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avec LUANA BAJRAMI LAETITIA COLOMBANI ISABEL AIMÉ GONZALEZ SOLA ALAIN ARTUR JOSHUA ROSINET MILAN HATALA SOLAL FERREIRA LES FILMS DU WORSO PRÉSENTE 101 MIN – FRANCE – 2019 – 1.85 – 5.1 AU CINÉMA LE 4 SEPTEMBRE DISTRIBUTION RELATIONS PRESSE Marie-Christine Damiens 5, rue Darcet 13, rue Yves Toudic 75017 Paris 75010 Paris tél : 01 44 69 59 59 Tél. : 01 42 22 12 24 www.le-pacte.com [email protected] MATÉRIEL PRESSE DISPONIBLE SUR WWW.LE-PACTE.COM ENTRETIEN AVEC CÉDRIC KAHN Votre onzième long métrage s’inscrit Le dispositif du film, qui emprunte au dans ce qui est presque un genre en soi : théâtre, est-il apparu rapidement à le film de famille. Quelle a été l’origine de l’écriture ? ce projet ? Il n’y a pas eu d’intention de faire L’origine, je ne sais pas exactement, mais « théâtre », mais disons que ça s’est ce que je peux dire, c’est que je portais imposé naturellement par le sujet, cette histoire en moi depuis longtemps, puisqu’il y a une unité de lieu (la maison), peut-être même depuis toujours et qu’il de temps (le film se passe en moins de 24 m’a fallu tout ce temps et tous ces films heures) et d’action (tout s’organise autour pour m’autoriser à la raconter. Mais à de l’anniversaire de la mère). Le film est partir du moment où ça s’est imposé, tout construit en trois actes et les dialogues SYNOPSIS est allé très vite. À l’automne 2017, alors sont abondants. La théâtralité vient que je venais de terminer La Prière, j’ai également des personnages eux-mêmes écrit un premier traitement d’une vingtaine puisqu’on a le sentiment qu’ils se mettent « Aujourd’hui c'est mon anniversaire et j'aimerais qu'on ne parle que de choses joyeuses. » de pages que j’ai fait lire à Sylvie Pialat, en scène, qu’ils jouent parfois un rôle qui la productrice, qui a immédiatement eu leur est imposé, avec un côté presque Andréa ne sait pas encore que l'arrivée « surprise » de sa fille aînée, Claire, disparue l’intuition que ce projet devait voir le jour vaudeville par moments. Et concernant depuis 3 ans et bien décidée à reprendre ce qui lui est dû, va bouleverser le programme vite, comme si elle avait senti à la fois une les deux mises en scène qui interviennent et déclencher une tempête familiale. urgence et un risque de recul. Et à partir au cours du récit (le film de Romain et la de là, tout s’est enchaîné très rapidement : pièce d’Emma), elles fonctionnent comme l’écriture du scénario, la recherche des des poupées russes, qui permettent de acteurs et des financements, jusqu’au donner de la perspective au récit. Elles tournage qui a commencé peu de temps offrent aussi une forme d’exutoire, un peu après. Pour moi qui suis d’une nature comme si la fiction devenait le dernier lente, ça a été un peu vertigineux mais je rempart contre la folie. l’ai pris comme un défi. Ces spectacles apportent aussi de la Comme la plupart des héros de vos films bonne humeur, de la légèreté. Plus précédents, Claire est un personnage « à généralement, tragédie et comédie la limite ». Mais pour la première fois, ce coexistent tout au long du film. personnage est féminin. Je voulais raconter une famille un peu Oui c’est vrai et, plus globalement, je dingue mais aussi très joyeuse, où chacun dirais c’est un film dans lequel les femmes peut exprimer sa fantaisie, sa créativité. se trouvent au centre. Des femmes Ils ont entre eux des rapports très durs, puissantes, comiques, tragiques. Et en ce très cash, se balancent parfois des choses qui me concerne, je dirais : enfin ! Il était terribles, mais c’est leur façon à eux de temps... Et j’ai adoré ce travail avec toutes s’aimer. Je voulais que ce soit très vivant, ces actrices. très « tripal », avec des enfants qui ne se tiennent pas, boivent du vin, grimpent sur les tables, des adultes qui se conduisent comme des enfants, une vraie liberté citadelle imprenable, comme si cette C’est la première fois que vous dirigez Emmanuelle Bercot et Vincent Macaigne de ton. Tout chez eux est instinctif, famille vivait dans l’angoisse du monde Catherine Deneuve. ont en commun un sens de la démesure. spontané, le contraire d’une famille extérieur, de l’invasion. Au bout du Et comme vous, ce sont deux metteurs en éduquée ou « psychanalysée ». compte, elle a presque un côté irréel, Oui. Avant de démarrer, j’étais assez scène... comme si ces personnages évoluaient impressionné, mais dès l’instant du dans un trompe-l’œil. travail, tout m’a paru très simple, plus Je n’ai pas fait exprès de choisir deux Le film a une dimension de « Cluedo simple qu’avec pas mal d’acteurs. Elle acteurs qui sont aussi metteurs en scène, familial ». L’arrivée de Claire semble a une faculté à vivre l’instant présent, le mais c’est peut-être ce qui rend notre dynamiter le groupe mais au fil du récit, Avec ses personnages hauts en tournage, son personnage et les situations fratrie crédible... Plus sérieusement, les révélations, les manipulations, les couleurs et ses dialogues ciselés, Fête du film qui rend les choses très légères. c’est vrai que j’ai aussi fait appel à eux renversements d’alliances viennent de famille est un grand film d’acteurs. Elle a aussi une grande curiosité pour pour leur côté baroque, je voulais des constamment bousculer les certitudes Comment avez-vous composé cette la mise en scène, si bien que je pouvais acteurs puissants, comiques, libres, au du spectateur. famille ? m’ouvrir de tout avec elle. service de personnages déraisonnables. Leur duo est la charpente du film, ils sont L’arrivée de Claire, la sœur aînée, pose Très méthodiquement. En commençant les animateurs du récit, amenant à tour d’emblée beaucoup de questions. Elle par la mère, la pierre angulaire de l’édi- Et c’est aussi la première fois que vous de rôle la fantaisie, la manipulation, la a disparu depuis plusieurs années, fice familial Catherine Deneuve était jouez dans un de vos films. tragédie. arrive avec toutes ses affaires, n’a pas une évidence. Son statut, son aura, sa été invitée à l’anniversaire de sa mère, fantaisie, son humanité : tout entrait C’est un peu pareil. Je m’en faisais toute sa fille vit ici avec ses grands-parents… en résonance avec le personnage. Et une montagne et dans l’instant du jeu, Comment avez-vous travaillé avec Rien n’est vraiment normal et pourtant comme elle nous a rapidement don- tout m’a semblé plus simple. J’avais Emmanuelle Bercot sur le personnage tout le monde fait comme si tout l’était, né son accord, on a construit la famille l’impression de pourvoir insuffler le ton de Claire qui, par son caractère extrême, et c’est peut-être ça le plus étrange. autour d’elle. Dans une sorte de se- et l’énergie de l’intérieur. J’étais aussi peut être délicat à appréhender ? Les questions s’amoncellent et le film mi-plaisanterie, j’ai dit à Sylvie Pialat servi par des acteurs de haut niveau, devient une sorte d’enquête sur ce que le rôle du frère ainé casse-pieds, très virtuoses, très autonomes. Avec le Quand on voit Emmanuelle à l’écran, on a personnage. Et au fur et à mesure des redresseur de torts, m’irait comme chef opérateur, l’assistant et la directrice une impression de spontanéité, de facilité, réponses, le mystère s’épaissit, on ne un gant et elle a immédiatement été de production, nous avions répété tout alors qu’elle prépare énormément, elle est sait plus vraiment qui dit vrai et qui convaincue par l’idée. J’ai décidé de lui le scénario dans le décor en amont du très bosseuse. Ce que je lui disais, c’était dit faux, qui est le bourreau, qui est la faire confiance, même si mes réticences tournage, du fait que nous connaissions qu’elle ne devait surtout pas jouer la folie, victime. Il y a un jeu de miroirs constant, à mener de front jeu et mise en scène chaque place de caméra avant de mais au contraire défendre les convictions si bien qu’à la fin tout le monde semble étaient très grandes. Puis nous avons démarrer. Avec Yves Cape, nous avions et la logique de son personnage. Je n’ai contaminé par le mal de Claire. entamé avec Antoine Carrard (mon décidé des options de mise en scène très pas évoqué avec elle des références de complice de casting depuis mes débuts) nettes et nous n’y avons pratiquement films avec des personnages borderline, de longues séances de lectures du scé- pas dérogé. Le film est composé en mais pendant la préparation, avec l’équipe, Avec ses vieux papiers peints et son nario avec différents acteurs. J’avais grande partie de plans-séquences, avec nous en avons revu pas mal : Melancholia, côté de guingois, la maison est aussi un besoin de voir cette famille, de la « hu- peu d’axes. La caméra ne bouge pas, le Une femme sous influence, Un tramway véritable personnage. mer », je ne pouvais pas me contenter mouvement vient des personnages. Et nommé désir... d’une construction théorique. Ça a été quand le film s’installe, pour les scènes Nous cherchions une grande maison, un exercice d’assemblage jusqu’à ce de repas par exemple, c’est l’inverse : vestige d’un temps passé, enclavée que le tableau soit le plus parfait pos- le découpage prend le relais, crée le Qui dit « fête de famille » dit scènes de dans un beau jardin, mais surtout sible, avec un jeu de ressemblances et mouvement.