9782307003120.Pdf
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
Collection historique : MONOGRAPHIES LORRAINES Fascicule 40 Joseph ROHR tuisma Préface de Me J. MASSING maire ci" la Ville de Sarreguemines conseiller généra I de la M oselle Du même auteur : GROS.RËDERCHtNG ET SES ANNEXES, METZ 1946 (épuisé) SARREGUEMINES ET SON ARRONDISSEMENT (en collaboration) SARREGUEMINES 1949 (épuisé) HAMBACH'ROrH, SARREGUEMINES 1951 FORBACH ET SON ARRONDISSEMENT, METZ 1957 Préface ous aimons notre pays Lorrain, parce que nous sommes N fiers de lui, mais nous le connaissons parce que des Lor- rains cornue Monsieur Joseph ROHR ont concrétisé cet amour par des travaux comme cette monographie de la com- mune de Bliesbruck. L'auteur a choisi, dans ses ouvrages antérieurs, la descrip- tion et l'historique des communes et arrondissements de la Mo- selle-Est) dont il est un fils aimant. Avec cette nouvelle paru- tion il a écrit l'histoire de Bliesbruck, importante commune du Canton de Sarreguemines située dans la romantique vallée de la Blies, hélas, trop peu connue des touristes. L'histoire de la Lorraine est assez bien connue. Mais cette vie provinciale, nous ne la connaissons que dans ses aspects les plus généraux. Pour pénétrer dans l'intimité de cette vie - rien ne vaut l'histoire locale, surtout s'il s'agit d'un village comme Bliesbruck, dont les origines remontent très loin dans le passé. C'est avec compréhension et amour, le goût de la recherche minutieuse et objective que M. Rohr s'est penché sur les desti- nées de ce village. Mais le livre de M. Rohr a aussi le grand mérite de nous livrer ce passé dans son intégralité, avec tous les aspects géo- graphiques - historiques - économiques - religieux - démogra- phiques - depuis les temps les plus reculés. A la lumière de cette étude approfondie, les événements pro- vinciaux ou nationaux s'éclairent d'un jour nouveau, en mon- trant leurs influences, leurs répercussions sur la communauté restreinte d'un village. C'est avec une sympathie renouvelée que nous voyons les luttes, les malheurs d'une population qui n'a cessé de montrer son sens du travail et de la liberté. M. Rohr a dressé un monument durable au destin mouve- menté et souvent tragique de Bliesbruck. J'exprime la certitude que ce livre connaîtra un accueil fa- vorable, car il suscitera l'intérêt et la passion de très nombreux lecteurs. Nos vaillants ancêtres de la Guerre des Paysans ont trans- mis leur soif de liberté aux con temporains de la guefre de 19 4 0- 1945, où tant de fils de Bliesbruck ont dû laisser leur vie; car le sol sur lequel ils ont vécu impose l'héroïsme. Commune mar- tyre de la plus sanglante des guerres, Bliesbruck a su se rele- ver de ses ruines. La monographie est complète. Tout le déroulement séculaire de l'histoire est mis, bout à bout, remontant aussi loin que possible dans le passé. Avec à la fois l'amour du terroir et la patience et l'obstination du chercheur, M. Rohr, historien ob- jectif, nous montre la beauté et la valeur de l'histoire locale. En lisant cet ouvrage, amis lecteurs, vous connaîtrez et apprécie- rez encore davantage notre petite patrie, et c'est de cela que nous remercierons l'auteur en toute cordialité. Joseph MASSING Maire de Sarreguemines Conseiller Général de la Moselle CHAPITRE I APERÇU GEOGRAPHIQUE LE NOM du village apparaît en 1150 dans une charte de Frédéric Ier, comte de Sarrewerden, en faveur de l'abbaye cistercienne de Wer- nersweiler (nord-est de Blieskastel) sous la double forme de Blys- bruchen (cité pour 1131) et à la fin, répété 2 fois, de Brucken. Le nom est, dans la suite, orthographié: Brucken 1360, Bruchen 1544, Briken 1607 (Pouillé de Metz), Blisebrucken 1753 (Durival, mémorial), Brucken 1779 (Durival, description), nom officiel 1871-1918: Bliesbrücken depuis 1918: Bliesbruck (traduction: (Village du) Pont de la Blies. LES ARMOIRIES: Ecu losangé de gueules et d'argent, c'est-à- dire ccuvert de 6 à 7 rangs de losanges, alternativement rouges (de gueules :marqués par des hachures) et blancs (d'argent, laissés en blanc). Ce sont les armoiriers des chevaliers de Bruck, châtelains et seigneurs de Bliesbruck du 12e siècle jusqu'en 1469. cernéeLA a CROIXla commune DE GUERRE, le 1. 7. 1948. appendue à la pointe en bas, fut dé- LE SITE Le coquet village-frontière de Bliesbruck est situé, à 9 km. 500 au nord-est de Sarreguemines, dans le Plateau Lorrain qui prolonge les contreforts du bord occidental des Basses-Vosges gréseuses (hau- teur moyenne 350 m), et abrité dans une pittoresque vallée encais- sée (niveau moyen 203 m), au sommet de la boucle que cette rivière venant du nord, décrit, en contournant l'éperon avancé du Kloppberg. Le premier hameau s'est établi à l'époque néolithique ou cel- tique, sinon, après la conquête romaine, au pied du Kloppberg, sur la rive droite; village de refuge, protégé par la montagne et les deux boucles de la Blies. Le développement du hameau modeste fut sans toute grande- ment favorisé par la construction d'un pont solide jeté pardessus la rivière en face du hameau. Comme on le verra dans la partie histori- que, des historiens admettent qu'à l'époque romaine — et les Romains sont célèbres comme constructeurs de routes et de ponts solides — a déjà existé un pont en pierre, dont ils auraient encore constaté les restes en 1850. La charte de 1180, où le nom de Blysbruchen est cité pour 1131, prouve l'existence du village et du pont. (Il est vrai que l'historien Dr. Poehlmann prétend que le texte parle d'un autre Blysbruchen, village situé plus au nord à l'ouest de Hombourg, dis- paru depuis longtemps). Le dernier pont en pierre fut construit en 1822 et détruit par le génie français en 1939, non encore reconstruit en 1959. La présence d'un pont en pierre, dans les temps anciens où de tels ouvrages étaient rares, sauf dans les villes, avait la plus grande importance pour toute la région; aussi le pont sera expressément mentionné dans le nom de ces localités privilégiées. Ainsi notre vil- lage est. dans la suite, connu sous la dénomination de Blysbrucken ou surtout comme Brucken tout court, encore aujourd'hui. (Le nom de Brücken ne désigne pas des ponts au pluriel comme dans l'Alle- mand moderne; jadis les noms féminins, invariables aujourdhui au singulier, prenaient dans l'ancien allemand la terminaison «en» aux 3' et 41 cas, datif et accusatif: on disait donc alors: in Brucken wohnen, nach Brucken gehen (comme ailleurs Neunkirchen = zur neuen Kirchen) ; et la forme du datif se cristallisa dans le nom du village: Brücken). Depuis la construction du pont, le village put s'étendre encore sur la rive gauche; comme on le constate déjà sur l'ancien plan du cadastre de 1818. L'implantation des maisons sur la rive gauche s'accentua encore quand la route de Bliesébersing (qui éclipsa l'ancien chemin sur la rive droite) et la gare en 1879 mirent la rive gauche en valeur. Depuis 1945 le centre vital même de la commune se déplace dé- finitivement sur la rive gauche où s'élèvent maintenant la nouvelle église, les nouvelles écoles et la mairie. Le ban de la Commune. — Description géographique La géographie étudie les formes du relief actuel (vallées, hau- teurs, la nature du sol), aussi bien la texture du sol (terrain meuble ou compact, perméable ou imperméable) que sa composition chimi- que (sol calcaire, argileux ou siliceux, riche ou pauvre en sels fertili- sants: potasse, phosphore, chaux). Tous ces facteurs combinés avec le climat (régime des températures, des vents et des pluies) déter- minent le régime des cours d'eau et la couverture végétale du sol (bois, prairies, cultures). La configuration géographique du territoire de notre commune se présente dans les grandes lignes bien nette et bien simple : au pre- mier coup d'oeil jeté sur une carte détaillée (soit au 50 0001), on dis- tingue la vallée coudée de la Blies et le vallon du Schlierbach qui se rejoignent au village même ; et trois coteaux découpés dans le Plateau Lorrain, qui comme un large contrefort epaule le bord occidental des Basses-Vosges gréseuses: au nord-ouest le Kloppberg, au sud-ouest l'Ehrenbûsch) à l'est le Roterberg. LE KLOPPBERG, au nord-ouest, arrondi, demi-circulaire, se dresse comme un puissant éperon (point culminant 312 m). Son front et ses flancs s'abaissent, en pentes rapides, vers les 2 branches de la Blies. Les pentes calcaires, orientées vers le sud, bien ensoleillées, étaient, encore au début du siècle, plantées de vigne. Le vignoble de 1 ha donna son nom au lieudit «In den Reben». LE EHRENBoSCH, au sud-ouest, s'avance vers la vallée de la branche occidentale de la Blies et vers le vallon du Schlierbach, sur une ligne étendue, comme un mur d'escarpe, saillant légèrement à l'ouest et au centre (où il atteint la hauteur maxima 325 m) et s'incurvant entre les 2 saillants. Au sommet détend un large plateau accidenté; 2 petits bois le couronnent, les bois communaux de chênes et de hêtres, arbres caractéristiques des terres calcaires. Vers la vallée, le front du plateau est échancré de petits vallons, creusés par de petits ruisseaux et surtout le Schlierbach (le ruisseau fangeux, Schlier = boue fange). En grimpant sur le versant occidental du vallon du Schlierbach, un chemin vicinal monte jusqu'au plateau, où il coupe la route nationale 410 de Sarreguemines à Bitche, puis atteint le som- met (350) près de la Hermeskappel pour descendre vers Wiesviller. De ce chemin vicinal se détache auparavant, à mi-côte, un che- min, moins bien entretenu qui atteint la même route nationale à 2 km à l'est du carrefour de la Hermeskappel.