rwanda : l’autre shoah

Rwanda: l’Église en flagrant délit de complicité

D’avril à juillet 1994, le monde entier placée pour relayer efficacement cet appel angoissé du Saint-Père. Dès sa naissance, observa avec stupéfaction le drame la 1ère république du Rwanda, et ce à qui secoua le Rwanda. Sur la scène mainte reprises, a eu recours au massacre des Tutsi, soi-disant pour dissuader les internationale en général, d’aucuns ne se attaques armées, lancées par des Rwandais rendirent pas compte, sur le champ, de la à partir des pays limitrophes de ce pays où ils avaient trouvé refuge. La deuxième dimension génocidaire de cette tragédie république, comme on le verra, avait mis terrifiante. Il n’en était pas de même un moratoire sur ces tueries ciblant les Tutsi de l’intérieur du pays, tout en maintenant pour les acteurs présents sur le terrain ouverte l’option d’y recourir le cas échéant. depuis plusieurs années. C’est le cas de C’est ce qui arriva dès 1990. Et trois ans plus tard, il y eut une tentative d’en finir une fois l’Église catholique. Elle était informée pour toute, en mettant en œuvre un plan dans les moindres détails du caractère diabolique considéré par ses concepteurs comme la « solution finale ». réel des tueries en cours. C’est dans cette optique qu’on peut placer le cri angoissé La prochaine lecture des événements portera aussi sur l’alliance entre l’Église et l’emploi rapide du mot « génocide » par et le régime de feu le président Juvénal le Pape Jean Paul II. Habyarimana. Ce partenariat se traduisait par un enchevêtrement étendu de la base au sommet. C’est cette alliance contre En ces moments de désarroi, le Souverain nature qui explique le paradoxe de la Pontife lança un cri de cœur émouvant. Il symbiose entre le message évangélique et s’adressa directement aux Rwandais. De l’idéologie de la haine. tous ses vœux, il dit (je le cite) : « Arrêtez ces violences ! Arrêtez ces tragédies ! L’Eglise n’était nullement offusquée par Arrêtez ces massacres fratricides... » la politique discriminatoire et répressive Mais cet appel pressant du Saint-Père n’eut à maintes répétition, érigée en mode de pas d’effet sur le cours des événements. gouvernance par le régime avec lequel il En effet, sur le terrain, et ce depuis entretenait des liens étroits. En revisitant plusieurs années, l’Église se trouvait dans ce passé funèbre où la dérive graduelle est une situation de complicité flagrante perceptible, nous suivrons la trajectoire avec un régime habitué à orchestrer des qui a conduit tout droit à l’hécatombe de massacres ciblant les Tutsi. C’est pourquoi, 1994. Maga zi n e n° 155-156 - Avtil 2014 la hiérarchie catholique locale était mal

65 rwanda : l’autre shoah

Un régime raciste et sanguinaire parti PARMEHUTU. Les Tutsi étaient cette dès sa naissance fois-là coupables d’être nombreux à bénéficier de l’éducation. Rappelons que Juvénal Habyarimana est arrivé au pouvoir lors de son discours inaugural en tant à la faveur d’un coup d’État militaire, le que président, Grégoire Kayibanda avait 5 juillet 1973. Ce putsch fut défendu par précisé que (je le cite) « ... pourraient être ses auteurs en le présentant comme un fermées ou réquisitionnées, les écoles geste salutaire. L’initiative visait, disait-on, dont le pourcentage de fréquentation ne à ramener l’ordre public. À cette époque, répondrait pas à la répartition ethnique la violence visant les Tutsi avait été reprise, de la population »2. Le groupuscule une fois de plus, à travers tout le pays. déclencheur des massacres est connu sous Cette fois-là, ces tueries ciblaient ceux le nom de « comité de salut public », créé qui fréquentaient les établissements sur instigation de l’abbé Naveau3, alors secondaires et supérieurs. professeur au Collège Christ-Roi de Nyanza. Parmi les membres de ce comité, figurent La tension s’étendit même au grand déjà des noms tristement célèbres plus Séminaire Charles Borromée de tard, tels que ceux de Léon Mugesera4 et Nyakibanda (le seul du pays à l’époque). de Pierre-Célestin Rwagafilita5. À ce moment-là, apparemment un grand nombre de Tutsi faisaient partie de ces Après une décennie au pouvoir, futurs prêtres. Face à la menace de mort Grégoire Kayibanda était toujours fidèle qui pesait sur ses grand-séminaristes, Mgr à la logique ethniste qui s’inspirait de la Aloys Bigirumwami ramena chez lui, ceux haine prônée par son parti. C’est pourquoi il originaires de son diocèse de Nyundo. Il laissa la situation se détériorer, en dépit des rendit disponible des locaux pour qu’ils y appels qui le suppliaient de faire cesser ces poursuivent leur préparation au sacerdoce. nouvelles tueries. À cette énième époque Au même moment, le petit séminaire de sanglante ciblant les Tutsi, le carnage le plus son diocèse fut réquisitionné et transformé atroce eut lieu dans les écoles de Shyogwe en collège public sur ordre des putchistes. Il fut restitué plus tard. Quant au diocèse 2. Rudipress, n° 209, 4 février 961, p.3, cité par de Butare, il aurait laissé ses grand- Dialogue n°198, avril 2012 p. 155. séminaristes tutsi fuir vers l’extérieur du 3. On dit que l’abbé Naveau travaillait aussi pour pays. Cet exemple montre que l’Église du les services secrets belges et que son action aurait Rwanda n’était pas immunisée contre le été délibérément destinée à déstabiliser le régime racisme qui rongeait toute la société. C’est de Grégoire Kayibanda. le moins que puisse dire. Le massacre1 4. Léon Mugesera est tristement célèbre suite au de 1973 s’inscrivait dans la logique du discours incendiaire qu’il prononça à Kabaya en 1992 et pour lequel il est en train d’être jugé au Rwanda, après son extradition du Canada. 1. Le massacre des Tutsi a été examiné dans un 5. Parlant des Tutsi, le Colonel Rwagafilita af- livre bien fouillé de Mugesera Antoine, qui porte firma (je le cite) : « Ils sont très peu nombreux, le titre : « Imibereho y’Abatutsi kuri repuburika nous allons les liquider. » Propos rapportés à la ya mbere n’iya kabiri : 1959-1990 », ce qui se mission d’information parlementaire sur le Rwan- traduirait ainsi en français : « Le calvaire des Tutsi da (en France) par le Général Jean Varret, ancien Maga zi n e n° 155-156 - Avtil 2014 à la première et à la deuxième république : 1959- chef de coopération d’octobre 1990 à avril 1993. 1959. » Publié aux éditions Rwandaises, 2004.

66 rwanda : l’autre shoah

Juvénal Habyarimana en tenue d’officier. et , situées dans les environs tienne au pouvoir. Si cela se confirmait, cela immédiats de la résidence présidentielle où démontrerait que ce massacre avait un se trouvait Grégoire Kayibanda. double objectif : éliminer les Tutsi et ren- verser le régime de Grégoire Kayibanda. Une autre hypothèse a circulé, selon Aveuglé par l’idéologie de la haine, Grégoi- laquelle le président Grégoire Kayibanda re Kayibanda n’aurait rien vu venir. On dit serait plutôt tombé un piège. Ces nouvelles qu’il s’en serait rendu compte très tardive- tueries à l’encontre des Tutsi, dit-on, auraient ment. En réaction, il aurait convoqué Juvé- été orchestrées par les putschistes, dans le nal Habyarimana, qui était chef de la Garde but de justifier leur prise du pouvoir. Ce Nationale, et l’aurait sermonné furieuse- seraient donc les mêmes pyromanes qui ment. Démasqué, Juvénal Habyarimana sont intervenus par la suite en pompiers. Si aurait quitté précipitamment la résidence c’est réellement ce qui s’est passé, il s’agit de Grégoire Kayibanda, avant de passer à d’un stratagème fourbe qui a fonctionné l’action. C’est ainsi que fut mis en œuvre le parfaitement. Coup d’État préparé d’avance. Les putchis- tes connus sous l’appellation de « Camara- On dit que les officiers6 militaires, Juvénal des du 5 juillet 1973 » se constituèrent en Habyarimana en tête, auraient été irrités comité de « salut national ». Ils sifflèrent par le projet d’amendement constitution- la fin des tueries qui secouaient le pays et nel visant à proroger le mandat présiden- furent acclamés pour avoir rétabli l’ordre. tiel, pour que Grégoire Kayibanda se main- Quelle que soit la pomme de discorde qui 6. Ces officiers militaires putchistes sont connus opposa Grégoire Kayibanda et Juvénal sous le sobriquet de « camarades du 5 juillet Maga zi n e n° 155-156 - Avtil 2014 Habyarimana, force est de constater que 1973 ».

67 rwanda : l’autre shoah

pour les deux hommes et leur entourage Grégoire Kayibanda lorsqu’il était cloué immédiat, les Tutsi étaient une cible idéale. dans sa résidence qui se trouvait non Ils constituaient une sorte de bouc émissaire loin de son évêché ? Nous n’avons pas consensuel. Cela remontait à la fameuse d’informations à ce sujet. « révolution de 1959 » concoctée grâce à l’aide des missionnaires Pères Blancs. On dit que sous le régime de Juvénal Signalons que comme lors des pogroms Habyarimana, Mgr Perraudin aurait été précédents, ceux qui se sont impliqués approché par les veuves des politiciens dans le massacre de 1973 n’ont jamais été assassinés à la fin de la première république, poursuivis pour leurs crimes. pour qu’il les aide à récupérer les corps afin de leur aménager une sépulture décente. Un régime choyé par l’Occident Malgré l’appui de la conférence épiscopale, et encensé par l’Église catholique cette démarche discrète se serait heurtée à une fin de non-recevoir. Juvénal À son arrivée au pouvoir, Juvénal Habyarimana serait resté intraitable. La Habyarimana procéda à l’élimination seule concession à ce sujet aurait été physique des ténors du gouvernement une indemnisation matérielle forfaitaire, qu’il venait de renverser. Ils furent fusillés et assortie de la condition de garder le silence. n’eurent pas de sépultures connues. Quant C’est ainsi que cette page troublante aurait à Grégoire Kayibanda, il fut condamné à été fermée définitivement. On dit aussi que mort par l’arrêté n° 0001/74. Sa peine fut Juvénal Habyarimana serait resté hanté toutefois commuée en emprisonnement à par ces assassinats ignobles, craignant perpétuité. Assigné à résidence surveillée, constamment que ce dossier puisse il aurait subi des mauvais traitements. Il rebondir un jour. De toute évidence, ces mourut le 15 décembre 1976. La cause crimes pesaient lourd sur sa conscience. réelle de son décès resta un secret d’État. D’aucuns pensent qu’il fut assassiné. En Un régime qui a renforcé et pérennisé effet, il paraît louche qu’il n’ait pas eu droit l’idéologie de la haine à des obsèques nationales. Il fut enterré dans l’anonymat. Ce « héros » national Fidèle à l’idéologie raciste héritée du de la « révolution », adulé pendant plus régime précédent, Juvénal Habyarimana de trois décennies, gît dans une tombe institutionnalisa la discrimination raciale à inconnue. Paradoxalement, du point de travers la politique des quotas, dénommée vue idéologique, il y eut continuité. Juvénal « politique d’équilibre ethnique et Habyarimana et son équipe clamaient haut régional ». Cet « apartheid » à la rwandaise et fort défendre les acquis de la « révolution où la carte d’identité à mention ethnique de 1959 ». était l’équivalent du « pass » sud-africain, eut pour effet d’institutionnaliser la On peut imaginer la douleur de Mgr discrimination des Tutsi. Ces derniers André Perraudin, en apprenant l’assassinat échappaient difficilement au dispositif de de la classe politique qu’il avait soutenue surveillance à la loupe, destiné à contrôler corps et âme, lors des manœuvres qui ont leur accès aux secteurs public et parapublic précédé le renversement de la monarchie. (l’éducation, la fonction publique, l’armée, Maga zi n e n° 155-156 - Avtil 2014 Aurait-il pu communiquer souvent avec etc). Quant aux postes politiques et

68 rwanda : l’autre shoah

diplomatiques, ils leur étaient quasiment relations publiques. Sur le plan politique, inaccessibles7. L’appartenance8 ethnique Juvénal Habyarimana fit valoir le principe était une barrière infranchissable, ce qui de l’équation entre « majorité ethnique » et faisait des Tutsi des citoyens de seconde « majorité politique ». Cet amalgame permit classe. de maquiller une discrimination sordide au détriment d’une partie de sa population, Toutefois, sous la deuxième république, en l’occurrence les Tutsi. les Tutsi connurent une longue période d’accalmie, comparativement au régime Mais ce régime avait aussi un côté plus précédent. Il y avait une sorte de moratoire pernicieux. Pour pérenniser son idéologie, tacite sur les tueries à leur encontre. Cette il endoctrinait la population en douceur. Il accalmie survenue après une décennie de entretenait et distillait subtilement la haine répression sanglante était ressentie par surtout au sein de la jeunesse. Grâce à une les êtres concernés comme une faveur. propagande soigneusement élaborée, il Cependant, la menace de recourir à est parvenu aussi à anesthésier le peuple nouveau au massacre planait toujours. Et contre le remord lié aux crimes de masse pour preuve, en 1975, lors de la ratification perpétrés au cours de la décennie post- de la convention de Genève sur la indépendance. Dans les discours officiels répression et la prévention du génocide, repris dans les écoles du pays, les crimes le gouvernement de Juvénal Habyarimana commis contre les Tutsi étaient désignés précisa que (je le cite) « il ne se considérait simplement comme « des événements » aucunement lié par l’article 9 de cette (de telle année). Dans la langue nationale, convention »9. Cette clause exposait on utilisait un terme encore plus dilué ceux qui y souscrivaient à une poursuite et ambigu : « imvururu10». Dans le jargon devant une Cour Internationale, en cas populaire, on qualifiait de « Muyaga » de génocide. Cette réserve du régime de (vent) ces massacres. Cette euphémisation Juvénal Habyarimana démontre clairement répondait à la volonté du pouvoir de mettre que l’extermination des Tutsi restait une en veilleuse un feu susceptible d’être rallumé option entièrement ouverte. le cas échéant. En conséquence, dans l’imaginaire populaire, l’assassinat des Tutsi Le slogan officiel du régime de Juvénal était de l’ordre normal des agissements. Le Habyarimana était : « La paix, l’unité peuple majoritaire n’avait fait que défendre et le développement ». Ce thème aux ses droits inaliénables. Somme toute, c’était apparences louables était un exercice de un geste patriotique plutôt admirable. D’ailleurs, ceux qui s’y sont distingués ont 7. Au sein du gouvernement, il y avait chaque fois été honorés. Pour la jeunesse, c’était donc un seul poste ministériel réservé à un ministre tutsi. des exemples à suivre. 8. La mention ethnique était marquée sur les car- tes d’identité et consignée dans les archives admi- En revanche, parallèlement à cette nistratives. Jusqu’à sa mort, Juvénal Habyarimana propagande, il y avait un discours présentant n’a jamais cédé aux pressions qui l’enjoignaient le règne monarchique comme celui des de cesser d’étiqueter ses concitoyens sur base de méchants Tutsi, qui avaient infligé de leur appartenance ethnique.

9. Journal Officiel(du Rwanda) 1975, p. 230. 10. Ce vocable se traduirait en français par : Maga zi n e n° 155-156 - Avtil 2014 « agitation(s) ».

69 rwanda : l’autre shoah

Cathédrale de Butare

mauvais traitements aux Hutu. On avançait gouvernance. L’univers qui vient d’être même un chiffre de « 400 années » de décrit meublait l’imaginaire populaire. persécution. Du coup, selon cette logique Le type de conscience collective créé développée, ceux qui avaient trempé dans et entretenu sur de longues années de les tueries n’avaient rien à se reprocher. propagande n’a d’ailleurs pas disparu. Il Leur geste se justifiait, car les méchants persiste, vivace. On le retrouve aujourd’hui Tutsi avaient subi le sort qu’ils méritaient. chez un grand nombre de ceux et de celles La propagande officielle était parvenue à qui ont évolué sous ces anciens régimes créer une radicalisation chez plusieurs Hutu. déchus. Elle a aussi formé la conscience collective d’une pseudo-menace que représentait le De l’alliance à la complicité Tutsi en permanence. entre l’Église et l’État Si le slogan de « paix, unité et Une fois au pouvoir, Juvénal Habyarimana développement » avait été réellement renoua avec les alliés de la première choisi de bonne foi, le régime de la république, en premier lieu, l’Église deuxième république aurait entrepris la catholique. Il exploita avec succès le déconstruction du discours haineux initié changement de cap survenu en Occident par le PARMEHUTU. Au contraire, il l’a où la laïcisation avait forcé l’Église à se maintenu et renforcé avant de s’en servir retirer de l’enseignement. Le nouveau Maga zi n e n° 155-156 - Avtil 2014 à son tour comme leitmotiv de sa propre régime sollicita de l’aide en matière

70 rwanda : l’autre shoah

d’éducation. L’Église accepta volontiers et entités naturelles, ayant un lien avec une en profita pour réorienter vers le Rwanda, époque culturellement encrée dans les us l’infrastructure confessionnelle mise au et coutumes. Sur le plan de la gouvernance, rencart en Occident. Le pays bénéficia l’apport de l’Église était essentiel pour aussi de l’aide caritative des pays d’Europe influencer la masse populaire. Ce et d’Amérique. Le Rwanda tira profit de stratagème permettait d’accélérer la rupture l’expérience de plusieurs congrégations en douceur avec l’époque monarchique. catholiques en matière d’organisation et Les nouvelles générations devaient en de gestion des établissements scolaires et définitive s’identifier à la république, née universitaires. La religion fut une discipline de la « révolution de 1959 », et on peut reconnue au programme national des écoles affirmer que cet objectif a été atteint au primaires et secondaires. Les organisations bout de trois décennies. d’encadrement des jeunes (JOC, Xavéris, Scouts...) furent établies à travers le pays. Pour la petite histoire et dans le même ordre Sous J. Habyarimana, l’alliance entre le d’idées, le Rwanda fut consacré au Christ-roi Rwanda et l’Église était semblable à celle par le roi Mutara III Rudahigwa, le 27 Octobre du Québec d’avant la révolution tranquille. 1946. Eu égard à la politique d’édification des institutions issues de la révolution de En contrepartie, le Rwanda concéda 1959, le patronat spirituel faisant référence l’exonération des taxes sur tous les biens à une dédicace qui remontait à l’époque appartenant à l’Église. Cette politique attira monarchique constituait une entorse au à Juvénal Habyarimana la sympathie du nouveau brassage politico-religieux. Pour clergé. Comme à l’époque du roi Mutara sceller la nouvelle alliance entre le régime III Rudahigwa, les Rwandais se dirigèrent de Juvénal Habyarimana et l’Église, il en masse vers l’Église de leur président. fut décidé de procéder au changement L’effectif des chrétiens augmenta de façon d’allégeance patronale du pays. Dans exponentielle. Le Rwanda redevint vite la une célébration eucharistique solennelle terre privilégiée de l’Église catholique. au Stade de Nyamirambo, présidée par l’Archevêque de Kigali, en présence du chef Sur le plan administratif, mis à part les de l’État et de plusieurs des personnalités diocèses hérités de l’Église missionnaire politiques et religieuses, le Rwanda fut re- (Kabgayi et Nyundo), les autres qui consacré à la Sainte Vierge Marie. Cette furent créés avaient presque les mêmes rivalité patronale entre le Christ-roi et sa délimitations et les mêmes dénominations mère alimenta des boutades à travers le que les préfectures11. Ce jumelage entre les pays. Cette initiative ne fit que confirmer circonscriptions préfectorales et diocésaines le copinage déjà ostensible entre l’Église et n’était pas fortuit. Juvénal Habyarimana se l’État. servit de l’Église pour promouvoir son image et pour renforcer son autorité morale. Cette Dans des cérémonies officielles, les homogénéisation permettait d’effacer à la évêques avaient droit aux mêmes égards longue le sentiment d’appartenance aux protocolaires que les autorités haut placées du pays. Dans les paroisses, les curés 11. Il y avait dix préfectures et neuf diocèses avec bénéficiaient de la même déférence que Maga zi n e n° 155-156 - Avtil 2014 des limites presque identiques.

71 rwanda : l’autre shoah

les bourgmestres. Les religieux jouissaient discriminatoire dite « d’équilibre ethnique et d’un grand respect à travers le pays. Cette régional » ait été tolérée, voire appliquée proximité poussa certains à considérer aussi au sein de l’Église du Rwanda. Cette l’Église comme un État au sein d’autre État. complicité apparente envoyait un message clair au public. L’archevêque de Kigali, en La complicité entre l’Église et le régime costume ecclésiastique, arborait l’effigie de Juvénal Habyarimana est devenue du président de la république. En tant que flagrante avec la nomination de Mgr membre du comité central, il roulait dans au Comité central une voiture de luxe portant une matricule du parti au pouvoir (MRND). Dans un d’État, au même titre que d’autres notables régime à parti unique, cet organe était du régime. l’instance dirigeante du pays. C’est elle qui déterminait l’orientation politique du pays. Mgr Vincent Nsengiyumva12 était appa- Ainsi, le primat de l’Église du Rwanda était remment un homme naturellement bon au cœur du cercle restreint qui concevait l’orientation de la ligne politique et 12. Nommé archevêque de Kigali en mai 1976. décidait d’elle. Dans ces conditions, il n’y Il a finalement démissionné du Comité central du Maga zi n e n° 155-156 - Avtil 2014 a rien de surprenant à ce que la politique MRND, en 1989, apparemment sur ordre du Pape Jean Paul II.

72 rwanda : l’autre shoah

et profondément croyant. Mais dans ses contentaient d’exhorter les chrétiens à fonctions d’archevêque métropolitain, on prier pour la période difficile que le pays ne pouvait pas faire la distinction entre traversait. Chacun interprétait à sa manière l’homme d’Église, l’homme du pouvoir cette langue de bois à saveur religieuse. et/ou l’ami personnel du président de la Une sorte de religiosité caractérisait la république. Il n’était d’ailleurs pas le seul masse populaire endoctrinée à la haine évêque à avoir des affinités profondes avec les et affichant son attachement à la religion responsables du pouvoir. C’est sur pression chrétienne. Certains militaires de l’armée du Vatican que cet archevêque aurait quit- et même des miliciens portaient des té le comité central du MRND. Mais pour rosaires lorsqu’ils exécutaient leur sale monsieur et madame tout le monde, il s’agis- besogne. La tristement célèbre radio RTLM sait d’un retrait de façade. L’alliance entre faisait alterner sa rengaine à l’encontre l’Église et le régime est restée active. des Tutsi avec des chansons religieuses. Une voyante de Kibeho a transmis par les Ce sont ces affinités qui ont réduit ces ondes, un message de la Vierge Marie qui représentants de l’Église au silence d’abord, prédisait la victoire militaire imminente puis carrément à la complicité. Lorsque le des Forces Armées Rwandaises (FAR) régime au pouvoir se retrouva à la dérive, sur les « ennemis ». Sans le crier sur les l’Église locale ne pouvait plus prendre toits, plusieurs membres de la hiérarchie ses distances par rapport à lui. Dans ses catholique locale étaient solidaires du messages, la conférence épiscopale tentait régime dans son effort de guerre. Ainsi constamment de ménager la chèvre et le était l’ambiance générale du régime de feu chou. Comme déjà mentionné, le pays était Juvénal Habyarimana en fin de règne. rongé par le racisme et l’Église n’en était pas indemne. Cela est apparu au grand jour Reprise du massacre des Tutsi avec le complot qui a forcé Félicien Muvara à et silence complice de l’Église renoncer à son ordination épiscopale, après sa nomination comme évêque auxiliaire de Lorsque le Front Patriotique Rwandais Butare par le pape Jean Paul II. Aujourd’hui (FPR) lança son offensive depuis l’Ouganda au Rwanda, ce n’est plus un secret pour le 1er octobre 1990, la plupart des Tutsi se personne. Le tort de Mgr Félicien Muvara trouvant à l’intérieur du Rwanda ignoraient était d’être un Tutsi. tout au sujet de cette organisation et de cette guerre. En réaction, le gouvernement Face à la campagne de haine en cours, la de Juvénal Habyarimana déclencha une hiérarchie de l’Église locale n’eut pas le contre-offensive sur trois axes. D’abord, il courage de rappeler ouvertement aux fit appel à l’aide de ses alliés, notamment la chrétiens que « tuer est un péché ». Dans France, ensuite, il renforça militairement son le contexte qui prévalait, cela aurait été armée, et enfin, il eut recours à la répression perçu comme un obstacle à la propagande contre les Tutsi de l’intérieur. La stratégie officielle. C’eût été considéré comme un de guerre adoptée dite « guerre totale » geste qui « prêtait main forte à l’ennemi »13. s’inspirait apparemment d’une théorie dite Dans leurs interventions, les évêques se « contre-révolutionnaire », développée par l’école de guerre en France. Rappelons 13. « Gutiza umwanzi umurindi », disait-on dans que celle-ci avait formé les officiers qui Maga zi n e n° 155-156 - Avtil 2014 la langue nationale

73 rwanda : l’autre shoah

dirigeaient les opérations sur le champ de Genève. Plusieurs furent libérés six mois de bataille. Pour gagner cette guerre, il plus tard sans inculpation, suite à une forte fallait apparemment mobiliser toutes les pression internationale. Les malchanceux ressources de l’État, sa population et son ont succombé à la torture, aux mauvais économie. traitements ou aux exécutions sommaires. Entre janvier et mars 1991, environ 1300 Fidèle à l’idéologie issue de la « révolution Bagogwe habitant au Nord-Ouest furent de 1959 », la propagande officielle prépara aussi massacrés. Ce n’était que le début. l’opinion publique au génocide des Un ouvrage intitulé : « Massacre des Tutsi, en accusant ces derniers d’être des Bagogwe »15, de Diogène Bideri, décrit le complices de l’ennemi. Le FPR fut désigné calvaire de ces vachers, exterminés loin comme une menace à tous les Hutu. Ceux- des caméras et ensevelis dans un silence ci furent appelés à faire un front commun total. En 1992, les tueries ciblant les Tutsi pour résister à l’envahisseur. Dans cette furent perpétrées à Nyamata, au Bugesera, optique, la violence à l’endroit des Tutsi à une trentaine de kilomètres de Kigali. était considérée comme une stratégie Sœur Antonia Locatteli, témoin oculaire de victorieuse, qui avait fait ses preuves dans ce massacre, lança une alerte : elle appela le passé. au secours l’ambassade de Belgique et accorda une interview à RFI et à la BBC où Les Bahima et les Bagogwe, premières elle décrit la nature des crimes et le rôle victimes de la répression des Forces des autorités. Après son intervention dans ces médias internationaux, elle fut abattue Armées Rwandaises (FAR) en plein jour. Son compatriote, l’actuel Cardinal Giuseppe Bertello, aujourd’hui Dans la région du Nord-est, environ 850 à la tête de l’administration de la Cité du éleveurs Bahima14 furent massacrés par Vatican, était à l’époque Nonce apostolique l’armée en octobre 1990. Ces populations au Rwanda. tutsi étaient à l’écart de la société, car elles vivaient constamment aux côtés de Ces exactions furent dénoncées par les leurs troupeaux de vaches. Parallèlement, organisations de défense des Droits de environ dix mille Tutsi furent raflés à travers l’Homme. On apprendra qu’en réalité, le pays et enfermés dans des stades de ces massacres étaient un essai, destiné à football avant d’être mis en prison, sous tester l’efficacité de la milice formée et la prétexte qu’ils étaient des complices des réaction de la communauté internationale. rebelles. La plupart d’entre eux ont été C’était un exercice de rodage de la machine sauvés grâce à l’intervention rapide du génocidaire, et il s’avéra concluant. CICR, qui les enregistra et les classa parmi Pendant tout ce temps, l’attitude de l’Église les prisonniers protégés par la Convention resta mitigée. Elle n’eut même pas le courage de réagir officiellement, en guise 14. Les Bahima étaient une composante de Tutsi de protestation contre l’arrestation des du nord-est du Rwanda, dénommée ainsi par membres du clergé et des religieux raflés association à la population frontalière des Bahima du Sud de l’Ouganda. Ils partageaient le dialecte 15. Bideri Diogène, « Le Massacre des Bago-

Maga zi n e n° 155-156 - Avtil 2014 et les coutumes. C’étaient des éleveurs de bovins gwe ». Un prélude au génocide des Tutsi. Rwanda qui vivaient presque à l’écart de la société. (1990-1993), éd. L’Harmattan, 2013.

74 rwanda : l’autre shoah

au même titre que d’autres Tutsi. Toute du pape Jean Paul II durant le génocide dénonciation des dérives du régime était aurait pu être un geste courageux et fort alors considérée comme un appui envers louable. Hélas, sa voix de compassion et l’agresseur. En 1994, l’appel angoissé du d’appel à la raison s’adressait aux anges de pape Jean Paul II était à l’opposé de la l’enfer. L’endoctrinement à la haine avait mobilisation pathétique du président fini par dominer le message d’amour de intérimaire, Théodore Sindikubwabo, qui Dieu et du prochain. enjoignit la population du Sud du Rwanda à « travailler et à cesser avec le « ça ne De la fausse cible à la défaite me regarde pas »16. À ce moment, ces de l’armée génocidaire habitants du Sud du Rwanda avaient jusque-là résisté aux encouragements à En choisissant, comme stratégie de participer au massacre. C’était le 19 avril dissuasion de l’attaque de l’armée du 1994. Effectivement, relayer le cri de cœur FPR, de cibler les simples paysans Tutsi, le régime au pouvoir commit une erreur 16. Traduction libre des propos de Théodore Sin- fatale. Sa fausse cible précipita sa défaite. dikubwabo, appelant les habitants de Butare à En fin de compte, l’extermination des massacrer les Tutsi, comme cela avait été le cas Tutsi eut l’effet contraire à celui auquel Maga zi n e n° 155-156 - Avtil 2014 ailleurs dans le pays.

75 rwanda : l’autre shoah

Accords d’Arusha le 4 août 1993

le régime au pouvoir voulait aboutir. Le 1993), le régime de Juvénal Habyarimana génocide ne fut pas dissuasif, bien au était déjà très fragilisé. L’accord de paix contraire. Il attira au F.P.R la sympathie de signé à Arusha le 4 Août 1993 était sa seule la communauté internationale et poussa voie de sortie honorable. Mais Juvénal l’armée rebelle à redoubler d’efforts. Face Habyarimana se retrouva en face d’un aux préjudices subis, beaucoup de jeunes dilemme. D’un côté, la frange radicale des Tutsi de l’intérieur du pays réagirent en extrémistes de son entourage considérait rejoignant les rangs du FPR. Par la force la mise en pratique de l’Accord de paix des circonstances, la voie militaire devint le d’Arusha comme une capitulation face à choix privilégié des opprimés, et pour eux, l’ennemi – pour ce noyau de purs et durs, l’échec n’était plus une option. il était hors de question de composer avec les Tutsi –, de l’autre côté, l’opposition La France, qui offrait un appui substantiel interne et la communauté internationale le sur les plans militaire, politique et pressaient d’appliquer les accords signés et diplomatique, se retrouva elle-même parrainés par les pays de la sous-région. devant une situation intenable. De l’avis d’un éminent intellectuel qui tenta en C’est dans ce climat de tension et d’impasse vain de raisonner l’entourage de Juvénal que tout bascula. De retour de Dar-es- Habyarimana, « actionner le levier de la Salaam où, apparemment, il s’était engagé haine ethnique était la manière la plus sûre à laisser le gouvernement de transition de courir à la défaite ». Au bout de trois entrer en fonction, Juvénal Habyarimana Maga zi n e n° 155-156 - Avtil 2014 années de guerre meurtrière (de 1990 à et toute sa délégation furent l’objet d’un

76 rwanda : l’autre shoah

attentat contre le Falcon 50 à bord duquel aussi eut ses dérives malencontreuses. ils se trouvaient. Il n’y eut aucun survivant. Mais ceci constitue une autre page de cette C’était le 6 avril 1994. La mort du président longue histoire sanglante. En fin de compte, fut aussitôt exploitée pour galvaniser un tous les Rwandais, toutes catégories grand ralliement en vue de « la solution confondues, pleurent des êtres chers, finale » tant envisagée. La machine engloutis par une folie meurtrière issue génocidaire se mit alors en marche. d’une haine étalées sur plusieurs années. Des familles entières ont été complètement La « solution finale » : une dernière décimées. carte dans un jeu déjà perdu Les perdants des perdants de cette Face à l’inéluctable déroute militaire hécatombe sont les survivants. Leurs des Forces Armées Rwandaises (FAR), la blessures intérieures sont incurables. Les « solution finale »17 était l’option privilégiée plus meurtris d’entre eux ne vivent en par le gouvernement intérimaire présidé réalité plus ; simplement, ils « existent » par Théodore Sindikubwaho. Ce fut la encore. Leur calvaire se poursuit, puisque dernière carte dans un jeu perdu sur toute la pour eux, rien ne peut guérir la déchirure ligne. La mort de Juvénal Habyarimana fut entraînée par la perte et la mise à mort l’élément catalyseur qui permit de mobiliser inhumaine des êtres qui leur étaient chers. les Hutu à participer au génocide. Ce plan Ces survivants côtoient journellement diabolique fut exécuté à la perfection. Au ceux qui célèbrent la victoire et ceux qui bout de trois mois, la machine génocidaire rêvent d’une revanche à venir, sur leurs atteignit son objectif, en engloutissant vainqueurs d’hier. Le mot d’ordre officiel au plus d’un million d’humains. Mais cela ne Rwanda, c’est la réconciliation nationale Un sauva pas pour autant ce régime. Dans son choix « émotionnellement insupportable et dernier retranchement, il entraîna avec lui politiquement incontournable », soutien- ceux qu’il prétendait défendre. La masse t-on à Kigali. C’est cette tâche titanesque paysanne composée essentiellement de que le Rwanda s’est fixé à surmonter contre Hutu se retrouva sur la route de l’exil. Goma, vents et marées. L’hostilité envers les ville de l’ex-Zaïre (actuel RDC), devint à Tutsi n’a d’ailleurs pas disparu, comme en l’époque le plus grand camp de réfugiés au témoigne la propagande extrémiste qui a monde. Après sa chute, ce gouvernement droit de cité sur Internet. Cet état d’esprit génocidaire légua à ses partisans l’opprobre s’étend sur certains cercles actifs en Europe d’un crime honni par le monde entier. et au Canada, qui ont gardé leurs liens avec Condamnés à l’errance, plusieurs d’entre des réseaux catholiques. Pour démanteler eux se cachent çà et là à travers le monde la structure politico-administrative qui a et vivent sous de faux noms. conduit au génocide, le gouvernement au pouvoir a mis en place de nouvelles La machine génocidaire qui mit le Rwanda entités administratives, désignées par à feu et sang fut vaincue militairement une nomenclature neutre (nord, sud, est, par l’Armée Patriotique Rwandaise (A.P.R). ouest). Mais ce souci de tourner la page s’est Comme dans toutes les guerres, celle-là heurté au tracé immuable des diocèses, qui pérennise la structure et la dénomination 17. La « solution finale » signifiait l’extermina- dont se sont servis les planificateurs du Maga zi n e n° 155-156 - Avtil 2014 tion totale et systématique des Tutsi.

77 rwanda : l’autre shoah

Le résultat d’une politique d’apartheid

En avril 1994, l’appel vibrant du Pape Jean Paul II aurait peut-être pu avoir un effet positif sur le cours des événements s’il avait été relayé à temps par des évêques, des prêtres, des religieux et des religieuses, des chrétiens, hommes et femmes d’Église, courageux, entièrement dévoués, et défenseurs inconditionnels de l’Évangile. Aussi, soulignons-le, un message semblable à celui du Saint-Père aurait porté des fruits s’il avait été lancé par la hiérarchie catholique locale, avant que la situation ne se détériore. L’Église du Rwanda ne peut aucunement prétendre qu’elle n’a pas vu venir le danger.

Voilà le résultat de la politique raciste et de la haine issue d’un antagonisme qui remonte à l’implantation de l’Église missionnaire. Certes, comme nous l’avons mentionné, la cause de cette tournure dramatique des événements n’est pas linéaire. Plusieurs génocide des Tutsi. Il est inimaginable éléments sont entrés graduellement en jeu. que Rome puisse entreprendre ce On peut penser, entre autres, au rôle de la genre de réforme qui entraînerait une France qui a formé, équipé et encadré une restructuration diocésaine. Du coup, en armée, devenue par la suite génocidaire. l’absence d’une telle concession, l’Église Mais sans conteste, l’Église catholique y continue d’être associée au génocide de a aussi sa part de responsabilité. Encore 1994. Une accusation dont elle se défend faudra-t-il qu’un jour elle l’assume, ce avec vigueur bien entendu, mais qui la qui est loin d’être le cas aujourd’hui. En talonne par la force des circonstances 1994, près d’un siècle après le début de l’évangélisation, le Rwanda, l’un des pays Au même titre que toute la société, l’Église les plus christianisés d’Afrique, était devenu du Rwanda a payé un lourd tribut lors l’enfer sur la terre des vivants. Cela fait du génocide et de la guerre qui y a mis partie de l’histoire. Rien ne l’effacera. Vingt fin. Le monstre qui a ravagé ce pays a ans après, l’heure est au triste souvenir du emporté 3 évêques, 103 prêtres, 47 frères, dernier génocide du XXe siècle, génocide 65 religieuses et 30 laïques consacrées. qui a englouti près d’un million d’humains Aucune autre Église dans le monde n’a en l’espace de trois mois. p J.-C. N. jamais connu une telle tragédie en l’espace de trois mois. Maga zi n e n° 155-156 - Avtil 2014

78