>Dossier : Noël avec Jean de La Varende. P. 4

Retrouvez le blogue de la rédaction sur : www.hommenouveau.fr N° 1483 • Samedi 18 décembre 2010 • LXVe année - BIMENSUEL • France : 4 € ÉDITORIAL et Les deux cavernes joyeux Noël ! • Vous connaissez le mot fa- meux de saint Augustin parfois cité par Benoît XVI : un État sans justice est comparable à une bande de brigands. Imagi- nez maintenant que vous sur- preniez la conversation de bri- gands réunis dans une caverne. Eh bien c’est la scène qui me vient à l’esprit lorsque j’en- tends parler de l’affaire Wiki- Leaks – la divulgation de cen- taines de milliers de dépêches de la diplomatie américaine dé- robées par un soldat de 22 ans. • Qu’échangent les brillants diplomates de la nation qui se considère comme la seule in- dispensable ? D’abord des ra- gots de comptoir : Sarkozy est « susceptible » et « autoritai- re », Merkel « rarement créati- ve », Berlusconi « vaniteux » et bambochard, Poutine est le « mâle dominant » dans le couple qu’il forme avec le Pré- sident Medvedev, etc. Conster- nant. Ensuite, nous découvrons de vilaines actions, comme l’ordre donné par Hillary Clin- ton de récolter des données confidentielles sur les fonction- naires de l’Onu. Ou, plus gra- ve, les meurtres de centaines de civils irakiens commis par l’armée américaine et ses alliés. Immoral mais pas surprenant. Enfin, la duplicité de gouver- nants tels que ceux des pays Évènement arabes du Golfe, officiellement pacifiques, mais demandant Quelle lumière pour le monde ? avec insistance à Oncle Sam de bombarder l’Iran. Le dernier ouvrage de Benoît XVI invite les catholique à un véritable effort • À cette caverne de brigands et à une ascèse de l’intelligence. P. 3 préférons une autre caverne. Elle abrite un tout-petit Enfant. La Sagesse vient visiter la terre agitée par la bêtise des ACTUALITÉS CULTURE FIGURE SPIRITUELLE MAGISTÈRE hommes. Le Juste s’offre pour Va-t-on Les hors-série de Édouard Poppe, L’Avent, mettre fin à l’iniquité des puis- vers l’abolition L’Homme Nouveau un apôtre offert temps sants. Le Prince de la Paix brise l’engrenage infernal de la vio- des notes pour la nouvelle pour de prière lence. Joyeux Noël ! à l’école ? P.13 évangélisation. P.21 les pécheurs. P.28 pour la vie. P.30 Denis Sureau L’Homme Nouveau 2 COURRIER DES LECTEURS N° 1483 du 18 décembre 2010

vos lecteurs en ce qui est écrit dans ments une lettre m’indiquant que je >>> Un encart à faire L’H N. Pour en revenir aux veillées, et bénéficiais d’un abonnement cadeau c’est bien là l’essentiel, je trouve magni- pour un an – grâce à la générosité d’un Annonces classées connaître fique que notre Saint-Père, avec toute la de vos abonnés – j’ai été très touché de Petites annonces dans bonté qui rayonne de sa personne, ait ce geste. (…) Je porte dans ma prière L’Homme Nouveau >>Bravo pour votre encart de 4 pu ainsi entraîner toute l’Église, no- chaque jour cet abonné inconnu et tou- Par ligne : Abonnés : 5 € Non abonnés : 6 € pages en couleur fourni avec le dernier tamment en France où beaucoup te l’équipe de L’Homme Nouveau. € ◆ + domiciliation journal : 2 numéro qui présente votre journal ! d’évêques ont su tirer profit de cette ini- M.L. (53) Mentionner le nombre Vous pourriez aussi en faire une version tiative pour préparer la prière par des de parutions. Courriel : PDF mise à disposition sur votre site in- exposés très clairs de la doctrine chré- H.N. : N’hésitez pas à faire profiter de [email protected] ternet, qui permettrait aux abonnés de tienne sur l’amour et le respect de la vie. nos abonnements solidarité et, aussi Date limite de réception : vous aider à vous faire connaître par le Cela portera sûrement beaucoup de à l’alimenter pour le rendre possible. quatre semaines avant la date de publication. biais du courrier électronique. Je confie fruit. B.S. (par courrier électronique) ◆ cela à saint Joseph… Bien cordialement en Marie. H.N. : Il y a eu effectivement Emploi D.K. (par courrier électronique) ◆ une erreur de date et nous prions >>>Pasquin demande nos lecteurs de bien vouloir par- donner cette mauvaise indication. >>Je reprends L’Homme Nouveau Institutrice ILFM donne Pour autant, il serait bon de ne pas n° 1480 du 6 novembre 2010 en page 2. cours élèves primaire sé- >>>Veillée pour la vie tomber dans le procès d’intention. Auriez-vous toujours des regrets rieux méthode, Paris et Nous n’avons pas voulu jeter le « d’avoir laissé parler » monsieur Pas- alentours. >>Je suis consterné par la rédaction manteau de Noé sur les difficultés quin ? Et des scrupules aussi ? Dans Tél. : 01 45 77 93 06. du début de votre article, en page 9 (du rencontrées pour reprendre l’ex- l’affirmative, vous perdriez votre temps n° 1482 du 4 décembre 2010), sur les pression de notre lecteur. La collec- car si vous tentez d’analyser les évène- Location veillées de prière pour la vie. En effet, tion du journal témoigne que nous ments de ces dernières semaines, vous tout lecteur normalement constitué n’avons jamais hésité à dénoncer le découvrez que la droite a perdu parce demande comprend que la demande de Be - manque d’empressement à appli- qu’elle a réussi à faire passer sa réforme Étudiante ch. chambre ou noît XVI a été annoncée le 29 septem- quer les directives romaines de la et que la gauche a gagné parce qu’elle a studio à prix modéré à bre, alors qu’elle l’a été dès le 14 juin ! part de nos évêques ou, même, de perdu son pari en poussant les incons- Saint-André-de-l’Eure C’est ce que l’on peut trouver sans diffi- certains membres de la Curie romai- cients dans la rue… (?) (27220) ou proximité. culté, par exemple sur le Salon beige. De ne, ce qui nous a valu parfois de Alors qui a gagné ? Et qui a per- Tél. : 06 63 10 71 32. deux choses l’une : ou bien on affiche la vives remarques épiscopales. Pour du ?… Un chef d’État qui aurait osé fai- véritable date, quitte à ce que des lec- ceux qui en douteraient, nous les re un signe de croix dans Saint-Pierre de Divers teurs se posent des questions sur le ca- renvoyons notamment à notre ra- ? ractère tardif des réponses apportées ; dioscopie de l’épiscopat français. Et qui aime Pasquin ? Et qui ne l’ai- Collaborateur H.N. re- ou bien on jette le manteau de Noé sur me pas ? Et pourquoi ? Et qui aimera ce cherche à prix modique les les difficultés rencontrées, mais alors « concentré non sucré » ou même très livres suivants : Prélat des on n’indique pas une date qui induit en peu sucré et peut-être un tantinet sa- ouvriers, le cardinal Man- erreur (puisque la mention, quelques >>>Merci ! lé ? Moi ! ning, 1802-1892, de Ga- lignes plus bas, de la demande aux Faudrait-il décourager cet ami ? briel Azais (Lethielleux conférences épiscopales n’est pas da- >>Le 29 septembre, jour de ma fête, Certainement pas, le moment serait 1939) ; Le cardinal Man- tée). C’est une question de confiance de je recevais de votre service abonne- trop mal choisi. M.-T.R. (87) ◆ ning de Louis Dumoulin (Revue Les contemporains n° 346) ; Le cardinal Man- ning de Francis de Pressen- Bulletin d’abonnement ge (Librairie académique L’Homme Nouveau : 10, rue Rosenwald, 75015 Paris. Perrin, 1896) ; Le cardinal Standard : Tél. : 01 53 68 99 77 • Fax : 01 45 32 10 84 Tarifs des abonnements Manning de Victor de Ma- Courriel : [email protected]– Rédaction : [email protected]– Abonnement : abonne- rolles (Librairie des - [email protected]– Pour contacter votre corres- FRANCE ÉTRANGER + DOM-TOM* Pères, 1906) ; La vie du pondant, composez le 01 53 68 99 suivi des deux chiffres entre parenthèses ou le courriel indiqué. Journal seul PREMIUM Journal seul PREMIUM cardinal Manning de l’abbé CCP Paris 5558 06T • Prix au n° : 4 euros 1 an (soit 22 nos) 90 euros 110 euros 110 euros 130 euros H. Hemmer (Lethielleux, ss Encarts : Abbaye de Sept-Fons ; HN pour partie. Fondateurs : ✝ R.P. M. FILLÈRE, ✝ Abbé A. Abo soutien 120 euros 140 euros 120 euros 150 euros date) ; Le cardinal Man- RICHARD ■ Président d’honneur : ✝ M. CLÉ- ning et son action sociale MENT ■ Président, directeur de la publication : Prêtre/étudiant/chômeur 70 euros 90 euros 85 euros 115 euros D. SUREAU, [email protected] ■ de l’abbé Lemire (Librairie Conseiller de la direction : G. DAIX ■ Rédacteur 2 ans (44 numéros) 170 euros 200 euros 200 euros 240 euros en chef : P. MAXENCE, philippe-maxence@hom- Victor Lecoffre, 1894). menouveau.fr ■ Secrétaire générale de la rédac- *Surtaxes comprises dans ces tarifs. Contacter L’Homme Nou- tion : B. FABRE (71), blandine-fabre@hommenou- veau qui transmettra. veau.fr ■ Secrétaire de la rédaction : É. LAS- Nom, Prénom : ...... OUI, je joins mon règlement et je choisis l’offre à : € SAIGNE (74), [email protected] ■ Réf. : 11-01. Rédaction : A. POUCHOL (40), adelaide-pou- ...... [email protected] ■ Abonnements-diffu- Paiement par : sion : L. du LAC de FUGÈRES (76), laurence- [email protected], J. LAJOYE, abonne- Adresse :...... chèque bancaire ou postal à l’ordre de L’Homme Nouveau Rénovation appartements, [email protected], B. BOISSEAU, M. de Virement postal : (5558-06 T Paris). maçonnerie, carrelage, MONTGOLFIER...... 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K 80110 ISSN 0018 4322. ■ Crédits photos : Une : Pour le Canada : 135 $C ou 185 $C (PREMIUM) uniquement par carte Ateliers d’art Walser, res- © The Yorck Project ; p. 3 : © Bistum Regensburg ; bancaire. tauration de meubles mas- p. 15 : © Sophie Baker ; p. 16 : © Photo Lot de « Le fan- L’Homme Nouveau, tôme de l’Opéra » ; exposition : © Archivio Fotografico Prélèvement automatique mensuel : sifs et à décor de marquete- 10, rue Rosenwald, 75015 Paris. della Soprintendenza per il Polo Museale Fiorentino ; 8,20 €, abonnement France normal. rie, mobilier de qualité. p.17 : 2010 – LPPTV/Method Animation/PL Animation Tél. : 01 53 68 99 77 – € /Sony Pictures Home Entertainment (France)/La 10 , abonnement France PREMIUM. Tél. : 06 08 67 12 53.

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PARUTION Quelle lumière pour le monde ?

Le dernier ouvrage signé de Benoît XVI, sans être un document du magistère, oblige les catholiques à un véritable effort. La profonde humanité du Pape y transparaît. Cet ouvrage invite à une ascèse

Philippe Maxence naliste. On pourrait aussi lui de l’intelligence, afin d’en situer reprocher de donner ce qui est exactement la portée. C’est un exercice bien selon lui l’avis de l’Église sans difficile auquel s’est livré le offrir au Pape la possibilité de Pape Benoît XVI, en répon- reprendre ou de préciser. Res- dant dans Lumière du mon- te que de toute façon, ce type de (1) aux questions d’un de livre, s’il a l’avantage de paroles et les actes du Pape exac- ne voit pas doit avoir ses rai- mettre ceux-ci en corrélation journaliste bien connu de la lecture aisée, débouche ra- tement à leur place. Il sait, par sons » écrit-il. Il attend donc avec l’enseignement constant lui, Peter Seewald, avec le- rement sur un ouvrage abso- exemple, qu’il n’engage pas de nous lecteur, la confiance, du magistère. Ce que nous de- quel il avait déjà réalisé deux lument parfait. Chacun porte de la même manière son ma- due d’instinct au successeur de mande Benoît XVI, c’est de ouvrages. Aucun grand sujet en lui des questions qu’il ai- gistère dans un discours lors Pierre, mais non un fidéisme ne pas réduire la fonction pa- n’a été évité. Benoît XVI évoque merait poser au Pape ou des d’une audience générale qu’à qui abdiquerait toute raison. pale à celle d’une star ou d’une aussi bien les abus sexuels précisions qu’il souhaiterait travers une encyclique, ou plus superstar. Cette question, il se d’une partie du clergé que la lui demander. encore dans ce type d’ouvra- Les exigences la pose à lui-même comme double vie du fondateur de la ge écrit à deux. Benoît XVI du catholicisme Pape (p. 103), mais il nous la Légion du Christ, l’Affaire La découverte montre aussi un regard luci- Or, si nous faisons notre exa- pose ainsi indirectement à Williamson et la levée des ex- d’un homme de sur l’histoire de l’Église. Il men de conscience, il faut bien nous-mêmes. La précision de communications des évêques Malgré tout, Lumière du mon- ne cache pas les défaillances admettre que nous ne sommes l’ancien professeur entre ici de la Fraternité Saint-Pie X de offre cet intérêt de souli- humaines, fussent-elles pon- pas souvent à la hauteur des pleinement en action pour ap- que la démission possible du gner la profonde tificales, et s’il ap- exigences du Pape qui sont porter des critères de discer- Pape, et bien d’autres sujets humanité du Pa- pelle aujourd’hui celles du catholicisme. L’Égli - nement. Quand il utilise le encore. pe et de casser à une nécessaire se n’est en rien une caserne où « nous », dit le Saint-Père, «je Mais c’est aussi à un exerci- l’image qui re- “Le livre purification, il sait l’on marche au pas, en avan- parle alors dans une certaine ce bien difficile que se trou- vient périodique- que d’autres mo- çant aveuglément à travers les mesure en communion inté- vent ainsi livrés les catho- ment d’un hom- casse l’image ments de purifi- voiles d’une abdication de l’in- rieure avec ceux qui parta- liques. Non pas que la lectu- me froid, distant, cation furent né- telligence. Le Saint-Père le dit gent ma foi, j’exprime ce que re de ce livre soit difficile. Au voire méprisant. d’un homme cessaires dans explicitement à propos de l’or- nous sommes ensemble et que contraire ! Benoît XVI a gar- À croire même l’histoire. dination des femmes. L’Égli- nous pouvons croire ensem- dé la précision et la clarté du que l’un des buts distant.” Mais, plus enco- se ne peut pas changer sa doc- ble ». En revanche, « quand cardinal Ratzinger. Dans l’en- de ces entretiens re, la difficulté de trine parce qu’elle l’a reçue je dis quelque chose de per- semble, les questions de Pe- se trouve précisément là. l’exercice naît pour le chrétien du Christ. Ainsi, « l’Église sonnel, alors le “je” dois re- ter Seewald – n’oublions qu’il Alors, d’où vient la difficulté d’aujourd’hui de l’exigence montre que nous ne sommes venir » (p. 115). s’agit d’un livre écrit à deux de l’exercice ? Si j’osais, je de Benoît XVI. Plus qu’un au- pas un régime arbitraire » Il est évident qu’il serait non – sont également pertinentes, dirais qu’elle vient de… Be- tre peut-être, son rôle est «de (p. 197). seulement injuste, mais pro- abordent bien des problèmes noît XVI lui-même. Ainsi, il relier foi et raison, le regard Oui, l’exercice est difficile et fondément hasardeux d’éva- réels et touchent à des thèmes invite ses lecteurs à prendre du au-delà du tangible et la res- même contraignant car il va à cuer un propos personnel d’un que l’on souhaite voir traiter. recul avec l’action du Pape ponsabilité rationnelle ». C’est la fois contre notre paresse Pape comme Benoît XVI sous Peut-être sont-elles parfois avant que de lui reconnaître une ainsi qu’il définit la « grande (intellectuelle) et contre notre prétexte qu’il est exprimé sur trop ancrées dans la réalité al- place déterminante dans l’his- mission de l’Église » (p. 109). affectivité. Notre amour du le mode personnel, comme lemande et manquent-elles toire (p. 40). Chez Benoît XVI, Si Benoît XVI attend notre Pape nous entraînerait sans beaucoup de choses dans ce ainsi d’universalité. Mais après il ne s’agit pas seulement d’une consentement, il veut que cesse à accueillir ce qu’il dit livre. Pour autant, c’est bien tout, c’est le Pape qui est l’hom- question d’humilité. Le théo- celui-ci soit fondé sur la rai- sans nous interroger sur les me de l’universel, pas le jour- logien qui veille en lui met les son. Même « la foi de celui qui raisons de ses propos et sans >>> Suite page 10 L’Homme Nouveau 4 DOSSIER N° 1483 du 18 décembre 2010

>Noël Conte de la Nativité Un Noël en Normandie

Passer Noël avec un grand écrivain, qui n’a un jour rêvé secrètement à un tel évènement ? La venue du Christ serait La Pastorale célébrée, après la messe de Minuit, à tra- vers un festival d’esprit et de bons mots, Jean de La Varende C’est une citadine, sans rien de ce qui nous est nécessaire ici. » une échappée dans le monde littéraire et >>«Non!… fit le vieux gen- Le vieil homme s’arrêta pour souf- surtout, surtout, une profonde mise en tilhomme avec force, non, mon- fler et son regard fit le tour des es- perspective du mystère de la Nativité. sieur le Curé, je ne reviendrai pas paces champêtres qui s’offraient à sur ma décision, sur mon verdict. la vue : la campagne, déjà saisie par Car, c’est un fait que l’art du récit a Il est dans votre rôle, assurément, l’hiver mais encore rayonnante sous toujours fait bon ménage avec la nuit si d’essayer de me fléchir, mais le mien le ciel. L’église était à côté d’eux, est à l’opposé. Par son mariage, toute proche, grise sous la nue gri- particulière de la naissance de l’Enfant- mon fils nous a reniés, nous et ce qu’on se, et derrière, là-bas, au bout du Dieu, depuis les Mystères du Moyen-Âge appelle « nos préjugés » – faute de parc, le château, toujours attentif. savoir et de nous suivre – mais en- – « Elle n’a aucune de nos traditions, jusqu’à nos contes de Noël. Nous passe- core il aliène l’avenir après le pas- reprit le hobereau, qui sont indis- rons cette année la Nativité avec Jean sé. Que la jeune fille ait de la grâ- pensables pour vivre chez nous, uti- ce, du mérite, qu’elle sorte d’une lement. Elle n’aime ni les paysans de La Varende qui sut si bien atteindre bonne famille moyenne, je ne le qu’elle ne connaît pas, ni les che- à l’universel à travers le chant de conteste pas ; seulement, nous étions vaux dont elle a peur, ni les chiens sa petite patrie normande. en droit – EN DEVOIR – d’attendre “autre chose”, si ce n’est mieux. >>> Suite page 5 L’Homme Nouveau N° 1483 du 18 décembre 2010 DOSSIER 5

>Noël

>>> Suite de la page 4 qui la dégoûtent. Elle patine remar- Et le curé défendit la bru quablement, paraît-il, et voilà qui ostracisée ; si elle n’avait nous fera une belle jambe, dans une rien évidemment d’une contrée qui ne voit pas dix jours de campagnarde, sa vive in- glace ! Si nous avons duré, c’est que telligence, sa bonté en nous nous cramponnons au sol, com- auraient fait une excellente me des lierres, l’abbé, comme du élève. Le marquis et son chiendent ou de l’ortie rouge !… Nos fils l’eussent formée… séjours à Paris ? Moi, une semaine – « On ne dresse pas plus pour les affaires, et ma femme un mois une femme qu’un chien, pour les relations. Ma belle-fille in- mon cher ami, tout est vertirait. Il faudrait clore Vieuxvil- dans la race ; ou, du le ; et ne pas habiter, sous notre cli- moins, dans les habitudes mat, c’est la ruine assurée. » prises dès l’enfance, su- Les deux hommes étaient aussi beaux cées à la mamelle. On l’un que l’autre, dans leur vétusté vi- n’aime pas la campagne goureuse. Le prêtre, encore athlétique, avec de la littérature : on portait ses cheveux à l’ecclésiastique, l’a dans le sang ! Trois longs et blancs, à l’ancienne mode, générations d’excellents et bouclant sur le collet. Les sourcils avocats, que voulez-vous noirs rayonnaient d’un feu magni- que j’en fasse ? Je ne vou- fique, d’une ardente générosité. Le drais pour rien au monde voir chez avec véhémence : LES HOMMES… Noël approchait. « L’évêque de Vieux- gentilhomme, de la même taille, pa- nous une affection de commande – oui ! Mais pas nos femmes… Elles en ville » avait de fréquentes entrevues raissait plus grand, plus fin, plus ci- qui s’efforcerait gauchement – une ont bien assez avec la maison sur le avec la femme de charge du château selé, un cavalier maintenu nerveux femme qui se jugerait sacrifiée par- dos et leurs devoirs de maîtresses… qui remplaçait, tentait de remplacer par le cheval comme l’oiseau par le ce qu’il manquerait un auditoire, un Et puis, terrible ! Quand c’est la fem- l’irremplaçable, la femme du logis : vol. Ils s’aimaient tout en restant à prétoire… Non, non, non !… Remar- me qui bâille ! L’homme finit toujours « Un peu embêtante, parfois, disait l’égard l’un de l’autre dans la gran- quez bien que je n’aurais pas été en- par ouvrir le bec, lui aussi, et il cè- le marquis, mais, fichtre, précieuse ! de discrétion des nemi d’un peu de de. On s’en va-t-en ville ; l’homme han- Je lui laisse faire des gaffes plutôt gens bien élevés. vanité pour la mai- te le cercle, la partie de cartes où que de contrarier son amour des res- Jamais d’effusions son ; moi-même, j’ai s’envolent moulins et prés. Est-ce que ponsabilités… ». Il s’agissait de cos- entre celui qu’on ap- “Les deux hommes l’orgueil du domai - vous croyez que cela se fait tout seul, tumer les figurants de la pastorale, de pelait « l’évêque de ne et de la grande un domaine ? Un régiment sans co- ce « mystère » joué à la messe de mi- Vieuxville » et son étaient aussi beaux case, des aspects, lonel ! Quand mon père est mort, l’ab- nuit, et joué par toute la paroisse en châtelain. Le curé des salons et des bé, j’étais ministre plénipotentiaire à somme. C’était une vieille coutume avait quarante ans l’un que l’autre, beaux meubles… La Haye, et j’ai pris ma retraite im- de Basse-Normandie, qui avait per- de présence sur la Cela aide. D’ail- médiatement, sachant que Vieuxville sisté spécialement dans l’Ouche, et que paroisse ; il avait dans leur vétusté leurs, cette mise à allait souffrir. Pourtant, j’avoue, j’eus- le goût du prêtre, sa culture, son ima- compati aux deuils l’index possède sa se aimé, sottement, ce beau titre de gination, son audace avaient renou- des Vieuxville, cé- vigoureuse.” valeur d’exemple. « Monsieur l’Ambassadeur » dont velée, amplifiée. La messe de minuit lébré leurs joies, Tout fiche le camp, quatre ans me séparaient. Ma femme de Vieuxville faisait l’orgueil du vil- communié, admi- même le respect du fut la première à dire que j’avais rai- lage et attirait. L’église, trop vaste et nistré, baptisé. Chaque soir, il disait père. Mon fils n’a pas eu à me faire son. » si belle, était alors bondée d’une po- son bréviaire dans l’avenue et que les des sommations, puisqu’il avait vingt- Le prêtre, lui aussi, regarda la vaste pulation active et gaie plutôt que pieu- grands arbres réguliers en avaient six ans, mais il s’est passé de mon consen- plaine aux labours réguliers, la sûre se, sans doute, mais qui ne s’épar- donc entendu, de patenôtres ! D’ail- tement. Tout le monde le sait… Je n’ai et noble culture, la perfection d’un gnait pas. La Noël devenait une ré- leurs, il fallait toute l’amitié, tout le pas fait le père cruel, j’ai ajouté à son travail surveillé, conduit annuelle- jouissance générale, une autre fête du respect qu’on lui vouait, pour que son héritage de quoi largement vivre et… ment par une main soigneuse. Le ho- pays, moins les trivialités des assem- interlocuteur l’écoutât, car le vieux comment dire ? aujourd’hui, voyez- bereau acharné qui lui parlait si for- blées, les beuveries, les baraques, les marquis était vif et tranchant. vous, je défends la maison, ce qui me tement était bien l’âme de cette terre manèges idiots. Toute l’âme attendrie Le prêtre plaidait encore une fois pour donne de la force. Peut-être que j’ai- anoblie, de cette splendeur difficile, et naïve des vieux temps revenait, l’enfant prodigue, rappelait sa fines- mais mon fils d’aimer d’abord en lui toujours à refaire, dans l’agressivité pour deux heures, habiter l’église. se, les exigences d’une nature déli- le continuateur… Je ne suis pas sûr, taquine de la nature. Ah ! La malignité Les châteaux des environs étaient cate, imaginative… usant de la quotité disponible, de ne du sol, qui semble mettre sa vitalité pillés, mais le grand Vieuxville plus – « Mais, mon cher abbé, pensez-vous pas laisser le château à son cousin à contrarier l’ordre, la sélection ! Le que les autres, car la maison, dans son que je fus moi-même un soudard ou germain qui, lui, a épousé une Fon- prêtre pensa aux ronces, dont les re- ordre séculaire, dans ses accroisse - un ours ? Et que mon cœur, mon es- tange… Sa femme peut faire des fautes jets atteignent trois mètres en un prin- ments successifs, contenait tant de prit eussent été muets et faciles ? J’ai d’orthographe, mais elle greffe elle- temps, pour peu qu’on leur laisse de choses, richesses ou pauvretés, mais dû combattre, allez, pour ne pas me même ses églantiers… » l’air ; aux chardons, qui exportent d’une telle abondance, entre ses laisser prendre par l’occasion ou Le curé lutta encore, et cependant le leurs graines avec la brise… Cepen- garde-meubles et les armoires sans l’herbe tendre… La femme que j’ai vieil homme écoutait-il ? Guy n’au- dant, Guy eût été digne de continuer, nombre de sa lingerie, des couloirs. choisie, enfin, de propos délibéré, rait pu s’accommoder d’une rustre. Les et il souffrait, s’inquiétait, s’anémiait. On y trouvait des mousselines et des était digne de nous, et je l’ai aimée Vieuxville avaient été des gens de Le curé le dit, lentement, lourdement, tuiles pour habiller les anges, les pa- pour tout ce qu’elle sut nous appor- haute qualité intellectuelle, malgré tristement… piers dorés pour consteller les ar- ter. leurs chevaux, leurs chiens. La bi- – « Croyez-vous que je sois heureux ? » changes, les peaux et les fourrures – Vous ne connaissez pas celle-ci, et bliothèque du château en témoignait. fit l’autre, en le saluant pour le quit- vous ignorez tout d’elle. » – « Les hommes, répliqua le vieillard ter. >>> Suite page 6 L’Homme Nouveau 6 DOSSIER N° 1483 du 18 décembre 2010

>Noël

souffles, fil- par le travail se cachaient sous des gants re que la lèvre préhensive de l’ânon trant de la voû- blancs de filoselle, et les peaux écla- effleurait d’un peu trop près. te de chêne, tantes, à la lueur des bougies, reflé- Et voici que les anges entonnèrent le agi taient. tant les lumières mobiles avec toute Gloria in excelsis à toutes voix que L’église était cette blancheur, prenaient une nouvelle la densité de la foule rendait plus mu- pleine, et le et éblouissante carnation. Le marquis sicales, plus cohérentes. Leur anima- chœur bien en- les reconnaissait toutes, anges et ar- tion, d’ailleurs, enlevait les chantres, combré. Le changes, s’il errait un peu quant aux avec l’air entraînant et facile. L’égli- marquis lou- angelots… Il leur en- se entière s’unit aux voya jusqu’à voyait un rien de sou- groupes célestes, pro- son banc hé- rire et un clin d’œil, de clamant la paix sur la réditaire à tra- ses sourcils, admiratif. “Le marquis terre aux hommes de vers les anges. Elles étaient contentes bonne volonté. Il suf- Son banc, le de se sentir appréciées louvoya jusqu’à fisait de l’avoir la « vo- premier, le plus et souriaient aussi, en re- lonté »… Le reste ap- voisin de l’au- gardant un peu de cô- son banc partenait à l’inconnu, tel, à gauche, té, par bienséance plus au hasard, aux coïnci- côté noble, cô- que par intimidation. héréditaire à dences… La « bonne vo- té évangile. Sa Peu de timidité, chez lonté », seule, était ré- porte lui fut nous, et d’ailleurs le travers les clamée ; devait, seule, ouverte par un vieil homme avait l’af- apporter le secours et traban atroce fection et l’« estime » anges.” le bonheur. Les bouches et bardé de fer, générales. angéliques donnaient, sur la tête du- Dans le transept, la crèche et l’Enfant grandes ouvertes, et les fillettes sem- quel il recon- Jésus brillaient. L’étoile s’était arrê- blaient souffler vers les cierges. nut le casque tée sur le toit de chaume ; des lampes Et elles s’envolèrent pour retomber bourguignotte cachées réfléchissaient une lumière vi- autour de la crèche et accueillir les >>> Suite de la page 5 de Félicien de Vieuxville, mort à Nord- ve sur le Bambino et, derrière, on bergers. Ceux-ci s’approchaient pro- lingue… Mais c’était fort bien : rien voyait sortir deux têtes animales, un cessionnellement, revêtus de four- qui emmitoufleraient les bergers, mais de profanatoire à cause du but, d’au- petit bœuf qui parfois mugissait et les rures moutonnières et blanches, avec aussi les armes pour mobiliser les sol- tant qu’entre les flasques dorées de longues oreilles d’un ânon gris. Les des bandelettes autour de leurs braies, dats, depuis la pique jusqu’à l’armu- l’armet, il retrouvait le bon sourire de bêtes étaient soigneusement entra- autour des jambes. Ils avançaient, por- re complète, les damas et les brode- son aide-jardinier. L’homme posa sa vées, mais le cou du petit âne lui per- tant dans leurs bras des agneaux vi- ries pour alourdir somptueusement pertuisane pour lui aider à enlever sa mettait de chiper quelques brins de vants, enrubannés, qui bêlaient d’une les Rois mages. Le marquis restait en pelisse et le marquis apparut, plus paille. Une commère prévoyante at- dehors de ces prélèvements autorisés maigre que svelte, mais tout doré dans tira sur l’avant l’Enfant Jésus de ci- >>> Suite page 7 une fois pour toutes. Il tenait à gar- son habit de ministre plénipotentiai- der la surprise, et quand il voyait dis- re, avec toute sa chamarre de croix. paraître, vers le 20 décembre, les can- C’était la seule fois où, mélancoli- délabres, ses panoplies, les broca- quement, il remettait son uniforme telles, il savait où les retrouver, s’il avec, toujours, la petite inquiétude ne pouvait deviner comment. Il s’at- d’avoir grossi. tendait au plaisir de les reconnaître Le dispositif céleste fut vite en pla- autour de la crèche. ce. Cette année, le nombre des anges Cette année-là, les enfants commen- avait doublé. Les anges, étant les her- cèrent de saboter dès dix heures du maphrodites du Ciel, avec la beauté soir autour de Vieuxville, afin de pas- des femmes et la force des hommes, ser au plus court. On préparait une fê- étaient représentés par des êtres fé- te extraordinaire. La nuit se remplis- minins. Pour saint Michel, saint Ra- sait de lanternes et de voix et, dans la phaël, saint Gabriel, les archanges, résonance caractéristique de l’étran- on avait fait appel à des filles plus âgées, ge terroir, on eût dit la plaine constel- fortes et belles, avec de vastes ailes lée et bruissante. La crépitation des de plumes. Les fillettes s’en tenaient étoiles se répercutait sur la glèbe. aux anges, et seuls les angelots, tout À onze heures et demie, le marquis bouffis de tarlatane, utilisaient les pe- s’en fut à son tour vers l’église, lui tits gars. Sur les degrés de l’autel, on seul, sans lanterne, n’ayant nul besoin avait disposé une gradation de ta- de lumière pour se guider dans le parc bourets et les anges planaient ainsi à dont il connaissait tous les arbres, mê- des hauteurs différentes. Les archanges me les repousses. D’ailleurs, au bout dépassaient l’autel. de l’avenue, un grand halo sortait de Le marquis laissait ses yeux errer avec la chapelle où toutes les bougies du complaisance sur les jolies filles que village étaient allumées. Chaque as- les robes de mousseline, les torques sistant apportait les siennes, et les d’or, les coiffures en boucles ren- riches tout un paquet. daient plus avenantes encore. Un peu La nef rutilait sous les centaines de de parure, et la belle race affirmait ses petites flammes mobiles que des grâces ; les petites mains corrodées L’Homme Nouveau N° 1483 du 18 décembre 2010 DOSSIER 7

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>>> Suite de la page 6 française galonné et l’épée en ver- C’étaient les soldats d’Hérode, prêts Tous respirèrent. rouil, et la hallebarde, et la canne. Où à massacrer les Innocents… C’était la fin. La messe de minuit se petite gorge inquiète… Au milieu des avait-on pêché ce costume-là ? Le drame s’amplifia, envahit la nef. terminait toujours par une adoration gazes, des tarlatanes dorées et dia- Tout finissait par se lier, se confondre Les sicaires, brandissant des sabres, de l’Enfant. L’officiant s’en allait mantées, les pastoureaux semblaient dans une dense nuée d’encens, de se penchaient sur les enfants restés près chercher le bambino à la crèche, le encore plus frustes et plus rustiques. cierges, une fumée de pin embaumant de leurs mères et dont certains pleu- retirait de la paille et offrait sa main Mais ils déposèrent chacun devant la la résine, car les poêles surchargés ti- raient d’effroi. Les mamans, d’ailleurs, de cire aux baisers des fidèles. Le crèche leurs agnelets, dans leur grâ- raient mal. Il faisait chaud, indistinct, ne souriaient qu’à demi quand les prêtre donna la bénédiction finale ; puis, ce si touchante, si tendrement mala- et la vapeur enveloppait tout, unissait meurtriers tendaient leurs larges après le dernier évangile, il se pros- droite, avec leurs yeux étonnés, et les robes brillantes aux bures grossières, mains… Ils allaient, baisant leurs terna devant l’autel, à deux genoux, tout le monde fut attentif. Les agneaux et parfois, dans les brumes, une tête glaives avant de les brandir, comme le front touchant la nappe, dans une se pressaient, paraissaient, dans leur estompée et rose apparaissait, presque font les tueurs de bétail pour leurs sorte de prière intime, hors des rites, moelleux lainage, entrer l’un dans surnaturelle, un peu divine, dont les couteaux. et qui semblait personnelle. Il vint sur l’autre, ne former qu’un grand corps douces lèvres semblaient fleurir. Les Mais les anges accouraient à la res- la dernière marche de l’autel et là, au aux têtes multiples. On avait déposé chants ne formaient qu’une voix, cousse, glissant, eût-on cru, sur des lieu de rejoindre la crèche, il s’immobi - du trèfle bien sec devant la crèche, et couches d’air plus faciles ; ils s’in- lisa : une jeune femme voilée mon- les bestioles, en picorant, semblaient terposaient, à deux, à trois, devant les tait la nef, portant un bel enfant vêtu saluer l’Enfant Jésus. Les pâtres por- épaisses carrures, et les petites mains de chaude laine blanche… un bel en- taient la houlette, la panetière et la gantées de fil paralysaient, soudai- fant blond. fronde et, suspendue à leur bouton- “Une jeune femme nement, les hercules, les chassaient, Elle entra dans le chœur et tendit le nière, la montre-bergère, un cylindre les rejetaient vers les ténèbres exté- bébé au prêtre qui souriait, un peu pâ- de buis qui donnait l’heure au moyen voilée montait la rieures, parmi les pleurs et les rires, le, mais penché tendrement. Ainsi, d’un style. les fusées de joie ou les cris d’an- pour terminer la pastorale, c’était vers Mais l’harmonium accueillit avec so- nef, portant un bel goisse. Cependant, l’un des massa- un vrai petit d’homme, l’enfantin mes- lennité l’entrée fastueuse des mages. creurs, échappant à leur poussée, s’ac- sie de la famille, qu’on allait se por- Le marquis reconnut sur leurs épaules enfant blond.” crocha à la chaire dont il franchit les ter ; un petit vivant remplacerait à son et celles des gardes les châles des marches, et là, rugissant, RUGIS- tour le Jésus de cire… Idée charmante, Indes ramenés par le grand-père ; sur SANT, penché sur la foule qu’il do- qui couronnerait admirablement la le dos de Melchior, une palatine bro- minait, son gros doigt taché de rou- longue et pieuse comédie. Heureux, chée garnie d’or et de zibeline qui chants vieux comme la paroisse et ge désignait les petites têtes quand le marquis mit son monocle pour servait de sortie de bal à sa femme, que tous connaissaient. Nulle famil- son yatagan décrivait des moulinets. mieux voir et pencha la tête entre deux jadis, dans les soirées froides des am- le, d’ailleurs, qui n’eût envoyé quelque Il était si atroce, roulant des yeux, torses de fer. bassades : elle en devait encore éma- figurant, ange, soldat, pasteur et la montrant les dents, braillant, que tou- Mais il se redressa en frissonnant ; sur ner le parfum… Par contre, les cou- foule participait à la cérémonie dans te l’église en trembla et que des femmes les mains jointes de la jeune mère, il ronnes empruntées aux statues fai- une heureuse expansion unanime… se cachèrent la face. Mais saint Mi- venait de reconnaître l’émeraude car- saient maigre et encerclaient seulement Ici, il n’y avait, sous l’œil invisible chel, l’archange normand, saint Ra- rée de sa femme… La jeune femme les coiffes pointues des turbans. Sauf de Dieu, que des amis très anciens. phaël et saint Gabriel montèrent à était donc sa bru, et l’enfant… L’en- pour Balthazar, énorme, noirci au bou- La grande et magnifique figure du l’assaut. Lui, jetant sa lame, d’un bond fant ? SON PETIT-FILS !… chon brûlé, brillant de vaseline, qui prêtre dominait ; son geste décidait des franchit la balustrade et, suspendu par Le prêtre tourna lentement la tête vers était en tout point splendide avec sa mouvements, mais lui, parmi cette les poignets, sauta à terre. En bas, les le vieux gentilhomme, présentant tou- mandille de diacre et un diadème fait joie, restait grave et bizarrement sa- anges le cueillirent, tandis que, dans jours le bébé à la foule… Le prêtre d’un collier birman qui devait venir, cerdotal. la chaire reconquise, les archanges voyait le marquis sur son banc, de sa conjectura le marquis, d’un voisin, En fait, l’assemblée devint elle-même chantaient hosanna… place haute, quand les occupants de capitaine de vaisseau en retraite. Pour créatrice, car de grands coups ébran- Et ce fut un tout petit angelot de quatre la nef ne pouvaient l’apercevoir à cau- les précéder, il y avait même un suis- lèrent la porte avec des vociférations ans qui le conduisit à la porte, en lui se des soldats groupés. Les yeux du se, dont le panache, mangé des vers, qui firent taire les cantiques, dans cinglant les mollets avec son mirli- souffrait, mais qui portait l’habit à la l’angoisse. ton. >>> Suite page 8 L’Homme Nouveau 8 DOSSIER N° 1483 du 18 décembre 2010

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>>> Suite de la page 7

prêtre rencontrèrent les yeux du vieillard, seule signification : on attendait qu’il qui survinrent avec, dans leurs vastes prunelles noires, pardonnât. dans un mou- une imploration infinie, toute la sol- Dans le silence inouï, on entendait vement de reins. licitude, toute l’angoisse, tout l’es- cliqueter : les croix… et, par-dessus Alors, conquis, poir… Les grands yeux, sous les sour- les cimiers des gardes, on vit enfin la vaincu, le mar- cils sombres, n’étaient plus que prières belle tête impérieuse et travaillée… quis rebaisa à où Dieu lui-même se réconciliait avec Le marquis se rendait à l’offerte, re- nouveau les joues la créature en lui donnant son Fils, le tirant ses gants comme pour aller à la limpides, avec vieux seigneur, déniant tout son pas- communion. Il fit les huit pas, se trou- les trois baisers sé de chrétienté, allait-il demeurer va près de l’enfant, près de la jeune à la normande… implacable dans sa mère qui, le visage en dénouant les rancune ? dans les mains, san- petites griffes. Et Monsieur de Vieux- glotait… À cet instant, le ville comprit que tous “Le grand nez Peut-être, par un au- prêtre eut un avaient saisi : que tomatisme de fonction, mouvement l’église tout entière d’aristo fut venait-il de se plier au d’en thousiasme l’attendait, LUI… geste qu’on réclamait qu’il ne put L’enfant et la jeune saisi par cinq de lui !… Mais le pe- contraindre ; il femme étaient recon- tit, qu’il le vit donc retrouva la vieille nus. Les paysans sa- doigts qui beau et musculeux, et formule des vaient trop bien la râblé ! Un petit duc de usages anciens, brouille désastreuse crochetèrent.” Normandie, lui aus- le vivat pieux qui peut-être allait rui- si… L’enfant agitait de jadis, et, sou- ner, diviser le domai- ses jambes drues, gros- levant légère- ne, l’aliéner… La supplication du sies par la laine blanche ; ses genoux ment le bambin, prêtre s’intégrait dans le silence ex- brillaient comme des pommes de il cria : « Noël ! traordinaire de la foule, chez qui tout nacre ; il éclatait de santé et de bon- Noël !… ». mouvement venait de cesser. La fou- ne humeur. Le bébé se tourna vers ce Elle envahit le chœur. et de rayons, dilaté, ravi, et si Mon- le, elle aussi, suppliait, par sa contrac- superbe pantin doré qui survenait, lui En plus de la préparation, du contact sieur de Vieuxville pouvait garder en- tion, sa stupeur, la foule qui ne pou- rit de toute sa bouche de lait, tendit que ces gens venaient de prendre avec core quelque inquiétude de son en- vait voir le grand-père, comme les une patoche et, crac ! saisit à pleine le souvenir et le symbole, en eux, gouement, de sa captation, oh ! que soldats qui, par discrétion, ne vou- poigne la croix de commandeur qui s’exprimait la défense nerveuse ; et la vue du petit gaillard lui rassurait laient pas se détourner… Le marquis s’agitait au-dessus de son front… Le aussi l’amitié avec l’espoir. Ils ap- l’esprit après le cœur ! Avec un luron était le premier dans le chœur, donc grand-père semblait guidé vers les préciaient cette famille et ces gens pareil, tout ce que les Vieuxville avaient le premier à se rendre à l’adoration… bonnes joues à fossettes, qu’il baisa qui, depuis des siècles, les connais- défendu serait en poignes solides… Personne n’usurperait sa place, par cour- un peu machinalement. Et puis, le saient, les épaulaient. Ils avaient pris On ne respectait plus les rites ; tous toisie d’ordinaire, mais, ici, parce que grand nez d’aristo fut saisi par cinq leur part des transes récentes, n’igno- admiraient bonnement « le poulot » ; l’abstention et l’attente prenaient une doigts qui crochetèrent, et par cinq autres raient pas que le domaine allait peut- certains tendaient la main au marquis être changer de mains, pouvait leur pour le féliciter, et comme, dans apporter une direction si différente l’Ouche, l’esprit de gaîté ne perd ja- qu’on morcellerait champs et fermes. mais ses droits, un homme ayant dit : Maintenant, tout rentrait dans le bon « Ce sera sûr un cavalier !… », une Mes plus beaux Noëls ordre successif ; le fils de la maison femme répliqua : « Plutôt un coureur reparaîtrait, assurerait encore la dé- cycliste !… » car le petit homme, à >>Cette année, les éditions Via Romana ne se contentent pas bonnaire surveillance, l’affectueuse au- toutes jambes, dans les bras de son de nous offrir quelques contes de Noël. Ce sont les réflexions d’un torité, l’enrichissement, l’embellis- prêtre, en effet, pédalait, pédalait… des grands écrivains du siècle dernier sur cette fête incontournable sement. Toutefois, est-il peut-être mes- Enfin, le curé rendit le bambin à sa pour tout chrétien et tout homme cultivé. Même s’il ne rejoignait quin de leur supposer un intérêt per- mère. Tout était donc terminé et la fou- pas toujours les villageois se rendant à la messe de minuit, il se lais- sonnel : des instants sont, dans la vie le, à regret, commença de refluer vers sait emporter par la ferveur populaire, si profonde en ces terres nor- des hommes les plus pratiques, où la nef. mandes. Dans Mes plus beaux Noëls, nous avons donc sept contes s’épanouissent, fleur sur le roc, des Mais le marquis de Vieuxville arrêta écrits par Jean de La Varende (« Épipha- sensibilités jusque-là inconnues. la jeune femme qui descendait dou- nie », « Noël de guerre », « Le Saint- Un grand évènement familial venait cement, lui désigna son banc qu’il ve- Esprit de Monsieur de Vaintimille », « Conte de s’accomplir, un accord, un pac- nait de quitter tout à l’heure et re- de Noël en Pays d’Ouche », « Le père Noël te… « NOËL ! » monta avec elle dans le sanctuaire. Il était masqué », « Conte pour Noël », « La Le mouvement fut tel que le prêtre, leur ouvrit la porte et, la refermant, Pastorale ») et sept textes de réflexion inquiet pour son dernier petit acteur, laissa la mère et le bébé occuper les sur Noël ou tout simplement Dieu (« Chan- recula vers l’autel, s’y adossa, tandis places d’honneur. Lui-même s’ins- tons tous son avènement », « Le 24 dé- que la jeune mère, presque effrayée talla derrière eux. cembre 1947 », « Noël d’enfance », « Faut- à son tour, le suivait en s’interposant, Il n’était plus que du passé ; il devait il brûler le père Noël ? », « Mon plus beau avec le grand vieillard trop ému pour céder le pas à l’avenir, à l’héritier et, Noël », « Noëls en Normandie », « Dieu »). bien se rendre compte, replaçant ma- comme on abat un arbre encore beau L’innocence côtoie la profondeur des ré- chinalement sa croix. mais qui nuirait au rejeton, à son tour, flexions. ◆ Et tous se pressaient. L’enfant qui au- il s’effaçait. Il disparaissait devant la Jean de La Varende, Mes plus beaux Noëls, Via rait dû hurler de peur, ah ! bien, il jeunesse divine. Romana, 118 p., 14 €. était d’une race qui ne flanchait pas ! « NOËL ! » ◆ Il riait, riait, épanoui, plein de bulles Jean de LA VARENDE L’Homme Nouveau N° 1483 du 18 décembre 2010 ACTUALITÉS 9

ÉGLISE L’ HUMEUR DE PASQUIN Notre drame

on Dieu ça recommence, comme une mi- Note des évêques graine qui s’installe sur une immense fa- Mtigue, comme un dégoût, une nausée, un irrépressible spasme intestinal. Ça recommence ! La campagne électorale présidentielle redémarre ! Faut déjà s’y recoller. Pendant plus d’un an et demi du Kenya nous allons subir cette mascarade, ces sketchs Confrontée à la maladie du sida, déclarée catastrophe nationale au abrutissants. Nous savons déjà que ce sera sans enjeu. Cette fois encore, le candidat élu sera philo- Kenya, la Conférence des évêques de ce pays a publié le 29 novembre der- sophiquement libéral, économiquement mondia- nier une note importante sur le préservatif après la campagne média- liste, politiquement européiste. Le président, PS ou tique née à l’occasion du dernier livre du Pape, Lumière du monde. Nous UMP, se moquera complètement des questions publions ci-dessous l’intégralité de ce texte. fondamentales : la famille, la souveraineté natio- nale, l’économie locale et enracinée, la vie, l’éduca- Nous avons pris connais- acceptable parce qu’elle est tion, l’immigration, l’islam, la sécurité de tous et sance de comptes-rendus ré- souvent une manifestation ex- l’enseignement. Nous allons assister à des luttes cents de déclarations attri- térieure de la mauvaise inten- d’influence, des bagarres d’ego, des guerres d’am- buées au Saint-Père, faits par tion qui est à la base de l’ac- bitions formidablement déguisées en débat des médias locaux et inter- tion et une vision déformée de d’idées. Le drame, notre drame, c’est que nous al- nationaux, qui ont déformé la sexualité. lons y croire, et, comme à chaque fois plonger au les propos du Pape Benoît XVI cœur de ces conflits en y collant l’enthousiasme concernant la morale sexuel- Une non-solution des grands enjeux et des grandes batailles ; pour le et la lutte contre le virus 7. L’Église et, en fait, le Saint- ne servir en fait que des intérêts particuliers. Un HIV et le sida. Père réaffirment que « natu- mot dans un discours suffira à nous rassurer ; nous Tout d’abord nous voudrions rellement l’Église ne considè- nous battrons entre nous pour déterminer le dissiper les nuages et rendre re pas le préservatif comme la moindre mal, le meilleur bien, le vote prudentiel, le clair pour tout le monde et pour “solution authentique et mo- vote efficace, nous nous déchirerons les uns les les catholiques le point de vue rale” au problème du sida ». autres nous accusant mutuellement de faire le jeu de l’Église en ce qui concerne Le cardinal John Njue, Cette solution consiste plutôt de la gauche ou celui du mondialisme. Nous serons l’utilisation du préservatif, président de la en un véritable changement du vite persuadés que le plus sombre crétin, notre pire pour rendre la paix aux âmes Conférence épiscopale cœur, ou une conversion, qui ennemi, est le catho d’à côté qui ne vote pas et les guider comme il convient. du Kenya et arche- donnera à la sexualité sa valeur « comme il faut ». Nous finirons exsangues, la rate 1. Nous répétons et nous réaf- vêque de Nairobi. humaine et même surnaturel- au court-bouillon, taraudés par « l’angor Patriæ ». firmons que le point de vue de le. Nous avons besoin d’avoir C’est maintenant qu’il faut prendre des forces. Al- l’Église catholique en matière une plus juste appréciation du lez, on ne va tout de même pas rater l’essentiel ! d’utilisation du préservatif – années, ses projets pastoraux don de la sexualité, qui nous Alors bonne adoration à vous tous et joyeux Noël ! que ce soit comme moyen de et ses espoirs pour l’avenir. humanise et qui, quand elle est ◆ contraception ou comme moyen 4. (Réduire) l’interview tout appréciée à sa juste valeur, res- Selon une tradition populaire de Rome, Pasquin était un tailleur de d’affronter le grave problème entière à une phrase sortie de te ouverte au plan de Dieu. la cour pontificale au XVe siècle qui avait son franc-parler. Sous son du virus HIV et du sida – n’a son contexte et de l’ensemble 8. La situation à laquelle se ré- nom, de courts libelles satiriques et des épigrammes (pasquinades) pas changé et que cette utili- de la pensée du Pape Benoît XVI fèrent les médias, qui citent fustigeant les travers de la société étaient placardés sur le socle d’une statue antique mutilée censée le représenter avec son compère sation reste comme toujours serait une offense à l’intelli- une interview accordée par le Marforio à un angle de la Place Navona et contre le Palais Braschi. inacceptable. gence du Pape et Pape à un journa- une manipulation liste allemand, Des comptes-rendus gratuite de ses pro- concerne le juge- qu’ils ne sont pas en accord tu, la sainteté. Nous pouvons faussés pos. “La moralité ment du Pape sur avec la nature humaine. Cela dire qu’il est clair que le Saint- 2. Les comptes-rendus des mé- 5. Le Pape n’a pas le parcours moral n’excuse en rien l’utilisation Père n’a pas voulu mettre en dias ont, de manière incorrec- parlé spécifique- des actions subjectif de per- du préservatif en elle-même. évidence les préservatifs, mais te, cité le Pape en sortant ses ment de l’aspect sonnes déjà impli- parler du progrès du sens mo- propos de leur contexte et ils moral de l’utilisa- dépend des quées dans des ac- Une conversion possible ral, qui doit être un progrès ont banalisé les très délicates tion du préserva- tes gravement im- 9. Le Saint-Père met en évidence vers Jésus. Cela s’applique aus- questions médicales, morales tif, mais plus gé- intentions.” moraux en eux- un point important, à savoir si à ceux qui mènent encore et pastorales que posent le vi- néralement « des mêmes, plus pré- que même ceux qui sont pro- des genres de vie gravement rus HIV et le sida ainsi que grandes questions auxquelles cisément des actes d’homo- fondément enfoncés dans une immoraux ; nous devrions nous l’accompagnement des per- est confrontée la théologie mo- sexualité et de prostitution mas- vie immorale, peuvent pro- efforcer de plus en plus de nous sonnes infectées ou malades, derne, des divers évènements culine, heureusement tout à fait gresser peu à peu vers une concentrer sur la moralité des réduisant la discussion sur les politiques qui ont toujours mar- étrangers à notre société ké- conversion et une acceptation actions humaines et de juger exigences de la morale sexuel- qué les relations entre les États nyane. Il ne parle pas de la mo- des lois de Dieu. Ce chemine- l’action des êtres humains plu- le à un simple commentaire sur et enfin des thèmes qui occu- ralité de l’utilisation des pré- ment peut comporter des étapes tôt que l’objet utilisé pour com- les préservatifs. pent souvent une bonne partie servatifs mais de quelque cho- qui, en elles-mêmes, peuvent mettre une action immorale. 3. Le livre en question, Lu- du débat public ». se qui peut être vrai en ce qui ne pas encore apporter une sou- 11. L’Église incite vivement mière du monde. Le Pape, l’Égli - 6. Il est important d’expliquer concerne l’état d’esprit de ceux mission totale à la loi de Dieu, ceux qui sont impliqués dans se et les signes des temps. Un que la moralité des actions hu- qui les utilisent. Si ces indivi- mais plutôt une préparation à la prostitution ou dans d’autres entretien avec Peter Seewald, maines dépend toujours des in- dus utilisent le préservatif pour l’accepter. En tout cas, de tels actes ou modes de vie grave- est le résultat d’une interview. tentions de l’individu. C’est éviter d’infecter autrui, ils peu- actes restent encore coupables. ment immoraux à se convertir. Il n’a pas été écrit par le Pape, notre manière d’utiliser les vent finir par se rendre comp- 10. L’Église s’applique tou- Tout en comprenant les nom- même s’il exprime les idées de choses qui fait qu’une action te que les actes sexuels entre jours à éloigner les gens des ac - breuses raisons malheureuses celui-ci, ses préoccupations et est mauvaise ou bonne. L’uti- personnes du même sexe sont tes immoraux pour les diriger ses souffrances au cours de ces lisation des préservatifs est in- intrinsèquement nocifs parce vers l’amour de Jésus, la ver- >>> Suite page 10 L’Homme Nouveau 10 ACTUALITÉS N° 1483 du 18 décembre 2010

Note des évêques Quelle lumière pour le monde ? (suite) >>> Suite de la page 3 blématiques (préservatif l’heureuse formule de Bos- du Kenya – cf. p.9 –, Affaire William- suet, c’est Jésus-Christ ré- à cette ascèse de l’intelligen- son) pour réduire le Pape au pandu et communiqué, Celui >>> Suite de la page 9 gile et du christianisme com- ce que nous invite indirecte- rang d’un produit que nous adorerons me moyens de donner et de ment le Pape et qui fonde la de consommation à dans la crèche. «Il qui amènent souvent à adopter rendre l’espoir à ceux qui sont difficulté de lecture de Lu- grande échelle, so- est ici et c’est devant ces modes de vie, elle ne les infectés et à ceux qui sont ma- mière du monde. Cette diffi- luble dans le grand Lui que l’on s’age- excuse pas et elle les considè- lades. culté ne doit ni être refusée marché de l’immé- nouille, prévient Be- re comme moralement mau- L’Église réaffirme qu’elle s’en- ni être fuie. Elle est en quelque diateté, du sensa- noît XVI à propos vais. gage à continuer d’inciter tout sorte notre condition de chré- tionnel et de l’irra- de la communion le monde à se battre pour me- tien en situation de société tionnel. Le contrai- dans la bouche. Pre- Les efforts de l’Église ner des vies vertueuses, ce qui séculariste, moralement plu- re de l’invite de Be- nez garde ! Ce n’est 12. L’Église se préoccupe beau- implique toujours de grands sa- raliste et de domination du noît XVI. Mais on pas un quelconque coup de la vie, de la santé et crifices, pour le « royaume de faux-semblant médiatique. ne nous fera pas ce rituel social auquel du bien-être général Dieu ». L’Église ré- coup-là ! Décidément, non, nous pourrions, à notre gré, de ceux qui se trou- affirme sa solidarité Réduction l’Église, qui nous presse à la participer ou ne pas partici- vent dans la diffici- “L’Église avec tous ceux qui La société marchande du spec- réconciliation de la foi et de per. » ◆ le et douloureuse si- souffrent à cause du tacle ne s’y est pas trompée la raison, n’est pas un produit tuation que créent virus HIV et du sida. 1. Benoît XVI, croit au qui a réduit ce livre à quelques dérivé dans le grand bazar de Lumière du mon- l’infection par le vi- Il y a beaucoup de fa - de, Bayard, 276 p., 21 €. passages sur des aspects pro- la religiosité. L’Église, selon rus HIV et le sida. pouvoir de çons d’affronter cet - En fait, l’ensemble te situation. L’Égli- des efforts et de la la grâce.” se croit par-dessus mobilisation de res- tout au pouvoir de la sources réalisés par grâce et à la force l’Église catholique, seule ou que donne Dieu, pour réagir en partenariat avec d’autres, positivement aux défis que pré- Licencié pour délit de vérité visera toujours à rechercher des sente cette nouvelle situation, solutions humaines et libératrices et elle marche pleine d’espé- Luc Chatel, ministre de l’Éducation, a suspendu le 24 novembre à cette pandémie. rance avec toute la famille de un professeur d’Histoire-Géographie de Manosque. Au lycée Les Iscles, 13. Le problème va bien au-delà Dieu vers notre patrie céleste. du seul débat relatif au préser- Nous exprimons nos sentiments l’affaire a fait scandale : ce professeur a montré aux élèves des vidéos vatif. Il s’agit plutôt d’une pro- de préoccupation et de solida- d’avortements et diffusés des tracts pro-vie en cours d’Éducation fonde guérison intérieure, qui rité envers ces personnes qui civique, juridique et sociale (ECJS). C’est du moins la part des faits dont donne de l’espoir aux gens et sont nos frères et nos sœurs et les élèves et leurs parents ont bien voulu parler. Des vidéos « gores », les aide à redécouvrir la sim- nous les bénissons. ◆ Nairobi, le 29 novembre 2010 les jeunes en voient pourtant souvent, à commencer par les clips de la plicité et la radicalité de l’Évan - prévention routière qui montrent des images d’accidents terribles. Mais les lycéens, traumatisés, ont eu droit à la mise en place d’une cellule d’écoute et de dialogue. Quant au professeur, personne ne l’écoute. Par ailleurs, le Rectorat a fait rigueur et d’esprit criti que. Seu- Nous publions ici des extraits de son droit de réponse, refusé par une envoyer une lettre à toutes les le doit être enseignée et impo- familles, dans laquelle mon en- sée aux élèves l’idéologie de grande partie de la presse, envoyé au directeur de France 3 Provence et seignement en ECJS était mis l’État. Qui présente l’avorte- faisant office de Lettre ouverte au ministre de l’Éducation nationale. en cause et des accusations ment comme un droit. Et im- graves et injustes por- pose à la population de pen ser « Je tiens à faire part de bats, proposé à mes classes, soit tées contre moi. Ce- comme lui. Ce même État qui mon indignation devant le 113 élèves cette année, concer- ci dans le but de re- souhaite que l’on note les opi- lynchage médiatique dont nait l’avortement. Il avait été an- cueillir des témoi- nions des élèves – et des pro- j’ai fait l’objet dans votre re- noncé à l’avance. gnages et dénoncia- fesseurs – dans le cadre de l’EC- portage. Je suis consterné par tions m’accablant. JS afin de pouvoir s’assurer une vos pratiques. Les élèves que Un débat équilibré Pratiques qui font plus population docile et servile. vous avez interrogés n’appar- Les élèves pouvaient évidem- penser aux régimes Certes, M. Chatel, on peut li- tiennent même pas à mes clas- ment apporter toutes sources totalitaires nazi et so- cencier un professeur par into- ses ! Ils n’ont donc pas assisté de leur choix, sans tabou ou in- viétique qu’à une dé- lérance, et haine anticatho- à mes cours ! Au nom du prin- terdit, pour étayer ce débat. Par mocratie. lique… et en raison de ses cipe d’équité, vous aviez éga- ailleurs, le Planning familial et Enfin, une classe m’a convictions religieuses présu- lement à me consulter pour re- l’infirmière sont massivement Quel enseignement est-il encore courageusement re- mées. Mais peut-on arrêter une cueillir mon témoignage, ain- intervenus dans toutes mes permis de donner ? mis une pétition de idée ? si que celui de certains des très classes, pour y faire l’apologie soutien, signée par Quand vos sanctions et discri- nombreux élèves qui me sou- de l’avortement. J’ai utilisé des tous les élèves et, minations auront échoué, tiennent, qui eux par contre ont sources variées suivant les Concernant ce dernier docu- qu’avec leur accord, je divul- M. Chatel, quelle est la suite des assisté à mes cours. (…) classes : l’image d’un fœtus à mentaire, j’ai prévenu les élèves guerai, accompagnée du texte réjouissances dans votre meilleur Sur le fond, je tiens à vous pré- 12 semaines (neutre donc), des que, décrivant les procédures rédigé par eux. (…) des mondes ? Qu’est-ce qui at- ciser que j’ai organisé, comme documents pro-avortement à d’avortement, il était difficile J’ai encouragé tous les élèves tend les élèves et les profes- on me l’ordonne en Éducation savoir le texte de la loi Veil, le à voir et j’ai invité ceux qui le à s’exprimer librement, dans le seurs qui ne pensent pas com- civique, juridique et sociale, discours de Mme Veil lors du souhaitaient à sortir. Ce que respect d’autrui et la tolérance. me vous, Monsieur le ministre ? des débats sur des sujets de so- vote de la loi de 1975 en com- quelques élèves, une infime mi- Mais, sur le sujet douloureux Le goulag, le bûcher, ou la ciété. Ce qui suppose d’utiliser, plément du Planning familial, norité, sur les 113, ont fait. Ce- de l’avortement, il est interdit chambre à gaz ? » contrairement à vous, des sources et des documentaires vidéo (Sois ci afin de respecter la sensibi- de décrire, de tenir compte de ◆ contradictoires. L’un de ces dé- un homme, No need to argue). lité de chacun. la science, de faire preuve de Philippe ISNARD L’Homme Nouveau N° 1483 du 18 décembre 2010 ACTUALITÉS 11

ENTRETIEN LE BILLET DE FRANÇOIS FOUCART Nouveau !

a publicité a pris une place démesurée à la té- Une jeune abbaye lévision ; derrière les masses énormes d’ar- L gent qu’elle draine, elle devient un fait en soi, une machine tonitruante et le plus souvent sotte Au sud de Toulouse, une jeune communauté a de l’ordre dans une vie. À l’in- avec l’obsession, bien sûr, de faire acheter des transporté sa jeunesse, sa foi et son attache- verse d’un carcan, elle donne biens de consommation le plus souvent inutiles. libre cours à une vie intérieu- Naguère, on parlait de « réclame » et on passait. ment à la règle de saint Benoît. L’abbaye Notre- re authentique, source de notre Aujourd’hui, elle est omniprésente et, hélas, sur- Dame du Pesquié se reconstruit peu à peu. joie. Lorsque l’on reconnaît tout très appréciée des enfants qui deviennent, dans ce qui nous est de- forcément, conditionnés. Aspect essentiel (regar- Propos recueillis mandé un appel du dez bien), tout doit être « nouveau » : nouvelle pâ- par Adélaïde Pouchol Christ, tout devient te à récurer, nouveau dentifrice, nouveau fromage passionnant. Quand on de chèvre, nouveau plat surgelé, nouveau sham- Vous avez béni le 11 no- aime le Seigneur de la poing colorant, nouveau désinfectant pour les vembre la première Vie, chaque jour paraît W.-C., nouveau téléphone portable, etc. Sans pierre de votre église. une grâce. Et pour ce compter les ritournelles exaspérantes : Groupama, Pouvez-vous retracer en qui est d’aimer, on n’est Entre particuliers point com,… Au fond, il s’agit de quelques mots l’histoire jamais arrivé. On peut marteler des slogans simplistes alors que, par défi- de votre abbaye ? toujours grandir. nition, ce qui est nouveau est éphémère et le sera plus encore un mois plus tard. >>Sœur Bénédicte : Notre Parlez-nous du si- Alors, qu’y a-t-il de vraiment nouveau, disons de- abbaye se rattache au père lence, si cher à puis dix ans, dans notre société ? D’abord cette fo- Muard, fondateur de l’abbaye votre fondatrice. lie de la télé et maintenant d’internet, cette vie de La Pierre-qui-Vire, d’où par- dans un monde irréel, virtuel, un monde d’exhibi- tit dom Romain Banquet qui fon- >>Le silence est tionnistes aussi bien avec facebook qu’avec les da avec mère Marie Cronier la part de Dieu, la con- émissions people. On use d’inventions inouïes pour les abbayes d’En Calcat et de dition nécessaire pour promouvoir des stupidités. Nouvelle encore, cette Dourgne. Celle-ci envoya mè- écouter Dieu, pour se accélération continue de l’automatisme. À la Poste, re Immaculata de Franclieu, L’évêque de Foix, Mgr Mousset, connaître en vérité. Le dans le métro, dans les gares, il y a de moins en notre première abbesse, fon- et la mère abbesse, lors de la silence n’est pas un moins de gens à qui parler derrière un guichet, der un monastère à Madiran, bénédiction de la première vide, il est habité par mais des machines automatiques : d’une part, il dans les Hautes-Pyrénées, en pierre. la présence de Dieu faut savoir s’en servir et c’est parfois très compli- 1934. L’eau vint à manquer. qui seul peut combler qué, d’autre part, il y a un certain nombre de ren- Les moniales déménagèrent jusqu’à vous puisque le cœur de l’homme. Il permet seignements, de détails, que la machine qui n’a pas donc à Ozon en 1956, où une vous avez beaucoup de de prendre du recul sur les évè- été programmée jusque-là est incapable de vous autoroute vint troubler le si- jeunes sœurs… nements. Il donne libre cours fournir. Je sais bien qu’il s’agit de supprimer du lence nécessaire à une vie à la prière qui est écoute de la personnel (et éventuellement des grévistes), mais contemplative. Aussi mère >>Nous le devons à la bon- Parole de Dieu avant d’être une que devient le contact, l’aspect humain ? Dans les Marie-Bernard Eudier, secon- té du Seigneur. C’est le mys- réponse. C’est le lieu de la ren- entreprises, c’est pareil, on est maintenant tou- de abbesse, décida-t-elle en tère de la grâce. contre avec le Christ. C’est jours relié à un répondeur automatique et une voix 1990 le transfert du monastè- Nous sommes aussi très re- pourquoi il nous est si cher, par définition anonyme vous répond : « Appuyez re au Pesquié, où tout était à connaissantes aux prêtres amis bien que parfois exigeant et sur la touche 1… sur la touche 2,… sur étoile… ». Si ça restaurer ou à construire. 20 et aux familles qui ont appor- difficile. ne marche pas, que cela aboutit à la sonnerie « oc- ans après nous arrivons à l’ul- té aux jeunes qu’ils entouraient Aimer le silence c’est ai- cupé », vous pouvez toujours essayer de plaider time phase : l’église abbatiale. le soutien, la stimulation et mer la vie avec Dieu. Amour votre cause : « Mais, madame, je voudrais savoir… », Un chantier très stimulant ! l’encouragement nécessaires du silence et silence de l’Amour on vous répondra : « bip, bip, bip… », etc. Heureuse- au mûrissement de leur voca- ce n’est pas un simple jeu de ment, il y a aussi du vrai et du bon « nouveau » : Chaque abbaye est com- tion. Le Seigneur appelle tou- mots ! En effet, quand on com- par exemple d’extraordinaires progrès dans la chi- me une famille, avec son jours des ouvriers pour sa mois- prend que le but de la vie est rurgie et l’anesthésie, et surtout, surtout, un mer- identité propre. Comment son. Mais sa voix est souvent d’apprendre à aimer, on com- veilleux jeune clergé, de nouveaux évêques, et un se caractérise le Pesquié ? étouffée par le matérialisme ; prend du même coup la valeur vieux mais formidable nouveau Pape ! ◆ des vues trop humaines, la peur du silence : quand on aime, un >>Un esprit filial vécu dans de s’engager ou trop de bles- échange de regards souvent ger) et de notre atelier de re- prière dépasse les murs de notre la foi unit les moniales autour sures rendent la réponse diffi- suffit. C’est ce que nous appelons liure. Notre pauvreté matérielle monastère, cette construction de notre abbesse et entre elles, cile. la contemplation et elle peut est le signe d’une réalité plus est portée par la foi et la gé- avec ce qu’il suppose de joie, Cependant dans tout en- prendre mille formes. profonde : la dépendance ra- nérosité de tous les hommes d’élan vers un idéal commun, gagement, ce n’est pas le re- dicale envers Dieu notre Père : de bonne volonté, désireux que de dépassement de soi. Cette noncement qui est premier, Nous savons combien la tout vient du Père et tout re- Dieu soit glorifié. ◆ famille s’inscrit dans la gran- c’est le oui d’une vie donnée… vie des religieux est une tourne à Lui ! Notre pauvreté de famille de l’Église par notre vie de pauvreté. De quoi implique la confiance en la Pro- attachement filial au Saint- Comment vivre dans la vivez-vous ? vidence de Dieu et dans la bon- Don possible par chèque libellé à Père et la liturgie grégorienne joie cette régularité té de nos frères surtout à l’heu- l’ordre de la Fondation des Monas- qui développe en nous l’action propre à la vie monas- >>Le travail est notre for- re où nous nous lançons dans tères, envoyé à l’Abbaye Notre- de grâce et l’intercession dans tique et que les yeux ex- me de pauvreté selon la pen- ce projet de construire une égli- Dame du Pesquié, 09000 Foix. la joie de l’appartenance tota- térieurs voient plus com- sée de saint Benoît : « Ils se- se pour la gloire de Dieu. Ce Tél. : 05 61 02 97 55 – Fax : 05 61 02 46 55 – www.abbaye-pesquie.org le à Dieu. me une lassante routine ? ront vraiment moines s’ils vi- projet nous dépasse, la construc- vent du travail de leurs mains ». tion d’une église a toujours été L’intégralité de cet entretien se trouve sur notre site : www.hom La crise des vocations ne >>La régularité n’est pas la Nous vivons de la culture de l’expression de la foi du peuple menouveau.fr semble pas être arrivée routine. Elle met simplement la terre (ferme, verger, pota- de Dieu. De même que notre L’Homme Nouveau 12 ACTUALITÉS N° 1483 du 18 décembre 2010

FRANCE À VOS CLAVIERS Lectures pour enfants Le double langage L’internaute Auteur d’un remarquable et fort utile guide pra- tique Une bibliothèque idéale (1), destiné à aider les parents dans le choix de livres pour leurs enfants des politiciens de 5 à 11 ans, Anne-Laure Blanc a aussi développé, depuis septembre dernier,@ un blogue qui entend L’année écoulée a vu les réformes se multiplier, à l’encontre du bien contribuer à la création d’une « bibliothèque enfan- commun. Face au délitement général de la société, les politiciens de tine idéale », sous le joli titre de « Chouette, gauche comme de droite se cachent derrière les bonnes intentions pour un livre ! » justifier leurs choix. (http://www.chouette unlivre.fr). L’initiative est Jean-Michel Beaussant riences génétiques, tri des judicieuse et le résultat embryons… Ils s’en pren- plus que satisfaisant. Les Révision des lois bioé- nent particulièrement à l’É- recensions d’Anne-Laure thiques, pacs, homoparen- glise lorsqu’elle s’oppose Blanc, alias Madame la talité, réforme du divorce, par exemple au préservatif, Chouette, sont soignées salles de shoot… La gauche à la libéralisation de l’avor- et tiennent compte des critères moraux et esthé- et, à sa suite, la droite courbe tement et de la drogue, ou tiques des ouvrages. Un judicieux outil de sélec- le répètent inlassablement : «Il encore à la procréation ar- tion des recensions par âge (avant 3 ans, de 3 à 5 faut adapter la loi aux évolu- tificielle. Ici, tous les dé- ans, de 5 à 6 ans… jusqu’à 10 ans) et par genre tions de la société. » Ce qui est gâts collatéraux et les ef- (Contes, légendes, féeries, Aventures et décou- effectivement souhaitable en fets pervers de leurs nobles vertes, Romans historiques, etc.), permet de sélec- économie politique mais erro- intentions (en apparence) tionner, selon l’âge et les goûts de l’enfant, un ou né en morale politique. Car si ne comptent plus : qu’on plusieurs livres recensés : des dizaines et des di- la loi peut parfois tolérer cer- pense en particulier au sort zaines de titres… ce qui en moins de trois mois tains maux, c’est seulement en des embryons surnumé- d’existence est remarquable et montre le sérieux vue du bien commun auquel raires… de l’auteur. Ce blogue s’enrichit quasiment chaque elle doit se conformer et non jour mais déjà, en l’état, quelle aide pour les pa- en fonction de l’évolution des Moralistes amoraux rents ! ◆ mœurs en tant que telle, la- contre la juste guerre en géné- Abusivement moralistes en po- quelle n’est certainement pas ral ou la volonté d’entrave lé- litique, nos politiciens devien- 1. Une bibliothèque idéale. Que lire de 5 à 11 ans ? Guide à le critère moral de la politique. gale à l’immigration… : «La nent amoraux sinon immoraux l’usage des familles, des écoles et des bibliothèques, Éd. Ter- fin ne justifie pas le moyen. » en matière de mœurs, adeptes ra Mare et la Fondation pour l’école, 280 p., 12 €. Une double politique Ce qui est un principe moral et dévots alors d’un (faux) Or ce que nos politiciens pra- parfaitement vrai, dont l’ap- « moindre mal » qu’ils ont ex- tion massive, l’islamisme, le envoient au charbon (comme tiquent suicidairement en ma- plication demeure (analogi- communié politiquement ! Ils terrorisme… en Algérie) pour mieux les dé- tière de mœurs – l’adaptation quement) en morale politique, ne cessent à cet égard d’of- Ce double langage nous fait signer ensuite comme préten- systématique de la loi aux évo- mais à un niveau politique pré- fenser la morale naturelle et inévitablement penser à la pa- dument salis : vous avez dit lutions (décadentes) de la so- cisément, autorisant, contre ce de la transgresser institutionnel- role de Jésus en direction des « torture » ? Ce que Péguy tra- ciété, avec anticipation au be- qu’ils prétendent, certaines ac- le ment pour le malheur de la pharisiens : « Ils lient de pe- duisait dans son langage sug- soin –, ils refusent tout aussi tions de légitime défense sans société. Mais ils accablent sants fardeaux et les imposent gestif : « Ils ont les mains propres suicidairement de le pratiquer contredire pour autant ce prin- d’injures et de procès ceux qui aux épaules des gens ; eux- mais ils n’ont pas de mains »… en économie sociale, eu égard cipe. ont rempli ou remplissent, en mêmes se refusent à les remuer En morale politique, car en mo- à l’évolution démographique. Or, là où le principe qu’ils re- conscience et en prudence, leurs du doigt. » (Mt 23, 4). Les far- rale individuelle, ils retrouvent Comme en témoignent leur sur- vendiquent devrait immédia- devoirs politiques, policiers ou deaux pesants, ils les balan- bien leurs mains, mais ce sont place quasiment en matière de tement et pleinement s’appli- militaires, pour le bien commun cent allègrement sur les épaules les mains sales : pharisiens ! retraites et leur absence tena- quer, en morale individuelle, nos temporel, au risque de la « ba- des militaires par exemple qu’ils ◆ ce de politique familiale… politiciens de gauche (fausse vure ». Qu’on songe à leurs Ils disent, contre la prévention droite comprise) préconisent anathèmes contre l’armée, leur (et répression) policière ou ju- carrément de ne plus le suivre : mépris de la police, de ceux diciaire (peine incompressible, con traception, avortement, qui veulent lutter efficacement BRÈVES peine de mort…) mais aussi drogue, pacs, divorce, expé- contre l’insécurité, l’immigra- VATICAN L’ŒIL DE MIÈGE Visite des évêques ✂ Offrez 3 numéros gratuits à un proche de France Des connaissances, des personnes de Benoît XVI a reçu le Nom, prénom : ...... 2 décembre, pour leur vi- votre famille, ne Adresse : ...... connaissent pas site annuelle, Mgr Vingt- encore L’Homme ...... Trois, archevêque de Paris Nouveau ? N’hésitez et Président de la Confé- pas à nous commu- rence des évêques Nom, prénom :...... de France, ses vice- niquer leur nom et Adresse : ...... adresse afin que présidents, Mgr Ulrich nous leur envoyions ...... et Mgr Simon, ainsi que Mgr Hérouard, le Secré- trois exemplaires à Bulletin à retourner à L’Homme Nouveau : titre gracieux. taire général. 10, rue Rosenwald, 75015 Paris 1483 HN L’Homme Nouveau N° 1483 du 18 décembre 2010 ACTUALITÉS 13

ÉDUCATION QUAND L’A MÉRIQUESEREBIFFE La frontière

n éditeur, jadis, eut l’excellente idée de lan- Notes ou smileys ? cer une collection, aujourd’hui disparue, U d’ouvrages brefs et incisifs dont la vocation était de saisir un sujet afin de l’exalter. C’est ainsi qu’on put lire quelques éloges flatteurs sur Un faux débat d’étranges personnages, d’insolites objets, de re- poussants défauts et de curieuses qualités. Camille En lançant le débat sur la suppression des notes à l’école, Le Nouvel Desmoulins voisinait avec le roi Baudoin, la pipe Observateur a déplacé le problème : c’est une juste évaluation avec la machette ou l’épingle à cravate, l’étourderie avec la candeur ou l’insolence. La drôlerie naissait qu’il faut retrouver et un programme pédagogique plus clair. du défi, l’intérêt venait des contrastes, l’humour jaillissait de l’audace. Le bon Dieu eut son chroni- Adélaïde Pouchol me des notes que dans la queur et le diable ses avocats. On exhumait l’insi- mise en place de mesures gnifiant pour choquer et l’inattendu pour séduire. « La culture de la note est permettant une véritable L’anticonformisme nageait dans un encrier qui encore très présente dans objectivité du professeur. était vraiment le sien. Il fut cassé trop tôt. Car il l’école française, historique- La présidente nationale manqua un éloge à cette collection – un éloge de ment tournée vers la sélec - de l’association, Béatrice la frontière. Sujet éternel et donc terriblement ac- tion. Si ce modèle répondait Barraud, que nous avons tuel. Une ligne virtuelle mais vivante qui serpente aux exigences d’un système éli- contactée, insiste sur l’im- entre les pays, musarde entre les territoires, tiste avant la massification sco- pact de la note tant sur le tranche entre les quartiers et tricote entre les voi- laire, il apparaît aujourd’hui mental de l’élève que sur sins. La frontière est un trait sur terre qui garantit, en total décalage avec l’ob- le regard du professeur protège, revendique, témoigne. La frontière est un jectif d’élévation globale du sur lui. Pourtant, l’évalua - signe dans l’espace qui proclame un état : la paix. niveau d’étude. L’obsession du tion devrait être d’abord Toutes les guerres commencent par des barbelés classement à laquelle il répond un moyen de donner de que l’on coupe ; et elles se terminent toutes par crée, dès l’école élémentaire, la valeur plutôt qu’une des barbelés que l’on tend. On se bat pour une une très forte pression scolai- occasion de stress. frontière ; on meurt pour une frontière ; on négo- re et stigmatise des élèves qu’il cie pour une frontière ; et on s’adosse à une fron- enferme progressivement dans De vraies solutions tière. Les peuples montrent du doigt et disent : une spirale d’échec (…) ». Le L’APEL planche sur la c’est chez nous jusqu’à la frontière. Au-delà, c’est Nouvel Observateur jetait un question depuis longtemps l’autre, l’étranger. D’ailleurs, il faut bien avoir une pavé dans la mare en publiant, pas avoir. Il paraît que la note et propose la mise en place de porte à ouvrir, une frontière à lever pour accueillir ce 11 novembre, un appel à la décourage, tue la curiosité na- l’évaluation partagée, un pro- celui qui vient. Lorsqu’il n’y a pas de porte, lorsqu’il suppression des notes à l’éco- turelle de l’élève en le pous- gramme pédagogique plus qu’un n’y a pas de frontière, tout accueil devient impos- le. On signe des pétitions ici et sant à travailler seulement par système de notes : que les at- sible : l’autre est un intrus, l’autre reste l’étranger – là, on s’indigne, on se ligue peur de la sanction. Il paraît tentes et le barème soient très un prédateur. La preuve par les 3 500 kilomètres pour ou contre, tous s’éner- aussi qu’elle inci- clairs avant chaque qui séparent les États-Unis du Mexique. Frontière vent. Ce n’est pas près de fi- te à n’apprendre évaluation, que les poreuse que Washington n’a pas voulu défendre : nir car si l’on supprime les que pour recracher professeurs se guerre de l’héroïne et invasion des sans-papiers. notes, par quoi les remplacer ? ses connaissances “L’évaluation concertent entre Henry LOBSTER Par des smileys (terme anglais au moment de l’in- eux pour s’accor- qui désigne un dessin stylisé de terrogation pour devrait être der sur les exigen- visage exprimant un senti - tout oublier en- ces demandées à ment ou une émotion) ? Des suite… N’est-ce un moyen la classe, voire que BRÈVES petites phrases pas trop stig- pas plutôt à cer- l’enseignant ne CHINE mée d’Amérique, l’Église matisantes genre « acquis », tains professeurs de donner de corrige pas systé- Grève chrétienne réformée et « pas encore complètement qu’il faudrait at- matiquement les l’Église unie du Christ. acquis mais garde espoir, tu es tribuer ce triste ca- la valeur.” copies de ses élèves Les séminaristes du He- Après six ans de travail quelqu’un de bien », des « c’est hier des char ges ? mais que le cor- bei (Chine) font grève de- commun, ils ont approuvé vraiment pas ça mais on t’ai- Car c’est à eux qu’il revient recteur soit parfois un tiers, puis le 11 novembre. Ils re- le 23 novembre dernier la me quand même » ? d’attiser la curiosité de l’en- comme au bac ou au brevet. fusent la nomination par reconnaissance mutuelle fant, de lui montrer l’intérêt de De même, certains commentai- le Bureau des affaires re- du baptême de ces diffé- Un débat sans fin ce qu’il apprend, de lui donner res dévalorisants et franche- ligieuses et ethniques du rentes Églises chrétiennes. Lorsque les tenants de la sup- les méthodes qui lui permet - ment pas pédagogiques doi- vice-recteur du séminai- pression des notes se rendront tront de réussir, de l’aider à vent être bannis des copies. re, Tang Zhaojun, un fonc- REPRÉSENTATION compte qu’un smiley avec l’air surmonter l’échec. Une note Il s’agit en somme, et ce n’est tionnaire non-catholique Cardinal au sommet fâché ou un « absolument pas n’est somme toute qu’un chif- pas nouveau, de tirer le meilleur du gouvernement. acquis » disent autant qu’un fre, elle n’est pas un jugement de l’élève, de valoriser les réus- Le cardinal Bertone, Se- 5/20, que l’élève n’a pas ap- sur la personne et n’est en tout sites sans nier les échecs. Il est AMÉRIQUE crétaire général du Vati- pris sa leçon, il faudra tout re- cas pas responsable de l’échec patent que la suppression des Unité can, a participé au som- commencer et l’on voit déjà la ou de la réussite de l’enfant notes ne ferait qu’empirer la si- met de l’Organisation pétition de 2015 : «Appel pour puisqu’elle ne fait que les si- tuation car c’est entrer dans Les évêques catholiques pour la Sécurité et la la suppression des smileys à gnaler. Pour l’Association des une logique où toute forme des États-Unis étaient Coopération en Europe l’école ». Le débat n’est pas nou- Parents d’élèves de l’Enseigne - d’évaluation est vue comme réu nis à Baltimore avec les 1er et 2 décembre à As- veau, il refait surface de temps ment libre (APEL), il est clair stigmatisante. Et Dieu sait com- les représentants de l’Égli- tana (Kazakhstan). Il a in- à autre, donnant parfois à ces que la solution au problème de bien on stigmatise aujourd’hui se presbytérienne des sisté sur la place centrale tristement célèbres « notes » une l’évaluation ne réside pas tant toute forme de stigmatisation… États-Unis, l’Église réfor- de la dignité humaine. importance qu’elles ne devraient dans la suppression du systè- ◆ L’Homme Nouveau 14 ACTUALITÉS N° 1483 du 18 décembre 2010

REVUE DE PRESSE CÔTE D’IVOIRE ◗ Un remède à la crise « Alors que dans plusieurs pays de l’Union européenne le salaire des fonctionnaires a Des élections à été diminué (…), les émoluments des fonctionnaires de l’Union augmenteront de 3,7 % ! (…) Les chefs d’État et de gouvernement voulaient rebondissements limiter cette hausse à 1,85 % : la Commis- sion s’y est opposée, maintenant les 3,7 %. Ce qui démontre clairement que ce ne sont Les élections présidentielles en Côté d’Ivoire du 28 novembre dernier pas les politiques qui décident mais cette ont dévoilé la véritable personnalité du Président sortant, Laurent entité bureaucratique qu’est la Commis- Gbagbo. Attaché au pouvoir avant tout, il était prêt à tout pour rester. sion… » Un scandale quand on sait la crise financière que traverse l’Euro pe et qui n’em- pêche pas le Président de l’Union européen- Alain Chevalérias aussi l’enfant chéri du ne de déclarer « que l’euro et l’Union euro- Parti socialiste français. péenne jouaient leur “survie” ». Le 28 novembre, encore On peut penser son ra- 29 novembre-5 décembre convaincu de l’emporter, Lau- dicalisme anti-musulman rent Gbagbo, Président sor- destiné à se rallier les tant de Côte d’Ivoire, laisse Akans, pour compenser se dérouler le deuxième tour la faiblesse numérique ◗ Adoption des élections présidentielles. de sa tribu d’origine, les Interrogé sur les difficultés de l’adoption, le Le 29, il veut invalider les votes Bétés, qui ne représen- psychiatre Pierre Levy-Soussan met en lu- de régions favorables à son tent que 5,7 % de la po- mière bien des difficultés générées par la concurrent. Le 30, ses parti- pulation du pays. Ce com- mentalité occidentale et les enjeux psycho- sans empêchent la proclama- portement suscitera une logiques de cette démarche. « Il existe des tion des résultats par la com- Gbagbo (à gauche) et rébellion du Nord, à ma- échecs définitifs dont on parle peu : au mission électorale. Ouattara : l’heure n’est plus jorité musulmane, en sep- moins 2 % des enfants adoptés sont pure- Le 2 décembre, cette dernière aux congratulations tembre 2002. Il faudra ment et simplement “rendus” à l’Aide socia- réagit et annonce la victoire du l’intervention diploma- le à l’enfance ». En effet, musulman Alassane Ouattara, À cette réalité s’en juxtapose tique de la France et l’envoi de toutes les familles ne sont adversaire de Gbagbo et an- une autre, celle des tribus. In- 4 600 soldats français placés en pas armées pour adopter. cien fonctionnaire du FMI, avec stallé dans le sud et l’est, le force d’interposition pour ra- Pour lui, on ne peut pas toujours « satisfaire 54,1 % des suffrages. Le Pré- groupe des Akans, fortement mener la paix. ce désir d’enfant qui est en train de se trans- sident sortant ne se démonte christianisés, constitue 40 % Gbagbo comptait bien sur l’ani- former en droit ». Remettant en cause «la pas, et le 3, il se fait proclamer de la population et compte dans mosité des Akans, plus parti- dictature des origines biologiques », il ex- vainqueur par le Conseil consti- ses rangs la puissante tribu des culièrement des Baoulés, contre plique : « Plus personne ne sait ce qu’est une tutionnel à sa dé- Baoulés (25 % des les musulmans, pour se faire famille alors on se raccroche aux liens du votion. Ivoiriens). réélire. Mais, ancien Président sang. (…) On fait croire (aux adoptés) que Toutes les ins- “L’amour du Jusqu’à sa mort en et d’ethnie Baoulé lui-même, leurs “origines” sont une simple som me tances de la com- 1993, la Côte Konan Bédié, un autre candi- d’informations, alors qu’un nom, des dates munauté interna- pouvoir guide d’Ivoire bénéficia dat vaincu au premier tour, ne jetées sur une feuille n’ont en soi aucun tionale, Nations de la sagesse de l’entendait pas de cette oreille. sens, aucun pouvoir “originaire”. (…) C’est unies en tête, sou- Gbagbo.” son Président et Il a appelé ses électeurs à vo- aux parents adoptifs (…) de l’inscrire dans tiennent Ouatta- « père » de l’in- ter pour Ouattara. leur propre histoire, dans leur propre désir. » ra, le musulman dépendance, Félix Cette affaire présente des as- 2 décembre élu à la majorité. Gbagbo s’en- Houphouët-Boigny. Il sut à la pects positifs. D’une part dans tête, ferme les frontières et in- fois faire de son pays le plus un pays d’Afrique noire, le Pré- terdit la diffusion des médias riche de la région, en misant sident n’est pas élu avec 95 % étrangers. Pire, le 2, huit per- sur le développement, et évi- des suffrages, voire plus. D’autre ◗ Ça existe encore ! sonnes sont tuées dans l’at- ter les conflits interethniques. part, des électeurs ont dépas- « Qui sont donc ces Français sans télévi- taque nocturne d’une perma- Gbagbo n’a pas les mêmes scru- sé leurs clivages ethniques, en sion ? » s’interroge Le Figaro. « C’est à une nence de Ouattara à Abidjan. pules. Élu à la Présidence en votant pour un représentant de tribu méconnue que le sociologue Bertrand octobre 2000, il instrumenta- l’ennemi du passé, un musul- Bergier a décidé de s’intéresser, celle des Soutenue par la France lise les différends tribaux et re- man. Reste l’amour du pou- 2 % de la population fran- Pour comprendre le fonction- ligieux. Ainsi, converti, com- voir, qui guide Gbagbo au point çaise qui ne regardent pas nement de Gbagbo, il faut sa- me sa seconde épouse, Simo- de s’aliéner la planète entière la télévision. (…) On moque voir que la Côte d’Ivoire est née ne, au protestantisme des mis- et de mettre son pays en dan- ◆ parfois leur archaïsme et le du soutien de la France aux po- sionnaires américains, il est ger. déficit supposé de socialisation de leurs en- pulations animistes en guerre fants. » Pourtant, les chiffres parlent d’eux- contre l’empire de Samory, En mouvement mêmes : « Les sans-télé sont le plus souvent conquérant esclavagiste musul- diplômés du supérieur (…) ». Ils «sont aussi man. En 1898, nos troupes mi- PROCÈS rent un terme à ses ambitions. plus cultivés et sociables que la moyenne. Le procès de Thierry Dève-Oglou, meurtrier d’Anne- Mais la jeune Côte d’Ivoire (…) Dans les milieux bourgeois ou intellec- Lorraine Schmitt, s’est tenu les 13, 14 et 15 décembre. n’en englobait pas moins, au tuels, se passer de télévision pourrait bien L’homme était déjà connu pour plusieurs crimes dans des nord, une forte minorité mu- être du dernier chic ». circonstances semblables lorsqu’il a assassiné cette jeu- sulmane, au sud et à l’est, une ne fille à coups de couteau dans le RER D le 25 novembre 30 novembre population animiste en voie de 2007 parce qu’elle refusait de se soumettre à lui. christianisation. L’Homme Nouveau N° 1483 du 18 décembre 2010 ACTUALITÉS 15

ÉCONOMIE REVUE DE PRESSE ◗ Les Chinois débarquent Le 4 novembre, le Président chinois Hu Jintao Small is beautifull rencontrait le maire de Châteauroux et sé- nateur de l’Indre Jean- La sortie d’un film inspiré du livre de E.F. Schumacher est l’occasion de François Mayet… Ils ont pla- revenir sur cette théorie qui replace l’homme et la dimension humaine nifié « l’implantation, à par- tir de 2012, de quarante en- au cœur de l’économie. treprises chinoises sur un emplacement de la communauté d’agglomération castel- Alexis Arette part, la F.F.A., avec mon assen - roussine ». Le maire explique : «On s’enga- timent, cautionna la jeune ge à fournir 850 hectares de terrain et les Small is beautifull a été Coordination Rurale qui, après Chinois s’engagent à implanter des entre- traduit par « Ce qui est pe- de remarquables actions spec- prises qui devront créer 4 000 emplois sup- tit est bel et bon ». Et c’est taculaires, perdit son crédit, lors- plémentaires d’ici cinq ans. » L’article pour- sous ce titre que les éditions du que, ayant programmé le siège suit : « Ces emplois seront destinés à 80 % Seuil ont publié en 1973 les de Paris, elle refusa d’entrer en à des Français. (…) Châteauroux devrait de- essais de l’économiste britan- force dans la capitale. Si sur le venir la plus grande plate-forme écono- nique Ernst Friedrich Schu- plan électoral elle progresse lé- mique entre la Chine, la France et l’Euro- macher, avec en sous-titre : gèrement, on l’entend trop peu pe ». Merci la mondialisation ! On espère « Une société à la mesure de pour qu’elle ait prise sur les que les Français de Châteauroux aiment l’homme ». On vient d’en ti- évènements et elle semble avoir bien les nems… rer sous le même titre, un film E.F. Schumacher propose perdu sa capacité d’invention. 25 novembre qu’il importe de signaler, tel- dans son essai une éco- Il existe certes quelques ini- lement il est à contre-courant nomie révolutionnaire. tiatives, comme celles des « Jour- ◗ du « national-fatalisme » qui nées paysannes » qui entre- Immigration contrôlée a subjugué les nations euro- arguments à la paysannerie de tiennent l’esprit d’une certai- « Les Suisses ont approuvé dimanche péennes pendant les 50 der- l’avenir. Mais le problème est ne résistance, quelques jour- l’initiative de l’UDC sur l’expulsion automa- nières années. de savoir de quels moyens nous naux, le meilleur étant celui de tique de criminels étrangers (…) avec 52,9 % Le programme développé par disposons pour activer la réaction, Brunetière, l’Action Rurale, des voix contre 47,1 % de non. » Si Amnesty Schumacher est trop semblable et faire plier les gouvernements dont il faut souligner autant International parle de « jour- à celui que nous avons défen- « démonocrates ». Il semble, l’obstination que la qualité. née noire pour les droits hu- du à la Fédération française de hélas, que les syndicats non ré- Quant au monde écologique, il mains en Suisse », l’UDC l’agriculture (F.F.A.), pour que gimistes, ne disposent plus que est tellement tiré à hue et à dia, (Union Démocratique du je n’aie point quelque plaisir à de faibles moyens, s’ils s’en entre une droite parfois ro- Centre) se réjouit de ce que « le oui du en relever les grandes lignes. tiennent aux « méthodes tolé- mantique, et une gauche natu- peuple » soit « un premier pas vers le ren- L’économiste insiste sur : 1. rées par le système ». La phra- raliste, qu’on ne peut s’en fai- forcement de la sécurité en Suisse. (…) Il ne L’importance prioritaire de se n’est pas de moi, elle est de re une idée exacte. s’agit nullement d’une fermeture systéma- l’homme en économie. 2. L’idée Michel Rocard, préfacier du Qu’est-ce qui nous a manqué tique. (…) L’immigration doit davantage être de la nature « capital naturel » livre de Lambert : Les paysans pour que se soit constitué un déterminée par les besoins de l’économie. (traiter la nature comme un ca- dans la lutte des classes ! De- puissant élément de recueil, La politique d’asile doit être strictement li- pital à préserver, et non pas à puis, comme Rocard, les syn- prêt à intervenir quand le pou- mitée aux authentiques réfugiés (…) ». Le « exploiter »). 3. Respect de l’in- dicats contestataires ont subi les voir s’étalera dans les ruines ? Centre en France est bien loin de tout cela, ce tégrité environnementale. 4. aléas du temps. La réponse se tient dans ce n’est certes pas Bayrou qui en ferait autant. Économie de la permanence Ainsi la Confédération natio- constat historique de Jimmy 30 novembre (ce que nous appelions le nale des syndicats d’exploi- Goldsmith : « Toutes les so- « faire-valoir », et que d’autres tants familiaux (le Modef), très ciétés humaines ont besoin d’un nomment « agriculture du- inféodé au parti communiste, engagement spirituel, sinon, ◗ rable »). 5. Décentralisation et encore que le journal La Ter- elles ne sont que des machines Drôle d’éthique objectif d’autosuffisance ! re fut très bien fait, a suivi le à calculer. » Interrogée sur l’utilisation des cellules déclin du parti. Les travailleurs En somme, il nous a manqué souches embryonnaires, Louise-Marie Les retombées paysans de la Confédération une Fédération nationale des Marton, présidente de l’association Hunting- Je n’ai aucun renseignement nationale des syndicats de tra- paysans chrétiens. Elle était ton France, qui soutient les recherches sur sur l’influence qu’a pu exercer vailleurs paysans (CNSTP), possible il y a un demi-siècle. cette maladie héréditaire extrêmement gra- Schumacher sur certains hom- qui après plusieurs mutations Mais l’Église de France avait ve qu’est la maladie mes d’affaires, comme le mil- donneraient la Confédération choisi d’épouser le monde. Et de Huntington, explique : liardaire Jimmy Goldsmith, qui paysanne, n’ont aucune unité ses enfants ont été ceux du « Je suis moi-même catho- fut un instant le mécène de la doctrinale. Et ils comptaient monde ! ◆ lique et je sais bien que la jeune « Coordination Rurale ». trop sur l’avènement socialis- 1.Jimmy Goldsmith, Le Piège, Éd. recherche sur cellules souches embryon- Mais la conversion de ce der- te pour n’avoir pas subi le Fixot, 200 p., épuisé. naires pose des problèmes éthiques, mais nier à une « économie humai- contrecoup de son incapacité 2. Jimmy Goldsmith, La Répon- quand on souffre d’une maladie si lourde, Éd. Fixot, 246 p., épuisé. ne » tout à fait similaire à cel- aux affaires. Après mon dé- se, de génération en génération, on ne se pose le de son compatriote britan- pas ce genre de questions. De toute façon, nique, est très clairement ex- ces embryons, qu’ils soient issus d’une IVG primée dans ses ouvrages Le Pour aller plus loin ou qu’ils soient surnuméraires, sont desti- piège (1) et La réponse (2), qui fin d’approfondir le sujet, lire le nés à être détruits : autant qu’ils servent en même temps pulvérisent les livre de Joseph Pearce, Small is tou- à quelque chose… ». Heureusement qu’elle prétentions des synarques eu- Ajours beautifull paru aux éditions a précisé qu’elle était catholique ! ropéens. de L’Homme Nouveau (372 p., 29 €). Voir 30 novembre Je ne puis recenser ici les ou- le bon de commande p. 27. vrages réactifs qui donnent des L’Homme Nouveau 16 CULTURE chrétienne N° 1483 du 18 décembre 2010 Le choix de votre quinzaine

Le théâtre La biographie L’exposition La vie, Fantôme Une vie la mort… de l’Opéra offerte il fallait une seule on, les jeunes PAR REYNALD SECHER raison d’aller voir communistes ne S’cette toute pre- N furent pas les mière adaptation au seuls à entrer dans la Sépulture des saints Côme et Damien théâtre du célèbre roman résistance et à mourir et de leurs trois frères (v. 1438). de Gaston Leroux, ce se- face à l’Occupant pen- rait d’y admirer le très dant la Seconde Guerre l est tard et je suis à mon bureau. grand talent de comé- mondiale, comme vou- Trésor L’Avent est là, Noël proche. dienne d’Alix Bénézech. drait à nouveau nous le La nuit s’est installée autour de moi, à Henri Lazarini a raison faire croire la lecture de des Médicis peine troublée par le fort halo de ma lam- de souligner que c’est un certains textes imposés pe de travail. Au loin, dans le village, les lumières des d’en haut. La lumineuse u Musée Maillol, I vie « offerte » d’Agnès une passionnante décors scintillent de leurs mille feux. Tout est incroya- blement paisible. Nul bruit ne se fait entendre. de Nanteuil, si puissam- A exposition retrace ment évoquée par l’histoire de cette famille Le téléphone sonne, je décroche… Christophe Carichon, en italienne qui donna deux C’est mon amie Gislaine, « dame Gigi » comme on la est une preuve éclatante. reines à la France (Cathe- surnomme affectueusement, la fondatrice de la troupe Issue d’une famille pro- rine puis Marie de Médi- des Brigands du bocage. En quelques phrases précipi- fondément catholique et cis) et deux papes à Ro- tées et joyeuses comme à son habitude elle m’explique monarchiste, Agnès me (Léon X et Clé- « Je fais un livre sur les enfants l’objet de son appel : de Nanteuil a grandi au ment VII). Leur mécénat et la Vendée. Peux-tu m’écrire quelques lignes ? » . Je « sujet fantastique pour rythme d’une éducation s’étend du XVe au XVIIIe suis saisi… et balbutie quelques mots à peine audibles la scène ». Le Fantôme chrétienne faite de maî- siècle, révélant leur cul- tellement ma gorge est serrée. Je suis submergé. de l’Opéra marque la fin trise de ture étendue et ouverte. Je pense à tous ces enfants au destin fracassé, noyés, du romantisme. C’est une soi et de Protégeant les artistes et fusillés, guillotinés, sabrés. J’entends ces cris. Je vois pièce sur l’appel déchi- vie de les savants, ils ont encou- ces larmes. Je lis l’incompréhension, l’interrogation, le rant de la métamorphose, prière. ragé l’art et la connais- désespoir dans ces regards d’innocents. quand la vie cherche à Le scou- sance, laissant derrière Je pense à mon ancêtre qui, désobéissant à sa mère, est s’extraire des filets de la tisme eux un patrimoine d’une allé recueillir le dernier soupir de son père sur le champ mort, quand l’enferme- constitue richesse inouïe. Une sé- de bataille à la Garnache et n’a jamais revu sa famille. ment de la laideur, tel pour elle lection de 150 œuvres Je pense à ce bébé Mabileau (1), écrasé par une bûche Quasimodo, appelle la une puis- (peintures, sculptures, méchamment posée par un Bleu sur sa pauvre poitrine délivrance de la beauté, sante dessins, orfèvreries, mo- sous le regard de son frère caché à l’orée du bois dont quand désespérément ce- matrice bilier, codex enluminés, les descendants se transmettent religieusement le sou- lui qui n’a jamais été ai- qui l’aide à devenir une manuscrits, instruments venir. mé voudrait s’emparer de adulte qui saura faire de musique…) invite à Je pense aux 110 enfants martyrs des Lucs-sur- l’amour. Tout se joue au- face aux difficultés. découvrir leur goût. Pos- Boulogne pour lesquels nous demandons la béatifica- tour de la musique et du L’effondrement de la sédant des richesses fi- tion. Je pense à cette folie révolutionnaire. chant, dans cet indicible France et l’Occupation nancières considérables, échange des voix, avec lui offrent la possibilité Cosme l’Ancien est à Je pense à Verdun, aux tranchées, aux mitrailleuses, cette atmosphère tout à de servir jusqu’au bout. l’origine du Trésor. Il ces grandes faucheuses. Je pense à Charles Péguy. fait singulière créée par Agent de liaison, arrêtée collectionne les antiques Je pense au docteur Dor, à la Marche pour la vie. le décor, l’éclairage et et torturée, héroïquement mais s’intéresse aussi à Je pense que si tous les enfants aiment leurs parents, la l’émotion des présences silencieuse, elle meurt l’art de son temps illustré réciproque n’est pas vraie. que seul peut rendre le dans la ville du Sacré- par un splendide panneau Je pense que si tous les hommes aiment leur patrie, la théâtre. Ce n’est pas tant Cœur alors que son de Fra Angelico tout en réciproque n’est pas vraie pour l’État qui l’incarne. l’intrigue qui fait l’intérêt convoi y est arrêté. douceur, à la coloration Un bruit ! Je sursaute. Tristan, mon fils aîné est devant de ce spectacle, mais da- Christophe Carichon subtile représentant la sé- moi, illuminé de joie, pour son baiser du soir : nous vantage son orchestration révèle par cette biogra- pulture des saints Côme sommes le 2 décembre et il a eu 18 ans ce jour même. visuelle. phie une jeune fille au et Damien. À ne pas La vie est vraiment plus forte que la mort. La neige Pierre Durrande cœur pur et à l’âme manquer ! s’est mise à tomber. C’est Noël et l’Enfant Roi plein Théâtre 14, 20, av. Marc droite. À lire ! Geneviève Bayle de vie et d’espérance me sourit affectueusement dans Sangnier, Paris XIVe. Jus- Stéphen Vallet Musée Maillol, 61, rue ma crèche de livres aux reliures multicolores. ◆ qu’au 1er janvier, ma., vdi, Christophe Carichon, de Grenelle, Paris VIIe. sam. à 20 h 30 ; mer., jdi Agnès de Nanteuil, Rens. : 01 42 22 59 58. www reynald-secher-editions.com à 19 h ; sam. à 16 h. Rés. : 1922-1944, une vie offer- Ouvert ts les jrs. 10 h 30 *En souvenir, Hervé, son descendant en ligne directe, compagnon du 01 45 45 49 77. te, Artège, 208 p., 18 €. - 19 h Jusqu’au 13 fév. devoir, a réalisé pour son œuvre la margelle du puits du Mémorial du génocide des Vendéens à La Chapelle Basse-Mer. L’Homme Nouveau N° 1483 du 18 décembre 2010 CULTURE chrétienne 17

La religion Le CD L’essai La télévision Le cinéma Écrits In Para - La science Le Petit Another spirituels disum revisitée Prince year l n’est pas trop tard a maison Decca, à n peut reprocher à a retraite pour Tom et pour offrir ce deuxiè- la recherche des Staune son mépris Gerry (ce sont leurs I me volume des écrits L meil leures inter- O absolu pour le L noms !) est pour de Benedictus, alias dom prètes féminines de gré- créationnisme, sa manie bientôt, et leur vie est har- Gérard Calvet, fondateur gorien, a choisi parmi 70 de casser du sucre sur le monieuse, entre leur tra- de l’abbaye Sainte- communautés l’abbaye dos de tout le monde, on vail, leur petit jardin et Madeleine du Barroux. bénédictine du Barroux, peut déplorer sa concep- leurs amis. Parmi eux, il y Pendant que vous y êtes, Notre-Dame de l’An- tion du spirituel comme a Mary, une femme céli- associez-lui le premier nonciation. Le respon- seule quête du sens de bataire entre deux âges. sable du label, Tom Le- l’univers, et le trouver ឭឭឭ Ce film choral de wis, fort peu soucieux des ne fois encore, Mike Leigh est un petit s’est choses de l’éthique… l’ignoble Serpent bijou. Par petites touches, en ef- Mais on ne peut qu’ap- U sème la zizanie le cinéaste, aidé de sa fet précier sa vision d’une dans l’univers, avec l’ai- bande de comédiens habi- aperçu science qui ne soit pas de de ses Idées Noires. tuels, tous sensationnels, que réduite à la seule effi- Flanqué de son ami le re- nous fait partager la vie plus cience et l’on ne sort pas nard, le Petit Prince quit- quotidienne de ce couple leur clôture est respec- indemne de cet exposé te sa planète et sa Rose et de leurs amis, au ryth- tée, plus leur chant est magistral sur le scientifi- pour voir ce qui se passe. me des saisons. C’est beau. Il a donc opté pour quement correct, de ces ឭឭ Cette production de souvent drôle, parfois volume dont nous avions « celles qui voulaient analyses de sujets aussi prestige n’est pas une touchant, et les scènes de déjà parlé. Ce sera un qu’on les laisse tran- adaptation de Saint- groupe sont parfaitement cadeau magnifique, à quilles mais dont la mu- Exupéry, mais une conti- maîtrisées. Le lent glisse- destination des jeunes sique était incroyable, nuation des aventures de ment du personnage de adultes notamment. mystérieuse, antique et son jeune héros en 52 Mary, qui a bien du mal à Homme de prière par inchangée ». Le résultat, épisodes. Les décors sont gérer ses émotions et for- vocation, dom Gérard époustouflant, est aussi de toute beauté et l’histoi- ce un peu sur la bouteille, était aussi un écrivain dû aux talents de direc- re est assez plaisante. est dessiné avec beaucoup dont la plume était puis- tion de Claude Pateau Mais les puristes risquent de finesse. Ce film, d’une samment évocatrice, fille (Schola Saint-Grégoire) de trouver que cette habi- rare subtilité, balance à la fois de Péguy, de et d’Anna Barry, pro- le modernisation se fait entre rire et émotion, Thibon et des frères ductrice chez Decca. Le au détriment de la poésie, tendresse et cruauté, Charlier. Animé par une thème des disciples délicats que l’évolution, de la naïveté et du charme à l’image de la vie. belle musique intérieure, d’Emmaüs est le fil le réchauffement clima- du livre. Surtout, cer- ឭឭ Il y a beaucoup de le fondateur de Sainte- conducteur des 20 piè- tique, les OGM ou le taines modifications chaleur humaine et d’at- Madeleine était aussi un ces grégoriennes propo- nucléaire. Staune nous (dans l’apparence du jeu- tention aux autres chez ce vrai poète qui allait à sées. Y figurent certai- livre les secrets profes- ne héros, un visage de couple qui respire le bon- l’essence des choses et nes habituellement chan- sionnels, les coulisses de femme dans la Rose, etc.) heur de vivre à deux. Mi- des êtres. Qu’il évoque tées par des hommes la « doxa » avec la risquent d’en désorienter ke Leigh excelle dans la les anges, Péguy, le psau- (Lamentations de Jéré- fougue d’un homme pas- plus d’un. Il reste que peinture des gens mo- me 118, les frères André mie, Graduel Christus sionné qui ne peut s’em- l’aventure est assez amu- destes, aux joies simples, et Henri Charlier ou le du Jeudi saint). Mais ici, pêcher de caser sa sante et ravira les petits. et son regard, plein de ten- Rosaire, il donnait à voir la beauté angélique de conception du capitalis- ឭឭ On retrouve toutes dresse, fait chaud au cœur. l’essentiel tout en élevant ces voix nous rappelle, me au milieu d’une tira- les qualités de cœur et de Gabrielle Fonval les sens et l’âme. La comme le dit mère ab- de sur la structure des courage du jeune héros, Comédie dramatique bri- magnifique préface de besse Placide Devillers, révolutions scientifiques, toujours prêt à se lancer tannique (2010) de Mike Bernard Antony rappelle que dès le Moyen-Âge parce qu’il a toujours au secours des autres, Leigh (2 h 09). Sortie le toutes les qualités et la les moniales chantaient quelque chose à dire sur même s’il doit, pour cela, 22 décembre. (Ado.). profondeur de cet ouvra- le grégorien. Et que tout. Il est agaçant, nous faire appel au fantastique. ge, « lumineuse fresque c’est encore aujourd’hui pousse dans nos retran- Gabrielle Fonval de l’harmonie catholique leur prière et leur joie, chements. C’est pour Film d’animation (2010) du vrai, du beau et du qui nous sont communi- cela qu’il faut le lire. d’Alexandre de la Patel- bon ». Philippe Maxence quées par ce CD. Adélaïde Pouchol lière, Matthieu Dela- Dom Gérard Calvet, Benoît Sénéchal Jean Staune, La science porte et Romain van Benedictus, Écrits spiri- Decca (Universal), 18 € en otage, Presses de la Liemt (0 h 56). France 3, tuels, t. II, Éd. Sainte- env. Renaissance, 370 p., le samedi 24 décembre Madeleine, 586 p., 25 €. 22 €. à 20 h 35. (Tous). L’Homme Nouveau 18 CULTURE chrétienne N° 1483 du 18 décembre 2010

◗Patrimoine Georges Darien, le frère perdu de Bloy

la foi, la foi comme l’explosif qui fait sau- taires. Georges Darien écrivait en 1900. Écrivain, journaliste, ter le monde. L’un attend la Révolution Il ne connaissait évidemment pas la dou- Georges Darien (1862- et l’autre l’Apocalypse dans le même sen- ceur de vivre dans une société de consom- timent d’extase et de tremblement. Ôtez mation et de spectacle comme la nôtre. Ce 1921) fut, un temps, à Bloy la foi, vous avez Darien. Donnez révolutionnaire qui reprochait à ses core- la foi à Darien, vous avez Bloy. ligionnaires leur mollesse, leur tolérance révolutionnaire pour voir et leurs bavardages, cet anarchiste impa- l’abolition de la souffran- Un polémiste à sang chaud tient était avant tout un patriote. Il faut Georges Darien n’est pas de ces songe- être un sacré optimiste pour croire qu’on ce humaine. Pamphlétaire creux d’intellectuels, de ces chercheurs qui peut changer la nature humaine et la chan- dissertent et dissèquent à froid et à qui mieux ger sur une grande échelle. Non seule- vigoureux, il dénonça mieux, mais de ces polémistes à sang ment quelques prédestinés par-ci par-là, « l’hypocrisie, l’impostu- chaud qui se servent d’une plume comme mais tout un peuple. Jeanne d’Arc a ré- d’un bâton ou d’une épée, de la race de veillé son peuple pendant un an ou deux, re, la sottise, la lâcheté » ces croyants fanatiques qui croient avec puis il s’est rendormi. fureur ou cherchent en gémissant, de ces qui, déjà, défiguraient athées qui nient et doutent avec l’énergie Le salut la belle France. Il de la France Mais une nation, dira-t-on, c’est autre cho- manqua à cet anticonfor- “C’est à la se qu’un simple individu. C’est à la fois miste la foi d’un Léon plus et moins. Le salut des nations n’est France et de la que de ce monde, disait Richelieu, à quoi Bloy, son frère ennemi. Péguy répondait que son salut de chrétien France que était indissolublement lié à son salut de Français. Et qu’enfin ce n’était pas pour Darien parle.” rien que Louis XIII avait dédié la France à la Vierge. Une nation peut être grande même si la masse de ceux qui la compo- de l’espoir et du désespoir, sent est telle que l’observe un moraliste car, quoi qu’on fasse, il ne misanthrope. C’est vrai. La grandeur tem- faut jamais le faire à moi- porelle ne recoupe pas nécessairement la tié, même si l’on ne fait rien grandeur spirituelle. Eh bien, regardons- du tout. En fait Georges Da- la bien cette France. Mais d’abord existe- rien fait partie de cette pe- t-elle encore ? L’apercevons-nous au bout tite tribu d’incendiaires qui de notre lorgnette cent ans après que Da- de toute éternité ont décla- rien a écrit ses pamphlets ? La France ci- ré la guerre au monde, com- devant fille aînée de l’Église n’est ni à l’ai- me l’ont fait en leur temps se ni à sa place dans le monde moderne. les prophètes, les apôtres, Peut-être n’est-elle pas faite pour lui ni les martyrs et les confes- lui pour elle, et devrait-elle employer seurs. C’est pourquoi je toutes ses forces à le rejeter et à orienter l’appelle un Bloy sans Dieu, l’histoire dans un autre sens ? Encore mais non sans feu, et mê- faudrait-il qu’elle se souvînt de sa voca- me un Bloy contre Dieu, ce tion spirituelle et de son histoire. C’eût qui ne le rend pas moins été son génie de nation paysanne, mili- Où donc a disparu la France des cathédrales et de la terre, si bien symbolisée fort ni moins furieux. taire et chrétienne, au lieu de vouloir sin- par la cathédrale de Chartres, reine de la Beauce ? C’est avant tout à la Fran- ger une nation commerçante, capitaliste ce et de la France que Da- et protestante comme l’Angleterre. Où est rien parle. C’est elle qu’il cette France-là ? Elle a disparu avec la Gérard Joulié veut remettre sur les rails comme la bon- marine à voile, les crinolines, la redingo- ne locomotive qu’elle devrait être, mais te, le haut-de-forme, l’étalon-or et la trac- Qui est Georges Darien ? Un pamphlétaire les rails et la destination de quel progrès ? tion hippomobile. révolutionnaire de la fin du XIXe siècle ; Car chaque peuple a une mission, et s’il Le pamphlet et la polémique sont des un fils de la Commune, un homme dan- y déroge, il cesse d’exister, du moins sur genres éminemment français. La France gereux pour la tranquillité du bourgeois un plan spirituel. Il n’est plus qu’un agré- est, comme Chesterton l’a observé avec quand ce dernier était encore le maître in- gat d’individus lancés dans la course au une pointe d’envie admirative, un pays de contesté du monde sous sa forme plus ou bien-être et au confort et sur qui se jette duellistes et de frondeurs. Rabelais, Vol- moins humaine. Darien, c’est Bloy, moins la plèbe des marchands et des publici- taire, de Maistre, Veuillot, Hugo, Barbey, L’Homme Nouveau N° 1483 du 18 décembre 2010 CULTURE chrétienne 19

Rochefort, Baudelaire, Bloy, Zola, Da- appelaient l’arbitraire du roi, la ty- rien, Daudet, Maurras, Bernanos, Céline, rannie du pouvoir ou le despotisme En poche Paraz, Hecquet, de Roux, Hallier, tous à des prêtres, justement pour établir le un moment ou à un autre se sont senti des droit de critiquer et de blâmer tout démangeaisons de troquer la plume contre ce qui était blâmable et de condam- HISTOIRE l’épée, et ne pouvant pas le faire depuis ner tout ce qui était condamnable au Louis XVI ou la les fameux édits promulgués par Riche- tribunal universel de la morale et de lieu (encore que Veuillot ne se soit pas gê- la raison. Et bien sûr comme tou- tragédie de la vertu né de défendre ses idées et son honneur jours dans les révolutions les mieux Gérard Bedel de Français et de chrétien avec la pointe intentionnées, on finit par s’aperce- Préfacé de son épée), c’est à la plume qu’ils ont voir qu’on a remplacé des borgnes par le prin- confié, contraints, leurs mépris, leurs dé- par des aveugles et des vessies par ce goûts et leurs colères. Et si chez nous la des lanternes. Sixte- droite est plus riche en polémistes et en Le consensus est le nouveau dogme Henry de frondeurs que la gauche, c’est tout sim- incontournable. La polémique est in- Bourbon- plement parce que celle-ci va dans le sens terdite. Les psys se chargeront de Parme, ce petit livre de de l’histoire et qu’elle n’a désormais plus faire entendre raison aux gens de moins de cent pages qu’à se laisser dériver au fil de l’eau com- mauvaise humeur, aux moralistes ré- comprend le texte d’une me un cadavre. Car il n’y a que les vivants trogrades, aux prophètes de mauvais conférence prononcée qui réagissent. augure. Le bonheur de vivre sera par l’auteur en janvier obligatoire du nord au sud et de l’est dernier et qui s’attache à à l’ouest. On ne tolérera plus ni la L’absence porter un jugement sur fronde ni la ronchonnerie. Plus de de toute critique l’action politique du roi Prenons comme exemple de cette dégra- conspirations et plus de révolutions. Louis XVI sans jamais se dation du goût, du jugement et des facul- Enfin l’humanité sera un peuple sans détacher d’un profond tés raisonnantes de l’homme la critique histoire et sans mémoire. Car qu’est- respect pour cette figure littéraire. Aujourd’hui parler d’un livre, ce que l’histoire sinon la mémoire de martyr. Gérard Bedel c’est en faire la réclame (on dit la pub et des guerres et des conflits qui oppo- s’inspire en conclusion la promo). Qui se soucie encore de nous saient tribus et nations ? des notes de Jacques expliquer ce que contient un livre et quel Bainville qui regrettait en est l’intérêt ? Quel « critique » ose en- Contre tout et tous paradoxalement que core porter un jugement sur la valeur d’une Au fond Darien est contre tout et Louis XVI n’eût pas été œuvre, autre que marchande, celle qui pa- tous. Aujourd’hui sa cible change- plus faible, ce qui aurait raît au hit-parade des meilleures ventes de rait. Mais il pointerait toujours le évité de mettre en œuvre la semaine ou du mois, opération qui ne bout de son fusil contre les gens as- les préceptes appris de nécessite de la part de l’esprit aucun tra- sis, les nantis, les planqués, les dor- ses maîtres. L’auteur a vail particulier ? meurs, les profiteurs, ceux de l’ar- fait suivre le texte de sa Cette négligence, cette incurie, cette dé- rière, comme on disait en 14, ceux conférence d’un poème mission vont, notez-le bien, de pair avec que l’Évan gile appelle les sépulcres historique pour le 25 le renforcement de la censure (correction blanchis. Darien appartient à la pe- août 1789 et d’un poème politique) dans tous les domaines. De- tite phalange de ceux qui comme La France, fille aînée de l’Église depuis le en l’honneur de la reine main on purgera les livres d’hier des mots Pascal veulent empêcher les hommes baptême de Clovis, a rejeté la religion et Marie-Antoinette, datant que l’esprit du jour jugera politiquement de dormir. la vertu, le jugement littéraire et la de la Restauration. À dé- incorrects. Demain un homme sera jugé Darien dénonçait le même mal que morale. couvrir. Aliette Bernard pour avoir écrit qu’une tasse est une tas- son frère ennemi Bloy : l’interdic- Via Romana, 94 p., 10 €. se, phrase qui semblera à quelques esprits tion par la correction politique et encore attentifs au sens des mots comme sociétés tout est permis sur le plan éco- humanitaire d’avoir des ennemis. Tout la plus « surréaliste » qui ait jamais été nomique, sur le plan philosophique les homme devait être désormais l’ami du HISTOIRE couchée sur du papier. Car si le critique bien-pensants veillent au grain, et mal genre humain. Au besoin on l’y contrain- littéraire s’abstient d’exercer son devoir penser est un crime passible de sanctions. drait. La guerre, civile ou étrangère, était Le Temps de Franco de juger, l’humanité elle continue, par N’auront une fois de plus du génie que un luxe que la Société et le Commerce ne Michel del Castillo l’entremise de ses clercs appointés et ga- ceux qui pensent comme nous. pouvaient plus se permettre. gés, d’exercer son jugement à l’endroit de Quand Bossuet, Bourdaloue ou Fénelon La lecture de ce pamphlétaire n’apporte- Espagnol ceux qui ne pensent pas comme l’on doit sermonnaient les grands, ils n’y allaient ra pas plus d’eau à notre moulin que de d’origine, penser au jour d’aujourd’hui. Il devien- pas de main ni de langue morte. Or s’il lumière à notre chandelle, mais elle nous venu en dra naturellement interdit moyennant une est relativement facile de dire aux rois rappellera que dans d’autres cantons aus- France par peine qu’il conviendra de fixer, de dire que leurs quatre vérités et de les convoquer au si des hommes creusent et frappent à coups rejet de l’Es- le roi est nu, surtout si c’est un président, tribunal de Dieu, il est autrement plus dif- de pic pour faire s’écrouler le Temple de pagne fran- ou que le peuple n’est pas le roi, même ficile d’y convoquer le peuple depuis qu’il Mammon. Un homme qui se lève et qui quiste, fa- s’il s’en est arrogé le titre, ni le troupeau s’est déclaré souverain. Donc exit la mo- dit à ses semblables leurs quatre vérités, rouchement le pasteur. Ces phrases, pourtant gram- rale de l’espace politique. Donc exit aus- c’est toujours un beau spectacle. Un hom- attaché aux maticalement correctes, ne correspondront si le dieu qui récompensait la vertu et qui me libre est un homme seul, et un hom- valeurs républicaines, Mi- plus aux critères de conformité et de bien- punissait le vice de l’espace politique. me qui dit ce qu’il pense est mis au ban chel del Castillo livre sur séance humanitaires édictées par la so- Donc exit le jugement littéraire, puisqu’on de la société. Comme cet Homme qui, il le général Franco un ou- ciété, puisqu’il est désormais entendu que ne peut pas plus juger les œuvres d’un y a deux mille ans, a vaincu le monde. vrage étonnant. Il le fait tout homme a du génie et que toute œuvre homme au tribunal des arts et des lettres ◆ avec le recul de l’Histoire, sortie de sa tête ou de ses mains est for- que ses actions au tribunal de la morale. le détachement des pas- cément un chef-d’œuvre sauf, naturelle- Porter un jugement moral ou littéraire est Georges Darien, L’Ennemi du Peuple, L’Âge sions du moment, avec la ment, celles, s’il en subsiste encore, de ceux devenu une atteinte à ces sacro-saints d’Homme, 186 p., 17 €. volonté de dresser un bi- qui ne pensent pas comme il faut. Les ré- droits de l’Homme dont ceux qui les ont Georges Darien, Voleurs !, Omnibus, 1 408 p., lan qui ne soit pas d’une 25 € (comprenant l’intégralité de ses romans). gimes dits totalitaires ont connu ces fa- inventés étaient bien loin d’imaginer à seule teinte, mais Georges Darien, Biribi, Éd. du Rocher, coll. contrasté, à l’image de la çons de faire, qu’ils nous ont léguées lors- quels usages ils seraient un jour réservés. « Motifs », 356 p., 7 €. qu’ils se sont effondrés, car si dans nos Car ils s’étaient rebellés contre ce qu’ils >>> Suite page 20 L’Homme Nouveau 20 CULTURE chrétienne N° 1483 du 18 décembre 2010

LITTÉRATURE Religion Tous les visiteurs En poche à terre ! >>> Suite de la page 19 Bienheureuse à 19 ans René Goscinny vie humaine. À ce titre, sa démarche, profondément Le 25 septembre dernier, Chiara Badano, mieux connue comme Chiara honnête, est aussi pro- Luce, a été déclarée bienheureuse par l’Église. Jeune fille charmante, fondément novatrice et, enthousiaste, elle est née et a grandi à Sassello, une petite ville du diocèse hélas, peu commune. d’Acqui Terme en Italie du Nord. À 17 ans, elle découvre qu’elle est attein- Michel del Castillo ne te d’une tumeur. Elle quitte ce monde la veille de ses 19 ans, le 7 octobre renie rien de sa pensée, 1990, répétant son oui inconditionnel à Dieu. Alors qu’est parue récem- mais il cherche à com- ment une biographie de la nouvelle bienheureuse, le père Daniel Ange prendre. Écrivain, il par- revient sur ce moment solennel qu’a été sa béatification, empreinte d’une On ne présente pas René vient ainsi à mieux saisir joie céleste, proche de celle de la Nativité. Goscinny. En revanche, l’Histoire que nombre mesure-t-on à quel point d’historiens profession- toile de première grandeur que cette béa- jeunes qui recouvraient le cirque des collines les bateaux tinrent une pla- nels. Retraçant la vie tification de Chiara Luce. En effet, raris- tout autour. Instant d’éternité et d’intense émo- ce importante dans sa vie ? de Franco, le suivant pas É simes les jeunes non martyrs ainsi glori- tion, comme à la messe d’action de grâces du C’est sur un bateau qu’il à pas dans les grandes fiés par l’Église. Mis à part les enfants Domi- lendemain dans la basilique Saint-Paul hors- rencontra sa femme, et sur étapes de sa vie, depuis nique Savio, Laura Vicuna, Jacinta et Francis- les-murs, lorsque le cardinal Bertone a lu la bé- les flots qu’il trouva l’in- l’enfant moqué et mépri- co de Fatima, on ne compte comme jeunes que nédiction que Benoît XVI spiration de ses nombreu ses sé par son père jusqu’à , et Alberto Mar- adressait aux parents à l’oc- œuvres. Le bateau n’est-il sa mort en 1975, l’auteur velli, tous béatifiés par Jean-Paul II. Chiara est casion de leur jubilé d’or de pas un gigantesque comp- dresse un portrait hu- donc seulement la quatrième, nous espérons mariage, le 16 octobre der- toir, comme le dit sa fille ? main du chef de l’Es- qu’elle ouvre la brèche à tant d’autres dont le nier, ou lorsque le Saint- Voici donc, illustré de pagne, sans nier ses peti- procès est en cours : Santa Scorese de Bari (tuée Père lui-même est apparu nombreuses photos tirées tesses, sans rabaisser ses sur les écrans géants pour la des albums de famille, son mérites, tout en essayant prière de l’Angélus. récit d’un voyage à bord. de tirer un constat poli- Le samedi soir, une immen- Sensibles au mal de mer et tique de ce règne si long. se fête a ressemblé tous ces oreilles chastes s’abstenir : Malgré les morts et bien jeunes dans la salle Paul VI René Goscinny n’est limité des aspects qui ne lui et sur la place Saint-Pierre (mal- ni par la taille des bulles ni conviennent pas, Michel gré la pluie). Témoignages, chants, par les contraintes de l’édi- del Castillo dresse un danses, projections… manifes- tion, et il laisse aller sa bilan plutôt positif de taient combien cette béatifica- verve sans concession, dé- cette figure si méprisée tion est prophétique, entraînant crivant avec férocité les et appelle surtout les toute une jeunesse vers les cimes heurs et malheurs de la tra- Espagnols à intégrer se- de la sainteté. versée. Quelques planches reinement cette période Daniel-Ange ◆ de BD en mer concluent de leur histoire dans leur À lire : Franz Coriasco, cet ouvrage original. mémoire. Stéphen Vallet Chiara Luce, 18 ans d’une Agnès Cotton LGF, coll. « Le Livre de La béatification de Chiara Badano le 25 septembre à vie lumineuse, Nouvelle Cité, Imav éditions, 198 p., poche », 446 p., 7,50 €. Rome. Chiara est désormais fêtée le 28 octobre. 186 p., 15 €. 21,90 €. pour sa virginité en 1991), Robert Naoussi, lé- HISTOIRE preux du Cameroun (1969), Simona Tronci de Sardaigne (1984), et, bien sûr, notre chère Clai- Une histoire du scoutisme catholique re de Castelbajac. Yves Combeau est ancien scout, frère prêcheur et parallèlement celles de ses deux Des milliers de jeunes aumônier d’une troupe parisienne unitaire d’ancien- concurrents, Scouts d’Europe et Exceptionnellement, cette célébration a eu lieu ne extraction. Passionné d’Histoire, il avait, jeune Scouts unitaires de France depuis la à Rome, ce qui a permis d’accueillir des mil- chartiste, consacré ses premières recherches au com- grande crise de 1965 ; il ne néglige liers de jeunes de 72 pays différents. Chiara te d’Argenson, fameux ministre de Louis XV. Est-ce pas non plus la création des petits ayant été membre du Mouvement des Focola- le goût pour les intrigues de cour et les luttes d’in- mouvements. Problème, car écrire l’histoire du ri, l’évènement a eu une résonance internatio- fluence qui ont conduit Yves Combeau à s’intéresser temps présent (jusqu’à 2010) nécessite un recul par- nale. Mais d’autres mouvements et associations à l’évolution récente et tourmentée du scoutisme ca- fois difficile à maintenir. Cependant, l’analyse fine étaient aussi représentés. tholique ? On peut le croire tant « le scoutisme, des évènements et des personnes, servie par un fran- J’ai donc eu l’immense privilège, avec notre sœur mouvement de chefs, visant à former des chefs, a çais agréable, clarifie heureusement une histoire Chiara, d’y représenter Jeunesse-Lumière. Pro- sans doute produit plus qu’ailleurs des combats de compliquée. L’auteur constate en conclusion que la fonde émotion que de retrouver Ruggero et Ma- chefs » selon la pertinente analyse du professeur division du scoutisme, si douloureusement vécue par ria Teresa, les chers parents, déjà rencontrés Yvon Tranvouez, spécialiste du sujet. les acteurs de l’époque, a « sans doute permis d’atti- chez eux avec toute notre école d’évangélisa- À la différence des précédentes études qui font la rer plus de jeunes qu’une unique formule ». Tout dé- tion au mois de juin. part belle à l’âge d’or, vrai ou supposé, du scoutis- pend tout de même de l’alchimie de la formule et de C’est dans le sanctuaire du Divino Amore, dans me, c’est-à-dire des années 1920 aux années 1960, l’enchanteur ! l’église moderne à la grande verrerie bleue, que l’auteur se penche davantage sur le temps des ten- Bref, ce livre est une pierre de bonne taille dans le visage de Chiara, dans la fraîcheur de ses 16 sions, des crises et des conflits depuis la réforme de l’historiographie des mouvements contemporains de ans, a été dévoilé devant 14 évêques (dont les la branche éclaireur il y a, déjà, 45 ans. C’est tout jeunesse, même si le chercheur s’étonne de n’y trou- cardinaux Ouellet et Antonelli), provenant éga- l’intérêt et le problème de l’ouvrage. Intérêt car ver ni index, ni source classée, ni bibliographie indi- lement de Cuba, de Thaïlande et de Jordanie, Yves Combeau, qui connaît très bien son sujet, livre cative. Christophe Carichon mais surtout en présence de ses propres parents, au lecteur une histoire récente rarement racontée en Yves Combeau, Nouvelle histoire du scoutisme sous le tonnerre d’applaudissements des 15 000 suivant pas à pas l’histoire des Scouts de France et catholique en France, Éd. Monceau, 358 p., 23 €. L’Homme Nouveau N° 1483 du 18 décembre 2010 CULTURE chrétienne 21

◗Entretien Des hors-série pour la nouvelle évangélisation

Propos recueillis par Pierre Benoît tant ce sujet est riche et porteur. Nous abordons, en merci à eux qui effet, l’histoire du dogme de l’Assomption, non seu- ont rendu Le premier hors-série de L’Homme Nouveau lement pour rappeler dans quel contexte il a été pro- l’aventure possible. Il est d’ailleurs toujours est sorti au mois de novembre. Pouvez-vous clamé, mais aussi pour montrer qu’il fut le fruit d’une possible de choisir ce type d’abonnement qui fait dé- nous en dire un mot ? longue maturation théologique, faite de controverses sormais partie de la « panoplie » que nous proposons et de disputatio comme seule l’Église, que l’on ac- à nos lecteurs. Mais ce hors-série s’adresse aussi à >>Philippe Maxence : Dans un format magazi- cuse un peu facilement d’être fermée au débat, sait ceux qui l'achèteront au numéro, soit pour eux-mêmes, ne, il s’agit d’un numéro entièrement consacré au dog- les avoir. Nous en avons profité pour expliquer ce soit pour le distribuer autour d’eux. Il s’agit d’un ex- me de l’Assomption. On sera certainement étonné de qu’est un dogme, notion parfois floue jusque chez cellent moyen de faire connaître L’Homme Nouveau voir que nous traitons ce sujet en cette période alors les catholiques. Bien évidemment, nous avons posé et je n’hésite pas à demander au plus grand nombre que la fête de l’Assomption est le 15 août. Mais il se la question de l’absence de mention de l’Assomption possible de nos lecteurs de se procurer ce premier trouve que ce dogme fut proclamé dans les Écritures. Nous n’avons hors-série pour le diffuser dans leurs familles, dans le 1er novembre 1950 par le pape pas oublié enfin que Notre-Dame leurs paroisses, dans leurs associations ou auprès de Pie XII. Soixante ans après, il nous de l’Assomption est la patronne leurs amis. a semblé important de ne pas pas- principale de la France. D’où un ser sous silence cet évènement. À article historique sur cette ques- Et après ? ce jour, il s’agit quand même du tion et la publication de l’inté- dernier dogme proclamé dans l’his- gralité du vœu de Louis XIII dont >>Avec ce premier hors-série, nous avons fait le toire de l’Église, ce qui mérite cer- on parle parfois, mais que l’on constat de l’intérêt de la formule : approfondir une tainement davantage qu’une simple connaît finalement peu. question pour ne pas en rester au niveau du prêt-à- brève… penser. Nous avons constaté également que nous pou- À qui s’adresse ce numéro ? vions aisément accorder plus de pages à ce type de Mais tout un numéro sur sujet. Aussi je suis en mesure d’annoncer que le pro- ce thème, n’est-ce pas >>Mais à tous, voyons ! À chain hors-série, qui paraîtra dans les premiers mois beaucoup ? ceux bien sûr qui nous ont fait de 2011, sera augmenté d’une dizaine de pages. Nous confiance et qui ont voulu nous ai- pourrons faire encore davantage dans l’avenir. À nos >>C’est un peu la question que der en prenant l’abonnement Pre- lecteurs de répondre présents et de répandre ce que je me posais en le proposant. Au mium qui donne droit en plus du nous avons conçu comme un outil dans le cadre de final, nous aurions pu ajouter bien journal aux quatre hors-série que la nouvelle évangélisation. des pages à ce premier hors-série, nous proposerons par an. Un grand ◆ ✂ Bon de commande À compléter et renvoyer à : de L’Homme Nouveau HORS-SÉRIE L’Homme Nouveau, 10, rue Rosenwald, 75015 Paris OUI, je souhaite : Je choisis de régler : profiter de l’abonnement PREMIUM : 22 nos du journal L’Homme + 4 hors-série, à 110 €.* par chèque à l’ordre de Nouveau. recevoir le hors-série seul consacré aux 60 ans du dogme de l’Assomption au prix de 6 € (frais de port offerts). par carte bancaire. compléter mon abonnement en cours et recevoir par téléphone au 01 53 68 99 77 (paie- les 4 hors-série en envoyant 20 €.* ment par carte bancaire). Mes coordonnées : Paiement par carte bancaire : Nom : ...... Prénom : ...... N° de carte : Adresse : ...... Expire fin : Code postal : ...... Ville : ...... Tél.: ...... Courriel: ...... Trois derniers chiffres au dos de la carte : Date et signature :

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Cinéma L’Odyssée du Passeur d’Aurore

e troisième épisode du film adapté du roman de sément, aussi faut-il être prudents. Mais certains C.S. Lewis sorti ce 8 décembre sur nos écrans signes ne trompent pas… Le mal est présent sous plu- L nous plonge à nouveau dans le monde mer- sieurs formes : un serpent des mers que l’on n’aimerait veilleux de Narnia. Si Susan et Peter sont désormais pas trouver au fond de sa piscine, une étrange et sour- trop âgés pour poursuivre l’aventure, Edmund et Lu- noise fumée verte qui aveugle et se glisse partout, la cy reprennent leur folle épopée aux cô- reine blanche qui incarne la tentation. Ce tés du prince Caspian. Ils sont ac- n’est pas uniquement sur les terres compagnés cette fois de leur cou- d’Aslan que le mal est poly- sin Eustache, un personnage morphe mais aussi ici-bas. hautain embarqué malgré De même, le film est traversé lui dans l’aventure et que par l’apparition implicite les centaures, lions, reines des sept péchés capitaux des glaces et autres créa- comme autant de tenta- tures fantastiques exas- tions que devront af- pèrent plus qu’autre cho- fronter nos héros. La fi- Ce conte fait honneur aux enfants auquel il est pre- se. À bord du Passeur gure quasi christique mièrement destiné car il ne donne pas à voir des hé- d’Aurore ils s’enfonce- d’Aslan nous est fami- ros au rabais, des valeurs un peu rabotées aux en- ront jusqu’aux mystérieuses lière depuis le premier épi- tournures pour n’être pas trop contraignantes. Au îles de l’Est pour retrouver sode. S’y ajoute ici une di- contraire, Lewis sait qu’on peut en demander beau- les sept épées avec lesquelles mension plus eschatologique coup à ces petits bouts d’hommes qui ont encore le ils sauveront le royaume… avec le passage, à la fin du film, goût de l’aventure, du presque impossible parce qu’ils Ceux que les précédents épisodes vers le bout du monde, cette terre dont ont confiance, parce qu’ils ne sont pas encore désen- avaient déjà ravis le seront tout autant par on ne revient pas, comme on ne revient pas chantés. C’est donc le courage, l’intrépidité, la fidé- L’Odyssée du Passeur d’Aurore. Le film, adapté du de la mort. C’est peut-être Aslan, plus que le bateau, lité, le sens de l’honneur autant que la joie, que le rê- roman de Lewis, et quoique moins profond, enchan- qu’il faudrait appeler « Passeur d’Aurore ». Et il y ve qui sont chantés dans ce film. te les yeux comme le cœur et ouvre comme une por- aurait encore tant à dire ! Adélaïde Pouchol ◆ te par laquelle on se rend loin de la grisaille du quo- tidien, quelque part au royaume du rêve.

Tant à apprendre ! Édition Il y a tant à apprendre dans ce monde ! Ainsi d’Eus- tache qui évolue tout au long de ses aventures. Fi- nalement jugé digne par Aslan de revenir à Narnia, Les livres il retourne métamorphosé dans le monde réel, com- me guéri de la méchanceté qu’on lui connaissait avant oir l’adaptation cinématographique de L’Odyssée du Passeur d’Aurore, c’est son voyage à bord du Passeur d’Aurore. Citons aus- bien. Mais lire le conte, c’est assurément mieux. Malgré toute la bonne vo- si Lucy, d’abord envieuse de l’assurance et de la V lonté des réalisateurs, on ne retrouve pas dans le film toute la profondeur beauté de sa sœur, qui apprend peu à peu à être elle- et la poésie de C.S. Lewis (1898-1963). Les lecteurs ne s’y sont pas trompés d’ailleurs. même, fière de ce qu’elle est. C’est un monde d’in- Depuis la publication de l’intégrale des Chroniques de Narnia en un seul volume, nocence, ce que symbolise l’absence de Susan et Pe- à l’occasion de la sortie en salle du premier film (L’Armoire magique) 550 000 exem- ter, mais d’innocence au sens noble du terme. Non plaires en ont été vendus. Pour la version en Folio junior – une chronique, un vo- pas de naïveté mais de pureté et de réceptivité au spi- lume – on avance le chiffre de 1,5 million d’exemplaires vendus. Pas mal pour une rituel, à l’étrange, sans la méfiance rationaliste qui série de contes qui était finalement peu connue du grand public français. guette les adultes. Et ce n’est visiblement pas terminé ! À l’occasion de cette adaptation pour le ci- Petits et grands y trouveront leur compte, tant le film néma de L’Odyssée du Passeur d’Aurore, Gallimard ressort le volume intégral. Soit est riche des différents niveaux d’interprétation qu’il 880 pages ! L’avantage de ce volume est d’offrir l’ensemble des suscite. Une religiosité certaine irrigue le conte et l’on chroniques. Au rayon des désavantages, son volume justement décèle d’évidentes références chrétiennes. La tenta- qui peut effrayer. Les dessins de Pauline Bayne sont reproduits tion de voir des symboles partout, surtout là où l’au- en noir et blanc alors que leur poésie, qui colle si bien au tex- teur n’avait pas cherché à en mettre, nous vient ai- te de Lewis, ressort davantage dans la version couleur que l’on trouve dans la série des Folios Junior. Le gros volume impose aussi un ordre dans les Chroniques, ordre qui fut celui de l’éditeur anglais au final, mais qui ne correspond pas à l’ordre de rédaction (sur ce sujet et plus globalement sur Lewis et le sens des chroniques, voir Le Monde de Narnia décrypté de Philippe Maxence paru aux Presses de la Renaissance). Aussi se doit-on de signaler la parution de L’Odys- sée du Passeur d’Aurore en volume Folio, avec une couverture qui re- prend les personnages du film et un cahier de photos directement ti- rées de la version pour le cinéma. Pour continuer avec l’émerveillement du film ou pour permettre aux plus jeunes d’en avoir un aperçu sans s’y rendre (certaines scènes peuvent effrayer les plus sensibles), Galli- mard propose également L’Odyssée du Passeur d’Aurore, L’Album du film et Le Monde de Narnia, un pop-up de Robert Sabuda pour les plus petits. Stéphen Vallet ◆ C.S. Lewis, Le Monde de Narnia, Gallimard, 880 p., 22 €. C.S. Lewis, L’Odyssée du Passeur d’Aurore, Folio, 256 p., 6 €. L’Odyssée du Passeur d’Aurore, L’Album du film, Gallimard, 48 p., 8 €. Le Monde de Narnia, un pop-up de Robert Sabuda, 12 p., 15 €. L’Homme Nouveau N° 1483 du 18 décembre 2010 CULTURE chrétienne 23

Jeunesse LITTÉRATURE livre tous les secrets de neau, boule, etc., de nom- six mini- lées, 32 p., 40 autocollants, ces petites poupées tradi- breux sujets traditionnels livres et un 7 €. Lettres du Père Noël tionnelles japonaises si joliment illustrés qu’on éventail de J.R.R. Tolkien sculptées dans du bois, leur pardonne de n’être 24 devi- CONTE ET CD leurs diversités, et par ex- pas plus religieux. D’au- nettes sur Que l’on La Pastorale des soit pour tension tant plus que la version les drôles ou contre détaille « crèche » existe, tout de petites bêtes. On re- santons de Provence l’invention le vête- aussi gentille avec des su- trouve avec plaisir les his- Yvan Audouard ment jets réalisés en pâte à toires d’Antonin le pous- du Père Le célèbre japo- modeler. Au verso, des sin, de Margot l’escargot, Noël, on ne conte de nais. questions pour s’amuser. de Marion et Simon les pourra res- Noël ne se On propose ensuite de Dès 3 ans. chatons, d’Édouard le loir, ter insen- présente dessiner des kokeshis, de On pourra y ajouter un de Loulou le pou et de sible à ces trente lettres plus ! Cet- les colorier, de les habiller livre de bain en mousse Patouch la mouche. C’est destinées aux tout jeunes te version de jolis motifs fournis. plastifiée (1) qui reprend vraiment très mignon ! enfants de l’auteur du n’a rien Des heures de jeux créa- les illustrations du sapin Et si l’on veut s’amuser Seigneur des Anneaux. perdu du ton rocailleux tifs en perspective ! M.L. de Noël. Pour évoquer avec ces Pleines de poésie et d’in- des personnages « avé Larousse, ill. Linda-Laure cette belle fête même drôles de ventions, elles toucheront l’accent ». Les musiques Greff, 1 livre, 1 figurine, pendant la toilette ! M.L. petites autant les parents que les ainsi que les interpréta- 1 poupée en bois, 2 po- Fleurus, coll. « Autocollants bêtes, le joli enfants de tous âges. Car tions sont excellentes. choirs, 8 feuilles de motifs, des bébés », 2 €. livre d’acti- non seulement Tolkien Petits et grands s’en sont 16 silhouettes à décorer 1. Noël, Fleurus, coll. « Livre vités est en- les a écrites, mais il les a régalés dans notre famil- et 1 carnet, 12,90 €. de bébé bain », 6 p., 4,95 €. tièrement illustrées de petits des- le. L’histoire est si tou- consacré à la préparation sins décoratifs et sen- chante, naïve et profonde ACTIVITÉS LECTURE ET ACTIVITÉS de Noël ; un Noël bien sibles. Véritablement à la fois. Les illustrations laïc, hélas. C’est domma- charmant. Marie Lacroix délicates et tout en ron- Le sapin de Noël La valise des Drôles ge car entre les jeux, les Christian Bourgois Éd., coll. deur accompagnent un € Émilie Beaumont et de petites bêtes coloriages, la recette de « Pocket », 112 p., 7,80 . texte qui sent bon l’huile Nathalie Bélineau cuisine, les cartes de Antoon Krings d’olive, la rascasse et les vœux, guirlandes, tableau DÉCOUVERTE Ces trente herbes de Provence… Avec Noël avec les Drôles ou déguisements à réali- autocollants une préface de Marcel Mes jolies Kokeshis de petites bêtes ser, on trouve de belles reposition- Pagnol. Dommage que le trouvailles. À partir de Cécile Le Cleach nables trou- Livre de jeux et CD ne soit pas découpé 3 ans. M.L. Nul doute que les petites veront leur d’activités en chapitres. M.L. place sur un Gallimard Jeunesse, six filles en raffoleront ! Voici Bonne idée cadeau pour Mame, illustrations Adeline sapin plasti- mini-livres, éventail de un petit coffret plein de nos petits à partir de 3 € Avril, 64 p., 1 CD de 51 mi- fié à décorer. Rennes, Père devinettes, 18 . surprises. Un petit carnet ans, cette valisette réunit nutes, 16,90 €. Noël, bougie, cadeau, traî- Gallimard Jeunesse Gibou-

AGENDA Agenda 2011 Nos campagnes La sagesse paysanne n’a jamais fait défaut dans nos campagnes. Semaine après se- maine, outre de superbes photos de paysages, poules ou saucis- son…, cet agenda original nous offre un proverbe fait de tout le bon sens paysan, et un conseil pratique (comment faire partir une tache de boue, aiguiser ses ciseaux, congeler des fraises ou faire cuire une oie). Un véritable outil pratique (une semaine par page) qui permettra égale- ment de s’enrichir tout au cours de l’année. Agnès Cotton De Borée éd., 112 p., 12,50 €. L’Homme Nouveau 24 CULTURE chrétienne N° 1483 du 18 décembre 2010

Au théâtre des vertus ALBUM Vivre à la campagne, l’essentiel John Seymour Athalie, reine infidèle Auteur d’un succès mondial, Revivre à la campagne, John ous l’influence du cou- Haut est davantage un Dieu Seymour fut la voix de la vie rant janséniste qui s’op- vengeur qu’un Dieu d’amour. autarcique et d’une saine écolo- S posait au théâtre en gé- Cependant, l’auteur garde gie, bien avant que cette derniè- néral, Racine fit représenter toute sa subtilité géniale en re devienne une mode ou un Athalie, en 1691, sa seconde tra- donnant la victoire finale à prétexte politique. Le même gédie sacrée en cinq actes et en ceux qui maintiennent en fait éditeur avait republié dans une vers, faisant suite au succès une confiance aveugle en magnifique version son Revivre d’Esther. Jouée, en effet, dans leur Créateur. Il faut donc à la campagne. Il récidive ici en publiant « l’essentiel » de une austérité scénique par les comprendre Dieu à travers cet ouvrage, dans un format plus petit et plus pratique qui pensionnaires de l’école tenue des signes. L’homme ne dé- permet d’organiser son jardin pour avoir une vie de famille par Madame de Maintenon, cide pas de lui-même l’is- moins tournée vers la télévision et davantage vers le spec- cette pièce sur un sujet biblique sue des évènements ; il doit tacle de la nature dont l’homme a été fait le gérant. Un ou- passa presque inaperçue de la se conformer à la volonté vrage essentiellement pratique qui regroupe les rudiments à Cour. En fait, soucieuse de la divine. Il ne s’agit donc pas connaître pour vivre au rythme de la nature. piété de ses élèves, l’épouse de subir la fatalité non plus, Philippe Maxence du roi Louis XIV demanda ex- car Dieu doit agir à travers Éditions De Borée, 256 p., 22,90 €. pressément à l’auteur d’écrire nous : voir la parole de « quelque espèce de poème mo- l’Apôtre qui dit que ce n’est ALMANACH ral et historique dont l’amour fête de la Pentecôte, la com- pas lui qui vit, mais le Christ Almanach des Terres de France 2011 fût entièrement banni ». Elle ne mémoration des Juifs de l’évè- Jésus qui vit en lui… savait pas si bien dire, car Atha- nement du Mont Sinaï et la re- On comprend donc qu’Athalie, Associant un aspect pratique à un côté lie quoique centrée sur un pas- mise par Dieu à Moïse des dont les chœurs chantent la ve- rétro, invitant son lecteur à vivre au sage de l’Écriture sainte, va tables de la Loi. Joad le grand nue du Messie, ne soit pas le rythme des saisons et des jours qui pas- jusqu’à représenter les rela- prêtre s’apprête à faire cou- favori de nos théâtres modernes sent, cet Almanach peut se transformer tions entre Dieu et son peuple ronner Joas, l’enfant sauvé des plus voués à Baal qu’à l’Éter- en véritable compagnon quotidien. juif davantage comme un rap- mains cruelles d’Athalie, qui nel. Pourtant la beauté et la Il présente aussi bien des recettes que port de force que d’amour, ce vit caché sous le nom d’emprunt poésie de ses vers nous trans- l’état de la lune, des zooms sur l’histoi- dernier, quelle que soit la for- d’Eliacin. Avec le concours de portent et ils sont tels que mê- re de France que des recettes de nos me adoptée, étant toujours sus- l’armée, Joad veut détrôner me le très critique Voltaire s’ex- grand-mères ou la meilleure façon pect aux yeux des adeptes de Athalie et ramener le pays à la clama : « Athalie est peut-être de faire un nœud de marin. Entre devinettes, sudokus Port-Royal. religion du vrai Dieu. À la vue le chef-d’œuvre de l’esprit hu- et conseils « écolos », il est aussi bien de son temps. de l’enfant devant le Temple, main ! ». ◆ À découvrir. Benoît Maubrun Au temps des rois Athalie est surprise et touchée Judith CABAUD Presses de la Cité, 336 p., 22 €. Racine nous ramène donc aux par la grande intelligence du jeu- temps historiques du Livre des ne garçon. Elle l’invite au pa- rois. Après la mort de Salomon lais, mais l’enfant éduqué dans DVD en 931 avant J.-C. et la divi- la religion juive repousse l’ado- sion de la Terre sainte en deux ratrice de Baal. Athalie per- POLICIER séduisante. On passe (presque) des Armées blanches et gou- royaumes – au Nord, Israël, siste : elle veut le faire enlever de la série noire à l’étude verna un territoire immen- dont la capitale fut Samarie et comme otage. Malgré ces La métamorphose sociale. Le rire s'absente et se comprenant l’Oural, la Si- au Sud, Juda, autour de Jéru- « temps d’opprobre et de dou- des cloportes la magie ne fonctionne plus bérie et l’Extrême-Orient salem – on apprend que seul leur », Joad se prépare à faire vraiment. On ajoutera à ce- russe. Face à l’Armée rouge, ce dernier royaume composé des couronner Joas et mettre Atha- Étrange film que la un arrière-plan de mora- il mena une guerre et une tribus de Lévi et de Benjamin, lie devant le fait accompli. Dans celui de Granier- lité très douteuse. Heureu- politique adroites, mais fut retient la légitimité royale de l’acte IV, l’enfant apprend sa Deferre avec des sement, la distribution (dont abandonné par les Alliés, et la lignée de David. Ce qui pré- véritable identité comme suc- dialogues de Pierre Brasseur, Jean Car- notamment la France, qui cède la pièce de Racine est cesseur légitime des rois de Ju- Michel Audiard. met, Daniel Ceccaldi, etc.) le livrèrent aux Soviétiques. donc essentiel : Joram le sep- da. Athalie l’apprend aussi et Trois malfrats rattrape le tout Il fut fusillé en 1920 à Ir- tième roi de Juda a épousé Atha- elle fait cerner le Temple par (Charles Azna- Benoît Maubrun koutsk. Magnifiquement lie, la fille du roi Achab et de ses hommes. Empêchée par la vour, Maurice Biraud et Opening, 14,99 € env. réalisé par Andreï Kravt- Jézabel qui régnaient en Israël. troupe de Lévites armés, elle Georges Géret) envisagent chouk, ce film associe récit Cette princesse a imposé le cul- s’écrie à la fin : « Dieu des un cambriolage. Seulement, DRAME HISTORIQUE historique et intrigue sen- te païen de Baal dans son royau- Juifs, tu l’emportes ! » Mais il leur manque l’argent né- timentale (hélas adultéri- me et sa fille, Athalie, pour ren- avant de mourir, elle prédit aus- cessaire pour acheter le ma- L’Amiral ne, mais sans aucune ima- forcer son propre pouvoir à Jé- si que ce descendant de David tériel adéquat. Ils s’asso- Quand une na- ge scabreuse) avec Anna Ti- rusalem, se rend complice des la vengerait un jour. cient donc à Alphonse (Lino tion retrouve sa mireva (Elizaveta Boïars- crimes de Jézabel en faisant Incontestablement, c’est Dieu Ventura) qui fournit l’argent, mémoire et re- kaïa). Konstantin Khabens- périr tous les descendants de qui est au centre de la pièce. participe au cambriolage et joint son his- ky est criant de vérité dans son propre fils, Ochozias. El- Les deux royaumes rivaux ren- se fait prendre par la poli- toire, elle peut le rôle de l’amiral. La figure le aurait réussi sans l’inter- ferment métaphoriquement les ce. Sorti de prison, sa ven- offrir des films du général Kappel (Sergueï vention de sa fille Josabet qui deux camps opposés : les hom - geance est terrible. d’une excep- Bezroukov) est également sauve le petit nourrisson Joas mes corrompus et les élus de Il y a comme deux films en tionnelle intensité drama- mise en avant. On notera du massacre. Celle-ci le confie Dieu. Il s’agit en un mot de la un, le premier jusqu’à l’ar- tique. C’est le cas ici avec aussi le rôle du général Mau- au grand prêtre Joad, son ma- victoire du Dieu des Lévites restation d’Alphonse est très cette grande fresque consa- rice Janin interprété par Ri- ri, qui le cache des années du- sur le faux dieu Baal. On voit Audiard, avec des dialogues crée à l’amiral Koltchak, hé- chard Bohringer. B.M. ◆ rant dans le Temple. ainsi Racine glisser dans la et des réparties captivants. ros de la Première Guerre France Télévision Diffusion, L’action de l’œuvre débute donc conception manichéenne en- La seconde partie est moins mondiale, qui prit la tête Rezo, 16,99 € env. pendant les préparatifs pour la seignée à Port-Royal où le Très L’Homme Nouveau N° 1483 du 18 décembre 2010 CULTURE chrétienne 25

BEAU LIVRE Questions au Père Yannik Bonnet Art sacré Visions de la Passion du Christ Importance de l’éducation À travers les âges, depuis les fresques des catacombes, la peinture a repré- senté les divers mystères de la foi n matière d’éducation, mander des réductions chrétienne. De l’Annonciation à la Ré- tout est-il joué dès la pe- de peine. Un époux digne surrection du Christ (et non seulement E tite enfance ? Cette ques- de ce nom sacralise le la Passion, comme le laisse entendre le tion est souvent posée à la sui- rôle de la mère et la fait titre), cet ouvrage rassemble les plus te d’une conférence ou au cours respecter par les enfants. belles œuvres que nous ont léguées les des débats d’un colloque, quand siècles passés. Chaque étape est com- il est question d’éducation. La Des papas coqs mentée d’un court texte, expliquant l’évolution de la percep- réponse à cette question est On a fait croire aux pères tion des divers mystères par les artistes, la signification de forcément négative, puisque qu’ils devaient être des détails qui auraient pu nous échapper, le tout avec une gran- toute personne est dotée du papas poules alors que de profondeur et révérence pour les scènes évoquées. Un libre arbitre et peut donc tou- les enfants ont besoin de magnifique ouvrage à offrir sans hésitation. Blandine Fabre jours rebondir à n’importe quel papas coqs, ce qui ne les Éd. White Star, 320 p., 35 €. âge, brûler ce qu’elle a adoré empêche nullement de et vice versa. En ce sens les donner un biberon et en- exemples ne manquent pas, core moins de jouer avec mais l’expérience commune à les enfants et plus tard de À signaler tous les humains nous montre leur apprendre à allumer Le rôle du père est essentiel REVUE qu’il n’est pas toujours facile dans l’accompagnement de un feu, à monter une ten- de renoncer à des habitudes ou l’enfant. te, faire du sport, etc. En Sedes Sapientiæ, n° 113, septembre 2010 a contrario de se décider tar- bref, tout n’est pas défi- Sedes Sapientiæ ouvre ce numéro par une divement à en prendre, alors que nitivement joué avant lettre qu’adresse un moine à un non- l’on a négligé de le faire du- finitivement l’usage que l’on l’âge de raison, bien sûr, mais croyant, prétexte rêvé pour nous rappeler rant de longues périodes. Il y fera toute sa vie de ce libre ar- tout ce qui n’a pas été mis en comment accéder à la connaissance de a déjà plusieurs décennies avait bitre, mais nous voyons quo- place dès l’entrée en ce mon- Dieu. L’exposé est volontairement simple, été écrit un livre au titre un peu tidiennement les dégâts que de risque d’être infiniment plus qui laissera sur leur faim les connaisseurs provocateur À 5 ans un enfant cause l’absence d’éducation, difficile à acquérir par la sui- des cinq voies de saint Thomas, et offrira est achevé d’imprimer. C’est sans parler de la contre-éducation. te. L’enfant n’est pas achevé aux autres le désir d’en connaître davantage. On retient d’ailleurs paradoxalement à la Or c’est bien dans le jeune âge d’imprimer à 5 ans, mais il y aussi le récit de la rencontre de deux « grandes aventures même époque, que nous est ve- que s’impriment le plus faci- a malgré tout beaucoup de intellectuelles et spirituelles qui s’abreuvent à la même nue des États-Unis, ce qu’on lement les habitudes, dont le choses qui peuvent avoir été uti- source », celles de Mauriac et Maritain, deux « mendiants pourrait appeler « la culture du proverbe dit qu’elles sont une lement installées dans sa ma- du Ciel ». L’article expose finement comment un même docteur Spock ». Ce médecin seconde nature. La politesse nière de se comporter. Fasse le amour de Christ et un même goût de l’écriture ont su américain a longtemps expli- n’est pas innée, l’obéissance Ciel que les jeunes parents en transcender les différences idéologiques. qué aux parents qu’il ne fallait ne va pas de soi, ni le respect prennent conscience ! ◆ (Société Saint-Thomas d’Aquin, 53340 Chéméré-le-Roi). pas contrarier les enfants pour de l’autre, ni la discipline, ni Père Yannik BONNET ne pas risquer de leur donner toutes ces bonnes pratiques qui des complexes ou de provo- forgent une civilisation. Les quer des refoulements. Il a psychologues réalistes – c’est d’ailleurs honnêtement recon- une espèce heureusement en nu, 30 ans après, qu’il avait plein essor même si cette po- Pasquin concentré non sucré largement contribué à tromper pulation est encore loin d’être les susdits parents américains. majoritaire – ont heureusement redécouvert l’importance pour L’importance le tout-petit de ne pas être li- Vous l’appréciez ou il vous agace, en tous les de la répétition vré à son désir de prendre le cas, il ne vous laisse pas indifférent. En matière de sports comme de pouvoir, de manipuler sa ma- Contempteur de nos défauts et critique des disciplines artistiques, on sait man et d’imposer ses caprices. mœurs contemporaines, Pasquin offre l’importance de la répétition Ces mêmes psychologues sa- chaque quinzaine la chronique la plus lue de fastidieuse d’exercices fonda- vent que le père joue dans l’édu- L’Homme Nouveau. teurs, qui permet d’acquérir cation des enfants un rôle ca- une technique en quelque sor- pital, dès leur plus jeune âge. Pour Noël, il a rassemblé en un volume ses te « imprimée » en soi. Faute Certes l’amour de la mère est Éditions pasquinades assorties d’un regard affûté par de ces acquis, on perçoit ce vital pour le tout-petit mais très de L’Homme Nouveau, le recul du temps. € qu’il faudrait faire mais on n’y vite il doit percevoir l’autori- 158 p., 19 (frais de port offerts). arrive pas ou imparfaitement té de gouvernement, celle du ou beaucoup trop tard. Scolai- père, qui fixe les limites sans rement on fait la même expé- les négocier et dit la loi sans BON DE COMMANDE rience avec les tables de mul- se justifier. Nom : ...... Prénom : ...... tiplication ou les conjugaisons. La mère a d’ailleurs tout inté- Adresse : ...... Or ce que l’on nomme vertu, rêt à reconnaître et à encoura- ...... c’est l’habitude de faire le bien ger ce rôle du père, car libérée et ce que l’on nomme vice c’est du rôle de garde-chiourme, sé- Tél. : ...... Courriel : ...... l’habitude de faire le mal. L’ha- curisée par cette autorité pater- ❏ Oui, je désire commander le livre Pasquin concentré non sucré de Pasquin, au prix bitude facilite donc le bon usa- nel le qui est directement issu de 19 € (frais de port offerts). ge comme le mauvais usage de l’amour conjugal, elle peut ❏ du libre arbitre. L’éducation tout à loisir préparer les ré- J’envoie mon règlement à l’ordre de L’Homme Nouveau aux : Éditions de 1483 n’est certes qu’un conditionne- conciliations, plaider les cir- L’Homme Nouveau, 10, rue Rosenwald, 75015 Paris. (Tél. : 01 53 68 99 77). ment qui ne détermine pas dé- constances atténuantes et de- L’Homme Nouveau 26 CULTURE chrétienne N° 1483 du 18 décembre 2010

L’Esprit de la liturgie BEAU LIVRE La grâce d’une cathédrale, Reims Les cathédrales restent sans conteste le L’Avent de la joie plus bel héritage que nous ont laissé les âges. Au sein de la collection « La grâ- ce d’une cathédrale » est paru en no- e terme «Avent » vient du sé à partir de ces vembre Reims. Dirigé par Mgr Thierry adventus latin qui signifie antiennes une priè- Jordan, évêque de Reims, cet ouvrage L avènement. En ce temps re pour deman- est une véritable somme sur cette mer- liturgique, on rappelle la venue der la joie de l’âme. veille. 800 ans d’histoire sont relatés du Christ Jésus dans la chair, Elle se termine avec talent et précisions, l’architecture « Ô Soleil ainsi que le proclame la pre- ainsi : est détaillée, commentée, expliquée par des « Par son pre- de justice et lu- mière préface : spécialistes. Enfin, la troisième partie montre combien une mier avènement dans l’humi- mière éternelle, cathédrale est l’église mère d’un diocèse : elle est la source lité de notre chair assumée, Il dont l’éclat dis- de la vie chrétienne et son prestige n’enlève rien à son ac- a accompli le dessein de l’an- sipe les ténèbres tualité dans la vie de l’Église et de la société. Plus de trente tique promesse » Missel Ro- et réjouit les cœurs, ( collaborateurs ont œuvré pour ce véritable ouvrage d’art. main portez dans nos [2002], trad. privée). Mais Les illustrations qui accompagnent le texte sont, en effet, âmes votre divi- plus qu’un rappel, l’Avent re- L’Enfant déposé dans la crèche est magnifiques. Une somme donc qui mérite plus que de rester ne chaleur, qui, garde vers l’avenir : la parou- le Roi, la Sagesse éternelle. sur une table comme décoration. Il faut la lire avec attention en dilatant nos sie, le retour du Sauveur à la et la méditer surtout alors que s’ouvre l’année du huit cen- cœurs, nous fera courir dans fin des temps. De fait, le pre- et enfin Emmanuel, c’est-à- tième anniversaire de cette « maison du Très-Haut ». La la voie de la justice » Traité mier dimanche a été lue, dans dire «Dieu avec nous ». Voi- ( beauté de l’édifice, si elle ne peut que nous laisser admira- de la joie de l’âme chrétienne chacune des deux formes du ri- ci le texte de trois de ces an- , tifs, ne doit pas faire oublier qu’il est avant tout un lieu de te romain, l’annonce par Jésus tiennes : 6). Et certes, en ces derniers jours culte, comme le rappelle si justement Mgr Jordan. Elle ne « Ô Sagesse, sortie de la bouche de la ruine de Jérusalem et de avant Noël, l’heure est à la joie, peut qu’aider au recueillement. Une invite à se rendre sur du Très-Haut, toi qui, d’un bout son retour en gloire (Mt 24, comme le dit notamment la se- place,… et également à attendre avec impatience la suite de du monde à l’autre, agis avec « 37-44 et Lc 21, 25-33). conde préface de l’Avent : (Jé- la collection avec des ouvrages sur Amiens, Lyon, Chartres force et dispose suavement est celui que les prédic- Si ce mot d’« avènement » sus) ou Paris ! Blandine Fabre toutes choses, viens nous en- tions de tous les prophètes an- convient parfaitement à la pa- La Nuée Bleue Éditions, 544 p., plus de 600 ill., 79 €. rousie, il semble étonnant pour seigner la voie de la pruden- noncèrent, celui que la Vierge ce » Marie porta dans un amour désigner l’Incarnation du Ver- (17 déc.). BEAU LIVRE be dans l’humilité de Beth- « Ô Clef de David, sceptre de ineffable, celui dont Jean chan- léem, mais c’est le même Sau- la maison d’Israël, toi qui ouvres ta la venue et dont il indiqua Lieux saints chrétiens du monde veur qui vient jusqu’à notre ce que nul autre ne fermera et la présence. Il nous a accordé Pietro Tarallo condition pour nous appeler à qui clos ce que nul autre n’ou- d’attendre le mystère de sa na- sa gloire, comme le dit la pré- vrira, viens et tire de sa prison tivité dans la joie, afin qu’Il nous De Fatima au Mont-Saint-Michel, du mo- face citée plus haut : par son le captif assis dans les ténèbres trouve vigilants dans la priè- nastère de Serguiev à celui d’Ostrog, seules Incarnation, Jésus nous a « rou- et à l’ombre de la mort » (20 déc.). re et remplis d’allégresse dans quelques pages séparent ces hauts lieux de vert le chemin du Salut éter- « Ô Emmanuel, notre Roi et sa louange » (Missel Romain la chrétienté et l’on découvre au fil des mots nel, de telle sorte que, quand législateur, l’attente des na- [2002], tr. pr.). ◆ et des photos pas moins de trente-cinq lieux Il viendra de nouveau dans la tions et leur Sauveur, viens nous Pierre JULIEN saints d’ici et d’ailleurs. Un tour d’horizon gloire de sa majesté, nous puis- sauver, ô Seigneur notre Dieu » qui fait du bien à l’âme, où l’on voit tout à sions posséder enfin les biens (23 déc.). Le texte complet des grandes an- la fois la beauté et l’exotisme de dévotions tiennes se trouve sur le site inter- célestes que (le Père) nous (a) Le capucin Ambroise de Lom- populaires parfois pas vraiment de chez nous… mais toutes promis et que nous osons main- ✝ net du journal (www.hommenou bez ( 1778), confesseur de veau.fr). tournées vers un même Dieu. Adélaïde Pouchol tenant attendre en veillant ». Marie Leszczynska, a compo- Éd. White Star, 288 p., 29,90 €.

Une veille impatiente Plus la fête de la Nativité ap- >Pèlerinages - Spiritualité - Divers Faites proche, plus cette veille se fait connaître L’HN impatiente. Aux vêpres des sept jours qui précèdent la vigile de • À Pellevoisin : retraite de Élie et un couple d’oblats. zareth, lac de Tibériade, Jéru- Faites découvrir un Noël prêchée par les frères Rens. et insc. : Sanctuaire salem…) avec l’abbé François Noël, l’Église appelle son Roi monde porteur Basile et Éric du 22 au 25 dé- Notre-Dame de Pellevoisin, Pozzetto de la Fraternité de sens en of- dans des termes magnifiques cembre (conférences, temps 3 B, rue Notre-Dame, 36180 Saint-Pierre, à partir de frant un abon- par ce qu’on appelle les « grandes de silence, offices), messe de Pellevoisin. Tél. : 02 54 39 06 1560 €, pension complète. antiennes ». Ces pièces très an- Minuit le 24 déc. et nuit 49 – [email protected] Rens. : Agence Odeia, 48, bd nement d’essai : ciennes, puisqu’on les trouve d’adoration ; session Ora et la- des Batignolles, 75017 Paris. 3 mois à 25 €* bora (pour élèves de termi- • Concerts de Noël des Petits Tél. : 01 44 09 48 68 – (soit 7 numéros) déjà sous le pontificat de saint nales et étudiants) du 26 au Chanteurs de Saint-Charles [email protected] – Grégoire le Grand (✝ 604), ren- 30 décembre (révision des sous la direction d’Hélène www.odeia.fr Coordonnées et chèque à ferment, selon dom Guéran- partiels ou d’examens) avec Nougayrède le samedi 18 dé- envoyer à : ger, « toute la moelle de la li- les frères Jean-Élie et Basile ; cembre à Versailles : à 20 h 30 • Nouveau Mardi de l’IPC à L’Homme Nouveau, turgie de l’Avent » Année li- retraite de fin d’année du 31 à la chapelle de l’Immaculée 20 h 30 à l’IPC le 11 janvier sur 10, rue Rosenwald, ( er turgique . déc. au 1 janvier avec frère (8 bis, rue Mgr Gibier). Entrée « Peut-on encore enseigner ? » 75015 Paris. ) Chacune commen- Renaud-Marie pour débuter libre. Ils chanteront égale- par Denis La Balme, agrégé de ce par l’interjection « Ô » et l’année avec la Vierge Marie ment la messe de Minuit philosophie (dernier ouvrage exprime d’abord une candide (conférences, veillée d’adora- de Marc-Antoine Charpentier paru : L’amour carnivore. Essai Erratum admiration puis sollicite, avec tion, messe d’action de grâce durant la messe de Noël à sur le cannibalisme amoureux, Le livre Au-delà des mots, toute l’intensité d’un ardent dans la nuit, offices). Week- 22 h le 24 déc. à la chapelle éd. CES). Prochaines confé- end pour les fiancés : « Je te Notre-Dame des Armées rences, les 25 janvier, 8 février, présenté dans le dernier désir que traduit la mélodie, la choisis et je me donne à toi ». (4, impasse des gendarmes). 8 et 29 mars, 5 avril. numéro en p. 24, n’est venue du Sauveur : Veni (Viens). Des repères de discernement Rens. : http://pcsc.free.fr Rens. : IPC, 70, av. Denfert- pas édité aux Presses de On y appelle le Sauveur d’un pour s’engager dans le maria- Rochereau, 75014 Paris. Tél. : la Renaissance mais aux titre biblique : Sagesse, Ado- ge chrétien, les 29-30 janvier • Pèlerinage en Terre sainte 01 43 35 38 50 – ipc.infos@ipc- Éditions du Pech (168 p., naï, Rejeton de Jessé, Clé de avec les frères Ignace, Jean- du 9 au 18 mai (Bethléem, Na- paris.fr – www.ipc-paris.fr 21,50 €). David, Orient, Roi des nations L’Homme Nouveau N° 1483 du 18 décembre 2010 CULTURE chrétienne 27

Chronique d’histoire Mots croisés

Horizontalement A B C D E F G H I J K L 1. On devrait le pré- 1 Le scrupuleux férer au Père Noël (deux mots). 2. Pe- 2 tite voie de circu- 3 lation – Voir au pas- 4 Bernard Gui sé. 3. Don du Saint- Esprit – Auteur des 5 Contes fantastiques. 6 du droit, contre ceux qu’il eut 4.Passage du chris- ernard Gui est, avec Tor- est réédité. C’est un récit his- tianisme – Trois à 7 quemada, le plus célèbre à juger. (…) Conformément aux torique agréable, bien infor- Noël. 5. La nais- 8 objectifs et aux procédures de B des inquisiteurs. Le ro- mé, mais qui passait à côté de sance à son début 9 man d’Umberto Eco, Le nom l’Inquisition, Bernard Gui ten- certaines problématiques qu’ont – Avant le partage 10 de la rose (1982), a fait connaître tait de ramener les coupables mises à jour des études plus de midi – Rois du pé- à l’orthodoxie, pesait soi- trole. 6. Adresse 11 l’inquisiteur dominicain à un récentes. militaire abrégée large public. Le film qu’en a gneusement les fautes et les Georges Bordonove, Jacques – Les copains d’au- 12 tiré Jean- peines, allégeait les pénitences Cœur. Trésorier de jourd’hui. 7. Treize Jacques des “authentiques” repentis. » Charles VII, Pygmalion, à table pour Noël – Conjonction. 8. Au bord de la ruine – En An naud Loin de la légende noire ré- 252 p., 19,90 €. nuance – Du pareil au même. 9. Sans doute lassé de tant d’eau, passa la mesure en vin – Au-dessus de la Crèche – Suit Santa est beau- pandue sur l’Inquisition, ce aux États-Unis. 10. Se jette dans la Seine – Bout de sein. 11. Une coup plus livre permet de constater, sur est aussi une réédition étable à reconstruire – Donne de l’huile. 12. Article français de caricatu- pièces, la réalité de son fonc- que proposent les édi- gauche à droite, arabe de droite à gauche – Cadeau royal au Roi ral. Mieux tionnement. Un très précieux C’tions du Nouveau Mon- des rois. vaut reve- glossaire, deux chronologies, de : le Fouché publié en 1901 Verticalement nir aux une bibliographie et un index A. Essences de saison (trois mots). B. Diminua la voilure (une or- textes de des noms enrichissent l’ou- thographe possible) – Au-dessus de la Crèche. C. Vide la nef Bernard vrage. (trois mots). D. Sans bavure – Avant-dernière en grec – Coule de Gui lui- Le livre des sentences de l’in- source. E. Pour Noël mais pas pour Pâques. F. Conjonction – De- même. Il a quisiteur Bernard Gui, CNRS vra être rendue. G. Portent une charge électrique – Monnaie d’échan- € ge. H. Après water en français – Brise les coquilles de noix. I. Fait dirigé l’Inquisition à Toulou- éditions, 272 p., 10 . gonfler – N’a pas beaucoup de relations. J. Sœur et épouse – Au- se de 1308 à 1323, puis de- teur de Journaux (1903-1977). K. Salutation angélique – Ne cou- viendra évêque. Avant, pen- acques Cœur, né à Bourges le pas à Paris – Contre en latin et en bref. L. Trop apprécié. D.H. dant et après qu’il eut exercé vers 1395, est une figure mar- (La solution au prochain numéro) e cette fonction d’inquisiteur, il J quante du XV siècle. Non Solution du n° 1482 daté du 4 décembre 2010 a beaucoup écrit. Une partie Horizontalement : 1. Lépidoptères. 2. Apéritif – Onc. 3. II – Aven de ses écrits historiques ont été – Riel. 4. Scène – Toisée. 5. Sévissent. 6. Esse – Texto. 7. Niobos édités. Il s’y montre, selon l’ex- – Us. 8. AB – Népal – Ale. 9. Loden – Boutis. 10. L.S.D. – I.G.S. 11. pression de Julien Théry, «un par Louis Madelin. L’ouvrage Este – Pliages. 12. Ru – Noise – Isa. chronographe, un historio- Verticalement : A. Laisser-aller. B. Épices – Bossu. C. Pé – Evs – était tiré d’une thèse de doc- D.D.T. D. Iranienne – En. E. Dives – Iéna. F. Ôte – Stop – Pi. G. graphe et un hagiographe ex- torat d’histoire que Madelin Pinte – Babils. H. Tf – Ontologie. I. Rites – U.S.A. J. Rois – AT ceptionnellement rigoureux ». venait de soutenir en Sorbon- (athée) – G.I. K. Énée – Tulipes. L. Scléroses – Sa. Son Manuel de l’inquisiteur, en ne. Dans sa longue carrière latin, a été édité intégralement d’historien, le livre reste un de Une autre économie depuis longtemps et a été sys- ses chefs-d’œuvre. C’était la pre- est possible. tématiquement utilisé par les mière biographie « scienti- Small is historiens (une traduction par- fique » consacrée au ministre tielle est parue en 2006). Une par ses exploits militaires ou ses de la Police de Napoléon. El- toujours beautiful édition critique, en latin, de écrits, mais par ses activités le est structurée en trois par- son Livre des sentences a été multiples : à la fois marchand, ties qui correspondent à trois Joseph Pearce publiée, en deux volumes, en banquier, armateur et « indus- étapes de la vie, non rectiligne, 1996. En voici une traduction triel ». Cet homme d’affaires, de Fouché : « Fouché de Nan- partielle, dans des extraits choi- dirait-on aujourd’hui, a néan- tes », ou le ralliement à la Ré- Pearce n’a pas besoin d’« ins- sis, traduits et présentés par Ju- moins exercé d’importantes volution d’un ancien oratorien trumentaliser » Schumacher pour lien Théry. C’est un recueil de charges au service du roi : il a devenu extrémiste (jusqu’aux Small is toujours en faire une lecture chrétienne : car décisions de justice (et non un été maître des monnaies de Pa- « mitraillades de Lyon ») ; puis beautiful Schumacher était un catholique recueil des procès-verbaux des ris et « argentier » de Char- « le ministre Fouché », rallié Joseph Pearce converti ! témoignages et des confes- les VII. Il fut aussi chargé, à à l’ordre mais hostile à la « réac - Éditions de L’Homme Nouveau, Le blog de Patrice de Plunkett sions), mais dans les sentences différentes reprises et dans dif- tion », d’où son soutien à Na- 372 p., 29 € publiées on retrouve des ex- férentes régions, de superviser poléon Bonaparte et sa carriè- (frais de port offerts). traits des dépositions et des la levée des impôts. Puis, bru- re ; enfin « Le duc d’Otrante » aveux des accusés. talement, le 31 juillet 1451, il – titre que lui décerne Napo- BON DE COMMANDE Ce livre présente donc à la fois fut arrêté à Bourges. Il fut ac- léon –, qui, au moment de la Nom : ...... Prénom : ...... un panorama des déviances cusé de plusieurs crimes, no- Restauration, change de camp. Adresse : ...... doctrinales répandues dans le tamment de « conspiration Louis Madelin réhabilitait Fou- ...... Languedoc au début du contre la personne du roi ». ché, préférant retenir les ser- ...... XIIIe siè cle et aussi des moyens Au terme d’un procès, où les vices qu’il avait rendus et met- Tél. : ...... Courriel : ...... employés par l’Inquisition pour obscurités ne manquent pas, tant ses trahisons au compte ❏ Oui, je désire commander le livre Small is toujours beauti- les combattre et défendre la foi tous ses biens furent confis- de sa personnalité d’« intrigant ful de Joseph Pearce, au prix de 29 € (frais de port des catholiques. Julien Théry qués. Emprisonné à Poitiers, de génie ». offerts).

note : « On ne voit pas à la lec- il s’évada en 1454 et termina Louis Madelin, Joseph Fou- ❏ J’envoie mon règlement à l’ordre de L’Homme Nouveau HN 1483 ture du Livre des sentences que sa vie en proscrit. ché, Nouveau Monde édi- aux : Éd. de L’Homme Nouveau, 10, rue Rosenwald, 75015 Bernard Gui ait commis des Le livre que Georges Bordo- tions, 896 p., 29 €. Paris. (Tél. : 01 53 68 99 77). iniquités, au regard des règles nove lui avait consacré en 1977, Yves CHIRON L’Homme Nouveau 28 FIGURES spirituelles N° 1483 du 18 décembre 2010 Bienheureux Édouard Poppe Le 10 janvier 1907, M. Poppe meurt d’épuisement. Édouard, qui a 17 ans, envisage de re- noncer pour un temps aux études Livré au feu de et de prendre en mains la bou- langerie, mais sa mère lui dit : « Papa m’a fait promettre avant de mourir de te laisser pour- suivre tes études. Je veux tenir l’Amour de Dieu ma promesse. » À l’armée En septembre 1910, Édouard est appelé au service militaire, dans la Compagnie universi- taire, où il pourra commencer ses études de philosophie. À la Repères caserne, on apprend bientôt son désir du sacerdoce, ce qui lui attire moqueries et provoca- >18 déc. tions. La trivialité et la dé- bauche de ses compagnons lui 1890 deviennent insupportables. De Naissance en Flandre plus, il ne peut assister à la d’Édouard Poppe. messe et communier en se- maine. En revanche, l’expé- rience de la vie militaire l’éclai- re sur la misère humaine, et lui >1902 sera utile lorsqu’en 1922 on lui Il fait sa première com- confiera le soin des sémina- munion et reçoit le ristes et des religieux tenus au sacrement de service militaire. Après quelques confirmation. mois, il retrouve la sérénité et puise dans l’Eucharistie, qu’il peut recevoir à nouveau, la for- >Sept. 1910 Il y a cent vingt ans, naissait à Tamise (Temse), ce pour transformer l’épreuve Engagé dans la Compa- en Belgique, Édouard Poppe. Né à quelques jours en occasion d’apostolat. Il com- gnie universitaire, prend mieux maintenant la vie il commence son service de Noël, et mort à 33 ans, ce disciple du Christ est et les difficultés des soldats et militaire. se met au service de tous. Il par sa vie un exemple de foi et de charité. Cet constate combien les fortes têtes ont besoin d’amitié ; grâce à sa er ardent apôtre s’était offert au Cœur Eucharistique >1 mai gentillesse, à sa serviabilité et de Jésus comme victime pour les pêcheurs. à sa bonne humeur, il réussit à 1916 ouvrir les cœurs et à porter les âmes à la vie spirituelle. Ayant obtenu une dis- Un jour, il découvre la vie de pense de guerre en 1915, “Jésus, souvenez- sainte Thérèse de Lisieux : «Ce Édouard est ordonné Édouard Poppe est né le ment se donner libre cours. Ce- Vous de Votre livre, écrira-t-il, m’a donné plus prêtre. 18 décembre 1890, dans une pendant, on remarque en lui de plaisir et de profit que n’im- famille flamande profondé- franchise et gaieté. À 12 ans, Amour, et de porte quel ouvrage de philo- ment catholique. Son père, Dé- il fait sa première communion, l’innocence sophie ; j’y ai appris des choses >10 juin siré, et sa mère, Josefa, habi- puis reçoit la confirmation. que des années d’étude ne m’au- tent dans la petite ville de Tem- Alors, sous l’influence bienfai- des petits.” raient pas fait découvrir. » Ce se, près de Gand (Belgique). Bou- sante des sacrements, Édouard qui le charme chez la jeune car- 1924 langer de son métier, Désiré devient plus sérieux : farces et mélite, c’est sa façon d’en- Âgé de 33 ans, il rejoint travaille dur pour faire vivre les taquineries se raréfient. après, un prêtre ami exprime à tendre la contemplation, qui le Père. siens. Dès ses premières an- Au printemps 1904, M. Poppe M. et Mme Poppe un avis favo- correspond si bien à ses goûts : nées, Édouard manifeste un na- s’ouvre à Édouard de projets rable sur la vocation d’Édouard. une prière toute simple, fami- turel aussi heureux que remuant. d’agrandissement de son com- M. Poppe dit à son épouse : lière, pratique, épousant les Mais il n’est pas un enfant fa- merce ; il souhaite le voir en- « Je préfère ce que Dieu veut. contours de tous les évène- >3 oct. cile : il bouscule tout, au risque trer en apprentissage de pâtis- D’ailleurs ne soyons pas égoïstes. ments et de toutes les occupa- de casser bien des choses et de sier. Édouard reste tout d’abord Dieu ne nous a pas donné nos tions, faisant corps avec la vie, 1999 se faire mal. Il va volontiers à muet, car il a résolu de deve- enfants pour nous. » C’est ain- devenue elle-même la vie et Le pape Jean-Paul II l’école, mais préfère tout de nir prêtre. Il répond finalement si qu’à l’automne, le garçon sanctifiant tout. Ainsi disparaît le béatifie. même rester à la maison où son à son père qu’il ne veut pas part pour le petit séminaire le conflit entre prière et travail. exubérance peut plus facile- être boulanger. Quelque temps Saint-Nicolas à Waas. Saint Louis-Marie Grignion de L’Homme Nouveau N° 1483 du 18 décembre 2010 FIGURES spirituelles 29

Montfort lui apporte le souri- l’armée une certaine rigidité. comme en temps de classe. re maternel de Marie, mais il Pourtant, sous ces dehors ru- Montrez-Lui que vous avez du semble que le saint préféré de gueux, il cache un cœur géné- cœur : chaque matin à la mes- >Retraites l’abbé Poppe soit saint Fran- reux, une piété profonde et une se de sept heures, et le soir au çois d’Assise, à cause de son grande bonté. salut !… Je vais voir quels sont • Avec les pères de Saint- Paris : du 13 au 16 février, à amour pour la Croix de Jésus. parmi vous les vaillants, et pour Joseph de Clairval : Exercices Nantes : du 6 au 9 mars, à er Libéré du service militaire, Apôtre des rues ceux-là, il y aura une tombo- spirituels pour hommes (à p. La Bergerie : du 1 au 4 mai ; la. » de 17 ans) du 26 au 31 dé- pour les filles, à Saint-Prix : Édouard, avec une joie pro- La belle saison permet à Édouard Même discours à l’école cembre et en 2011 : du 17 au du 16 au 19 février, à Nantes : fonde, revêt la soutane au sé- de commencer son apostolat des Sœurs. Le lendemain, tren- 22 janvier, du 22 au 27 février du 9 au 12 mars, à La minaire de Louvain, le 13 mars dans la rue. Il se montre ai- te enfants répondent à l’appel. et du 8 au 13 mars à Flavi- Bergerie : du 4 au 7 mai. 1912. En septembre 1913, il mable, donne des images aux Puis, dans les jours qui sui- gny ; du 28 février au 5 mars Rens. et insc. : Secrétariat, commence ses études de théo- enfants, salue les ouvriers le vent : cinquante, cent, deux en Alsace (Gueberschwihr). Mme Chevet, L’ancien cou- « Ils Rens. et insc. : Abbaye Saint- vent, 37, rue Jean-Jaurès, logie au séminaire de Gand. soir, à la sortie des usines : cents… L’abbé leur fait une Joseph de Clairval, Exercices 02850 Trélou-sur-Marne. La Première Guerre mondiale apprendront bien à me connaître ; petite instruction agrémentée spirituels, 21150 Flavigny-sur- Tél. : 09 62 11 60 89 – inscrip. éclate et, le 1er août 1914, Édouard il faut qu’ils sentent que je les d’histoires et de traits amu- Ozerain. Tél. : 03 80 96 22 31 – [email protected] – est mobilisé comme infirmier. aime », pense-t-il. Peu à peu, sants. Puis, il leur donne une fax : 03 80 96 25 29 – http://fssp.retraites.free.fr Le 4, il est à Namur, où le com- les conversations se multiplient, courte invocation à répéter sou- [email protected] – www.clairval.com • Retraite en silence de cinq bat fait rage. Le 25, l’armée il entre dans les maisons, spé- vent dans la journée. Pour évi- jours selon la méthode des belge se replie vers le sud. Épui- cialement les plus sordides. ter le tumulte, il réunit les plus • Exercices spirituels de saint Exercices spirituels de saint sé de fatigue, Édouard est dé- Son cœur se brise devant la mi- turbulents et les institue res- Ignace avec les CPCR pour Ignace de Loyola du 26 au posé à demi-mort dans un four- sère de ces pauvres gens ; la guer- ponsables de l’ordre. hommes, prêtres et sémina- 30 décembre à Orsay (91) gon d’ambulance. Au village re a créé des situations tra- Dans le but de sanctifier les ristes du 26 au 31 décembre. pour jeunes (à p. de 17 ans) Rens. et lieu : Maison Notre- prêchée par les abbés de Bourlers, le curé, l’abbé giques. Il ouvre sa bourse et don- enfants par l’Eucharistie, il Dame de Fatima, Bieuzy- Fabrice Loiseau et Gérald Castelain, le prend en charge ne tout ce qu’il peut. Devant conçoit le projet d’une Ligue Lanvaux, 56330 Pluvigner. de Servigny. jusqu’en décembre. Ce prêtre son évidente bienveillance, les de communion qui sera « une Tél. : 02 97 56 01 69 – Rens. et insc. : Abbé G. de Ser- a une confiance sans bornes en préventions anticléricales des association d’enfants qui ai- Fax : 02 97 56 04 76 – vigny, chapelle Notre-Dame saint Joseph. Édouard va en pauvres tombent, il peut par- ment Jésus et veulent se sanc- [email protected] – des Armées, 4, impasse des tifier en se soutenant mutuel- [email protected] – Gendarmes, 78000 Versailles. faire l’expérience. Un jour, les ler du Christ et redonner vie aux http://www.cpcr.org Tél. : 01 30 83 95 42 – retrai Allemands enlèvent une dou- vieilles racines chrétiennes. lement et en donnant partout [email protected] zaine de jeunes gens du villa- Mais la croix rédemptrice le le bon exemple ». • L’Œuvre des retraites de la ge : Édouard sollicite de saint visitera souvent. Un jour, son À la fin du mois de juillet, Fraternité Saint-Pierre propo- • Retraite à l’abbaye Saint- Joseph leur libération pour le curé lui dit : « Je n’aime pas Édouard est à bout de forces. se : à La Bergerie, des Exer- Michel de Kergonan (56340 que vous fréquentiez ces gens- cices spirituels de saint Igna- Plouharnel) du 26 au 31 déc. jour même. Quelques heures Un repos total lui est imposé ce dirigés par l’abbé Pozzetto sur « Fonder sa vie sur le plus tard, ils rentrent chez eux, là. Vous êtes trop jeune pour pendant un mois. Il le passe pour messieurs et jeunes Christ à l'école de saint Be- à l’exception d’un Français. vous exposer ainsi. Et puis c’est chez les Sœurs de la Charité de gens (à p. de 17 ans) du 26 au noît », animée par don Lar- Édouard renouvelle sa demande, inutile : vous vous faites illu- Melle. À son retour, il reprend 31 décembre et pour tous (à roque, de la Cté Saint-Martin. et, cette fois encore, il est exau- sion et perdez votre temps. Ré- le ministère courant, mais son p. de 17 ans) du 21 au 26 fé- Rens. : Tél. : 02 97 52 32 14 ou servez vos forces au soin des vrier ; des récollections pour 06 10 61 36 10 – abbaye.smk cé. De ce jour, Marie et Joseph curé, soucieux de sa santé, le enfants (6e, 5e, 4e) : pour les @orange.fr – www.saintmi deviennent inséparables dans âmes fidèles. » Édouard pour- décharge des réunions de la garçons, à Saint-Prix, près de cheldekergonan.org le cœur de l’abbé Poppe. ra cependant visiter les ma- Ligue de communion, du pa- Après bien des péripéties, il lades et les mourants ; il y fe- tronage et des catéchismes. obtient, grâce au cardinal Mer- ra merveille. La décision de Édouard obéit, le cœur serré ; fite pour faire une brève homélie, afin de pouvoir écrire, surtout cier, une dispense de ses obli- son curé, à laquelle il se sou- sans lui, ses œuvres vont peu à laquelle s’ajoutent lectures à ses confrères prêtres. Il se gations militaires, et revient au met, le consterne. à peu s’effondrer. et chants. tient au courant des questions séminaire en avril 1915. Édouard Depuis son arrivée à la paroisse, Si l’ardent apôtre s’intéresse à sociales qui ont toujours sus- est ordonné prêtre, le 1er mai le jeune prêtre s’est vu confier Épuisé par le labeur une âme en péril, il s’adresse cité son zèle et se préoccupe 1916. Son émotion et son re- le patronage des garçons. Son Malgré les allégements et les d’abord à l’ange gardien de la de la foi et de la pratique reli- cueillement sont intenses ; il objectif est d’occuper les en- soins qu’on lui procure, le jeu- personne, lui rappelle sa mis- gieuse des ouvriers, offrant s’offre au Cœur Eucharistique fants pendant les vacances. En ne vicaire s’affaiblit. Sur l’avis sion, dresse avec lui son plan pour eux souffrances et prières. de Jésus comme victime avec fin d’année scolaire, il passe à favorable de son directeur de de campagne. Quand il entre Il s’applique à faire comprendre Lui pour les pécheurs. l’école des Frères de Charité conscience, il demande à son dans une école ou une assem- à un de ses amis, devenu dé- Le 16 juin, il est nommé vicaire et s’adresse aux élèves : « Voi- évêque, en juillet 1918, un chan- blée, il salue les anges gardiens puté, l’importance de son rôle à la paroisse Sainte-Colette de ci les vacances ; vous allez bien gement d’activité. Le 4 octobre, des personnes présentes. Mais pour la recherche d’une solu- Gand, dans un quartier ouvrier. vous amuser, et c’est très bien. il est nommé directeur de la c’est surtout avec son propre tion équitable au problème ou- De fondation récente, cette pa- Mais n’oubliez pas Notre Sei- maison des Sœurs de Saint- ange gardien qu’il s’entretient. vrier. roisse n’est pas florissante. Le gneur. Il est si bon, et Il vous Vincent de Paul, au village de Voyant en lui le messager qui Le 1er janvier 1924 survient une curé a gardé de sa carrière dans aime, pendant les vacances Moerzeke. La maison compte relie son âme à Jésus et Marie, nouvelle crise cardiaque qui neuf religieuses, des personnes il le nomme « petit Gabriel ». est suivie le 3 février d’une re- âgées, quelques malades et plu- Le 11 mai 1919, victime d’une chute plus grave. Le 10 juin, sieurs orphelins, en tout une cri se cardiaque, il reçoit au lever, il est terrassé par une Anecdote cinquantaine de résidents. À la l’extrême-onction dans une ultime attaque d’apoplexie. Il paroisse du village, l’abbé Pop- grande paix. Contre toute at- reçoit l’extrême-onction, puis L’Eucharistie : soleil de sa vie ! pe retrouve un condisciple du tente, il se rétablit et le méde- jettent un dernier regard sur la Pour trouver la force dont crement : séminaire, devenu vicaire. D’un cin autorise les visites. Le 8 statue du Sacré-Cœur, ses mains il a besoin, Édouard passe «Édouard, commun accord, ils font en- juin, une nouvelle crise, plus s’ouvrent comme pour une der- beaucoup de temps de- que faites- semble une heure d’adoration grave que la première, le ter- nière offrande et il rend son vant le tabernacle. Parfois vous là ? – du Très Saint Sacrement, tous rasse ; plus de visites, plus de âme à Dieu à 33 ans. il soupire : « Ô Jésus, les Oh ! Je ne fais les jeudis soirs, dans la cha- messe. Cette fois encore sa san- Puissions-nous retenir cette hommes T’aiment si peu ! rien ; je tiens pelle du couvent. Entraînés par té se rétablit, mais il reste entre prière sortie de son cœur de « Souvenez-vous de vos Du moins, aimons-nous, simplement cet exemple, les résidents de la la vie et la mort, s’attendant, prêtre : souffrances, Jésus. Souvenez- nous deux. » Un jour, compagnie à Notre Sei- maison se joignent à eux ; puis d’un jour à l’autre, au dé- vous de votre amour, et de l’in- après une lourde journée gneur. Je suis trop fatigué les prêtres attirent des enfants nouement. Dans les périodes de nocence des petits ! Envoyez- de confessions, un ami le pour Lui parler, mais je me qui, à leur tour, amènent leurs répit, il reprend, comme il peut, nous vos prêtres ! » ◆ trouve près du Saint Sa- repose près de Lui. » parents. Bientôt la chapelle est son travail d’apostolat. Il fait . pleine et l’abbé Poppe en pro- installer une planche sur son lit Un moine bénédictin L’Homme Nouveau 30 MAGISTÈRE N° 1483 du 18 décembre 2010 HOMÉLIE DES VÊPRES DU 27 NOVEMBRE Viens, Seigneur Jésus ! Lors des premières vêpres du premier dimanche de l’Avent Benoît XVI a commencé la marche vers Noël en célébrant une veillée de prière pour la vie naissante. Rappelant le lien entre l’Incarnation du Sauveur et le début de la vie humaine, le Pape a confié à la Vierge Marie l’engage- ment en faveur de la vie naissante et notre attente joyeuse de la venue du Seigneur.

Avec cette célébration « Viens, Seigneur Jésus ! » (22, puis ses débuts, et ce pour la des vêpres, le Seigneur nous 20). sauver totalement, en plénitu- donne la grâce et la joie Chers frères et sœurs, notre ras- de. Et ainsi, le mystère de l’In- d’inaugurer la nouvelle An- semblement ce soir en vue de carnation du Seigneur et le dé- née liturgique à partir de sa commencer le chemin de l’Avent but de la vie humaine sont in- première étape : l’Avent, la s’enrichit d’un autre motif im- timement et harmonieusement période qui fait mémoire de portant : avec toute l’Église, liés entre eux au sein de l’unique la venue de Dieu parmi nous. nous voulons célébrer solen- dessein salvifique de Dieu, Sei- Chaque début comporte une nellement une veillée de priè- gneur de la vie de tous et de grâce particulière, car il est bé- re pour la vie naissante. Je dé- chacun. L’Incarnation nous ré- ni par le Seigneur. Au cours de sire exprimer mes vèle avec une lu- cet Avent, il nous sera donné, remerciements à mière intense et une fois de plus, de faire l’ex- tous ceux qui ont de façon surpre- périence de la proximité de Ce- répondu à cette in- “Dieu nous nante que chaque lui qui a créé le monde, qui vitation et à ceux vie humaine pos- oriente l’histoire et qui a pris qui se consacrent fait participer sède une dignité soin de nous jusqu’à arriver au de façon spécifique très élevée, in- sommet de sa complaisance : à accueillir et à à sa vie comparable. en se faisant homme. C’est pré- protéger la vie hu- L’homme présen- cisément le grand et fascinant maine dans ses di- divine elle- te une originalité mystère du Dieu avec nous, et verses situations indéniable par même du Dieu qui se fait l’un de fragilité, en même.” rapport à tous les de nous, que nous célébrerons particulier à ses autres êtres vi - au cours des prochaines se- débuts et dans ses premiers pas. vants qui peuplent la terre. Il maines, en nous mettant en Le début de l’Année liturgique se présente comme sujet unique marche vers Noël. Au cours du nous fait vivre précisément à et singulier, doté d’intelligen- temps de l’Avent, nous senti- nouveau l’attente de Dieu qui ce et de volonté libre, et com- rons l’Église nous prendre par se fait chair dans le sein de la posé de réalité matérielle. Il vit la main et, à l’image de la Très Vierge Marie, de Dieu qui se de façon simultanée et indis- Sainte Vierge Marie, nous ex- fait petit, devient enfant ; il sociable dans la dimension spi- Notre-Dame du Magnificat, en l’abbaye Notre-Dame primer sa maternité en nous nous parle de la venue d’un rituelle et dans la dimension de Saint-Eustase (elle tient la crosse des abbesses du faisant faire l’expérience de Dieu proche, qui a voulu re- corporelle. C’est ce que sug- lieu), porte le Dieu fait chair, Seigneur de la vie de l’attente joyeuse de la venue du parcourir la vie de l’homme, de- gère également le texte de la tous et de chacun. Seigneur, qui nous embrasse tous dans son amour qui sau- ve et réconforte. Angélus du 5 décembre Tourner nos regards travers les Saintes Écritures, spécialement quand elles sont prê- vers le but ultime >Accueillir le Verbe fait chair chées avec la force de l’Esprit Saint. La foi, en effet, se renforce Tandis que nos cœurs tendent d’autant plus qu’on se laisse éclairer par la Parole divine, par vers la célébration annuelle de Évangile de ce deuxième dimanche de l’Avent (Mt 3,1-12) « tout ce qui, comme nous le rappelle l’apôtre Paul, a été écrit la naissance du Christ, la li- nous présente la figure de saint Jean le Baptiste qui, se- dans le passé… pour notre instruction, afin que la constance et la turgie de l’Église oriente notre L’ lon une célèbre prophétie d’Isaïe (cf. 40,3), se retira dans consolation que donnent les Écritures nous procurent l’Espéran - regard vers le but ultime : la ren- le désert de Judée et, par sa prédication, appela le peuple à la ce » (Rm 15,4). Le modèle de l’écoute est la Vierge Marie : «Con- contre avec le Seigneur, qui conversion pour être prêt à la venue imminente du Messie. templant chez la Mère de Dieu une existence totalement mode- viendra dans la splendeur de la Saint Grégoire le Grand expliqua que le Baptiste « prêche une lée par la Parole, nous découvrons que nous sommes, nous aussi, gloire. C’est pourquoi, nous foi droite et de bonnes œuvres… pour que la force de la grâce pé- appelés à entrer dans le Mystère de la foi par laquelle le Christ qui, dans chaque Eucharistie, nètre, la lumière de la vérité resplendisse, les routes vers Dieu se vient demeurer dans notre vie. Chaque chrétien qui croit, nous « annonçons sa mort, procla- redressent et que naissent dans l’âme d’honnêtes pensées après rappelle saint Ambroise, conçoit et engendre en un certain sens, le mons sa Résurrection dans l’at- l’écoute de la Parole qui mène au bien » (Hom. in Evangelia, XX, Verbe de Dieu en lui-même » (Exhort. Verbum Domini, n. 28). tente de sa venue », nous veillons 3, CCL 141, 155). Le Précurseur de Jésus, placé entre l’Ancienne et Chers amis, « notre salut repose sur une venue », a écrit Romano dans la prière. La liturgie ne se la Nouvelle Alliance, est comme une étoile qui précède le lever Guardini (La sainte nuit. De l’Avent à l’Épiphanie, Brescia 1994, lasse jamais de nous encoura- du Soleil, du Christ, de Celui, donc, sur lequel – selon une autre p. 13). « Le Sauveur est venu de la liberté de Dieu… Ainsi la déci- ger et de nous soutenir, en pla- prophétie d’Isaïe – « reposera l’Esprit du Seigneur, esprit de sion de la foi consiste-t-elle à accueillir Celui qui vient » (idem, çant sur nos lèvres, au cours des sagesse et d’intelligence, esprit de conseil et de force, esprit p. 14). « Le Rédempteur, ajoute-t-il, vient auprès de chaque jours de l’Avent, le cri par le- de connaissance et de crainte du Seigneur » (Is 11,2). homme : dans ses joies et ses angoisses, dans ses certitudes, dans quel se conclut toute la Sainte Durant le temps de l’Avent, nous sommes nous aussi appelés à ses doutes et ses tentations, dans tout ce qui constitue sa nature Écriture, dans la dernière pa- écouter la voix de Dieu qui résonne dans le désert du monde à et sa vie » (idem, p. 15). ge de l’Apocalypse de Jean : L’Homme Nouveau N° 1483 du 18 décembre 2010 MAGISTÈRE 31

Première Lettre aux Thessalo- en elle-même et il faut toujours teragir avec sa mère, la coor- à la violence, à l’exploitation. mouvoir une culture toujours niciens, qui a été proclamée : rechercher son développement dination de processus biolo- Les multiples violations de respectueuse de la vie humai- « Que le Dieu de la paix Lui- intégral. Ensuite, l’amour en- giques, la continuité du déve- leurs droits qui sont commises ne, pour créer des conditions même, écrit saint Paul, vous vers tous, s’il est sincère, tend loppement, la complexité crois- dans le monde blessent dou- favorables et des réseaux de sanctifie totalement, et que spontanément à devenir une at- sante de l’organisme. Il ne s’agit loureusement la conscience de soutien à l’accueil et au déve- votre être entier, l’esprit, l’âme tention préférentielle pour les pas d’une accumulation de ma- chaque homme de bonne vo- loppement de celle-ci. et le corps, soit gardé sans re- plus pauvres et les plus faibles. tériel biologique, mais d’un lonté. Nous confions à la Vierge Ma- proche à l’Avènement de notre C’est dans cette optique que nouvel être vivant, dynamique rie, qui a accueilli le Fils de Dieu Seigneur Jésus-Christ » (5, 23). s’inscrit la sollicitude de l’Égli - et merveilleusement ordonné, « Aime et sers la vie » fait homme par sa foi, dans son Nous sommes donc esprit, âme se pour la vie naissante, la plus un nouvel individu de l’espè- Devant le triste panorama des sein maternel, avec une solli- et corps. Nous faisons partie de fragile, la plus menacée par ce humaine. Il en a été ainsi pour injustices commises contre la citude prévenante, en L’ac- ce monde, liés aux possibilités l’égoïsme des adultes et par Jésus dans le sein de Marie ; il vie de l’homme, avant et après compagnant de façon solidai- et aux limites de la condition l’obscurcissement des conscien- en a été ainsi pour chacun de la naissance, je fais mien l’ap- re et vibrante d’amour, la priè- matérielle ; dans le même temps, ces. L’Église réaffirme sans nous, dans le sein de sa mère. pel passionné du pape Jean- re et l’engagement en faveur nous sommes ouverts à un ho- cesse ce qu’a déclaré le conci- Avec l’antique auteur chrétien Paul II à la responsabilité de de la vie naissante. Nous le fai- rizon infini, capables de dia- le Vatican II : « La vie, une fois Tertullien, nous pouvons af- tous et de chacun : « Respec- sons dans la liturgie — qui est loguer avec Dieu et de L’accueil- conçue, doit être protégée avec firmer : « Il est déjà un hom- te, défends, aime et sers la vie, le lieu où nous vivons la véri- lir en nous. Nous œuvrons dans le plus grand soin » (ibid., me celui qui le sera » (Apolo- toute la vie humaine ! C’est té et où la vérité vit avec nous les réalités terrestres et à tra- n. 51). gétique, IX, 8) ; il n’y a aucu- seulement sur cette voie que tu — en adorant la divine Eu- vers elles, nous pouvons per- Il existe des tendances cultu- ne raison de ne pas le consi- trouveras la justice, le déve- charistie, dans laquelle nous cevoir la présence de Dieu et relles qui cherchent à anesthé- dérer comme une personne dès loppement, la liberté véritable, contemplons le Corps du Christ, tendre vers Lui, vérité, bonté sier les consciences par des sa conception. la paix et le bonheur ! » (Enc. ce Corps qui s’incarna en Ma- et beauté absolue. Nous goû- motivations qui sont des pré- Malheureusement, après la Evangelium vitæ, n. 5). J’ex- rie par l’œuvre de l’Esprit Saint, tons des fragments de vie et de textes. À propos de l’embryon naissance également, la vie des horte les acteurs de la politique, et qui naquit d’elle à Bethléem, bonheur et nous aspirons à la dans le sein maternel, la scien- enfants continue à être expo- de l’économie et de la com- pour notre salut. Ave, verum plénitude totale. ce elle-même met en évidence sée à l’abandon, à la faim, à la munication sociale à faire ce corpus, natum de Maria Vir- son autonomie capable d’in- misère, à la maladie, aux abus, qui est en leur pouvoir, pour pro- gine ! ◆ Dieu nous appelle à l’amitié avec Lui Dieu nous aime de façon pro- fonde, totale, sans distinction ; Commentaire Il nous appelle à l’amitié avec Lui ; Il nous fait participer à une réalité au-delà de toute imagi- nation et de toute pensée et pa- > La vie naissante role : sa vie divine elle-même. Avec émotion et gratitude, nous prenons conscience de la va- vec son grand sens litur- tout pour que le Pape soit écouté seur de la vie. Peu avant sa mort, il leur, de la dignité incompa- gique, Benoît XVI a deman- par nos dirigeants, afin qu’ils lut- prononçait devant les cardinaux rable de toute personne hu- A dé que soit célébrée à tra- tent contre les structures de péché un long discours leur rappelant maine et de la responsabilité que vers le monde entier une veillée et la culture de la mort en promou- qu’il avait voulu défendre envers et nous avons envers tous. « Nou- mondiale pour la vie à l’orée de la vant « des conditions favorables et contre tout et tous la foi et la vie. vel Adam, le Christ, dans la nouvelle Année liturgique. Par cet des réseaux de soutien » pour une C’était une claire allusion à son en- révélation même du mystère du acte, son magistère donne un culture de vie. cyclique Humanæ vitæ (1967). Il Père et de son amour, manifeste grand crédit à cette pensée de dom faut reconnaître, en effet, que cet- pleinement l’homme à lui- Guéranger, sur « la prière qui est Défenseurs de la vie te encyclique constitue l’un des même et lui découvre la subli- pour l’homme le premier des Tous les pontifes romains récents sommets doctrinaux et prophé- mité de sa vocation… par son biens », la prière engendrant la vie. ont défendu avec courage le droit à tiques du siècle. Malheureusement Incarnation, le Fils de Dieu Ce sont les tout premiers mots de la vie en général. Cette cause re- refusée par nombre de prêtres et s’est en quelque sorte uni lui- la préface de l’Année liturgique. Et cueille plus de 800 pages de docu- d’évêques, elle met en lumière, de même à tout homme » (Const. à propos de l’Avent le grand moine ments pontificaux pour façon absolument admi- Gaudium et spes, n. 22). écrivait : « Chaque année, l’Esprit les seuls pontificats de rable, toute la substance Croire en Jésus-Christ exige de Dieu reprend possession de sa Paul VI et de Jean-Paul II. ascétique et mystique également de porter un regard bien-aimée, et lui assure lumière et Mais l’Église en parla “Prions pour de l’amour conjugal et nouveau sur l’homme, un re- amour ; chaque année, elle puise auparavant. En se bor- de la vie naissante. gard de confiance, d’espéran- un surcroît de vie. » Quoi de plus nant aux papes du la vie sans Jean-Paul II s’est montré ce. Du reste, l’expérience mê- adapté, en effet, que l’Avent pour XXe siècle Pie X et le défenseur intrépide me et la juste raison attestent prier pour la vie, puisque Marie Benoît XV ont tout fait nous lasser.” de la vie. Le premier, il a que l’être humain est un sujet était immaculée dès sa conception pour éviter, puis arrêter parlé de culture de la capable d’entendre et de vou- et que le Verbe de Dieu s’est incar- le premier conflit mondial qui ôta mort. Il a créé l’Académie pontifica- loir, conscient de lui-même et né dans son sein ? Durant l’Avent, la vie à toute une élite européen- le pour la Vie, dont le premier pré- libre, unique et irremplaçable, on associe aisément « le cri silen- ne. Pie XI et Pie XII luttèrent contre sident fut le professeur Lejeune. sommet de toutes les réalités cieux » de la vie naissante au Verbe la mort liée aux dictatures mo- Benoît XVI continue dans le même terrestres, qui exige d’être re- formé dans le sein de la Vierge, et dernes. Pie XII, dans un discours fa- sillon. Rendons grâce à Dieu pour connu comme valeur en lui- notre prière l’y réunit. L’Apocalypse meux aux sages femmes en 1951, son initiative. Cette grande chaîne même et mérite toujours d’être évoque les menaces contre la fut le premier pape à édicter les universelle de prières pour la vie accueilli avec respect et amour. femme qui allait enfanter (Ap 12), normes éthiques de la vie. Le pre- rejoint le dessein du Cœur Imma- Il a le droit de ne pas être trai- et après Noël, les saints Innocents mier aussi, il précisa la pensée de culé de Marie, Mère de la vie et té comme un objet à posséder clament le drame de la vie l’Église sur les greffes d’organes. Reine de la famille, pour triompher ou comme une chose que l’on naissante. Jean XXIII réagit immédiatement de Satan qui cherche à ôter peut manipuler selon son bon Avec le Pape nous prions pour la contre les premières manifesta- la vie surnaturelle de la grâce vouloir, de ne pas être réduit à vie sans nous lasser. Continuons à tions promouvant l’avortement, ce dans les âmes, tout en s’acharnant un simple instrument au béné- prier sans cesse, comme la veuve « crime abominable » au dire de Va- contre la vie humaine à tous fice des autres et de leurs in- importune de l’évangile ! Faisons tican II. Paul VI fut un grand défen- ses stades. Un moine de Triors térêts. La personne est un bien FRAIS DE PORT! OFFERTS BIENTÔT NOËL, Pour vous et vos proches, des cadeaux intelligents à ajouter au pied de la crèche !

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