COPIL Maillebois, Saint-Lubin-des- Joncherets et Tremblay-les-Villages 14/12/18

I. Liste des participants : Thierry Savoie (CA28), Amandine Juhel (CA28), Camille Schir (CA28), Mathieu Rouge (CA28), Michel Plovie (CA28), Roger Baelen (Président du SAE Paquetterie), Christian Maisons (Président du SIPEP), Benoit Aubry (Vice-président du SIPEP), Béatrice Pierron (Vice-présidente du SIPEP ), Jérôme Ratiarson (AESN), Jean Philippe Loyer (Agriculteur), Marc Chenebenoit (Agriculteur), Aurélien Chabenat (AXEREAL), Alain Massot (Agriculteur), Jean Michel Loyer (Agriculteur), Frédéric Cabaret (Vertume), Mélanie Houee (Coopérative Natup), Michel Mercier (Agriculteur), Laurence Maury (DDT 28), Bourchenin Tony (Conseil départemental 28), Jean Baptiste Morin (Agriculteur), Jean Baptiste Gouin (Agriculteur), Antoine Minard (Agriculteur), Joël Lorgeoux (SCAEL).

II. Contexte des AAC et de leurs captages

a. Présentation des AAC et des résultats dans ces captages Le COPIL a commencé par un tour de table. Puis les animateurs de la Chambre d’agriculture ont présenté les 3 aires d’alimentation de captage, les données de qualité de l’eau des captages et un bilan des animations depuis 5 ans. Une fiche a été distribuée avec tous les indicateurs, tous n’ont pas été présentés oralement.

b. Réactions sur la présentation des AAC Certains agriculteurs ont souligné le fait que les objectifs des AAC sont de diminuer les concentrations en nitrates et en produits phytosanitaires aux captages mais que les taux d’émission de carbone ne sont pas pris en compte. Selon les systèmes de culture le bilan carbone n’est pas le même. Entre l’utilisation de produits phytosanitaires et le désherbage mécanique, quel système émet le plus de carbone ? Selon des résultats de l’INRA, d’après les essais de La Cage, l’agriculture biologique produirait moins de carbone que les autres systèmes de cultures. Mais ces résultats seraient réfutés par d’autres études. Dans tous les cas, plusieurs types d’agriculture doivent coexister car toute l’ et Loir ne se convertira pas en agriculture biologique.

Depuis le retrait de l’autorisation de mise sur le marché de certaines molécules, d’autres molécules sont utilisées en quantité plus importante et sont retrouvées aux captages. Avec ces interdictions d’utilisation, on observe que des agriculteurs réutilisent des molécules qu’ils n’utilisaient pas depuis des années. Les agriculteurs ont bien la volonté de réduire l’utilisation des produits phytosanitaires, mais certains se retrouvent dans des impasses de désherbage dues aux récentes interdictions (résistances, augmentation de la présence d’adventices) et se sentent contraint d’augmenter la consommation d’autres molécules.

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L’AESN rappelle que le coût de traitement de l’eau potable est important. Il est donc nécessaire d’adapter les systèmes de culture. Cependant, les dérèglements climatiques rendent ces changements de pratiques compliqués à mettre en place.

Sur l’AAC de Tremblay, une remarque est faite sur une vallée sèche qui n’est pas répertoriée en tant que zone d’infiltration préférentielle et pourtant l’eau s’y infiltre fortement pendant les périodes de pluie abondante.

Des questions ont été posées sur l’effet plateau observé depuis 2001 sur la courbe des nitrates, et donc un dépassement de la norme, au captage de Tremblay. Selon un agriculteur, une perte de légumineuses dans les assolements persiste depuis la PAC de 1992 et expliquerait cet effet plateau. Aujourd’hui il n’y a plus de filière pour les légumineuses en Eure-et-Loir, la seule usine de déshydratation de luzerne du département a fermé. Il y a des usines dans les départements voisins mais trop éloignées pour la collecte de notre département. Il faudrait réaliser une étude de marché pour vérifier que l’ouverture d’une usine en Eure-et-Loir ne serait pas pénalisée par la concurrence. Ce manque de filière est un frein pour la conversion en agriculture biologique car il est nécessaire d’avoir 30% des surfaces en luzerne pour assurer la stabilité du système. En Eure-et-Loir, il a un manque de production de protéines pour l’alimentation humaine et animale (notamment du aux imports de protéines végétales comme le soja). Produire des protéines serait gagnant pour nos parcelles (nettoyage d’adventices).

Point de vu de l’AESN sur la luzerne : le secteur animal en va mal et c’est aussi pourquoi le secteur végétal se porte mal. Le marché mondial de la luzerne est porteur, l’Arabie Saoudite en importe beaucoup car ils ont interdit l’irrigation. De plus, le plus gros producteur mondial de luzerne, la Californie, fait face à des sècheresses importantes et répétées et a donc baissé sa production. Autre information: le marché des poules pondeuses bio est aussi très porteur en ce moment.

Selon la CA28, la luzerne et les légumineuses en général pourraient être une solution pour limiter les pertes de nitrates dans l’eau, mais elles peuvent aussi augmenter la minéralisation et donc le REH (Reliquat entrée hiver). Le dépassement des seuils en nitrates depuis l’année 2000, pourrait être survenu avec les nombreuses pluies de cette année-là qui ont fait monter le niveau des nappes. On retrouve ce palier sur toutes les courbes de teneur en nitrates des AAC du département. Et il ne faut pas oublier que les temps de transfert sont très longs, de 15 à 20 ans excepté dans certaines zones. Avec les analyses, on voit que la lame drainante est à 37 mg/L sur l’AAC de Tremblay et cette eau diluée va arriver au captage dans 15-20 ans.

Un agriculteur a demandé pourquoi il y avait une telle différence de concentration de la lame drainante entre Tremblay et Maillebois. La CA28 a répondu que la quantité d’azote lessivé, à 10 uN près peut doubler la concentration dans la lame drainante et la pluviométrie de l’année peut aussi avoir un impact sur la concentration.

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III. Présentation du 11ème programme de l’AESN

a) Présentation du 11ème programme par l’AESN Dans le cadre du 11ème programme de l’AESN :  Baisse de 13% du budget de l’agence de l’eau. Le budget dédié à l’aide à l’agriculture a lui augmenté de 63% (305 million d’euros).  Seuils planchers de 3.5k€ et 10k€ en 2022. Les projets en deçà ne seront plus financés. (demande du gouvernement).  à prendre en compte pour les projets d’investissement des agriculteurs.  dès l’application du 11ème programme, l’animation sera financée à minima à 0.5 ETP/poste. (220 jours pour 1 ETP).  Suppression des aides MAEC « light ». Maintien des aides surfaciques au bio sur l’ensemble du bassin et pendant 15 ans (5 ans conversion + 10 ans de maintien) + maintien des aides pour les prairies sans limitation de durée. Affirmation des aides aux filières à bas niveaux d’intrants (azote, phyto, irrigation) : sur une liste énoncée de cultures structurellement BNI (chanvre, luzerne, miscanthus TTCR, prairies, bio, sarrasin, sainfoin) concernant notamment des aides pour la mise en place d’outils de transformation. Hausse de l’aide pour les Diags Agr’Eau 28 et suivis.

b) Réactions et échanges sur les filières La CA28 a réagi : l’Eure-et-Loir est une région fortement contributrice du RPD mais on n’a aucun retour/peu d’impact pour notre territoire. Sur la mise en place de filières locales, plusieurs projets sont à l’étude sur le département explique la DDT. L’objectif est de construire une filière viable et durable qui réponde aux besoins de l’aval avec des entreprises comme PMA28 ou Cosmetic Vallée. Mais c’est bien au territoire de se saisir de l’opportunité de telles filières. Aujourd’hui le département est peu porteur de ce type de projet, peu d’entreprises sont présentes, il faut donc lancer les filières de la base. Des entreprises sont à ce jour prêtes à investir dans de l’approvisionnement local en cosmétique ou en bio-matériaux par exemple.

Selon la SCAEL il est dommage que le 11ème programme n’optimise pas le système actuel en agriculture raisonnée, en baissant les intrants avec plus de couverts ou en conduisant les blés avec moins d’azote et en intégrant de l’orge de printemps.

Selon un agriculteur, les meuniers sont friands de blés anciens. La SCAEL travaille dessus mais ce sont de petits tonnages : si on prend tout par petits bouts on ne va jamais réussir à avoir des niches assez grandes. Un agriculteur dit qu’on a un terroir avec des choses qu’on sait faire, il ne faut pas partir sur des choses qu’on ne sait pas faire. Il faut faire un cahier des charges par AAC pour les blés anciens. Selon la DDT, des moulins sont intéressés par ce genre de choses. Il faut qu’on monte des filières qui s’affranchissent des aides.

Selon la CA28, les PSE (paiement pour service environnementaux) basés sur une logique de résultats pourraient aider à valoriser le travail des agriculteurs, le reconnaitre et le récompenser. Une remarque d’un agriculteur met en avant les ambigüités de la gestion des couverts, adéquation avec des semis de céréales, des faux semis, maintien des populations de pucerons cette année à forte pression. La CA28 répond qu’avec les cultures intermédiaires, il faut trouver des solutions pour limiter le REH. Il faut penser à tous les facteurs (le sol, la plante, les changements climatiques). A la

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Chambre, les couverts sont étudiés pour voir ce qui fonctionne ou non de façon objective. L’objectif du réseau couvert est aussi de capitaliser les expériences. L’année où les couverts sont bien menés, les agriculteurs ne sont pas récompensés, avec les PSE, cela serait possible.

La CA28 dit qu’on peut très bien faire des blés de qualité avec des bons taux de protéine et ne pas avoir de REH élevés, elle dispose d’outils de pilotage qui permettent d’anticiper. La moitié de la SAU de l’Eure-et-Loir va être en AAC mais demain, on n’aura pas 200 000 ha de bio, ni de chanvre, ni de tournesol. Il y aura une diversification des cultures mais toujours une majorité de blé. La DDT et l’AESN confirment qu’ils ne veulent pas mettre en difficulté les agriculteurs déjà en bio actuellement. Ils ne veulent donc pas une conversion en bio qui dépasse le marché. La SCAEL est inquiète des cours du prix du blé bio car les pays de l’Est produisent beaucoup. Il faut donc agir pour le blé bio français. Il faut aussi travailler sur le blé non bio et le valoriser. Il faut juste améliorer les pratiques, comme avec les couverts par exemple.

IV. Avenir des territoires pour 2019 La CA28 a ensuite présenté les actions prévues pour les trois AAC en 2019. Pour les trois AAC, la communication va continuer (différents flash et lettres d’informations) et les filières vont être étudiées. Le suivi d’épidémio-surveillance va être réduit cette année, dû à une réduction des financements, le temps non utilisé sur le suivi épidémiologique sera utilisé pour faire du suivi individuel.

Sur l’AAC de Maillebois : les nitrates dépassent la norme et on retrouve des dérivés d’herbicides au captage, toute la SAU n’a pas encore été diagnostiquée. Les Diags Agr’Eau 28 vont donc continuer. Pour capter l’azote à l’automne, le réseau couverts et le suivi des REH vont continuer. Pour limiter les herbicides, le désherbage mécanique et les données économiques des cultures de printemps vont être valorisées. Un nouveau plan d’action va être co-construit avec tous les acteurs. Une visite d’une exploitation biologique sera organisée.

Sur l’AAC de Tremblay, là aussi les nitrates dépassent la limite au captage et un nombre important de molécules est retrouvé. Là aussi pour capter l’azote à l’automne, le réseau couverts et le suivi des REH vont continuer. Les Diags Agr’Eau 28 ont été réalisés sur quasiment toute la SAU, mais tous les diagnostiques n’ont pas donné lieu à un Suivi Agr’Eau 28 pour accompagner la mise en œuvre la feuille de route. Les projets non suivis vont être valorisés. Des nouveaux projets d’agroforesterie vont être valorisés. Comme à Maillebois, un plan d’action va être co-construit avec tous les acteurs.

Enfin, sur l’AAC de St Lubin, les nitrates et les molécules de produits phytosanitaires ne dépassent pas la norme mais il faut rester vigilant. Quasiment toute la SAU a eu un Diag Agr’Eau 28 mais peu de suivis ont été validés. Ceci peut être dû au fait que beaucoup d’agriculteurs vont bientôt partir en retraite et un projet d’autoroute va couper l’AAC en deux ce qui ne motive pas les agriculteurs sur ces terres. Selon la SCAEL, beaucoup de propositions ont été faites autour du suivi individuel mais cela prend du temps. La CA28 a répondu que le suivi épidémio va bientôt s’arrêter et laissera du temps. Les réseaux de couverts et de suivi de REH vont continuer sur St Lubin afin de limiter le lessivage d’azote à l’automne. Là aussi des thématiques liées à la valorisation des diagnostiques non suivis et de nouveaux projets (désherbage mécanique, AB, cultures associées) vont être mises en place via des rendez-vous individuels.

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V. Aspect budgétaires et conclusion Le SIPEP est ensuite intervenu sur des aspects budgétaires. Les principaux financeurs de toutes ces actions sont l’AESN, la CA28 et les syndicaux d’eau. L’AESN a décidé de baisser sa contribution et de demander aux autres partenaires de mettre la main à la poche. En 2016, le SIPEP a financé 40 000 euros, en 2018, 52 000 euros et en 2019 70 000 euros. C’est difficile à porter et à justifier pour le SIPEP. L’AESN a une baisse de budget de 13% donc on a ajusté le budget. L’AESN a souhaité accompagner l’ensemble des territoires à l’échelle du bassin avec moins plutôt que d’abandonner certains territoires.

Pour remplacer le suivi épidémio, la CA28 a suggéré d’utiliser des applications comme Whats’ap ou Agri-community pour que les agriculteurs postent directement leurs observations.

Le SIPEP a aussi souligné que la compétence revient en 2020 aux agglomérations. Le devenir du SIPEP et la reprise ou non de la compétence eau par agglo n’est pas encore statuée.

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