ZNIEFF 2ème génération 230030756 type I 85190002

Date de la description : 1987 Date de la mise à jour : 2001 Evolution de zone

LES MARAIS D'HENOUVILLE A QUEVILLON

Liste des communes concernées : HENOUVILLE, QUEVILLON, SAINT-MARTIN-DE-BOSCHERVILLE

Superficie (ha) : 751,89 ha

Intérêt de la zone : Dans le coude de la qui forme la Boucle de , une vaste zone humide s’étend entre Hénouville à l’amont et Quevillon à l’aval, entre le fleuve et le massif forestier de Roumare. La présente ZNIEFF de type I fait partie d’une ZNIEFF plus vaste qui englobe le secteur de marais entre Hénouville et Hautot-sur-Seine (ZNIEFF de type II dénommée Zone alluviale des Boucles de Roumare, d’Hénouville et Hautot-sur-Seine). Ces marais sont développés sur des terrains alluviaux récents, aux sols essentiellement argilo-limoneux qui retiennent bien l’eau. Du fait de cette humidité des sols et des inondations plus ou moins régulières, peu de secteurs ont été mis en culture : ces marais sont surtout valorisés par des prairies mésohygrophiles et hygrophiles, fauchées et/ou pâturées. Les prairies au régime mixte sont d’abord fauchées, souvent en juin, puis sont suivies d’un pâturage en été. Des parcelles sont cependant uniquement utilisées pour la récolte du fourrage. Ces prairies de fauche (alliances de l’Arrhenatherion elatioris - sous-alliance du Colchico-Arrhenatherenion - et du Bromion racemosi) sont utilisées de façon extensive pour les plus inondables, ou intensive sur les secteurs les plus vite ressuyés. Quelques prairies de fauche abritent ponctuellement le groupement à Oenanthe à feuilles de Silaus (Oenanthe silaifolia) et Séneçon aquatique (Senecio aquaticus), très rare et menacé dans les vallées du Nord de la . Certaines prairies ont par ailleurs été semées pour augmenter leur productivité, notamment en Ray-Grass (Lolium perenne), ce qui a réduit leur diversité végétale. Un vaste réseau linéaire de haies basses et/ou de saules et de frênes taillés en têtards structure le paysage, en mosaïque avec les réseaux de fossés, de mares et de dépressions humides. Ces dépressions permettent le développement de formations hygrophiles (cressonnières flottantes du Sparganio- Glycerion, association de l’Eleocharo palustris-Oenanthetum fistulosae…). Quelques mares et ou fossés profonds abritent des formations à Rorippe amphibie (Rorippa amphibia). On y trouve également des beaux peuplements d’Euphorbe des marais (Euphorbia palustris) disséminés, et une petite station d’Hottonie des marais (Hottonia palustris) vers Saint-Martin-de-Boscherville. Le patrimoine végétal est important, avec de nombreuses espèces déterminantes de ZNIEFF très rares à assez rares en Haute-Normandie, dont les suivantes : -le très rare Séneçon aquatique (Senecio aquaticus),-les rares Oenanthes à feuilles de Silaus, fistuleuse (Oenanthe silaifolia, O. fistulosa), Euphorbe des marais (Euphorbia palustris) (stations relativement nombreuses) et Colchique des prés (Colchicum autumnale), -l’Orge faux-seigle (Hordeum secalinum), le Brome rameux (Bromus racemosus), la Grande Glycérie (Glyceria maxima), la Laîche distique (Carex disticha), la Centaurée noire (Centaurea nigra), assez rares… L’Hottonie des marais (Hottonia palustris) et l’Ophioglosse vulgaire (Ophioglossum vulgatum), rares et très rares en Haute-Normandie (et dans les régions voisines) sont légalement protégés. L’Oenanthe à feuilles de Peucédan (Oenanthe peucedanifolia) et la Guimauve officinale (Althaea officinalis) ont également été signalées dans ce secteur. Le patrimoine faunistique est également de premier ordre. Plusieurs mâles chanteurs de Râle des genêts (Crex crex) sont recensés dans les prairies qui sont fauchées le plus tardivement, et en bordure des zones non fauchées où il se réfugie après les fauches (mégaphorbiaies, dépressions humides, bords de mares…). Ce Râle, l’un des oiseaux les plus rares et menacés en Europe, est inscrit sur la liste des Oiseaux en danger dans le Monde. Cette zone constitue l’un des sites de reproduction les plus importants dans le Nord de la France. Quelques chanteurs de Marouette ponctuée (Porzana porzana), espèce rare et menacée en France et en Europe, ont aussi été notés, en bordure de mares et de dépressions inondées. Les éventuels cas de reproduction y sont certainement ponctuels et occasionnels. La Chevêche d’Athéna (Athene noctua), qui se raréfie partout en France, niche dans les vieux saules têtards, où l’on trouve aussi le Rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus). Le Faucon hobereau (Falco subbuteo) chasse sur de vastes périmètres et niche dans des grands arbres. Quelques couples de Vanneau huppé (Vanellus vanellus) sont observés en reproduction dans les pâtures humides ou à proximité. Le Tarier des prés (Saxicola rubetra) et la Bergeronnette printanière (Motacilla flava), passereaux assez rares dans la région, sont bien représentés dans les prairies de fauche extensives. La Locustelle tachetée (Locustella naevia), la Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus) et la Bouscarle de Cetti (Cettia cetti) fréquentent les roselières ponctuées de buissons de saules. De nombreux oiseaux d’eau (Anatidés, limicoles, Ardéidés…) utilisent aussi ces marais comme halte migratoire, notamment quand les prairies sont inondées. L’entomofaune et la batrachofaune restent encore insuffisamment connues, malgré des potentialités pour quelques espèces remarquables. Parmi les odonates, quelques espèces communes à peu communes ont été notées (Crocothemis erythraea, Anax imperator, Libellula depressa, Coenagrion puella, Orthetrum cancellatum, Enallagma cyathigerum, Chalcolestes viridis…). D’une manière générale, les prairies les plus humides et celles qui sont conduites de la façon la plus extensive, les dépressions, les fossés et les mares sont les milieux qui abritent l’essentiel des espèces végétales et animales les plus précieuses. Cependant, ce marais est contraint par l’évolution des pratiques agricoles : les prairies risquent d’être plantées de peupliers, retournées pour la culture (maïs en particulier), ou intensifiées. Ces transformations conduisent à une banalisation de la flore, de la faune et des paysages. Dans ce contexte, le soutien aux éleveurs ayant des pratiques extensives de fauche et/ou de pâturage est important pour maintenir la diversité biologique et paysagère de cette zone humide, ainsi que pour pérenniser son intérêt agricole traditionnel. En ce sens, les mesures agri-environnementales constituent une approche de concertation pertinente et positive, bien que limitée.

Facteurs influençant l'intérêt de la zone : chasse, plantations, semis et travaux connexes, traitements de fertilisation et pesticides, mises en culture, travaux du sol, entretien des rivières, canaux, fossés, plans d'eau, comblement, assèchement, drainage, poldérisation des zones humides, route

Critères d'intérêt patrimoniaux : écologique, faunistique, insectes, oiseaux, floristique fonctionnels : fonction de régulation hydraulique, expansion naturelle des crues, auto-épuration des eaux, fonction d'habitat pour les populations animales ou végétales, corridor écologique, zone de passages, zone d'échanges, étapes migratoires, zones de stationnement, dortoirs complémentaires : paysager (paysage esthétique, issu de pratiques culturales ancestrales)

Bilan flore : 2 ptéridophytes déterminantes : Ophioglossum vulgatum L., Equisetum fluviatile L. 35 phanérogames déterminantes : Lathyrus palustris L., Butomus umbellatus L., Carex acuta L., Carex vesicaria L., Colchicum autumnale L., Eleocharis uniglumis (Link) Schult., Euphorbia palustris L., Gaudinia fragilis (L.) Beauv., Bromus racemosus L., Hottonia palustris L., Thalictrum flavum L., Oenanthe fistulosa L., Oenanthe silaifolia Bieb., Ranunculus trichophyllus Chaix, Salix triandra L., Samolus valerandi L., Senecio aquaticus Hill, Silaum silaus (L.) Schinz et Thell., Hordeum secalinum Schreb.

Bilan faune : 9 oiseaux déterminants : Tarier des prés (Saxicola rubetra), Marouette ponctuée (Porzana porzana), Rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus), Faucon crécerelle (Falco tinnunculus), Râle des genêts (Crex crex), Chevêche d'Athéna (Athene noctua)

Typologie des principaux milieux abritant des espèces déterminantes :

22.4 VEGETATIONS AQUATIQUES 1 % 37.21 PRAIRIES HUMIDES ATLANTIQUES ET SUBATLANTIQUES 60 % 37.214 PRAIRIES A SENEÇON AQUATIQUE 5 % 44.121 SAUSSAIES A OSIER ET SALIX TRIANDRA 2 % 44.13(DH) FORETS GALERIES DE SAULES BLANCS 3 % 53.14 ROSELIERES BASSES 5 % 53.21 PEUPLEMENTS DE GRANDES LAICHES (MAGNOCARIÇAIES) 2 % 84.4 BOCAGES 5 %

Cette ZNIEFF de type I est incluse dans la ZNIEFF de type II n° 8519 - LA ZONE ALLUVIALE DES BOUCLES DE ROUMARE, D’HENOUVILLE ET HAUTOT-SUR-SEINE