"Bébel, on t'aime!" : acclamé par des

milliers de fans et applaudi par les

photographes de presse au pied des

marches, Jean-Paul Belmondo a reçu une

Palme d'Or pour l'ensemble de sa

carrière, mardi soir, à l'occasion d'un

émouvant, mais joyeux hommage rendu par

le Festival de Cannes. Tout sourire,

l'interprète du Magnifique, du

Professionnel de L'As des As ou de

100.000 dollars au soleil, était entouré de

la "bande à Bébel" de toujours (Marielle,

Rochefort, Vernier, les copains du

1

Conservatoire, et aussi Charles Gérard,

Guy Bedos, , Claude

Lelouch, etc.). La jeune génération était

représentée par Albert Dupontel, Samy

Naceri, Richard Anconina, les cinéastes

Xavier Beauvois et Michel Hazanavicius.

"Je suis très ému par cette Palme qui me

va droit au coeur. Je veux remercier tous

ceux qui sont ici, ceux que je connais et

ceux que je ne connais pas. Un grand merci

du fond du coeur !", a dit Bébel, 78 ans,

visiblement très ému. S'en est suivie une

longue ovation debout dans le Palais des

2

Festivals où a été projeté ensuite un

documentaire inédit sur sa carrière signé

Vincent Perrot et Jeff Domenech, diffusé

simultanément sur la chaîne de télévision

France 2. Pour Gilles Jacob, le président

du Festival et le délégué général Thierry

Frémaux, "l'étendue du registre de Bébel,

le charisme de sa personnalité, la précision

de son jeu, la gouaille de ses propos,

l'aisance de son allure en ont fait avec

Jean Gabin et Michel Simon, l'un des plus

grands comédiens français de tous les

temps". Sur la musique du Professionnel

3

signée Enio Moriccone, Bébel, au bras de

sa compagne Barbara Gandolfi, a reçu dès

sa descente de voiture les acclamations de

la foule des grands soirs.

A l'applaudimètre, Bébel a même fait

mieux que Mel Gibson qui avait foulé le

tapis rouge une heure plus tôt. Fait

inattendu et exceptionnel, les 240

photographes de presse ont longuement

applaudi Bébel. "Je n'ai pas le souvenir

d'un tel hommage", a dit à l'AFP Gilles

Jacob. Une bonne partie du cinéma

français l'a rejoint pour une autre

4

séquence émotion, dont Nicole Calfan,

Georges Lautner, Claude Pinoteau, Jean-

Paul Rappeneau, , Danièle

Thompson, la fille de Gérard Oury, le

cascadeur Rémy Julienne, Rachid Ferrache

qui interprétait l'enfant dans L'As des As,

mais aussi l'actrice américaine Faye

Dunaway. S'appuyant sur une béquille en

raison des séquelles de son accident

vasculaire de 2001 et soutenu par sa

compagne, Jean-Paul Belmondo a rejoint

sous de nouvelles acclamations la scène où

Gilles Jacob lui a remis une "Palme d'or à

5

la carrière", distinction décernée par le

passé à Jeanne Moreau, Catherine

Deneuve, Clint Eastwood et Gérard Oury.

Depuis 1960, Jean-Paul Belmondo a été six

fois en compétition à Cannes avec

Moderato Cantabile de Peter Brook

(1960), 100.000 dollars au soleil d'Henri

Verneuil (1964), La Viaccia de Mauro

Bolognini (1961), La Ciociara de Vittorio De

Sica (1962), Les Mariés de l'an II de

Jean-Paul Rappeneau et Stavisky d'Alain

Resnais (1974). Pour ,

Bébel est un "phénomène". Pour Albert

6

Dupontel, "c'est l'Arc de Triomphe et la

Tour Eiffel réunis, un trésor national

comme au Japon".

7

Belmondo rencontre Carné :

D'abord photographe puis assistant

opérateur pour Jacques Feyder, Marcel

Carné réalise en 1929 son premier court

métrage 'Nogent, eldorado du dimanche',

documentaire poétique sur les guinguettes.

Journaliste et critique, il est l'assistant

de René Clair pour 'Sous les toits de

Paris'. De sa rencontre avec Jacques

Prévert naît en 1936 son premier long

métrage 'Jenny'. Si leur film suivant,

8

'Drôle de drame' n'est pas compris, il

scelle le tandem pour dix ans. Avec 'Quai

des brumes', 'Hôtel du Nord' ou 'Le jour

se lève', Carné s'impose comme un

réalisateur d'envergure, à la portée

populaire. C'est l'apogée du 'réalisme

poétique' initié par Jean Vigo. Les plus

grands acteurs donnent vie aux mots de

Prévert : Jouvet, Gabin, Morgan, Pierre

Brasseur, Michel Simon... Ses films

illustrent un certain pittoresque parisien,

souvent copié depuis, et qui tient en un

mot dans la bouche d'Arletty :

9

atmosphère. Si 'Les enfants du paradis'

tourné en 1943, reste son plus grand

succès, il produira par la suite des films

aussi distincts que 'Les visiteurs du soir',

'Thérèse Raquin' ou 'Les tricheurs' .

Comédie de mœurs d'une bande

10

d'étudiants Parisiens aisés de la fin des

années 1950, entre rive gauche de Saint-

Germain-des-Prés et rive droite du 16e

arrondissement de Paris. Bob vient

d'apprendre qu'il a obtenu sa licence, et

plutôt que d'accompagner ses amis qui

vont fêter leur succès, il reste seul et se

remémore les récents événements qui ont

marqué sa vie. Cela commence par la

rencontre chez un disquaire d'Alain, qui

vient d'abandonner Normale Sup, et qui vit

dans la bohème, au crochet des fils de

riches...

11

Anecdotes : Premier film et 1er rôle à

succès pour Jacques Charrier qui lui valut

la célébrité et a lancé sa carrière en

France.

Jean-Paul Belmondo et Jacques Perrin,

encore pratiquement inconnus, jouent de

petits rôles, ceux de jeunes du groupe.

Belmondo avait été envisagé par Marcel

12

Carné pour le rôle d'Alain, finalement

dévolu à Laurent Terzieff, le réalisateur

trouvant à Belmondo « un aspect un peu

trop gouape à [son] gré pour jouer un

philosophe, même de pacotille ».

Souhaitant tout de même aider Belmondo

à travailler, Carné lui a confié le rôle de

l'un des acolytes d'Alain, rôle secondaire

mais qui lui permettait d'être présent de

manière régulière tout au long du film. Le

réalisateur ayant mis longtemps à se

décider entre les deux comédiens,

Belmondo lui voua ensuite, selon ses dires,

13

une certaine rancune durant le tournage.

Belmondo a pour sa part démenti en avoir

voulu à Carné.

14

Belmondo rencontre Brook

Né à Londres en 1925, Peter Brook est

l'un des metteurs en scène britanniques

les plus brillants et respectés pour sa

contribution au théâtre, dont les

productions ont été remarquées par leurs

aspects iconoclastes et leurs envergures

internationales. Sa passion pour la scène

remonte à son plus jeune âge, lorsqu'il se

15

met lui-même en scène à l'âge de sept ans

dans Hamlet, en jouant devant sa famille.

Après ses études à Oxford, il passe

rapidement à la mise en scène pour la

Royal Shakespeare Academy, avec Peine

d'amour perdu (1946) ou encore Mesure

pour mesure (1950). En 1953, il réalise son

premier film : The Beggar's Opera, dans

lequel il dirige une légende du théâtre et

du 7e Art, Laurence Olivier.

En 1962, Peter Brook est nommé directeur

de la Royal Shakespeare Company, poste

qu'il occupera durant vingt ans. L'année

16

suivante, il souhaite adapter le roman de

William Golding, devenu un classique de la

littérature : Sa Majesté des mouches.

L'inexpérience de l'équipe du film

n'empêche pas l'oeuvre, en lice pour

l'Ours d'Or au Festival du film de Berlin,

de connaître un grand succès en salles.

Décloisonnant les genres, le cinéaste met

souvent en scène des pièces ou des

fictions au théâtre qu'il adapte ensuite au

cinéma. C'est le cas en 1966 de Marat-

Sade, pour lequel il remporte le Tony

Award du Meilleur réalisateur à Broadway.

17

En 1971 à Paris, il fonde le "Centre

International de Recherche Théâtral"

(CIRT), lequel devient lors de l'ouverture

du Théâtre des Bouffes du Nord, le

"Centre International de Créations

Théâtral" (CICT). Son immense

contribution pour le théâtre, britannique

en particulier, est récompensée en 1983

par le prestigieux Laurence Olivier

Theatre Award for Outstanding

Contribution.

Avec La Tragédie de Carmen, une

adaptation de l'opéra de Bizet, Peter

18

Brook signe sa première collaboration avec

le scénariste Jean-Claude Carrière. Ils

travaillent à nouveau ensemble sur Le

Mahabharata (1988), un projet

pharaonique qui raconte la douloureuse

naissance du monde d'après l'un des

textes fondateurs de l'Hindouisme,

composé de 100 000 stances divisées en

18 chapitres. D'abord monté pour le

théâtre, l'oeuvre est ensuite adaptée au

cinéma dans une version de 3h, et plus de

5h pour la télévision.

19

Dans une ville portuaire, une jeune mère

bourgeoise, Anne Desbaresdes, rencontre

un ancien ouvrier de l'usine que gère son

mari. Par le biais de conversations entre

oisifs, qui s'étirent lors de fins d'après-

midi dans un café, Anne confronte sa vie

rangée à une passion basée sur un idéal

20

développé tout au long du film. Le récit

s'ouvre en effet sur un meurtre

passionnel sur lequel l'héroïne va

ressasser des questions nécessairement

sans réponse.

Anecdotes : D’après le roman éponyme de

Marguerite Duras, Peter Brook met en

scène une histoire d’amour atypique tout

en brossant le portrait d’une femme dont 21

le désir se réveille. Peter Brook disait :

"Le mouvement du film est violent parce

qu’on voit une femme commencer dans un

état et finir dans un autre ; entre-temps,

elle passe par toutes les passions et

toutes les émotions humaines..." Il ajoutait

avoir eu besoin de la "première grande

comédienne contemporaine" qui devait

être en transe, littéralement possédée..."

(Jean-Claude Moireau) Jeanne Moreau a

reçu pour Moderato Cantabile le Prix

d’interprétation féminine au Festival de

Cannes en 1960.

22

Belmondo rencontre Sautet

Claude Sautet a étudié le cinéma à l'Idhec

(aujourd'hui La Fémis). Il débute sa

carrière cinématographique en tant que

réalisateur en 1951 avec un court-métrage

et un long-métrage quatre ans plus tard,

Bonjour sourire (avec Henri Salvador,

23

Louis de Funès et Jean Carmet), qu'il

reniera. Il connaîtra un succès en 1960

avec Classe tous risques avec Lino Ventura

(avec qui il collaborera une deuxième fois

en 1965 pour L'Arme à gauche) et Jean-

Paul Belmondo comme interprètes

vedettes. Mais il décide de changer de

style en réalisant en 1969 Les Choses de la

vie avec Michel Piccoli et Romy Schneider.

Le succès de ce film l'encourage à

persévérer dans la voie des films de genre

dramatique sauf Max et les ferrailleurs

avec le duo Piccoli/Schneider, film

24

policier. Il a tourné de grands films tels

que César et Rosalie, Vincent, François,

Paul... et les autres, Une histoire simple,

Un mauvais fils, Garçon !, Un cœur en hiver

avec Daniel Auteuil, Emmanuelle Béart et

André Dussollier et son dernier film Nelly

et Monsieur Arnaud, pour lequel Michel

Serrault reçoit le César du Meilleur

Acteur en 1996. Il fut aussi scénariste de

films comme Les Yeux sans visage, La Vie

de château et Borsalino. Il est enterré au

cimetière du Montparnasse.

25

Gangster condamné à mort par contumace

et recherché par la police, Abel Davos

s'est réfugié en Italie avec sa femme

Thérèse et ses deux enfants. Mais après

un coup avec son ami Raymond, sur le point

d'être retrouvé, il doit rentrer

clandestinement en France. En débarquant

26

sur une plage déserte, deux douaniers les

surprennent, provoquant une fusillade

tuant Thérèse et Raymond. Resté seul

avec ses enfants, Abel fait appel à ses

amis Riton et Fargier, à Paris pour venir

les chercher à Nice, qui ne peuvent venir

eux-mêmes mais lui envoient un homme

sûr, Éric Stark, avec une ambulance. Davos

se lie d'amitié avec le jeune homme, qui le

cache dans une chambre de bonne de son

immeuble...

27

Anecdotes : Le film a fait 1 725 000

entrées en France. L'année 1960 est celle

de la consécration Jean-Paul Belmondo : en

effet, la même année, fut sorti le film

emblématique de la Nouvelle Vague À bout

de souffle, tourné peu de temps avant

Classe tous risques, qui le fit connaître.

"Réalisation nerveuse, violente, donnant

aux personnages beaucoup de relief et de

vie, et à chaque scène une authenticité qui

fait tout l'intérêt du film, et qui sauve de

la banalité un scénario conventionnel."

"Très inspiré par le cinéma noir américain,

28

Sautet, pour son premier film assumé,

réalise une œuvre nette, directe, au

rythme soutenu, avec deux truands

mythiques ; Davos, le vieux routier, et

Stark, le jeune voyou. Deux acteurs

superbes dans un film classique, mais

nerveux.

29

Belmondo rencontre Ophuls

Il réalise en 1969 Le Chagrin et la Pitié, un

documentaire d'investigation sur

l'occupation allemande et le régime de

Vichy entre 1940 et 1944, qui ne sera

autorisé à la télévision qu'après l'arrivée

de la gauche au pouvoir en 1981. Le film

sera nommé aux Oscars dans la catégorie

du meilleur film documentaire. Le cinéaste

30

gagnera la précieuse statuette dix-sept

ans plus tard avec Hôtel Terminus : Klaus

Barbie, sa vie et son temps.

Il est élu membre de l'Académie des arts

de Berlin en 1984.

En janvier 2012, il est nommé commandeur

de l'ordre des Arts et des Lettres.

31

Cathy veut venger son père en dépouillant

Bontemps & Lachard, les deux ex-associés

véreux de celui-ci dont ils ont causé la

ruine. Elle fait appel pour cela à deux

spécialistes, « Charlie Beau Sourire » et «

Reynaldo » ainsi qu’à son ex-mari, Michel.

Le quatuor retrouve d’abord Bontemps et

leur intelligent stratagème entraîne

rapidement la ruine de ce dernier. Puis

Cathy, préférant ne partager la part du

gâteau qu’avec Michel, dont les sentiments

amoureux se réveillent, sème

astucieusement ses complices Charlie et

32

Reynaldo.

Les deux tourtereaux vengeurs retrouvent

ensuite, sur la Côte d’Azur, la trace du

deuxième coupable, Lachard. En mettant la

main sur celui-ci, quelle n’est pas leur

surprise de découvrir qu’il est toujours

acoquiné avec le « vrai Bontemps. » Ils se

sont trompés en escroquant le « premier

Bontemps » qui n’était qu’un innocent

homonyme. Ils s’empressent de réparer

leur bévue en remboursant leur victime et,

en revanche, réussissent admirablement à

causer la ruine des authentiques escrocs «

33

Bontemps & Lachard ». Les aventures de

Cathy et Michel ne s’arrêtent pas là, car

les voilà à présent aux prises avec leurs

deux ex-complices Charlie et Reynaldo qui

ont, eux aussi, retrouvé leur trace et

réclament leur part sans plus attendre…

Anecdotes : En digne successeur de son

père Max Ophüls, Marcel Ophüls livre une

34

comédie finement ciselée réunissant à

nouveau le couple vedette Moreau-

Belmondo déjà protagoniste du dramatique

et durassien Moderato cantabile de Peter

Brook (1960).

Au début des années 1960, Jean-Paul

Belmondo vint par deux fois à Martigues

lors des tournages des premiers longs

métrages de fiction des fils de deux

talentueux réalisateurs. En 1961, il est en

compagnie de Pierre Vaneck dans les

garrigues martégales pour les scènes du

déminage dans le dramatique Un nommé La

35

Rocca réalisé par Jean Becker tandis qu’en

1963 il se retrouve sur un quai du centre-

ville pour quelques plans de la comédie

Peau de Banane réalisée par Marcel

Ophüls. Deux productions franco-

italiennes filmées en noir et blanc par des

fils qui, en dignes héritiers de leurs pères,

deviendront également de talentueux

cinéastes.

36

Belmondo rencontre Baratier

Jacques Baratier est un réalisateur

français né le 8 mars 1918 à Montpellier,

mort le 27 novembre 2009 à Antony . On

lui doit notamment d'avoir révélé Omar

Sharif au cinéma. Il avait obtenu le Prix

international du Festival de Cannes en

1958. Sous l'impulsion de son banquier de

père, le jeune Jacques Baratier

entreprend des études de droit qu'il suit

37

sans conviction jusqu'à la licence en 1938.

Jeune homme, il se passionne déjà pour la

littérature et la peinture. Les amitiés de

son père lui font fréquenter les cercles

littéraires de l'époque. Quand la seconde

guerre mondiale éclate, Baratier est en

train d'effectuer son service militaire

dans l'aviation et il décide de s'engager au

Maroc. A la Libération, à Paris, il

fréquente le quartier de Saint Germain

des Près et commence à nouer les amitiés

qui vont être décisives pour son avenir et

son oeuvre, il rencontre notamment les

38

poètes Gabriel Pomerand et Olivier

Larronde, ou encore Jacques Besse et

Boris Vian. Quelques années plus tard, il

repart en Afrique du Nord avec le projet

de devenir peintre. Mais dans le Sahara

algérien, il croise une équipe de cinéma,

celle de René Chanas, qui tourne

L'Escadron blanc. Il se fait engager

comme figurant, puis assistant réalisateur.

Cette première rencontre avec le cinéma

lui inspire un scénario qui devient en 1948

un court-métrage, Les Filles du soleil, sur

la vie des tribus berbères.

39

Anecdotes : Guy Bedos rencontre Sophie

Daumier en 1963 sur le tournage de

Dragées au poivre. Deux ans plus tard, ils

se marient et le duo fait un tabac sur

scène. À cette époque, elle le surnomme «

le général ».

40

Belmondo rencontre Malle

Issu d'une famille bourgeoise, Louis Malle

grandit entouré de six frères et soeurs.

En 1939, sa famille déménage à Paris. Il

entre au collège jésuite Saint-Louis de

Gonzague. Puis il fait des études

commerciales, Sciences Politiques et

intègre l'Idhec. Avant la fin de sa

deuxième année, il remplace un ami comme

41

assistant du commandant Cousteau à bord

de la " Calypso " et coréalise Le Monde du

silence en 1955. Quatre ans plus tard, il

assiste Robert Bresson pour Un condamné

à mort s'est échappé. Cinéaste intimiste

et révolté, Louis Malle a échappé, dès son

premier film, Ascenseur pour l'échafaud

(1957) aux distinctions entre Nouvelle

Vague et cinéma moderne. Pourtant, Les

Amants (1958) qui, avec Jeanne Moreau et

Jean-Jacques Bory, dresse le portrait

d'une bourgeoise acculée à l'adultère par

sa passion pour un jeune étudiant, est

42

considéré comme un des fleurons. Les

scènes d'amour osées pour l'époque

choquent, mais le film convainc. Zazie dans

le métro (1960), adapté d'un roman de

Raymond Queneau, se pose comme

résolument anticonformiste et

impertinent, à la fois par son ton et sa

forme éclatée. Vie privée (1961) tente de

démystifier l'image de Brigitte Bardot

mais atteint le résultat inverse. Le Feu

follet (1963) d'après Pierre Drieu La

Rochelle aussi bien que Le Voleur (1966)

avec Jean-Paul Belmondo explorent le

43

thème de l'autodestruction et de

l'anarchisme avec une rare intensité.

Inspiré de son expérience personnelle, Le

Souffle au coeur (1970) recrée une fois

de plus un univers bourgeois pour

s'attaquer au tabou de l'inceste entre une

mère et son fils. Puis Louis Malle réalise

Lacombe Lucien (1973), ou comment un

milicien s'éprend d'une jeune juive et la

sauve de la déportation. Scandale et

incompréhension : Louis Malle part aux

Etats-Unis où il tourne désormais dans un

meilleur climat. Sujet toujours brûlant, La

44

Petite (1978), sur la prostitution

enfantine, dénonce la domination de

l'enfant par l'adulte. Après Atlantic city

(1979), noir mais décalé, avec Burt

Lancaster dans le rôle d'un vieux gangster

dépassé par les événements, Louis Malle

dédie à ses propres enfants un autre film

sur l'impuissance enfantine face à la

violence et à l'hypocrisie du monde adulte.

C'est Au revoir les enfants (1987), son

chef-d'oeuvre, qui met en scène

l'arrestation d'un enfant juif dans son

collège, tragédie dont Louis Malle fut le

45

témoin sous l'Occupation et qui lui arrache

cette confession : " Depuis, je n'ai jamais

pu m'enlever de l'idée que nous étions

tous, moi comme les autres, un peu

coupables de sa mort. " (Le Monde, 1987.)

Après My Dinner with André (1982),

conversation sur la créativité adaptée

d'une pièce de Wallace Shawn, Louis Malle

réalise Milou en mai (1989) puis Vanya 42e

rue (1994).

46

Une nuit, Georges Randal, alors qu'il

cambriole une villa, repense à sa carrière

de voleur. Orphelin sous la tutelle de son

oncle, il revient à Paris une fois ses études

terminées, où il pense épouser Charlotte,

sa cousine. Ne l'attendent que ses

désillusions : l'oncle a détourné sa fortune

47

et sa cousine est promise à un autre. Lors

de la soirée des fiançailles, par dépit et

par vengeance, il vole des bijoux et

s'enfuit. Charlotte connaît l'identité du

voleur, mais ne dit rien. Dans le train qui

l'en éloigne, il retrouve l'abbé La Margelle

rencontré lors de la soirée, qui, outre son

sacerdoce, dirige une bande de truands, à

Bruxelles. Les activités parallèles de

l'abbé sont destinées à aider les

missionnaires en Chine. Il présente

Georges à Roger la Honte, cambrioleur

émérite qui devient son professeur. À

48

mesure que son expérience et sa

renommée s'affirment, il devient une

figure importante des milieux interlopes.

À l'occasion d'une réunion politique à

Dieppe, il rencontre Canonnier, un

anarchiste qui s'est évadé du bagne de

l'île du Diable. Ce dernier lui fait part de

ses convictions et lui propose un coup

fabuleux, mais au moment où il quitte la

réunion, Canonnier est reconnu par des

agents et tué. Charlotte rejoint Georges à

Londres et devient sa maîtresse. À la mort

de l'oncle félon, Georges, aidé de l'abbé

49

La Margelle qui rêve maintenant de

s'installer en Chine, fabrique un faux

testament qui le désigne comme cohéritier

de toute sa fortune, avec Charlotte.

Anecdotes : Louis Malle s'est librement

inspiré du livre de Georges Darien,

romancier engagé contre le

parlementarisme, le cléricalisme, le

50

militarisme, le colonialisme, etc. Le

cinéaste en fait une lecture toute

personnelle en s'identifiant au personnage

de Randal. Il a lui-même noté ces points

communs : même origine sociale, même

révolte contre la bourgeoisie

conservatrice, même désir de rupture et

de destruction. Le Voleur n'est pas qu'un

film d'aventure, c'est aussi une réflexion

sur le pouvoir et l'argent. De son côté,

Jean-Paul Belmondo déclare à propos de

son rôle : «Il devient voleur d'abord par

dépit puis le reste par plaisir»

51

Belmondo rencontre Enrico

Diplômé de l’IDHEC en 1951 (section

réalisation), il se consacre d’abord au

montage et à la réalisation de courts-

métrages commandés par des entreprises

« Je me souviens avoir connu François de

Roubaix au tout début de ma carrière. Je

travaillais alors comme monteur et

assistant réalisateur sur des courts

métrages de commande réalisés par

Marcel Ichac dont le producteur exécutif

52

était Paul de Roubaix. François

s'intéressait beaucoup à ces tournages et

se trouvait toujours là pour suivre la

fabrication et l'évolution de ces petits

films. Il était réellement passionné par les

techniques de l'image. Par la suite, son

père m’a proposé la réalisation d’un

premier film : L’Or de la Durance. Il a

présidé l’Académie des arts et techniques

du Cinéma, la Société des réalisateurs de

films, la Commission SACD du cinéma et la

Fédération européenne des réalisateurs

audiovisuels.

53

54

Belmondo rencontre Truffaut

Fervent critique du cinéma académique et

défenseur d'un art personnel et sincère,

François Truffaut n'a que 15 ans lorsqu'il

fonde un ciné-club, mais sa vie de bohème

le conduit en maison de redressement. Sa

rencontre avec André Bazin en 1950 est

alors décisive : le critique de cinéma

l'engage d'abord dans la revue Travail et

55

Culture, puis le sauve quelques années plus

tard de l'armée, que le jeune homme avait

intégrée avant de déserter. Revenu à

l'écriture dans les Cahiers du cinéma en

1953, François Truffaut s'essaie derrière

la caméra. Après son court métrage 'Une

visite' (1954), il devient assistant

réalisateur de Roberto Rossellini jusqu'à

tourner son premier film, 'Les Mistons'

(1957). Mais c'est sans compter sur 'Les

400 Coups' (1959), 'Tirez sur le pianiste'

(1960) ou 'Jules et Jim' (1962), qui lui

offrent une immense notoriété et laissent

56

présager de l'apparition d'un courant

cinématographique majeur dont il sera l'un

des réalisateurs les plus emblématiques :

la Nouvelle Vague. S'il s'octroie quelques

détours aux Etats-Unis - de la réalisation

de 'Fahrenheit 451' (1966) au tournage

comme acteur de 'Rencontres du 3e type'

(1977) de Spielberg, sans oublier ses

entretiens avec Hitchcock publiés dans un

ouvrage -, le réalisateur privilégie la

France. Sa riche filmographie - 25 films

en moins de 30 ans -, dans laquelle il joue

parfois quelques rôles, compte notamment

57

'La mariée était en noir' (1968), 'La Nuit

américaine' (1973), ou encore 'Le Dernier

Métro' (1980) - film pour lequel il obtient

les César du meilleur film et du meilleur

réalisateur. Surnommé 'L' Homme qui

aimait les femmes' et souvent amoureux

de ses propres actrices, le cinéaste

rencontre Fanny Ardant, qu'il filme

notamment dans 'Vivement Dimanche !'

(1983) peu avant de décéder. L'oeuvre de

François Truffaut, riche et fondatrice,

reste l'une des plus grandes références

du 7e art français.

58

Louis Mahé, un Français de La Réunion se

marie grâce à une petite annonce à Julie

Roussel. Quand celle-ci arrive à La Réunion

à bord du Mississipi, Louis ne la reconnaît

pas. Elle lui avoue lui avoir envoyé une

fausse photo. Louis trouve le mensonge

charmant et épouse Julie. Celle-ci

59

disparaît avec tout son argent. Berthe, la

sœur de Julie découvre que Louis n'a pas

épousé sa soeur. Louis engage alors un

détective privé, Comolli, pour retrouver sa

femme. Il la retrouve de lui-même en

France et découvre qu'elle s'appelle

Marion. Elle lui avoue la supercherie et

l'apitoie sur son sort. Louis tombe alors

amoureux de Marion mais le détective

privé qu'il avait lui-même engagé retrouve

à son tour la trace de Marion. Pour

protéger sa bien-aimée, il décide de tuer

lui-même le détective.

60

Anecdotes : Dans le rôle de la femme

pernicieuse et prompte à tuer, Catherine

Deneuve livre une grande performance,

n'éprouvant que peu de scrupules face au

cadavre de Comoli. Alors, est-elle une

pousse au crime ou une véritable

meurtrière qui se joue de son mari jusqu'à

l'empoisonner sans manifester une

quelconque émotion ? Le film ne nous livre

61

que peu d'indices mais l'absence filmée du

premier meurtre peut pousser les

spectateurs les plus méfiants à opter pour

le second choix. Belmondo, quant à lui,

livre une composition loin de ses rôles

lisses de héros. Son personnage est celui

d'un empoté, prisonnier de ses principes

et de son envie d'être amoureux. Tous les

détails que l'acteur exécute montrent un

anti-héros, conscient de sa valeur – au

début du film, il est un industriel très

riche – et qui enrage si ses habitudes sont

modifiées. Au final, on découvre un

62

personnage conformiste, convaincu par des

niaiseries – sa tirade sur « les femmes

dans les aéroports » en est une

manifestation –, prêt à tuer au nom de ses

principes. Beaucoup de passages sont

révélateurs de sa façon de penser :

lorsque sa femme est à ses côtés dans la

rue, il faut qu'elle lui donne le bras ; quand

il va vendre ses parts à son associé, il

commente son malheur en lui déclarant :

«Vous n'êtes pas de cette race», comme

s'il croyait appartenir à une élite, alors

qu'il n'a plus rien.

63

Belmondo rencontre Chabrol

Projectionniste dans un petit village de la

Creuse, Claude Chabrol participe d'abord

aux Cahiers du cinéma en tant que critique

avant de fonder une société de

production, avec Jacques Rivette, qu'il

finance grâce à son mariage avec une jeune

héritière. En 1958, il réalise son premier

64

long métrage, 'Le Beau Serge' : le film

s'intègre parfaitement à la Nouvelle

Vague. Bien que très productif, ses films

suivants tels que 'Les Bonnes Femmes'

n'enthousiasment pas les spectateurs.

C'est à la fin des années 1960, avec des

parodies telles que 'Le Tigre aime la chair

fraîche', sur lequel collabore sa

coscénariste et deuxième femme

Stéphanie Audran, que Claude Chabrol

rencontre enfin le succès. A la fin des

années 1970, le réalisateur rencontre

Isabelle Huppert, qui incarnera nombre de

65

personnages 'chabroliens'. Ses films

traitent de ses thèmes de prédilection,

auxquels il accorde la même importance

depuis le début de sa carrière : la

Provence, l'étude des moeurs bourgeoises

et l'hypocrisie qui en découle. Deux de ses

réalisations, 'Une affaire de femmes' et

'La Cérémonie', lui valent d'être nominé

aux Césars en 1988 et 1995. Passionné, il

ne cesse de multiplier les projets, et sort

encore 'La Fleur du mal', qui rencontre un

franc succès en 2003, 'L' Ivresse du

pouvoir' - inspiré d'un événement qui

66

défraya la chronique, l'affaire Elf - ou 'La

Fille coupée en deux' en 2007. Réalisateur

emblématique, Claude Chabrol a su se

créer un univers unique et s'imposer

comme une figure majeure du 7e art à la

française.

67

Paul Simay, étudiant en médecine, épouse

Christine, une jeune femme pas très belle

et maladroite. Son père est directeur de

clinique.

Christine est heureuse malgré les

nombreuses aventures de Paul avec ses

maîtresses. Mais un accident de voiture le

rend paraplégique et impuissant. Il se

remémore son passé de coureur de jupons,

de sa prédilection pour les femmes laides

qui lui fit longtemps préférer Christine à

sa jolie sœur Martine...

68

« J’en ai assez d’être aimé pour moi-même,

j’aimerais être aimé pour mon argent. »

69

Belmondo rencontre Giovanni

José Giovanni, pseudonyme de Joseph

Damiani, était un écrivain, un scénariste,

un dialoguiste, et un réalisateur d'origine

corse, naturalisé suisse, né à Paris

(France) le 22 juin 1923 et mort à

Lausanne (Suisse) le 24 avril 2004 d'une

hémorragie cérébrale.

70

Ancien repris de justice et condamné à

mort, il puisa souvent son inspiration dans

ses expériences personnelles ou dans des

personnages réels comme par exemple

Abel Danos (dit "le Mammouth") et

Raymond Naldi dans Classe tous risques

pour composer ses intrigues policières

sans jamais révéler la réalité de son passé

lié à la collaboration. Dans ses films aussi

bien que dans ses romans, il se fait le

chantre de la pègre et sa mythologie :

amitiés viriles, code de l'honneur, fidélité

et trahison, vengeances et confrontation

71

de l'individu avec la nature.

Ses romans noirs à succès le conduisent

vers le cinéma et, en 1959, Jacques

Becker lui propose d'être conseiller

technique et scénariste pour l'adaptation

de son roman le Trou. C'est le début d'une

carrière cinématographique très riche au

cours de laquelle il sera tour à tour

auteur, acteur, réalisateur, scénariste et

qui l'amène à laisser un peu de côté son

œuvre littéraire.

En 1995, il revient à l'écriture et consacre

à la mémoire de son père un ouvrage, Il

72

avait dans le cœur des jardins

introuvables, qu'il adaptera ensuite au

cinéma avec Bruno Cremer.

José Giovanni a écrit vingt romans, deux

livres de souvenirs dont Mes Grandes

Gueules, trente-trois scénarios et a

réalisé quinze films et cinq téléfilms.

À la fin de sa vie, il consacrait une partie

de son temps à visiter en prison de jeunes

délinquants et à les encourager à se

réinsérer.

73

Marseille, 1934. Xavier Saratov est en

prison pour un meurtre que Jeannot

Villanova, le patron de la pègre

marseillaise, lui a fait endosser en mettant

un cadavre dans sa voiture. Geneviève, sa

sœur, et son ami Roberto Borgo,

surnommé la Scoumoune parce qu'il porte 74

malheur à ses ennemis en dégainant et en

tirant plus vite qu'eux, tentent de prouver

son innocence. Xavier est condamné à vingt

ans de prison. Roberto élimine plusieurs

tueurs de la pègre et finit même par

abattre Villanova, dont il prend aussitôt la

place à la tête du milieu. À la suite d'une

bagarre où il est blessé, Roberto est

condamné à quinze ans et se retrouve dans

la même prison que Xavier. Après des

tentatives infructueuses d'évasions arrive

la guerre. Tous les deux demandent à être

engagés dans l'armée, mais sans succès.

75

Par contre, à la Libération, on leur propose

contre une remise de peine, un travail de

déminage sur les plages que les Allemands

avaient truffés de mines et où se trouvent

aussi des bombes américaines. Xavier, en

tentant de dégager une de ces bombes, y

perd un bras.À leur libération, Xavier

n'arrive pas à se réintégrer à la vie civile.

Il se fera tuer dans un affrontement avec

de jeunes truands qui voulait enlever sa

sœur. Roberto promet à celle-ci de se

venger...

76

Anecdotes :

Box-office : 1 975 895 entrées.

Le roman de José Giovanni, L'excommunié,

avait déjà été adapté au cinéma par Jean

Becker en 1961 sous le titre Un nommé La

Rocca (déjà avec Jean-Paul Belmondo dans

le rôle de « Roberto »). José Giovanni,

n'étant pas satisfait du film bien qu'il en

77

ait été le dialoguiste, a tourné ensuite sa

propre adaptation, en reprenant Jean-Paul

Belmondo dans le rôle principal.

Un type parlant à un autre à qui on a

amputé un bras :

- Tu as eu de la chance, ça aurait pu être

le bras droit !

- J'étais gaucher !

78

Belmondo rencontre Resnais

Passionné de bandes dessinées, de

photographie et de littérature, Alain

Resnais envisage, dans un premier temps,

de devenir libraire. Mais fasciné par le

monde du spectacle, il s'inscrit au cours

Simon dès son arrivée à Paris, puis intègre

l'IDHEC en 1943. Si, à l'âge de 13 ans il

réalise son premier court métrage en 8

79

mm, ce n'est qu'à partir de 1946 qu'il se

consacre uniquement au septième art. Ses

premiers courts métrages portent sur des

peintres, notamment le très remarqué

'Van Gogh', mais c'est avec le

documentaire 'Nuit et brouillard' sur les

camps de concentration nazis qu'il est

révélé au grand public. Son premier long

métrage, 'Hiroshima mon amour' le

consacre, et il ne cessera plus de tourner :

'L' Année prochaine à Marienbad' (1961),

'Je t'aime, je t'aime' (1968), 'L' Amour à

mort' (1984). .. Alain Resnais, engagé à

80

gauche, comme ses amis de la Nouvelle

Vague, réalise aussi des films d'ordre

moral ou politique : 'Muriel' (1963), 'La

Guerre est finie' (1966), 'Mon oncle

d'Amérique' (1980). .. A partir des années

1980, on le retrouve dans des films plus

ludiques comme 'Smoking / No Smoking'

(1993), ou 'On connaît la chanson' (1998).

En 2003, il revisite l'opérette en réalisant

'Pas sur la bouche' avec Sabine Azéma et

Audrey Tautou. Après 'Coeurs' en 2006,

le cinéaste foule la Croisette après 19 ans

d'absence pour présenter 'Les Herbes

81

folles' en compétition au Festival de

Cannes 2009. Le jury, présidé par Isabelle

Huppert, ne manque pas de célébrer le

réalisateur en lui remettant un prix

Spécial du jury pour l'ensemble de sa

carrière. Depuis la Nouvelle Vague, entre

drames, comédies (et même le

fantastique), Alain Resnais - accompagné

de sa fidèle 'troupe' de comédiens -

imprime de sa marque le cinéma français.

82

Anecdotes : En sélection officielle au

festival de Cannes 1974, le film est

médiocrement accueilli par les festivaliers

et par les critiques présents. Il n'est

distingué au palmarès que par un hommage

à Charles Boyer. Jean-Paul Belmondo,

également coproducteur du film, déclarera

plus tard avoir très mal vécu cet accueil :

« Je ne voulais pas que le film aille à

Cannes. On m'a persuadé du contraire. Un

massacre ! Resnais n'avait pas tourné

depuis cinq ans et c'est la seule fois où il

s'est fait traîner dans la merde. (...) Les

83

critiques ne m'ont jamais empêché de

dormir, sauf sur Stavisky. Il y a eu un tel

déchaînement. Là, j'ai dit: "C'est vraiment

des cons !". Dans Stavisky, ils me

reprochaient d'être sympathique. Mais

vous connaissez un escroc antipathique,

vous ? Un escroc antipathique, il

n'escroque personne ! ». Le film n'est pas

un échec public, attirant plus de 300 000

spectateurs dans les salles à Paris et plus

d'un million en France, mais ses chiffres

de fréquentation sont très inférieurs aux

succès précédents des films avec Jean-

84

Paul Belmondo. Ce dernier, dans les années

suivantes, tournera essentiellement des

films plus « commerciaux ».

85

Belmondo rencontre Arcady

Né d'une mère juive d'Algérie et d'un

père légionnaire d'origine hongroise, il

s'exile avec sa famille en métropole en

1961. Alexandre s'essaye à la mise en

scène de théâtre, réalise quelques courts

métrages et enregistre en 1978 une

représentation du Dom Juan de Molière.

86

En 1979, Le Coup de sirocco, son premier

long métrage, est largement

autobiographique. C'est aussi le premier

qui s'adresse au public des Pieds-Noirs,

jouant sur la chronique nostalgique de

l'exil et le souvenir du « pays perdu ». Le

film sera un succès inattendu et

prometteur. Il est le père d'une fille

prénommée Lisa et d'un fils réalisateur

(La colline a des yeux, Mirrors) connu sous

le nom d'Alexandre Aja. Il a également eu

un fils avec la réalisatrice Diane Kurys, le

jeune écrivain connu sous le nom de Sacha

87

Sperling.

Alexandre Arcady fut également acteur

en 1972 dans Avoir 20 ans dans les Aurès

de René Vautier sous le nom Arcady.

Montréal. Grimm (Jean-Paul Belmondo), un

voyou au grand cœur et son vieil ami

88

Georges (Guy Marchand), après une longue

préparation effectuent un hold-up à la

Banque Intercontinentale du Canada. Pour

cela Grimm se déguise en clown et Georges

se fond parmi les otages. Tout le plan se

passe comme prévu, et Grimm avec

beaucoup de malice arrive à faire libérer

ses deux complices et à sortir de la

banque déguisé en grand-père au nez et à

la barbe du commissaire Simon Labrosse

(Jean-Pierre Marielle) et toute la police

présente sur les lieux. Le deuxième

complice est Lise (Kim Cattrall), la petite

89

amie de Georges qui a réussi à dissimuler

le butin dans un faux ventre de femme

enceinte. Alors qu'ils sont en route pour

l'aéroport, un encombrant « ami » de

Grimm et Georges, Lasky, ainsi que la

police, désormais avertie de la supercherie

de Grimm, vont compromettre le départ

du petit groupe vers Paris. De plus, au

grand dam de Grimm, des tensions vont

naître dans le trio...

90

91

Belmondo rencontre Guitry

Sacha Guitry, de son nom complet

Alexandre Georges-Pierre Guitry, est un

comédien et dramaturge français, metteur

en scène de théâtre, réalisateur et

scénariste de cinéma, né le 21 février

1885 à Saint-Pétersbourg (Russie) et mort

le 24 juillet 1957 à Paris.

92

Auteur dramatique prolifique, il a écrit

124 pièces de théâtre, dont beaucoup

furent de grands succès, et en a adapté

lui-même dix-sept au cinéma. Interprète

de la quasi-totalité de ses films, il est

l'auteur d'une œuvre cinématographique,

riche de trente-six films, qui comprend

notamment Le Roman d'un tricheur,

Désiré, Mon père avait raison, Quadrille,

Ils étaient neuf célibataires, La Poison, Si

Versailles m'était conté, Assassins et

Voleurs.

93

Désiré, valet stylé doublé d'un maître

d'hôtel impeccable, est également le

tombeur de ses patronnes. Mais, instable,

il profite de l'inconstance de ces dames

pour changer souvent de place. Cette fois,

chez la maîtresse du ministre des Postes

Montignac, Odette, c'est lui qui tombe

94

amoureux. Madame succombera-t-elle à

son tour ?

Anecdotes : Le plus beau compliment qui

m'ait été adressé au sujet de cette pièce

que je viens de porter à l'écran, est celui-

ci: « Ma femme de chambre était venue la

veille au théâtre et je dois avouer qu'elle

ne semblait pas extrêmement enchantée

95

de sa soirée ou, disons plus exactement,

qu'elle n'était pas extrêmement

enchantée de se trouver justement au

service de celui qui avait écrit cette pièce

sur ce qu'on est convenu d'appeler "les

gens de maison", car elle me dit

simplement:

- Ah! Ça mais Monsieur écoute donc aux

portes?

Tant mieux, mon Dieu, si dans cette

comédie, je peux donner à ceux qu'elle

met en scène cette impression que j'ai

peut-être dit sur eux la vérité. Cette

96

peinture de leur existence, de leurs

qualités et de leurs défauts ne leur est

aucunement défavorable, dois-je le dire?

D'ailleurs, elle est écrite sur un ton qui la

destine à l'agrément des spectateurs. J'ai

voulu que cette oeuvre fût une oeuvre

comique et je puis bien me permettre de

dire que j'ai peut-être atteint mon but

puisque des centaines de représentations

en ont assuré le succès.

Il est extrêmement désagréable d'avoir à

parler des choses qu'on a faites. On ne

peut pas en dire du mal. On ne peut pas en

97

dire du bien. Cependant lorsqu'une oeuvre

a déjà dix années d'existence, on est

peut-être pas plus mal placé qu'un autre

pour ne dire quelques mots, car on n'est

déjà plus l'homme que l'on était quand on

l'avait conçue.

Et s'il me fallait résumer Désiré en

quelque lignes e d'un seul trait, je dirais

que c'est l'histoire d'un homme dont le

physique, l'assurance et la profession,

précisément héréditaire, ne sont pas tout

à fait en accord avec ses goûts et sa

mentalité. Fils, petit-fils, arrière-petit-

98

fils de domestique, il éprouve à obéir une

véritable volupté - et d'ailleurs il le dit lui-

même: "servir, c'est quelque chose de

merveilleux. C'est avoir le droit d'être

sans volonté...".

Mais, hélas! Toute médaille a son revers et

il n'a de goût réel que pour ses patronnes -

et ce serait le drame de sa vie si je n'avais

pas préféré en faire une comédie qui

parfois est une comédie bouffe.

La dernière phrase qu'il prononce résume

la question, car cette constatation lui

échappe à la fin de l'aventure:

99

- Le bon Dieu a dû me foutre le coeur d'un

autre, à moi, c'est pas possible...

100

Belmondo rencontre Leconte

Etudiant à l'IDHEC, Patrice Leconte

réalise vingt-six courts métrages avant de

passer à la mise en scène en 1975 avec

'Les Vécés étaient fermés de l'intérieur'.

Ses réalisations cocasses séduisent

l'équipe du Splendid qui lui propose de

porter à l'écran leur pièce mythique :

101

'Amours, coquillages et crustacés' qui

deviendra 'Les Bronzés'. Le succès est

immédiat et se poursuit avec 'Les Bronzés

font du ski'. Il réalisera d'ailleurs par la

suite, avec un de ses comparses de

l'époque, Michel Blanc, quelques comédies

dont 'Viens chez moi,j'habite chez une

copine'. Ne souhaitant pas se cantonner à

un registre précis, Patrice Leconte tourne

'Les Spécialistes', un film d'aventures et

d'action et 'Monsieur Hire', un drame en

huis clos. Il s'essaie également au registre

de la fresque historique avec 'Ridicule' et

102

'La Veuve de Saint-Pierre'. Cinéaste

confirmé, ses films ont mis en scène des

vedettes incontournables : et

Jean-Paul Belmondo dans 'Une chance sur

deux', Johnny Hallyday dans 'L' Homme du

train', dans 'La Fille sur

le pont'... En 2006, il revient sur le devant

de la scène cinématographique avec un

troisième volet de la désormais trilogie

des Bronzés.

103

Alice sort de prison après avoir purgé une

peine de huit mois fermes pour vol de

voiture. Sa mère qui vient de mourir lui a

laissé une cassette où elle lui avoue le

mystère de sa naissance. Alice n'a jamais

connu son père. Vingt ans auparavant, sa

mère a aimé deux hommes. L'un des deux

104

l'a conçue sans le savoir puisqu'elle ne leur

a rien dit. Alice va découvrir deux gros

gabarits, Léo Brassac et Julien Vignal.

Avant de savoir lequel des deux est son

père, elle va les entraîner dans une

aventure dans laquelle elle est impliquée

contre des trafiquants russes.

Anecdotes : “La première rencontre, enfin

105

physique si vous voulez, la première fois

qu’on s’est vu avec Alain Delon, c’était

totalement inattendu, et c’était pas une

rencontre à propos de ce film, c’est-à-

dire, que lui savait que j étais en train de

travailler sur ce film. Je savais que j’allais

faire un film avec lui, si tout allait bien.

Mais on s’était jamais rencontré, ni même

parlé au téléphone, et c’était très amusant

parce que c’était le soir de la générale de

Belmondo au théâtre pour la pièce de

Feydeau (La puce à l’oreille), donc parterre

très parisien tralala etc... Et je m’assié à

106

ma place et puis juste devant moi au rang

devant s’assié d’abord Claudia Cardinale et

juste à côté d’elle Alain Delon. Donc, un

certain nombre d’années plus tard, le

couple du Guépard. Il y a avait de l’émotion

cinématographique, mais surtout, je me

disais, voilà Alain Delon que je ne connais

pas, à qui je n’ai jamais serré la main, qui

est assit en face de moi, je vais quand

même pas lui taper sur l’épaule pour lui

dire “Bonjour monsieur, je suis Patrice

Leconte, on va bientôt faire un film

ensemble”, enfin, je savais pas quoi faire.

107

Et puis lui en s’assayant, il avait croisé

très rapidement mon regard, donc il devait

avoir la même impression. Et puis, à

l’entracte quand la salle s’est rallumée

pour la pause, on s’est levé tous les deux

pour aller se dégourdir les jambes et tout,

il s’est retourné et en même temps au

même moment, hop! on s’est serré la main

et il m’a dit “Je suis content de vous

connaître, à bientôt”, et voilà. C’était

quelque chose d’amical et c’était bien.

Avec Jean-Paul (Belmondo), c’était plus

traditionnel si vous voulez, c’est que... moi

108

ce sont des acteurs que je n’ai rencontré

que lorsque le scénario était écrit. Parce

que, je ne voulais pas parler de quoi que ce

soit avec eux, je voulais écrire le scénario

comme je l’avais en tête, leur soumettre

et espérer qu’ils aiment ça. Donc, avec

Belmondo, ça s'est passé chez lui, il avait

lu le scénario, il l’avait aimé et je suis allé

le voir pour que tous les deux on discute,

qu'il me raconte ce qu’il avait... enfin voilà,

qu’on se parle du film qu’on allait faire. Et

c’est vrai, que c’était une rencontre

extrêmement émouvante parce que c’est

109

un type que j’aime énormément comme

spectateur, que j’avais jamais rencontré.

Et là, je l’ai vu non pas en public et donc en

représentation, mais dans l’intimité

tranquille de chez lui. Il ne cherchait pas à

m’éblouir, il était vraiment nature lui

même. Et je l’ai trouvé magnifique,

émouvant, vrai, simple. Et je me suis dis

“Bien voilà, avec un acteur comme ça, il y a

moyen de faire des choses merveilleuses.”

110

Belmondo rencontre Klapisch

Cédric Klapisch, né le 4 septembre 1961 à

Neuilly-sur-Seine (France), est un

réalisateur, acteur, producteur de cinéma

et scénariste français. Il a notamment

écrit et réalisé l'Auberge Espagnole, Les

Poupées russes, Paris et aussi adapté la

pièce de théâtre Un air de famille de

Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui plusieurs

111

fois récompensée aux Césars. On lui doit

en outre Le Péril jeune, film aujourd'hui

devenu culte et la découverte de Romain

Duris, acteur désormais incontournable de

la scène cinématographique française.

Le soir du réveillon de l'an 2000 Lucie

demande a Arthur de lui faire un enfant. 112

Lui ne se sent pas prêt à être père. Au

cours de la soirée quand la fête bat son

plein, Arthur vit une expérience

troublante. Il se retrouve transporté

soixante-dix ans plus tard dans un paris

ensablé. Il fait alors la rencontre d'un

vieux monsieur chevelu qui affirme être

son fils. Ce patriarche de soixante-dix ans

s'efforce alors de convaincre son géniteur

de revenir dans le présent et de faire un

enfant à Lucie, afin qu'il ne disparaisse

pas.

113

Anecdotes : Le film est basé sur une

gageure de distribution : faire de Jean-

Paul Belmondo le fils de Romain Duris.

On peut voir dans la dernière scène un

poster dans la chambre d'Arthur. Il s'agit

de l'affiche de Pierrot le fou, un film avec

Jean-Paul Belmondo. Les scènes de désert

ont été tournées à Douz en Tunisie.

114

Belmondo et son chien

Jeanne, séduisante veuve, annonce son

remariage à Charles et le met à la porte

de chez elle, avec son chien. Elle fut sa

maîtresse à la mort de son mari, meilleur

ami de Charles, pendant leurs années de

115

marine. Enceinte de père inconnu, Leïla, la

jeune employée de maison, ne peut lui

offrir que son affection et son lumineux

sourire. En retour, Charles lui donnera

beaucoup plus. Sans autres ressources

qu’une maigre pension, la rue attend

Charles et son chien. Aucune main ne se

tend vers lui et sa dignité lui interdit de

tendre la sienne. Parce qu’il s’est toujours

battu, cet homme, son chien à ses côtés,

va continuer à se battre. Et lorsqu’ils se

retrouvent seuls sur cette voie de chemin

de fer le fracas du train qui fonce

116

annonce-t-il la fin ou le commencement

d’une autre vie ?

Pour fêter le retour à l'écran de JPB, les

vedettes se sont bousculées à ses côtés,

même pour un petit rôle. Liste non

exhaustive.

José Garcia Un passager de bus qui, au

détour d'une histoire drôle, fait rire JPB.

Une journée de tournage.

117

Max von Sydow Un vieil ami cloîtré dans un

hospice. Appelé à la dernière minute,

l'acteur bergmanien a immédiatement

accepté. Rachida Brakni Elle conduit JPB

au volant d'une belle voiture. Et a

accaparé un rôle prévu, au départ, pour un

homme. Tcheky Karyo Il joue de la guitare

sur un banc. Il a assiégé le tournage pour

être dans le film. Même pour une

figuration. Un ouvrier à qui

JPB confie ses affaires. Un joli passage de

flambeau entre l'homme de Rio et OSS

117 (bientôt à Rio).

118

BONUS

119

Un frère et une sœur, associés a un

truand organise l'enlèvement de la fille

d'un richissime américain.

Sous la conduite de Kramer, il kidnappe

l'adolescente en Espagne, mais très vite,

dans la montagne, le drame éclate...

120

- Y'a des gens qui sont taulards de père en

fils, comme y'en a qui sont pharmaciens

- J'ai besoin d'un type qui sache conduire

et qui puisse balancer une pêche en cas

d'urgence.

- J'ai connu un gars au ballon. Il était à la

division trois, moi à la cinq. Avant il tenait

121

un garage à Nice; il maquillait un peu les

charettes qu'il expédiait ensuite à San

Remo.

- La carambouille, c'est une branche à

part. Comme les faux-talbins. C'est le

refuge des lymphatiques.

- Sois pas sectaire. t'as des violents

partout.

122

La famille Marcoux, installée dans une

grande et belle villa aux environs d'Aix-

en-Provence, est attachée à la bienséance

et aux valeurs bourgeoises. Les choses

deviennent moins simples quand Henri

Marcoux prend pour maîtresse Leda

123

Mortoni, arrivée récemment dans la

maison voisine, et qu'un ami de celle-ci,

Laszlo Kovacs, devient le petit ami de la

fille Marcoux. Laszlo multiplie les

provocations et incite Henri à quitter sa

femme, qui ne l'entend pas de cette

oreille. Le fils Marcoux, très attaché à sa

mère, supporte de moins en moins la

situation.

124

FIN

125