SOEUR SOURIRE Dpdef
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Photos : © Jean-Claude LOTHER - PARADIS FILM • dp artwork: ÉRIC HEUMANN et MARC SILLAM présentent DISTRIBUTION Cécile de France 6, rue Lincoln 75008 Paris Tél : 01 56 62 30 30 Sœur Sourire Fax : 01 56 62 30 40 www.ocean-films.com un film de Stijn Coninx RELATIONS PRESSE MOTEUR ! Dominique Segall et Gregory Malheiro Durée : 2h 20, rue de la Tremoille 75008 Paris Tél. : 01 42 56 95 95 Sortie le 29 avril 2009 Photos, affiche et dossier de presse téléchargeables sur www.ocean-films.com/presse Synopsis La fin des années 50…Environs de Bruxelles. Comme tous les jeunes gens de son époque, Jeannine Deckers (Cécile de France) a soif de liberté et de découverte. Il n’est pas question de se résigner au choix que ses parents ont fait pour elle : choisir un mari et reprendre la boulangerie familiale. Elle aspire à une autre vie. Partir. Aller vers les autres. D’abord tentée par des études de dessin, elle entre au couvent. Jeannine découvre qu’être une Dominicaine, est une vocation difficile. Il faut renoncer à soi et surtout à la musique. Cela, elle n’y est pas prête. Malgré l’incompréhension des autres sœurs mais avec la bienveillance de la mère supérieure elle va tenir bon et composer un « tube » Dominique. Pour le grand public du monde entier, Jeannine va devenir « Sœur Sourire ». Elle va connaître la gloire et vendre des millions d’exemplaires de ses disques. Son succès sera comparé à celui d’Elvis Presley. Le film raconte l’histoire singulière et bouleversante de cette jeune fille qui n’a jamais renoncé. Entretien avec Cécile de France Comment êtes-vous arrivée sur le projet ? C’est le producteur Jan van Raemdonck qui m’a d’abord parlé de ce film il y a sept ou huit ans. J’ai immédiatement été intéressée par le person- nage de Jeannine Deckers, mais le projet a été plusieurs fois retardé à cause de problèmes de financement. D’ailleurs, jusqu’à une date récente, on n’était même pas sûr que le film se fasse un jour. Par chance, le pro- ducteur Eric Heumann a accepté de le produire. Quels ont été vos rapports avec le réalisateur Stijn Coninx ? Dès le début, Stijn et moi avons été solidaires et sur la même longueur d’ondes. On a même retouché le scénario ensemble : il m’a laissé parti- ciper à la réécriture des dialogues et il a tenu compte de mes idées, y compris sur le tournage. Au fond, ce qui était formidable c’est qu’on sou- haitait raconter la même histoire. Du coup, chaque fois qu’on apprenait que le film risquait de ne pas se faire, on était très malheureux. Quel est votre regard sur le personnage de Sœur Sourire ? Pour moi, c’est d’abord une rebelle, une insoumise qui dépassait ses limi- tes autorisées par son statut. Elle a aussi voulu donner une image plus humaine de l’Eglise. Par ses chansons, elle a sincèrement cru qu’elle pourrait rapprocher les jeunes de la religion catholique. D’ailleurs, quand elle était étudiante à Louvain-la-Neuve, elle aimait échanger beaucoup d’idées librement et sans retenue avec les gens de son âge. Mais c’est aussi une femme qui s’est intéressée à la réalité sociale de son époque et aux gens les plus modestes : c’est pour cela qu’elle aurait voulu que l’Eglise soit au service de l’humanité. Elle a pourtant suscité plusieurs polémiques au sein de l’Eglise… Elle s’est même mis l’Eglise à dos – et ses fans – avec La pilule d’or, une chanson révolutionnaire pour l’époque qui faisait l’apologie de la contraception. Elle n’hésitait pas à prendre des risques et à assumer ses idées progressistes, tout en revendiquant une foi sincère. Pour l’époque, c’était une punk avant l’heure ! Quelle est la facette de sa personnalité qui vous a le plus intéressée ? C’était une emmerdeuse ! Une vraie tête de bois … C’était une très grande égoïste avec un "moi" surdimensionné. Elle refusait toute marque d’autorité, qu’il s’agisse de sa mère, de ses supérieures au couvent ou des règles l’a pas autorisée à utiliser son nom d’artiste pour la réduire au silence. Par son de la vie en société. Dans le même temps, elle jouait un vrai rôle de Judas au cou- public de catholiques pratiquants aussi qui a été choqué par ses chansons les plus vent. J’aime bien aussi son côté contestataire qui refuse la moindre critique. provocatrices. L’Etat lui a également tourné le dos quand elle a demandé l’indul- gence du fisc. Tout comme les médias qui ont créé le phénomène Sœur Sourire à Jeannine Deckers a aussi sa part d’ombre… son insu et qui l’ont fait souffrir en révélant son homosexualité avant de l’aban- Oui, elle a une agressivité refoulée et une brutalité sauvage. D’ailleurs, sur le tour- donner. Ou encore son manager après sa tournée ratée au Canada. nage, j’ai proposé des choses physiquement violentes que Stijn a souvent accep- Seule Annie lui est restée fidèle : grâce à son amour inconditionnel, Jeannine se tées. Dans le fond, je crois que c’était une grande adolescente instable et bourrue voyait comme une déesse invincible. qui n’est jamais devenue adulte et n’a jamais pu affronter la réalité de la vie. C’est pour cela qu’elle a passé son temps à fuir : dès qu’elle se heurtait à une contra- Vous êtes-vous plongée dans les images d’archives pour mieux cerner le per- riété ou aux critiques, elle se refermait sur elle-même et partait à la recherche sonnage ? d’un "au-delà du réel", comme elle le dit elle-même dans son journal intime. Bien sûr ! J’ai visionné les documentaires qui existent sur elle et j’ai lu toutes les interviews qu’elle a données et les ouvrages qui lui ont été consacrés. Dans mon Qu’est-ce qu’elle fuyait ? interprétation, j’avais toujours tendance à aller au plus près de la réalité, tandis Pour commencer, l’autoritarisme et la froideur de sa mère. Ensuite, ses angoisses que Stijn souhaitait davantage aller vers l’évocation du personnage pour tirer le et ses troubles lorsqu’elle découvre l’amour à l’époque de l’adolescence. Car au lieu récit vers la fiction. Son but était de la rendre attachante. D’ailleurs, dans le film, de vivre et d’accepter le trouble qu’elle ressent pour une fille ou un garçon, elle elle a beau être bourrue et tête de mule, on s’identifie facilement à elle. On a donc fuit. Il faut savoir que sa mère méprisait l’amour physique et qu’elle a joué un rôle un peu estompé ses aspects les moins sympathiques, comme son agressivité et très important dans la construction de son identité et de sa vision d’elle-même. son arrogance. D’où le sentiment d’auto-répulsion de Jeannine et sa peur panique de l’amour. Vous vous êtes entraînée à la guitare et au chant ? C’est pour cela qu’elle s’est réfugiée au couvent ? Pendant cinq mois. Mais c’est surtout la guitare qui m’a donné du mal : c’est vrai- Oui, elle y cherche des réponses à ses doutes, et le calme et le réconfort qui lui ment grâce à Bruno Pilloix que j’ai réussi à surmonter mes angoisses sur le tournage. manquent. Elle voulait également défier Dieu et faire abstraction d’elle-même. C’est aussi une manière de se valoriser vis-à-vis de sa mère : l’habit lui donne un Comment Stijn Coninx dirige-t-il ses acteurs ? statut social très fort. Mais, là encore, ses espoirs seront déçus. Plus tard, bien Il est extrêmement présent. Il prend toujours le temps de resituer la scène avec après avoir quitté le couvent, elle plongera dans la dépression, l’alcool et les anxio- les comédiens avant la prise : il nous réexplique à quel moment de l’intrigue on se lytiques, et finira par se suicider – ce qui est une autre forme de fuite. Je pense trouve et il redonne les enjeux à chacun. En plus, il le fait avec une immense dou- qu’elle était, pour elle-même, son plus grand obstacle. ceur. Du coup, malgré la fatigue et les difficultés du tournage, il a su créer une atmosphère sereine et dénuée de tensions. C’était une merveilleuse aventure Comment expliquer qu’elle refoulait autant ses sentiments ? humaine qui restera parmi mes meilleurs souvenirs. Elle n’a jamais réussi à se servir de son cœur parce que personne ne le lui a appris quand elle était jeune. D’ailleurs, si elle s’est considérée comme une grande artiste Y a-t-il une vraie différence entre un tournage en Belgique et en France ? et qu’elle n’a jamais pu se remettre en question, c’est qu’elle avait un immense Les habitudes de travail ne sont pas les mêmes. Par exemple, les comédiens belges besoin d’amour et, dans le même temps, une incapacité d’aimer : elle n’est vrai- font une vraie recherche sur leur personnage et n’ont pas peur de paraître ridicu- ment heureuse que lorsqu’elle ressent l’amour du public. les, antipathiques ou laids à l’écran. En fait, ils sont avant tout dans le désir de raconter l’histoire et ils estiment qu’ils passent après l’histoire. Du coup, on n’est Elle finit abandonnée de tous. pas prisonnier d’une image ou d’un ego et on peut vraiment travailler les person- Elle est d’abord abandonnée par sa mère.