Forêts De Senlis
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ETIENNE GUILLEMOT ARCHIVISTE PALÉOGRAPHE ATTACHÉ A LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE. LES FORÊTS DE SENLIS ÉTUDE SUR LE RÉGIME DES FORÊTS D'HALATTE, DE CHANTILLY ET D'ERMENONVILLE AU MOYEN AGE ET JUSQU'A LA RÉVOLUTION PARIS 1905 LES FORÊTS DE SENLIS ÉTUDE SUR LE RÉGIME DES FORÊTS D'HALATTE, DE CHANTILLY ET D'ERMENONVILLE AU MOYEN AGE ET JUSQU'A LA RÉVOLUTION. Extrait des Mémoires de la Société de l'Histoire de Paris et de l'Ile-de-France, t. XXXII (1905). Nogent-le-Rotrou, imprimerie DAUPELEY-GOUVERNEUR. ETIENNE GUILLEMOT ARCHIVISTE PALÉOGRAPHE ATTACHÉ A LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE. LES FORÊTS DE SENLIS ÉTUDE SUR LE RÉGIME DES FORÊTS D'HALATTE, DE CHANTILLY ET D'ERMENONVILLE AU MOYEN AGE ET JUSQU'A LA RÉVOLUTION PARIS 1905 A MON ONCLE M. ERNEST DUPUIS ANCIEN VICE-PRÉSIDENT DU CONSEIL GÉNÉRAL DE L'OISE PRÉSIDENT DU COMITÉ ARCHÉOLOGIQUE DE SENLIS. HOMMAGE AFFECTUEUX LES FORÊTS DE SENLIS ÉTUDE SUR LE RÉGIME DES FORÊTS D'HALATTE, DE CHANTILLY ET D'ERMENONVILLE AU MOYEN AGE ET JUSQU'A LA REVOLUTION. INTRODUCTION. Les forêts de Chantilly, d'Halatte et d'Ermenonville ayant fait partie des mêmes juridictions sous l'ancien régime, il convient de ne pas les disjoindre pour en étudier l'histoire. Elles dépendaient en effet de la Maîtrise des eaux et forêts de Senlis pour l'adminis- tration des bois et la répression des délits qui s'y commettaient. En ce qui concernait la conservation du gibier nécessaire au plaisir du roi, elles étaient soumises à une juridiction spéciale qu'on appelait la Capitainerie royale des chasses d'Halatte. Ce groupement nous permet aussi de comparer trois forêts possédées et administrées par des personnalités différentes, car la forêt d'Halatte, seule, était au roi. Le massif de Chantilly qui constitua le domaine des Mont- morency et des Condé et celui d'Ermenonville qui appartenait en grande partie à l'abbaye de Chaalis, bien que situés dans les limites de la maîtrise de Senlis, jouissaient au point de vue juridique et administratif d'une certaine autonomie. A part une notice de M. Léon Fautrat sur la forêt d'Halatte et sa capitainerie1, l'histoire des forêts de Senlis n'a été l'objet d'aucune recherche historique spéciale. Les documents manuscrits que nous avons utilisés sont pour la plupart conservés aux archives départe- mentales de l'Oise, aux Archives nationales, au château de Chantilly et I. Comité archéologique de Senlis (Comptes-rendus et Mémoires), année 1886, p. 81. 2 LES FORÊTS DE SENLIS. 90 aux archives municipales de Senlis ; de plus la Bibliothèque nationale nous a fourni divers documents, notamment des comptes curieux des chasses de Charles VI dans la forêt d'Halatte. Dans le manuscrit d'Afforty, Collectanea Silvanectensia1, conservé à la bibliothèque municipale de Senlis, nous avons pu recueillir sur les forêts d'assez nombreuses copies de chartes dont la teneur serait aujourd'hui perdue sans le travail acharné du savant chanoine de Saint-Rieul. Enfin, le fonds de la maîtrise des eaux et forêts de Senlis est naturellement riche en documents intéressants depuis le XVIe siècle; mais ces archives, situées dans les combles du Palais de Justice de Beauvais, n'étant pas classées, il nous a été difficile d'en tirer tout le parti que nous aurions voulu. En présentant cette étude, en 1900, comme thèse de l'Ecole des chartes, nous l'avions intitulée : les Forêts du bailliage de Senlis2. Il nous a semblé préférable d'adopter un titre plus précis, car le bail liage de Senlis s'étant étendu à certaines époques jusqu'à Compiègne au nord et jusqu'aux environs de Pontoise au sud, nous aurions été entraîné par ce titre à faire l'historique des forêts de Cuise, de Mont morency et de l'Isle-Adam, et, par suite, à nous écarter du cadre que nous nous étions tracé. Notre travail primitif a subi diverses modifications. C'est ainsi que par suite de nouvelles recherches, nous nous sommes étendu davan tage sur les origines et les défrichements; nous avons également ajouté un chapitre concernant les plans et les cartes, dont nous avons fait reproduire un assez grand nombre pour aider à l'intelligence de certains passages qui paraîtront peut-être un peu ardus. Pour toutes ces additions, nous avons suivi les excellents et savants conseils de M. Léopold Delisle, qui fut chargé, avec M. Gustave Desjardins, d'examiner notre thèse; nous le prions d'agréer l'expres sion de notre très respectueuse reconnaissance. Nous ne saurions trop vivement remercier aussi tous ceux qui ont bien voulu prendre intérêt à notre travail. Notre pensée, en écrivant ces lignes, s'adresse tout particulièrement à M. A. de Boislisle, qui nous a fait l'honneur d'en encourager la publication dans les Mémoires de la Société de l'Histoire de Paris, et à M. Jules Lair, dont la bienveillance à notre égard n'a pas été moindre. Nous nous souvenons également avec gratitude de l'empressement I. Voir la notice que Flammermont a consacrée à cette collection dans son Histoire des institutions municipales de la ville de Senlis. Paris, I88I, in-8°. (Bibliothèque de l'École des Hautes-Études, sciences philol. et hist., 45e fascicule, pages XI à XVI.) 2. École nationale des Chartes. — Positions des thèses soutenues par les élèves de Ia promotion de 1900. Chalon-sur-Saône, 1900, in-8e, p. Io5. Voir l'image en haute résolution 91 LES FORÊTS DE SENLIS. 3 avec lequel MM. L. Le Grand, des Archives nationales, E. Roussel, archiviste de l'Oise, et G. Macon, conservateur-adjoint du musée Condé, ont facilité notre tâche en nous dirigeant dans leurs riches dépôts. Nombreux enfin sont les confrères et les amis qui ont secondé nos recherches; nous les en remercions bien cordialement. Nous devons tout spécialement exprimer notre vive reconnaissance à M. le mar- quis de Luppé, qui n'a cessé de nous faire profiter de sa connais- sance approfondie de la région1 et à M. Léon Fautrat, ancien ins- pecteur des forêts de Senlis, qui a bien voulu déterminer le choix de cette étude et s'y intéresser jusqu'au moment de son complet achèvement. Et. GUILLEMOT. PREMIÈRE PARTIE. GÉOGRAPHIE. — PROPRIÉTÉ DU SOL FORESTIER. RÉGIME DES BOIS. CHAPITRE Ier. La forêt de Cuise. — Défrichements. La forêt des Sylvanectes. — Défrichements opérés par les Romains : camp de Gouvieux, la Barre-de-Rouvray, le temple de Villers, etc. — Époques mérovingienne et carolingienne : Cotia sylva ; son étendue. Vernensis sylva. — Défrichements effectués au XIIe siècle sur le territoire de Brasseuse, dans la vallée de l'Oise, à Gouvieux et à Lamorlaye, aux environs de Pontarmé et de Plailly. — Interdic- tions de défricher dès le XIIIe siècle. — Déboisements après cette époque : peu d'exemples. La forêt à l'époque gallo-romaine. — « Un peu au nord de Lutèce, dit Maury2, existait une petite population gauloise I. M. le marquis de Luppé nous a notamment communiqué les notes qu'il avait préparées pour la prochaine publication du cartulaire de la forêt d'Halatte. (Archives nationales, KK 945.) Ce document très intéressant pour notre travail verra bientôt le jour, c'est pourquoi nous nous sommes dis- pensés d'en citer les chartes in-extenso. 2. Les Forêts de la Gaule et de l'ancienne France. Paris, 1867, in-8°, p. 52. (État forestier du nord de la Gaule.) 4 LES FORÊTS DE SENLIS. 92 que César n'a pas mentionnée et que les géographes qui vinrent après lui nomment les Sylvanectes. Ce nom leur était attribué parce qu'ils habitaient une vaste forêt entrecoupée seulement de quelques clairières. Cette forêt s'étendait depuis les environs de Louvres jusqu'au milieu du département de l'Aisne; elle embras- sait les forêts de Chantilly, d'Halatte, de Compiègne, de Laigue, de Coucy et de Villers-Cotterets. Elle paraît avoir été simplement désignée par les Gaulois sous le nom de coat, cot (en latin cotia), 1 c'est-à-dire la forêt . » De cette immense région boisée, nous n'étudierons qu'une par- tie, celle qui, bornée au nord et à l'ouest par l'Oise, a été réduite, par des défrichements effectués au commencement du moyen âge, à trois beaux massifs, qui encadrent actuellement la ville de Sen- lis : les forêts d'Halatte, de Chantilly et d'Ermenonville. Il est difficile de savoir de quelle façon les Romains, arrivant en Gaule, modifièrent l'état de la forêt des Sylvanectes. S'il est certain que, pour éviter les surprises, ils défrichèrent les forêts autour de leurs camps, on peut, par contre, malaisément déter- miner les endroits où ces camps se trouvaient situés. Suivant l'abbé Fontenu2, il en aurait existé un sur le plateau qui domine l'Oise, au confluent de la Nonette : « La tradition constante de tout le voisinage est que César a campé en cet endroit et que le quartier des environs qu'on a nommé dans tous les temps la garenne estoit alors une forêt fort épaisse et étendue qu'il fit abattre pour pouvoir découvrir tout le pays d'alentour et empê- cher l'ennemi de venir s'y cantonner. » Appuyant sa thèse sur les découvertes qu'il fit en cet endroit d'élévations de terre aux- quelles il donne le nom de retranchements, sur le fait que ce lieu porte de « temps immémorial » le nom de Camp-de-César, l'au- teur de ce mémoire conclut à l'existence d'un camp romain. I. Maury, op. cit., p. 53, n. I. Ce nom se retrouve dans celui du village de Coye (Maury, op. cit., p. 164), dans celui de Coard ou Couard que por- tait un bois de la forêt d'Ermenonville contigu à la forêt de Perthes (Maury, op.