du Tell en fleur…

Et … toutes les routes qui en sortent invitent à la promenade. Si nous venons de Sakiet, nous négligerons celle qui y mène et par défi, nous partirons dans la direction opposée, plein Est, pour visiter Mustis, une bourgade berbère, réquisitionnée pour implanter les vétérans romains de la même tribu que le Consul Marius, vainqueur de Jugurtha. Son superbe arc de triomphe balise encore la voie qui venait de . De là, on peut rejoindre, par la vallée de l’Oued Souani, la route de Makthar, le site de Lorbeus / Larès où les troupes de Marius tiendront garnison pendant qu’il se ruait sur Gafsa / Capsa en 107 av. J.C. Larès qui, au Moyen-Age, supplantera El Kef grâce aux revenus de la culture du safran, dont on se souvient, en particulier, dans la plaine voisine de Zâfraane !

Un peu plus loin, on arrive au Sers et on rejoint Ellès dont les énormes dolmens à portique sont uniques au monde puis on découvre le monument cultuel berbère du Kbour Klib qui pourrait être soit un cénotaphe dédié au roi Massinissa soit le monument commémoratif de la bataille de Zama. Elle pourrait s’être déroulée dans la plaine du Sers et … après un « saut » aux vestiges de Zanfour datant de l’époque romaine, on peut aller jusqu’à Makthar dont le site antique mérite une longue visite. Toute la région vaut la peine – ou plutôt le plaisir – de s’y arrêter. Pour n’en citer que quelques uns, mentionnons les sites de Hammam Zouakra, où il est interdit, en latin, d’uriner sur le pied-droit de l’arc de triomphe sous peine de subir la colère de Mars, celui de la , village perché au flanc du plateau couvert de grandes forêts giboyeuses, celui d’Uzappa / El Ksour construit sur la voie qui menait à Carthage en passant par Thuburbo majus et le site préhistorique niché au sommet de la falaise de Kef El Quaria.

En sortant d’El Kef, d’autres visiteurs préféreront prendre la route directe, du sud. Ils iront vers Obba / Dahmani dont les blés et les légumes permettent de cuisiner des couscous de printemps somptueux. Ils feront un crochet vers Zouarine pour aller reconnaître la nécropole aux cent tumulus – au moins – berbères étalée sur la pente nord du Jebel . Ils peuvent préférer flâner dans la région, aller à l’Ouest visiter Medeïna / Althiburos et les pentes couvertes de dolmens et de sarcophages d’époque romaine des collines de Sidi Baraket. Ils iront éventuellement visiter la nécropole à dolmens, proche du marabout de Sidi H’med El Khadhra à quelques kilomètres d’El Ksour. Et si … on est pressé de repartir, on pourra rejoindre Makthar, puis Tunis ou Kairouan. Mais si on a décidé de suivre la « Route de l’Ouest », on ira jusqu’à Rouhia.

Les mégalithes d'Elles et le Kbour Klib

D’autres voyageurs, en quittant El Kef, emprunteront la route Sud-Ouest. Ils regarderont avec regret la colline de Koudiat Soltan qui recelait naguère, la nécropole à dolmens la plus importante de la région. Aujourd’hui, il n’en reste plus un seul ! Ils salueront les dents du Gharn El Afaya, dont l’une porte une Kalâa berbère. Elles s’élèvent au-dessus d’immenses champs de céréales, ensanglantés par les coquelicots ou lavés d’or par les ravenelles, au printemps avant de se transformer en une mer dorée : Le Tell : le pays du blé ! Après , les collines éclatées, couleur de rouille, de Jérissa, et le massif dentelé du Jebel Slata, ils découvrent les tables jumelles du Kef Rebiba et de la Kalaat Esnan.

Le Gharn El Afaya

Kalaat Esnan, une centaine d’hectares de rochers perchée au sommet de falaises d’une centaine de mètres de haut ! De la nuit des temps à nos jours, l’histoire de la Tunisie y a amoncelé ses vestiges : silex taillés, dolmens, ruines romaines et marabouts se côtoient ! Dans l’azur d’un ciel pur, l’aigle tournoie au-dessous du grand vautour fauve dont les cercles surplombent aussi ceux des buses, des milans ou des corbeaux. La nuit, les ricanements des dernières hyènes rayées, typiques d’Afrique du Nord, font fuir les chacals. Et les promeneurs qui flânent dans les forêts à la recherche de … plantes aromatiques, médicinales ou d’orchidées inconnues, croisent régulièrement les mangoustes, les genettes et les sangliers.

De là, on va aller au pied d’une partie de la Dorsale tunisienne. Elle s’étend, dans le cadre de cet article, de Makthar et du Kef El Quaria, à l’extrémité Sud-Ouest du Jebel Tamsmida. On va y découvrir une autre Tunisie, âpre, très froide en hiver, aux sommets altiers, souvent dénudés, mais une région encore tellement « naturelle », authentique, attachante et pittoresque. La Tunisie montagneuse ou la Tunisie ocre

A l’orée de la Tunisie des montagnes, on ressent un « manque », un regret : on voudrait s’arrêter là, digérer les sensations éprouvées et les spectacles admirés durant la traversée des hauts plateaux du Tell. Mais Makthar et Thala, pour ne parler que de ces bourgs, ne sont pas encore équipés d’hôtels-restaurants satisfaisants. Les promoteurs n’y font pas construire d’hôtel parce que les touristes y sont très peu nombreux mais les touristes ne s’arrêtent pas là où il n’y a pas d’hôtel !

Nous avons laissé les voyageurs dans la région de Makthar avec la possibilité, pour ceux qui étaient pressés, de rejoindre Tunis, mais, pour les privilégiés qui disposent encore de quelques jours de vacances de descendre par une route déserte mais superbe vers H’babsa, à travers le Jebel Barbrou, puis vers et Sbeïtla.

Le Kef Rebiba / La Table de Jugurtha sous la neige et le plateau de la Kesra

D’autres « chanceux » choisiront de s’éloigner de Makthar par une route magnifique qui se faufile entre les monts vers l’Ouest, vers le camp militaire de Souk El Jemâa, vers Hammam Zouakra dont la nécropole mégalithique est l’une des plus importantes de Tunisie, vers Henchir Mided / Mididi dont certains tombeaux mégalithiques, dotés de dalles coulissantes, ont été conçus pour être réutilisés et vers Rouhia. Ce bourg, qui recèle quelques vestiges de l’époque romaine et une superbe mosquée au dôme côtelé, pourrait être, avec le suivant, Jedelienne, un haut-lieu du tourisme de randonnée en montagne et de chasse au petit gibier et au sanglier. Ils sont entourés de grands massifs, de plus de 1000 mètres d’altitude, les Jebels Skarna où ont été découverts les premiers ophrys murbeckii, Barbrou, les grandes tables d'Oum Jeddour et le Kef Soltane.

Quelques kilomètres plus loin, la ville de Sbiba, l’antique Sufes offre le spectacle de son développement agricole impressionnant à ceux qui l’ont connue, il y a une vingtaine d’années. A proximité des ruines d’une forteresse byzantine, une ancienne basilique chrétienne pratiquement ruinée constitue les vestiges d’une mosquée : Jemaâ Sidi Okba qui daterait de la conquête musulmane. Les Jebels Tiouicha, à l’Ouest et l’énorme massif du M’ghila, à l’Est, attirent irrésistiblement les marcheurs et les chasseurs. Toute la région semble avoir été très peuplée, très cultivée à l’époque romaine : de très nombreux vestiges de toutes les époques parsèment la région. Il semble que la culture de l’olivier ait été très développée : les gros blocs massifs qui servaient à régler la pression exercée sur la pâte d’olive sont très fréquents.

Quelques tours de roues permettent d’arriver à Sbeïtla. Mais là est une autre aventure que nous décrirons dans un autre récit : "Du toit de la Tunisie aux rivages des chotts".

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Jebel / Jebel RESSAS : et Jebel ICHKEUL

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Il était une fois trois géants partis en voyage, peut-être en pèlerinage. Chemin faisant, l’un d’eux s’embourba dans les marais du Nord, aux environs du Lac Ichkeul. Il devint le Jebel Ichkeul. Le second, cheminant le long du littoral, s’arrêta séduit par les eaux turquoises du Golfe de Tunis. C’est le Jebel Ressas. Le troisième, surpris de se retrouver tout seul dans les riches plaines blondes d’, décida, pour l’éternité, de les attendre là. Lentement pétrifié, ainsi surgit le Jebel Zaghouan. Désolé d’avoir perdu ses compagnons et de ne pouvoir poursuivre son voyage, il pleure, depuis, « toutes les larmes de son corps » qui s’épanchent en nombreuses sources abondantes et pérennes.

Jebel Ichkeul et le lac au petit matin

A l’aube des temps, les hommes de la préhistoire se sont installés sur un éperon au pied du versant Nord : le mont leur offrait non seulement sa protection tutélaire mais aussi la pierre des murs, le bois du foyer, le gibier des repas et surtout l’eau, source de vie.

Le Jebel Ressas vu de

Cette énorme source allait abreuver un petit bourg berbère administré par Carthage. Agathocles, tyran de Syracuse, venu combattre la métropole punique vers 308 – 309 avant J.C., y est sans doute passé avant d’aller allumer au sommet du Mont, que les Grecs avaient dédié à Zeus, le roi des dieux, d’immenses bûchers qui envoyaient à Carthage et à son alliée Hadrumète / des signaux menaçants. Devenue peut-être Ziqqa romaine, la cité a été choisie, en raison de l’abondant débit de cette source pérenne située alors au flanc du Mont de Jupiter, pour être le « cœur » d’où partirait « l’artère à eau » de la magnifique Carthage romaine.

Le versant Sud du Jebel Zaghouan

De l'esplanade de la cathédrale de Carthage : des géants endormis Le Nymphée de Zaghouan

Peut-être est-ce l’empereur Hadrien qui a décidé de faire réaliser un projet grandiose concrétisant la puissance de la civilisation romaine : d’un nymphée splendide partirait un aqueduc unique en son temps qui alimenterait en eau par le biais d’immenses citernes, des thermes monumentaux.

Cette décision aurait-elle été aussi justifiée par les pluies abondantes et bienfaisantes tombées, après une longue sécheresse, durant le voyage de l’empereur. Aurait-il confié à son architecte personnel le soin d’établir les plans des différents monuments ? Peut-être !

Le nymphée de Zaghouan était par sa forme et ses dimensions, en son temps, l’un des plus grands et des plus beaux de l’Afrique romaine. Peut-être a-t-il été consacré au dieu Neptune. Blotties, lovées aux creux d’un vallon boisé, les deux colonnades courbes qui ceignent la cour centrale, guident la vision vers la Cella du temple axial puis la conduisent, en suivant le ravin derrière le captage, jusqu’au sommet arrondi du mont dont la forme est en harmonie avec celle du sanctuaire. Il semble faire partie de la montagne et être la scène d’un théâtre gigantesque qui s’étend presque jusqu’à Tunis.

Le Temple des eaux sur fond du Mont de Jupiter

Jougar - Mograne

Au IIIème siècle, à l’époque des empereurs Sévère, une adjonction d’eau a nécessité la construction d’un nouveau captage et d’un autre aqueduc qui rejoint le premier près du bourg de Mograne à proximité du lieu-dit : « La Maison de l’embranchement ».

"Les larmes du Géant" jaillissent ici, sur un chaînon occidental, à une trentaine de kilomètres du Temple de Neptune. La source : Aïn Jougar doit son nom à Zuccar, un petit bourg voisin d’époque romaine.

Le captage, ici encore monumental, semble refléter ou rappeler la décision impériale d’Hadrien. La grande excède couverte d’une demi-coupole qui couvre une abside percée de niches hautes et étroites forées, à leur base, d’une galerie drainante par où l’eau s’écoule, semble s’inspirer d’un aménagement de la villa Hadria na de Rome.

Le nymphée a subi des aménagements successifs dès l’époque romaine. Les Byzantins l’ont couvert d’un fortin pour le protéger des attaques des Berbères révoltés.

Des constructions modernes ont été des outrages évidents. Et pourtant, depuis plus d’un millénaire, l’eau jaillissant de la montagne, tombe encore en minuscules cascades du seuil des niches antiques et s’écoule dans le canal moderne.

L’aqueduc du Jougar, d’une trentaine de kilomètres de long, n’a pas la « majesté » de son grand prédécesseur. Mais il a été construit avec le même soin, en respectant les mêmes règles : il serpente à travers la campagne, en suivant l’angle de la plus grande pente afin que l’eau s’écoule sans moyen de pompage. Il semble avoir été soigneusement restauré en 1860, ainsi que l’aqueduc principal, par un ingénieur français dénommé Colin. On peut le suivre, pratiquement sur toute sa longueur et admirer de belles séries de grandes arches dont une suite de belles arcades, réparées manifestement à l’époque hafside, supporte la canalisation lors du franchissement du profond ravin de l’Oued Kaoussat.

Le Nymphée de Jougar L'Aqueduc de Carthage

L’aqueduc qui part de ce captage monumental illustre remarquablement un « travail de romain ». Sans doute réalisée, en un temps relativement court, par ou avec les légionnaires de la IIIème Legio Augusta stationnée dans le pays, cette canalisation de 90 kilomètres de long chemine, par monts et par vaux, parfois sur le sol, parfois enterrée et quelquefois à plus de 20 mètres au-dessus de l’Oued Miliane. Dotée d’une pente régulière de 15 centimètres par 100 mètres, elle a conduit, pendant plus d’un millénaire et demi, des millions de m3 d’eau par an à raison d’un débit de 370 litres / seconde environ, sans aucun système de pompage. Les pleurs du géant sont gigantesques ! Cet exploit a été réalisé entre une source située à 150 mètre d’altitude et la colline de Carthage mesurant près de 25 mètres de haut, en passant par le niveau zéro de la mer lors de la traversée de la Sebkhet Sijoumi !

La conduite "romaine" dans la plaine de Bir M'Cherga / L'aqueduc à l'Oued Milliane Les citernes de Carthage

Si l’on ne peut plus visiter les citernes de Borj Jedid qui alimentaient directement les thermes, celles de la Maalga, tardivement reliées à l’aqueduc en donnent un bon aperçu. Elles aussi sont « colossales ». Elles sont composées de seize « vaisseaux » dont quinze sont accolés longitudinalement tandis qu’un réservoir les borde transversalement, au Sud d’une « esplanade » de 130 mètres sur plus de 100 mètres de large. Les quinze premières citernes mesurent environ 8 mètres de large sur 7 mètres de haut. Le compartiment transversal, beaucoup plus petit, n’a que 3,25 mètres de large. De ce fait, les citernes de la Maalga, qui devaient ressembler à celles de Borj Jedid, ont une capacité de l’ordre de 5000 m3. Elles sont, comme celles d’El Kef / Cirta – Sicca, la capitale de La Numidie, parmi les plus grandes du monde romain.

Ces différents monuments, à part sans doute certaines citernes de la Maalga, ont été édifiés sous le règne d’Hadrien, et terminés sous celui de l’empereur Antonin au milieu du II ème siècle qui est l’un des « âges d’or » de Rome.

Carthage : les Citernes de la Maalga vers 1930

Une photo "moderne" n'est plus possible du fait d'une urbanisation autant anarchique que galopante… Les Thermes d'Antonin

Les thermes dits d’Antonin à Carthage sont certainement une réalisation de prestige étant donné leurs dimensions. Avec leur superficie de 3 ha ½, leurs 300 mètres de façade et leurs 100 mètres de largeur, ils couvrent la surface de 6 terrains de football accolés ! Ils occupent le 3ème rang dans le monde romain ! La grande colonne de granit gris qui a été relevée est un monolithe de plus de 12 mètres de haut, pesant 60 tonnes environ. Surmontées de chapiteaux de marbre blanc, pesant plus de 8 tonnes, 8 colonnes semblables, s’élevant à plus de 30 mètres (un immeuble de 10 étages !) soutenaient la voûte, d’une salle froide : le frigidarium mesurant 47 mètres sur 22 mètres. Face à la mer, une piscine, aux dimensions « olympiques », avait été aménagée.

Inaugurés vers 145, les thermes ont été encore embellis vers 162 sous le règne de l’empereur Marc-Aurèle. Ils ont été restaurés au IVème siècle mais la voûte du grand frigidarium s’est écroulée vers le début du Vème siècle alors que le public continue à les fréquenter. Les Byzantins les réaménagent complètement en 533 au moment de leur reconquête du pays sur les Vandales. Les thermes semblent avoir été complètement abandonnés un siècle plus tard.

Les thermes d'Antonin (wikipediacommons)

Epilogue…

Les pleurs du Géant pétrifié continuent à s’épancher et fournissent encore, à Tunis, d’importantes quantités d’eau pure.

Extrait de : wikipediacommons