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LE MAGAZINE D’INFORMATION DU CENTRE NATIONAL D’ÉTUDES SPATIALES cnescnesmag N° 41 04/2009

AMA 2009 UNE ANNÉE « BIG BANG » IYA09 - Behind the Big Bang

L’oiseau et le satellite

Birds under satellite scrutiny

JEAN-MICHEL JARRE Un ambassadeur pour l’astronomie Astronomy’s ambassador

sommaire ERATJ contents N°41 - 04/2009

06

04 / 15 news Smos, Des mesures disponibles à l’automne SMOS: data coming soon Soyouz, dernière ligne droite avant le lancement in Guiana: first launch in sight 11 100 ans pour le salon du Bourget Paris Air Show centenary

16 / 29 politique Business & politics 16 Interview Fadela Amara, secrétaire d’État en charge de la Politique de la ville, à l’occasion du démarrage de l’opération « Espace dans ma ville » 2009. IInterview with Fadela Amara, Junior Minister for Urban Affairs, for the kick-off of Space in my City 2009. Séminaire de prospective Space science seminar Histoire d’espace: La moteur de l’Europe spatiale Space History: France as Europe’s engine room in space

30 / 37 société Society L’oiseau et le satellite 30 Birds under satellite scrutiny Une expertise pour l’écotaxe poids lourds CNES expertise applied to truck eco-tax

38 / 59 dossier Special report 2009, une année « Big Bang » 2009 - Behind the Big Bang

60 / 68 Monde World États-Unis : la Nasa attend une nouvelle impulsion : NASA awaiting new momentum Europe : cap sur l’Espace européen de la recherche Europe: European Research Area in sight

69 / 75 culture Arts & living L’espace s’invite à La Nuit des musées Space in the spotlight on museum night Un espace dédié aux enseignants Dedicated site for teachers Des fusées expérimentales à Biscarosse Experimental rockets and more 60

CNESMAG journal trimestriel de communication externe du Centre national d’études spatiales.2 place Maurice-Quentin. 75039 Paris Cedex 01. Adresse postale pour abonnement: 18 avenue Édouard- Belin. 31404 Toulouse Cedex 9. Tél.: + 33 (0) 5 61273469. Internet: http://www.cnes.fr. Cette revue est réalisée par le Service de la communication institutionnelle. Elle est membre de l’Union des journaux et journalistes d’entreprises de France (UJJEF) Abonnement: cnesmag@.fr. CNESMAGquarterly review of the Centre National d’Etudes Spatiales –2 place Maurice-Quentin 75039 Paris cedex 01 – France – Postal address for subscriptions: 18 avenue Edouard Belin 31401 Toulouse cedex 4 – France. Phone: +33 (0) 561 273 469. Website: http://www.cnes.fr. This review is produced by the CNES Corporate Communications Office, a member of the French union of corporate publications and journalists (UJJEF). Subscriptions: [email protected]. Directeur de la publication/Publication director: Yannick d’Escatha. Responsables éditoriaux/Editorial directors: Pierre Tréfouret, Joëlle Brami. Rédactrice en chef/Editor-in-chief: Brigitte Thomas. Rubrique News : Liliane Feuillerac. Rubrique Politique/Business & Politics: Aline Chabreuil. Rubrique Société/Society: Joëlle Brami. Dossier/Special Report: Brigitte Thomas. Rubrique Monde/World: Philippe Collot, Europe: Geneviève Gargir. Rubrique Culture/Arts & Living: Marie-Jo Vaissière. Avec l’aide de/Contributors:Fernand Alby, Christophe Allemand, Laura André-Boyet, Jean-Marc Astorg, Gérard Azoulay, Karol Barthélémy, François Bermudo, Anne-Marie Bernard, Richard Bonneville, Lilia Bouarour, Fabienne Casoli, Philippe Collot, Fiona Commins, Christine Correcher, Chantal Delabarre, Mario Delail, Carole Deniel, Romain Desplats, Danièle Destaerke, Claire Dramas, Jean-Bernard Dubois, Alain Gaboriaud, Geneviève Gargir, Isabelle Guidolin, Michel Hayard, André Husson, Marie-Pierre Joseph-Alberton, Nadia Karouche, Séverine Klein, Anne-Marie Laborde, Agnès Lerr, Marc Pontaud, Chantal Raynaud, Didier Renaut, Michel Sartou, Anne Serfass-Denis, Isabelle Sourbes-Verger, Jean-philippe Taisant, Éric Thouvenot, Michel Vauzelle, Gwenaëlle Verpeaux, Fanny Zmaric. Traduction/English text: Boyd Vincent. Conseil iconographique/Artwork and picture consultant: Serge Delmas. Photothèque/Photos: Orianne Arnould. Crédits photos/Photo credits: CNES, Sertit, Spot Image, Esa, , Thales Alenia Space, PixproStudio, Safire, Medialab, IRD, Cirad, Artec Aerospace, Fotolia, Nasa, JPL, Space Science Institute, JPL-Caltech, CXO/CFA, DLR/FU Berlin (G. Neukum), ISDC Geneva, Hubble Comet Team, Hubble Heritage Team (STScI/AURA), CXC, EuroSpaceCenter, Panète Sciences, Activité Optique CSG, P. Baudon, T. Vallée, Y. Obrenovitch, C. Urbain, P.Le Doaré, Lycée Jean-Puy, H. Piraud, O. Pascaud, P.Collot, E. Grimault, C. Bardou, S. Charrier, O. Ben Salem, R. Barranco, A. Aebischer, F.Baillon, P.Poilecot, J.-L. Bazile, S. Henri, M. Weiss, M. Pedoussaut, D. Ducros, C. Dupont, Y. Stavchansky, José Francisco Salgado, PhD, B. Guindre, L. Boyer, N. Smith (University of California, Berkeley), Erich Karkoschka (University of Arizona), The Hubble Heritage Team (STScI), G. Bacon (STScI), Johan Richard (Caltech), D. Finkbeiner, V. Beckmann, A. Tappe and J. Rho (SSC-Caltech), R.Wainscoat, B.Rouffignac. P.10: ONF; p.17: Ludovic-Réa; p.28-29: Henri Bureau/Sygma/Corbis; p.31: Kevin Schafer/Corbis; p.38-39: L.Laveder/Novapix; p.46: A.Fujii/David Malin Images/Novapix; p.57: A.H. Abolfath/B. A.Tafreshi/Novapix; p.59: J.Lodriguss/Novapix; p. 69: Hans Hartung, « Mon télescope et moi » (1916), ADAGP, Paris 2009. Pour tout renseignement, contacter la photothèque au: + 33 (0) 5 61 47 48 78./For more information, contact the photo library on +33 (0) 561 474 878. Création/Réalisation/Design and pre-press: Véronique Nouailhetas. Impression/Printing: SIA. ISSN 1283-9817. Couverture/Cover: © Ciel et espace/C. Birnbaum

2 / cnesmag AVRIL 2009 de l’espace pour la terre l

Pierre Tréfouret Directeur de la communication externe, de l’éducation et des affaires publiques, CNES a Director of External Communications,

Education and Public Relations, CNES i

Un printemps étoilé r ’Organisation des Nations unies et l’Unesco ont déclaré 2009 Année mondiale de l’astronomie. Dans 130 pays, dont la France, de multiples manifestations témoigneront

de l’actualité des questions que se posent les hommes sur l’origine de l’Univers. Hasard o L du calendrier, la découverte de l’exoplanète Corot-Exo-7b, le lancement des satellites européens et Herschel au printemps marquent déjà cette année. Quatre cents ans après Galilée,

l’astronomie spatiale, quand elle ne les supplante pas, est devenue le complément indispensable des t télescopes terrestres. Notre dossier vous propose un état des lieux de cette discipline, qui, sans l’apport i du spatial, ne pourrait voir, demain, le passé de l’Univers. La Guyane offrira pour la première fois son ciel au décor naturel d’une Nuit des étoiles à partir de cinq sites exceptionnels. Jean-Michel Jarre, ambassadeur de bonne volonté à l’Unesco, notre invité de la rédaction, prévoit pour la fin de l’été un d mégaconcert aux îles Canaries à l’occasion de l’inauguration du grand télescope de La Palma. Même le supplément CNES Mag Educ se met au diapason en faisant la part belle à la mission martienne MSL, avec une innovante maquette réalisée par des BTS de la région Midi-Pyrénées. é Mais pour anticiper sur les missions d’astronomie de demain, le séminaire de prospective scientifique du CNES, programmé tous les quatre ans, est le lieu idéal pour en débattre avec les laboratoires concernés. Cette année, celui de Biarritz, sujet de l’interview croisé entre Catherine Cesarsky, prési- dente du Comité des programmes scientifiques, et Yannick d’Escatha, président du CNES, a donné 38 la priorité aux nombreuses missions du programme scientifique de l’Esa (). Côté tech- nologie de pointe, la journée R&T sur les systèmes orbitaux, relatée dans ce numéro, avait déjà posé quelques jalons. Enfin qui dit printemps, dit envies d’évasion… pour les satisfaire, laissez vous surprendre par l’envol des flamants roses, des balbuzards, des mouettes ivoire et autres canards suivis par satellite pour mieux les protéger; courez à l’Euro Space Center, en Belgique, simuler une mission spatiale dans le shuttle américain; ou encore incitez vos enfants, comme vous le propose Fadela Amara, secrétaire d’État en charge de la Politique de la ville, à participer à la semaine d’animation spatiale estampillée « Espace dans ma ville » si vous habitez dans une des 19 agglomérations retenues cette année. Profitons de ce printemps étoilé pour aller à la découverte de l’Univers!

A star-studded spring The United Nations and UNESCO have declared for a stargazing night at five exceptional sites. This programme. And, as you will see in our report 2009 the International Year of Astronomy. In 130 issue’s guest column meets UNESCO goodwill from the orbital systems R&T day, CNES is busy countries, including France, a packed programme ambassador Jean-Michel Jarre, who will be playing a developing some of the leading-edge technologies of events will turn the spotlight on the questions mega-concert in the Canary Islands for the that will help to make them happen. scientists are still pondering about the origin of inauguration of the GTC telescope on La Palma. With spring now upon us, we naturally feel inclined the Universe. As chance would have it, IYA is also Even CNES Mag Educ is getting in on the act, to get out and about. Maybe you will be lucky marked by the recent discovery of the exoplanet focusing on the Mars Science Laboratory mission enough to see some pink flamingos, ospreys, CoRoT-Exo-7b and the forthcoming launch of the (MSL) and a student project to build an innovative ivory gulls and other bird species being tracked European Planck and Herschel satellites. Four full-scale replica of the MSL rover. by satellite to help protect them more effectively; hundred years after Galileo, space-based CNES’s four-yearly space science seminar offers you could take a trip to the Euro Space Center in astronomy has become the vital complement to the ideal forum to look ahead to tomorrow’s and fly a simulated US space shuttle ground-based telescopes, and indeed has in some astronomy missions with research laboratories. mission; or encourage your children, as Fadela cases superseded them. Our special report This year’s seminar in Biarritz, which we cover in Amara, Junior Minister for Urban Affairs, is doing section takes stock of the latest developments in our interview with Catherine Césarsky, Chair of to take part in the Space in my City operation this field, which is employing space technologies the CNES Science Programmes Committee, and that will be calling in this year at 19 French cities. to peer back into the Universe’s distant past. For CNES President Yannick d’Escatha, gave priority This spring, the Universe is just waiting to be the first time, will be the backdrop to missions in ESA’s Cosmic Vision science discovered!

space for earth AVRIL 2009 cnesmag / 3

ERATJ news

l était une fois une pirogue qui Iremontait le fleuve pour initier les petits Guyanais scolarisés aux appli- cations du spatial… L’édition 2009 de « L’espace au fil du fleuve » est repartie avec autant d’engouement que la précédente! Forte de son succès de 2008, qui avait sensibilisé à la culture spatiale plus de 1900 jeunes du Haut-Maroni, l’opération menée par le CSG a été reconduite du 11 au 23 mars cette fois-ci sur le fleuve Oyapock. L’équipe a fait escale dans six communes reculées (Saint- Georges, Ouanary, Trois Palétuviers, Tampak, Camopi, Trois Sauts et Oyapock au Brésil) de ce fleuve frontalier pour rencontrer 2600 élèves scolarisés sur ses rives, de la maternelle au collège. Placés sous le signe de l’Année mondiale de l’astronomie, les ateliers ciblés (construire le système solaire ou, plus pratique, des microfusées et des fusées à eau) mis en œuvre par les animateurs de l’association Planète Sciences et du rectorat de Guyane ont allumé des étoiles dans les yeux des enfants!

FRENCH GUIANA River children learn about the stars Once upon a time in a land far away, a dugout journeyed up a river, stopping at schools along its banks to teach children about space applications ... L’Espace au fil du fleuve 2009 (Space along the River) is underway, with no less excitement in store than last year. EFF08 reached 1,900 pupils along the upper stretches of the Maroni River and proved such a hit that the (CSG) has run the operation again, this year on the Oyapock River, 11-23 March. The team met 2,600 pupils at primary and secondary schools in six remote communities on the banks of this border river: Saint Georges, Ouanary, Trois Palétuviers, Tampak, Camopi, Trois Sauts and Oyapock au Brésil. Part of the International Guyane Year of Astronomy, the targeted workshops were a chance for pupils to build system models, microrockets and water- propelled rockets. Delivered by activity leaders from Planète Sciences and the local CONTÉE AUX ENFANTS DU FLEUVE education authority, the operation has again proved a success and a real source of inspiration for these youngsters.

4 / cnesmag AVRIL 2009 Guyane E AUX ENFANTS DU FLEUVE

AVRIL 2009 cnesmag / 5 ERATJ news

ÉVÉNEMENT 100 ans pour le salon du Bourget réé en 1909, à l’initiative d’aviateurs ou de Cconstructeurs de génie tels Blériot, Bréguet ou Voisin, le salon international de l’aéro- nautique et de l’espace du Bourget s’apprête à célébrer dignement son centenaire lors de sa 48e édition qui se déroulera du 15 au 21 juin 2009. Fidèle à sa réputation, le CNES présen- tera ses programmes et son actualité spatiale, généralement très appréciés du public, de façon conviviale et originale. Sa version 2009 sera très « high-tech », avec des dispositifs interactifs novateurs et une sphère géante sur laquelle seront projetées des images spectacu-

̆̆ laires de la Terre et du système solaire. Sur son Le satellite Smos en essais de performances chez Thales Alenia Space à Cannes. parvis, une maquette fonctionnelle à l’échelle 1 The SMOS satellite undergoes performance testing at Thales Alenia Space in Cannes. SMOS (plus de deux mètres de hauteur, largeur, lon- DES MESURES DISPONIBLES À L’ AUTOMNE gueur, et proche de 600 kg) du rover de la mis- sion Mars Science Laboratory (MSL) de la Nasa e contenu en eau des sols est une variable importante pour l’hydrologie, la prévision du temps, sera exposée. Cette maquette a été réalisée L le suivi du climat. La connaissance de la salinité des océans et de son évolution doit permettre par une quinzaine de lycées BTS industriels et d’identifier et de suivre les courants marins qui jouent, à l’instar du Gulf Stream, un rôle primordial professionnels de l’académie de Toulouse dans les changements climatiques. Actuellement, aucune mesure de ces paramètres n’est disponible dans le cadre du partenariat qui lie le CNES et à l’échelle globale. Smos, mission de l’Esa avec une importante contribution technique et scientifique le rectorat (cf. CNES Mag Éduc n° 2). de la France et de l’Espagne, fournira dès cet automne ces données à l’ensemble de la communauté EVENT Paris Air Show centenary scientifique. Le CNES assure la fourniture d’une plateforme Proteus, du centre de contrôle du satellite, Founded in 1909 at the initiative of Blériot, ainsi que la réalisation et les opérations d’une partie du centre de mission. Concept novateur qui Bréguet, Voisin and other eminent aviators and acquiert des signatures angulaires d’émissivité des surfaces par tous les temps, le capteur de Smos planemakers, the Paris-Le Bourget International th va estimer l’humidité avec une précision de 4 % et la salinité des océans avec une précision de 0,1 PSU Air & Space Show celebrates its 100 anniversary this year with the 48th event in the series, 15-21 (Practical Salinity Unit). Le satellite a terminé avec succès tous les tests de certification (vibration, vide, June. True to form, CNES will showcase its key etc.). Le lancement est prévu en septembre 2009 pour une durée de vie de cinq ans. Le centre de trai- programmes and developments in an open and tement des données sera en Espagne pour les premiers niveaux, en France pour les niveaux plus élaborés. original way, always appreciated by visitors. This year’s high-tech display will include innovative interactive exhibits and a giant sphere, onto Data coming soon which spectacular imagery of Earth and the solar Soil moisture content is an important variable for hydrology, meteorology and climatology. A closer system will be projected. And outside, a full-scale knowledge of ocean salinity and its variations will help us to identify and track ocean currents like the Gulf functional replica of the NASA Mars Science Stream, which play a key role in climate change. Yet despite their importance, no global data are available Laboratory (MSL) rover, over two metres long, for these two parameters. From this autumn, ESA’s Soil Moisture & Ocean Salinity (SMOS) mission will wide and high, and close to 600 kilograms. The deliver these data to the international research community, with a significant technical and scientific contribution replica was built by students on BTS vocational from France and . CNES is supplying the satellite bus and control centre, and is responsible for part of courses at 15 high schools in the Toulouse region the mission centre. In a novel concept, the SMOS instrument will acquire angular emissivity signatures of under a partnership between CNES and the local surfaces in all weather conditions and estimate soil moisture with an accuracy of 4% and ocean salinity education authority (see CNES Mag Educ 2). with an accuracy of 0.1 PSU*. The spacecraft has successfully completed all certification tests (vibration, vacuum, etc.). SMOS is scheduled to launch in September for a five-year mission. The mission data centre in Spain will be responsible for lower-level processing, with France responsible for high-level products. *Practical salinity unit Lexique Signatures angulaires d’émissivité des surfaces Angular emissivity signatures of surfaces L’instrument va réaliser des acquisitions de ce qui est émis par la Terre (émissivité) sous The instrument will measure emissions from Earth des angles de prise de vue différents (signature angulaire) (emissivity) at different viewing angles (angular signature).

www.cnes.fr La charge utile de Smos pendant les essais. The SMOS payload during trials http://smsc.cnes.fr/SMOS/ Simulation de l’humidité de surface (niveau 2) Surface moisture simulation (level 2) http://smsc.cnes.fr/SMOS/

6 / cnesmag AVRIL 2009 OLYMPIADES DE PHYSIQUE TROIS LYCÉENS ROANNAIS AU TABLEAU D’HONNEUR

lacées sous le double label de l’Année mondiale de l’astronomie et de Science à l’école, les XVIe P Olympiades de physique ont livré, le 30 et 31 janvier 2009, au Palais de la Découverte (Paris), le nom des heureux lauréats. Élèves au lycée Jean-Puy de Roanne, Élodie Giron, Lucie Vandôme et Étienne Vignon ont présenté un dossier complet, riche, documenté sur le fonctionnement des Ballons stratosphériques ouverts (BSO). À l’origine de leur travail des interrogations sur les BSO: Comment volent-ils? Comment les utiliser pour mieux comprendre certaines caractéristiques de l’at- ARGOS-3 mosphère terrestre? En vingt-cinq pages, ils ont livré la réponse au travers de travaux de recherche Nouvelle génération, et d’étude en physique et mathématiques, d’expériences menées avec leurs enseignants. Les trois nouvelles performances lycéens ont conçu et fabriqué un BSO à échelle réduite, modélisé numériquement son ascension, observé les différentes phases de la trajectoire à basse altitude et analysé les données. Un travail rigou- ancé le 6 février 2009 depuis la base reux qui leur a valu le 1er prix. de Vandenberg (Californie), Noaa-N L PHYSICS OLYMPIAD Balloon project wins first prize emportait une dizaine d’instruments Part of the International Year of Astronomy and the French government’s Sciences à l’école (Sciences at météo. Dernier de la filière Poes (Polar School) initiative, the XVI Olympiades de Physique (French physics olympiad) concluded at the Palais de la Operational Environmental Satellite), le satel- Découverte in Paris on 30 and 31 January. The three winners—Élodie Giron, Lucie Vandôme and Étienne lite embarquait aussi deux équipements Vignon from Lycée Jean-Puy in Roanne, near Lyon—presented a comprehensive and well-researched investigation of zero-pressure stratospheric balloons. Their 25-page project looked at how these balloons fournis par le CNES: Sarsat-3 et Argos-3. Activé work, how they fly and how they further our understanding of Earth’s atmosphere. Their work included le 12 février, Argos-3 optimise les performances physics and mathematics studies as well as experiments conducted with their teachers. The three pupils du système grâce à son canal haut débit designed and built a reduced-scale balloon, digitally modelled its ascent, observed the various phases of its low-altitude trajectory and analysed the data. A rigorous investigation that won them first prize. qui augmente les volumes transmis, et via la liaison bidirectionnelle établie entre le satellite et les plateformes. Cette nouvelle technologie doit permettre, à terme, à l’utilisateur de fonctionner en autonomie. Après le premier Argos-3 embarqué sur Metop, ce deuxième équipement apporte un avantage attendu: il assure la couverture d’une deuxième orbite, condition nécessaire pour l’ouverture du sys- tème opérationnel. Un troisième équipement Argos-3 devrait être lancé fin 2010 avec le satellite franco-indien Saral. Il couvrira une nouvelle orbite et permettra de réduire les délais d’attente.

Next-generation performance Launched from Vandenberg Air Force Base, California, on 6 February, NOAA-N Prime carries 10 meteorology instruments. The last in a series of Polar Operational Environmental Satellites (POES), its payload also includes two instruments supplied by CNES: Sarsat-3 and Argos-3. Activated on 12 February, Argos-3 optimizes system performance through a high-data-rate channel, which allows greater volumes of data to be transmitted, and a two-way downlink from the ̆̆ satellite to platforms. This new technology will Réalisation d’une maquette d’un ballon stratosphérique ouvert par les élèves de terminale S eventually enable users to operate autonomously. du lycée Jean-Puy de Roanne (France). After the first Argos-3 on the MetOp-A satellite, Model of a zero-pressure stratospheric balloon built by final-year science students at the Lycée Jean Puy in Roanne, France. this second instrument provides the additional coverage of a second orbit, needed for launch of the operational system. A third Argos-3 will fly on the French-Indian SARAL satellite in late 2010. It www.cnes.fr ARGOS-3 Le système Cospas-Sarsat se modernise Cospas-Sarsat moves into the future will cover a new orbit and reduce latency. http://www.cnes.fr/webmag

AVRIL 2009 cnesmag / 7 ERATJ news

DU BUZZ SUR ... le Web du CNES Abonnez-vous à notre newsletter et soyez les premiers informés de notre actualité et de nos opérations spéciales. http://www.cnes.fr/newsletter/ Subscribe to our newsletter and be the first to hear about the latest news and special operations.

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COLLISION DE SATELLITES Des procédures préventives à l’étude nnoncée le 12 février 2009, « la collision A entre un satellite commercial américain et un satellite militaire russe hors d’usage est une première entre deux satellites intacts », expliquait Philippe Goudy, directeur adjoint du Centre spatial de Toulouse. « Un certain nombre d’agences spatiales, dont le CNES, ont mis en place une veille sur la base du réseau américain Space Track qui surveille à la loupe ̆̆ ces objets. Au CNES, si on on s’aperçoit qu’il y Intégration de l’un des deux accéléromètres de Microscope au Centre spatial de Toulouse. One of Microscope’s two accelerometers is integrated at the Toulouse Space Centre. a un risque de collision, on agit sur le satellite MICROSCOPE pour réaliser une manœuvre d’évitement. » Mais outre ces opérations de surveillance pour QUALIFICATION THERMIQUE RÉUSSIE les satellites dont il a le contrôle, le CNES a aussi icrosatellite de la filière Myriade, Microscope devra tester le principe d’équivalence, avec une pré- lancé des études approfondies sur cette M cision de 10 – 15. Cette mission se traduira par des séquences expérimentales de plusieurs jours, question de prévention des collisions. Une pendant lesquelles seront analysées les mesures fournies par un accéléromètre différentiel procédure innovante de « désorbitation ultrasensible dont les masses d’épreuve sont de nature chimique différente (platine et titane). Un passive » a fait l’objet d’un dépôt de brevet. second instrument constitué de deux masses d’épreuve en platine servira de référence. Il s’agit de prévoir la mise sur orbite basse des Cet objectif nécessite un environnement mécanique et thermique extrêmement stable. Les deux petits satellites pour qu’ils soient désagrégés. accéléromètres différentiels développés par l’Onéra et leurs électroniques de proximité sont Ce brevet pourrait contribuer à l’élaboration intégrés dans le bloc charge utile (BCU) positionné au cœur du satellite. Le contrôle thermique de d’une norme. cet ensemble doit assurer de manière passive une stabilité thermique particulièrement poussée (un SPACE CRASH Preventive procedures millième de degré). Effectués à Intespace pendant quatre semaines, les essais ont démontré les in the pipeline bonnes performances de stabilité thermique du bloc. La qualification de la charge utile de “The collision announced on 12 February between Microscope peut donc se poursuivre. Le lancement est prévu en décembre 2012. an American commercial satellite and a spent Russian military satellite is the first between two Thermal qualification complete intact spacecraft,” says Philippe Goudy, Deputy Built around the Myriade microsatellite bus, Microscope will test the equivalence principle to within 10-15. Director of the Toulouse Space Centre (CST). “CNES Its mission will comprise experimental sequences of several days to analyse measurements by an ultrasensitive and other space agencies maintain surveillance differential accelerometer with test masses of different materials: platinum and titanium. A second based on data from the U.S. Space Track network, instrument with two test masses of platinum will serve as a control. The experiment requires an extremely which keeps a constant watch on objects in stable mechanical and thermal environment. The two differential accelerometers, developed by the ONERA orbit. At CNES, we act on any potential collision aerospace research agency in France, and related electronics are now integrated inside the satellite’s risks and perform the necessary avoidance payload unit. The passive thermal control system must maintain thermal stability of the unit to within a manoeuvres.” Besides tracking the satellites it thousandth of a degree. Tests at Intespace over a four-week period demonstrated excellent thermal stability. controls, CNES has also launched in-depth studies Qualification of the Microscope payload can now proceed. Launch is scheduled for December 2012. to address the issue of collision avoidance. An innovative procedure called passive deorbiting is Lexique under patent application. It works by transferring small defunct satellites to a lower orbit, where Principe d’équivalence Equivalence principle they gracefully disintegrate. This patent could les lois physiques dans un référentiel tombant en chute libre dans un champ de The fundamental laws of physics in freefall in a gravity field are gravitation sont équivalentes aux lois physiques dans un référentiel inertiel equivalent to those in an inertial reference frame. contribute to the adoption of a new standard.

8 / cnesmag AVRIL 2009 CYCLE DE L’EAU SOYOUZ AU GUYANE Marfeq, en route pour Madras DERNIÈRE LIGNE DROITE AVANT LE LANCEMENT

mbarqué sur la mission franco-indienne in 2009 à , au nord de en Guyane, aura lieu le premier lancement de Soyouz E Megha-Tropiques, le radiomètre Madras F sur l’ensemble de lancement en cours de construction au CSG. Depuis près de deux ans, (Microwave Analysis and Detection of Rain les équipes russes et européennes s’affairent dans un esprit de coopération exemplaire sur le pas and Atmospheric System) va restituer les para- de tir équatorial dédié au lanceur. Il s’agit aujourd’hui de terminer le montage des équipements rus- mètres du cycle de l’eau dans l’atmosphère tro- ses arrivés au tout début de 2009 par bateau de Saint-Pétersbourg. Le plus impressionnant de ces picale: précipitations, vapeur d’eau, contenu équipements est le système de lancement qui assure le support du lanceur jusqu’au décollage. Le en eau des nuages. Original, le concept retenu portique mobile qui permettra de placer la coiffe et le satellite sur le lanceur après sa mise à la ver- pour ce radiomètre imageur multicanaux ticale est en cours de montage à blanc en Russie, au nord de Moscou dans la ville de Sergei Posad. consiste à faire tourner à vitesse constante une Après vérification de son bon fonctionnement, les pièces qui le composent seront transportées en structure supportant antennes, récepteurs Guyane, où elles devraient arriver en avril 2009. La construction et l’équipement de ce portique, hyperfréquences et électronique de proximité. qui constituera une superstructure de 52 mètres de hauteur, devraient durer jusqu’en août. Ces opé- Le sous-ensemble en rotation (Marfeq A) va rations seront suivies d’une phase de tests mécaniques, électriques, fluides et d’essais de qualifi- réaliser le balayage conique des faisceaux cation. Elles précéderont les essais de qualification technique et opérationnelle de l’ensemble de antenne. Le sous-ensemble de calibration lancement, à l’issue desquels le feu vert définitif devrait être donné. (Marfeq B) est relié à la partie fixe de l’ins- SOYUZ IN GUIANA trument. Marfeq (Madras RF EQuipment) First launch in sight Work is nearing completion at the Soyuz launch complex in Sinnamary, north of Kourou, ahead of the signe une première coopération entre le CNES historic first launch scheduled late this year. For two years, the European and Russian teams have pursued qui fournit le cœur de l’instrument hyperfré- their exemplary cooperation on the equatorial facility in French Guiana, dedicated to the Russian launcher. quences et l’Isro (agence spatiale indienne) qui Efforts are now focused on installing the Russian hardware, shipped via St Petersburg in January. This includes the impressive launch system, which supports the through to liftoff. The mobile fournit la charge utile, les mécanismes et l’élec- gantry—used to place the satellite payload and fairing atop the launcher in its final vertical position—is tronique de commande et de gestion. being assembled in the clean rooms at Sergiyev Posad, north of Moscow. After functional checks, its Les essais sont en cours chez EADS à Toulouse component parts will be shipped to Kourou in April. Construction and installation of the 52-metre-high superstructure will continue through to August, followed by mechanical, electrical and fluid tests, then (lancement prévu à ce jour fin 2009). qualification trials. Once technical and operational qualification of the Soyuz complex is complete, everything will be go for launch operations.

WATER CYCLE MARFEQ en route for MADRAS Designed to fly on the French-Indian Megha-Tropiques mission, the MADRAS radiometer (Microwave Analysis & Detection of Rain & Atmospheric Structures) will observe water cycle parameters in the tropical atmosphere: rainfall, water vapour, cloud water content and so on. The multichannel imaging radiometer is based on an innovative concept in which the antennas, microwave receivers and related electronics are mounted on a constant-speed rotating structure. The rotating subassembly (MARFEQ A) will scan in a conical swath. The calibration subassembly (MARFEQ B) is linked to the static part of the instrument. MARFEQ (MADRAS RF Equipment) is the first collaborative project between CNES, which supplied the core of the microwave instrument, and the Indian Space Research Organization (ISRO), which supplied the payload, mechanisms and command and management electronics. Tests are in progress at EADS in Toulouse. Launch is scheduled for late 2009.

AVRIL 2009 cnesmag / 9 ERATJ news

FLIP SWIMAX Un projet flexible pour un LE HAUT DÉBIT MOBILE COMME PARADE AUX monde en mouvement CATASTROPHES echnologies et applications connaissent n mois après son passage, la tempête Klaus laissait encore dans les Landes près de mille foyers Tune évolution très rapide dans notre Usans téléphone, ni liaison Internet. « À l’avenir, ce type de situation pourra être maîtrisé », pré- société communicante, entraînant, de fait, cise Christophe Allemand, responsable des projets « mobiles » au CNES. « En cours d’étude, une évolution des exigences du marché. le concept satellitaire haut débit mobile Swimax pourra être une réponse pertinente dans ces cas cri- Concrètement, les opérateurs des satellites de tiques. » Ce réseau satellitaire est pensé pour permettre aux opérateurs mobiles de compléter la cou- télécommunication sont amenés à gérer des verture de leur réseau terrestre dans les zones rurales. À l’horizon 2015, le haut débit mobile de qua- flottes de plus en plus importantes et à prendre lité devrait être disponible pour tous et partout. « En cas de catastrophe à grande échelle frappant en compte une réalité: les constantes de temps une région, Swimax pourra prendre le relais du réseau terrestre défaillant. » On imagine l’aide que sont aujourd’hui plus courtes que la durée de cette solution pourra apporter aux services de secours. Les populations civiles pourront également vie d’un satellite. La bonne stratégie, pour l’utiliser et cela via leur téléphone ou leur ordinateur portable, pour peu que les opérateurs résoudre ces nouvelles problématiques et promeuvent cette option en qualité d’offre de service à valeur ajoutée! offrir une meilleure adaptabilité du service, Satellites to bridge coms gap passe par le développement du concept de One month after windstorm Klaus hit Southwest France, 1,000 homes in the Landes region were still «charges utiles flexibles », qui proposerait une without telephone or Internet. “In the future, we’ll be able to do something about situations like this,” says gestion dynamique tout à la fois de la couver- Christophe Allemand, head of mobile projects at CNES. “The Swimax mobile satellite broadband concept ture du satellite, des ressources du système en now in development will be an effective solution in such critical circumstances.” This satellite network is designed to allow terrestrial mobile operators to bridge coverage gaps in rural areas. High-quality mobile matière de fréquences et de la puissance broadband should be available nationwide by 2015. “In the event of a large-scale disaster, Swimax could allouée par canal ou par région. Projet phare serve as a stopgap solution while terrestrial communications are down.” For emergency services alone, mis en place par le CNES, Flip (Flexible this type of solution could be a valuable aid. Home users, too, will be able to hook up via their mobiles or laptops, provided operators offer the service as a value-added option. Innovative Payload) prend en compte ces nou- velles donnes avec pour objectifs la définition et le développement des prototypes des futures charges utiles flexibles. La première étape de consolidation du besoin et de définition de leurs architectures et produits vient de s’achever laissant maintenant place à la phase de déve- loppement des prototypes. A flexible project for a changing world In today’s communication-centric society, technologies and applications continue their rapid advance, driving constant change in market requirements. In practice, telecom satellite operators need to manage increasingly extensive fleets and work to the reality that time constants are now shorter than the design lives of their spacecraft. To resolve these new issues and increase levels of service adaptability, the way ̆̆ forward is to develop the concept of flexible Forêt des Landes dévastée par le passage de la tempête Klaus le 24 janvier 2009. payloads, allowing dynamic management of Windstorm Klaus tore through forests in the Landes region on 24 January 2009. geographic coverage, frequency resources and power allocation by channel and/or region. CNES’s FLIP project (flexible innovative payloads) Palmarès du Canard sur l'océan / En septembre2008, à l’occasion du lancement de Jason 2, le CNES organisait will meet these emerging requirements through un concours ouvert, à l'international, des classes du primaire jusqu’au lycée. Il proposait aux élèves de fabriquer un the definition and journalsur les problématiques du changement climatique. Soixante classes y ont participé. Composé d’enseignants, de development of scientifiques, de journalistes, etc., le jury a rendu son palmarès le 2 février 2009. Le Prix du jury a récompensé prototypes for future flexible payloads. The Coin-coinde l'école élémentaire Lamartine (Lyon) et le Prix spécial A Gazeta da Amelde l’école MLF de Curitiba (Brésil). initial phase to Un Canard sur l’Océan prizes announced / In September 2008, CNES ran an international schools consolidate competition to coincide with the launch of Jason-2. The contest was open to classes of all ages. The requirements and define challenge was to produce a newspaper on the issues of climate change. Some 60 classes took part. associated architectures The panel of judges, which included teachers, scientists and journalists, announced the winners on and products is 2 February 2009. The Jury’s Favourite was Coin-coin by Lamartine primary school in Lyon, and the complete. The prototype Special Prize went to A Gazeta da Amel by MLF de Curitiba school in Brazil. development phase will now begin. www.cnes.fr UN CANARD SUR L’OCÉAN http://www.cnes.fr/enseignants-et-mediateurs/

10 / cnesmag AVRIL 2009 u Propos recueillis par/ Interview by BRIGITTE THOMAS, CNES

JEAN-MICHEL JARRE Un ambassadeur pour l’astronomie Astronomy’s ambassador Électroacoustique, hypnotique… la musique de n m

Jean-Michel Jarre incite aux u l é

visions et inspire un univers o c

sonore de science-fiction. t

Ses mégaconcerts ont fait s e de lui le porte-parole de t u g

grandes causes planétaires. i Passionné par l’espace, il s’est retrouvé, à la demande de l’Unesco, maître des v cérémonies de l’ouverture officielle de l’Année mondiale de l’astronomie. n Avec un astéroïde au nom de sa famille: « 4422jarre », il ne i pouvait pas refuser. Investi ’ par sa mission, il travaille à un concert aux îles Canaries l pour l’inauguration du grand télescope de La Palma.

Que vous évoque l’espace? Jean-Michel Jarre’s hypnotic electroacoustic music awakens Sans espace, il n’y a pas de musique. C’est le seul mode d’expression s visions and creates worlds of sci-fi inspired sound. His qui dépend de l’espace. Le son va de l’instrument à l’oreille. mega-concerts have made him the voice of planet-wide causes. Les vibrations émises par un musicien dépendent de la qualité de cet Passionate about space, he was MC for the official launch of the International Year of Astronomy, at UNESCO’s request. With an espace. Pour moi, c’est totalement lié. Ma musique est souvent perçue asteroid named after him (4422 Jarre), he could hardly refuse. In comme une interprétation de l’espace sidéral alors que je la situe plutôt this capacity, he is planning a concert in the Canary Islands for the entre ciel et terre, dans une sorte d’espace vital. En fait la musique inauguration of the GTC telescope on La Palma. électronique charrie toute une mythologie inspirée de la science-fiction, “de l’astronomie qui me convient. Par ailleurs, ma musique et ma How has space inspired you musically? Without space, there’s no music. It’s the only mode of expression that depends carrière sont très liées à l’espace. on space. Sound travels from instrument to ear. The vibrations produced by a musician are determined by the quality of that space. For me, they’re totally Quelles en sont les raisons personnelles? linked. My music is often perceived as an interpretation of outer space, whereas I’d situate it between sky and earth, in a sort of ‘vital space’. Electronic music Cela vient de mon grand-père, un scientifique passionné d’astronomie carries with it a whole mythology inspired by sci-fi and astronomy, which I et inventeur. Il m’a fait découvrir, enfant, les télescopes et m’a expliqué love. What’s more, my musical career has longstanding associations with space. que l’astronomie relevait aussi de l’archéologie puisque ce que l’on Where does that influence come from? voyait n’existait plus. Qu’en observant les étoiles, on remontait le From my grandfather, who was a scientist, inventor and amateur astronomer. temps. Il est vrai que l’astronomie véhicule des notions paradoxales, c He showed me telescopes as a child and explained how astronomy is like c

AVRIL 2009 cnesmag / 11 ERATJ news

l’espace au futur et le ciel au passé! Ironie du archaeology, since you’re seeing what no longer exists. By observing sort: on n’a jamais eu autant besoin de prendre du the stars, you’re actually peering back through time. Astronomy conveys some paradoxical notions, like future-oriented space recul, par rapport à ce que l’on est, qu’aujourd’hui. exploration and the heavens as old as time. It’s an irony of fate—today, more than ever, we need to step back and get some perspective on … et professionnelles what we’ve become. Il y a eu le concert à Houston pour les vingt- And how has space influenced your career? cinq ans de la Nasa. Pour la première fois, I did a concert in Houston to mark 25 years of NASA. It was the first l’agence spatiale américaine s’impliquait dans time they’d been involved in a cultural event. The CD and laserdisc were the big thing at the time. One idea was to project a laser beam to une manifestation culturelle. C’était le plein the Moon and use the distance between Earth and its natural satellite to avènement du CD et du disque laser. Une des create a musical channel—ultimately unachievable. NASA astronaut idées fut d’envoyer un rayon laser sur la Lune et Ronald McNair was a saxophonist. So another idea was a live performance of the sax part of Rendez-Vous VI from orbit. Prior to the concert, d’utiliser la distance entre la Terre et son satellite however, Ronald and his fellow crew members were tragically killed in naturel pour créer un canal musical (finalement irréalisable). Une the Challenger space shuttle disaster. I also played in Moscow to celebrate the autre idée reposait sur un des astronautes, saxophoniste. Il devait 800th anniversary of the city. Live from the Mir space station, a cosmonaut danced to Equinoxe—for an audience of three million people. jouer en direct une de mes compositions, VIe Rendez-vous, depuis la station orbitale. Ronald E. McNair faisait partie de l’équipage de What led you to accept the role as Goodwill Ambassador for IYA09? Challenger… J’ai également fait un concert en Russie pour le 800e Conviction. In the last 40 years, our vision for the future has become considerably narrower and more shortsighted. After the first lunar landing, we anniversaire de la ville de Moscou. En direct de la station Mir, un had epic ideas about exploring the cosmos. 2001 was before us, anything was cosmonaute a dansé sur la musique d’Équinoxe devant trois millions possible. But with 2001 now behind us, our vision for the future has been de personnes! reduced to ecology. Our future has been confined to our planet, as if we’re simply the next generation of dinosaurs destined to perish. We seem to forget that our planet only exists in relation to the system that surrounds it. That’s Pourquoi avoir accepté le rôle d’ambassadeur spécial d’AMA? why astronomy is so important—it helps us understand Earth in the context of Par conviction. Je trouve que notre vision de l’avenir et de l’espace the Universe. Celebrating the International Year of Astronomy is more vital s’est considérablement rétrécie depuis quarante ans. À l’époque than ever, particularly with the younger generations. Methane from cow emissions isn’t going to change Earth’s destiny. It’s arrogant to believe that des premiers pas de l’homme sur la Lune, il y avait l’idée épique de we alone can decide the future of our planet. la conquête de l’espace. 2001 était devant nous, tout était possible. 2001 est passé, et la vision du futur s’est réduite à l’écologie. What messages are you promoting under the UNESCO banner? I’ve been a UNESCO goodwill ambassador for 15 years. UNESCO is the only Ne sommes-nous pas les nouveaux dinosaures destinés à disparaître? UN agency involved in education, science and culture. In this capacity, I use Notre avenir s’est rétréci à notre planète. Nous avons un peu oublié my work to promote certain messages in the public realm. For example, qu’elle n’existe qu’en fonction du système qui l’entoure. D’où l’im- the 12 Dreams of the Sun show in Egypt to celebrate the new millennium was organized after the terrorist attacks in Luxor, when the country needed to portance de l’astronomie pour remettre la Terre dans le contexte de restore its image to the world and its own people. Similarly, I was in Morocco l’Univers afin de mieux la comprendre. C’est pourquoi plus que two years ago to underline the vital importance of potable water. For IYA, I’m jamais célébrer l’Année mondiale de l’astronomie a du sens, notam- planning a concert in the Canaries this summer for the inauguration of the GTC telescope on La Palma, in association with Queen guitarist Brian May. ment auprès des jeunes générations. Ce n’est pas le méthanol, issu The stage design will be based on drawings by children from each continent, des pets de vache, qui va changer le destin de la planète. C’est même illustrating their vision of the cosmos. ࡯ très arrogant de croire que nous sommes les seuls à décider de l’avenir de la planète! www.cnes.fr La musique électronique: un tremplin vers l'espace Electronic music as a springboard to space Quels messages véhiculez-vous sous la bannière de l’Unesco? Je suis ambassadeur de bonne volonté de l’Unesco depuis une quin- zaine d’année. Cette organisation est la seule des Nations unies qui s’occupe des sciences, de l’éducation et de la culture. Cela implique qu’à travers mon activité je dois faire passer un certain nombre de messages dans l’opinion publique. Par exemple le concert du 3e millénaire, « Les 12 rêves du Soleil », s’est déroulé après les attentats de Louxor, à un moment où il fallait restaurer l’image de l’Égypte vis-à-vis du reste du monde et des Égyptiens eux-mêmes. De même, il y a deux ans au Maroc, j’ai promu l’importance vitale de l’eau potable… Pour AMA, un concert aux îles Canaries est prévu cet été pour l’inauguration du grand télescope de La Palma, en association avec le guitariste de Queen, Brian May, et dont la scénographie sera inspirée par les meilleurs dessins d’enfants de chaque continent illustrant leur vision du cosmos. ࡯

12 / cnesmag AVRIL 2009 3D SPACE PERCEPTIONS VISUELLES ET MICROGRAVITÉ oir ou percevoir en microgravité, telle est la question sur laquelle se penche le Cadmos à la Vdemande de Gilles Clément, du Cerco (Centre de recherche cerveau et cognition), responsable scientifique de l’expérience 3D Space. L’objectif de la mission est d’analyser l’impact de l’absence de gravité sur la perception visuelle chez les spationautes en mission longue durée dans l’ISS. « En qualité d’Usoc (User Support and Operation Centre), le Cadmos est en charge du développement de la procédure », précise Laura André-Boyet. « 3D Space nécessite un recueil de données, avant, pendant et après le vol, pour établir des points d’évaluation. » Avant le vol, les spationautes sont soumis à un training qui les familiarise avec la procédure. En vol, équipés de casque de stéréovision et d’une tablette graphique posée sur leurs genoux, ils vont reproduire dessins, écriture, formes… ̆̆ projetés en 3D. Ils sont suivis, au sol, par les scientifiques du Cadmos, via des consoles. Greg Chamitoff Les cassettes végétales placées dans l’incubateur Kubik. a déjà réalisé l’expérience, quatre autres sujets seront testés cet été. L’analyse des résultats devrait Plant cassettes in the Kubik donner des indications sur les effets de la microgravité sur la perception des distances et des formes. incubator. Visual perception in microgravity Does the absence of gravity alter our visual perception? That is the question under investigation at the CADMOS centre for the development of microgravity applications & space operations. The project was initiated at the request of Gilles Clément, chief scientist for the 3D Space experiment at the CERCO brain & BIOLOGIE VÉGÉTALE cognition research centre in Toulouse. It aims to analyse the impact of zero-g on the visual perception of GRAVIGEN ET POLCA astronauts on long-duration missions on the ISS. “As an ISS User Support & Operations Centre (USOC), CADMOS is in charge of developing the experiment protocol,” explains Laura André-Boyet. “3D Space SUR L’ISS involves data collection before, during and after missions to establish evaluation points.” Prior to flight, es facteurs environnementaux conditionnent astronauts are familiarized with the protocol. During the mission, they use a graphics tablet to reproduce patterns, shapes and writing projected in 3D onto a stereovision headset. Researchers at CADMOS in Lla croissance et le développement des Toulouse monitor them via consoles. Greg Chamitoff has already completed the experiment. Four other végétaux. L’impact de certains de ces facteurs subjects will be tested this summer. The results will help us to understand how microgravity affects our est facile à évaluer. Celui de la gravité, beaucoup perception of distances and shapes. moins, faute de pouvoir l’éliminer au cours des expérimentations. L’idée a donc germé d’utiliser les conditions de micropesanteur pour mener des expériences de biologie végétale. Les deux expériences Gravigen et Polca, sélec- tionnées par le CNES, utilisent des graines de colza conditionnées dans des cassettes végé- tales. Une fois placées dans l’incubateur Kubik présent à bord de la station spatiale internatio- nale, ces cassettes automatiques vont assurer l’hydratation des graines afin de produire de L’astronaute Greg Chamitoff effectuant l’expérience 3D Space à bord du laboratoire Columbus de la Station jeunes plantes qui seront fixées selon un pro- spatiale internationale (expédition 17, le 30 juillet 2008). gramme préalablement défini. U.S. astronaut Greg Chamitoff performs the 3D-Space experiment in the Columbus laboratory on the International Space Station (Expedition 17, 30 July 2008).

PLANT BIOLOGY Gravigen and Polca on the ISS Cimetière spatial, une orbite dédiée aux satellites en fin de vie / l’orbite géostationnaire est une ressource précieuse Plant growth and development is determined by utilisée par de nombreuses applications. Afin d’éviter sa saturation, il n’est pas admissible d’abandonner sur place les satellites en

environmental factors. The impact of some of t fin de mission. Ce sujet a été débattu entre les principales agences spatiales au sein de l’IADC (Inter Agency Space Debris these factors is easy to evaluate. The influence of Coordination Committee). Un consensus a été obtenu: lorsque les satellites en orbite géostationnaire ont terminé leur mission, ils gravity, however, is more difficult, since it cannot doivent être transférés sur une orbite « cimetière » située à environ 300 km au-dessus de l’orbite opérationnelle. Ils doivent être normally be eliminated from the process. Hence ensuite rendus inertes pour éviter tout risque ultérieur d’explosion. the idea to conduct plant biology studies in microgravity conditions. Selected by CNES, the Space graveyard, special orbit for spent satellites / is a precious resource used by many Gravigen and Polca experiments use rape seeds applications. To avoid cluttering it, satellites cannot be abandoned once their missions are over. The world’s major in plant cassettes. In the Kubik incubator on the space agencies have debated this issue through the Inter-Agency Space Debris Coordination Committee (IADC). A International Space Station, these automatic consensus on what to do has now been reached: when satellites in geostationary orbit complete their missions cassettes will hydrate the seeds, causing them to they must be boosted to a graveyard orbit approximately 300 km above their operational orbit. They must then germinate and grow, and will then fix them in be passivated to avert any subsequent risk of explosion. accordance with a predefined programme, ready for analysis. www.cnes.fr Les débris spatiaux font de la résistance Space debris http://www.cnes.fr/webmag

AVRIL 2009 cnesmag / 13 ERATJ news u De notre envoyé spécial / From our special correspondent PHILIPPE COLLOT, CNES

OPÉRATION ARAPONGA L’ESPACE AU CHEVET DES VICTIMES DES CATASTROPHES mars 2009, 5 heures du matin: un avion de transport avec 70 passagers disparaît des écrans 26en traversant la forêt guyanaise. L’épave est vite repérée, au lieu-dit Saut Maripa, en bordure du fleuve Oyapock, dans une zone isolée difficile d’accès. De nombreuses victimes sont à craindre. Le plan rouge est ordonné. Heureusement, cette fois-ci, il ne s’agit que d’un exercice grandeur nature organisé par la préfecture pour tester le déploiement des secours et surtout un nouveau ̆̆ moyen mis à la disposition du Samu de Guyane par le CNES: le Poste de secours médical avancé 700 kilogrammes: un poids plume qui permet à (PSMA). Conteneur héliportable, il abrite une antenne satellitaire et des moyens de communication ce dispositif d’une dimension de quatre mètres cubes d’être transporté par hélicoptère afin d’être mobiles (téléphones, ordinateurs, webcams, liaison Internet, etc.) ainsi que des solutions techniques déployé dans n’importe quelles conditions. et logicielles adaptées à la gestion des catastrophes et de prise en compte des victimes. At 700 kilograms, the featherweight four-cubic-metre container can be airlifted by helicopter in all L’exercice s’est révélé d’un réalisme poignant, dû à la présence d’une carcasse d’avion, de fumigènes conditions. et au concours d’élèves infirmiers qui ont simulé les survivants du crash. Les personnels de secours, Samu, pompiers, gendarmes… ont pu tester le PSMA sous le regard d’observateurs tels que le CNES,

Thales Alenia Space (qui l’a développé), les autorités locales et étrangères, ainsi que des médias. Une OPÉRATION ARAPONGA fois déposé sur site par hélicoptère, le PSMA a pu être opérationnel en quarante minutes et permettre Space aiding disaster victims au PC fixe situé à Saint-Georges-de-l’Oyapock d’établir des communications, des visioconférences, 26 March 2009, 5.00 a.m.: a commercial airliner la prise en compte des victimes. En permettant au Samu de Guyane de disposer d’un tel équipement with 70 passengers on board goes off the radar dans le cadre du plan d’aide « Mission Guyane », le CNES tient à démontrer que les applications screen somewhere in the French Guianese forest. The aircraft is soon found, at a location called spatiales s’avèrent de plus en plus irremplaçables. Dernier symbole: le satellite mis en œuvre pour Saut Maripa in a remote area on the banks of the l’exercice n’est autre qu’Atlantique Bird, lancé il y a quelques années par Ariane… depuis Kourou! Oyapock River. There could be many victims and an emergency response plan is activated. Luckily, on this occasion it’s only a full-scale exercise PSMA: dernier test réussi en Guyane organized by the authorities to test deployment www.cnes.fr PSMA unit put through its paces in French Guiana http://www.cnes.fr/webmag of emergency teams and the new PSMA emergency medical aid unit provided by CNES. The PSMA unit is a heliportable container providing a satellite dish antenna, mobile communications equipment (telephones, computers, web cameras, Internet connection, etc.) and technical and software solutions designed for disaster management and triage of victims. The exercise proved particularly realistic, using a real aircraft hull, smoke canisters and student nurses acting as the crash survivors. Emergency teams—doctors, paramedics, fire brigade and police—put the PSMA unit through its paces under the watchful eye of CNES, Thales Alenia Space (the unit’s developer), local and foreign authorities, and the media. Once airlifted to the site by helicopter, the PSMA unit was up and running in 40 minutes, establishing a link with the command post at St Georges de l’Oyapock to support videoconferencing and triage. In providing this equipment for French Guiana’s emergency services as part of the Guiana Mission aid plan, CNES intends to show that space applications are increasingly vital. As if to prove the point symbolically, the satellite used for the exercise was none other than Atlantic Bird, launched several years ago by Ariane from Kourou.

Spot Image ouvre à São Paulo Spot Image Brasil. / Pour Hervé Buchwalter, PDG de Spot Image, filiale d’EADS Astrium, « la création de Spot Image Brasil correspond à une forte évolution du marché de l’information géographique au Brésil, marché lié à l’importance des enjeux environnementaux », notamment en Amazonie, et ce depuis de nombreuses années. Spot Image Brasil

t proposera sa large gamme d’images optiques ou radar afin de développer des services adaptés aux exigences de ses clients brésiliens.

Spot Image Brazil in São Paulo / For Hervé Buchwalter, Chairman & CEO of Spot Image (an EADS subsidiary), “Spot Image will meet rising demand for geospatial information as the country addresses the environmental challenges ahead, particularly in the Amazonian region.” Spot Image Brazil will offer a broad range of optical and/or radar imagery products and will develop services to meet the specific needs of local customers.

14 / cnesmag AVRIL 2009 u LILIANE FEUILLERAC pour le/ for CNES Au cœur de l’innovation

Robotique / Robot et webcam vont plus loin

C’est l’exploration martienne qui a mis Mario Delail sur la route du téléguidage et de l’interactivité pour robot… et sur la voie des deux brevets aujourd’hui déposés. Une voie qui peut, sans aucun doute, s’élar- ROBOTICS gir pour mettre ces innovations à disposition d’autres services et d’autres secteurs d’activité. Webcam-enabled rover goes further Mario Delail has pushed new boundaries in robot remote control and interactivity for ujourd’hui en charge de la gestion de l’information et de la connaissance au CNES, Mario Delail Mars exploration, with two patents in the a suivi de près l’évolution de l’aventure martienne. « Architecte et paysagiste » de la première pipeline. And his innovations will almost certainly be extended to other applications infrastructure d’essais des prototypes du robot, il a sur ce terrain repéré les limites du véhicule and sectors. face aux aléas de trajectoire. En pratique, une fois lâché, le robot va se déplacer selon l’iti- A Now in charge of information and knowledge néraire calculé, mais les pièges sont nombreux, heurts, dérapages… il va dévier de son itiné- management at CNES, Mario Delail has kept a close raire, voire se perdre. « Sur Mars il n’est pas possible de créer une trajectoire balisée. Il fallait ima- eye on developments in the Mars adventure. As the giner un système grâce auquel le robot puisse lui-même poser des balises et créer ainsi un architect of the first trial infrastructure for Mars miniréseau de localisation», explique l’inventeur. C’est donc sur la notion d’interactivité qu’il a misé pour rover prototypes, he soon came up against the limits of what these vehicles can cope with. Once released, régler la question de l’autonomie de déplacement. the rover will follow its calculated route. But in practice, it will inevitably encounter obstacles, loose surfaces Le robot trace son chemin and other difficulties, causing it to deviate or lose its Dans le nouveau concept, le top départ est toujours donné par une première balise programmée, bearings completely. “On Mars, you can’t go up there first and mark out a nice smooth route,” explains mais sur des points stratégiques, ou en cas de difficulté, le robot, de manière autonome, dépose une the inventor. “So we needed to devise a system that nouvelle balise. Il calcule et mémorise la position de ce deuxième objet par rapport au premier et would allow the rover to lay waymarkers and create ainsi de suite. « Le balisage peut être réalisé par un opérateur distant. Mais le robot peut créer, de its own small-scale positioning network.” He thus started thinking about how to build in a degree of manière autonome, tout un miniréseau de localisation qui lui permet de se repérer et d’être éga- interactivity to help the rover find its own way around. lement repéré », précise-t-il. Ce concept d’interactivité répond, aujourd’hui, à des besoins élargis. C’est également lui qui soutient le process utilisé dans les chaînes de ballons (cf. CNES Mag n°40, p. 15). Milestones With this new system, a first predetermined waymarker Le décalage induit de transmission d’images entre la Terre et Mars jouait toutefois en défaveur du establishes the departure point. Then at each strategic système. Mario Delail a donc imaginé de parfaire son concept via le guidage à distance par une webcam! point, or when difficulties arise, the robot automatically «Dans ce cas, la trajectoire est prédéterminée à l’aide d’une cartographie du site et les déplacements lays another marker. It calculates and memorizes the du robot et de sa caméra vidéo sont commandés à distance par l’internaute. » Ce procédé interactif position of each new marker with respect to the previous one. “Waymarkers can be laid by a remote de diffusion d’images par caméra vidéo fait également l’objet d’un dépôt de brevet. operator. But the rover can set up a complete Et si les premières applications ont été prévues dans l’optique d’une exploration martienne, on peut positioning network on its own, enabling it to navigate imaginer tout l’intérêt que peuvent représenter ces concepts dans le domaine militaire pour la recon- and us to track its position.” This interactive concept has since been extended to other fields, such as naissance de territoires ou en matière de balloon-borne observations in chain configuration sécurité pour la surveillance de sites (see CNES Mag 40 p.15). However, the latency in classés à risque. Ils pourraient assister les communications between Earth and Mars works against the system. Mario Delail therefore set out to services de secours dans des situations perfect his concept by adding remote control via extrêmes comme les incendies, balisant webcam. “The route is calculated on a map of the le parcours dans les zones dangereuses terrain and the movement of the rover and videocam are controlled by the remote operator.” A patent has et indiquant des « issues de secours ». been filed to protect this interactive videocam image En mode diffusion d’images, grâce à la transmission process. Initially envisaged for Mars webcam, la surveillance d’espaces et de exploration, these innovations have clear potential for military applications, such as ground locaux peut faire office de « vigile », rem- reconnaissance, and in security for surveillance of plaçant éventuellement plusieurs caméras. high-risk sites, for example. They could be utilized to Enfin, dans des domaines plus ludiques, assist emergency services in extreme situations by marking routes through hazardous areas and locating le marché immobilier avec des visites exits. And in webcam transmission mode, the robot d’appartements à distance ou le tou- could conduct surveillance of buildings and outdoor risme pour la promotion de sites d’ex- areas, replacing fixed cameras. Other market ception, toujours à distance, pourraient applications include real estate, for remote viewings of luxury apartments, for example, or promoting tirer parti de ces innovations. tourist highspots—all from the comfort of the office.

AVRIL 2009 cnesmag / 15

ERATJ POLITIQUE Business & politics u Propos recueillis par / Interview by BRIGITTE THOMAS, CNES

ENTRETIEN AVEC FADELA AMARA La science à la portée des jeunes des quartiers prioritaires Secrétaire d’État en charge de la Politique de la ville, Fadela Amara a impulsé en février 2008 une nouvelle dynamique « Espoir banlieues » pour donner, entre autres, des chances de réussite à tous les jeunes de banlieue, depuis l’école primaire jusqu’aux études supérieures. Aussi, pour les amener au savoir, tous les leviers ont bons. « L’Espace dans ma ville » en est un bon exemple en mettant la science à la portée de tous. Rien de telle qu’une pratique ludique pour éveiller des vocations!

En quoi l’opération « L’Espace dans ma ville » s’inscrit-elle 8 à 15 ans à découvrir l’espace au cours d’animations péda- dans « Espoir banlieues », dont l’éducation et l’accès au gogiques et grâce à des programmes de qualité. En novem- savoir sont au cœur de la dynamique? bre dernier, j’ai été invitée par Bernard Accoyer, président Dès ma nomination au gouvernement, j’ai décidé que de l’Assemblée nationale, et Yannick d’Escatha, président l’éducation serait un axe fort de la nouvelle politique de la du CNES, à la clôture de l’édition 2008. J’y ai rencontré des ville et de la dynamique que j’allais mettre en place. jeunes passionnés qui vivaient une belle expérience. Outre L’éducation est le creuset de notre République et il s’agit le fait d’apporter un savoir exceptionnel, le CNES, par pour moi de faire des jeunes des quartiers populaires les élites cette initiative, offre aux jeunes une ouverture d’esprit en de demain. « L’Espace dans ma ville » s’inscrit parfaitement les sensibilisant à des questions primordiales aujourd’hui, dans la dynamique « Espoir banlieues » car c’est une opé- comme la protection de notre planète. En allant chercher ration qui invite les jeunes des quartiers populaires âgés de les savoirs et les talents dans tous les territoires prioritaires c

INTERVIEW WITH FADELA AMARA Bringing science to youngsters in priority areas In February 2008, Fadela Amara, Junior example of how to inspire youngsters to take intended to instill. Education is a core republican Minister for Urban Affairs, injected a fresh up careers in science through fun, hands-on value and I am looking to make youngsters from sense of purpose into the government’s activities. working-class areas the elites of tomorrow. Space in efforts to rejuvenate underprivileged areas of my City is a good fit with my plan to energize underprivileged areas, as it gives 8-to-15-year-olds France’s city suburbs. One of her aims is to How does the Space in my City operation fit in with your efforts toward underprivileged city the chance to discover space through top-rate give all youngsters from these areas the areas, which is underpinned by learning and educational events and programmes. Last November, same chance to make it good, from primary access to knowledge? I was invited by Bernard Accoyer, the speaker of the school through to university. And all ways of As soon as I was appointed to the government, I French national assembly, and CNES President nurturing learning are to be welcomed. The decided that learning would be a key element of the Yannick d'Escatha to the official closing ceremony of Space in my City operation is a good new policy for urban areas and the dynamic I the 2008 programme of activities. It was a great c

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de France, c’est l’excellence qui est visée par le CNES, laquelle la Politique de la ville finance ces projets. et c’est l’excellence que je veux pour les jeunes de nos Pour pérenniser ce type d’expérience, le CNES pourrait quartiers populaires. suivre ces jeunes dans la durée, afin éventuellement de les former à un métier, en les mettant en situation profession- L’opération du CNES est complètement atypique pour ne nelle. Ces actions pourraient susciter des vocations pour pas dire unique. Au-delà de son rôle d’initiateur comment que demain ces jeunes des quartiers puissent envisager voyez-vous le rôle du CNES dans la pérennité de ce type l’espace comme un domaine accessible. Fadela Amara à d’opération? la rencontre des jeunes de Le CNES est une institution pour notre pays. En mettant Pensez-vous que mettre à la portée des enfants défavorisés l’opération en œuvre la politique spatiale française, il contribue à éri- des loisirs, où ils se construisent, peut les aider à se structurer, « L’Espace dans ma ville » ger la France au rang des premières puissances mondiales. voire à être plus constant en classe? à l’Assemblée Depuis sa création, cet établissement travaille à développer J’ai vu que l’initiative « L’Espace dans ma ville » avait pour nationale. Fadela Amara meets et à transmettre la culture et le savoir scientifique. En le objectif d’ouvrir les jeunes aux sciences et à la technologie. youngsters at the National Assembly transmettant ainsi aux jeunes des quartiers populaires, il Or il s’agit de domaines où la rigueur et l’assiduité sont for the Space in my suscite forcément des vocations. C’est la raison pour nécessaires. En élaborant un travail de groupe et en tentant City operation. ̄̄ ainsi de développer le goût de l’effort chez ces jeunes, le CNES leur permet en effet d’acquérir une logique de travail, une organisation et une gestion du temps qui peut leur servir à s’organiser dans leur travail scolaire. En les aidant à développer des projets conséquents, le CNES peut aussi redonner une confiance parfois perdue. Et puis, les jeunes accèdent au savoir de manière ludique. C’est un très bon moyen de les plonger vers de nouvelles découvertes.

L’espace fait rêver les jeunes. Pourtant les adolescents restent difficiles à atteindre sur le terrain, beaucoup plus que leurs benjamins. Comment les inciter à participer et les faire venir à la science? Si l’espace fait rêver, beaucoup de jeunes pensent parfois qu’il s’agit d’un monde inaccessible. Au sein de mon secré- tariat d’État, je les incite à lutter contre l’autocensure. Je veux que chacun puisse se dire que ses rêves sont réali- sables. Lors de mes nombreux déplacements sur le terrain,

experience for the enthusiastic young people I met them training in a work situation. Such actions could Although space is something youngsters dream there. Besides its exceptional educational value, inspire vocations and send a message to these about, many can feel that it’s a world apart. Through through this initiative CNES is broadening youngsters that space is for them. my ministry, I encourage them to feel nothing is off youngsters’ horizons and raising their awareness of limits. I want everyone to believe they can make key issues like the need to preserve our planet. By Do you think that providing leisure activities their dreams come true. Wherever I go, I encourage nurturing knowledge and talents across the country, for youngsters in underprivileged areas helps the youngsters I meet to work hard and think big. To CNES is seeking to promote excellence—the kind of them to mature and focus their efforts better get them interested in science, we need to work excellence I want for our working-class youth. in school? directly with teachers and the local clubs and I saw that the Space in my City initiative aimed to associations that are doing a great job weaving links This CNES operation is atypical, not to say get youngsters interested in science and technology. across the country. They are an extraordinary unique. Besides its initiating role, how do you Now, both these fields demand rigour and effort. By vehicle for transmitting knowledge and values. I see CNES helping to sustain such an initiative? getting them to work in groups and showing them know how hard they work and that’s why I decided CNES is a national institution. It implements space the value of hard work, CNES is helping them to on joining the government to secure their funding. policy, thereby helping to maintain France’s place learn to organize their time and their school work. among the leading world space powers. Since its By helping youngsters to put together substantial When you were growing up in Clermont- inception, the agency has worked to develop and projects, it can also restore their confidence. And Ferrand, how would you have responded to the transmit science culture and knowledge. In bringing it’s a fun way for them to learn new things. chance to take part in this kind of initiative? this culture to youngsters in working-class areas, it When I was a kid, I used to read a lot and I dreamed inspires vocations. That’s why the government’s Space fuels youngsters’ dreams. However, of becoming a prima ballerina. I wasn’t one of the urban policy is providing funding for such projects. teenagers are a harder audience to reach than brightest pupils in my school, but if CNES had come Looking further ahead, CNES could maybe mentor younger children. How can we get them to my area in Clermont-Ferrand with these kinds of youngsters for a future career and possibly offer involved and interested in science? activities, I certainly would have been interested. ࡯

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je rencontre les jeunes des quartiers et les incite à voir grand. Je leur dis que certes c’est du travail, mais que souvent ça marche. Pour les amener à se tourner vers les sciences, il faut œuvrer directement en collaboration avec les enseignants et les associations de terrain. Ces dernières font un travail formidable de maillage du territoire et de tissage du lien social. Elles sont un vecteur extraordinaire de transmission. Je connais le travail qu’elles fournissent et c’est la raison pour laquelle j’ai décidé, dès mon arrivée au gouvernement, de les sécuriser financièrement.

Comment auriez-vous réagi, quand vous étiez enfant à Clermont-Ferrand, si on vous avait proposé ce type d’action? Quand j’étais enfant, je lisais beaucoup, j’étais passionnée de danse et je rêvais d’être danseuse étoile. Je ne faisais pas partie des meilleurs élèves à l’école mais si le CNES était venu dans mon quartier de Clermont-Ferrand pour nous proposer une telle initiative, j’y aurais certainement par- ticipé avec intérêt. ࡯

u BRICE LAMOTTE, CNES Espace dans ma ville Apprendre la science en s’amusant près le succès rencontré par « Espace dans ma ville » 2008, le CNES reconduit l’opération cette année avec son partenaire initial, Planète Sciences. Cette action originale s’inscrit dans le ̆̆ A Deux points forts cadre de la mission éducative du CNES. Mise en place dès 1961, cette des animations pro- dernière vise à assurer la diffusion des sciences pour attirer les jeunes SPACEINMYCITY posées: décollage vers les carrières scientifiques et contribuer activement à leur culture Making science fun d’une microfusée et scientifique. 100000 jeunes par an sont concernés. Créé en 2005, l’ob- entraînement de After the success of Space in my City in 2008, CNES is renewing the simulation spatiale jectif de départ d’« Espace dans ma ville » perdure: sensibiliser les jeunes operation this year with founding partner Planète Sciences. The agency en piscine. des quartiers populaires à la culture scientifique et technique. Il s’agit is pursuing this original action under the outreach mission it has The launch of a pour le CNES, au travers d’activités spatiales ludiques, d’aller vers ceux performed since its inception in 1961 to inspire youngsters to take up micro-rocket and astronaut pool qui n’ont pas accès à la science et à la technologie, de contribuer ainsi careers in science and foster their science culture. The operation training were two à leur insertion, de valoriser leur quartier, de favoriser le développement goes out to 100,000 youngsters every year. Space in my City is of the high points. d’initiatives locales pérennes qui leur soient destinées, et de leur per- perpetuating the aim of bringing science and engineering culture to young people in deprived areas that it has pursued from the outset. mettre de pratiquer les sciences en s’amusant. Ainsi, durant les vacances For CNES, this means conceiving fun space activities for those not scolaires (printemps, été, automne), une semaine d’animations et d’ateliers normally exposed to science and technology, thereby helping them to dédiés à la science et à l’espace leur est proposée. Pour l’édition 2009, find their place in society, boosting their neighbourhood’s image, après un appel à candidatures et une étude minutieuse des dossiers, encouraging long-term local initiatives and making science something 19 villes (Roubaix, Mulhouse, Vernon, Strasbourg, Toulouse, Lens, they can enjoy. A week-long programme of events and workshops Niort, Alès, Douai, Vaulx-en-Velin, Montpellier, Nancy, Stains, Metz, dedicated to science and space is organized during the spring, summer www.cnes.fr and autumn school holidays. For the 2009 Space in my City operation, Grande-Synthe, Montataire, Les Mureaux, Vénissieux, Romans-sur- after a close study the field of candidates was whittled down to 19 Isère) ont été retenues. Le tour de France démarrent donc à Roubaix cities: Roubaix, Mulhouse, Vernon, Strasbourg, Toulouse, Lens, Niort, (18 au 26 avril) et se termine à Vénissieux à l’automne. Opération sou- http://www.cnes.fr/ Alès, Douai, Vaulx-en-Velin, Montpellier, Nancy, Stains, Metz, Grande- espacedansmaville/ tenue depuis sa création par le ministère en charge de la Politique Synthe, Montataire, Les Mureaux, Vénissieux and Romans-sur-Isère. de la ville, dans le cadre du dispositif interministériel « Ville Vie The tour gets underway in Roubaix (18-26 April) and ends in Vénissieux Vacances » (composante essentielle des nouveaux contrats urbains this autumn. The operation has been supported from the beginning by the Ministry in charge of Urban Affairs, under the interministerial de cohésion sociale), elle est également appuyée par le ministère de Ville-Vie-Vacances initiative—a key component of the government’s l’Enseignement supérieur et de la Recherche dans le cadre de ses new urban social cohesion—contracts, and is backed by the Ministry actions de diffusion de la culture scientifique et technique ainsi que for Higher Education and Research as part of its science and engineering par le ministère de la Jeunesse et des Sports. ࡯ outreach efforts, as well as by the Ministry for Youth and Sport. ࡯

AVRIL 2009 cnesmag / 19 J POLITIQUE Business & politics u ANNE CADIOU, chef du service R&T / Head of R&T, CNES

Lexique Feuille de route ou R&T des systèmes orbitaux Road Map vision prospective synthétique, exprimée notamment grâce à des représentations graphi- ques et décrivant le futur à UN CREUSET D’IDÉES POUR moyen ou long terme d’un domaine et les étapes inter- médiaires avant d’y parvenir LES MISSIONS DU FUTUR Roadmap A synoptic vision document often in the Les missions spatiales du futur vont nécessiter des performances accrues dans un form of charts setting out the medium- or long- contexte que l’indispensable maîtrise des coûts vont rendre plus ardues. Conscient de term future for a domain, and the ces contraintes plurielles, le CNES a adopté une politique de prospective technique milestones to get there. dont les résultats, énoncés lors de la journée R&T, prouve l’efficacité.

e plan de recherche et technologie conduit par le CNES, en lien avec les laboratoires institutionnels et l’industrie, repose sur l’anticipation. Pour enrichir sa recherche prospective et explorer les possibles Lsauts technologiques, le CNES s’appuie sur un service R&T discret mais performant. Sur le principe des road maps, l’établissement a bâti un plan de travail sur plusieurs années et à plusieurs niveaux, ce qui lui permet d’avoir une lisibi- lité sur les logiques et les actions, leur articulation, leur com- plémentarité. Pour avancer dans ces recherches, le CNES compte sur son expertise interne tout en s’ouvrant aux potentialités extérieures. Lancé chaque année au mois de juin, un appel à idées est publié sur Internet. Ouvert à l’échelon international, il n’a pas d’exclusive thématique, même si l’accent peut être mis sur certaines cibles. Cette année, 455 réponses externes ont été reçues auxquelles se sont ajoutées 220 propositions internes sur des théma- tiques très variées. Passées au filtre du comité de pilotage des sélections, 268 propositions de recherches ont été pro- grammées pour l’année 2009. Par ailleurs, ces travaux font l’objet d’une évaluation réalisée par un comité d’experts, composé essentiellement de personnalités extérieures. Après l’Esa, la présidence en est assurée depuis 2008 par un expert de la DGA. À terme, les résultats de ces recherches sont appelés à être utilisés dans les projets, selon plusieurs cas de figure. L’action peut ne pas avoir de suite immédiate mais représenter un potentiel à conserver. A contrario, certains résultats ont une suite, soit en R&T, soit en démonstrateur. Les résultats peuvent aussi avoir une utilisation envisagée dans des projets à venir. Enfin, certains résultats peuvent être versés au bénéfice de partenaires, laboratoires de recherche ou industriels.

La journée R&T Systèmes orbitaux, un rendez-vous phare Participation importante à la journée R&T le 5 février Une fois par an, le CNES présente son plan à une large 2009, au centre des congrès Diagora (Labège, France). The R&T day at the Diagora congress centre in Labège, assistance invitée. Preuve de la force d’attractivité de la France, on 5 February attracted a large turn-out. R&T, plus de 500 personnes, dont des représentants de

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De la R&T à la réalité ̇̇ Instrument Comme chaque année, en 2009, la journée R&T mettait en évidence des ChemCam, l’une des deux exemples techniques arrivés à maturité: contributions ChemCam sur le robot MSL. – Après plusieurs années de R&T avec le CESR, françaises au rover les travaux ont permis la spatialisation d’un laser solide pompé par diode, élément américain Mars Science Laboratory central d’un instrument de spectroscopie qui permettra l’analyse in situ des sols qui devrait se poser martiens. L’instrument a été qualifié en 2008 et devrait voler en 2011. sur Mars en 2011. Métrologie radiofréquence pour le contrôle d’un vol en formation.– Un senseur The ChemCam instrument is one de type radiofréquence permet de mesurer la distance entre les satellites of two French d’une formation et sert également à l’échange de données entre ces satellites. contributions to Après quelques années de travaux de recherche et développement, les premiers the U.S. Mars modèles de vol de senseurs sont en cours d’intégration pour une première Science Laboratory that plans to land utilisation en orbite sur les deux satellites suédois de la mission Prisma, dont on Mars in 2011. le lancement est prévu en octobre 2009. ̇̇ Senseur RF pour From R&T to the real world le vol en formation: modèle d’ingénierie As in previous years, this year’s R&T day spotlighted successfully matured pour la mission technologies. These included: Prisma développé Chemcam on the MSL rover – Several years of R&T with CESR, the French par Thales Alenia space radiation research centre, led to development of a diode-pumped Space. solid-state (DPSS) laser for space applications. This laser is the key Engineering model of an RF sensor for component of a spectroscopy instrument to be used for in-situ analysis of formation flight Martian soil. The instrument was qualified in 2008 and is scheduled to fly in 2011. developed by Thales RF metrology for formation flight control – An RF sensor measures the Alenia Space for separation distance between satellites flying in formation and is also used to the Prisma mission. exchange data between them. After several years of R&D work, the first flight models of sensors are being integrated and will be used in orbit for the first time on the two satellites of the Swedish Prisma mission scheduled to launch this October.

douze pays européens étaient présents, le 5 février 2009 à R&T associé. L’aspect traitement des images spatiales était Toulouse. La journée a fait une large part à la présentation abordé au travers d’Orfeo Tool Box, une librairie open-source des actions ou orientations. À ce titre, elle a mis en évidence de traitement d’images qui capitalise un certain nombre la place accordée aux aspects sécurité et défense, notamment d’études R&T. Le tour d’horizon des différentes phases avec la présentation du programme européen Musis, de sa 0 et A en cours a illustré parfaitement l’émulation et composante spatiale optique CSO et du programme l’effervescence que la préparation du futur génère. ࡯

ORBITAL SYSTEMS R&T Fuelling ideas for future missions Future space missions will have to meet advance research, CNES calls on its own in-house future projects or spun off to partners, research demanding cost/performance constraints in expertise while also tapping potential outside the laboratories or industry contractors. a tight budget environment. To meet the agency. Every year in June, it issues an international multiple challenges this implies, CNES is call for ideas on the Internet. This call is not Orbital Systems R&T day restricted to any particular topic, even if it may Once a year, CNES presents its R&T plan to an pursuing an effective technology planning focus on certain target areas. This year, it elicited invited audience. This year’s event on 5 February in policy, as shown by the latest results 455 responses, on top of the 220 in-house Toulouse attracted more than 500 attendees from announced at its R&T day. proposals received, covering a broad range of 12 European countries. This R&T day presented themes. For 2009, the selection steering committee research actions and directions, focusing on CNES’s Research and Technology (R&T) plan, down-selected 268 research proposals. The results security and defence, notably with a presentation pursued in partnership with institutional and of these activities are also assessed by a committee about the European MUSIS programme, its optical industry research laboratories, is based on forward of experts, mostly from outside CNES. Last year an space component and associated R&T programme. vision. Despite maintaining a relatively low profile, expert at DGA, the French defence procurement Satellite image processing was addressed through the agency’s R&T department is a vital cog in the agency, took over the chair of this committee from the Orfeo Tool Box, an open-source image- works driving its long-term research effort and ESA. Ultimately, research results can be used by processing repository capitalizing on a number of exploring possible leap-ahead technologies. CNES’s projects in various ways. Some may not be R&T studies. Lastly, an overview of projects multi-level plan serves as a roadmap to give it a exploited immediately, but kept in store for the currently in their 0 and A phases provided a perfect clear picture of how actions mesh and complement future. Others may be used in R&T work or on illustration of the emulation and enthusiasm that one another, and of their underlying rationale. To demonstrators. Results may also be earmarked for long-term research planning is encouraging. ࡯

AVRIL 2009 cnesmag / 21 J POLITIQUE Business & politics u LILIANE FEUILLERAC, pour le / for, CNES

̈̈ Le Falcon 20, un des trois avions de la flotte de l’unité Safire, de retour de mission à la base de Francazal (Toulouse). The Falcon 20, one of three aircraft in the SAFIRE unit’s fleet, returns to base at Francazal, outside Toulouse.

Safire UN PARTENAIRE ACTIF DE L’OBSERVATION SPATIALE Discrets sur le tarmac ou dans les hangars de la base militaire de Toulouse-Francazal, les trois avions instrumentés de l’unité Safire jouent de modestie. Pourtant, leur contribution à l’étude de l’atmosphère et à l’observation de la Terre est essentielle. Le CNES, l’un des trois partenaires de ce service, lui confie des missions de qualification ou de démonstration pour conforter ou compléter les données spatiales.

dministrativement créée en 2004, mais opéra- CNES, mutualisent leurs moyens en hommes et matériel tionnelle depuis de nombreuses années dans le au sein de cette unité. sillage des pionniers de la recherche aéro- portée, l’unité Safire (Service des avions français Une préparation « à la demande » instrumentésA pour la recherche en environnement) est un Chaque aéronef est en lui-même un véritable laboratoire outil d’investigation précieux dans les programmes de volant. La première mission de l’équipe est de le mettre en recherche climatique et environnementale. « Parce qu’ils configuration pour permettre son instrumentation. présentent des caractéristiques propres, les trois avions de notre Capteurs, perches, radars et radiomètres réalisés par les flotte, un Piper Aztec, un ATR 42 et un Falcon 20, assurent des laboratoires scientifiques… la customisation n’a pas à voir missions particulières en basse, moyenne ou haute troposphère ou avec l’esthétique, mais avec la technologie, la physique ou peuvent opérer sous la trace des satellites », dit Marc Pontaud, la chimie. Outre ces modifications physiquement inscrites directeur de Safire et artisan de la réussite de cette unité. dans la carlingue, l’équipe (soit vingt-cinq ingénieurs, tech- * La fermeture annoncée de Pour répondre aux objectifs assignés, les avions sont « ins- niciens et administratifs) va préparer la mission. Dans ses cette base aérienne posera, trumentés » et préparés dans les deux hangars de la base différents ateliers, Safire conçoit ses racks en fonction des à l’horizon 2010, la question de la relocalisation aérienne 101*. Trois partenaires impliqués dans la recherche objectifs de ses clients, dont les principaux sont les scienti- de cette unité. environnementale, Météo-France, le CNRS-Insu et le fiques français. Son expertise est largement reconnue et ses

22 / cnesmag AVRIL 2009 u GENEVIÈVE GARGIR, CNES Business & politics POLITIQUE J

compétences ont fait leurs preuves dans l’acquisition ̇̇ Prague, capitale comme dans le traitement des données pendant le vol. de la République tchèque, vue Unique en France, il est l’un des piliers du groupe européen par Spot 5. des avions de recherche Eufar. Prague, the capital of the Czech Republic, viewed Un assistant apprécié des missions by SPOT 5. satellitaires « En toute logique, lors des appels d’offres que nous ouvrons à l’international, nos partenaires sont toujours prioritaires », dit Marc Pontaud… quitte à charger un peu le planning. Avec six missions inscrites au calendrier, 2008 a été une année record. Le CNES est au rang des clients prioritaires: « Les moyens aéroportés constituent des compléments indispensables de nos satellites, notamment dans les programmes dédiés à la clima- Union européenne tologie et à l’étude de l’atmosphère », confirme Didier Renaut, responsable de programme météo et climat au CNES. Globalement, Safire intervient dans le cadre de démons- Les rendez-vous de trations pour de futures missions spatiales. Cela a permis de mettre au point, en vol, les algorithmes de Carols, le la présidence tchèque radiomètre qui sera embarqué sur Smos. Il est également n succédant à la présidence française de l’Union euro- mis à contribution pour des opérations de validation. Ainsi, E péenne, la présidence tchèque souhaite, dans le de nombreuses campagnes aéroportées ont servi à valider domaine spatial, mettre en œuvre les nouvelles priorités les mesures de Calipso sur la microphysique des nuages. de politique spatiale proposées par la France et adoptées Le programme Iasi a également fait appel à cette validation lors du cinquième Conseil espace en septembre 2008, et par des mesures aéroportées. Au-delà, les avions de Safire poursuivre les débats autour de la Politique spatiale euro- interviennent en complément d’autres moyens d’obser- péenne. Elle travaille dans ce sens en étroite coopération vation, dont les satellites, dans le cadre de programmes avec la Commission européenne et l’Esa, ainsi qu’avec le scientifiques d’envergure, comme Amma et Polarcat, qui trio des présidences, incluant la Suède qui lui succédera au sont d’un intérêt majeur pour la compréhension des phé- second semestre 2009 et la France qui l’a précédé. Deux nomènes climatiques. ࡯ principaux événements sont planifiés par cette présidence: c

SAFIRE An active remote-sensing partnership The SAFIRE unit’s three instrumented aircraft France, CNRS-INSU and CNES—provide the unit with schedule. With six missions, 2008 was a record year. on the ramp or in the hangars of Toulouse- human and material resources. And CNES is one of the unit’s preferred clients. Francazal military air base are unobtrusive “Airborne assets are essential to complement our enough. But their contribution to studying the Aircraft prepped on demand satellites, especially for climatology and atmospheric Each aircraft is a flying laboratory. The team’s prime research programmes,” confirms Didier Renaut, in atmosphere and observing Earth is vital. mission is to ready them for instrumentation. Here, charge of weather and climate programmes at CNES. CNES is one of this unit’s three partners, customization involves more than painting the Generally speaking, SAFIRE performs demonstrations entrusting it with qualification and aircraft’s livery, as their job is to install sensors, for future space missions. For example, flight demonstration missions to confirm or booms, radars and radiometers supplied by science demonstrations served to develop algorithms for complement satellite data. laboratories. Besides these physical modifications CAROLS, the radiometer set to fly on the SMOS on the fuselage, the team of 25 engineers, technicians mission. The unit is also called upon for validation Created in 2004 after many years operating in the and clerical staff also prepares the mission. SAFIRE operations. Numerous airborne campaigns have been footsteps of the pioneers of airborne research, the designs equipment racks on its premises for its clients, flown to validate measurements from the Calipso SAFIRE1 unit is a precious investigative tool for mostly French scientists. The unit’s expertise is widely satellite concerning cloud microphysics. Similar climate and environment research. “The three renowned and it has a proven track record in campaigns were flown for the IASI programme. Besides aircraft in our fleet—a Piper Aztec, an ATR 42 and a acquiring and processing data in flight. Unique in this function, SAFIRE’s aircraft complement other Falcon 20—are able to fly special missions in the France, it is one of the pillars of the European Fleet observing assets, including satellites, for major lower, middle or higher troposphere, or along for Airborne Research (EUFAR). scientific programmes like AMMA and Polarcat, satellite ground tracks,” says Marc Pontaud, which are key to understanding climate phenomena. ࡯ SAFIRE’s director and the architect of the unit’s Assisting satellite missions success. The aircraft are instrumented and prepared “Quite logically, our partners are always given 1 Service des Avions Français Instrumentés 2 pour la Recherche en Environnement in the two hangars of air base 101 . Three partners priority for international tenders,” says Marc 2 With the closure of this air base announced from the field of environmental research—Meteo- Pontaud, even if this means adding to the flight for 2010, SAFIRE will have to relocate.

AVRIL 2009 cnesmag / 23 J POLITIQUE Business & politics

la tenue d’un sixième Conseil espace en marge du Conseil compétitivité des 28 et 29 mai 2009, une conférence de Czech presidency sets the agenda haut niveau sur l’exploration le 23 juin à Prague. During its term as EU president, the Czech Republic intends to Ni la configuration ni le contenu du Conseil espace ne sont implement the new space policy priorities put forward by France encore finalisés à ce jour. Un des thèmes abordés pourrait and adopted at the fifth Space Council in September 2008, and to pursue the debate concerning the European Space Policy (ESP). être « Espace, compétitivité et innovation », ce qui permettrait To this end, it is working closely with the European Commission and ainsi de répondre d’une part à la nouvelle priorité, « espace ESA, as well as with the triumvirate of presidents: France, the Czech et compétitivité », du cinquième Conseil espace, et d’autre Republic and Sweden, which will be taking over in the second half part aux conclusions du Conseil européen des 11 et of this year. The Czech presidency has planned two key events: a sixth Space Council alongside the EU Competitiveness Council 12 décembre 2008 appelant au lancement d’un plan meeting on 28-29 May and a high-level conference on space européen pour l’innovation. Quant à la conférence sur l’ex- exploration on 23 June in Prague. ploration, elle devrait permettre aux ministres européens de The configuration and agenda for the Space Council are still being decided. A possible theme could be space, competitiveness and débattre autour d’une vision mondiale à long terme en innovation, taking its cue from the new space and competitiveness matière d’exploration spatiale, voire sur le rôle et le posi- priority set out at the fifth Space Council and from the conclusions tionnement de l’Europe dans un contexte international. of the European Council meeting on 11-12 December 2008 calling for the launch of a European innovation plan. The space exploration L’apport de l’exploration spatiale en matière d’innovation et conference should allow EU ministers to debate a long-term global de croissance économique, sa contribution à la construction vision for space exploration, and possibly the role and position of d’une Europe politique et à la confirmation du rôle de Europe in this international effort. Space exploration’s contribution to innovation and economic growth, to the construction of Europe l’Europe dans le monde, ainsi que son apport à la société as a political entity and the confirmation of Europe’s role on the de la connaissance et à une croissance durable… ce sont world stage, and to the knowledge-based society and sustainable autant de questions qui pourraient être abordées. ࡯ development are just some of the issues that could be addressed. ࡯

u CHANTAL DELABARRE, CNES

CHALLENGES OF SPACE Enjeux Space for Earth in Saint Quentin De « L’Espace pour From 17-27 April, the magnificent Palais Fervaques in Saint Quentin, la Terre » à Saint- northern France, is the backdrop for CNES’s Challenges of Space, which will be marking the town Quentin hall’s 500th anniversary. A nod to history, Johann Ruysch’s e magnifique palais Fervaques de Saint-Quentin planisphere printed in 1509—one (Aisne) sert, du 17 au 27 avril 2009, de décor aux of the earliest representations of L Enjeux de l’espace du CNES, lesquels célèbrent aussi the New World—bears witness to the leaps in scientific les 500 ans de l’hôtel de ville. Clin d’œil à l’histoire: le pla- knowledge made in five nisphère de Johann Ruysch, imprimé en 1509 (une des pre- centuries. It also provides an mières représentations du Nouveau Monde), témoigne du excellent pretext for highlighting the relationship between space chemin parcouru par la connaissance scientifique en cinq technologies and enhanced understanding of our planet. A 500 siècles. Un excellent prétexte pour mettre en corrélation square-metre display area spotlighting the major programmes to which l’apport des technologies spatiales avec la compréhension CNES is contributing will underline the utility of space in our daily de notre planète. Sur 500 m2, la présentation des grands lives and our quest to seek out other possible worlds… Alongside satellite mock-ups, interactive programmes auxquels participe le CNES rendra plus évi- features, display panels and dente encore l’utilité de l’espace dans notre quotidien, dans lectures, a series of animations notre exploration de l’Univers pour trouver un ailleurs éventuel. will be screened for youngsters in the all- À côté de maquettes de satellites, murs et table interactifs, new “space bus”, panneaux d’exposition, cycle de conférences… une série making its first d’animations est prévue en direction des jeunes, public pri- outing for the occasion, and in vilégié, à l’aide du tout nouveau « spatiobus », qui sera inau- the space library. ࡯ guré à cette occasion, et de la bibliothèque de l’espace. ࡯

24 / cnesmag AVRIL 2009 u Propos recueillis par / Interview by RICHARD BONNEVILLE, Directeur adjoint de la stratégie, Business & politics POLITIQUE J de la prospective et des programmes / Deputy Director of Strategy and Programmes, CNES

Organisé tous les quatre ans, le séminaire de

prospective scientifique du CNES s’est tenu à Biarritz du 16 au 19 mars. w Catherine Césarsky, présidente du comité des programmes scientifiques (CPS), et Yannick d’Escatha, président du CNES, e i nous font la synthèse de ce rendez-vous qui détermine les choix

programmatiques pour l’avenir. v r e

Le séminaire de prospective t n scientifique 2009 i

Quelles sont les principales recommandations sorties également été fortement recommandée. S’agissant des “du séminaire de Biarritz? missions du programme Earth Explorer de l’Esa, le CPS a Catherine Césarsky : Dans le domaine de l’étude et de l’ex- recommandé un soutien à la proposition Biomass, actuel- ploration de l’Univers, il a été réaffirmé que la participation lement en phase A, afin de la mettre en bonne position instrumentale (et bien entendu scientifique) aux programmes pour la sélection finale de l’Esa. Concernant l’étude du de l’Esa (Cosmic Vision et Aurora) devait être la première cycle du carbone, les conséquences de l’échec de la mission priorité. Il importe de préparer la contribution française aux américaine OCO doivent être analysées; le CPS a conseillé missions candidates à la sélection Cosmic Vision; parmi les de poursuivre les échanges avec les partenaires, principa- missions « de taille moyenne », une mission d’étude de lement la Nasa, sur un possible partenariat qui pourrait l’énergie noire (MEN) et la mission sont inclure la réalisation de Minicarb. Il a cependant recom- spécialement recommandées. Dans le cadre Aurora, il faut mandé de définir une stratégie reposant sur deux voies ins- sur le court terme assurer le succès d’ExoMars, et ensuite trumentales, l’une basée sur un concept passif dérivé de préparer Mars Sample Return. Cette participation aux pro- Sifti, dont la phase A se termine, l’autre à plus long terme grammes de l’Esa doit être complétée par des petites missions basée sur un concept actif innovant. (de l’ordre de 50 à 100 millions d’euros) à réaliser dans un cadre multilatéral, et le CPS appuie le projet de microsatellite Yannick d’Escatha : Le séminaire de prospective scientifique Taranis, qui est en fin de phase B. Il souhaite de surcroît a également recommandé un grand nombre de propo- que la programmation ait assez de flexibilité pour permettre sitions d’avant-projets, notamment de phases 0, recom- de glisser de petites opportunités (quelques Meuros), par mandées tant pour les sciences de l’Univers que pour les exemple une participation à la mise en place d’un réseau sciences de la Terre et de l’environnement. Nous allons les sismique lunaire. Dans le domaine des sciences de la Terre introduire dans notre plan d’avant-projets pour 2009 et de l’environnement, on note la forte demande de haute et 2010. Certaines d’entre elles entreront ensuite en phase répétitivité temporelle et de haute résolution spatiale. Il est A, et ultérieurement quelques-unes en phase de déve- sorti une recommandation en faveur d’une contribution loppement. Ces activités d’avant-projet doivent être significative à la mission Swot en coopération avec les accompagnées dans notre plan de R&T. J’ai noté par exemple États-Unis, qui intéresse tout à la fois le domaine côtier, l’intérêt des scientifiques pour l’utilisation du lidar en sondage l’hydrologie et la bathymétrie. L’étude d’un sondeur atmos- atmosphérique, mais aussi pour d’autres applications phérique de nouvelle génération succédant à Iasi pour telles que le suivi de la végétation et des terrains. Dans le préparer la suite du programme Eumetsat Polar Satellite a domaine des sciences de l’univers, le Comité des programmes c

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scientifiques a recommandé que la participation aux pro- réduction de la contribution italienne et le poids financier grammes de l’Esa soit complétée par des petites missions trop lourd pesant sur la France, malgré les marques d’intérêt (typiquement de la taille d’un microsatellite) à réaliser dans de plusieurs pays européens, ne permettaient pas l’enga- un cadre multilatéral sur des objectifs scientifiques ciblés. gement de Simbol X après sa phase A, car cela aurait été Au-delà du soutien du CPS à Taranis, des ouvertures appa- au détriment de la participation des laboratoires français raîtront vers 2013-2014 pour une autre mission de même aux missions Cosmic Vision (voir ci-dessus). Néanmoins, volume, qui pourrait être décidée lors de notre prochain l’intérêt suscité par Simbol X en France et chez les partenaires séminaire de prospective. Il me semble en effet qu’un intervalle européens (Italie, Espagne, Allemagne, Suisse, Pologne, de quatre ans entre deux exercices de ce type est le rythme Belgique…) conduit à penser qu’il devrait être possible de lui qu’il nous faut conserver. Le domaine des sciences de la trouver une alternative avec une mission analogue de Terre et de l’environnement n’est pas structuré autour des même taille, voire plus ambitieuse, dans le cadre de l’Esa. programmes de l’Esa comme l’est le domaine des sciences de l’Univers. Cependant, les missions spatiales du Yannick d’Escatha: Maîtriser le vol en formation sera nécessaire programme GMES et les missions de météorologie opéra- pour réaliser certaines missions scientifiques ambitieuses tionnelle sont ou seront des sources importantes de données envisagées au-delà de 2020, telles que les futurs observatoires intéressant les scientifiques. Par ailleurs, diverses oppor- spatiaux interférométriques. Mais Simbol X, qui termine sa tunités de coopération bilatérale, par exemple avec les phase A, n’était pas finançable avec les budgets disponibles États-Unis, l’Inde ou le Brésil, vont se présenter au cours en France et en Italie, même en supposant que les coopé- des prochaines années. rations envisagées avec d’autres pays européens soient confirmées. Après la forte réduction de la contribution L’arrêt du projet Simbol X signifie-t-il que l’intérêt porté au italienne à l’été 2008, la France aurait dû augmenter consi- vol en formation a diminué? dérablement sa part, ce qui aurait étouffé nos capacités Catherine Césarsky : Le CPS n’a pas remis en question la d’engagement de projets nouveaux pendant plusieurs haute valeur scientifique de la mission Simbol X, observa- années, avec un impact catastrophique sur les communautés toire spatial dans le domaine des rayons X durs utilisant la scientifiques. Je comprends la déception des équipes scien- technique du vol en formation. Le vol en formation sera tifiques et techniques qui se sont investies dans Simbol indispensable pour réaliser certaines missions scientifiques X. Elles ont fait le maximum de ce qui était possible pour pointues prévues après 2020, notamment les futurs inter- le sauver après l’été 2008. Malheureusement, cela n’a pas féromètres spatiaux nécessaires pour rechercher les planètes été possible, mais c’était de notre devoir de le tenter. C’est extrasolaires et sonder leur atmosphère pour y déceler la la dure loi de notre métier de lancer des phases 0 et A sur signature d’une éventuelle activité biologique. Mais la forte d’excellentes propositions, sans pouvoir les passer toutes en

COSMIC VISION, AURORA, EARTH EXPLORER… Priority to ESA missions CNES held its four-yearly space science capability and high spatial resolution. One applications like terrain and vegetation monitoring. seminar in Biarritz from 16-19 March. recommendation favoured contributing to the SWOT In space science and exploration, the CPS recommended Catherine Césarsky, Chair of CNES’s Science mission in cooperation with the United States. A complementing our participation in ESA programmes Programmes Committee (CPS), and CNES new-generation atmospheric sounding instrument to with small, focused multilateral missions. Besides succeed IASI was also strongly recommended. For Taranis, there will be openings within the 2013-2014 President Yannick d’Escatha report on this ESA’s Earth Explorer programme, the CPS supported timeframe for another mission of the same class. gathering that shapes the agency’s future the Biomass proposal. With regard to carbon cycle We could make that decision at our next space science programmatic choices. research, the impacts of the failure of the U.S. OCO seminar. Earth and environmental science missions mission need to be analysed; the CPS advised that aren’t structured around ESA programmes. Having What are the main recommendations of the discussions be pursued, chiefly with NASA, on a said that, space missions in the GMES programme Biarritz seminar? partnership that could include Minicarb. It also and operational meteorology missions are or will be Catherine Césarsky: For space science and recommended a two-channel strategy, with a passive key sources of data for scientists. Moreover, exploration, contributions to ESA’s Cosmic Vision instrument concept derived from SIFTI and an opportunities for bilateral projects are set to arise in and Aurora programmes were reaffirmed as the innovative active instrument concept. the years ahead. chief priority. We need to prepare candidate missions for Cosmic Vision: a dark energy mission Yannick d’Escatha: The seminar also recommended Does the shelving of Simbol-X mean interest in (MEN) and Solar Orbiter are strongly recommended. many preliminary project proposals in space science formation flying is waning? For Aurora, we must assure the success of ExoMars and exploration and Earth and environmental sciences. Catherine Césarsky: The CPS doesn’t question the and then plan for Mars Sample Return. This participation We shall include these proposals in our 2009-2010 high science value of Simbol-X. Formation flying will must be complemented by smaller multilateral plan. Some will enter phase A and ultimately a few be vital for really sophisticated science missions missions. The CPS is pushing Taranis and it also will make it to the development phase. These planned after 2020, notably future space wants to maintain programmatic flexibility for small activities must be supported in our R&T plan. For interferometers to hunt for exoplanets and sound opportunity missions. In Earth and environmental example, I noted scientists’ interest in using lidar their atmosphere in search of signs of biological science, there is strong demand for frequent-revisit technology for atmospheric sounding and activity. But the big reduction in ’s contribution

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phase B puis en phase C/D. Celles qui ne sont pas retenues vités. Néanmoins, la conception des instruments en amont cèdent la place à d’autres qui ont un rang de priorité encore et la validation de leurs performances en aval doivent rester plus élevé, ce qui assure que la programmation du CNES du côté des laboratoires, comme bien entendu l’utilisation est en permanence au meilleur niveau. Cela dit, ce n’est pas scientifique des données produites. Nous devrons d’ailleurs la fin du vol en formation, qu’il faut continuer à préparer. réfléchir aux possibilités de transfert de technologies ou de Aussi le CNES aidera-t-il les laboratoires pour qu’ils puissent savoir-faire d’une discipline à l’autre. répondre avec le maximum de chance de succès à toutes les opportunités qui pourraient se présenter, notamment dans Yannick d’Escatha : Le CNES, essentiellement le Centre de le cadre du prochain appel à proposition de l’Esa, Cosmic Toulouse, doit continuer à travailler dans le développement Vision 2, prévu en 2010. Et nous allons réviser notre straté- d’instruments spatiaux innovants et complexes. Tous les gie R&T sur le vol en formation dans cette perspective. laboratoires de recherche n’ont pas les moyens techniques nécessaires à la réalisation d’instruments spatialisés de plus Comment renforcer le partenariat entre le CNES et la en plus sophistiqués, et l’industrie hésite à assumer les risques communauté scientifique? associés au développement de « moutons à cinq pattes ». Catherine Césarsky : Le partenariat entre le CNES et la De surcroît, certains instruments, par exemple l’instrument communauté scientifique, qui remonte à la fondation HFI de la mission Planck, qui sera bientôt lancée, dépassent même du CNES, s’est révélé extrêmement fructueux. les capacités d’un laboratoire, fût-il l’un des mieux outillés, Rappelons par exemple que les laboratoires français, avec et mobilisent trop ses ressources techniques au risque de le soutien technique et financier du CNES, fournissent compromettre sa participation à d’autres projets. On peut près de 30 % des instruments des missions du programme penser à des équipes intégrées CNES-labos, comme ça scientifique obligatoire de l’Esa. Je peux aussi citer plus s’est d’ailleurs déjà fait avec succès. J’envisage aussi la possi- récemment la mise en place, qui doit se poursuivre, de bilité de détacher de jeunes embauchés quelques temps pôles associant le CNES et des laboratoires pour le traitement dans un laboratoire avant qu’ils ne reviennent à Toulouse et la mise à disposition de données spatiales sur une théma- après cette expérience très formatrice. Je souhaite enfin, et tique donnée. Cependant, la diminution effective du c’est aussi le vœu de l’Insu, notre principal partenaire scien- potentiel technique des laboratoires est un vrai danger, tifique, qu’à l’avenir soit formalisé l’engagement des projets qu’il s’agisse des développements des matériels spatiaux, par une sorte de memorandum of understanding entre le surtout dans le domaine des sciences de l’Univers, ou du CNES et les tutelles des laboratoires, au moins sous forme traitement des données spatiales, surtout dans le domaine d’une déclaration de meilleurs efforts, pour que soient des sciences de la Terre et de l’environnement. Il faudra à mises en place les ressources financières et humaines néces- l’avenir que le CNES s’implique davantage dans ces acti- saires au bon déroulement du projet du début à la fin. ࡯

left France unable to shoulder the financial burden, 0 and A, but not all of them make it through to activities. Laboratories must retain responsibility for despite interest from several European countries. As phase B and then phase C/D. But it’s not the end for conceptual instrument design and data exploitation. a result, we cannot commit to Simbol-X after phase formation flying; we must pursue our efforts in this Indeed, we need to think about how to achieve A without affecting French laboratories participating area. CNES will assist research laboratories to give transfer of technologies and expertise between in Cosmic Vision missions. However, the interest them the best chance of success whenever opportunities disciplines. Simbol-X has generated in France and with European arise, particularly for the next call for proposals for partners suggests we should be able to put together ESA Cosmic Vision 2 planned in 2010. And we shall Yannick d’Escatha: CNES must continue to develop a similar class of mission or possibly something revisit our R&T strategy for formation flying accordingly. innovative and complex space instruments. Not all more ambitious with ESA. laboratories have the resources to build increasingly How can CNES and the scientific community sophisticated instruments for space missions, and Yannick d’Escatha: We will need to master strengthen their partnership? industry is loath to take on the risks associated with formation flying for ambitious science missions Catherine Césarsky: The partnership between CNES developing the “next big thing”. Some instruments planned after 2020, like future interferometric space and the scientific community is very productive. are just too much for a laboratory to take on alone, observatories. But Simbol-X couldn’t be funded with French laboratories that benefit from CNES’s because they absorb too many resources. CNES has available budgets in France and Italy. After the big technical and financial support are supplying nearly successfully formed integrated project teams with cut in Italy’s contribution last summer, France would 30% of the instruments for ESA’s mandatory science laboratories before, so that is one possibility. I also have had to increase its share of funding significantly. programme. More recently, CNES and laboratories envisage seconding new recruits to laboratories That would have left us unable to fund new projects have worked together to set up satellite data where they can gain valuable experience. To conclude, for several years, with disastrous effects for our centres. These efforts must be pursued. However, I would like to see project commitments formalized scientific communities. I understand the disappointment we are in real danger of losing laboratories’ through a sort of memorandum of understanding of the teams who have worked hard on Simbol-X. engineering potential to develop hardware, especially between CNES and the laboratories’ overseeing They did everything they could to save the project. for space science, and to process space data, agencies, at least on a best-effort basis, so that projects We have to face the hard reality that some excellent particularly in Earth and environmental sciences. In can be assured of the financial and human resources proposals are launched and pursued through phases future, CNES must be involved more closely in these they need from the outset through to completion. ࡯

AVRIL 2009 cnesmag / 27 J POLITIQUE Business & politics u LILIANE FEUILLERAC, pour le / for CNES Histoire d’espace LA FRANCE MOTEUR DE L’EUROPE SPATIALE

Dès sa création, en 1961, le CNES va montrer un réel dynamisme. Ses premières années d’existence sont marquées par un fort développement de l’activité spatiale. Les chiffres parlent: formé avec 17 personnes salariées, le CNES accueillait en 1967, 474 collaborateurs. Aujourd’hui, 2400 personnes y travaillent.

̈̈ Rencontre entre la création du Centre national d’études spatiales, Léonid Brejnev et Georges Pompidou si la France multiplie les contacts avec les États- sur le tarmac de Unis, elle ne veut pas s’inféoder et entend s’imposer l’aéroport de Minsk À en Ukraine. comme une puissance spatiale. Si la force de dissuasion Leonid Brezhnev and Georges Pompidou * CERS/ESRO: Organisation nucléaire française, décidée officiellement pendant la meet on the tarmac européenne de recherche guerre froide par le général de Gaulle, a pour but « d’em- at Minsk airport in spatiale. Ukraine. ** CECLES/ELDO: Organisation pêcher la guerre », elle a aussi pour objectif d’affirmer l’in- européenne pour la mise au dépendance de la France sur la scène internationale. Pour point et la construction de lanceurs d’engins spatiaux. servir ses ambitions, au niveau national, la France se dote abandonner le centre de lancement d’ et *** LIIIS – lanceur de la classe d’ III et de moyens techniques et financiers; au niveau international, démarre, en 1965, les premiers travaux de construction du de substitution. elle étudie les possibles coopérations. Les intérêts spatiaux futur Centre spatial guyanais à Kourou. Le CSG sera inau- s’invitent à l’ordre du jour des rencontres diplomatiques. guré en avril 1968 avec le lancement d’une fusée Véronique. En 1968 aussi, en dépit de l’agitation sociale qui Espace et affirmation d’indépendance secoue la métropole et freine le développement de la poli- Vue aérienne du nationale tique spatiale, des actes significatifs sont posés: pour des site de lancement , au Centre En 1965, le lancement de la fusée Diamant, premier lanceur raisons de synergie et d’économie, le centre de Brétigny va spatial guyanais, exclusivement français, témoigne avec succès de la politique se déplacer à Toulouse, renforçant son caractère « aérospatial », en 1970. Aerial view of the volontariste du gouvernement. Pour soutenir cette politique, aujourd’hui labellisé pôle mondial de compétitivité. Les Diamant rocket l’organisation opérationnelle se renforce. Avec l’indépen- travaux dureront jusqu’en 1974. En parallèle, de nouvelles launch site at the Guiana Space Centre dance de l’Algérie et les accords d’Évian, la France doit orientations sont à l’étude pour élargir le champ vers des in 1970. applications spatiales… une décision qui suppose la ̄̄ conception d’un nouveau lanceur. Au sortir de la crise, en 1970, l’adoption du rapport Aigrain, établi à la demande de Georges Pompidou, fixera les nouvelles orientations de la politique spatiale française. Dans le même temps, les coopérations se diversifient. Préparé dès 1964 au cours d’une rencontre entre Georges Pompidou et Léonid Brejnev, un accord signé entre les ministres Couve de Murville et Gromyko scellera, en juin 1966, la première coopération « spatiale » franco- soviétique. Un an plus tard, l’accord franco-allemand pour le satellite Symphonie marque une étape importante dans les télécommunications spatiales en Europe.

La France, acteur de la construction spatiale européenne En toile de fond, l’Europe spatiale se dessine; au titre de la France, le CNES y jouera un rôle majeur. Les pays de l’Europe de l’Ouest unissent leurs moyens en créant

28 / cnesmag AVRIL 2009 Business & politics POLITIQUE J d’espace Space history France as Europe’s engine room in space In the early years after its inception in 1961, CNES provided strong momentum for development of space activities. Formed with a team of just 17, by 1967 the new agency had increased its staff to 474. Today, it employs 2,400 people. Visite du personnel du Centre spatial Having formed its space agency, France cultivated contacts with the guyanais lors de United States but remained intent on being a space power in its la présentation own right. The nuclear deterrence capability mandated by President du lanceur Diamant Charles de Gaulle to avert war also sought to affirm the nation’s B-2, en 1970, independence. To serve its ambitions, France equipped itself with sur le site Diamant. Ce lanceur a placé en the necessary technical and financial resources and began looking orbite, le 12 décem- at opportunities for international cooperation. bre 1970, le satellite technologique et Affirming national independence scientifique Péole. The launch of France’s Diamant rocket in 1965 marked the success Guiana Space Centre personnel visit the of the government’s policy. To support this policy, it had to strengthen Diamant launch site the nation’s operational organization. With the independence of during the presentation Algeria and the Evian accords, France relinquished the Hammaguir of the Diamant B-2 launch base and began work in 1965 on the future Guiana Space launcher in 1970. The Centre (CSG) in Kourou. The CSG was officially opened in April launcher orbited the Peole technology and 1968 with the launch of a Véronique rocket. That year, the Brétigny scientific satellite on space centre moved to Toulouse, thereby consolidating the city’s 12 December 1970. position as an aerospace hub that is today a global ̄̄ competitiveness . At the same time, a new roadmap deux organisations le CERS/ESRO* (1962) et le was taking shape to broaden the mission scope to space applications, and that meant a new launch vehicle was CECLES/ELDO** (1963), une collaboration qui n’ira needed. The adoption in 1970 of the Aigrain report pas sans difficultés. Pourtant, en 1970, Georges Pompidou commissioned by President Georges Pompidou set réaffirme: « Il apparaît nécessaire que la France mette en France’s space policy on a new course. Meanwhile, cooperation initiatives were multiplying. Prepared in 1964 œuvre une politique spatiale assurant la disposition, pour le at a meeting between Georges Pompidou and Soviet pays, de satellites de télécommunications et de lanceurs corres- President Leonid Brezhnev, an agreement signed by foreign pondants […] et qu’un tel objectif soit aussi poursuivi par nos ministers Maurice Couve de Murville and Andrei Gromyko in June 1966 laid the foundation for the first cooperation in partenaires européens. » space between the two nations. One year later, the French- Cependant les difficultés du lanceur Europa II du German agreement to build the Symphonie satellite marked CECLES/ELDO et surtout les approches très différentes a key milestone for space telecommunications in Europe. de la France, de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne France as a key player in Europe’s space effort Au CNES, Pierre Auger, Jean compliquent la situation. Finalement, elle se dénoue en In the meantime, CNES would play a key role in the nascent Coulomb et Jean-François 1973 avec la mise en place d’une organisation européenne European space programme. Western European nations decided to Denisse en qualité de prési- set up two new organizations: the European Space Research dents, Robert Aubinière et unique où la science représentera le programme obliga- Organization (ESRO) in 1962 and the European Launcher Development Michel Bignier en qualité de directeurs généraux, partici- toire, les autres projets bénéficiant du concept du « pro- Organization (ELDO) in 1963. Although this partnership had its ups peront, avec leurs équipes, à gramme à la carte ». C’est ainsi que la France propose un and downs, Georges Pompidou reaffirmed in 1970 that “It appears la construction de cette necessary for France to implement a space policy to provide our Europe spatiale. nouveau lanceur LIIIS*** qui devient Ariane. country with telecommunications satellites and the launch vehicles At CNES, Jean Coulomb La décision américaine d’assurer le lancement Symphonie to place them in orbit… and it is to be hoped that our European and Jean-François (satellite de télécommunications) seulement pour une partners will pursue this same objective.” But problems besetting Denisse as Presidents, ELDO’s Europa II launcher and above all the diverging approaches and Robert Aubinière mission expérimentale conforte la France dans sa détermi- and Michel Bignier as of France, Germany and the United Kingdom complicated matters. Director Generals, nation à maîtriser un accès indépendant de l’Europe à l’es- The crisis was resolved in 1973 through the creation of a single contributed with their teams to the pace. Elément clef de la coopération post-Apollo avec les European organization in which members would contribute to a construction of Europe’s États-Unis, Spacelab, porté par l’Allemagne et l’Italie, et mandatory science programme while pursuing other projects on an budding space effort. optional basis. Thus it was that France proposed a new launcher Marots, soutenu par la Grande-Bretagne, pour les commu- called LIIIS, the forerunner of Ariane. The United States’ decision to nications maritimes, complètent le « package deal » struc- launch the Symphonie telecommunications satellite only for turant des répartitions d’influence des États au sein de experimental purposes strengthened France’s determination to develop an independent European launch capability. The Spacelab www.cnes.fr la nouvelle Agence spatiale européenne (Esa). Dès lors, fort project led by Germany and Italy, a key element of post-Apollo de sa compétence technique, le CNES joue un rôle majeur cooperation with the US, and the MAROTS maritime dans le projet européen Ariane. ࡯ communications project supported by the UK completed the deal Les premiers pas de struck by the members of the new (ESA). l'Europe spatiale N.D.L.R. Nos remerciements vont à Isabelle Sourbes-Verger, chercheur au CNRS, et à Hervé Moulin, With its engineering expertise, CNES would play a central role Europe's first steps in space vice-président de l’Institut français de l’histoire spatiale, pour leur précieuse collaboration. in the European Ariane project. ࡯ http://www.cnes.fr/webmag

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ERATJ SOCIÉTÉ Society u JOËLLE BRAMI, CNES

ORNITHOLOGIE L’oiseau et le satellite Qu’est-ce qui lie les mouettes ivoire, les chouettes harfangs, les labbes à longues queues du pôle Nord, les balbuzards du nord de l’Europe, les cigognes du sud de l’Europe, les albatros des Kerguelen, les palombes des Landes ou les canards sauvages d’Afrique: l’espace. Quelques-uns de ces oiseaux de moyennes et de grandes tailles équipés d’un petit harnais, type « sac à dos », supportant une balise Argos, sont suivis par satellites. Des espèces qui sont menacées par le réchauffement climatique, les prédateurs, les pesticides, etc. Vecteurs potentiels des virus de l’influenza aviaire, elles sont également observées par les épidémiologistes.

n France, les ornithologues utilisent, depuis des mers. Il dévoile également l’extraordinaire habileté de ces 1911, le baguage pour suivre les voies de superpilotes dans leur utilisation des vents pour parcourir de migration, les zones d’hivernage, et de nidifi- grandes distances sans perdre trop de poids. » La conception cation des oiseaux ainsi que leur démographie. du système Argos, qui va fêter ses trente ans cette année, « Avec le satellite, souligne Christian Ortega, res- est simple et robuste, bien adaptée à un milieu hostile. Les ponsable du département Sciences Argos messages émis par les balises sont répétés toutes les qua- Echez CLS, filiale du CNES, nous faisons un bond en avant, rante ou soixante secondes. Avec un passage satellite et plu- avec quelques dizaines d’oiseaux équipés de balise Argos, les sieurs messages, on obtient la position de l’oiseau, et, s’il y scientifiques en savent plus sur leur comportement qu’avec a perte de messages, ce n’est pas gênant en raison de leur un millier d’oiseaux bagués. Le satellite permet un suivi répétition. Qu’en est-il de nos étourneaux et autres hiron- détaillé des parcours migratoires, l’identification des “aires de delles, ils ne font pas l’objet de suivi par satellites, car il repos”, des lieux de nidification, des voies de passage au-dessus n’existe pas encore sur le marché de balise d’un gramme, c

ORNITHOLOGY Birds under satellite scrutiny What do ivory gulls, snowy owls, long-tailed Since 1911, French ornithologists have been using environments. Transmitter messages are repeated skuas from the North pole, ospreys in rings to track migration paths, wintering regions, nest every 40 to 60 seconds. The bird’s position is pinpointed Northern Europe, storks in Southern Europe, sites and bird populations. “Satellite tracking is a with just one satellite pass and several messages. As albatrosses from the Kerguelen Islands, huge leap forward”, emphasizes Christian Ortega, the messages are repeated, it is not a problem if woodpigeons from the Landes region of Argos Science manager at CNES subsidiary CLS. some are lost. But what about starlings or swallows? Southwest France or wild African ducks all “Scientists learn more about bird behaviour from They are not satellite-tracked because there is no 1- a few dozen birds tagged with Argos transmitters gram transmitter on the market. The transmitter have in common? Space. Some of these than from a thousand ringed birds. Satellites track must not exceed 3% of the bird’s weight. A 5-gram medium-to-large birds are tracked by migration paths in detail, identify “rest areas”, transmitter came onto the market this year, but up to satellite through a small “backpack” nesting sites and pinpoint itineraries over oceans. now only migratory birds weighing over 300 to 400 containing an Argos transmitter. They are all They also reveal the extraordinary ability of these grams have been tagged. Since 2006, scientists’ species in danger from global warming, amazing pilots to use wind currents to fly vast requests for bird tracking have rocketed. CLS has predators, pesticides and other threats. distances without losing too much weight.” noted a marked increase in the number of new Epidemiologists also track species that may The Argos system—30 years old this year—is of programmes. In 2008, nearly 3,000 migratory birds be carrying avian influenza. simple and robust design, perfectly suited to hostile were flying transmitters, not just to study migration c

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̈̈ et celle-ci ne doit pas dépasser 3 % du poids de l’oiseau. Dans la région Centre (France), Un émetteur de cinq grammes est sorti sur le marché cette l’association Groupe Pandion, année. En attendant, seuls les « migrants » dont le poids est avec l’aide de entre 300 à 400 g sont harnachés. l’Office national des forêts, met en place Depuis 2006, la demande par les scientifiques de « suivis des initiatives de d’oiseaux » explose; CLS enregistre une forte croissance repeuplement de balbuzards. de nouveaux programmes. En 2008, près de 3000 balises The Groupe Pandion équipent les oiseaux migrateurs. Il s’agit non seulement association is working with ONF, d’étudier leur migration et comportement, mais aussi de the French forestry commission, to protéger ceux qui sont menacés. Par exemple, le balbu- reintroduce ospreys zard, rapace piscivore, est victime des chasseurs et des pes- in Central France. ticides, les chouettes harfangs désertent les pôles faute de nourriture à cause du réchauffement climatique, les cigognes

La cigogne Max est s’électrocutent en entrant en collision avec des fils électri- suivie depuis neuf ques, etc. D’autres facteurs entrent en jeu. Il s’agit ans grâce à sa balise Argos de 35 g. d’étudier l’adaptation des oiseaux au changement climatique, Max the stork has les variations de comportement : exemple connu des been tracked for nine years thanks to parents manchots qui vont chercher de plus en plus Inciter le balbuzard à vivre his 35-g Argos loin, en se relayant, la nourriture pour leurs petits… transmitter. en France ̄̄ Autres espèces d’oiseaux, autres problèmes, cette fois sanitaires, les oiseaux sont à la fois porteur de virus et rançois Baillon, biologiste, ornithologue à l’IRD, prési- « usines à virus », CLS suit par satellites, pour le compte F dent de l’association Groupe Pandion (nom latin du des scientifiques et d’organisations internationales, la balbuzard), regrette de ne plus avoir de nouvelles de FAO par exemple, les vecteurs potentiels du virus H5N2 Tom, le premier balbuzard français équipé d’une balise (influenza aviaire). Les oiseaux migrateurs sont soupçon- Argos solaire + GPS de 35 g, perdu dans le delta du Tage nés de propager des maladies infectieuses. Le programme au Portugal. Autrefois nicheur forestier assez commun sur du Cirad en Afrique suit les canards sauvages, le pro- les fleuves, rivières et étangs français, ce rapace piscivore fut gramme de la faculté de médecine de Bangkok, en victime du braconnage puis des pesticides empêchant sa Thaïlande, suit les canards siffleurs et les cigognes, en reproduction en amincissant la coquille de ses œufs, de Chine ce sont les oiseaux aquatiques qui sont suivis par l’électrocution, de l’exploitation forestière, etc. De nos satellites (oies, cormorans ont été fortement décimés par jours, on compte en France (région Centre et Corse) près le virus H5N2). de cinquante couples. Les scientifiques se mobilisent de par

patterns and behaviour but also to protect threatened Encouraging ospreys to live in France itinerary in France, Spain or Africa, how it chose to species. The osprey, for example, is a fish-eating François Baillon—biologist and ornithologist at the fly over the Pyrenees and assess the daily time bird of prey under threat from hunters and pesticides; IRD development research institute, chair of the spent flying and resting. The Argos transmitter snowy owls are deserting the poles due to food Groupe Pandion association (named after the Latin informed us that Tom had taken five days to cross shortages caused by global warming; and storks get for osprey)—is sorry to have lost touch with Tom, France, fly down along the Eastern coast of Spain electrocuted by unwittingly flying into electric wires. the first French osprey fitted with a solar-powered then head for the Tagus river delta in Portugal for Other factors are also the object of research: scientists Argos transmitter and GPS, weighing 35 g and lost the winter. For ten months, we received six to ten are investigating how birds are evolving and changing in the Tagus river delta, Portugal. Ospreys used to messages per day before losing all contact for an their behaviour due to climate change, the best- nest quite often in forested areas near French rivers unknown reason. This initial experience with known example being parent penguins who have to and lakes, but this fish-eating bird of prey has fallen satellite tracking was really useful. It taught us take it in turns to seek food for their young further victim to poachers, pesticides that increase about local movements by identifying osprey- and further away. Other species have other problems, eggshell fragility—thus preventing reproduction— preferred areas. During the summer, we even including health risks because birds are both carriers electrocution and dwindling forests. Today, there managed to track Tom’s activities from 6 a.m. to and producers of viruses. CLS is tracking potential are nearly 50 pairs in the centre of France and 10 p.m. three or four times by combining field carriers of H5N2 (avian ’flu) for scientists and Corsica combined. Scientists are working observations and satellite tracking data via a PC. international organizations such as the FAO1. Migratory throughout the world to save this highly With the help of ONF3 and owners of major birds are suspected of spreading infectious illnesses. endangered species, and satellite technology is a forested areas, we set up artificial platforms on tall In Africa, CIRAD2 is tracking wild ducks. The faculty real boon for them. “Two years ago, we placed a trees to encourage this exceptional species to of medicine in Bangkok, Thailand, is tracking wigeons transmitter on Tom, a young osprey, to learn about settle down again in this region and help build up and storks. In China, where geese and cormorant its movements in the Loiret region south of Paris. the French osprey population. Emboldened by this populations have been decimated by the H5N2 We wanted to identify its fishing zones in the Loire first experiment, we now plan to tag a whole virus, waterfowl also come under satellite scrutiny. river or ponds, pinpoint the date of migration, its family (parents and three young) with transmitters c

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le monde également pour sauver cette espèce très menacée, ̇̇ Colonie de mouettes et les techniques spatiales sont pour eux un outil précieux. ivoire, oiseau le plus emblématique de « Il y a deux ans, nous avons posé une balise sur un jeune l’Arctique. Les balises balbuzard, Tom, pour connaître sa dynamique spatiale dans Argos permettent de suivre leurs le Loiret, déterminer ses secteurs de pêche, en Loire et en étang, déplacements, préciser ses dates de départ en migration, son itinéraire en leur alimentation et d’étudier leur France, en Espagne ou en Afrique, ses stratégies de passage de reproduction. la chaîne pyrénéenne, évaluer la durée journalière de ses dépla- A colony of ivory gulls, the most cements et ses escales. Grâce à Argos, on a pu déterminer que emblematic Arctic bird. Argos Tom a traversé la France en cinq jours, longé la côte est de transmitters are used l’Espagne avant de se réorienter vers le delta du Tage au Portugal to track their movements and où il a passé l’hiver. Pendant dix mois, nous avons reçu 6 à feeding habits, and to 10 données par jour, avant de perdre définitivement le contact study their reproduction. pour une raison inconnue… Cette première expérience avec le La mouette ivoire, satellite a été bénéfique, elle nous a permis de comprendre les « dodo du XXIe siècle » déplacements de l’oiseau, en localisant les secteurs qu’il préfère. Au cœur de l’été, il nous a même été possible de suivre, à trois ou drian Aebischer, biologiste, ornithologue au muséum quatre reprises, ses activités, de six heures du matin à dix heures A d’histoire naturelle de Fribourg, en Suisse, spécialiste du soir, en cumulant observations de terrain et suivi satellitaire via du suivi satellitaire d’oiseaux (cigogne, milan, grand un PC. Dans ce contexte, nous avons installé avec l’aide de duc et surtout mouette ivoire), nous parle de cette dernière, Une mouette équipée de balise l’Office national des forêts mais aussi avec la participation de étudiée dans le cadre d’un projet de la mission Ecopolaris: donne aussi des propriétaires de grands domaines forestiers, des plateformes arti- « La mouette ivoire est peut-être le dodo du XXIe siècle! Elle est informations sur le changement ficielles sur de grands arbres afin d’inciter cette exceptionnelle l’oiseau le plus emblématique de l’Arctique, elle est, avec l’ours climatique. espèce à s’installer de nouveau dans cette région, pour ainsi blanc, l’espèce la plus gravement menacée d’extinction à moyen A gull tagged with a transmitter also contribuer à la restauration de sa population en France. terme dans l’Arctique en raison du changement climatique. La provides data on Encouragés par cette première expérience nous avons comme projet population mondiale (Canada, Spitzberg, Groenland, Sibérie) climate change. ̄̄ d’équiper une famille entière (père, mère et trois petits) pour per- n’excède probablement pas 15000 couples. Par exemple, fectionner nos connaissances scientifiques du balbuzard, et aussi le Canada a perdu près de 80 % de ses effectifs en vingt ans. de lancer un grand programme pédagogique autour de ce suivi. » C’est une espèce dépendante de la banquise, et surtout de la c

POUR EN SAVOIR PLUS : FIND OUT MORE AT qhttp://balbuzard.over-blog.net

Des balises de plus en plus mini Principal constructeur de balise oiseau: Microwave Telemetry En 1992-1993, les Albatros des Kerguelen étaient équipés en balises de 100 g. Actuellement, balise Argos avec GPS et panneau solaire = 22 g. Balise Argos avec panneau solaire = 9,5 g. Nouveauté 2009, une balise de 5 g, intéressante pour les petites espèces. Pas encore possible: pour suivre une hirondelle de 17 g, il faudrait l’équiper d’une balise de 1 g (elle n’existe pas sur le marché pour suivre nos hirondelles.)

Miniature transmitters just got smaller Main bird transmitter manufacturer: Microwave Telemetry In 1992-1993, albatrosses from the Kerguelen Islands flew transmitters weighing 100 g Today, an Argos transmitter with a GPS receiver and solar panel weighs 22 g Argos transmitter with solar panel of 9.5 g New in 2009, a 5-g transmitter for smaller species A future possibility? It is not yet possible to track swallows, which weigh only 17 g. They would need a 1-g transmitter and there are currently none that small.

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Les canards sauvages suivis en Afrique ertains oiseaux sont suivis non pas en raison de menaces C sur leur espèce mais parce qu’ils intéressent les épidé- miologistes en tant que vecteurs potentiels de maladie. Par exemple, les canards sauvages sont des réservoirs potentiels des virus de l’influenza aviaire. Il s’agit pour les chercheurs de suivre et de mesurer leurs déplacements pour mieux évaluer le potentiel de dissémination des virus par ces oiseaux. Afin d’établir un plan de vol complet et précis, ils équipent de balises Argos et GPS (12 à 30 g) ces oiseaux migrateurs. Via un financement de la FAO, les

̆̆ chercheurs du Cirad ont équipé en collaboration avec En Afrique, le nourriture trouvée en bordure de banquise (restes de phoques Wetlands International et l’USGS, depuis deux ans, canard sauvage n’est pas suivi en mangés par l’ours, crustacés, petits animaux marins, etc.). En 43 canards sauvages au Mali, au Nigeria et au Malawi. raison de menaces sur son espèce mais raison de la fonte de la banquise, la nourriture s’éloigne des colonies « Nous observons, précise Nicolas Gaidet, chercheur au en tant que vecteur nicheuses, les oiseaux doivent faire des centaines de kilomètres Cirad, les oiseaux qui se déplacent sur le continent africain, mais potentiel de maladies. plus au nord pour se nourrir. Les balises Argos nous permettent aussi les oiseaux européens qui viennent passer l’hiver en Afrique. In Africa, wild ducks de les localiser pour savoir où les oiseaux passent l’hiver, et ce Avec Argos, nous avons pu suivre la migration d’un canard du are not tracked as a threatened species qu’ils font en automne après la période de reproduction. Argos Nigeria jusqu’en Russie ! Nous avons d’autres résultats inté- but because they are permet également d’observer si l’oiseau revient dans la même ressants : au Nigeria, grâce au suivi par satellite nous avons potential carriers of disease. colonie, et donc sa fidélité au site de reproduction, ou s’il y a des pu mettre en évidence, pour la première fois, la survie et les échanges avec d’autres colonies de Norvège, de Russie ou du déplacements d’un canard infecté par un virus influenza aviaire Canada. Enfin, comme ces oiseaux vivent dans des territoires hautement pathogène (H5N2). Dans le cadre du projet hostiles et difficiles d’accès aux hommes, la pose de balises sur des Gripavi, financé par le MAEE, nous analysons les cartes de oiseaux avant la période de reproduction nous a permis de trou- localisation fournies en temps quasi réel par le système Argos qui ver de nouvelles colonies, grâce à la localisation satellitaire, et de nous sont précieuses pour évaluer les zones et les périodes de mieux connaître l’impact du changement climatique sur leur contact entre oiseaux sauvages et oiseaux domestiques. Ces cartes nous devenir. » permettent de mieux évaluer les risques de la propagation des virus. » ࡯

POUR EN SAVOIR PLUS : FIND OUT MORE AT POUR EN SAVOIR PLUS : FIND OUT MORE AT qhttp://grearctique.free.fr qhttp://wildbirds-ai.cirad.fr/ http://www.seaturtle.org/tracking http://avian-influenza.cirad.fr/ /index.shtml?project_id=233

to broaden our scientific knowledge of ospreys and from nesting colonies, so the gulls must now fly potential for disseminating viruses. They fit these kick off a major educational programme based on hundreds of kilometres north to find food. Argos migratory birds with GPS and Argos transmitters this tracking project.” transmitters track their movements so we know weighing 12 to 30 grams to be able to map an where they spend the winter and what they do in accurate, detailed flight plan. Funded by the UN’s The Ivory gull: 21st-century Dodo? autumn after the breeding season. Argos also FAO, CIRAD researchers in collaboration with Adrian Aebischer, biologist and ornithologist at the shows us whether the birds return to the same Wetlands International and the United States Natural History Museum in Fribourg, Switzerland, colony, revealing their loyalty to one nesting area, Geological Survey (USGS) have tagged 43 wild and an expert in satellite bird-tracking (storks, kites, or whether there is movement between colonies in ducks in Mali, Nigeria and Malawi over the past eagle owls and particularly ivory gulls) talks about Norway, or Canada. As these birds live in a two years. CIRAD researcher Nicolas Gaidet the ivory gulls studied as part of the Ecopolaris hostile environment difficult for humans to reach, explains: “We track birds flying over mainland mission: “The ivory gull may turn out to be the tagging them with transmitters before the mating Africa and European birds wintering in Africa. dodo of the 21st century! It is the most emblematic season has enabled us to find new colonies and Argos enabled us to track a duck from Nigeria up bird of the Arctic and, alongside the polar bear, the better assess the impact of climate change on their to Russia! In Nigeria, other interesting results most threatened with medium-term extinction in the future.” include revealing for the first time the survival and Arctic because of global warming. The world movements of a duck infected by H5N2, a highly population (Canada, Spitsbergen, Greenland and Tracking wild ducks in Africa pathogenic bird ’flu. The Gripavi project funded by Siberia) is probably no more than 15,000 pairs. Some birds are tracked not because they are a the French ministry of Foreign and European Within just 20 years, for example, Canada has lost threatened species but because they may carry Affairs analysed Argos plots in near-real time. almost 80% of its population. Ivory gulls find their certain illnesses. Epidemiologists keep an eye on These maps are really valuable for spotting the food—remains of seals eaten by bears, crustaceans wild ducks because they are potential carriers of areas and periods when wild ducks and domestic and small marine animals among others—at the avian ’flu. Researchers track and measure their ducks meet, allowing us to better assess the risk of edge of the pack ice. Melting ice is distancing food movements so as to better assess the birds’ viral propagation.” ࡯

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Des satellites aux chaussures ARTEC AEROSPACE, UN NOM À RETENIR Ils ne sont pas plus d’une douzaine et se sont pourtant imposés sur la scène internationale! Le secret d’Artec Aerospace: une technologie sans faille dans le domaine des vibrations et de l’acoustique. Après avoir fait ses armes dans le spatial, ce bureau d’études se lance aujourd’hui dans la vente sur Internet de chaussures. Il fallait y penser!

réée en 1991, cette PME située en région toulou- limités! » rajoute-t-il. Généralement les études n’excèdent saine joue aujourd’hui dans la cour des grands. Sa pas le trimestre, excepté si elles sont tributaires d’un créneau technologie, issue d’un travail de R&D mené au d’essai en vol comme c’est le cas pour Airbus ou un satellite! départ pour le CNES, est unique. Problème de Cvibration, la marque déposée SPADD (Smart PAssive Labellisée « société innovante » par le Damping Device) offre trouve la solution en un temps ministère de la Recherche record. Ce label de qualité repose sur des modèles numé- L’équipe d’ingénieurs, issue initialement d’Alcatel Space, riques rapidement développés et complètement spécifiques. piste donc dans la structure défectueuse les énergies défor- c « En 1995, nous avons été amenés à travailler sur des équations de physique pour comprendre le comportement de structures com- plexes, trouver les pistes pour corriger les défaillances et développer les outils numériques adéquats. Ici c’est le calcul qui trouve la solution. Il détermine l’endroit et la matière les mieux adaptés pour régler le problème », précise son PDG, Marc Capdepuy. Là pas de standard, le produit est récurrent seulement pour des applications identiques. Les solutions peuvent aller de quelques grammes (dans l’optique) à plusieurs tonnes (pour les TGV). « Numériquement nous ne sommes pas

FROMSATELLITESTOSHOES Artec Aerospace - a name to remember There may only be a dozen of them, but Artec two products are identical mass of their object by up to 20% rather than Aerospace employees have conquered unless the applications are identical. Solutions range adding weight. We are the only firm in the world international markets. Their secret lies in from a few grams (in optics) to several tonnes (for capable of offering that.” Fortunately Artec isn’t just unmatched vibration and acoustics technology. TGV high-speed trains). “There are no numerical there to pick up the pieces. It is also involved in limits,” adds Capdepuy. Research does not normally major developments. It is currently working on a After proving itself in the space sector, this take more than three months, except when they European programme backed by Aerospace Valley engineering firm is today turning to selling have to wait for a flight test opportunity, which is near Toulouse to improve the comfort of aircraft shoes on the Internet. An unusual the case for Airbus aircraft or satellites. cabins, the goal being to reduce noise fourfold. The development to say the least. glass research being carried out in this context could Ministry of Research-approved also be applied to cars and houses near highways or Founded in 1991, this SME headquartered near Artec’s engineers, formerly at Alcatel Space, seek the airports. Much of Artec’s research could be spun off Toulouse is now vying with the best. Its technology— deforming energies in the defective structure. They into civil applications. While its first customers— based on R&D originally conducted for CNES—is must locate, deviate, amplify and convert these including CNES, ESA and SNECMA—were from the unique. When there’s a vibration problem, Artec’s energies. This may appear obvious, but a simple space sector, Artec has broadened its customer base Smart PAssive Damping Device (SPADD™) finds the computation is not enough. A combination of to such an extent that it is now considering developing solution in record time. Quality is assured through numerical tools is needed. All the major groups in the its own products. It has chosen to apply its rapidly-developed application-specific numerical aerospace, rail or automotive industry turn to Artec technology to an everyday object: town shoes. It is models. “In 1995, we were led to work on physics when they have a noisy valve on an aircraft, kicking off its new strategy with a range of shoes with equations to understand the behaviour of complex vibrations in the chassis or steering wheel of a car, an a rigid heel to absorb shock waves. Originally designed structures, find ways of correcting problems and aerodynamic problem with a train or a satellite/ for military users, the research carried out over a develop suitable numerical tools. The solution launcher interface hitch (on ’s upper stage, two-year period in conjunction with doctors and comes from models that determine the best material for example). “Our customers often come to see us physiotherapists will culminate this spring in the Artec and place to resolve the problem,” explains CEO when things have gone wrong. Yet if they’d consulted collection—three models for men, three for women. Marc Capdepuy. Nothing at Artec is standard; no us at the design stage, we could lighten the total Available on the Internet soon … watch this space. ࡯

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mantes. Le travail consiste à les localiser, les dévier, les amplifier et les convertir. Cela paraît évident! Pourtant le Grenelle de calcul simple ne suffit pas ici. Il faut des outils numéri- ques associés pour être efficace. Tous les grands groupes l’environnement industriels de l’aérospatial, du ferroviaire ou de l’automobile s’adressent à eux aujourd’hui quand ils sont confrontés à un L’EXPERTISE problème de vanne bruyante sur un avion, de vibration de châssis ou de volant sur les voitures, d’aérodynamisme pour les trains, d’interface satellite-lanceur (notamment sur DU CNES POUR l’étage supérieur d’Ariane 5), etc. « Nos clients viennent sou- vent nous voir quand ça casse! Alors que s’ils nous associaient dès L’ÉCOTAXE la conception, nous pourrions leur faire gagner jusqu’à 20 % de la masse totale de l’objet au lieu d’en rajouter. Nous sommes les seuls au monde à pouvoir le faire. » POIDS LOURDS Heureusement Artec ne joue pas que les pompiers. Elle est aussi sollicitée en amont pour d’importants développements. Mesure phare du Grenelle de l’environnement, Aujourd’hui, elle planche sur un programme européen sou- l’écotaxe kilométrique pour les poids lourds tenu par Aerospace Vallee pour améliorer le confort inté- rieur des avions en vue de diminuer par quatre le bruit dans entrera en vigueur en 2011. Si le principe est les cabines. Ce travail réalisé sur le vitrage pourrait s’étendre acquis et la loi votée, la mise en œuvre à l’habitacle des voitures ainsi qu’aux maisons individuelles s’adosse à de nombreuses contraintes situées, par exemple, en bordure d’autoroute, ou d’aéroport… techniques. Un dialogue compétitif sera lancé D’ailleurs bon nombre de leurs études pourraient trouver par le Meeddat* pour chercher la réponse la des prolongements dans des applications grand public. Et si au départ ses clients provenaient du spatial (CNES, plus pertinente possible à une problématique Esa, Snecma…), Artec s’en est bien émancipée au point complexe. Plusieurs systèmes vont être d’envisager de développer aujourd’hui ses propres produits. explorés et analysés. L’offre satellitaire, via Elle a choisi pour inaugurer sa nouvelle stratégie un produit le réseau GNSS, est l’une des voies possibles. décalé: la chaussure de ville. Tout repose sur un talon cer- tes rigide mais qui amortit l’onde de choc. Conçu initiale- ment pour des chaussures militaires, le travail mené durant deux ans avec médecins et kinésithérapeutes va voir le jour ’écotaxe poids lourds est l’application logique ce printemps. Le lancement de la collection homme (trois du principe « utilisateur-payeur ». Elle consiste à modèles) et femme (trois modèles) sera prochainement en étendre ce principe en instaurant la taxation sur vente sur Internet. On vous tiendra au courant. À suivre… ࡯ le réseau routier national hors autoroutes à péage. LEn droit, il s’agit d’une taxe du régime douanier; elle est applicable aux poids lourds de plus de 3,5 tonnes. Cette écotaxe sera levée au bénéfice de l’environnement POUR EN SAVOIR PLUS : FIND OUT MORE AT qwww.artec-aerospace.fr puisqu’elle va permettre, en particulier, de dégager de nouvelles ressources pour la réalisation d’infrastructures de

̈̈ transport intermodales ou multimodales. Le principe est Applications des donc simple et si la mise en œuvre l’est moins, c’est qu’il technologies de la société Artec convient de prendre en compte de nombreux paramètres. Aerospace dans le domaine ferroviaire Cette mesure va concerner un flux de l’ordre de 800000 pour la réduction véhicules – dont 600000 au titre des immatriculations des niveaux vibratoires et françaises – et 10000 à 15000 km de réseau routier. En acoustiques. outre, le réseau sera divisé en de multiples sections de tari- Applications of technologies fications constituant les unités élémentaires de tarification. developed by Artec Aerospace to damp vibrations and noise Des technologies en cours d’analyse for the rail industry. Le système retenu devra donc intégrer tous ces critères et être capable de répercuter, en toute fiabilité, l’ensemble des informations vers l’opérateur choisi. Il devra, par ailleurs,

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être conforme aux directives européennes, en particulier au niveau technologique. Dans une vision prospective, il sera compatible avec le futur service européen de télépéage. Au regard du dossier et de ces impératifs drastiques, deux technologies paraissent envisageables, sachant qu’en tout état de cause la détection des poids lourds sur ce nouveau réseau taxé passera par l’assujettissement à un boîtier élec- tronique dédié, l’équipement embarqué (EE). La première susceptible de répondre aux besoins de la puissance publi- que fonctionne par micro-ondes à courte portée DSRC**. C’est la technique actuelle de nos télépéages autoroutiers, mais pratiquée sans arrêt ni ralentissement (le poids lourd étant « reconnu » au vol par des portiques ou des poteaux installés aux points de tarification). Ceux-ci répercuteraient les informations vers un serveur central. La deuxième solution passerait par un équipement embarqué satellitaire qui, via les signaux du système de localisation par satellite GNSS (Global Navigation Satellite System), permettrait de reconstituer le franchissement des points de tarification virtuels, et émettrait ou recevrait les informations par le réseau de téléphonie mobile. Enfin, l’hybridation de ces solutions pourrait être une troisième voie utilisée. Elle asso- cierait les caractéristiques techniques des deux systèmes et lisserait les difficultés d’évaluation dans certaines zones pour garantir un traitement exhaustif sur tout le réseau. Dans ces deux derniers cas, le CNES pourrait apporter une assistance au Meeddat. Son expertise, son analyse et ses moyens techniques seraient mis à profit pour étudier les L’ÉCOTAXE POIDS LOURDS EST L’APPLICATION LOGIQUE DU PRINCIPE « UTILISATEUR-PAYEUR ». ELLE CONSISTE À ÉTENDRE propositions faites par les industriels. ࡯ “CE PRINCIPE EN INSTAURANT LA TAXATION SUR LE RÉSEAU ROUTIER * Meeddat: ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable NATIONAL HORS AUTOROUTES À PÉAGE. ” et de l’Aménagement du territoire. “An eco-tax for trucks is the logical application of the user pays principle. ** DSRC: Dedicated Short-Range Communication: micro-onde courte portée. The goal is to extend this principle to users of main roads other than toll roads.”

GREENING THE ECONOMY CNES expertise applied to truck eco-tax A leading measure introduced by the French raise funds for environmental actions such as comply with government needs is DSRC2, which government following its review of developing inter- or multimodal transport communicates via shortwave microwave frequencies. environmental policy is a mileage-based eco- infrastructures. The principle is simple enough, but This is the technique currently used on highway toll tax for trucks that will apply from 2011. While its application less so because of the many parameters roads: trucks are “recognized” as they pass under to be considered. The measure will apply to around or next to data collection modules on gantries or there is agreement on the principle and the 800,000 vehicles—including 600,000 registered in poles at toll points. The modules send information law is now on the statute book, its France—and 10 to 15,000 kilometres of roads. to a central server. The second possibility is an implementation raises many technical Moreover, the road network will be divided into onboard satellite tracking system using GNSS to difficulties. A competitive dialogue will be numerous sections with different rates constituting identify when the truck passes a virtual toll point. initiated by the French Ministry for Ecology, the basic tax units. This system would transmit or receive information Energy, Sustainable Development and over the mobile telephone network. It may be Assessing technologies 1 possible to combine these two solutions, associating Regional Development (MEEDDAT ) to find The chosen system must therefore integrate all the technical specifications of both while the best solution to this complex issue. these criteria and be able to forward collected data overcoming tax assessment obstacles in certain Various systems will be investigated and to the operator reliably. It must also comply with areas to guarantee full road system coverage. In the assessed, including satellites in the Global European directives, especially with regard to last two cases, CNES could offer MEEDDAT its technology. Looking ahead to future developments, Navigation Satellite System (GNSS). expertise, analytic capabilities and technical resources it must be compatible with the future European e- to investigate firms’ proposals. ࡯ An eco-tax for trucks is the logical application of the toll service. In the light of these needs and the tight user pays principle. The goal is to extend this constraints, two technologies appear possible, principle to users of main roads other than toll bearing in mind that detecting trucks on this new 1 MEEDDAT, Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement Durable et de l’Aménagement du Territoire. roads. In legal terms, this is a customs tax and taxed road system will require them to carry a 2 DSRC Dedicated Short-Range Communication. applies to trucks of over 3.5 tonnes. The eco-tax will dedicated electronic unit. The first unit likely to

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ERATVJ dossier Special report

AMA09 L’astronomie spatiale à l’honneur

38 / cnesmag AVRIL 2009 u Dossier réalisé par / Special report by BRIGITTE THOMAS, CNES

L’Organisation des Nations unies et l’Unesco ont déclaré 2009 Année mondiale de l’astronomie. Dans 130 pays, dont la France, de multiples manifestations témoigneront de l’actualité des questions sur l’origine de l’Univers. Hasard du calendrier, la découverte de l’exoplanète Corot-Exo-7b, le lancement des satellites européens Planck et Herschel au printemps marquent déjà cette année. Quatre cents ans après Galilée, dressons l’état des lieux d’une discipline qui sans le spatial ne pourrait chercher, demain, dans le passé de l’Univers, les réponses qu’elle attend.

IYA09 Spotlight on space-based astronomy The United Nations and UNESCO have declared 2009 the International Year of Astronomy. Events all over France and in 130 countries will be turning the spotlight on the burning questions concerning the origins of the Universe. IYA09 is also marked by the recent discovery of the exoplanet CoRoT-Exo- 7b and the forthcoming launch of Europe’s Planck and Herschel satellites this spring. Four hundred years after Galileo first observed the heavens through a telescope, this issue’s Special Report takes a closer look at a field that is counting on space-based technologies to peer back in time and unearth new à l’honneur clues to how the Universe evolved.

̇̇ La Voie lactée et les constellations du Scorpion (à droite) et du Sagittaire (à gauche). En surimpression, les formes mythologiques de ces constellations, extraites de l’Uranographia d’Hevelius. The Milky Way and the constellations of Scorpius (right) and Sagittarius (left), with their mythological forms superimposed from Hevelius’s Uranographia.

AVRIL 2009 cnesmag / 39 J dossier Special report u FRANÇOISE COMBES, astronome à l’Observatoire de Paris, vice-présidente du comité d’organisation de l’Année mondiale en France astronomer at the Paris Observatory and vice-chair of the IYA organizing committee in France

AMA 2009, l’astronomie en fête Quatre cents ans après la première utilisation de la lunette par Galilée et quarante ans après les premiers pas de l’homme sur la Lune, l’Année mondiale de l’astronomie (AMA09) veut aider les citoyens du monde à redécouvrir leur place dans l’Univers par l’observation du ciel, de jour comme de nuit, et faire sentir à chacun l’émerveillement de la découverte. Une année au cours de laquelle astronomes et amateurs iront à la rencontre de vastes publics. Une démarche logique tant cette branche du savoir et de l’exploration fascine et continue de bousculer les consciences. Demandez le programme!

râce à un grand nombre de manifes- Sous l’égide de l’Unesco tations locales et internationales orga- Les Nations unies et l’Unesco ont déclaré 2009 Année nisées tout au long de l’année, chacun mondiale de l’astronomie sur proposition de l’Union astro- pourra réaliser l’impact de l’astronomie nomique internationale (UAI), qui coordonne les manifes- et des sciences de base (mathématiques, tations, tout en étant relayée nationalement par un comité physique, chimie) dans la vie quoti- de pilotage constitué de chercheurs. Les projets vers le dienne, et mieux comprendre comment grand public et l’éducation permettront aux astronomes la connaissance scientifique contribue à une société plus professionnels de tous les pays membres de l’UAI de ren- Géquitable et plus paisible en donnant accès gratuitement forcer leurs collaborations ainsi que leurs contacts avec les aux connaissances fondamentales. L’objectif d’AMA09 est amateurs, et de développer la diffusion de l’astronomie donc de stimuler l’intérêt du public, avec un effort particulier vers les jeunes. À travers un palmarès d’activités événemen- en direction des jeunes, pour cette discipline scientifique tielles, culturelles… le public pourra accéder également abordée sous le thème fédérateur « L’Univers, découvrez aux dernières découvertes, interroger les astrophysiciens et ses mystères ». Les activités proposées favoriseront une plus observer en direct les astres les plus fascinants des deux grande appréciation de ce qu’apporte l’astronomie comme hémisphères. ressource de valeur inestimable partagée par toutes les nations. Découvrir l’Univers et ses mystères, mieux com- « Elle est astronome », pour inciter prendre nos origines, est aujourd’hui à la portée de tous. les filles aux métiers scientifiques Plus de cent trente pays se sentent concernés et participent Afin de faire une plus grande place à l’astronomie dans à l’événement. les cursus scolaires, AMA09 s’intéresse à la formation des

̈̈ Discours de Jean-Michel Jarre lors de la cérémonie d’ouverture de l’Année mondiale de l’astronomie au siège de l’Unesco, à Paris, le 15 janvier 2009. Jean-Michel Jarre during his speech at the opening ceremony of the International Year of Astronomy at UNESCO headquarters in Paris, 15 January.

40 / cnesmag AVRIL 2009 enseignants par le biais d’organisations éducatives telles que Sciences à l’école ou encore les Clea (comités de liaison enseignants astronomes), qui focalisent cette année leurs activités sur cette matière, voire le consortium HOU (Hands On Universe), auquel participent de nombreux enseignants à de multiples niveaux. HOU-France met à leur disposition logiciels d’éducation, exercices et expositions sur l’astronomie (http://www.fr.euhou.net/). Un effort tout particulier est porté vers les filles pour les inciter aux métiers scientifiques. L’action phare, « Elle est astronome », a pour but de bousculer les préjugés et de promouvoir la place de la femme dans la science. Cette action développe un « portail sur l’Univers », et sa plate- forme Internet fournira une collection de liens vers les pro- grammes régionaux et nationaux existants, les associations, ̆̆ En haut: Saturne vue par la sonde Cassini de la mission Cassini-. les organisations internationales, les organisations non gou- Saturn seen by the Cassini probe on the Cassini-Huygens mission. vernementales, les bourses et subventions destinées à des En bas: Vue en infrarouge de la planète Saturne par la caméra Nicmos du télescope spatial Hubble. Infrared view of Saturn taken by the NICMOS camera on the . scientifiques femmes.

Le Journal du Cosmos, pour une vie IYA09 Astronomy on the initiative of the International Astronomical Union (IAU), privée-vie publique des chercheurs Celebrating astronomy which is coordinating events and being Internet est bien entendu dans la boucle avec un journal Four hundred years after Galileo first relayed in each participating country by a interactif qui ne traite pas seulement de la science mais peered at the stars through a steering committee of researchers. telescope and 40 years after humans Outreach and education projects will give de ceux qui la font. Le Journal du Cosmos met des visages professional astronomers in all IAU member first landed on the Moon, the derrière des découvertes. Des astronomes professionnels countries the opportunity to forge closer International Year of Astronomy publient sur le Net des textes et des images sur leurs vies, ties with amateurs and bring astronomy (IYA09) seeks to give citizens around to the attention of youngsters. And a range familles, amis, hobbies ainsi que sur leur recherche, leurs the world a chance to rediscover of cultural and other events will offer the dernières découvertes et les défis auxquels ils ont été and marvel at their place in the public a chance to learn about the latest confrontés durant leurs travaux. Ces journaux en ligne Universe by gazing at the skies, day discoveries, ask astrophysicists questions représenteront un carrefour d’informations, d’échanges et and night. Professional and amateur and observe the most fascinating stars in astronomers alike will be reaching both hemispheres. de rencontres entre des astronomes, hommes et femmes, out to a wide audience eager to learn du monde entier. Ils écriront en différentes langues. Sortis Getting girls interested in science more about a branch of knowledge To give more weight to astronomy in school de leurs observatoires, de leurs laboratoires, ils sont musi- and exploration that continues to curricula, IYA09 is also focusing on teacher ciens, photographes, athlètes… et l’échange promet d’être occupy our thoughts, with a whole training with educational organizations riche et humain. range of events in store. like Sciences à l’école (Science at school) or teacher-astronomer liaison committees, Numerous local and international events as well as the HOU consortium (Hands on SOS sauvegarde du ciel étoilé throughout the year will bring home to Universe) in which numerous teachers Toutefois une urgence demeure et AMA09 contribue à sa everyone the impact of astronomy and are participating at various levels. HOU- basic science—maths, physics and France provides them with educational prise de conscience, à savoir faciliter la sauvegarde et la pro- chemistry—in our daily lives, highlighting software, classwork and astronomy tection du ciel nocturne dans des endroits comme les how science helps to create a fairer and exhibitions (http://www.fr.euhou.net/.) « oasis » urbaines, les parcs nationaux. En effet, la pollution more peaceful society by disseminating A big effort is being concentrated on getting lumineuse empêche de plus en plus les citadins d’admirer fundamental knowledge. The objective of girls interested in science careers. The IYA09 is to fire the public’s imagination flagship initiative called She is an Astronomer les étoiles dans le ciel. Dans le même esprit, il est essentiel and stimulate interest in science among aims to challenge preconceptions and de soutenir les efforts de l’Unesco en vue de la préservation the younger generations through the promote women’s place in science. This des sites astronomiques historiques pour la postérité, unifying theme of lifting the veil of mystery action is developing a “gateway to the surrounding the Universe. The programme Universe” and its Web portal will provide notamment tous les observatoires anciens du monde qui of activities will heighten awareness of links to regional and national programmes, ont plus d’un siècle d’âge. the benefits of astronomy as an invaluable associations, international and non- En France, une mobilisation sans précédent des asso- resource shared by all nations. Today, the governmental organizations, grants and mysteries and origins of the Universe are subsidies for women scientists. ciations d’astronomes amateurs et professionnels a permis within reach of all and 130 countries are le développement de multiples projets sur tout le territoire taking part in IYA09. Public and private lives of (y compris l’outremer), avec un effort particulier en direction researchers Under UNESCO patronage The online community will of course be des jeunes et des personnes empêchées (malvoyants, The United Nations and UNESCO have playing its part, with an interactive journal malentendants, personnes hospitalisées ou atteintes d’un c declared 2009 the International Year of about science and scientists. The Cosmic c

AVRIL 2009 cnesmag / 41 J dossier Special report

handicap). Plus de trois cents actions ont été labellisées sitions dans les musées scientifiques et assimilés, festivals et AMA09 – à consulter sur le site dédié, très complet. rencontres astronomiques, publications, films, actions arts et sciences et patrimoine astronomique… s’égrèneront au fil Un programme riche et varié des mois, sans oublier le cycle des « 100 grandes conférences ». Les « 100 heures internationales d’astronomie » des Prévues dans les grandes villes tout au long de l’année, 2-5 avril ont sensibilisé le grand public à la protection du le plus souvent avec diverses animations astronomiques ciel nocturne. Il a été demandé, entre autres, aux habitants locales, elles sont une pièce maîtresse du dispositif destiné des villes concernées de réduire l’éclairage public pendant au grand public pour assurer des échanges de qualité entre ces quatre nuits. D’autres événements et rencontres auront les astronomes professionnels et le public sur les théma- lieu durant l’année, comme plusieurs Nuits des étoiles en tiques les plus passionnantes de l’actualité des découvertes. ࡯ juillet ou Les Nuits galiléennes en octobre, dont une sera organisée en Guyane. En parallèle, spectacles dans POUR EN SAVOIR PLUS : FIND OUT MORE AT les planétariums, colloques et ateliers astronomiques, expo- qwww.porteauxetoiles.fr www.astronomy2009.fr

À vos agendas 2009 Expositions Conférences Rendez-vous pour Festivals Voyage au centre de la galaxie, 100 grandes conférences. observer Festival astronomie à Nançay, du 2 février au 4 mai, palais Certaines conférences sont 100 heures internationales 22 juillet au 12 août de la Découverte traduites en LSF (langue des d’astronomie, du 2 au 5 avril Festival de l’astronomie Cosmos, du 16 juin au signes française), filmées et 2009, programmées dans une de Haute-Maurienne Vanoise, 22 novembre, palais disponibles sur DVD. trentaine de grands sites du 8 au 14 août www.cnes.fr de la Découverte http://www.oamp.fr/people/ en France L’Attraction de l’espace – au Explorer l’Univers invisible, burgarella/denis/100Confs.html Les Nuits des étoiles, fond de l’inconnu pour trouver du 26 juin au 13 juillet, Conférences grand public les 24, 25, 26 juillet 2009, le nouveau, musée d’art LIENS GÉNÉRAUX SUR AMA palais de l’Unesco, Paris à l’Observatoire de Paris organisées dans un grand moderne de Saint-Étienne Événements soutenus tous les vendredis à 20h30, nombre de sites en France Métropole, du 19 septembre par le CNES dans d’avril à octobre Les Nuits galiléennes: à janvier 2010 le cadre d’AMA 50 heures d’observations pour Journées européennes General links to IYA09 tous, les 24 et 25 octobre 2009, du patrimoine, les 19 et CNES-supported prévues dans une trentaine 20 septembre IYA09 events http://www.cnes.fr/ama2009 de grand sites en France Festival Explor’espace, Provence-Côte d’Azur, 13 et Pour en savoir plus 15 novembre Find out more at IYA09 what’s on http://www.cnes.fr/webmag Exhibitions Lectures Observing events Festivals Journey to the Centre of the , 2 100 Key Lectures. Certain lectures will 100 Hours of Astronomy from 2-5 April Nançay astronomy festival, 22 July to February to 4 May, Palais de la be translated into sign language, filmed at 30 major sites in France 12 August Découverte, Paris and made available on DVD Stargazing nights on 24, 25 and 26 July Haute Maurienne Vanoise astronomy Cosmos, 16 June to 22 November, (http://www.oamp.fr/people/burgarell at numerous sites in France festival, 8-14 August Palais de la Découverte, Paris a/denis/100Confs.html) Galileo Nights: 50 hours of observing on The Attraction of Space – probing the Exploring the Invisible Universe, 26 Public lectures at the Observatoire de 24-25 October at 30 major sites in France unknown in search of the new, at the St June to 13 July, Palais de l'Unesco, Paris every Friday at 8.30 p.m., from Etienne Métropole modern art museum, Paris April to October 19 September 2009 to January 2010 European Heritage Days, 19-20 September Explor'espace festival, Provence Alpes Cote d’Azur, 13-15 November

42 / cnesmag AVRIL 2009 u CATHERINE TURON, astronome à l’Observatoire de Paris / astronomer at the Paris Observatory, CNRS Special report dossier J

DU SYSTÈME SOLAIRE AUX GALAXIES Diary will take a behind-the-scenes look impaired, hard of hearing, hospital patients at the people making scientific discoveries. or handicapped). More than 300 such LES PLUS LOINTAINES Professional astronomers will post text actions have received the IYA09 stamp of and pictures about their lives, families approval and can be viewed on the and hobbies, as well as details of their official website. Comprendre research work, latest discoveries and the obstacles they have overcome on the A rich and varied programme way. These online journals will serve as a The international 100 Hours of l’Univers forum for astronomers everywhere to Astronomy event from 2-5 April showed share news and discussions in different the broad public the importance of L’astronomie c’est comprendre l’Univers et la place languages, revealing their rich and varied safeguarding darks skies. One of the de la Terre dans l’Univers. Dans ce but et depuis talents—in music, photography, athletics actions undertaken was to ask people in and much more besides—outside the population centres to reduce lighting for l’Antiquité, les hommes – et les femmes! – observatory or laboratory. the four nights. Other events and observent les phénomènes célestes. Il a fallu gatherings will be held throughout the beaucoup de temps, d’observations et de Safeguarding dark skies year, including several stargazing nights in An urgent matter where IYA09 is playing July and Galileo Nights in October, one théories, avant de comprendre que la Terre n’était a major awareness-raising role is the from French Guiana. These will be pas au centre du système solaire, le système need to safeguard dark skies in “urban accompanied by shows in planetariums, solaire pas au centre de la galaxie, la galaxie pas oases” and national parks. Nowadays, astronomy symposia and workshops, light pollution is preventing more and exhibitions in science museums, au centre de l’Univers, et que l’Univers a more city dwellers from admiring the astronomy festivals and gatherings, beaucoup évolué depuis le Big Bang. Depuis stars. Likewise, it is vital to support publications, films, Arts and Science and Galilée et sa lunette, les progrès des moyens UNESCO’s efforts to preserve historical astronomy heritage actions. In addition, astronomy sites for posterity, particularly a cycle of 100 key lectures will be taking d’observation, au sol puis, à partir de la seconde the world’s ancient observatories that are place in cities across France, in most moitié du XXe siècle, à bord de satellites, now over a century old. In France, cases alongside local astronomy events. permettent d’observer de plus en plus loin dans amateur and professional astronomy These lectures are one of the associations have pulled out all the stops cornerstones of IYA09 aimed at bringing le temps et dans l’espace. to put together a host of projects across professional astronomers into contact the country, including overseas territories, with the public to talk about the most with special attention to young people fascinating aspects of the latest and the disadvantaged (the visually discoveries. ࡯ ortir de l’atmosphère permet d’observer dans des conditions beaucoup plus stables (voir Corot, Hubble ou Gaïa), et dans toutes les longueurs d’ondes, des ondes radio et infra- rouge (voir Planck et Herschel) aux ondes les plus énergétiques (dans les rayons X ou Ͳ). L’Année mondiale de l’astronomie est l’occasion de présenter l’état de nos connaissances et les grandes Sinterrogations qui motivent les chercheurs et ingénieurs de ce domaine.

Des étoiles et des planètes Les étoiles se forment à partir du milieu interstellaire, trans- forment la matière en l’enrichissant en éléments chimiques lourds, tels que le fer, et recyclent cette matière dans le milieu environnant lorsque, à la fin de leur vie, elles explosent. L’une des grandes questions est la compréhension des condi- tions favorables à cette formation. Les différentes étapes qui y conduisent sont encore très mal comprises. De même, la découverte, en 1995, d’une planète complè- tement différente de celles du système solaire, en orbite autour de l’étoile 51 Peg a complètement remis en question nos théories sur la formation des systèmes planétaires. En février 2009, on compte déjà 340 exoplanètes détectées. L’enjeu des prochaines années est multiple: obtenir une large étude statistique de la diversité des exoplanètes et des étoiles hôtes, comprendre pourquoi des exoplanètes se for- ment autour de certaines étoiles et pas autour d’autres, c

AVRIL 2009 cnesmag / 43 J dossier Special report

̈̈ Image stéréo de Kasei Valles prise par la sonde de l’Esa. Stereo image of Kasei Valles taken by ESA’s Mars Express spacecraft.

L’OBSERVATION DE LA DYNAMIQUE DES GALAXIES ET DES AMAS DE GALAXIES MONTRE QU’UNE PARTIE “IMPORTANTE DE LEUR MASSE N’EST PAS ACTUELLEMENT OBSERVÉE. ” “Observations of the dynamics of galaxies and galaxy clusters show that a significant portion of their mass is invisible.”

observer des systèmes proches du Soleil très en détail afin Une compréhension en profondeur de notre galaxie de caractériser leur atmosphère, et d’étudier si des conditions permettra ensuite de l’utiliser comme un modèle pour favorables à l’émergence de la vie existent sur les planètes analyser les galaxies lointaines observées globalement. telluriques. Les énigmes de l’origine de l’Univers et De la soupe primordiale aux galaxies des phénomènes extrêmes L’un des défis de la cosmologie est de comprendre comment Observations et théorie ont progressivement amené les des étoiles, des galaxies, des amas de galaxies se sont formés astrophysiciens à élaborer un modèle qui explique beaucoup à partir des petites fluctuations de densité observées dans des faits et structures observés: juste après le Big Bang, le fond diffus cosmologique, et comment ces structures ont l’Univers a subi une période initiale d’expansion accélérée, évolué par la suite. Quel est le rôle des trous noirs dans appelée inflation; il est de nouveau, maintenant, en phase l’évolution des galaxies qui les hébergent? Qu’est-ce qui d’expansion accélérée; avec des télescopes de plus en plus explique les différences entre une galaxie spirale et une puissants, on observe des galaxies de plus en plus loin. galaxie elliptique? Par ailleurs, l’observation de la dyna- Mais ce modèle standard est la source de l’une des plus mique des galaxies et des amas de galaxies montre qu’une grandes énigmes actuelles: quelle est cette force, appelée partie importante de leur masse n’est pas actuellement énergie sombre, qui provoque l’accélération actuelle de l’ex- observée. C’est ce qu’on appelle la matière noire. Quel est pansion? De plus, il laisse de nombreuses questions sans son rôle dans la formation des galaxies et des amas? Quelle réponse: de quelle nature sont les 96 % du contenu de est sa distribution spatiale? Quelle est sa nature? Enfin, l’Univers non identifiés? Quelles sont les traces des pre- notre galaxie et le Groupe local (le groupe de galaxies dans mières étapes de l’évolution de l’Univers et comment les lequel se situe notre Voie lactée) sont un laboratoire idéal observer? Par ailleurs, l’Univers est le seul laboratoire où il pour tester les modèles de formation des galaxies. est possible d’observer les effets relativistes de la densité ou Les caractéristiques des différentes composantes de notre de la gravité extrêmes: que se passe-t-il très près d’un trou galaxie sont le reflet de leur histoire: taux et lieux de for- noir? Qu’est-ce qui produit l’explosion d’une supernova ou mation d’étoiles, distribution des masses, accrétion de gaz. d’un sursaut gamma? Quel est le rôle des champs magnétiques?

44 / cnesmag AVRIL 2009 Special report dossier J

Et notre système solaire ? FROM THE SOLAR SYSTEM the cosmic background radiation, and TO DISTANT GALAXIES how these structures evolved. What role À l’aube de la planétologie comparée, bien des mystères do black holes play in the evolution of demeurent sur cette zone de l’Univers que nous pouvons Understanding galaxies? What explains the differences pourtant étudier très en détail. Les planètes se forment par the Universe between spiral and elliptical galaxies? Observations of the dynamics of galaxies accrétion dans des disques de matériaux. Mais par quel Astronomy seeks to understand the and galaxy clusters show that a significant processus et suivant quelle échelle de temps? Les observa- Universe and Earth’s place in the portion of their mass is invisible. This is tions rapprochées de nombreux corps du système solaire wider scheme of things. From ancient what has been termed “dark matter”. times, men and women have What role does dark matter play in ont montré leur diversité. Reste à l’expliquer! Une autre observed the heavens in this quest. galaxies and clusters? How is it distributed question, fondamentale, est de savoir si la vie, sous une It took many years, observations spatially? And what exactly is it? Lastly, forme ou une autre, existe ailleurs dans le système solaire, and theories to establish that the our Galaxy and the Local Group of galaxies de comprendre quelles sont les conditions qui permettent Earth is not at the centre of the to which our Milky Way belongs are an solar system, itself not at the centre ideal laboratory for testing galaxy formation son apparition et quel rôle a eu, et a maintenant, le Soleil, models. The components of our Galaxy of the Galaxy, and the Galaxy not at dans le développement de la vie sur la Terre. Enfin, les inter- reflect their history. Understanding them the centre of the Universe. Since actions entre l’activité solaire et l’environnement terrestre, à better will serve as a model for analysing Galileo’s first observations, advances distant galaxies. diverses échelles, ainsi que les mécanismes en jeu à l’inté- in ground-based and then space- rieur du Soleil sont des éléments essentiels de la compré- based observing technologies in the Enigmas and extreme phenomena Astrophysicists’ observations and theories hension de la structure interne et de l’évolution des étoiles. 20th century have allowed us to peer deeper back in time and space. have gradually established a model that Le prochain chapitre montrera les avancées majeures explains a lot of the events and structures attendues de l’astronomie spatiale et le rôle important du Earth’s obscuring atmosphere is the we see: just after the Big Bang, the Universe initially underwent a period of CNES et de l’Europe dans les différents domaines briè- source of many perturbations for astronomical observations. Space-based inflation; today, it is inflating rapidly again vement résumés ci-dessus. ࡯ instruments—like CoRoT, Hubble and and we are using ever-more-powerful —make it possible to escape its telescopes to observe ever-more-distant permanent motions. It also blocks out a galaxies. But this standard model underlies large portion of the electromagnetic one of the main enigmas yet to be solved: Vue d’artiste d’un trou noir dans un amas globulaire. spectrum. In space, we can observe all What is the force, called “dark energy”, Artist’s impression of a black hole in a globular cluster. wavelengths, from the microwave and causing the current acceleration in cosmic infrared to the most energetic X-rays and expansion? This model also leaves many gamma rays. The International Year of other unanswered questions: What is the Astronomy gives us the opportunity to 96% of the unidentified matter in the review what we have learned in this area Universe made of? What traces remain of and air the big questions now focusing the early evolution of the Universe and the minds of researchers and engineers. how can we observe them? Indeed, the Universe is the only laboratory where we Stars and planets can observe extreme relativistic effects of We know that stars form in the density and gravity: What happens close interstellar medium, transforming matter to a black hole? What causes a supernova and enriching it with heavy chemical explosion or a gamma-ray burst? And elements like iron, and then recycling this what role do magnetic fields play? matter when they explode and die. But conditions preceding star formation and What of our solar system? the steps involved in this process are still At the dawn of comparative planetology, poorly understood. For example, the many mysteries still surround this zone of discovery in 1995 of a planet unlike the Universe. Planets form by accretion of anything in our solar system, orbiting the matter into disks. But what process drove star 51 Peg, completely turned existing their formation and over what timescale? theories on planetary system formation Close observations of bodies in the solar on their head. As of February 2009, 340 system have shown how diverse they are, exoplanets have been detected. In the but we can’t explain why. Another years ahead, there are many challenges: fundamental question is whether any form to complete a broad statistical survey of of life exists elsewhere in the solar system, exoplanets and host stars; to understand what conditions are necessary for it to why exoplanets form around certain emerge and what role the Sun has played types of star and not others; to observe and continues to play in its development systems close to the Sun in detail and on Earth. Finally, interactions between characterize their atmosphere; and to solar activity and Earth’s environment and study whether conditions able to support the mechanisms driving the processes at life exist on other Earth-like planets. the Sun’s core are vital to our understanding of the inner structure and From the primordial soup to evolution of stars. As we shall see in the galaxies next article, major advances are expected Dans la constellation de Pégase, l’amas de galaxies Abell 2390 observé One of the questions taxing cosmologists from space-based astronomy and CNES par Hubble (25 juillet 2008) est situé à 2,7 milliards d’années-lumière. The Abell 2390 galaxy cluster in the Pegasus constellation, observed is how stars, galaxies and galaxy clusters and Europe have an important role to play by Hubble on 25 July 2008, lies 2.7 billion light years away. formed from tiny variations in density in in all the areas touched on here. ࡯

AVRIL 2009 cnesmag / 45 J dossier Special report u THÉRÈSE ENCRENAZ, directeur de recherche au CNRS, Lesia* / Research Director / Observatoire de Paris / Paris Observatory

Les astronomes et l’espace Avec l’exploration de toutes les planètes du système solaire et la mise en orbite terrestre des observatoires spatiaux, le dernier demi-siècle a vu l’âge d’or de l’astronomie spatiale. Sans missions spatiales nous ne saurions presque rien de l’étonnante diversité des planètes, voire du cosmos. Tour d’horizon des grandes avancées dans les domaines de l’ultraviolet, de l’infrarouge, des hautes énergies, du submillimétrique et de la robotique.

ourquoi les astronomes veulent-ils aller dans (HST) dans le domaine de l’ultraviolet, avec le satellite Iras l’espace? En premier lieu, pour s’affranchir des (InfraRed Astronomical Satellite) puis Iso (Infrared Space limitations de l’atmosphère terrestre. Celles-ci Observatory) et Spitzer dans l’infrarouge. Alors que le sont de deux ordres. L’atmosphère terrestre domaine de l’ultraviolet est privilégié pour l’étude des étoiles (notamment à cause de la vapeur d’eau et chaudes, celui de l’infrarouge, en revanche, est particuliè- du gaz carbonique qu’elle contient) est opaque rement adapté à celui de la matière relativement froide de dans la plupart des domaines de longueurs l’Univers: milieu interstellaire, planètes, étoiles en for- d’onde. En dehors du domaine visible, auquel notre œil mation enfouies dans leur cocon de poussière… D’autres Pest adapté, le spectre électromagnétique est inobservable missions, en Europe et aux États-Unis, ont ouvert le depuis la surface terrestre. C’est le cas en particulier des domaine des hautes énergies: XMM-Newton et Chandra domaines infrarouge et ultraviolet. L’atmosphère terrestre pour les rayons X, Intégral et plus récemment Glast pour est ensuite turbulente et la qualité d’image en est affectée; les rayons gamma. Ces observations nous permettent les observations en orbite terrestre permettent de corriger d’étudier les événements les plus énergétiques de l’Univers, ce défaut. en particulier au moment de la naissance de l’Univers et des premières galaxies. À l’autre extrémité du spectre, le Comprendre la nature de la matière et satellite Cobe, lancé par les États-Unis dans les années de l’énergie noire 1990, a permis de mesurer avec une grande précision, Petit à petit, les « fenêtres » du spectre ont été ouvertes par dans le domaine millimétrique, le spectre du fond cos- les astronomes, avec Copernicus et IUE (International mologique (CMB). Il a ainsi confirmé la température de ce Ultraviolet Orbiter), puis avec le télescope spatial Hubble CMB (2,7 K), mesurée précédemment au sol, et mis en

̈̈ Constellation des Gémeaux avec les brillantes étoiles Castor et Pollux. Dessous se trouve la petite constellation du Petit Chien, avec l’étoile brillante Procyon. The Gemini constellation with its bright stars Castor and Pollux. The small Canis Minor (Lesser Dog) constellation and the bright star Procyon are below it.

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Stargazing from space understand the nature of the dark matter and dark energy evidenced by recent The last half-century has been ground- and space-based cosmology a golden age for space-based experiments. astronomy. Without space missions, we would know virtually nothing Hunting for exoplanets Another reason for launching about the surprising diversity of observatories into space is to observe planets, and indeed of the Cosmos. stars for long periods unhindered by the This article takes a look at the day-night cycle. Such observations have major advances made in the two purposes: to probe inside stars and ultraviolet, infrared, high-energy measure their oscillations, and to spot and submillimetre regions of the exoplanets by looking for the slight dip in spectrum, as well as in robotic brightness when they transit in front of exploration. their star. This is what the CoRoT spacecraft launched by CNES on 27 December 2006 The first reason astronomers seek to was built to do. Now two years into its observe the Cosmos from space is to mission, CoRoT has delivered spectacular escape the obscuring effects of Earth’s results, detecting in February the smallest atmosphere. These effects are twofold. known exoplanet to date, an extremely First, the terrestrial atmosphere blocks exotic object with a diameter less than out most signal wavelengths. Electromagnetic twice that of Earth’s. This “super Earth” waves outside the visible spectrum to orbits its star in less than one day (see which our eyes are accustomed are article by Annie Baglin p 54). therefore unobservable from Earth, Observing in situ particularly in the infrared and ultraviolet While astronomers are sending regions. Second, Earth’s atmosphere is a observatories into Earth orbit, other turbulent place, which reduces image scientists want to go further. Planetologists quality, so observing from orbit overcomes ̆̆ are using space probes to rendezvous this obstacle. En haut: Cette carte de l’ensemble du ciel montre des régions de gaz with the objects they are studying. This d’hydrogène ionisé. Les trous noirs ont été détectés par le satellite Intégral, en observant des sources de rayons X de haute énergie. Understanding dark matter and was first done on the Moon in the 1960s This full-sky map shows regions of ionized hydrogen gas. The black holes were energy and analysis of Moon samples provided detected by the Integral satellite by observing high-energy X-ray sources. Astronomers have gradually succeeded in key clues in dating the solar system from En bas: Anisotropies ou fluctuations du fond diffus cosmologique opening “windows” into the spectrum, long-lived radioactive isotopes. In fact, observées par l’instrument DMR (Differential Microwave Radiometer) this feat could have been achieved without du satellite Cobe (1992). first with Copernicus and the International Anisotropies or fluctuations in the cosmic microwave background observed by Ultraviolet Orbiter (IUE), then with the sending humans to the Moon, since Soviet the Differential Microwave Radiometer (DMR) on the COBE satellite (1992). Hubble Space Telescope (HST) in the robotic spacecraft also succeeded in ultraviolet and the InfraRed Astronomical returning lunar samples. What’s important is Satellite (IRAS), Infrared Space Observatory the ability to perform robotic operations in (ISO) and Spitzer in the infrared. While situ, which applies equally well to other évidence son extraordinaire homogénéité dans l’espace. the ultraviolet is favoured for studying objects in the solar system. In the 1960s, hot stars, the infrared is the window of the closest Earth-like planets—Venus and L’objectif des missions suivantes, WMAP du côté améri- choice for observing relatively cold matter Mars—were targeted for sustained cain et prochainement Planck du côté européen, est de such as the interstellar medium, planets exploration. Missions often ended in faire ressortir les fluctuations de densité du CMB, de façon and newly forming stars. Other missions failure, but there were also some in Europe and the United States—XMM- spectacular successes. Among these, the à mieux contraindre les modèles de formation et d’évolu- Newton and Chandra in the X-ray domain, extraordinary mission launched by tion de l’Univers. En particulier, le grand enjeu des astro- Integral and more recently GLAST in the NASA in the 1970s sent two orbiters and nomes est aujourd’hui de comprendre la nature de la matière gamma-ray domain—have opened up the two descent modules to Mars, obtaining data that still serve as a benchmark today. et de l’énergie noire dont l’existence est mise en évidence par high-energy regions where we can study the most energetic events in the Cosmos, After a lull of two decades, the United les expériences cosmologiques récentes, depuis le sol et l’espace. especially those that took place at the States and Europe have successfully birth of the Universe and early galaxies. resumed Mars exploration. After the telluric At the other end of the spectrum, the planets, the gas giants were the next Découvrir des exoplanètes Cosmic Background Explorer satellite focus of U.S. space exploration. The Autre raison d’aller dans l’espace: s’affranchir du cycle (COBE) launched by the United States in Voyager mission, consisting of two jour-nuit pour observer les étoiles sur de longues périodes the 1990s measured the cosmic microwave identical spacecraft, performed flybys of four gas giants between 1979 and 1989. de temps. Ces observations de longue durée ont deux background (CMB) with extreme precision in the millimetre domain, confirming They revealed volcanoes on Io, pointed to objectifs, d’une part scruter l’intérieur des étoiles en temperature readings (2.7 K) previously the possible presence of an underground mesurant leurs oscillations, d’autre part repérer le passage obtained from the ground and highlighting ocean on Europa and unveiled Titan’s complex atmosphere. Two more ambitious d’éventuelles exoplanètes lorsque celles-ci, « transitant » its remarkable spatial homogeneity. The objective of follow-up missions, the U.S. missions, Galileo and Cassini, followed to devant l’étoile, en diminuent légèrement le flux. C’est la raison Wilkinson Microwave Anisotropy Probe undertake an in-depth exploration of the d’être de la mission Corot, lancée par le CNES le (WMAP) and soon the European Planck systems of Jupiter and Saturn. Today, even 27 décembre 2006. Après deux ans d’opération, le bilan est satellite, is to reveal density fluctuations more ambitious projects are on the in the CMB and better constrain cosmic drawing board. ࡯ spectaculaire. Corot a ainsi détecté, en février 2009, models. In particular, the prize that * LESIA space and astrophysics instrumentation la plus petite exoplanète connue à ce jour, qui s’avère aussi c astronomers are chasing today is to research laboratory

AVRIL 2009 cnesmag / 47 J dossier Special report

̈̈ durée. Il faut noter toutefois que la présence de l’homme Image en ultraviolet de la planète sur la Lune n’était pas indispensable pour cette recherche, Jupiter prise par la caméra à grand puisque les véhicules robotisés soviétiques ont eux aussi champ du téles- permis le retour d’échantillons lunaires. C’est la présence cope spatial Hubble. L’image in situ d’engins robotisés qui est essentielle; c’est aussi le cas affiche l’atmos- pour les autres objets du système solaire. phère de Jupiter à une longueur Dès les années 1960, les plus proches planètes telluriques, d’onde de 2550 Vénus et Mars, ont été les cibles d’une exploration spatiale angströms après beaucoup d’im- soutenue, souvent jalonnée d’échecs, mais aussi marquée pacts de fragments de la comète de succès spectaculaires. Parmi ceux-ci, il faut citer l’extra- Shoemaker-Levy 9. ordinaire mission Viking, composée de deux orbiteurs et de Ultraviolet image of Jupiter taken by the deux modules de descente, lancée par la Nasa dans les Hubble Space années 1970, dont les données servent encore de référence Telescope’s Wide Field Camera. The être un objet particulièrement exotique. D’un diamètre aujourd’hui. Après deux décennies de veille, l’exploration image shows inférieur à deux fois celui de la Terre, cette « super-Terre » de Mars a repris avec succès, tant du côté américain que du Jupiter’s atmosphere at a wavelength of tourne autour de son étoile en moins d’une journée ! côté européen. 2,550 angströms (Cf. article d’Annie Baglin, p. 54) Après les telluriques, les planètes géantes deviennent aussi after a hail of impacts from les cibles de l’exploration spatiale américaine. La mission fragments of Comet Shoemaker Levy 9. Aller sur l’objet étudié Voyager, composée de deux modules identiques, a assuré, Si les astronomes placent leurs observatoires en orbite ter- entre 1979 et 1989, le survol des quatre planètes géantes. restre, d’autres scientifiques veulent aller plus loin. C’est le C’est elle qui nous a dévoilé les volcans de Io, la présence cas des planétologues, qui utilisent les sondes spatiales possible d’un océan souterrain dans Europe, et la com- pour s’approcher des objets qu’ils étudient. Ce fut le cas de plexité de l’atmosphère de Titan. Deux missions plus ambi- la Lune dans les années 1960. L’analyse des échantillons tieuses ont suivi, Galileo et Cassini, pour une exploration lunaires fut un élément essentiel de la datation du système en profondeur des systèmes de Jupiter et de Saturne. solaire, à partir de l’étude des isotopes radioactifs de longue Et d’autres projets encore plus ambitieux sont à l’étude… ࡯

DÈS LES ANNÉES 1960, LES PLUS PROCHES PLANÈTES TELLURIQUES, VÉNUS ET MARS, ONT ÉTÉ LES CIBLES D’UNE EXPLORATION SPATIALE SOUTENUE, SOUVENT JALONNÉE D’ÉCHECS, MAIS AUSSI MARQUÉE DE SUCCÈS SPECTACULAIRES. ” ““In the 1960s, the closest Earth-like planets—Venus and Mars—were targeted for sustained exploration. Missions often ended in failure, but there were also some spectacular successes.”

̈̈ La nébuleuse NGC 2818, nichée à l’intérieur de l’amas d’étoiles NGC 2818A, se trouve à plus de 10000 années-lumière dans la constellation australe Pyxis (dite de la Boussole). The NGC 2818 nebula, hidden in the NGC 2818A star cluster, is more than 10,000 light-years away in the southern constellation Pyxis (the compass).

48 / cnesmag AVRIL 2009 u YVAN BLANC, chef de projet / Project Leader, CNES Special report dossier J

Planck Étudier les origines de l’Univers elon le modèle du Big Bang, l’Univers actuel a émergé d’un état extrêmement dense et chaud, il y a environ 13,7 milliards S d’années. La lumière issue de cet état a été considérablement diluée et refroidie par l’expansion de l’Univers. Son éclat dans tout le ciel est encore visible dans le domaine de l’infrarouge et des micro-ondes. Planck, mission de l’Esa, observera donc les reliques de cette première lumière, connue comme le fond diffus cosmologique. Il aura pour objectif de « photographier » l’Univers tel qu’il était 380000 ans après le Big Bang, bien avant la formation des premières étoiles, des galaxies et amas de galaxies. Planck balaiera l’intégralité de la voûte céleste et cartographiera les inhomogénéités de tempé- rature et de polarisation du rayonnement cosmique fossile avec une sensibilité et une précision sans précédent. L’instrument français HFI (High Frequencies Instrument), développé en partenariat entre le CNES et le CNRS, sera en effet capable de détecter des fluctuations de température de l’ordre du millionième de degré autour de la température actuelle du rayonnement fossile de 2,7 K, grâce à des capteurs refroidis à 0,1 K, seulement un dixième de degré au-des- sus du zéro absolu (soit à – 273 °C). Cette technologie de pointe dans le domaine de l’hyperfroid a été réalisée sous brevet CNES en France. Une fois en orbite, les détecteurs de l’instrument HFI seront le point le plus froid connu de l’Univers (hors laboratoires)! De ces données d’une extrême précision seront déduites des informations fondamentales sur la naissance et l’évolution de l’Univers, en parti- culier sur la période d’inflation qui a suivi le Big Bang, pendant laquelle toutes les distances dans l’Univers ont été multipliées par un facteur… astronomique. Planck devrait aussi nous apprendre comment de minuscules grumeaux de matière ont pu donner naissance aux galaxies et amas de galaxies sous l’effet de la force de gravité. ࡯ ̆̆ Modèle de qualification Probing the origins of the Universe du satellite Planck en essai According to the Big Bang model, the Universe as we know it today de vide thermique au Centre spatial de Liège emerged from an extremely hot and dense state some 13.7 billion (Belgique). years ago. The light from this initial state has been diluted and Qualification model of the cooled considerably as the Universe has expanded, but it is still Planck satellite during visible in the infrared and microwave regions. ESA’s Planck mission thermal vacuum testing at will observe the remnants of this first light, called the cosmic the Liege space centre, microwave background (CMB). Its objective is to take a snapshot Belgium. of the Universe as it was 380,000 years after the Big Bang, well before the formation of the first stars, galaxies and galaxy clusters. ̇̇ Planck will survey the entire celestial sphere and map tiny Intégration de l’instrument variations in temperature and polarization of the fossil cosmic HFI (High Frequency Instrument), fourniture radiation with unprecedented sensitivity and precision. The French française à la charge utile High Frequency Instrument (HFI) on Planck, developed in scientifique de la mission Planck. Le concept de l’instrument HFI découle de l’émergence de partnership by CNES and the national scientific research centre techniques instrumentales nouvelles. Elles sont rassemblées dans une architecture totalement CNRS, will be capable of detecting fluctuations of the order of one- novatrice, qui entrelace optique, cryogénie et détection de signaux de très faibles amplitudes millionth of a degree in the current temperature of the CMB (2.7 (limite de bruit). Cette architecture est le fruit de quinze ans de travail et d’expérience, ainsi K), using sensors cooled to 0.1 K, just one-tenth of a degree above que de réflexions sur la transposition des concepts pour l’espace. L’optimisation du retour absolute zero (–273°C). This leading-edge hypercooling technology scientifique requiert de plus la prise en compte globale du contexte astrophysique (émissions was developed under a CNES patent in France. Once in orbit, HFI’s autres que celle du rayonnement fossile) et des avancées du traitement des données. Leur conception est issue de la synthèse des acquis de la décennie précédente. detectors will be the coldest known point in the Universe outside a laboratory environment. Planck’s extremely precise data will be Integration of the High Frequency Instrument (HFI) supplied by France for the science payload of the Planck mission. The HFI concept is based on new instrument technologies, within an used to turn up fundamental clues about the birth and evolution of innovative architecture combining optics, a cryogenic stack and the ability to detect very-low- the Universe, in particular the period of inflation that followed the amplitude signals. This architecture is the result of a 15-year effort to transpose concepts for a Big Bang when all distances expanded astronomically. Planck should space mission. To optimize the science return, the instrument’s designers also had to take into also tell us more about how tiny clumps of matter were able to account the wider astrophysical context (emissions other than the CMB) and advances in data coalesce into galaxies and galaxy clusters under gravitational forces. ࡯ processing resulting from expertise acquired over the previous decade.

www.cnes.fr PLANCK ET LA GRANDE HISTOIRE DE L’UNIVERS Conversation spatiale avec Jean-Louis Puget Planck and the long history of the Universe – Space talk with Jean-Louis Puget http://www.cnes.fr/webmag

AVRIL 2009 cnesmag / 49 J dossier Special report

Corot

Picard Integral

Cassini

u FABIENNE CASOLI, responsable des programmes Étude et Exploration de l’Univers / Head of Space Science and Exploration Office, CNES Le CNES dans l’astronomie spatiale Le CNES et l’astronomie, c’est une longue histoire et un programme à long terme bâti au fil des séminaires de prospective scientifique tous les quatre ou cinq ans. Programme propre, coopérations bilatérales et multilatérales, contribution aux programmes scientifiques de l’Esa, soutien aux laboratoires français… L’exploration de l’Univers occupe une place centrale dans ses programmes scientifiques, au point d’encourager l’émergence de deux jeunes communautés en physique fondamentale et en astro/exobiologie.

n effet, depuis la cosmologie jusqu’à l’étude du le programme scientifique dit « obligatoire », réalise les projets Soleil et du système solaire, en passant par les les plus ambitieux, comme les futures missions Planck, pour galaxies et les trous noirs, l’astronomie a besoin la cosmologie, ou Herschel, pour l’étude de la formation des d’espace. Il faut l’espace pour accéder à la tota- galaxies et des étoiles; le programme dit d’« exploration » lité du spectre lumineux car les rayons X et comprend quant à lui ExoMars, mission d’exploration de gamma, l’ultraviolet, une grande partie de l’infra- la planète Mars, ainsi que la station spatiale internationale rouge, le rayonnement aux longueurs d’ondes avec des expériences d’exobiologie et le projet d’horloge millimétriques, tous ces aspects de la lumière ne sont pas atomique spatialisée Pharao. Au-delà de la contribution Eaccessibles aux télescopes au sol à cause de leur absorption financière de la France à ces programmes, le CNES aide par l’atmosphère (cf. article de Thérèse Encrenaz, p. 46). les laboratoires français à développer, souvent en collabo- Il faut aller dans l’espace pour vraiment comprendre le ration avec l’industrie, des instruments innovants sur la fonctionnement des trous noirs révélés par les rayons X, ou totalité des missions scientifiques de l’Esa, comme le détecteur celui de notre Soleil, que seul un satellite peut observer pour la mission Planck qui fonctionne à 0,1 degré au dessus 24 heures sur 24. Donc, astronomie depuis le sol et astro- du zéro absolu grâce à un système de cryogénie spécialement www.cnes.fr nomie depuis l’espace ne peuvent que se compléter. développé pour la mission. Par ailleurs, le programme propre du CNES, offre un large spectre de possibilités, Programmes Contribution aux programmes fourniture d’instruments français sur des missions d’autres d’exploration de l’Univers scientifiques de l’Esa agences en échange d’un accès aux données (comme la Space exploration programmes Le CNES contribue à l’astronomie spatiale au sein de son mission Stéréo de la Nasa, qui étudie la couronne solaire en http://www.cnes.fr/webmag/ programme « Étude et exploration de l’Univers », dans trois dimensions), des missions de taille moyenne en colla- deux cadres complémentaires et d’envergure comparable. boration bilatérale ou multilatérale (comme Svom pour Le socle du programme est la contribution à deux pro- l’étude des sursauts gamma), des missions sur microsatellites grammes de l’Agence spatiale européenne. Le premier, pour des créneaux scientifiques ou techniques innovants

50 / cnesmag AVRIL 2009 Special report dossier J

Herschel Soho

Planck

Rosetta

BepiColombo Mars Express

Les protubérances du Soleil peuvent dépasser en longueur la distance de la Terre à la Lune. Solar prominences can extend further than the Earth-Moon distance. ̄̄ (comme Picard, une mission d’étude du fonctionnement du Soleil et de son influence sur le climat terrestre). Ces deux derniers éléments s’appuient d’ailleurs sur l’expertise du Centre spatial de Toulouse, notamment pour les projets de microsatellites. Sans oublier la production de connais- sances scientifiques nouvelles, qui demeure son objectif ultime. Car le CNES soutient de façon énergique l’exploi- tation scientifique des données des missions spatiales, ainsi que certains centres d’opération ou d’archivage des instru- ments développés avec son aide comme le CDPP (Centre de données de physique des plasmas) à Toulouse.

Système solaire, vers une météorologie spatiale Les composantes thématiques du programme « Étude et exploration de l’Univers » comprennent la planétologie, avec comme priorité les missions futures d’étude de la planète Mars (projets ExoMars et à long terme Mars Sample Return), celles des astéroïdes dont l’orbite croise celle de la Space is the realm of astronomers, Terre (projet , collaboration Esa-Jaxa), et CNES and space-based whether their field of interest is cosmology, l’étude des planètes géantes (projet EJSM, collaboration astronomy the Sun and the solar system, galaxies or black holes. Because space is the only Astronomy efforts at CNES are Esa-Nasa). Les missions en cours de réalisation concernent way to observe across the full light la planète Mars, avec la participation au projet de la Nasa sustained by a rich heritage and a spectrum, since ground telescopes are Mars Science Laboratory (MSL 2011) et une forte contri- long-term programme mapped out unable to see X-rays and gamma-rays, the bution instrumentale à Bepi Colombo, mission euro- by space science seminars held ultraviolet, a large portion of the infrared every four to five years. Space and millimetre waves blocked out by péenne d’étude de la planète Mercure, en collaboration Earth’s atmosphere (see article by avec le Japon. Le programme comprend également l’étude exploration is central to the Thérèse Encrenaz p 46). We need space du Soleil et des plasmas spatiaux. Un des objectifs à long agency’s science programmes, telescopes to really understand the through in-house projects, bilateral mechanisms driving black holes revealed terme est de disposer d’une véritable « météorologie spa- and multilateral cooperation, by X-rays or the processes inside our Sun, tiale » qui nous permette d’anticiper sur les effets du Soleil. which only satellites can observe round contributions to ESA’s science Le microsatellite Picard, dont le développement incombe the clock. In other words, ground-based programmes and support for French and space-based astronomy go hand au CNES, devrait dès 2009 observer le Soleil et les possi- laboratories. These efforts are now in hand. bles liens entre ses variations et celles du climat terrestre. spawning two new communities À plus long terme, Solar Orbiter, réalisé dans un cadre Esa ESA science programmes focused on fundamental physics CNES is contributing to space-based avec une collaboration de la Nasa, devra faire le lien entre c and astro/exobiology. astronomy through its space research c

AVRIL 2009 cnesmag / 51 J dossier Special report u LAURENT VIGROUX, chef de projet / Project Leader, CEA

Herschel Comprendre la formation des étoiles et des galaxies ’astronomie en infrarouge a réelle- ment démarré avec le satellite Iras L (1983), qui a permis de découvrir l’ampleur des nuages interstellaires, de voir les étoiles se former et, plus inattendu, de découvrir une nouvelle classe de galaxies qui émettent plus d’énergie dans l’infra- rouge que dans le visible. Presque 100 % ̆̆ Vue d’artiste d’un de la lumière des étoiles de ces galaxies trou noir réalisé à est absorbée par les poussières interstellaires partir de données IL FAUT SIGNALER LE DÉVELOPPEMENT et réémise dans l’infrarouge par le rayon- du satellite EN FRANCE DE DEUX JEUNES COMMUNAUTÉS : Chandra X-Ray. nement thermique des poussières. Les “CELLE DE LA PHYSIQUE FONDAMENTALE ET CELLE Artist’s impression satellites Iso (européen) et Spitzer (améri- of a black hole from DE L’ASTRO/EXOBIOLOGIE. ” cain) ont approfondi, par la suite, les décou- data collected by the “We are now seeing the emergence in France of two new vertes initiales, principalement dans les Chandra X-ray communities focused on fundamental physics and astro/exobiology.” satellite. domaines de l’infrarouge moyen, entre 3 et 100 micromètres. Il revient aujourd’hui le fonctionnement de la machine interne au Soleil et ses à Herschel de compléter cette lignée en étendant le domaine d’investigation entre manifestations d’humeur comme les éruptions. 100 et 600 micromètres, domaine encore inexploré. Au tout début de leur formation, Un avenir prometteur les protoétoiles sont encore très froides, Toutefois le programme « Étude et exploration de vers 100 K seulement et le pic de leur l’Univers » a également une composante dite… astronomie, émission se situe vers 150 micromètres. Dans les premières étapes de leur évolu- qui va de la cosmologie à l’étude des planètes extrasolaires tion, les galaxies passent par des épisodes en passant par les étoiles, les galaxies, et les nuages inter- de formation d’étoiles intenses, qui ne s’observent que dans l’infra- stellaires. Cette thématique très large prépare entre autres rouge avec un pic d’émission entre 60 et 100 micromètres. Mais le l’instrumentation de plusieurs missions de l’Esa, comme décalage vers le rouge, dû à l’expansion de l’Univers, fait que ce pic Herschel et Planck déjà citées, ou encore la mission Gaïa est repoussé au-delà de 200 micromètres pour les galaxies lointai- nes. Herschel, mission de l’Esa, doit permettre des avancées signifi- de cartographie de la Voie lactée. Le microsatellite Corot, catives dans ces domaines. Les industriels et les laboratoires français qui depuis deux ans nous révèle des aspects insoupçonnés ont beaucoup contribué au projet. Thales-Alenia Space est le maître de la variété des étoiles ainsi que de nouvelles planètes d’œuvre du satellite. Astrium France a fabriqué un télescope en extrasolaires, a été développé par le CNES avec des colla- carbure de silicium unique en son genre. Très fortement soutenus borations internationales variées. On peut aussi citer Svom, par le CNES, des laboratoires français ont participé aux instruments: le CESR et le Lerma à Hifi, le Lam (Marseille) et le Service d’astrophy- une participation française importante à un projet chinois sique (CEA/Irfu) à la conception optique, mécanique et à l’électro- d’observation des sursauts gamma, des événements très nique de Spire, enfin le CEA au photomètre de Pacs équipé de énergétiques qui signalent peut-être la fusion de deux matrices de bolomètres fonctionnant à 300 mK. Ces matrices consti- étoiles en fin de vie. Il faut signaler le développement en tuent un véritable saut technologique, sans équivalent pour l’instant, France, avec l’aide du CNES, de deux communautés plus même dans des observatoires au sol. En plus de son soutien jeunes dans le spatial: celle de la physique fondamentale, financier, le CNES a participé à des développements instrumen- taux, notamment les mécanismes de Spire. ࡯ qui ne peut réaliser que dans l’espace ses projets d’étude du temps, de l’espace et de la gravitation; et la communauté d’astro/exobiologie, dont la problématique scientifique cherche à retracer les chemins qui mènent à l’émergence de la vie, sur Terre et ailleurs. Le portefeuille des projets en www.cnes.fr HERSCHEL ET LES MYSTERES DE L'INFRAROUGE LOINTAIN astronomie est donc fort riche et très prometteur. Mais de Conversation spatiale avec Laurent Vigroux Herschel and the mysteries of the far infrared nombreuses autres idées et quantité de projets ambitieux ont Space talk with Laurent Vigroux été proposés à l’exercice de prospective de mars 2009. http://www.cnes.fr/webmag Parmi ces idées, certaines seront étudiées plus avant pour peut-être voir le jour avant les années 2020! ࡯

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and exploration efforts, the cornerstone corona in three dimensions; of which is its involvement in two ࡯ medium-size missions under bilateral or programmes led by the European Space multilateral cooperation agreements, like Contrôle de propreté du satellite Herschel Agency (ESA). The first is ESA’s mandatory the SVOM project to study gamma-ray à son arrivée au Centre spatial guyanais (15 février 2009). science programme, which is pursuing bursts at cosmological distances; The Herschel satellite is checked for the most ambitious missions like Planck ࡯ microsatellite missions for highly cleanliness on arrival at the Guiana Space concentrating on cosmology and Herschel focused science and/or to prove innovative Centre, 15 February. focusing on the study of galaxy and star technologies, like the Picard mission to ̄̄ formation. The second is the exploration study the inner workings of the Sun and programme, which includes ExoMars, its impact on Earth’s climate. exobiology experiments on the International Medium-size and particularly microsatellite Space Station and the PHARAO space missions are backed by expertise at the atomic clock. Besides France’s funding Toulouse Space Centre. CNES’s ultimate contribution to these programmes, CNES aim in all such undertakings is to pursue is helping French laboratories, often in new scientific knowledge. Indeed, the partnership with industry, to develop agency lends strong support to innovative instruments for all of ESA’s exploitation of data from space missions science missions. The detector built for by scientists, as well as to certain centres the Planck mission, which will operate at operating or archiving data from 0.1 degree below absolute zero using a instruments it has helped to develop, like specially designed cryogenic cooling the CDPP plasma physics data centre in system, is a good example. CNES’s own Toulouse. programme also offers a broad spectrum of opportunities. These include: Solar system and space weather ࡯ supplying French instruments for The space research and exploration missions led by other agencies in programme also covers planetology, with exchange for access to data, like NASA’s future missions to Mars (ExoMars and in STEREO mission to study the Sun’s the longer term Mars Sample Return), c

Une nouvelle étude révèle la plus grande région de la formation stellaire NGC 604 dans la galaxie voisine M33, dans sa première vue haute résolution à rayons X. Cette image composite des données de l’observatoire Chandra X-Ray (bleu) combinées à des données de lumière optique du télescope spatial Hubble (rouge et vert) montre un environnement fragmenté où résident quelque 200 jeunes étoiles chaudes et massives. A new study reveals a first high-resolution X-ray view of the largest star-forming region NGC 604 in the nearby galaxy M33. This composite image of data from the Chandra X-ray Understanding star and galaxy formation Observatory (blue) combined with optical data from the Hubble Space Telescope (red and Infrared astronomy began in earnest with the IRAS satellite in 1983, green) shows a fragmented environment with some 200 hot and massive young stars. which revealed the size of interstellar clouds, observed stars forming ̄̄ and—more unexpectedly—discovered a new class of galaxies that emit more energy in the infrared than in the visible spectrum. Almost all starlight from these galaxies is absorbed by interstellar dust and re- emitted in the infrared by thermal radiation. The European ISO and U.S. Spitzer satellites subsequently went further, principally in the short- wave-infrared domain between 3 and 100 micrometres. Herschel, the latest in this line of satellites, will extend its field of investigation to the still unexplored 100-600 micrometre region. In the initial phases of their formation, protostars are a very cold 100 K and their emissions peak at about 150 micrometres. During their early evolution, galaxies go through phases of intense star formation that can only be observed in the infrared, peaking at 60-100 micrometres. But, because of the redshift due to the expansion of the Universe, this peak rises above 200 micrometres for distant galaxies. ESA’s Herschel mission is designed to achieve significant advances in these regions of the spectrum. French contractors and laboratories have contributed hugely to this project. Thales Alenia Space is the satellite prime contractor, while Astrium France built its unique silicon-carbide telescope. French research laboratories, with close support from CNES, were involved in developing the instruments: CESR1 and LERMA2 contributed to HIFI; LAM3 and the astrophysics department of IRFU4 at the CEA atomic energy agency to the optical, mechanical and electrical design of SPIRE; and CEA to the PACS photometer equipped with bolometer arrays operating at 300 mK. These arrays are a real leap-ahead technology currently unrivalled even by ground-based observatories. In addition to funding support, CNES was involved in instrument development work, notably on the mechanisms for SPIRE. ࡯

1 Space radiation research centre. 2 Astrophysical radiation and matter research laboratory. 3 Astrophysics laboratory in Marseille. 4 Institute for research into the fundamental laws of the universe

AVRIL 2009 cnesmag / 53 J dossier Special report u ANNIE BAGLIN, responsable scientifique du programme Corot / CoRoT Principal Investigator

Un cœur convectif plus étendu que prévu… pour la sismologie Les oscillations de type solaire ont été détectées dans la plupart des étoiles analogues au Soleil déjà observées. C’est l’objectif le plus dimensionnant pour le programme de sismologie. L’analyse des fré- quences plaide en faveur d’un cœur convectif plus étendu que ce que prédisent les modèles classiques. Les amplitudes et les durées de vie semblent en général plus faibles que les prédictions théoriques et conduisent à réviser les calibrations des modèles. Plus étonnant, ces oscillations ont été observées dans des étoiles chaudes ainsi que dans de très nombreuses étoiles géantes. Dans les premières, le très faible bruit instrumental a permis de détecter de nombreux modes de basse fréquence. La comparaison avec les modèles d’excitation de ces modes conduit, là aussi, à favoriser un cœur convectif étendu.

Détection de sept nouvelles planètes Le signal photométrique de Corot permet, quant à lui, de détecter Corot des « transits », c’est-à-dire une baisse de luminosité produite par le passage du disque planétaire devant le disque stellaire qu’il occulte Premiers résultats probants partiellement. Des méthodes automatiques identifient ces « candidats Début février à Paris, lors du premier symposium international planètes ». Chaque observation de 1200 étoiles en détecte 2 à 300. consacré à Corot, ont été rendus publics les premiers résultats Mais est-ce bien une planète? Car d’autres phénomènes peuvent de sa double mission, en sismologie stellaire et en découverte donner un signal analogue et produire ainsi des « fausses alarmes ». d’exoplanètes. Corot-Exo-7b, la plus petite exoplanète jamais Le tri est sévère. Finalement seules 2 ou 3 planètes par observation sont observée à ce jour, en a été incontestablement la vedette. confirmées. La récolte de Corot est pour le moment de sept planètes. Six d’entre elles ont à peu près la taille de Jupiter, mais elles ont toutes n orbite depuis plus de huit cents jours, le satellite fonctionne une particularité commune à des planètes connues. Corot a découvert parfaitement et les données collectées (sous forme de courbes la planète la plus massive et la plus dense (un rayon voisin de celui de E de lumière) satisfont toutes les exigences de la communauté Jupiter, mais vingt fois sa masse). La dernière découverte est la plus scientifique qui a conçu ce projet. Corot atteint la précision petite jamais observée, Corot-Exo-7b. Son rayon est de 1,7 fois celui demandée sur cette mesure du flux, qui, tout en variant en fonction de la Terre. Sa masse est encore inconnue car les observations (en de l’éclat de l’étoile, est le plus souvent cent fois meilleure que les cours) sont extrêmement délicates. Bien d’autres sujets de physique mesures précédentes. De plus, ses sessions d’observation sont à la stellaire sont concernés par les données de Corot, la rotation des fois très longues (plus de cent cinquante jours) et sans interruptions étoiles, le degré d’activité magnétique, les systèmes binaires… importantes (moins de 7 %). Sa mission est donc loin d’être finie. ࡯

̈̈ Pour mesurer finement la lumière émise par les étoiles, quatre défis techniques auront été relevés par le satellite Corot: la stabilité de pointage, la protection contre la lumière parasite, la stabilité thermique des capteurs d’ima- ges, les périodes d’observation de 150 jours. Ici déploiement des panneaux solaires testés chez Thales Alenia Space. To obtain such precise measurements of starlight, the CoRoT spacecraft has achieved four feats of engineering: pointing stability, straylight rejection, thermal stability of the imaging sensor and observation periods of 150 days. Here, solar array deployment is tested at Thales Alenia Space.

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Image composite Conclusive results de la galaxie Medusa à partir After more than 800 days in orbit, the CoRoT des données en spacecraft is working like a charm and its light curves rayon X du téles- have delighted the scientific community supporting the cope Chandra project. CoRoT’s measurements of variations in the X-Ray (bleu) et des brightness of stars have attained the required lumières optiques du télescope precision, in most cases offering a 100-fold spatial Hubble improvement over previous instruments. What’s more, (orange). it is also able to survey the skies for longer (more than Composite image 150 days) and without long interruptions (less than 7% of the Medusa of the time). galaxy from Chandra X-ray data (blue) and optical Larger-than-expected convective core data from the CoRoT has detected solar-like oscillations in most Sun Hubble Space analogues already observed, the key objective of the Telescope (orange). seismology mission. Analysis of frequencies suggests that the convective core is larger than predicted by conventional models. Generally speaking, amplitudes and lifetimes appear smaller than theoretical predictions, leading research teams to recalibrate their models. More surprisingly, these oscillations were observed in hot stars and in a very large number of giant stars. The very low level of instrument noise enabled CoRoT to detect many low-frequency modes in hot stars. When compared with excitation models, these modes also point to a larger convective core.

Seven new planets detected CoRoT’s photometric signal detects planetary transits, that is, the dip in brightness seen on a light curve when the disk of a planet passes in front of the disk of its star, partially occulting it. Candidate planets are LA RÉCOLTE DE COROT EST POUR LE MOMENT identified automatically. Between 2 and 300 DE SEPT PLANÈTES DONT SIX DE LA TAILLE DE JUPITER, candidates are detected for every 1,200 stars “UNE PRÈS DE DEUX FOIS CELLE DE LA TERRE. ” observed. But other phenomena can generate a “CoRoT has so far detected seven new planets: six are roughly similar signal and trigger a false alarm, so the the size of Jupiter and one is nearly twice the size of Earth.” selection process is strict. In the final analysis, only two or three planets are confirmed. CoRoT has so far detected seven new planets. Six are roughly the size of Jupiter and are all specific compared with missions to rendezvous with and return extrasolar planets, stars, galaxies and previously known planets. CoRoT has found the most samples from a near-Earth object (Marco interstellar clouds—that is developing massive and most dense planet to date, with a radius Polo, a joint ESA/JAXA project) and the instruments for several ESA missions like close to that of Jupiter’s but 20 times more massive, study of gas giant planets (EJSM, a joint Herschel and Planck, as well as the Gaia and its latest discovery, CoRoT-Exo-7b, is the smallest ESA/NASA project). Missions now in mission to map the Milky Way. The CoRoT ever encountered with a radius only 1.7 times that of preparation are focusing on Mars, with microsatellite, which has been uncovering Earth’s. CoRoT-Exo-7b’s mass is not yet known, as NASA’s Mars Science Laboratory (MSL previously unsuspected aspects of stars scientists are still working to tease out the data. 2011) mission, and a strong instrument and hunting out exoplanets for the past CoRoT’s data covers other fields of stellar physics contribution to BepiColombo, the European two years, was developed by CNES with such as star rotation, magnetic activity and binary mission to study in collaboration international partners. Another example is systems, so its mission is far from over. ࡯ with Japan. The programme also includes SVOM, a major French contribution to a research into the Sun and space plasmas. Chinese project to observe gamma-ray A long-term objective of this field of bursts, the high-energy events thought research is to be able to forecast “space possibly to signal the fusion of two stars weather” effects generated by the Sun. at the end of their lives. Two newcomers The Picard microsatellite, which CNES is in the field of space that have emerged in www.cnes.fr developing, plans in 2009 to observe the France with CNES’s support are the Sun and possible relationships between fundamental physics community pursuing LES NOUVEAUX MONDES DE COROT its variations and shifts in Earth’s climate. projects to study time, space and Conversation spatiale avec Pierre Barge Looking further into the future, ESA’s Solar gravitation, and the astro/exobiology Discovering new worlds Space talk with Pierre Barge Orbiter mission—coordinated with a similar community seeking to retrace the origins http://www.cnes.fr/webmag effort by NASA—hopes to probe the inner of life on Earth and in the Universe. The mechanisms driving events on the Sun’s portfolio of astronomy projects currently surface like solar flares. underway is therefore extremely rich and promising. Many other ideas and ambitious Promising future projects were put forward at the latest The space research and exploration space science seminar in March. Some programme also includes an astronomy will be furthered and possibly lead to component—spanning cosmology, missions before 2020. ࡯

AVRIL 2009 cnesmag / 55 J dossier Special report u FRANÇOIS BUISSON et / and JEAN-YVES PRADO, CNES

Picard sondage de l’intérieur solaire en essayant de mettre en évidence Remonter aux sources du système solaire les ondes de gravité, ce qui nécessite des observations faites sur une longue période, de manière ininterrompue. La durée de vie de la icard, dont le CNES assure la maîtrise d’œuvre (à la fois du mission, qui assurera le recouvrement avec Soho, a été fixée à trois système et du microsatellite), va s’employer à mesurer avec une ans. La composante spatiale est complétée par une instrumentation P précision inégalée le diamètre du Soleil et sa luminosité, ainsi sol qui sera calibrée avec Picard pendant sa mission, puis poursuivra Lexique que les variations de ces valeurs liées à son cycle d’activité solaire de les mesures au-delà. Placé sur une orbite héliosynchrone, qui Orbite héliosynchrone onze ans. Il va également mesurer les mouvements sismiques (héliosis- laissera une visibilité quasi permanente du Soleil, le satellite sera Orbite basse quasi polaire, telle que le plan de l'orbite mologie) du Soleil. Car cet astre vibre, c’est une certitude, mais il lancé fin 2009, en double avec le satellite suédois Prisma. ࡯ convient de mieux connaître les caractéristiques de ces vibrations et conserve un angle quasi * Deux radiomètres seront aussi embarqués sur Picard: Sovap mesurera l’irradiance solaire totale et constant avec la direction du des ondes qui les provoquent. Les ondes acoustiques ont déjà été Premos, l’irradiance spectrale dans quatre domaines spectraux ainsi que l’irradiance solaire totale. soleil, tout au long de l'année. L'orbite tourne donc de 360° observées et mesurées au sol via la mission de l’Esa, Soho. Les mesures de Picard donneront des renseignements sur la structure et la dyna- Note: La mission Picard est le fruit d’une coopération internationale et a bénéficié de l’apport du sur un an. CNRS/Service d’Aéronomie/Latmos (CNRS/Université Versailles-Saint-Quentin), de l’IAS (CNRS/Université Sun-synchronous orbit mique interne du Soleil. Reste que les ondes de gravité n’ont pas Paris-Sud) et de l’Observatoire de la Côte-d’Azur, de l’Institut royal de météorologie de Belgique, de A low-Earth, quasi-polar orbit whose plane encore été caractérisées, ce à quoi devrait s’atteler aussi Picard. Leur l’Observatoire de Davos (Suisse), du Bureau des sciences de la Belgique, du B-USOC (Belgique). remains at an almost observation permettrait d’accéder à la dynamique du cœur du Soleil. constant angle to the Earth-Sun line all year Embarqué sur la charge utile, Sodism* (SOlar Diameter Imager and Retracing the source of the solar system round. The orbit Surface Mapper), un télescope imageur associé à une caméra CCD, therefore completes CNES is system and satellite prime contractor for the Picard 360° in a year. offre les performances nécessaires pour mesurer le diamètre et la microsatellite, which will measure with unprecedented accuracy forme du Soleil à quelques millisecondes près et pour effectuer un the Sun’s diameter and brightness, as well as their variations related to the 11-year solar cycle. It will also measure seismic solar movements. We know the Sun vibrates, but we need to better characterize its vibrations and the waves that generate them. ESA’s SOHO mission has already enabled acoustic waves to be observed and measured. Picard will seek to characterize gravitational waves. It will then tell us more about the Sun’s inner structure and dynamics and learn what drives the processes at the Sun’s core. The payload includes the SODISM* instrument (SOlar Diameter Imager and Surface Mapper), an imaging telescope combined with a CCD camera able to measure the Sun’s figure and diameter to within a few milliarcseconds and probe its core in an effort to highlight gravitational waves. To achieve this, observations will have to be performed continuously over a long period. The mission, which will overlap with SOHO, is designed to last three years. Picard will be complemented by ground instruments that will be calibrated during the mission and continue measurements once the space mission is over. The satellite will be launched alongside the Swedish Prisma satellite in late 2009 into a Sun-synchronous orbit to give it an almost permanent view of the Sun. ࡯

* Picard will also carry two radiometers: SOVAP to measure total solar irradiance and PREMOS to measure spectral irradiance in four spectral regions as well as total solar irradiance.

Note: The Picard mission is an international effort supported by CNRS’s SA Le microsatellite Picard devrait déterminer la relation éventuelle entre le diamètre et l’irradiance aeronomy research laboratory/LATMOS atmospheres, environments and solaire afin de mieux connaître la structure interne de l’astre. Il permettra de clarifier l’influence space observations laboratory (CNRS/Université Versailles Saint-Quentin), the de l’activité du Soleil sur les évolutions du climat terrestre. IAS space astrophysics institute (CNRS/Université Paris Sud) and the Côte d’Azur Observatory, the Belgian Royal Meteorological Institute, Davos The Picard microsatellite is expected to determine if there is any relationship between the Sun’s Observatory (Switzerland), the Belgian federal science policy office (BELSPO) diameter and irradiance, to better characterize its internal structure. It will also clarify how solar and B-USOC (Belgium). activity influences variations in Earth’s climate.

Ce bloc de 2 timbres, émis dans la série Europa, consacré à l’astronomie sera mis en vente en avant-première le dimanche 3mai au Parlement de Strasbourg et à la Cité de l’espace à Toulouse. Cette créationde David Ducros propose un premier timbre

t illustrant l’Univers avec Saturne, un second montrant des exoplanètes, ces nouveaux mondes extrêmement éloignés où le satellite Corot vient de découvrir la plus petite exoplanète trouvée à ce jour. Cela devrait ravir les philatélistes du monde entier et plus particulièrement les Européens. Avec l’Allemagne, Andorre, l’Autriche, la Belgique, la Biélorussie, la Croatie, le Danemark, la Hollande, l’Irlande, l’Islande, l’Espagne, la Finlande, la Grèce, le Kazakhstan, le Luxembourg, la Lituanie, le Liechtenstein, le Portugal, la Russie, la Slovénie, la Suède et la Suisse, c’est la France qui célèbre ainsi l’Année mondiale de l’astronomie en 2009.

This set of two stamps devoted to astronomy, in the Europa series, will be pre-released on Sunday 3 May at the European Parliament in Strasbourg and the Cité de l’espace theme park in Toulouse. Designed by David Ducros, the first stamp shows the Universe and Saturn, and the second illustrates exoplanets, the distant new worlds like the Earth-like planet recently discovered by CoRoT. They should delight philatelists the world over and especially in Europe. After Andorra, Austria, Belgium, Belarus, Croatia, Denmark, Germany, Ireland, Iceland, Finland, , Kazakhstan, Luxembourg, Lithuania, Liechtenstein, Netherlands, Portugal, Russia, Slovenia, Spain, Sweden, and Switzerland, it is France’s turn to commemorate IYA09 in this way.

56 / cnesmag AVRIL 2009 u KAROL BARTHÉLÉMY pour le / for CNES Special report dossier J

GUYANE Un ciel à nul autre pareil Placée sous le signe d’AMA09, la Guyane semble bénéficier de la faveur des cieux : les astres se dévoilent entièrement sur les deux hémisphères… Peu de pollution lumineuse, le spectacle promet d’être sublime pour la première Nuit des étoiles organisée pour cette occasion.

i la planète peut se mobiliser autour d’une nationaux, le conseil régional et les librairies de la place, thématique aussi riche que l’astronomie, la sans oublier le musée de l’Espace. Guyane le peut aussi! Dans la ligne de conduite proposée par le comité officiel de l’Année mon- Formation astronomie pour les enseignants diale de l’astronomie, il s’agit de proposer des Pour bien préparer le terrain scientifique menant à la com- activités au plus grand nombre. Tour à tour préhension, difficile mais passionnante, de notre Univers, délocalisées et regroupées, les initiatives pro- le comité a rapidement mis en place une formation astro- posées sous l’égide du CNES sont multiples. Échanges et nomie pour les enseignants de Guyane. Guidée par trois Spédagogie en fer de lance, les actions les plus éclatantes animateurs de Planète Sciences, celle-ci a bénéficié d’un irradient pour démultiplier les actions modestes mais effi- énorme succès. Entre un éclairage concret sur les bases du caces. Depuis plusieurs mois, le Centre spatial guyanais a fonctionnement de notre Univers, particulièrement de rejoint aux réunions du comité de pilotage le CNRS, la notre système solaire, et l’apprentissage d’expériences simples Bibliothèque universitaire des Antilles et de la Guyane et ludiques (facilement reproductibles), le merveilleux (UAG), le CRDP (centre régional de documentation arrive la nuit, lorsque l’on regarde dans des lunettes et que pédagogique), le réseau de diffusion scientifique et techno- l’on commence à prendre des photos. Un petit coup de logique de Guyane, le tout en partenariat avec les comités pouce a été d’ailleurs donné par la fourniture de matériel c

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̈̈ Carte du ciel du Centre spatial guyanais établi à partir de l’emplacement de certains bâtiments de la base qui se réfèrent aux planètes du sys- tème solaire et autres corps célestes souvent en lien avec la mythologie. Sky map of the Guiana Space Centre compiled from the location of buildings at the launch base named for planets in the solar system and other celestial bodies, often linked to mythology.

À chaque peuple sa lecture du ciel Visions of the heavens Like a multi-faceted gemstone, French Guiana possesses an Comme un joyau aux multiples facettes, la Guyane possède une richesse unusually rich cultural heritage. And, in the same way that facets culturelle inhabituelle. Et ainsi que chaque facette renvoie un éclat différent, sparkle to a differing degree, so each culture creates its own chaque culture étend sa propre vision de l’Univers. vision of the Universe. our les premiers habitants d’Amazonie, Uweyu, le Soleil, est le guide de la For the first peoples who inhabited the Amazon, Uweyu, the Sun, journée, tandis que Nouno, la Lune, est la lampe de la nuit, complice d’une is our guide through the day, whereas Nouno, the Moon, lights up the night and makes nature fertile. And the meeting of the two is nature fertile. Et quand les deux astres se croisent, traditionnellement, les P an ill omen for the Amerindians, for whom the Moon is wounded Amérindiens tremblent: ils pensent que la Lune est blessée par le Soleil car sa by the Sun, as its red colour is reminiscent of blood. The Wayampi couleur rouge rappelle le sang. Pour les Wayampi, la Voie lactée est le « Chemin call the Milky Way the “tapir trail”. This is because the tapir is du tapir ». Connu pour marcher dans les criques, celui-ci soulève le fond argileux, known to frequent river creeks, churning up their muddy bottom rendant la rivière laiteuse. Issus d’Afrique, les Businenge, quant à eux, ont peur des and turning the water a milky colour. The Businenge from Africa étoiles filantes et des météorites: Gaan Gadu matjau, la hache de Dieu. Ils pensent fear shooting stars and meteorites, which they call Gaan Gadu matjau, or the axe of God. They believe a meteorite becomes qu’une météorite se détache de la Lune dans un filament de feu et tombe sur la detached from the Moon and falls to Earth hanging on a burning Terre au risque de mettre le feu à la forêt (500 pierres de la taille d’une balle de thread, threatening to set the forest on fire (500 meteorites the tennis atteignent chaque année la Terre). Pour leur part, les Chinois, premier size of a tennis ball reach Earth every year). The Chinese, the first peuple à avoir dressé la carte du ciel et noté le passage des comètes, saluent la to map the heavens and record the passage of comets, celebrate Fête de la Lune ou Fête de la Mi-Automne. La tradition veut que ce soir-là, si on the memory of the Moon goddess Ch’ang O with the Mid-Autumn observe attentivement la Lune, on aperçoive la princesse Chang’e dans son palais. Festival. It is said that if you observe the Moon closely on that night, you can see the goddess in her palace. In Chinese Selon la légende, la Belle Dame aurait trouvé refuge sur la Lune après avoir mis son mythology, she took refuge on the Moon after securing a promise époux dans l’impossibilité de nuire à son peuple. Celui-là même qui avait sauvé la from her husband, the Lord Archer Hou I, that he would not harm planète en décochant neuf des dix soleils qui menaçaient de la détruire. La tradition her people. Hou I is also said to have saved the planet by shooting créole, enfin, voit essentiellement revivre sa cosmogonie à travers les contes down 9 of 10 suns that were burning up the Earth. Lastly, the traditionnels, comme celui d’Auxence Contout, où le Soleil mange ses enfants cosmogony of Creole tradition lives on through stories, like those (des étoiles) pensant dévorer ceux de la Lune… il est désormais condamné à se of Auxence Contout in which the Sun mistakes its children (the stars) for those of the Moon and consumes them, leaving it lever seul, sans aucune étoile. ࡯ to rise alone in a starless sky. ࡯

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astronomique dans les établissements scolaires de la région. FRENCH GUIANA Le CSG a extrait de cette semaine de formation des miniclips Night skies second et des fiches techniques d’expériences, disponibles sur la to none page consacrée à AMA09 (www.cnes-csg.fr). L’on y apprend For IYA09, French Guiana would notamment comment créer un club d’astronomie pour en seem to be blessed by the gods: it favoriser la pratique. offers a front-seat view of the stars in both hemispheres, and with little Première : la Nuit des étoiles depuis light pollution the first stargazing night organized for the occasion la Guyane should be a stunning spectacle. Pour soutenir la diffusion et la mise en application des principes enseignés, le comité régional a mis sur pied un The world’s nations are mobilizing their efforts this year for astronomy and French ensemble d’expositions et de conférences, tantôt scolaires Guiana is no exception. Taking its cue tantôt grand public. Début février, l’astronome Jean-Louis from the official IYA09 organizing Heudier est déjà venu animer deux conférences. Durant committee, it will be putting on activities for the broad public. A large number of l’année, de superbes illustrations grand format dévoileront, decentralized and all-embracing initiatives entre autres, au musée de l’Espace le système solaire et le will be proposed under the CNES banner. programme Corot. Parmi les parutions marquantes, l’ou- Outreach and education will take pride of place, with smaller-scale but effective vrage d’Antoine Croyère, Les Étoiles à l’œil nu dans le ciel de initiatives benefiting from the knock-on Guyane, sera réédité. Le point d’orgue, forcément, sera la impact of high-profile actions. For several première Nuit des étoiles en Guyane, avec le soutien et la months now, the Guiana Space Centre (CSG) has been working at steering and experiment factsheets from this présence de son initiateur en métropole, l’astrophysicien committee meetings with the national training week, available on its IYA09 web Daniel Kunth. Cette fameuse nuit d’octobre, cinq sites scientific research centre CNRS, the page (www.cnes-csg.fr). Among other seront équipés pour une observation, sans nul doute inou- library of the University of Antilles and things, it shows how to set up an astronomy club to encourage hands-on bliable: si voir les cratères de la Lune avec une « simple » French Guiana (UAG), the regional educational documentation centre (CRDP) activities. lunette est merveilleux à vivre, imaginez qu’en Guyane les and the French Guiana science and astres se dévoilent entièrement sur les deux hémisphères… technology network, in partnership with Stargazing night comes to Peu de pollution lumineuse… le spectacle est sublime. national committees, the Regional Council, French Guiana bookshops and—last but not least—the To support the dissemination and application Excellent entraînement, le musée de l’Espace activera son Space Museum. of astronomy basics, the regional planétarium, quotidiennement fidèle au ciel du soir. Par ail- committee is putting on exhibitions and leurs, le double lancement d’Herschel et de Planck sur une Astronomy training for teachers lectures for schoolchildren and the broad To cultivate scientific knowledge for the public. Early February, the astronomer même Ariane 5 depuis le CSG constituera également une difficult but enthralling task of explaining Jean-Louis Heudier gave two lectures. excellente occasion de célébrer AMA09. Revisitant les our Universe, the committee moved Throughout the year, the Space Museum outils lancés depuis la base, Thierry Vallée, directeur des quickly to organize astronomy training for will be displaying superb large-format French Guiana’s teachers. Overseen by illustrations of the solar system and the opérations (DDO), animera une conférence sur ces deux three educators from the Planète Sciences CoRoT programme. And Antoine Croyère’s télescopes spatiaux en compagnie de spécialistes du sujet. ࡯ association, this operation has been a seminal work on stargazing in French huge success. Through tangible insights Guiana, Les étoiles à l’œil nu dans le ciel into how our Universe works, especially de Guyane, will be re-printed. The high our solar system, and fun, easy experiments, point will of course be the first Stargazing youngsters can marvel at night as they Night organized in French Guiana, where EN GUYANE, LES ASTRES SE DÉVOILENT peer through telescopes or start taking the astrophysicist Daniel Kunth, the instigator ENTIÈREMENT SUR LES DEUX HÉMISPHÈRES. photos. To this end, astronomy equipment of this initiative in France, will be present. “LE SPECTACLE EST SUBLIME ! ” has been provided for the region’s On this night in October, five observing sites will be offering an unforgettable “French Guiana offers a front-seat view of the stars in both schools. The CSG has produced mini-videos hemispheres: a truly stunning spectacle!” spectacle: while seeing craters on the Moon through a telescope is a fantastic thrill, in French Guiana the stars in both hemispheres will be in full, glorious view and its well-preserved dark skies can only add to the enjoyment. The Space Museum will also be opening its planetarium every evening to get people in the mood. The dual launch of Herschel and Planck on Ariane 5 from the CSG will provide another excellent opportunity to put IYA09 centre stage. The centre’s director of operations, Thierry Vallée, will be giving a lecture on these two space telescopes alongside a panel of specialists. ࡯

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ERATJ monde World ÉTATS-UNIS USA u FRANÇOIS DIDELOT notre correspondant à Washington Washington correspondent

40 ANS APRÈS L’HOMME SUR LA LUNE La Nasa attend une nouvelle impulsion Le 21 juillet 1969, à 3h56 du matin, heure française, l’astronaute américain Neil Armstrong effectuait le premier pas de l’Homme sur la Lune. Le 40e anniversaire de cet événement particulièrement marquant dans l’histoire de l’Humanité sera célébré cet été aussi bien aux États-Unis que partout dans le monde. Aujourd’hui, aucune nation n’est en mesure de renouveler cet exploit technique, c’est pourquoi l’astre est en quelque sorte redevenu un objectif stratégique. Le président Obama compte bien donner à la Nasa les moyens de figurer dans cette nouvelle course vers la Lune. Cependant l’agence spatiale attend encore une impulsion politique plus concrète, qui la mettra sur la « bonne orbite ».

hat’s one small step for (a) man, one giant américaine, prononcé devant le Congrès en mai 1961, JFK leap for mankind.* » Il y a quarante annonçait son objectif de voir des Américains sur la Lune ans, ces mots résonnèrent aux quatre avant la fin de la décennie. L’objectif sera atteint en peu de coins de la Terre. Pas moins de temps grâce à l’enthousiasme d’une armée d’ingénieurs et 600 millions de téléspectateurs accom- au génie de Wernher von Braun. La jeune agence spatiale « pagnaient l’équipage d’Apollo 11 dans recevait à l’époque un budget équivalent à 4 % du budget leurT mission hors du commun. L’alunissage mouvementé fédéral. Cinq missions vers la Lune suivront Apollo 11 et de l’Eagle concrétisait le plan lancé par le président douze astronautes américains auront foulé le sol lunaire. Kennedy en 1961 et portait un coup décisif au concurrent Cependant, ce sont bien Neil Armstrong, le commandant * « C’est un petit pas pour l’homme, un grand pour soviétique dans la course à l’espace engagée par les deux d’Apollo 11, Buzz Aldrin, pilote du module lunaire, et l’humanité. » blocs. Dans son discours fondateur de l’aventure lunaire Michael Collins, pilote du module de commande, qui c

40 YEARSAFTERTHEFIRSTMOONWALK NASA awaiting new momentum On 21 July 1969 at 2.56am GMT, US astronaut “That's one small step for (a) man, one giant leap engineers and the genius of Wernher von Braun. Neil Armstrong became the first human to for mankind.” Forty years ago, these words rang At that time, the young space agency’s budget walk on the Moon. The 40th anniversary of out across the world. Some 600 million viewers in amounted to 4% of the federal budget. Five lunar this ground-breaking event will be celebrated front of their TV sets accompanied the Apollo 11 missions succeeded Apollo 11 and 12 US astronauts this summer in the United States and abroad. crew during their extraordinary mission. The Eagle’s walked on the Moon. However, it is Neil Armstrong, As no nation is yet ready to renew this eventful landing materialized the plan initiated by Apollo 11 commander; Edwin (Buzz) Aldrin, lunar President Kennedy in 1961, dealing a decisive blow module pilot; and Michael Collins, command module technological feat, the Moon has once again to the US’s Soviet competitor in the race to conquer pilot, who have gone down in history after the become a strategic goal. President Obama space. In the speech to Congress that kicked off the success of their perilous, fantastic adventure. has vowed to give NASA the resources to US lunar adventure in May 1961, Kennedy revealed Despite detractors who regularly cast aspersions on compete in this lunar race, but the space his aim to put Americans on the Moon by the end of the mission’s authenticity, this legendary crew will agency is still waiting for a fresh injection of the decade. This objective was reached in a short be celebrated during an exceptional event at the political impetus to put it on course. period of time through the enthusiasm of an army of recently-opened Newseum. Let us hope that the c

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resteront dans l’histoire grâce au succès de leur périlleuse Cap à nouveau sur la Lune et fantastique aventure. Malgré quelques mauvaises La page des navettes devrait être tournée d’ici à fin 2010, langues, qui remettent régulièrement en doute la véracité et l’objectif – politique – d’un retour sur la Lune avant la fin de cette mission, cet équipage légendaire sera fêté au cours de la prochaine décennie a été clairement énoncé par d’un événement exceptionnel au Newseum, tout récemment George W. Bush en 2004, à travers le programme inauguré. Souhaitons que la vague annoncée de célébrations Constellation, et confirmé récemment par Barack Obama. implique et inspire l’opinion publique, en particulier les Sa formulation rappelle d’ailleurs le plan de Kennedy dans jeunes générations. Car depuis le triomphe d’Apollo 11, les années 1960. La conception technique de ce plan les Américains se sont accoutumés aux vols habités, ressemble de façon troublante aux systèmes Apollo. Avec comme si cela ne présentait plus aucun mérite ou intérêt l’anniversaire d’Apollo 11, c’est un paradoxe étonnant qui particulier. Cela est symptomatique de la situation délicate va être souligné puisque la Nasa connaît aujourd’hui des de la Nasa, actuellement à un moment charnière de son difficultés à concevoir un engin (en dépit des avancées histoire. technologiques depuis quarante ans) capable d’envoyer un

̆̆ ̆̆ La joie au centre de contrôle de la mission Apollo 11 après Le 13 août 1969, New York accueille les trois astronautes de la mission le succès du retour de la mission le 24 juillet 1969. Apollo 11, Neil A. Armstrong, Michael Collins, et Buzz Aldrin Jr., Joy erupts at the Apollo 11 mission control centre after the mission's lors d’une parade dans Broadway et sur Park Avenue. successful return on 24 July 1969. 13 August 1969, New York fetes the three Apollo 11 mission astronauts, Neil A. Armstrong, Michael Collins and Buzz Aldrin, Jr., with a parade on Broadway and Park Avenue.

flood of celebrations announced will energize and NASA is today struggling to design a spacecraft as administrator. The White House is concluding inspire public opinion, especially the younger capable of flying a crew to the Moon. During his discussions with four potential candidates, and the generations, because since the triumph of Apollo 11 election campaign, President Obama committed choice should be announced soon. On the night of Americans have become used to crewed spaceflight himself clearly to jumpstarting the US space 20-21 July 2009, we will all look back 40 years. By and no longer consider it of special interest or worth. programme by granting NASA the means to then, NASA will have a new leader and, undoubtedly, This is symptomatic of the difficult situation NASA is achieve its goals. NASA’s budget has been a new roadmap to achieve the main strategic facing at this turning point in its history. desperately low these past years. In 2008, it stood objectives of reaching the Moon and Mars. China at $US17.3 billion, 0.6% of the federal budget. today appears the most likely to send humans to Back to the Moon Obama has already revealed an encouraging the Moon before 2020. A Chinese mission would By late 2010, the US space shuttle may have been provisional budget for 2010, with a $US1 billion obviously make a big impact and be just as retired. In 2004, George W. Bush clearly set the increase and an additional $US1 billion under the symbolic as the Apollo 11 mission. Buzz Aldrin, who political goal of a return to the Moon before the end economic stimulus bill announced in early February recently met representatives of the main space of the next decade through the Constellation 2009. Some consider this ill-matched to objectives agencies at the invitation of the Washington space programme. This goal was confirmed recently by that include ten or so shuttle flights by 2010 and attaché, suggests completely redefining US space Barack Obama, echoing Kennedy’s plan in the the first flights of the Orion capsules from about policy, targeting more innovative and more relevant 1960s. The plan’s technical design is uncannily 2014. During this unsettled period, NASA is also objectives than the Moon, starting with an asteroid. similar to the Apollo systems. As we celebrate without a leader capable of stimulating and This illustrates perfectly NASA’s current position— Apollo 11’s anniversary, it is a surprising paradox defending the agency because the new President between glorious past, uncertain present and that despite 40 years of technological progress, has not yet appointed Michael Griffin’s replacement ambitious future. ࡯

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u MATHIEU GRIALOU notre correspondant à Tokyo Tokyo correspondent

équipage sur la Lune. Durant sa campagne, le président Obama s’est cependant vigoureusement engagé à relancer Astronomie le programme spatial en donnant à la Nasa les moyens de ses objectifs qui lui manquaient cruellement ces dernières LE JAPON années (en 2008 budget de 17,3 milliards, soit 0,6 % du budget fédéral). Il a déjà dévoilé un projet de budget 2010 plutôt avantageux (augmentation de 1 milliard de dollars) DANS LA COURSE et accordé une rallonge d’un milliard à l’agence, via le Stimulus Bill début février 2009. Certains estiment pourtant AUX ÉTOILES que cela reste insuffisant compte tenu des objectifs imposés: une dizaine de vols de navettes à effectuer d’ici à fin 2010 avant les premiers vols de capsules Orion, vers 2014-2015. En cette période délicate, l’agence manque de surcroît d’un leader capable de la relancer et de la défendre puisque le nouveau président américain n’a pas encore nommé le remplaçant de Michael Griffin. La Maison Blanche est en discussions avancées avec quatre candidats potentiels au poste de futur administrateur et la nomination devrait intervenir très bientôt. Dans la nuit du 20 au 21 juillet 2009, nous regarderons tous quarante ans en arrière. D’ici là, la Nasa aura trouvé un leader et sans doute une nouvelle définition des programmes menant aux objectifs stratégiques essentiels de la Lune et de Mars. Aujourd’hui, les Chinois semblent pourtant les mieux placés pour renvoyer des hommes sur la Lune avant 2020. Il est clair qu’une mission chinoise aurait un retentissement et une empreinte symbo- lique digne de la mission Apollo 11. Enfin, Buzz Aldrin (qui a récemment rencontré les représentants des principales agences spatiales à l’invitation de l’attaché spatial à Washington) propose une redéfinition complète de la stra- tégie spatiale américaine en ciblant des objectifs plus innovants et pertinents que la Lune, à commencer par un astéroïde. ̆̆ Cela illustre bien la situation de la Nasa, entre glorieux Même si l’astronomie ne faisait pas partie L’observatoire du Mauna Kea passé, présent incertain et futur ambitieux. ࡯ de sa culture, le Japon a rattrapé le retard (archipel d’Hawaii) compte les vis-à-vis de ses voisins chinois et indiens avec télescopes parmi les plus grands et un prix Nobel de physique, des télescopes les plus puissants du monde, de pointe et un programme spatial ambitieux. comme le télescope terrestre Subaru. e Japon célèbre cette année la dixième année d’opé- The Mauna Kea Observatory in ration de son télescope terrestre Subaru. Baptisé Hawaii is home to d’après l’amas d’étoiles des , cet instrument some of the world’s largest and most domine l’archipel d’Hawaii depuis les hauteurs du powerful telescopes, Lvolcan Mauna Kea (qu’il partage avec plusieurs autres like the Subaru telescope. télescopes du monde entier). Son miroir de plus de 8 mètres de diamètre a déjà fourni de nombreux résultats scientifiques qui placent la communauté astronomique japonaise au premier plan mondial. Sa succession est d’ores et déjà planifiée, avec la construction du télescope ELT (Extremely Large Telescope, équipé d’un miroir de 30 mètres) d’ici 2020. Pourtant le Japon est parti de loin en astronomie, à la différence de ses voisins chinois ou indiens qui obser- vaient les astres depuis bien plus longtemps. Cette science c

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a pris un certain temps pour s’imposer dans une nation pour réaliser une carte en trois dimensions de notre galaxie. prémoderne qui a longtemps privilégié la technique L’observatoire d’astrophysique d’Okayama possède, lui, un (monozukuri, ou « fabrication des choses ») aux sciences. télescope optique destiné à l’astronomie stellaire, à la phy- Initié par les astronomes chinois à partir du VIe siècle, il aura sique de la matière interstellaire et à la recherche de planète fallu attendre la fin du Shogunat dans la seconde partie du extrasolaires. Dans un autre hémisphère, le Japon participe XIXe siècle pour que le Japon s’ouvre aux connaissances au projet international Alma, qui prévoit d’ériger plus de occidentales dans ce domaine. En dépit de ce contexte, le soixante antennes dans le désert chilien de l’Atacama. Japon dispose aujourd’hui d’un programme astronomique Enfin, il ne faut pas oublier le site du détecteur Super- florissant, géré par un Observatoire astronomique national Kamiokande, qui a permis au professeur Masatoshi Koshiba (NAOJ) qui supervise les projets au sol ou en orbite. de recevoir le prix Nobel de physique en 2002. Cet immense réservoir creusé au centre de la montagne sert à Une panoplie d’infrastructures terrestres détecter les neutrinos qui traversent sans cesse notre planète. Outre le télescope Subaru, le Japon dispose de nombreux instruments pointés vers les étoiles. Le plus impressionnant Pas moins de 30 satellites dédiés se trouve certainement sur le site de Nobeyama, au cœur à l’astronomie des Alpes japonaises, qui abrite sa plus grande antenne Grâce à ses infrastructures en orbite, le Japon a acquis d’un diamètre de 45 mètres. Le système de radioastronomie une réputation de spécialiste en astronomie X, infrarouge, Vera rassemble quatre radiotélescopes répartis sur l’archipel, ou encore en observation du Soleil (intérêt naturel pour un pays qui le place sur son drapeau national!). La division ̈̈ Mis en orbite en scientifique de la Jaxa, l’Isas, a lancé plus de 30 satellites février 2006, Akari scientifiques depuis les années 1960, dont de nombreux ou Astro-F, satellite d’astronomie haute télescopes. Les derniers en date sont le satellite Astro-E2 performance dans (Suzaku, ou « L’Oiseau rouge du Sud », selon l’astronomie l’infrarouge est le fruit d’une collabo- traditionnelle chinoise) pour l’observation dans le domaine ration entre l’Esa X, Astro-F (Akari, ou « Lumière ») dans le domaine infra- et la Jaxa. The Akari (Astro-F) rouge, ou Solar-B (Hinode, « Soleil Levant ») pour l’étude high-performance infrared satellite, du Soleil. La prochaine mission d’astronomie lancée par orbited in February l’Isas sera le télescope de radioastronomie interférométrique 2006, is a joint ESA/JAXA mission. Astro-G, qui observera notre Univers en complément des antennes sol. ࡯

ASTRONOMY Japan reaches for the stars Although astronomy was never part of its priorities lay in technology (monozukuri, or the art search for extrasolar planets. In another hemisphere, culture, Japan has caught up with its Chinese of manufacturing) rather than science. Initiated by Japan is taking part in the international ALMA and Indian neighbours and can boast a Chinese astronomers in the 6th century, it was only project to erect over 60 antennas in the Atacama Nobel physics prize, state-of-the-art at the end of the Shogunate in the latter half of the Desert, Chile. Finally, the Super-Kamiokande detector 19th century that Japan opened up to western provided Professor Masatoshi Koshiba with the telescopes and an ambitious space knowledge in this area. Despite its late start, Japan input for his 2002 Nobel Prize for Physics. This huge programme. is now engaged in a flourishing astronomy reservoir dug out of a mountain detects the neutrinos programme run by the National Astronomical constantly bombarding our planet. This year, Japan celebrates the 10th year in operation Observatory of Japan (NAOJ), which supervises both of Subaru (Japanese for the star cluster), terrestrial and orbital projects. Over 30 astronomy satellites to its credit the ground-based telescope that dominates the Japan is reputed for X-ray and infrared astronomy Hawaiian archipelago from its position atop Mauna A panoply of ground-based and solar observation (perhaps only natural for a Kea, a volcano hosting telescopes from all over the infrastructures country whose flag features the Sun). JAXA’s science world. With its eight-metre mirror, Subaru has The Subaru telescope is just one of many Japanese division, ISAS , has launched over 30 science already provided scientific data that have taken instruments pointing skywards. The most impressive satellites since the 1960s, including numerous Japanese astronomers to the forefront of world is no doubt its 45-metre antenna on Nobeyama in telescopes. The latest are Astro-E2 (Suzaku, Red bird astronomy. Its successor is already in the pipeline. the Japanese Alps. The VERA radio astronomy of the South in traditional Chinese astronomy) for X- Planned for 2020, ELT—Extremely Large Telescope— system comprises four radio telescopes spread ray missions; Astro-F (Akari, Light) for infrared will feature a 30-metre mirror. Japan has come a across the archipelago to plot a 3D map of our spectra; and Solar-B (Hinode, Rising Sun) for solar long way: China and India had been observing the galaxy. The Okayama astrophysics observatory research. The next ISAS astronomy mission will be stars for much longer. Astronomy took a while to features an optical telescope designed for stellar the Astro-G radio telescope to complement ground find its niche in a pre-modern nation whose astronomy, the physics of interstellar matter and the observations. ࡯

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u GENEVIÈVE GARGIR, CNES ESPACE ET INNOVATION Élaboration d’une stratégie nationale À l’appel du Conseil européen de lancer un plan européen de l’innovation, la France élabore, en parallèle, sa stratégie de recherche et d’innovation qui va s’intégrer dans l’Espace européen de la recherche.

e Conseil européen du 11 et 12 décembre les nanotechnologies, les technologies spatiales et les services qui 2008, sous la présidence française de l’Union en découlent, les sciences du vivant). » En France dés le mois européenne, a placé l’espace au cœur du grand de septembre, le Conseil des ministres a acté le lancement défi européen en matière d’innovation : d’une « stratégie nationale de recherche et d’innovation » « L’Europe doit continuer à investir dans son (SNRI). L’objectif est de présenter une vision d’ensemble avenir. Sa prospérité future est à ce prix. Le Conseil des défis à relever dans le domaine de la recherche et de Leuropéen appelle au lancement d’un plan européen pour l’inno- l’innovation, pour coordonner les efforts autour d’orien- vation, en liaison avec le développement de l’Espace européen de tations définies à l’échelle du pays. la recherche ainsi qu’avec la réflexion sur l’avenir de la stratégie Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la de Lisbonne au-delà de 2010, embrassant toutes les conditions Recherche met en œuvre cet exercice dont la synthèse est du développement durable et les principales technologies du attendue pour le mois de mai 2009. La préparation futur (notamment l’énergie, les technologies de l’information, de cette stratégie nationale est fondée sur une méthode de c

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1La « Stratégie de Lisbonne » assigne à l’Union européenne concertation avec des experts des domaines concernés ou consiste à participer activement à la poursuite de la l’objectif de faire de l’Europe, de la société civile. Le travail d’analyse a été structuré par construction de l’EER; le deuxième axe, à articuler les d’ici à 2020, l’économie de la connaissance la plus compéti- un comité de pilotage chargé de proposer des « défis » qui activités nationale et européenne de recherche et à définir tive et la plus dynamique du seront approfondis par des groupes de travail. Trois types la stratégie nationale pour mieux y participer; le troisième, monde. Un des principaux objectifs consiste à renforcer ont été retenus: défis sociétaux et économiques, défis de la à accroître la participation des acteurs français à l’EER l’effort d’investissement consa- connaissance pluridisciplinaire et enfin défis d’organisation et à amener le système français de recherche et d’inno- cré à la recherche et dévelop- pement en vue du système de recherche et d’innovation. C’est parmi ces vation, ainsi que la communauté française, à un profond d’atteindre 3 % du PIB. derniers que se situe l’Espace européen de la recherche (EER). changement de perception vis-à-vis du cadre européen. 2Traité de Lisbonne: « La politique de recherche de Le secteur spatial s’intègre très bien à cette stratégie et l’Union européenne constitue L’Espace européen de la recherche : répond déjà à cet enjeu. La signature dès 2003 d’un accord une compétence partagée entre les États membres et les un enjeu important pour la France entre l’Esa et la Communauté européenne, la mise en institutions européennes. » Le concept de l’EER, lancé par le Conseil européen de place de « Conseils espace3 » qui ont permis l’élaboration 3Conseil Espace: réunion Lisbonne en mars 2000 (dit « Stratégie de Lisbonne1 »), d’une Politique spatiale européenne (PSE), et enfin l’attri- conjointe du Conseil de l’Esa au niveau ministériel et du Conseil traduit la volonté de l’Union européenne de mettre en bution par le Traité de Lisbonne d’une compétence compétitivité de l’UE. œuvre une véritable politique commune européenne de la partagée dans le domaine spatial entre l’Union européenne

1The Lisbon Strategy sets recherche et de l’innovation. Cela suppose l’intégration et les États membres, donnent un cadre permettant à the goal for the progressive des capacités scientifiques et technologiques l’espace de contribuer à la construction de l’EER. L’Union European Union of making Europe the des États membres afin de forger, au niveau de l’Union, européenne, l’Esa et les États membres sont les trois world’s most competitive and dynamic economy une approche cohérente et concertée2. Cette dynamique a acteurs principaux de la PSE. L’Union européenne assume by 2020. One of its key objectives is to step up été relancée avec le processus de Ljubljana et l’adoption par des responsabilités accrues dans les questions spatiales, investment in research and development, le Conseil européen de décembre 2008 de « la vision 2020 notamment dans le domaine des applications, apportant setting a target de l’EER ». Sa construction constitue pour la France un une valeur ajoutée à l’Esa et aux États membres tout en of 3% of GDP. 2The Treaty of Lisbon enjeu majeur, d’une part en favorisant les perspectives respectant les rôles et responsabilités de chacun. Aussi le makes the EU’s research policy a shared d’amélioration des performances de la recherche en développement des technologies spatiales en Europe et des competency of member states and European Europe, d’autre part en ouvrant des opportunités nouvelles services qui en découlent contribueront à la réalisation institutions. ࡯ 3The Space Council is a offertes au système de recherche et d’innovation français et d’un plan européen pour l’innovation. joint meeting of the ESA à ses acteurs. Le premier axe de la stratégie nationale Ministerial Council and the EU Competitiveness Council.

SPACEANDINNOVATION Building a national strategy Alongside the European Council’s call and Research is leading this exercise and will report making an active contribution to the construction of for a European innovation plan, France is back in May. The national strategy will be the ERA; the second is to combine national and crafting its own research and innovation established in concert with domain experts and European research activities and define a strategy to strategy to mesh with the European citizens. Working groups will then refine “challenges” play an effective role in this process; and the third is proposed by a steering committee: social and to increase involvement of French stakeholders in Research Area. economic challenges, multidisciplinary knowledge the ERA and fundamentally alter perceptions of the challenges and organizational challenges with European research framework among the French The European Council meeting of 11-12 December respect to the research and innovation system. The research community. 2008, under France’s EU presidency, put space European Research Area (ERA) is one such challenge. The space sector sits well with this strategy and is squarely at the centre of the key innovation already working to meet the challenge. The challenge now facing Europe. It concluded: “Europe European Research Area: an important signature in 2003 of the Framework Agreement must continue to invest in its future. That is the challenge for France between the European Space Agency (ESA) and the price of its future prosperity. The European Council The ERA concept, launched by the European Council European Community, the establishment of a Space calls for the launching of a European plan for in Lisbon in March 2000 (the Lisbon Strategy)1, Council3 to craft a European Space Policy (ESP) and innovation, combined with the development of the translates the EU’s intention to implement a the decision set out in the Treaty of Lisbon to make European Research Area and with reflection on the common European research and innovation policy. It space a shared competency of the EU and member future of the Lisbon Strategy beyond 2010, supposes that member states’ science and states have provided a framework for space to encompassing all the conditions for sustainable technology capabilities will be integrated to forge a contribute to the construction of the ERA. The EU, development and the main technologies of the coherent and concerted EU approach2. This dynamic ESA and member states are the three main players future (inter alia, energy, information technology, received new momentum through the Ljubljana driving the ESP. The EU now has more prerogatives nanotechnologies, space technology and services process and the adoption by the European Council in space affairs, particularly with respect to space derived from it, and life sciences).” The French in December of the Vision 2020 for ERA. applications, and is contributing added value for ESA government has already launched its own national The construction of the ERA is a key challenge for and member states, commensurate with the roles research and innovation strategy back in September France, as it will help to boost the performance of and responsibilities of each. Consequently, the 2008. This strategy aims to outline a broad vision of European research and create new opportunities for development of space technologies in Europe, and research and innovation challenges and coordinate research and innovation in France. The first line of the services that result from them, will help to usher efforts nationally. The Ministry for Higher Education action set out in the national strategy is to continue in a European innovation plan. ࡯

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Euro Space Center S’ENTRAÎNER COMME DES ASTRONAUTES Vous voulez visiter une réplique grandeur nature de la navette spatiale américaine? Rendez-vous à l’Euro Space Center, à Transinne-Libin, le long de l’autoroute E411, à mi-chemin entre Bruxelles et Luxembourg. La navette Amicitia, qui est la vedette de ce centre de découvertes sur le thème de l’espace, sert à simuler une mission du Space Shuttle.

travers la baie vitrée d’un centre de contrôle, on des moteurs principaux. O.K. pour la procédure de retour. voit six jeunes visages rivés sur des consoles. Contrôleur au sol. – Amicitia, nous avons comme prévu la Tout en décortiquant les données sur les écrans, séparation des propulseurs à poudre. Vous pouvez entamer ils suivent le déroulement d’un vol spatial. la procédure de retour. ÀÉcouteurs sur les oreilles, microphone devant la bouche, ils Commandant (plutôt dépité). – Roger, on rentre! communiquent avec six autres jeunes enfermés dans un Commentateur du centre de contrôle. – Juste avant la sépa- simulateur dynamique… Au moment de la séquence ration des propulseurs à poudre, une baisse brutale de régime a cruciale du lancement, ils découvrent les enjeux et les aléas été enregistrée au niveau d’un des moteurs principaux de la du travail d’équipe dus à l’interconnexion des responsabi- navette Amicitia. Nous sommes obligés d’interrompre cette mission. lités, éléments incontournables pour l’accès à l’espace. L’équipage entame la procédure de secours du retour. La navette va se détacher du réservoir extérieur, puis effectuer un large virage L’approche éducative d’un autre monde à 180 degrés… On surprend ces équipes de jeunes (contrôleurs au sol, Responsable météo. – Amicitia, voici les données pour le temps astronautes dans l’espace) au moment où le Space Shuttle à l’atterrissage… Vous prenez la piste 33. Je répète: piste 33. vient de décoller. Soudain, alerte! Le directeur de vol, le regard figé par ce qu’il vient de voir sur son écran, lance ce Les six astronautes qui ont pris place dans le simulateur dialogue d’urgence: dynamique de la navette sentent l’habitacle s’incliner Directeur de vol. – Amicitia. L’un des moteurs principaux vient fortement sur la droite. Pas de chance et cruelle déception de s’arrêter. Il vous faut revenir vers le site de lancement… pour les jeunes stagiaires qui vivent l’épreuve frustrante de Commandant de bord. – Roger, nous confirmons la panne d’un l’échec… Ils prennent conscience qu’aller dans l’espace c

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reste une odyssée à hauts risques. L’espace est domaine les villageois voient arriver un convoi militaire: les trois éducatif par excellence. C’est un environnement complexe étages, la coiffe, un propulseur de la fusée Europa sont qui met en jeu une grande variété de disciplines: de l’astro- installés près de l’église! Léon Magin va tirer parti de la nomie aux sciences de la vie, en passant par l’électronique, présence de ce vrai lanceur de satellites pour qu’un musée l’informatique, les systèmes de télédétection, les techniques européen de l’espace voie le jour dans son village. Il faudra de télécommunication, les méthodes de gestion, la psychologie attendre une quinzaine d’années avant que ce projet de groupe… C’est ce qu’ont bien compris les promoteurs prenne forme grâce à un soutien de la Commission euro- de la Cité de l’espace à Toulouse et de la Cité des sciences péenne. Il va se focaliser sur la mise en œuvre d’un camp à Paris. C’est le pari qu’ont fait en Belgique les créateurs de spatial pour les jeunes. Le choix se porte sur deux offres: l’Euro Space Center, qui comprend une exposition perma- une proposition inédite de l’astronaute Patrick Baudry et nente, un camp pour stages d’« astronaute » et un parcours une licence opérationnelle du Space Camp américain. En extérieur au sein du patrimoine spatial avec des activités janvier 1990, l’accord de partenariat avec l’US Space Camp ludiques. Foundation est signé à Huntsville (Alabama). Le 22 juin 1991, l’exposition et le camp de l’Euro Space Center sont Le spatial au secours d’un village d’Ardenne prêts à accueillir leurs premiers visiteurs et stagiaires. En Pourquoi avoir implanté en pleine campagne ce centre raison d’un investissement qui dépassait les 15 millions d’initiation et d’éducation à la dimension spatiale? C’est le d’euros, l’Euro Space Center connut des débuts laborieux. fruit d’une belle histoire belge. À la fin des années 1960, L’exposition est devenue un circuit « son et lumière » pour l’Europe spatiale s’implante en Ardenne près du village voyager pendant une heure et demie (la durée d’une orbite pittoresque de Redu, avec une station de poursuite pour ses autour de la Terre) dans l’histoire de l’Univers, le monde de satellites. Le maire-bourgmestre de la commune forestière, l’astronautique, les applications et métiers dans l’espace. La Léon Magin (1920-1991), y voit l’occasion de sensibiliser visite passe par le hall d’entraînement et se termine par un le grand public avec une exposition spatiale. En 1975, plongeon spectaculaire dans la science-fiction. ࡯

EURO SPACE CENTER Astronauts for a day If you want to see a life-size replica of the “Roger, returning to base!” programme set up a satellite tracking station near U.S. Space Shuttle, take a trip to the Euro - Control centre commentator: “Just before solid the picturesque village of Redu in the Ardennes. The Space Center in Transinne-Libin, along the booster separation, one of Amicitia’s main engines mayor, Léon Magin (1920-1991), grasped the E411 motorway midway between Brussels experienced a sudden loss of thrust. We have to opportunity to raise public awareness with a space abort the mission. The crew is initiating the exhibition. And so it was that one day in 1975, a and Luxembourg. Amicitia is the star attraction emergency abort procedure and returning to base. military convoy arrived in the village to erect the of this theme park, giving visitors the chance The shuttle is going to separate from its external three stages, fairing and booster of the Europa to fly a simulated shuttle mission. tank and then perform a 180° turnaround...” launcher next to the church! Léon Magin subsequently - Range weather officer: “Amicitia, here are the took advantage of the launcher’s presence to open a Through the glass panel of a control centre, six young weather data for landing… Land on runway 33. I repeat, European space museum in his village. He had to faces are riveted to their consoles. They sift through runway 33.” wait 15 years for the project to take shape with the the data displayed on the screens as they run through backing of the European Commission. It decided to the procedures of a spaceflight. Kitted up with The six astronauts inside the shuttle simulator feel focus on creating a space camp for youngsters. Two headphones and microphones, they communicate the cabin banking hard right. It’s a case of bad luck proposals were submitted: an original proposal put with six other youngsters inside a dynamic simulator. and a cruel disappointment for our six young together by the astronaut Patrick Baudry and an As the crucial moment of the launch sequence trainees, who are obviously frustrated. The failed operating licence from the U.S. Space Camp beckons, they experience what it’s like to work in a mission brings home to them that spaceflight remains Foundation. In January 1990, a partnership team and discover the interconnected responsibilities a high-risk adventure. Space is a wonderful agreement was signed with the U.S. Space Camp in involved in launching a spacecraft. playground for learning. It is a complex environment Huntsville, Alabama. And on 22 June 1991, the Euro Learning about another world spanning a broad range of fields, from astronomy Space Center exhibition and camp were ready to We eavesdrop on the teams of youngsters—ground and life sciences to electronics, computing, remote welcome their first visitors and trainees. Requiring controllers and shuttle crew—just as the shuttle has sensing, telecommunications, management and an initial investment of more than €15 million, the lifted off. Suddenly, there’s an alert. Staring at the group psychology. This is something the designers Euro Space Center was slow to get off the ground. screen, the flight director informs the crew they of the Cité de l’Espace theme park in Toulouse and The exhibition is now a “sound-and-light” journey have an emergency: the Cité des Sciences in Paris have understood well. lasting an hour and a half—the time it takes to orbit - Flight director: “Amicitia, one of your main The same guiding principle inspired the founders of Earth—through the history of the Universe, the engines has shut down. Abort and return to base...” the Euro Space Center in Belgium, with its world of astronautics and the domains and - Shuttle commander: “Roger, main engine permanent exhibition, astronaut training camp and applications of space. The visit takes in the training shutdown confirmed. OK to commence abort outdoor trail of events and exhibits that have marked hall and ends with a spectacular leap into science- procedure.” the history of space, with a range of fun activities. fiction. Today, the European Space Agency (ESA) is - Ground controller: “Amicitia, we have solid helping to run the centre, which is jointly owned by booster separation. You can commence abort Space in the Ardennes Belgium (through its federal science policy office), procedure.” So, how did this space theme park find itself right the province of Luxembourg (with the Walloon Region) - Commander (voice tinged with disappointment): out in the country? In the late 1960s, Europe’s space and the Idelux inter-borough development agency. ࡯

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ERATJ CULTURE Arts & living t n e m e n é v é

centre stage Space in the spotlight on museum night L’ESPACE S’INVITE For this year’s European Museums at Night* on 16 May, CNES’s Space Observatory has devised an À LA NUIT DES MUSÉES event called Espace, si près, si loin, looking at the the ties that bind us to space. Over 40 venues in ’Observatoire de l’espace du CNES, à l’occasion de La Nuit européenne des musées, le France will combine one or more pieces from their 16 mai 2009, propose au travers de la manifestation « L’Espace, si près, si loin », une inter- collections with commentary from key figures in the space adventure. The Space Observatory has rogation sur la nature et l’intensité du lien qui rattache l’homme à l’espace. produced a short film linking these pieces and other L Dans plus de quarante établissements français, des musées des beaux-arts et d’art contem- scientific or cultural exhibits with space. In porain, des muséums, des musées des sciences, des musées d’histoire, ou encore des cen- Clermont-Ferrand, Marseille, Paris, Toulouse and tres d’art contemporain associeront une ou plusieurs pièces de collection au regard de person- Troyes, city museums have partnered to give the public a wider variety of exhibits and video nalités de l’univers spatial. Les œuvres ainsi que les objets scientifiques et patrimoniaux proposés interviews. In Toulouse, an Egyptian funeral barge, rentreront en dialogue, grâce à une vidéo produite spécifiquement par l’Observatoire, avec des an orrery and a painting by Corot will each point to notions suscitées par l’aventure spatiale. Dans certaines villes comme Troyes, Toulouse, Clermont- an aspect of space. Other venues like the Musée des Arts et Métiers in Paris will offer walk-through Ferrand, Marseille ou Paris, l’engagement de plusieurs musées au sein d’une même cité permet- exhibitions complete with on-screen interviews. tra au public d’apprécier directement la variété des pièces exposées et des interventions filmées. Visitors can also take a virtual tour of the event on Ainsi à Toulouse, que ce soit une barque funéraire égyptienne, un tableau de Corot ou encore the Space Observatory website. The event will be accompanied by a catalogue of un planétaire, chaque objet livrera quelque chose de l’espace. Dans d’autres lieux, comme le the Observatory’s imaginary space museum, a musée des Arts et Métiers de Paris, c’est un réel parcours « espace », enrichi par les témoi- circuit of museums in the Paris region. In addition gnages vidéo, qui mettra en scène cette tension spatiale. to works on display at partner museums and insight from space personalities, it also includes Dans le droit fil du travail éditorial accompli depuis plusieurs années, un catalogue de la collec- commentary from art historians, curators, exhibition tion du « Musée imaginaire de l’espace » accompagne cette réflexion. Il croise différents regards commissioners, legal practitioners, historians and autour de la notion « si près, si loin ». Aux pièces de collection présentées par les musées par- scientists. This interdisciplinary initiative combines key museum collections with thought and analysis tenaires et aux méditations des personnalités du monde spatial, viennent s’ajouter des textes iné- on the role of space in human imagination, dits d’historiens de l’art, de conservateurs, de commissaires d’exposition, de juristes, d’historiens knowledge and history, reflecting on the issues of et de scientifiques. Cette démarche interdisciplinaire, qui associe collections des musées de our contemporary world. France et réflexions sur la place de l’espace dans notre imaginaire, nos connaissances et notre his- * La nuit des musées in France is organized at the initiative of the French culture and communication ministry toire, s’inscrit dans la vocation du Musée imaginaire de l’espace qui est de questionner notre monde contemporain. www.cnes.fr www.cnes-observatoire.fr *La Nuit européenne des musées est organisée à l’initiative du ministère de la Culture et de la Communication.

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LECTURES BOOKS

Système solaire et planètes – Collectif L’Histoire du télescope, des premiers Quel âge ont les étoiles? – Frédéric Voyageurs des fleuves – Stéphane sous la direction d’A.-C. Levasseur- instruments aux actuelles machines Baudin, ed. Le Pommier – 4,60 Û Lévin, ed. Loubatières – 25 Û Regoud, ed. Ellipses – 24 Û célestes – Yaël Nazé, ed. Vuibert – 19 Û Quel âge ont les étoiles ? by Frédéric Voyageurs des fleuves by Stéphane Lévin – Système solaire et planètes – Various L’histoire du télescope, des premiers Baudin – Published by Le Pommier – €4.60 Published by Loubatières – €25 authors – Edited by A.-C. Levasseur- instruments aux actuelles machines Regoud – Published by Ellipses – €24 célestes by Yaël Nazé – Published by Vuibert – €19 Connaître et Le ciel par le bout de la Peuple des étoiles, Amazonie, terrain comprendre notre lorgnette un fabuleux destin d’apprentissage Univers maginez un astronome sans téles- râce à la science, l’homme avance scientifique et ouvrage est le fruit d’une pres- Icope… Il y a bien longtemps, la Gà tout petits pas dans la connais- près la glace de la banquise et les Ctigieuse collaboration de six voûte céleste se laissait contempler à sance d’un Univers vieux de pres- Asables chauds du Maroc, l’explo- grands scientifiques français: Sylvie l’œil nu, mais l’œil n’a pas suffi à déli- que 14 milliards d’années. Tant rateur Stéphane Lévin a terminé la Vauclair, François Forget, Thérèse vrer à l’homme le message de d’étoiles dans le ciel, et autant de trilogie Voyageurs des sciences par Encrenaz, Anny-Chantal Levasseur- l’Univers. La première lunette astro- questions qui restent sans réponse. un épisode aquatique sur les fleuves Regourd, Marc Ollivier et André nomique provoqua une véritable Tant d’étoiles qui, comme nous, nais- de Guyane. Expédition parrainée Brahic. Chacun ayant œuvré dans sa révolution et ouvrit de nouvelles sent, vivent et meurent, mais parais- entre autres par le CNES, c’est tou- spécialité, ce livre est une référence voies à l’insatiable curiosité humaine. sent avoir toujours existé comme de jours une aventure exceptionnelle en astronomie. Au programme: le Aujourd’hui, quatre cents ans plus lointaines sentinelles. Comme nous, pour des lycéens toulousains qui Soleil, les planètes telluriques, les pla- tard, ce sont des engins monumen- elles ont besoin d’énergie. Mais com- auront accompli, en avril 2008, une nètes géantes, les naines, les comètes taux qui explorent pour nous le ciel ment fonctionnent-elles, comment mission scientifique et écologique au et astéroïdes, les exoplanètes, la for- et nous permettent de remonter le évoluent-elles dans le temps et cœur de la forêt amazonienne. Avec mation du système solaire. Les temps. Voici racontées l’histoire de pourquoi sont-elles toutes différen- les enjeux environnementaux de la récents progrès techniques, en par- ces précieux instruments, de leurs tes? Frédéric Baudin répond à ces planète comme ligne directrice, il ticulier la mise en œuvre de sondes concepteurs et celle d’un chemine- questions en auscultant la structure s’agissait pour eux d’expérimenter, spatiales, ont permis de détecter des ment vers des techniques de plus en interne des étoiles, là où tout se joue, de tester du matériel lié à la recherche milliers d’objets célestes jusqu’alors plus complexes. au cœur d’une véritable machinerie. spatiale pour ramener des résultats. méconnus.

Understanding the Universe Stargazing through the centuries How old are the stars? Science lessons in Amazonia This book is a prestigious collaboration Imagine astronomy without Through science, we have gradually After Arctic ice and Moroccan desert, by six of France’s most eminent telescopes. Centuries ago, people learned more about the Universe, explorer Stéphane Lévin completed astronomer-researchers: Sylvie studied the stars with the naked eye. almost 14 billion years old. Yet many the Voyageurs des sciences (science Vauclair, François Forget, Thérèse But their observations only revealed questions remain unanswered. Stars travellers) trilogy in April 2008 with Encrenaz, Anny-Chantal Levasseur- part of the story. The first telescope are born, live and die, yet they have an aquatic episode on the rivers of Regourd, Marc Ollivier and André was a revolution, taking our an aura of eternity, like far-off French Guiana. Sponsored by CNES Brahic. Each offers unique insight in insatiable curiosity to a whole new sentinels. And like us, they need and other organizations, Voyageurs their specialist area, making this a level. Four centuries later, we have energy. But how do they work, how des fleuves (river travellers) was reference in its own right. Topics developed monumental pieces of do they evolve and why are they all another chance for Toulouse high- include the Sun, telluric planets, gas engineering to explore the heavens different? Frédéric Baudin answers school pupils to embark on an giants, dwarf planets, comets and and peer back through time. A new these questions by looking inside the exceptional scientific and ecological asteroids, exoplanets and the book traces the history of these stars, where it all happens. expedition—this time in the formation of the solar system. Space remarkable instruments and their Amazonian rainforest. Centred on probes and other technical advances designers, and the steady advance global environmental issues, the have enabled us to observe thousands towards the sophisticated mission included tests of space of previously unknown celestial technologies of today. research equipment and experiments objects. to bring back results.

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RV LITTÉRAIRES SALON DU LIVRE L’espace: décryptages UNE LARGE VITRINE POUR LES APPLICATIONS SPATIALES ntroduits par la lecture d’un texte littéraire sur I l’espace, chercheurs, ingénieurs, historiens et u 13 au 18 mars 2009, le Salon du livre 2009 présentait la plus grande et la plus belle offre personnalités du monde spatial question- D de livres en Europe. En rayon, des ouvrages, mais aussi une constante interactivité entre nent quelques mythes associés aux activités spa- public et exposants. Le CNES était particulièrement à l’honneur, à l’occasion de l’Année tiales depuis un demi-siècle. En quoi le succès mondiale de l’astronomie, sur le stand du ministère de la Recherche et au « bar des sciences ». du voyage sur la Lune masque-t-il l’imposture Les visiteurs auront pu, une nouvelle fois, constater que l’espace est au cœur des grands enjeux de von Braun, le responsable du projet? La sur- publics et mesurer l’importance des missions du spatial: connaître l’Univers, comprendre la veillance et le contrôle de la Terre via les satel- complexité de notre planète pour mieux la gérer, anticiper les catastrophes naturelles, favoriser lites présagent-ils du règne de Big Brother? la communication entre les hommes, développer la sécurité et la santé… Le CNES a prouvé sa L’accès à l’espace a-t-il produit de nouvelles icô- volonté de participer au partage de la connaissance à partir de sa large gamme de publications. nes ? Trois rencontres organisées par La grande satisfaction de ce Salon du livre fut, sans nul doute, le succès du livre Satellites, l’Observatoire de l’espace du CNES, en parte- co-édition CNES/CNRS/Cherche Midi éditeur. nariat avec la Bibliothèque publique d’informa- tion, proposent de décrypter: le 6 avril, « Le mensonge sur les origines des activités spatia- les » (lecture du texte de Boris Pahor, interven- tions de Yves Le Maner, directeur de la Coupole, et de Christian Vanpouille); le 4 mai, «La réalité de la surveillance et du contrôle de la Terre » (lecture du texte Emmanuel Pierrat, interventions d’André Husson et de Thierry Rousselin); le 8 juin, « La fabrique des icônes de l’espace » (lecture du texte de Patrick Delperdange, interventions de Michel Viso et Pierre ). 19 heures – Centre Pompidou – Petite salle – Entrée libre dans la mesure des places disponibles.

LITERARY EVENTS Demystifying space Introduced by a reading of a short piece of space-related literature, researchers, engineers, historians and key figures in the sector question PARIS BOOK FAIR Space applications in the spotlight some of the myths associated with space exploration in the last half-century. To what extent did the The Paris Book Fair, 13-18 March 2009, offered the widest and most impressive range of books in Europe. success of the Moon landings obscure the pretence The event is also known for the close interaction between exhibitors and visitors. Under the banner of Wernher von Braun, project leader? Does Earth of the International Year of Astronomy, CNES had a high-profile presence through the French research surveillance by satellite herald the reign of Big ministry’s exhibition area and the science bars. As in previous years, visitors learned how space is Brother? And has access to space produced new helping to meet the major challenges facing society today. They also learned about the importance icons? CNES’s Space Observatory in partnership of missions to explore the Universe and study the complexity of our planet in order to better manage with the Paris central library has organized three its resources, forecast natural disasters and improve communications, healthcare and security. CNES sessions to unravel these questions. On 6 April: also showcased its commitment to disseminating knowledge with a wide range of publications. The lie about the origins of space exploration The most popular at the PBF was Satellites, co-published by CNES, CNRS and Cherche Midi. (text by Boris Pahor, talks by Yves le Maner, Director of the Coupole heritage centre, and Expérimenter pour apprendre est le fil rouge de la nouvelle collection proposée par les éditions Cépadues, en adé- Christian Vanpouille). On 4 quation avec les programmes scolaires pour l’enseignement des sciences et de la technologie en cycle primaire. Le premier May: The reality of Earth t fascicule, Le Ciel et la Terre,vient de paraître et sera suivi par Les Objets techniqueset La Matière et l’Énergie. Conçue comme surveillance (text by Emmanuel Pierrat, talks by un véritable outil de travail, cette collection peut devenir un allié précieux des professeurs des écoles. André Husson and Thierry Learning through experimentation is the central theme of a new collection from Cépadues, in line with Rousselin). And on 8 June: French primary school science and technology syllabuses. The first instalment called Le Ciel et la Terre Space icons (text by Patrick (Heaven and Earth) is now out. It will be followed by Les Objets Techniques (Technical Objects) and La Delperdange, talks by Michel Matière et l’Énergie (Matter and Energy). Viso and Pierre Lagrange). The Pompidou Centre in Paris, small www.cnes.fr lecture room, entrance is free but POUR EN SAVOIR PLUS : FIND OUT MORE AT seating is limited. Starts at 7.00 p.m. qwww.cepadues.com

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SUR LA TOILE ON THE WEB

L’IMAGE DU MOIS : L’actualité vue par le CNES UN ESPACE DÉDIÉ AUX ENSEIGNANTS lus visuel, plus actuel, plus ergonomique, le site du CNES bouge et se diversifie. Depuis ’élection de Barack Obama, la vague de P le 23 février 2009, le site institutionnel grand public s’enrichit de profils spécifiques, conçus en L froid en France ou encore la réforme direction de publics ciblés. Parmis les quatre déjà en ligne (presse, élus et décideurs, scientifiques) de l’audiovisuel public: tous les mois, le vient de s’ouvrir celui des enseignants et médiateurs de culture scientifique. Accessible via l’adresse CNES se saisit d’un fait d’actualité pour y www.cnes.fr/enseignants-et-mediateurs/, cet espace livre en un seul clic, projets pédagogiques, pro- apporter un éclairage spatial. Ce document, grammes de formation, ressources… mis à disposition de la communauté éducative par le CNES. adressé jusqu’alors aux élus sous la forme d’une Un espace dédié aux jeunes est en cours de construction. Il déclinera programmes, projets, concours carte postale, est désormais disponible pour et mêmes dossiers thématiques rédigés pour les 12-18 ans avec un volet tous sur notre site Web, avec un accès aux pour les projets étudiants. Ludique, riche en infographie animée, attractif par son archives. design novateur, www.cnes.fr/jeunes/ devrait être en ligne à l’approche de l’été.

IMAGE OF THE MONTH World news, Dedicated site for teachers as seen by CNES With more visual content, more up-to-date and easier to use, the CNES website Barack Obama’s election, the recent cold snap in continues to evolve and diversify. From 23 February, our public/corporate site France or the reform of public TV and radio—each has been enhanced with new sections for specific audiences. Four are already month CNES takes a news story and offers insight online: media, policymakers, science/technology and teachers and science from a space perspective. Previously sent out to educators. In a few clicks, the site offers the teaching community a wealth of educational projects, training central and local government, these documents are programmes, resources and much more. A special youth site is under construction. It will include programmes, now available on our website, with archive access. projects, competitions and special features for 12- to 18-year-olds, with a separate section for student projects. With an innovative, attractive design and packed with animated graphics, this fun site will be online by the summer.

www.cnes.fr http://www.cnes.fr/image-du-mois/ www.cnes.fr http://www.cnes.fr/jeunes/ http://www.cnes.fr/enseignants-et-mediateurs/

Rendez-vous avec Linus & Boom / France 3 propose à partir du 6 avril un dessin animé futuriste en 3D: Linus & Boom. Ce nouveau divertissement se compose de 52 histoires de 12 minutes pleines de rebondissements, mettant en scène un extraterrestre un peu candide, Boom, et un adolescent intelligent et vivace d'esprit, Linus, qui

t vont étroitement se lier d'amitié. La série sera diffusée à partir du 6 avril tous les lundi, mardi, jeudi et vendredi à 10h20 sur France 3. Linus & Boom / From 6 April, France 3 television is running a futuristic 3D cartoon series called Linus & Boom. This new entertainment feature comprises 52 action-packed 12-minute episodes starring a slightly POUR EN SAVOIR PLUS : FIND OUT MORE AT naive alien called Boom and his friend Linus, a smart and quick-witted teenager. Mondays, Tuesdays, www.toowam.fr Thursdays and Fridays at 10:20 a.m. (CET). q Étoiles sur la toile: l’Association française d’astronomie, le CNES, le CEA, le CNRS et la revue Ciel & Espace coproduisent et coaniment un site Internet participatif dédié à l’astronomie et aux sciences spatiales. L’objectif: mettre en commun les ressources de chacune des parties pour mettre à disposition des internautes un outil de communi- t cation autour des événements culturels liés à l’Année mondiale de l’astronomie. Stars on the Web / The French astronomy association, CNES, CEA, CNRS and Ciel & Espace magazine are co-producing an interactive website dedicated to astronomy and space science. Its aim is to pool participants’ resources to inform the public POUR EN SAVOIR PLUS : FIND OUT MORE AT about cultural events organized for the International Year of Astronomy. qhttp://www.porteauxetoiles.fr À découvrir / Du fond de l'œil aux profondeurs de l'Univers, la jeune artiste serbe Milica Zivadinovic explore et superpose les couleurs de l'iris et la rondeur des planètes. « Cosmic'oeil », une œuvre originale présentée du 16 mai 21 juin 2009 au centre

t culturel de Serbie, à Paris. Worth a look / From the depths of the eye to the depths of the Universe, young Serbian artist Milica Zivadinovic explores and superimposes the colours of the iris and the disk shapes of the planets. Cosmic’oeil is a highly original concept, on show at the Serbia POUR EN SAVOIR PLUS : FIND OUT MORE AT arts centre in Paris as part of the International Year of Astronomy, 16 May to 21 June. qwww.milicazivadinovic.com

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LePERSÉUS prix de l’innovation rois événements majeurs se sont déroulés T ces derniers mois dans le cadre du projet Perséus : les lancements des fusées hybri- des lors des Rendez-vous espace étudiants (juillet 2008), la journée mini-L3AR (novem- bre 2008) et le 4e séminaire Perséus (février 2009) au musée de l’Air et de l’Espace. Les vols de FH02 (Nuage bleu) et de FH04 Les R2E accueillent, durant une semaine, chaque année les étudiants mordus d’espace en leur proposant de développer des projets de fusées (Flamme rouge) ont été des succès. Le moteur expérimentales ou de lâcher de ballons stratosphériques. hybride utilisant de la paraffine (responsabilité Every year, the R2E space-student week gives young space enthusiasts the Onéra) a bien fonctionné. Désormais la voie est chance to develop experimental rockets and launch stratospheric balloons. ouverte pour des démonstrateurs plus R2E ambitieux, Arès et Arcadia, fusées expéri- DES FUSÉES EXPÉRIMENTALES À BISCAROSSE mentales suborbitales. Le séminaire Perséus a ’édition 2009 du Rendez-vous espace étudiants, proposé par le CNES et Planète Sciences, permis à Éole de décerner le prix de l’inno- L se déroulera du 22 au 29 août sur le camp militaire du CELM à Biscarosse (Landes). Ce ren- vation à des étudiants de l’université d’Évry et dez-vous annuel est dédié aux étudiants et aux clubs de jeunes passionnés par l’espace. Au du Val-d’Essonne, pour un projet réalisé sur le cours de cette manifestation, les fusées expérimentales conçues par des étudiants d’écoles d’in- thème d’un démonstrateur de L3AR. En 2008, génieurs de toute la France seront lancées. Elles emporteront avec elles des expériences soixante-dix projets étudiants étaient déposés; dont les résultats seront transmis au sol par télémesures. D’autres expériences prendront leur en 2009, quatre-vingt-dix devraient être envol: minifusées, ballons, Cansat, fusées à eau, sans oublier les fusées du projet Perséus. Ce sera proposés lors du séminaire Perséus. aussi l’occasion pour ces futurs ingénieurs de rencontrer des industriels et des représentants des grandes écoles, conviés sur le site pour présenter leurs métiers et leurs formations. Le grand public ne sera pas oublié. Deux jours et deux soirées d’animations spatiales placées sous le signe de la découverte leur seront proposés. Experimental rockets and more Run by CNES and Planète Sciences, the 2009 R2E space-student week takes place at the CELM missile range in Biscarrosse (Landes), Southwest France, 22-29 August. This annual event is dedicated to students and youth clubs with a passion for space. Experimental rockets designed by students at engineering schools across the country will be launched. These will carry experiments, with telemetry links to return the results. The programme also includes mini-rockets, water-propelled rockets, balloons, the Cansat competition and the Perseus hybrid rocket project. In addition, these future engineers will have the chance to meet representatives from top engineering schools and industry, invited to talk about courses and careers. The R2E event is open to the public on two days and evenings, with a range of space-related activities to entertain and inspire.

Rencontre. Un rond-point signé Stéphane Thidet / Il est l’artiste lauréat de l’appel à projets lancé Innovation award par l’AME (Arts et mécénat d’entreprise) pour renforcer, par une œuvre forte, l’identité du rond-point de

Three major events have taken place on the Perseus t l’Espace à Évry. Pour Stéphane Thidet, « chaque œuvre est en soi un challenge, mais ici, ce sera ma première project in recent months: rocket launchings at the création dédiée à un espace public ». Qui plus est, « l’intérêt était ici d’intégrer la sculpture dans un territoire R2E space-student event (July 2008), the L3AR urbain préexistant ». Dernier point et non le moindre, compte tenu de la destination, « il a fallu travailler avec forum (November 2008) and the fourth Perseus la contrainte des matériaux et allier à la fois l’approche de l’artiste et la préoccupation d’un architecte », seminar (February 2009) at the Le Bourget air and ajoute-t-il. L’aventure n’en est que plus exaltante. « Plusieurs étapes ont été nécessaires pour jauger la meil- space museum. Flights with FH02 (blue cloud) and leure solution.» Dans le cadre de cette recherche, il a associé deux élèves de l’École nationale des mines, une collaboration FH04 (red flame) were a success. The paraffin- based hybrid engine designed by the ONERA intéressante et fructueuse. « Aujourd’hui, tout va très bien et l’œuvre va prendre forme pour être livrée en fin d’année. » aerospace research agency performed well, paving Space-themed roundabout, meet the artist / Stéphane Thidet is the artist who won the AME* call for proposals the way for more ambitious demonstrators: the Ares for a striking work of art to reinforce the identity of the space-themed roundabout in Evry, Paris. He said: “Each and Arcadia experimental suborbital rockets. The new piece is a challenge in itself, but this is my first creation for a public place. The real trick here is to get Perseus seminar included an innovation award, the sculpture to blend in with the existing urban environment.” The particular location was another important which went to students at the University of Evry-Val consideration. “I also had to work with the constraint of the materials and combine the approach of an artist d’Essonne for a project based on an L3AR reusable with the deliberation of an architect.” This made the adventure all the more exciting. “We went through several launch vehicle demonstrator. In 2008, some 70 stages to arrive at the best solution.” To assist with his research, he called on two students at the École Nationale student projects were submitted. At the Perseus des Mines in Paris, in what proved to be a constructive collaboration. “The project is progressing well. The seminar in 2009, no less than 90 were proposed. sculpture is taking shape, ready for delivery in December.” *Art et Mécénat d’Entreprise

AVRIL 2009 cnesmag / 73 cn es ma g Journal trimestriel AGENDA de communication externe du CNES DIARY Jusqu’au/ CNES’ external quarterly news magazine Until Exposition plateforme Cap sciences Bordeaux 31/05/2009 « Mission polaire » Exhibition: Polar mission www.cap-sciences.net

26/03/2009 Exposition « L’alimentation au Alimentarium de Vevey (Suisse) ABONNEMENT GRATUIT 06/01/2010 fil de la recherche » Exhibition: Alimentation au fil de Alimentarium food museum, Vevey, SUR SIMPLE DEMANDE : la recherche Switzerland Free subscription on request: www.alimentarium.ch/ ½ soit par e-mail à / by e-mail to : [email protected] 06/05/2009 Mercredi de l’espace Kourou (Guyane) en indiquant les éléments mentionnés ci-dessous, Wednesday space lecture Kourou (French Guiana) including the information requested below, ½ soit en renvoyant le bulletin ci-dessous par fax au www.cnes.fr or by sending the completed slip below by fax to 08/05/2009 Voyage au centre de la galaxie Paris Le Bourget + 33 (0)5 61 28 13 27, 28/06/2009 (allégée) musée de l’air et de l’espace ½ ou par courrier à l’adresse suivante / or by post to: Journey to the centre Le Bourget air and space museum, Centre national d’études spatiales of the galaxy (lite version) Paris CNES MAG www.mae.org/ 18 avenue Édouard Belin 13/05/2009 BPI 2011 23/05/2009 Journées sciences et espace Saintes (17) 31401 Toulouse CEDEX 9 France Atlantique Atlantic science and space forum Saintes (Charente-Maritime, W. France) www.planete-sciences.org

16/05/2009 Nuit des musées 17/05/2009 Museum night २ M. / Mr २ Mme / Mrs २ Mlle / Miss Nom / Name: ...... http://www.cnes-observatoire.net Prénom / First Name: ...... 27/05/2009 Mercredi de l’espace Orléans Votre adresse postale complète / Full postal address: Wednesday space lecture Orléans (N. France) ...... www.cnes.fr ...... 03/06/2009 Salon de la recherche Paris, porte de versailles ...... 05/06/2009 et de l’innovation European Research & Innovation Exhibition Votre adresse e-mail / Your e-mail address: ...... www.salon-de-la-recherche.com

05/06/2009 Défi solaire Toulouse Souhaitez-vous recevoir par e-mail notre newsletter? 07/06/2009 Solar challenge Chaque mois, vous serez informé(e) de la publication du Journal de l'espace (magazine vidéo de 13 minutes) et de notre actualité. http://www.cite-espace.com २ oui २ non 07/06/2009 19e colloque Esa sur les lanceurs Bad Reichenhall (Allemagne) 11/06/2009 européens et les programmes Afin de mieux connaître notre lectorat, ballons et la recherche associée 19th ESA Symposium on European Bad Reichenhall (Germany) veuillez nous indiquer : Rocket & Balloon Programmes & To help us get to know our readers better, please tell us: Related Research Votre fonction ou statut professionnel / Your job http://www.spaceflight.esa.int/pac-symposium2009/ position or professional status: ...... Théâtre - Galilée 1610, le Messager Célesteest une œuvre théâtrale historique et scientifique. Elle rend hommage à un homme qui s'est Comment vous avez connu CNES MAG / How did you voué à la science et a lutté pour la vérité toute sa vie. La mise en find out about CNES MAG? ...... scène est signée par la compagnie Théâtre Extensible & Prodigima...... Labellisé AMA 09, elle tournera toute l’année 2009 en France...... Ü Theatre / The Théâtre Extensible & Prodigima company is performing a play that pays tribute to Galileo, a man who devoted himself to science and fought for truth to the end of his life. It will be staged in France this year as part of IYA09.

POUR EN SAVOIR PLUS : FIND OUT MORE AT qwww.theatre-extensible.com - www.galilee1610.com 74 / cnesmag AVRIL 2009 ERATJ Courrier des lecteurs Readers’ letters

VOS QUESTIONS PAR MAIL : CETTE RUBRIQUE EST LA VÔTRE THIS IS YOUR COLUMN N’hésitez pas à nous poser des questions, nous faire part de vos interrogations, de vos réactions sur l’actualité spatiale ou sur vos sujets d’étude. Nos spécialistes vous répondront. Drop us a line with your questions, opinions on space news or requests for information on cnesmag cnes.fr subjects you’re studying, and we’ll put our experts on the case… @

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Jean, école militaire to SPOT). Launchers are chosen in L’activité de Soyouz sera-t-elle accordance with Arianespace policy liée au secteur militaire ? Si oui as launch service provider and are donc tenter votre chance si vous avez soumis aux lois de la mécanique en quels termes ? determined primarily by payload mass. un projet scientifique à proposer. céleste. Un objet céleste peut être un For military satellites, the respective oyouz en Guyane est un pro- Il est toutefois très probable que d’ici objet spatial (artificiel réalisé par gramme de lanceur commercial defence ministry places the order S directly with Arianespace. More peu quelques sociétés privées pro- l’homme comme un satellite, une civil qui mettra en orbite des satellites, broadly, CNES provides support for poseront de faire connaître la micro- sonde spatiale ou une navette) ou un essentiellement de télécoms, et aussi French MoD space programmes pesanteur pour quelques minutes. objet naturel déterminé (en général à usage dual (comme les satellites through a dual-use approach, which Gilles Tavernier de taille modeste comme une Pléiades, successeur de Spot) ou reduces costs. For example, the comète, un astéroïde ou un géocroi- purement de défense. Le choix du SPOT civil Earth observation Anne-Marie, pilot seur) ou diffus comme un nuage lanceur relève de la politique com- satellites and Helios military In France, is it possible to take satellites are built around the same galactique, voire de la poussière inter- merciale d’Arianespace, en particulier part in a spaceflight simulation or multipurpose bus. Thus, only one conduct a microgravity stellaire. Un objet céleste est généra- en fonction de la masse à lancer. Lors bus had to be developed instead of experiment? lement catalogué, comme le sont les d’un lancement au profit de la two, saving tens of millions of euros. We have the Airbus Zero-G operated objets spatiaux qui sont sur des orbi- défense, c’est le ministère de la Defence- and security-related by Novespace, which performs a tes bien déterminées. À dire vrai, la Défense qui passe directement programmes account for about 10 to series of parabolic dives to recreate limite entre corps céleste et objet 12% of CNES’s total budget. contrat à Arianespace. Plus générale- microgravity conditions. These céleste n’est pas très nette sur le plan Patrice Brudieu ment, le CNES apporte son soutien parabolic flights are reserved for astronomie. au ministère de la Défense sur ses scientific research and are not open Jean-Louis Astor Anne-Marie, pilote to private customers. Each year, programmes spatiaux, en privilégiant Dans quel cas est-il possible de CNES selects three high-school une approche duale qui permet des participer en France à une teams to fly their experiments on a François, postgraduate astronomy économies. Par exemple, la plate- simulation de vol spatial ou faire Zero-G campaign. Students over 18 student forme du satellite d’observation de la une expérience de can even fly with their experiments What’s the difference between a Terre Spot est la même que celle du micropesanteur? on the plane. CNES also selects celestial body, a celestial object and a space object? satellite militaire Hélios, ce qui a per- n France, nous disposons de three student projects for a second mis un seul développement au lieu campaign. If you have a suitable The term celestial body can apply to E l’Airbus Zéro-G, mis en œuvre par research proposal, you are very any mass in space: a planet, star, de deux, donc une économie de plu- la société Novespace, qui permet de welcome to apply. Private galaxy, comet, near-Earth object, sieurs dizaines de millions d’euros. Le recréer l’état de micropesanteur en companies are likely to offer the meteorite or whatever. It refers to budget des programmes de sécurité effectuant des paraboles. Actuellement, experience of short microgravity any physical body subject to the laws ou de défense au CNES représente la pratique du vol parabolique est flights in the near future. of celestial mechanics, due to its environ 10 à 12 % du budget total. réservée aux expérimentations scien- Gilles Tavernier mass. A celestial object can be an artificial object (satellite, space probe Patrice Brudieu tifiques et n’est pas proposée à titre François, étudiant en thèse d’astronomie or shuttle), a natural object (typically privé. Chaque année, le CNES sélec- Quelle est la différence entre small, such as a comet, asteroid or Jean, military cadet tionne trois équipes de lycéens pour objet céleste, objet spatial et near-Earth object) or something more Will Soyuz operations have links faire voler leurs expériences à l’occa- corps céleste? diffuse (such as a galactic cloud or with the military sector? If so, on sion d’une campagne de vols para- e terme « corps céleste » peut even interstellar dust). Celestial what terms? boliques. Si l’un des élèves a plus de s’appliquer à toute masse que l’on objects are usually catalogued, as Soyuz in Guiana is a commercial L are space objects, which travel along 18 ans, il peut même participer au peut rencontrer dans l’espace: pla- programme to provide launch specific orbits. In fact, astronomers services for telecom satellites, but vol! Le CNES sélectionne également nète, astre, étoile, galaxie, comète, make no clear distinction between also for military and dual civil/military trois projets étudiants lors d’une géocroiseur, météorite… Il s’agit de celestial bodies and celestial objects. satellites (like Pleiades, the successor seconde campagne. Vous pouvez tout corps qui, du fait de sa masse, est Jean-Louis Astor

Voyage au centre de la galaxie / À l’occasion de l’Année mondiale de l’astronomie, le palais de la Découverte propose jusqu’au 3mai 2009, une exposition conçue par le CNES et le CEA. Elle retrace en dix escales un voyage impossible: à la vitesse maximale, celle de la lumière, un vaisseau cosmique mettrait 26000 ans pour atteindre le cœur de notre Voie lactée. Une caméra infrarouge montre au

t visiteur comment un objet caché par un autre devient visible grâce à ce type de lumière, que ce soit une étoile derrière la poussière cosmique où une main dans la poche d’un manteau. Clou de l’expo- sition, un film en 3D recrée la collision entre deux galaxies ou la formation de planètes, grâce à des simulations numériques. Journey to the centre of the galaxy / Part of IYA, the Palais de la Découverte in Paris is hosting an exhibition designed by CNES and CEA, the French atomic energy agency, open until 3 May 2009. In 10 stages it looks at this impossible voyage: even at light speed, a spaceship would take 26,000 years to reach the centre of the Milky Way. An infrared camera shows visitors how this type of light can reveal objects hidden behind others—whether a hand in a coat pocket or a star behind cosmic dust. The highlight of the exhibition is a 3D film that recreates a collision between two galaxies and the formation of planets, based on digital simulations.

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SUPPLÉMENT D’INFORMATION cnesmag 02 9 0 0 2 , D U A R I P É V R E H / S E N C ©

Pose du mât sur le châssis du rover MSL par les étudiants du BTS MAI (mécanique et automatismes industriels) du lycée Victor-Duruy à Bagnères-de-Bigorre, encadrés par leur professeur Stéphane Rivola. Mechanics and automation students from the Lycée Victor Duruy at Bagnères de Bigorre install the mast on the chassis of the MSL rover replica, under the watchful eye of their teacher Stéphane Rivola. MSL/ MSL - Students focus on Mars Des BTS pour Mars BY ANNE LAMY FOR CNES RÉALISÉ PAR ANNE LAMY POUR LE CNES For the International Year of Astronomy, this issue of CNES Mag Educ focuses on our nnée mondiale de l’astronomie oblige, ce CNES Mag Educ fait la part belle à Mars, notre “neighbour” Mars, a planet we know well but «voisine » à l’échelle planétaire, dont on sait à la fois beaucoup et si peu. Mieux connaître where so much remains to be discovered. The A U.S. Mars Science Laboratory (MSL) rover is l’évolution de la planète rouge, dont l’histoire est commune avec la nôtre, et vérifier si setting out to collect and analyse samples to gain un jour Mars a pu connaître une forme de vie: c’est justement à cela que se prépare le projet new insights into the evolution of the red planet with which we share a common history, and to américain MSL, Mars Science Laboratory, un rover qui fera l’analyse d’échantillons in situ. find out whether one day it could have Le CNES est associé à cette mission via deux instruments stratégiques (un spectromètre supported some form of life. CNES is contributing two strategic instruments for this mission: d’analyse de la lumière d’un plasma issu d’un tir laser, ChemCam, et le chromatographe en ChemCam, a laser-induced plasma spectrometer, phase gazeuse de SAM). Mars a une telle capacité à faire rêver qu’il ne fallait pas manquer and SAM (Sample Analysis on Mars), a gas chromatograph. Mars is the stuff of dreams and cette formidable occasion d’en parler, d’autant que le sujet est au programme en seconde this opportunity to take a closer look at it was et en terminale, en SVT et en physique. C’est aujourd’hui chose faite, avec la réplique grandeur too good to miss, all the more so now that it is part of the high-school science curriculum. More nature et intelligente du rover de MSL, conçue et réalisée par plus d’une centaine than one hundred high-school and vocational d’étudiants en BTS et lycées professionnels de Midi-Pyrénées, encadrés par des professeurs students from the Midi-Pyrénées region have designed and built a full-scale smart replica of passionnés et chapeautés par le CNES. Une réussite exemplaire sur un plan éducatif autant MSL, guided by their devoted teachers and que technologique, dont tout le monde sort gagnant. Le CNES transmet son savoir-faire overseen by CNES. The project is a huge success, au monde enseignant et sème quelques graines de spatial dans l’esprit des jeunes. Et les both educationally and technologically. CNES is giving teachers the benefit of its expertise and étudiants ont pu appréhender ce qu’est un « vrai » projet industriel, avec ses contraintes… sowing the seeds of space in the minds of et ses bonheurs. youngsters. And students have been given a taste of what it’s like to work on a “real” Portrait Profile industrial project. Alain Gaboriaud www.cnes.fr www.cnes.fr/enseignants-et-mediateurs/ > P. 4

SUPPLÉMENT CNES MAG N°41 / AVRIL 2009 cnesmagéduc POURQUOI MARS ? La planète rouge fait rêver quantité de scientifiques. Qu’espèrent-ils y trouver? Quelques réponses aux questions qu’elle suscite, avant d’étudier, page suivante, la composition des roches sur Mars, la gravitation et la trajectoire pour s’y rendre. Qu’y recherche-t-on? De l’eau (surtout liquide), du carbone non oxydé, du méthane, bref toute trace nécessaire à la formation d’un début de vie organique (micro-organismes). La cartographie de Mars – qu’on connaît bien, puisqu’il existe des images avec une définition de cinq mètres! – montre qu’il y a eu de l’eau, comme le prouvent les fleuves asséchés, les vallées de débâcles, les argiles, les roches oxydées, les sédiments, etc. Si on y trouve ces éléments, qu’est-ce que cela prouverait? Cela montrerait que la planète a pu connaître un début de vie, il y a quelques milliards d’années, quand elle était peut-être soumise à d’autres conditions atmosphériques, de tem- pérature et de pression. Parmi les hypothèses avancées, les experts se demandent si l’atmos- phère martienne a toujours été composée de dioxyde de carbone à 90 %. Une atmosphère plus épaisse et plus humide aurait pu avoir fourni des conditions plus favorables à la vie. Autre hypothèse: Mars a peut-être bougé sur son axe, comme la présence d’anciens glaciers pourrait le laisser supposer. Pourquoi Mars et pas Mercure? Puisqu’on se rend sur Mars, notre voisine immédiate en s’éloignant du Soleil (il n’y a pas de gauche ou droite dans l’espace) nous pourrions en effet aller sur Mercure, notre voisine plus proche du Soleil. Mais c’est un voyage complexe: paradoxalement se laisser tomber vers le Soleil pour se rapprocher de Mercure est plus complexe que d’aller vers Mars. Il faut une trajectoire en colimaçon, qui s’approche progressivement de Mercure. Ce qui rallonge le voyage qui durerait six ans et demi! Mais tout cela, rajouté aux températures extrêmes sur place (entre – 140 et + 400 °C), n’empêche pas les agences spatiales de développer des projets mercuriens, comme la mission BepiColombo de l’Esa, dont le départ est prévu en 2014. À quel moment prévoir le lancement? A S

Mars et la Terre sont des planètes voisines. Lorsqu’elles sont au plus près l’une de l’autre A N

(quand la Terre se trouve pile entre le Soleil et Mars), 56 millions de kilomètres les séparent. © ̆̆ Cela arrive une fois, environ, tous les deux ans. C’est quelques mois avant ce moment-là que Les 8 planètes du système solaire sont programmés les lancements vers Mars. C’est pour cela que le vol de MSL, prévu The 8 planets of the solar system initialement en octobre 2009, a été reporté en fin 2011.

Why Mars? The red planet fascinates many a resolution as high as five metres, show is that the tilt of Mars’ axis might have surface (–140°C to +400°C) has stopped scientists. What do they hope to there must have been water to form its shifted, as the presence of ancient space agencies from conceiving missions find there? We shall attempt to dried-out rivers, flood channels, clays, glaciers suggests. to Mercury, like ESA’s BepiColombo oxidized rocks and sediments. mission scheduled to depart in 2014. answer some of the questions Why Mars and not Mercury? posed by Mars before studying its What would it mean if we find these Since we’re going to Mars, the next planet When is the right time to launch? mineral composition, gravitation elements there? out from the Sun after Earth, we could Mars and Earth are neighbours. At their and the trajectory a spacecraft It would mean that life could have equally well go to our other neighbour closest point to one another—when Earth must travel to reach it. started to form on the planet thousands Mercury, the next planet toward the Sun. is exactly halfway between the Sun and or millions of years ago, under different Paradoxically, getting a spacecraft to fall Mars—they are 56 million kilometres What are we looking for on Mars? atmospheric, temperature and pressure towards the Sun to approach Mercury is apart. This happens about once every Water (especially in liquid form), non- conditions. One hypothesis is that Mars’ more complex than going to Mars. Such two years, so launches to Mars are oxidized carbon, methane… in other words, atmosphere might not always have been a craft would need to approach Mercury scheduled a few months before this any trace of elements needed to form 90% carbon dioxide. A thicker, wetter gradually on a spiral trajectory, taking it time. That’s why the MSL mission initially living micro-organisms. Pictures of Mars, atmosphere could have created conditions on a longer 6-year journey. But neither scheduled for October 2009 has been which we have mapped in close detail at more conducive to life. Another hypothesis this nor the extreme temperatures on its pushed back to late 2011.

O À quand les premiers pas de l’homme sur Mars? When will humans set foot on Mars? Ce n’est pas exclu qu’un jour des astronautes aillent sur Mars. Mais c’est une véritable expédition: Astronauts may well land on Mars one day, but such an expeditionary voyage would le trajet aller-retour dure déjà près de deux ans, pour un séjour sur place d’environ un an. Il faut un mean a two-year return trip and a roughly one-year stay. Not everybody is equipped profil psychologique particulier pour vivre aussi longtemps sur une autre planète. À ce jour, la durée psychologically to cope with living for that long on another planet. The longest anyone maximale d’un séjour dans l’espace est d’environ dix-huit mois. Une expédition martienne de trois ans has spent in space to date is about 18 months. So a three-year Mars expedition would be a first in this and many other ways. We might be ready to make that step in 2030 serait donc une première, sur ce plan… comme sur tant d’autres. Rendez-vous en 2030? en 2040? or 2040.

SUPPLÉMENT CNES MAG N°41 / AVRIL 2009 cnesmagéduc PHYSIQUE / Partir pour Mars Libération de l’attraction terrestre Exercice 2 Exercice 1

24 Données / MTerre = 5,97.10 kg; MMars 23 6 = 6,42.10 kg; DMars/Soleil = 228,10 km; DTerre/Soleil v = 149,6.106 km Hyperbole de libération terrestre ȍ Earth-escape hyperbola SVT / Quand les roches parlent Supposons qu’on lance une sonde quand la Terre est Exercice précisément entre Mars et le Soleil. On supposera que la sonde part en ligne droite de la Terre vers Mars à la Orbite de « parking » / Parking orbit Analyse de 4 images présentant divers types vitesse de 20000 km. h – 1. de roches observées sur Mars. 1. Calculer la distance qui sépare la Terre de Mars Ces roches sont datées du Noachien, période dans cette configuration. la plus ancienne de l’histoire de Mars. En haut à 2. Combien de temps faudrait-il à la sonde pour parcourir gauche, on observe la présence de carbonate (en cette distance? vert) dans la région de Nili Fossae; en haut à droite, 3. Sachant que la période de révolution de Mars est de 687 jours, de quel angle (en degrés) aura tourné Vitesse au périgée ( ) / la présence de phyllosilicates (en clair sur l’image) et vr Velocity at perigee (vr ) Mars sur son orbite pendant la même durée? p p de chlorite (en gris clair); en bas à gauche, on note La première étape d’un voyage interplanétaire la présence de phyllosilicates (en clair sur l’image); L’hypothèse sur la trajectoire de la sonde vous paraît- elle réaliste? consiste à arracher la sonde de l’attraction terrestre. en bas à droite, d’argiles (en brun, au centre de Pour ce faire, le lanceur doit injecter la sonde (et son Réponse : 1. DTerre/Mars = DMars/Soleil – DTerre/Soleil = l’image). 228.106 – 149,6.106 = 78,4.106 km dernier étage propulsif) sur une orbite intermédiaire ࡯ À l’aide d’une recherche Internet, retrouvez D D 78,4.106 3920 dite de « parking ». Ensuite, pour faire son voyage 2. v = donc tTerre-Mars = = = 3920h = = 163 jours ; le contexte de formation des roches sur Terre. t v 20000 24 interplanétaire autour du Soleil, elle doit être placée ࡯ Que suggère la découverte de ces roches sur 3. Une révolution complète correspond à 360°. sur une hyperbole de libération terrestre caractérisée Donc Mars aura tourné de = 360x163 = 85,4°. la planète Mars? 687 par une certaine vitesse infinie (voir figure ci-dessus). Réponse : Ces roches se forment en présence d’eau ; leur diversité On ne lance jamais une sonde en ligne droite vers Mars car le temps qu’elle arrive, Le dernier étage propulsif est utilisé afin d’augmenter résulte de la quantité d’eau disponible lors de leur formation Mars se sera déplacée sur son orbite. la vitesse de la sonde et ainsi la placer sur son hyper- bole de libération. A journey to Mars Question / Il est supposé que la sonde et le dernier Exercise 2 / Data Life science 24 23 étage propulsif sont placés sur une orbite circulaire à MEarth = 5.97.10 kg; MMars = 6.42.10 kg; What rocks can tell us 6 6 200 km d’altitude. Quelle vitesse au périgée (point sur DMars/Sun = 228.10 km; DEarth/Sun = 149.6 .10 km Exercise A spacecraft is launched when Earth is exactly midway between l’orbite le plus proche de la Terre) la sonde doit-elle Look at these four pictures showing different types of Mars and the Sun. Assume that the spacecraft flies in a straight line atteindre afin d’être placée sur l’hyperbole de -1 rocks observed on Mars. from Earth to Mars at a speed of 20,000 km.h . libération avec vȍ de module 3 km/s (hyperbole The rocks date back to the Noachian era, the most 1. Calculate the distance from Earth to Mars for this launch typique permettant de rejoindre la planète Mars)? ancient in Mars’ history. In the picture top left, we can configuration. La vitesse au périgée d’une orbite hyperbolique est see carbonate (green) in the Nili Fossae region; top 2. How long would it take the spacecraft to reach Mars? 3. Given that Mars has an orbital period of 687 days, what angle donnée par: 2µ right, phyllosilicates (light colours) and chlorite (light = 2 + T (in degrees) will Mars have travelled on its orbit in that time? Does vr v∞ p r grey); bottom left, phyllosilicates (light colours); and the hypothesis of a straight-line trajectory seem realistic to you? p bottom right, clays (brown, centre). avec: Answers ࡯ Do a search on the Internet to find out how rocks form ȐT: constante de gravitation de la Terre 6 6 on Earth 1 - DEarth/Mars = DMars/Sun – DEarth/Sun = 228.10 -149.6.10 = [3.98006,104 km3/s2] 78.4.106 km ࡯What does the discovery of these rocks on Mars tell you? v : module de la vitesse infinie [km/s] D therefore D 78.4.106 ȍ 2 - v = t t Earth-Mars = t = 20 000 rp: rayon de périgée (altitude de périgée + rayon de Answer: These rocks form where water is present; the la Terre [6378 km]) [km] type of rock depends on the quantity of water available 360 x 163 = 687 = 163 days v : vitesse au périgée [km/s] when they formed. rp 3- A complete orbital revolution corresponds to 360°. So, Mars will have travelled 360 x 163 Réponse : v = 4.59 km/s = 16537 km/h = 85.4° rp 687 A spacecraft could never be launched to Mars on a straight-line trajectory, because by the time the spacecraft got there the planet Physics would be at a different point on its orbit. Escaping the pull of Earth Exercise 1 The first stage of any interplanetary voyage consists in escaping Earth’s gravity. To do this, the launcher has to inject the spacecraft (and its upper propulsion stage) into an intermediate “parking” orbit. The spacecraft must then be placed in an Earth-escape hyperbola with a certain infinite velocity (see figure). The last propulsion stage boosts the spacecraft’s velocity to put it on this hyperbolic trajectory. Question / Assume that the spacecraft and its upper propulsion stage are placed in a circular orbit at al altidude of 200 km. What speed at perigee (the point on the orbit closest to Earth) must the spacecraft reach to be placed on the escape hyperbola, with a modulus of velocity vȍ of 3 km/s (a typical hyperbola used to reach Mars)?

The velocity at perigee for a hyperbolic orbit is given by: 4 3 ȐT: Earth’s gravitational constant [3.98006.10 km /s2] vȍ: modulus of velocity [km/s] rp: perigee radius (perigee altitude + Earth radius [6,378 km]) [km] v velocity at perigee [km/s] rp: Answer: v = 4.59 km/s = 16,537 km/h rp

SUPPLÉMENT CNES MAG N°41 / AVRIL 2009 cnesmag Portrait Alain Gaboriaud, chef de projet des instruments français de MSL

UNE EXPÉRIENCE SI PASSIONNANTE QUE PLUSIEURS JEUNES REPARTENT “VERS UNE LICENCE PROFESSIONNELLE OU UNE ÉCOLE D’INGÉNIEURS PAR ALTERNANCE APRÈS LEUR BTS. POUR DEVENIR UN JOUR, À LEUR TOUR, CHEF DE PROJET ? ” Several of the students found the experience so stimulating that they are moving on to a vocational degree or engineering school. Maybe one day they will be project leaders, too. 9 0 0 2

, T L PROFILE: ENGINEER U A

M Alain Gaboriaud I R G

L Piecing together the rover replica E U

N Alain Gaboriaud, who is in charge A M of the French instruments on MSL, M E / S

E coordinated construction of a replica N C

of the MSL rover with 10 vocational © schools in the Midi-Pyrénées region. Profession ingénieur / After graduating from France’s ENSAE Chef d’orchestre aerospace engineering school (Supaéro), Alain Gaboriaud’s path crossed that of de la réplique du rover CNES very early on in his career. He soon took to his role interfacing between CNES Alain Gaboriaud, chef de projet des instruments français de MSL, a coordonné and its partners “because I was looking la réalisation de la maquette du rover construite par une dizaine d’établissements for an engineering challenge and to scolaires de BTS de la région Midi-Pyrénées. Il revient sur sa fonction de chef de projet experience a new culture,” he explains. That’s the sort of mindset you need to be Cursus classique au service planétologie/microgravité du CNES. a project leader. Today, Alain Gaboriaud is Baccalauréat S : project leader for science instruments on • Maths Sup, Maths SP ôt dans sa carrière, après un diplôme d’ingénieur de Sup aéro, les pas d’Alain planetary missions. His passion for planets École d’ingénieur (Doctorat) • Master 2 (Doctorat) Gaboriaud croisent le CNES, dont il ne quittera pratiquement plus le sillage. is obvious from the globe of Mars that sits • BTS ou IUT T proudly in his office. His counterparts Le rôle d’interface entre le CNES et d’autres structures (Astrium, Spot Image, labo- École d’ingénieur classique work in the United States, Japan, Europe ou en alternance ratoires du CNRS, DGA, etc.) l’emballe très vite, « pour découvrir une culture diffé- and Russia. But he also works with people rente et relever les défis technologiques ». Une telle tournure d’esprit est un atout nearer to home, like the group of Midi- Career path Baccalauréat S (science) pour un chef de projet qui se doit en outre de posséder de solides compétences trans- Pyrénées students who built the MSL * Maths preparatory replica. This project is a showcase for school verses pour comprendre les contraintes d’un projet en mécanique, thermique, élec- the space sector and a win-win proposition . 7

Engineering school 1 tronique, optique, programmation, assemblage, etc. Cette polyvalence, Alain for both parties: for CNES, which is 8 9 - 3

(PhD) 8 2

inspiring future careers in space, and for 1

Gaboriaud l’a acquise au fil du temps; elle lui vaut d’être aujourd’hui chef de projet N * Masters degree S S I

.

the students and teachers who are A I S

(PhD) : des instruments scientifiques pour des missions planétaires. Une passion qui se voit n o

learning what it’s like to work on a i

* Vocational college or s s e r jusque dans son bureau, où trône un globe martien, bien sûr! Ses interlocuteurs sont “real-life” project. As Alain Gaboriaud p polytechnic institute m I

. a g

Tradtional engineering stresses, “we wouldn’t have done things n o T

américains (avec MSL), japonais et européens (BepiColombo) et russes (Phobos : e

school course or t t

any different on an actual space project! e u q

alternating with Grunt). Ils viennent aussi de moins loin, comme ces étudiants de Midi-Pyrénées qui a M

At the end of the day, each piece -

r f vocational college course . s e

ont construit la réplique du rover de MSL. Ce projet, c’est un peu la vitrine idéale of the puzzle has to be ready on time and n c @ g has to fit with the other pieces, and we a m

du spatial. C’est aussi une première, dont chacun ressort gagnant: le CNES, qui s e n c

have to keep within budget.” This networked . s e l

transmet son savoir-faire et fait naître des vocations spatiales, les étudiants et leurs a i t

project also brought together students a p s

s

professeurs, qui découvrent les contraintes « grandeur nature » d’un tel projet. e from different horizons: “Being able to d u t é ’ d 9

l

0 work together and build dialogue is vital.” a

Car Alain Gaboriaud le souligne: « On n’aurait pas procédé différemment dans le n 0 o i 2 t

a , n

D e r

spatial! On a découpé ce projet en plusieurs morceaux, puis fixé un planning. Au final, t U n e A (N.D.L.R. nos remerciements vont à/ C Editor’s note: we would like to R u I d

P il faut que chaque morceau du puzzle arrive au bon moment et s’ajuste avec les Jean-Paul Castro et Yves Darbarie, professeurs de physique et SVT e

thank n r É e t V , Michel Vauzelle, professeur x

physics and life science teachers e R

n E autres, et que le budget soit respecté. » Par ailleurs, ce projet en réseau a fait se o

chargé de mission auprès du CNES , Marc i CNES teaching advisor t H a / c i S

Rubaud, inspecteur d’académie IPR , Régis Bertrand et n E

schools inspector u

rencontrer des étudiants aux profils différents: « Savoir travailler et dialoguer m N

Francis Rocard du/ CNES et Sylvestre Maurice du/ CERS/OMP pour leur m

at at o C C

© précieuse collaboration ) ensemble, c’est essentiel. » for their invaluable assistance. G A M S E

SUPPLÉMENT CNES MAG N°41 / AVRIL 2009 N C