Les Rivalités Atomiques, 1939-1966
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« Les Rivalités Atomiques 1939-1966 » retra- ce, sans aborder du tout l'aspect technique, l'histoire de la politique atomique interna- tionale depuis la découverte de base jusqu'à nos jours. C'est le premier ouvrage qui révèle la complexité de la compétition pour la puissance nucléaire depuis un quart de siècle, véritable «jungle » atomique vue à travers le témoignage, émaillé de nombreux souvenirs personnels, d'un des pionniers de ce passionnant domaine. Le récit débute par un prologue où l'auteur dépeint les débuts de sa carrière de chercheur scientifique au laboratoire Curie avant la guerre et les événements qui l'ont amené à être le seul Français à travailler, pendant le conflit, dans l'organisation atomique américaine et cela au moment le plus pas- sionnant, en 1942. La première partie de l'ouvrage, « le chemin de la suprématie », est consacrée à l'entre- prise atomique alliée pendant la guerre aboutissant à la création du monopole américain, aux difficultés anglo-américaines au niveau même de Churchill et de Roosevelt, aux problèmes soulevés par la présence de quelques savants français dans l'équipe britannique, et enfin à la décision d'emploi de la bombe. La deuxième partie, « la perte d'un mono- pole », décrit la politique du secret suivie par les alliés anglo-saxons après la guerre, la fin de la collaboration anglo-américaine et les premières négociations avec l'Union Soviétique ; puis comment les coups de théâtre de la bombe atomique russe, des affaires d'espionnage et la course à la bombe H, ont entraîné l'abandon de la politique du secret en faveur de celle de l'aide con- trôlée. La troisième partie, « la naissance de la quatrième puissance nucléaire », dépeint sous l'angle politique l'histoire de l'effort atomique français depuis la création du Commissariat à l'Énergie atomique jus- qu'à la décision de fabriquer des armes LES RIVALITÉS ATOMIQUES Bertrand Goldschmidt LES RIVALITÉS ATOMIQUES 1939-1966 LES GRANDES ÉTUDES CONTEMPORAINES Fayard Il a été tiré de cet ouvrage : 50 exemplaires sur alfa mousse, numérotés de 1 à 50. Ç) Librairie Arthème Fayard, 1967. A PAUL ET EMMA Table AVANT-PROPOS 11 PROLOGUE. QUATRE MICROGRAMMES DE PLUTO- NIUM 15 L'orientation 15 L'initiation 20 La tentation 24 La transition 28 La participation 35 La déviation 40 PREMIÈRE PARTIE. LE CHEMIN DE LA SUPRÉMATIE 47 1. Entrée en scène des gouvernements 49 En France 49 En Angleterre 56 Aux Etats-Unis 61 2. Le renversement des puissances 65 L'occasion manquée 65 La rupture 70 L'accord de Québec 77 3. Le problème des Français 85 4. La décision d'utiliser la bombe 94 L'échec allemand 94 Les relations avec l'Union Soviétique 98 Quatre mois pour décider du sort du monde 103 DEUXIÈME PARTIE. PERTE D'UN MONOPOLE 113 1. La politique du secret 115 Vers l'isolationnisme 115 Contrôle national et international , 126 2. Coups de théâtre en série 137 La reconversion 137 La réussite soviétique 143 La course à la bombe H 152 La levée du secret atomique 160 TROISIÈME PARTIE. NAISSANCE DE LA QUATRIÈME PUISSANCE NUCLEAIRE 175 1. Vers une politique atomique française 177 Les débuts 177 Un plan et une politique 188 2. Problèmes nationaux et internationaux 199 Vers l'armement atomique français 199 Fiançailles européennes 210 Flirts avec les Anglo-Saxons 223 QUATRIÈME PARTIE. LE RAPPROCHEMENT DES DEUX GRANDS 235 1. Du spoutnik au traité de Moscou 237 Une alliance pas comme les autres 237 L'arrêt des expériences nucléaires 248 2. L'expansion atomique mondiale 264 La révolution industrielle 264 Collaboration et contrôle internationaux .. 281 3. Le club atomique 292 CONCLUSION. VERS UN MONDE UNIFIÉ 304 GLOSSAIRE DES TERMES TECHNIQUES 312 CHRONOLOGIE DES ÉVÉNEMENTS CITÉS 323 LISTE DES MINISTRES FRANÇAIS CHARGÉS DE L'ÉNERGIE ATOMIQUE 333 INDEX DES PERSONNES CITÉES ...................... 335 Avant - propos Le 25 avril 1945, moins de deux semaines après la mort de Roosevelt, avant le suicide d'Hitler et la fin de la guerre avec l'Allemagne, s'ouvrait solennellement à San Francisco la Conférence instituant l'Organisation des Nations Unies. Parmi les cinquante ministres des Affaires étrangères rassemblés, deux seulentent, ceux des Etats-Unis et du Royaume-Uni, étaient conscients de l'avènement imntinent d'uîi facteur révolutionnaire dans la politique à venir : l'arme atomique, qui allait, cent jours après, permettre d'achever la guerre avec le Japon et transformer l'équilibre des forces mondiales. Vingt et un ans plus tard, des centaines de bombes, jusqu'à mille fois plus puissantes, ont explosé au-dessus des océans Pacifique et Arctique et dans le ciel des déserts de Sibérie, du Nevada, d'Australie, du Sahara et du Sin-Kiang, mais aucune n'a éclaté à nouveau. à l'occasion d'une guerre. Des dizaines de sous-marins à propulsion nucléaire sillon- nent les mers du globe, tandis que celui-ci commence à se couvrir- de puissantes centrales atomiques productrices d'électricité, niais aussi susceptibles de fournir le redou- table explosif. Seuls cinq pays ont accédé aujourd'hui à l'arme nou- velle, précisément les cinq grandes puissances alliées de la Deuxième Guerre mondiale, auxquelles la Charte des Nations Unies a confié la responsabilité de la paix en leur attribuant le droit de veto. D'autres les suivront inéluc- tablement, à moins que les relations entre nations ne subissent un changement radical. Le maintien de la paix, dans un monde où se multiplie le nombre des pays possédant le moyen de détruire la vie et la civilisation sur une région entière, pose à l'homme un problème fondamental, différent de tous ceux qu'il a déjà affrontés dans son évolution ; de sa solution dépend l'avenir de son espèce. Il me paraît donc très important pour ceux qui s'inté- ressent à la prévision et à l'organisation de l'avenir, qu'ils connaissent l'histoire des relations internationales dans le domaine capital de l'énergie atomique. Les pages qui suivent cherchent à retracer dans ses grandes lignes, sans aborder l'aspect technique, contraire- ment à ce que j'ai fait dans un ouvrage précédent t, l'his- toire de la politique atomique internationale et des délicates relations en cette matière entre les alliés de la Deuxième Guerre mondiale. Cette histoire comporte déjà ses leçons. Une forme com- binée d'égoïsme national et de responsabilité internationale, que certains appellent la politique du club atomique, se retrouve tout au long de la fresque, sans cesse changeante, des événements influencés par les problèmes militaires et les questions industrielles, à la fois imbriqués et distincts. J'ai pu suivre, au cours de ma carrière de technicien d'abord, d'administrateur scientifique ensuite, l'évolution de cette passionnante aventure. J'aurais cependant peut-être dû attendre de ne plus y être mêlé pour la raconter comme je l'ai vue, tantôt de près, tantôt de loin, mais vingt-cinq années représentent déjà une importante tranche d'histoire et le moment m'a paru indiqué d'essayer de mieux faire connaître l'évolution de la politique atomique française et internationale. Bien entendu, ce récit n'est qu'un survol, car j'ignore de nombreux faits qui n'ont pas encore été révélés et moi-même ne puis rendre publics tous ceux que j'ai eus à connaître. Je n'ai pas hésité à mêler des souvenirs person- nels à des faits historiques et à décrire en détail des événe- ments auxquels j'ai participé, au risque de leur donner une importance trop grande dans l'équilibre de l'ensemble. Enfin pour la simplicité du récit, je n'ai pu citer, comme je l'aurais voulu, toutes les personnalités qui ont joué un rôle important dans cette affaire. 1. L'Aventure Atomique, Fayard, 1962. Je me suis largement inspiré, pour la période de la guerre, des deux ouvrages fondamentaux 1 écrits d'après des documents officiels et parus successivement aux Etats-Unis et en Angleterre durant ces dernières années et j'ai insisté sur les faits qu'ils relatent, car ils sont à la base de toute la suite. En particulier, les citations des hommes d'Etat anglais et américains proviennent du livre britannique. Pour l'histoire du développement atomique français de 1946 à 1958, il faut citer le seul ouvrage existant : une inté- ressante étude due à un universitaire américain 2. Je tiens à remercier vivement Madame Margaret Gowing, historien officiel de l'énergie atomique en Grande-Bretagne, pour les précieuses remarques qu'elle a faites sur le manus- crit. Je veux exprimer ici toute ma reconnaissance aux amis, et en particulier à Madame Jacqueline Cazeneuve, qui m'ont encouragé à écrire ces pages, ainsi qu'à Mesdames Lucienne Corre et Marie-Paule Lacoste, qui m'ont souvent assisté dans la rédaction. Enfin je tiens à dire ma gratitude à mes autorités supé- rieures, sans l'accord desquelles cet ouvrage, qui n'engage que moi-même, n'aurait pu paraître. 1. The New World 1939-1946, par Hewlett et Anderson, The Pennsylmnia State University Press, 1962. Britain and Atomic Energy, 1939-1945, par Margaret Gowing, MacMillan & Co, 1964 ; traduction et adaptation française : Dossier Secret des Relations Atomiques entre Alliés, 1939-1945, Plon, 1965. 2. Atomic Energy in France under the Fourth Republic par Lawrence Scheinman, Princeton University Press, 1965. Prologue Quatre microgrammes de plutonium Quatre microgrammes de plutonium, quatre millièmes de milligramme, quantité de matière presque impondérable, mais quatre microgrammes du premier élément créé par l'homme, allaient en février 1943 incliner ma carrière de la science vers la politique et pourtant rien ne permettait jusque-là de le prévoir. L'orientation. Un frère aîné brillant en mathématiques, un père sévère qui, bien des années avant que mon frère ne porte le bicorne de polytechnicien, me reprochait de ne pas tra- vailler assez pour y accéder aussi, une bonne place à ma première composition de chimie, ont sans doute orienté ma carrière.