Les Structures Foncières En Haute-Volta
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Les structures foncières en Haute-Volta par J.-L. BOUTILLIER AVANT-PROPOS Ce rapport est le résulfat d’une enquête sur les strudures foncières en Haute-Volla, enquête entreprise en 1961-1962, à la suite d’une demande formulée par le Gouvernemenl de la Hauie-Volta; elle a été financée sur le Fonds d’Aide et de Coopération par une convention signée entre le Gouvernement de la Haute-Volta (Minisire de l’Économie Naiionale) et le Direcleur de l’office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer. Les méthodes d’enquête adoptées ont été les suivantes: a) Dépouillement systématique de fous les documents disponibles dans le domaine étudié: livres, arlicles, archives: rapporis techniques et administraiifs; b) Enquête de type monographique au niveau de l’ethnie ou de la ’ région sur un ou plusieurs villages. Dépouillement des registres des iribunaux coutumiers de cercle en ce qui concerne les litiges fonciers; c) Enquête statistique par questionnaire sur l’ensemble de la Haute-Volta auprès de l’échantillon d’exploitants agricoles étudiés par la Mission d’Enquête Agricole (0. V. -4. N. A.) Les résuliats de l’enquête foncière par sondage devaient permettre de préciser et de quantifier les renseignements d’ordre qualiiatif obtenus par les deux autres méthodes. La direction générale de l’enquête a été confiée à J.-L. BOUTILLIER (ORSTOM) assislé de L. Tnom. M. SAVONNET a été chargé d’établir les monographies foncières des régions Bwa, Lobi, Dagari, Birifor qui font l’objet d’un rapport distinct. L’enquête sur le terrain a débuié en juillet 1961. En raison d’un grave accident de la circulation, le séjour de J.-L. BOUTILLIER a été interrompu de novembre 1961 à novembre 1962. L. THORE, qui 6 J.-L. BOUTILLIER venait de rentrer en France, a bien voulu revenir en Haute-Volta de décembre 1961 à février 1962 pour le déroulement de l’enquêle siatistique. Une des principales difficullès rencontrées au cours de l’enquête a été l’insuffkance de la documentation d’ordre économique et socio- logique au niveau de l’ethnie ou de la région, la multiplicité et la diversité des groupes humains ne faisant que renforcer cefte difficulté. Aussi ce rapport n’apporle-f-il des informations que sur les dix principales ethnies de la Haute-Volta; le principe de l’enquête par sondage excluait d’ailleurs les plus petits groupes pour lesquels, pour êfre efficace, un degré de sondage différent aurail dû être utilisé au détriment, naturellement, du coût de l’enquête. Une autre série de diflcultés provient de l’absence jusqu’à ce jour de résultats sfaiisiiques de l’Enquête Agricole à laquelle l’enquête sur les structures foncières était, pour ainsi dire, organiquement liée. A chaque type de tenure, par exemple, aurait du correspondre un chiffre précis de superficies cultivées. Le retard dans le dépouillement de l’enquête OVANA a malheureusement rendu cela impossible. Aussi les résultats statistiques de la présente enquête son&ils présentés en nombre de champs ei non en superficies. La conclusion de ce rapport comporie quelques suggeslions concernant des solulions possibles de réforme foncière. Ces suggestions ne doivent en aucune façon être prises, soit comme des recommandations, soit comme un Ctat définiiif de l’opinion des auieurs de ce rapport. Elles ne sont cerlainement au plus que des hypoihèses de travail, leur seule ambition étant de donner à la discussion une base aussi solide que possible. Le plan de sondage de l’enquête statistique sur les structures foncières a été le même que celui utilisé pour l’enquêfe agricole. La Haute- Volta compte 7.050 villages et on a estimé le nombre d’exploitations agricoles à environ 400.000. En raison des différences régionales du point de vue ethnique et écologique, ont été établies des zones sensiblement homogènes ou « strates I), chacune de ces strates étant considérée comme une populalion, au sein de laquelle a été effectué le sondage aleatoire. Ce sondage s’est fait en deux temps: ler temps : Tirage des villages. Les villages ont été répartis en trois cafégories selon leur baille: - villages de moins de 500 h. - villages de 500 à 1.099 h. - villages de 1.100 h. et plus. LES STRUCTURES FONCIÈRES EN HAUTE-VOLTA 7 400 villages de l’échantillon ont été tirés proportionnellement à la population totale de chaque catégorie. 2e temps : Dans chaque village de l’échantillon au premier degré, quatre exploitations ont été tirés aléatoirement sur la liste des exploi- tations de ce village. Au total le sondage a donc porté sur environ 1.600 exploitations réparties sur l’ensemble de la Haute-Volta. Étant donne le caractère essentiellement rural de cette enquête, les centres urbains dont les noms suivent ont été exclus de l’enquête : Ouagadougou - Tougan - Po - Bobo-Dioulasso - Dédougou - Tenkodogo - Ouahigouya - Nouna - Fada N’Gourma - Kou- dougou - Banfora - Yako. En raison des circonstances particulières dans lesquelles s’est déroulée l’enquête, les questionnaires CCstructures foncières » n’ont pu être remplis auprès de la totalité des exploitants. Le tableau suivant donne, pour chaque strate, le nombre théorique d’exploitants enquêtés, le nombre d’exploitants effectivement enquêtés et le pourcentage de questionnaires remplis, c’est-à-dire (2) par rapp0rt.à (1). - Nombre Nombre Nombre % Strate de d’exploitants d’exploitants 211 villages ti enquêter* enquêt8sZ A. PeuhBella 29 116 65 56 % 13. Yatenga 76 304 221 69 % C. Mossi central 93 372 263 67 % D. Gourma 27 108 66 61 % E. Mossi Sud Boussancé! 39 156 110 70 % F. Gourounsi 30 120 73 61 % G. Ouest (Bobo, Marka, Samo) 49 196 153 79 % H. Groupe Senoulo 25 100 86 86 % 1. Lobi, Birifor, Dagari 31 124 95 77 % I . _ TOTAL 1.696 1.134 71 % i L’enquête a été grandement facilitée par les autorités administratives et coutumières, en particulier: commandants de cercle, chefs de canton, chefs de village, qui ont, sans relâche, apporté aux chercheurs l’hospi- talité, l’aide et les conseils dont ils avaient besoin. 8 J.-L. BOUTILLIER l3es remerciements sont aussi dus à A4M. TAe MOAL et CAPRON et à tout le personnel du Centre Ifan Haute-Volta, qui a servi de « base stratégique » à l’enquête. Mention aussi doit être faite des enquêteurs, controleurs et superviseurs, en particulier M. CHUQUET, Ingénieur du Service d’Agriculture, et AP. Moussa MORBIGA: hloniteur du Service d’Agriculture, qui ont pu, en dépit de nombreuses difficultés mener à bien l’enquête statistique, L?nfin, que soient remerciés les nombreux paysans voltaïques rencontrés, qui, par leur accueil amical et leur sympathie, ont rendu possible cette enquête. TABLE DES MATIÈRES Pages AVANT-PROPOS .......................................... 5 Première partie. - RAPPORT D’ENSEMBLE .................. 10 1. Présentation générale............................. 10 2. Systèmes politiques et structures foncières. ......... 21 3. Systèmes économiques traditionnels et tenure des terres. .......................................... 29 4. Principaux -types de droits fonciers. ................ 39 5. Genèse du droit foncier et son évolution ............ 53 6. Conclusion ...................................... 70 Deuxième partie. - RAPPORTS RÉGIONAUX ................. 84 1. Les structures foncières Mossi ..................... 84 2. Les structures foncières Bobo ...................... 111 3. Les structures foncières Bissa ...................... 128 4. Les structures foncières Senoufo. .................. 139 5. Les structures foncières Gourounsi. ................ 148 6. Les structures foncières Marka, Samo et Gouin ...... 159 BIBLIOGRAPHIE ......................................... 180 ANNEXE. Note sur la réforme foncière au Kenya ............ 182 PREMIÈRE PARTIE RAPPORT D'ENSEMBLE 1. PRÉSENTATION GÉNÉRALE La République de Haute-Volta s’étend approximativement entre les 90 et 150 de latitude Nord et entre le 20 de longitude Est et le 50 de longitude Ouest. Elle couvre une étendue de 275.000 km2 et est peuplée d’environ 4.400.000 habitants. Le pays est tout entier compris dans la zone de savane qui, du Cap Vert au Tchad, prend en écharpe l’Ouest Africain entre le Sahel Saharien au Nord et, au Sud, les zones forestières bordant l’atlantique. Du point de vue écologique, la Haute-Volta peut être considérée comme relativement homogène ; le climat est caractérisé par une saison sèche et une saison des pluies bien définies. En dehors de l’extrême Nord du pays, subdésertique, et de la région frontalicre de la Côte d’ivoire où les chutes de pluies sont plus importantes et plus étalées dans le temps, l’essentiel du territoire voltaïque -- 80 yo -- est compris entre les isohyètes 600 et 1.000. Les principales cultures pratiquées sont les céréales, mil, sorgho et maïs, mais aussi les arachides, le coton, le Labac et, dans certaines zones, l’igname et différentes variétés de pois. Enfin, sur presque toute l’étendue du pays, bien qu’en faible superficie! on cultive du riz dans les bas-fonds. Les techniques culturales sont principa- lement basées sur l’usage de la houe a lame métallique ; toutefois, au Nord d’un méridien passant en dessous de Djibo, c’est-a-dire dans les zones Peu1 et Touareg-Bella, I’hilaire est l’instrument aratoire le plus communément en usage. L’agriculture est de loin la principale activité f les systemes agricoles comportent presque tous une rotation de terres cultivées et de jachères, de telle façon que le sol se refertilise naturellement. 11 existe cependant quelques modes - assez peu élaborés - de fumure, mais, jusqu’a présent, on ne peut dire qu’on observe de véritables tendances à une amélio- ration des systèmes culturaux basée sur des outils nouveaux ou des techniques innovatrices. Cette agriculture est très largement LES STRUCTURES FONCIÈRES EN HAUTE-VOLT.4 11 orientée vers la subsistance et en dehors d’une certaine diversifi- cation de la production - essentiellement riz-coton et cultures maraîchères aux abords des centres urbains - on ne peut constater d’augmentation sensible des surplus commercialisables. Bétail et volailles se rencontrent dans presque toutes les régions ; l’importance du bétail est cependant très variable de l’une a l’autre.