11 Mai 2021 no 208 ISSN 1254-5171

Après li, in peut tirer ch’l’équelle www.pasdecalais.fr p. 10 Photo Jérôme Pouille Voici des fleurs...

p. 23 Photo Jérôme Pouille En attendant Bollaert !

p. 28 Photo Jérôme Pouille L'homme de la Manche

COURAGE Notre dossier p. 16-17 Photo Jérôme Pouille ET DÉVOUEMENT Antoine Beugnet, sapeur-pompier à - Antoine Beugnet, 2 o 2 360°À l’air livre L’Écho du Pas-de- n 208 – Mai 2021 Sommaire 4 Vie des territoires Un « TPN » Photo Christophe Barbier 16 Dossier 18 Identité 100 % connecté 20 Expression des élus

21 Vécu

22 Sport

24 Arts & Spectacles

26 À l’air livre

27 Tout ouïe

28 Zoom Le Trail des Pyramides Noires, TPN, ne pouvant pas se tenir dans sa forme classique en raison du contexte sanitaire, la Mission Bassin Minier propose aux Agenda coureurs du territoire de se lancer dans une édition connectée. Comme pour le TPN classique, plusieurs formules de course sont proposées : 110, 55, 35 et 30 22 kilomètres. Une distance supplémentaire de 10 km a été ajoutée pour permettre au plus grand nombre de participer à la valorisation du Bassin minier - Patrimoine mondial de l’UNESCO. La distance choisie peut être réalisée en une ou plusieurs fois avec un seul impératif : emprunter au moins un terril sur En route... son parcours, élément incontournable du TPN. Chaque participant doit transmettre ses traces GPX ainsi qu’une photo attestant de sa participation par 32 e-mail à l’équipe organisatrice avant le 29 mai à 23 h 59. Inscriptions sur www.traildespyramidesnoires.com Chouchoutez vos mamans avec les artisans

« CaD’Opale, c'est l'histoire de trois Salé L’Écho du Pas-de-Calais Sucré 5 rue du 19-Mars 1962 copines du Pays d'Opale, trois arti- Le 8 avril dernier, l’Assemblée À force d’attendre, la mer sera ar- 62000 Tél. 03 21 54 35 75 sans d’, trois savoir- nationale a définitivement adop- rivée au pied des remparts… Aux http://www.pasdecalais.fr [email protected] faire, qui proposent des coffrets té la proposition de loi du député yeux de l’administration française, cadeaux événementiels (Noël, Fête breton Paul Molac qui apporte de l’INSEE, c’est Montreuil. La Directeur de la publication : des mères...) sans prise de tête ! », des mesures de protection et de sous-préfecture du Pas-de-Calais a Jean-Claude Leroy [email protected] explique Sophie. Il y a Florine, spon- promotion des langues régio- perdu un beau jour son « sur-Mer » Rédacteur en chef : tanée et pimpante artisan-fleuriste nales (estimées à 75 en ) et souhaite le retrouver, d’une Christian Defrance [email protected] de la boutique Bergamote, aux bou- dans trois domaines : le patri- part pour éviter des problèmes Tél. 03 21 54 36 38 quets frais et modernes ; Marie, sou- moine, l’enseignement, les ser- d’homonymie (il y a 4 Montreuil Photo D.R. Rédactrice : riante et créative artisan de Macréa- vices publics via la signalétique en France, dans le 62, l’Eure-et- Marie-Pierre Griffon [email protected] déco, qui imagine des décorations pour embellir la maison ; et Sophie de chez et les actes d’état civil. Il faut as- Loir, la Vendée et la Seine-Saint- Tél. 03 21 54 35 36 So’Belle, curieuse et dynamique, aux savons et cosmétiques artisanaux à base de teure que le rectorat de l’Acadé- Denis) et d’autre part pour rétablir Secrétaire de rédaction : Julie Borowski plantes, qui puise avec son binôme Isabelle, dans la richesse de la Côte d’Opale mie de Lille s’engage dans un pro- une vérité historique : il y avait un [email protected] Tél. 03 21 21 91 29 pour développer des produits bienfaisants et naturels. Une bien (So’)belle as- jet d’enseignement de la langue port où les bateaux accostaient

Maquette et réalisation : sociation. Ce – pour l’instant – petit collectif d’artisans de la Côte d’Opale en picarde (patois, chti, rouchi) en en traversant la Canche depuis la Julien Courouble séduira sans doute plus d’un. D'autres artisans viendront par la suite varier le vue de la prochaine rentrée sco- Manche. En 2016, la commune [email protected] Tél. 03 21 21 91 12 contenu des paquets. La fête des mères s’annonce d’ores et déjà made in Pas-de- laire… L’Agence régionale de la avait demandé à redevenir officiel- Photographes : Calais, avec une composition « prête à offrir » de 40€ comprenant un objet déco langue picarde a aussitôt envoyé lement Montreuil-sur-Mer mais Yannick Cadart [email protected] de chez Macréadéco, un assortiment de macarons de la pâtisserie Sébastien Bru- une belle lettre à la rectrice. la démarche n’avait pas abouti. Jérôme Pouille [email protected] net, deux cosmétiques naturels bio de chez So’Belle, et la possibilité d’y ajouter Histoire que le picard ne fasse En 2021, elle envisage de déposer un bon cadeau de 15€, pour les mamans fashion, de la boutique Les P’tites fripes encore une fois « queu-ette » à nouveau ce dossier « serpent Ce numéro a été imprimé d’Amélie. Le tout, forcément joliment emballé avec la touche florale de Florine. (l’école buissonnière). Et on rêve de mer » et d’attendre la décision à 695 175 exemplaires chez Lenglet Imprimeurs, Caudry (59). Les retraits et paiements se feront les vendredis 21 et 28 et samedis 22 et 29 mai de voir des panneaux bilingues à de la commission consultative de

L’Écho du Pas-de-Calais n° 209 au showroom Macréadéco, 30 route de à Hardinghen. l’entrée de nos villes et villages… révision des noms des communes. de juin 2 021 sera distribué à partir du n Chr. D. Chr. D. 7 juin 2 021. Contact : page Facebook CaD’Opale et Tél. 06 72 21 52 30 o 3 L’Écho du Pas-de-Calais n 208 – Mai 2021 À l’air 360°livre 3

Calais L’Écho du Pas-de-Calais numéro 208 sera distribué Le 208 à la carte à partir du 7 juin. Figurent sur cette carte les communes concernées par les reportages de ce numéro, ainsi que les chefs-lieux d’arrondissement et les villes autour des- Patois quelles s’articulent les huit territoires du conseil départemental. Après li, in peut tirer ch’l’équelle Hardinghen « Après lui on peut enlever Saint-Omer l’échelle. Ironiquement personne Conteville ne peut le dépasser, ne peut faire mieux en quoi que ce soit ; c’est le suprême, le plus instruit » ex- Boulogne-sur-Mer plique Marius Lateur dans Quatre cents locutions et dictons de Campagne-lès-Boulonnais nos régions minières de l’Artois, ouvrage paru en 1934. L’expres- Carte Eden 62 sion est vieille comme Hérode. Au Moyen Âge, l’échelle servait aux Étaples-sur-Mer condamnés pour monter au gibet. Béthune Lorsqu’il y en avait plusieurs, le Oignies plus coupable passait en dernier, St-Pol-sur- Loos-en-Gohelle on disait qu’après lui on pouvait Montreuil-sur-Mer Ternoise tirer l’échelle… Alors « après Jules Hénin-Beaumont Ramon, in peut tirer ch’l’équelle » ! Lens Jules Ramon, surnom de Jean- Héricourt Claude Vanfleteren de Saint-Lau- Saint-Laurent-Blangy Noyelles-sous- rent-Blangy, créateur de la troupe Retrouvez-les dans ce journal : La Colombine, n’est pas monté au • p.25 gibet mais sur la troisième marche Boulogne-sur-Mer • p.4, 30 Haucourt du podium du Prix de littérature en Busnes • p.3 Arras picard 2 021 avec « El caftière à Calais • p.7, 25 Campagne-lès-Boulonnais • p.29 Laventie • p.10 Man Nini », conte sur la découverte Conteville • p.22 Lens • p.12, 23 Hendecourt-lès- d’un trésor caché dans une cafe- Étaples-sur-Mer • p.5 Le Parcq • p.21 tière. Dans ce même concours, Hardinghen • p.2 Loos-en-Gohelle • p.25 Yves Dezèque (dit Ech Pointeu) de Harnes • p.13 Noyelles-sous-Bellonne • p.27 Riencourt-lès- Bailleul-aux-Cornailles, décroche Haucourt • p.32 Oignies • p.17 une mention spéciale du jury pour Hendecourt-lès-Cagnicourt • p.14 Reclinghem • p.8 Saint-Omer • p.24 Héricourt • p.9 Riencourt-lès-Bapaume • p.15 Sangatte • p.6 « Ech garchonpète à cloque ». Hermin • p.11 Saint-Laurent-Blangy • p.16 Wimereux • p.28 n Une « nouvelle ère » au Château de Beaulieu

Idée fixe BUSNES • Marc Meurin fut en 1998 le premier chef La mer nous manque et nous envions ceux qui « deux étoiles » au nord de Paris pour son restaurant gastro- n’ont pas plus de dix kilomètres à faire pour nomique Le Meurin à Béthune. En 2005, Le Meurin démé- la rejoindre. La Côte d’Opale nous manque nageait à Busnes au Château de Beaulieu et conservait ses et nous pensons très fort à elle en tournant « deux étoiles Michelin ». En 2006, cet enfant de l’immigra- les pages de ce numéro de mai de L’Écho du tion polonaise (sa mère, Cécile Kucheida) né à Lens le 4 jan- Pas-de-Calais. Elle ne s’appelait pas encore vier 1953 ouvrait un deuxième restaurant Le Jardin d’Alice Côte d’Opale (nom inventé en 1911) mais déjà dans les murs du château, un troisième à Lille en 2010, un Napoléon lui faisait les yeux doux (page 4). quatrième L’Atelier au Louvre-Lens en 2013. Ce grand chef Quand la mer rit « sous Deux-Caps », les pho- a tourné une page de sa vie le 15 avril dernier en annonçant tographes s’en donnent à cœur joie et c’est un à ses équipes qu’il passait la main. Christophe et Delphine festival de couleurs et de lumières (page 6). Dufossé reprennent en juillet la gestion du Château de Beau- Lui n’a que quelques mètres à faire pour lieu. « Nous souhaitons faire perdurer la grâce et enrichir s’amuser avec elle ! Stève dit « le Phoque » les atouts du Château de Beaulieu, en nous inscrivant dans est ce nageur de l’extrême (page 28) qui ne la un premier temps, dans la lignée de ce que Marc et Clau- quitte jamais suivant le conseil de Baudelaire : dine Meurin ont contribué à construire » souligne le couple. « Homme libre, toujours tu chériras la mer ! ». Originaire de Calais, Christophe Dufossé avait quitté Metz Chérir la mer, la respecter, Nausicaà s’y at- à la fin du premier confinement pour retrouver sa région Photo Studio Helle tache depuis trente ans (page 30). Ouvert le 18 natale. À Metz, où il avait créé le restaurant La Table, il était piscine couverte, d’un bar lounge mais aussi d’un jardin- mai 1991, le Centre national de la mer espère le seul chef étoilé. Avec ce restaurant et un hôtel 4 étoiles, potager avec ses arbres fruitiers et d’une basse-cour, qui une marée humaine pour sa réouverture le 18 le couple Dufossé avait constitué un groupe de 130 salariés. offriront à leurs futurs convives le plaisir de découvrir une mai 2021. La mer nous manque et les sapeurs- Après 15 années en Lorraine et à 52 ans, le Calaisien esti- cuisine organique, autonome et durable, très axée sur le vé- pompiers (pages 16 et 17) du Pas-de-Calais ne mait « avoir fait le tour ». Le couple Dufossé a de nouvelles gétal ». Jouissant de 6 hectares d’espace naturel, Christophe nous en voudront pas d’être attirés par leurs… ambitions pour le Château de Beaulieu (20 chambres actuel- et Delphine Dufossé prévoient d’accueillir dans un second sirènes. lement pour l’hôtel 4 étoiles, un restaurant gastronomique temps quelques animaux et ambitionnent de devenir un éta- Chr. D. et une brasserie), « il se distinguera bientôt par la création blissement 5 étoiles. d’une dizaine de chambres supplémentaires, d’un SPA avec n 4 Boulonnais L’Écho du Pas-de-Calais no 208 – Mai 2021 L’Aigle a fondu sur le Boulonnais

Par Christian Defrance

BOULOGNE-SUR-MER • Le samedi 5 mai 1821, à Longwood sur l’île de Sainte-Hélène où il était en exil depuis le 14 octobre 1815, à plus de 7 000 kilomètres de la France, Napoléon rendait son dernier souffle à

l’âge de cinquante et un ans, huit mois, vingt jours. Photo Yannick Cadart À Boulogne-sur-Mer comme dans le reste du pays, on n’apprit sa mort que deux mois plus tard le 5 juil- let 1821. Elle passa presque inaperçue... En 1840 son corps fut rapatrié à Paris et enterré aux Invalides. Depuis, ce personnage marquant de l’histoire de France et de l’Europe est « tantôt adoré, adulé ; tan- tôt décrié, vilipendé, rappelle Hervé Deguines. On l’aime ou on ne l’aime pas mais Napoléon ne laisse pas indifférent ». 2021, année du Bicentenaire de sa mort devait être une grande « Année Napoléon » sous l’égide de la Fondation du même nom... Mais la marche de l’empereur est ralentie par la Covid-19.

Ce n’est pas la Bérézina « mais nous statue de Jenner se trouve d’ail- Boulogne, ces « Villes impériales » valori- d’honneur. Qu’on l’aime ou qu’on sommes pour le moment privés de leurs au pied des remparts à Bou- « Ville impériale » sant le patrimoine lié au Premier ne l’aime pas, force est de constater notre passion » regrette Hervé De- logne-sur-Mer. « Il nous faudrait Remarquable, la balade dans les et au Second Empires. « Pour que l’empreinte de Napoléon sur le guines, ancien journaliste à Nord aujourd’hui un Napoléon pour ac- pas de Napoléon dans les cinq dé- ces 21 villes, Ajacccio, Boulogne, Boulonnais est forte. Littoral, président régional du Sou- célérer la vaccination contre la Co- partements des Hauts-de-France Compiègne, Fontainebleau..., la venir napoléonien. Historien et vid-19 » lâche Hervé Deguines. De l’est aussi. « Un travail inédit et marque ‘Ville impériale’ est un reconstitueur (qui participe aux re- Jenner, mais aussi de Daunou « ar- très accessible » ajoute l’auteur. outil de promotion et de communi- n constitutions historiques), il devait chiviste de l’Empire », de « Jubilin » Sur les 133 pages, 55 (pas loin de la cation » explique Hervé Deguines • Informations : le 2 mai à Paris se joindre au défilé un héroïque soldat, du général moitié !) sont ancrées dans le Pas- qui animera une conférence le 4 L’empreinte de l’Aigle sur les Hauts- mémoriel, en portant l’uniforme Dorsenne, de Tom Souville le cor- de-Calais : et son fort ; septembre prochain à Boulogne, et de-France par Hervé Deguines en authentique du général Bertrand, saire et de nombreux autres ac- et son général « le beau participera le lendemain à une cé- vente en kiosques (12,90€) et sur « avant tout un hommage aux sol- teurs plus ou moins connus Dorsenne » (une reconstitu- rémonie au Mémorial de la Légion www.boutique-nordlittoral.com dats de la Révolution et de l’Empire, de l’épopée napoléo- tion est prévue à Ardres Napoléon n’étant pas représenté. nienne, il est question le 25 septembre) ; Parmi le millier de participants, dans un ouvrage et « La Paix je suis le seul du Pas-de-Calais à écrit par Hervé Faite » ; Arras avoir été sélectionné ». Le défilé Deguines, L’em- et le général Gi- a été repoussé au 5 septembre... preinte de l’Aigle rard ; Calais et La crise sanitaire est sans doute sur les Hauts-de- « Jubilin », Lady aux yeux des « Napoléoniens » France, publié Hamilton, la Tour un étonnant hoquet de l’histoire par le groupe du Guet ; Dain- car Napoléon fut un ardent propa- Nord Littoral. ville et la grande gateur de la vaccination, soutenant De Dunkerque à revue des grenadiers la découverte de Edward Jenner. Craonne, de Lille à de Junot ; et En 1798, ce médecin de campagne Beauvais en passant par la maison du Père Bras- anglais avait inventé le vaccin en Dainville ou Hesdin, Hervé De- sart, le portrait de Napoléon Ier observant la traite des vaches... Une guines présente ces personnages de et le baron Garbé ; et le notre région qui ont côtoyé l’Aigle ; Fort de l’Heurt ; Saint-Léonard des lieux et des sites attachés à Na- et le château de Pont-de-Briques poléon ; des récits, des anecdotes. « où Napoléon passa 100 jours » ; Photos D. R. « Ce livre est une façon de contri- Saint-Pol-sur-Ternoise et Bacler « C’est à Boulogne que l’armée de l’empereur a pris le nom de Grande buer au Bicentenaire de sa mort, ce d’Albe le cartographe ; Wimereux Armée, c’est de Boulogne qu’elle est partie pour Austerlitz. » Hervé n’est pas un inventaire total, tout et le port où Napoléon devait em- Deguines est une source inépuisable pour suivre les traces de Napoléon n’y est pas mais l’essentiel y est » barquer ; et la fameuse co- dans le Boulonnais. « On me réclame déjà un deuxième livre » sourit-il. assure l’ancien journaliste qui vit à lonne de la Grande Armée haute de Le Camp de Boulogne de 1803 à 1805 avec ses 60 000 soldats fut le et fait désormais partie 54 mètres... Et Boulogne-sur-Mer camp de base pour une invasion de l’Angleterre... à laquelle Napoléon du cercle très restreint des spécia- bien sûr. renonça. Il ne reste aucun vestige de ce camp à part la poudrière située listes de l’histoire napoléonienne. En 2019, Hervé Deguines s’est at- rue de la Tour d’Odre et dominant la falaise (photo ci-dessus). Sur le La biographie qu’il a consacrée en telé à constituer un dossier (avec plateau de la Tour d’Odre, une pierre symbolise l’endroit où se trouvait 2019 au général Bertrand, « compa- le soutien de la municipalité) la « baraque » de l’empereur (il y aurait dormi quatre nuits). gnon de Napoléon pour l’éternité » afin de permettre à Boulogne de À deux pas de la mairie, place Godefroy-de-Bouillon, se dresse le ma- a été qualifiée de « remarquable » rejoindre le réseau de la marque jestueux Palais impérial, nom donné dès 1810 à l’hôtel Desandrouin où par Thierry Lentz, directeur de la « Ville impériale ». Fin 2020, Bou- Napoléon séjourna à trois reprises, en 1803, 1810 et 1811. Fondation Napoléon. logne était admise dans la cour de n Photo D. R. L’Écho du Pas-de-Calais no 208 – Mai 2021 Montreuillois 5 Hissez les voiles et cap sur Ma petite barque !

par Tjanne Douay - - Ryckelynck

ÉTAPLES-SUR-MER • Vous aimez la mer ? Vous aimez la décoration ? Découvrez l’association des deux avec Ma petite barque, une gamme de mobilier et objets de décoration d’inspiration marine en bois recyclé et façonné en Côte d’Opale.

En devenant directrice de la Me- d’une filière écoresponsable qui est nuiserie navale Lefebvre (MNL) certifiée par les labels FSC et PEFC. à Étaples en 2016, Anne-Claire Deuxièmement, l’inspiration des Gobert s’étonne de la quantité de courbes maritimes et la création déchets de bois jetée lorsque l’agen- d’objets et meubles épurés, sobres cement des bateaux est terminé. En et minimalistes sont au cœur du effet, environ 10 à 15 % des chutes projet. Et troisièmement, tous les partent à la benne et les sciures de produits proposés par la marque bois sont généralement jetées ou sont fabriqués localement, dans les données. C’est sur ce constat que deux ateliers de la menuiserie, à germe l’idée de recycler le bois et Boulogne-sur-Mer et Étaples. ses copeaux dans du mobilier et de la décoration pour la maison. Écologie, qualité Cette maman de 3 et bientôt 4 mous- et originalité saillons, jamais à court d’idées, Avec pour maître-mots « humilité » lance alors « Ma petite barque » en et « passion », Anne-Claire Gobert mars dernier, une marque de mobi- souhaite montrer que l’écologie leurs pas un hasard si la marque lier inspirée du monde de la mer. peut être joyeuse. Cette ancienne s’appelle « Ma petite barque ». Cela Cette marque repose sur 3 piliers ingénieure du monde maritime, ori- fait référence à la façon qu’Anne- essentiels : premièrement, un bois ginaire de Boulogne-sur-Mer, puise Claire Gobert a de mener aussi bien issu d’une filière écoresponsable. ses idées dans son quotidien : sur sa barque d’entrepreneuse que de Si le pari de l’écologie était déjà les propositions de ses menuisiers, maman. rempli grâce au recyclage du bois à travers une balade en famille à Depuis début mars, les meubles de sa menuiserie, on peut y ajouter la plage ou encore en regardant le sont proposés à la vente en ligne. que ce bois provient déjà lui-même sillage d’un bateau. Ce n’est d’ail- C’est à travers l’environnement ma- rin et le travail du bois que s’inspire cette créatrice, pour donner nais- sance à ses créations. Ces dernières se déclinent en quatre gammes : « Déferlante » autour de la courbe de la vague, « Ondes de mer » au- tour des ondulations à la surface de Photos Yannick Cadart l’eau, « À l’état brut » qui met en valeur les dessins et nuances des a été établi entre son entreprise et que l’écologie peut être joyeuse, elle bois robustes et enfin « Flot d’in- le Polarfront, navire d’expédition souhaite que les ébénistes marins solites » où l’on peut par exemple polaire aménagé par MNL. Grâce interviennent dans le cadre de cette découvrir un nœud papillon en bois à ce partenariat qui sensibilise à la association auprès des enfants en ou des dessous de verre. nature des pôles et à leur préser- confectionnant une petite barque Ces pièces, ce sont les « ébénistes vation, la notion d’écologie prend en bois. marins » comme Anne-Claire encore une fois tout son sens. Et si, pour l’instant, tout le mobilier Gobert aime à les appeler, qui les et les objets de décoration fabriqués réalisent grâce à un travail artisa- Des projets plein la tête le sont grâce au recyclage du bois de nal minutieux : comptez trois jours Et des projets, elle en a d’autres sa menuiserie navale, Anne-Claire de travail complets pour une petite comme par exemple développer Gobert aimerait élargir les possi- table de chevet quand un bureau une gamme de mobilier pour en- bilités en collectant des voiles de équivaut à une bonne semaine et fants. Elle souhaite également créer bateau destinées à la déchetterie ou demie. La finition est faite en cire une association afin de sensibiliser encore confectionner des coussins naturelle ou avec un vernis marin dès le plus jeune âge les enfants avec des copeaux de bois. Il ne nous naturel. Le bois n’est pas une ma- à la réutilisation du bois qui est reste plus qu’à lui souhaiter « bon tière figée, il travaille en perma- voué à la déchetterie. Plus qu’une vent » ! nence d’où le caractère complète- sensibilisation, elle veut leur faire n ment unique de chacune des pièces découvrir et les instruire à la « blue • Contacts : proposées par Ma petite barque. economy » c’est-à-dire au recy- Tél. 03 21 94 61 20 L’engagement dans l’éco-responsa- clage des objets qui proviennent de www.mapetitebarque.fr bilité ne s’arrête pas là pour Anne- la mer. Pour rendre le projet plus « Ma petite barque » sur Facebook Claire Gobert puisqu’un partenariat ludique, et montrer encore une fois et Instagram 6 Calaisis L’Écho du Pas-de-Calais no 208 – Mai 2021 Festival photo des Deux-Caps Dans l’œil de Yann Avril

Par Julie Borowski

SANGATTE • Le mois de mai donne le coup d’envoi de la 1ère édition du Festival de la photographie de paysages et de nature du Grand Site de France des Deux-Caps. Un bel événement pour découvrir autre- ment le territoire à travers la magie des images, met- tant en valeur la lumière des paysages et la richesse de la faune et de la flore. Portrait du photographe Yann Avril, qui a remporté le grand prix du jury lors de l’édition (reportée) de 2020.

Il avait l’œil sur ses élèves au lycée. d’enseignant, pour vivre pleinement Il avait l’œil sur l’économie et la de son activité photographique. gestion qu’il enseignait. L’œil, il l’a Né à Calais, l’homme est déci- toujours eu pour la photographie et dément un amoureux de sa côte la belle Côte d’Opale, sublimée par natale. Les paysages de la Côte ses clichés. Il y a des métiers que d’Opale sont un véritable terrain l’on nous apprend, en école, en for- de jeu pour cet autodidacte, son mation, et il y en a d’autres que l’on identité. Ses photographies mettent peut apprendre soi-même, la pas- parfaitement en lumière la beauté sion pour seul moteur. Yann Avril des plages, des dunes, des falaises, a toujours été passionné par la pho- des villages, des coteaux calcaires. tographie, de l’Agfamatic de ses 12 Son œil s’éveille à la vue d’une jo- ans au Canon AE-1 offert pour son lie lumière, d’un coucher de soleil brevet. Aujourd’hui la photographie coloré, de nuages de caractère, de est son métier. Enseignant en éco- ces moments qui ne durent parfois nomie-gestion option commerce au pas plus de quelques minutes, qu’il Photo Yannick Cadart sein d’un lycée, Yann se décide, il y a faut savoir saisir : « Cela m’est déjà dix ans, à devenir officiellement au- arrivé de capter un ciel idéal en Outre le fait de saisir le moment, d’abord l’idée qui me vient, puis ciel était complètement bouché, une teur-photographe. Il y a quatre ans, amenant mes filles à l’école, et de Yann Avril travaille également avec j’attends qu’elle se concrétise dans lumière très moyenne pour réali- il referme définitivement sa mallette filer ensuite pour l’immortaliser ». des images qu’il a en tête : « J’ai le réel ». Des idées qui donnent lieu ser un beau cliché. J’ai donc conti- à de remarquables photographies. nué vers la baie de pour Yann attend, il guette les positions prendre d’autres images. Quand je Festival de la photographie de paysages et de nature exactes du soleil, à l’affût. À l’affût suis revenu vers , le soleil du 7 mai au 26 septembre de plus en plus, il part parfois dans commençait à percer les nuages. Je la famille dans l’Est, photographiant suis retourné au Moulin d’Escalles « Cette première édition concré- aussi la faune, qu’il affectionne tout et j’ai alors pu réaliser la photo que tise un engagement fort de la dé- autant. je souhaitais ». Saisir le moment ! marche du Grand Site de France Son image forte de la transhu- des Deux-Caps de proposer un Grand prix du jury mance des moutons du Boulonnais temps d’échanges pour les habi- À contempler les photographies de a quant à elle remporté un second tants et les visiteurs » souligne Yann Avril, on se demande si après prix largement mérité. Les images Jean-Claude Leroy, président du toutes ces années de pratique, il est de Yann Avril sont puissantes. La Département du Pas-de-Calais. possible de trouver d’autres angles, parfaite saturation des couleurs Véritable temps de ressourcement d’autres idées, d’autres façons de donne à chaque cliché une dimen- et de respiration, le Festival donne voir la côte. La réponse est oui. La sion artistique recherchée par Yann, lieu à 21 expositions présentant preuve avec sa photographie du pour qui néanmoins, le reflet de la 230 photographies de paysages et vieux moulin d’Escalles, qui a rem- réalité reste essentiel. Les retouches de nature réparties sur les 8 com- porté le prix du jury du Festival sont minimales. Pas question pour munes du Grand Site de France des de la photographie de paysages et lui de modifier les couleurs du ciel ! Deux-Caps : Wimereux, Amble- de nature, catégorie « Patrimoine La beauté naturelle et l’authenti- Photo Yann Avril teuse, , , architectural » : « J’ai pris cette cité de la Côte d’Opale suffisent à , Wissant, Escalles, et Deux-Caps, Ferme d’Haringzelle à du Site des Deux-Caps. Jusqu’au photo le 23 janvier 2019, suite à faire naître de magnifiques clichés. Sangatte Blériot-Plage. Audinghen, un marathon photo le 31 août, votez pour votre photogra- un petit épisode neigeux la nuit Et l’œil plonge sans difficulté, dans Parmi les événements à vivre (pro- week-end de l’Ascension, du 13 au phie préférée. précédente Connaissant bien cet l’univers du talentueux Yann Avril. grammation adaptée à l’évolu- 16 mai, et 27 sorties nature photo- endroit appelé Haute-Escalles, n tion des contraintes sanitaires), le graphiques. n j’avais en tête de photographier le • Contacts : week-end d’ouverture les 8 et 9 mai Les 15 photos finalistes du concours • Contacts : moulin sous la neige. La quantité www.yannavril.com (week-end de clôture les 25 et 26 photographique du Festival seront Tél. 03 21 21 62 22 tombée était faible mais heureu- Facebook : septembre) à la Maison du Site des exposées dès le 7 mai à la Maison www.lesdeuxcaps.fr sement tenait au sol. Au départ, le Yann AVRIL Photographies L’Écho du Pas-de-Calais no 208 – Mai 2021 Calaisis 7 Écotouristes entre terre et mer

Par Christian Defrance

CALAIS • « Je suis un arpenteur ! » lance Jean-Denis Hue. Hier, dans une première vie sur Roubaix et travaillant à la Maison des asso- ciations puis sur Dunkerque directeur d’un centre social, il parcourait d’un pas largé et décidé les quartiers. Aujourd’hui, dans une nouvelle vie, une reconversion à 40 ans, il parcourt du même pas large et décidé la campagne, entre terre et mer. Avec une association, la Sap - Société anonyme et populaire -, avec une thèse sous la houlette de l’ULCO - Université du Littoral Côte d’Opale -, Jean-Denis l’arpenteur « mesure la superficie du terrain » de l’écotourisme, un tourisme vert, durable, ludique, participatif...

Originaire de la banlieue pari- Paysage d'. sienne, Jean-Denis est tombé « amoureux (de sa femme) et de la Côte d’Opale », soufflé par la beauté de « fabuleux paysages » qu’il n’avait jamais abordés alors qu’il effectuait ses études à Sciences Po Lille ! Après Sciences Po, il avait choisi de bosser dans l’associatif, sept ans à la Maison des associa- tions de Roubaix avant de s’instal- ler à Calais, il y a huit ans, tout en restant dans la voie de l’éducation populaire en rejoignant l’Aduges - Association dunkerquoise de ges- tion des équipements sociaux. Au total quinze années qui lui ont Photos Yannick Cadart donné « un bon recul sur le milieu associatif ». À Dunkerque, en 2015, Escalles avec son restaurant pano- plique le visiteur et le sensibilise salarié teste des animations, « elle tuels rapports avec l’écotourisme. Il il avait créé la Sap, association dont ramique fermé en 2016. « L’idée à la préservation de l’environne- relaie et valorise aussi tout ce qui souhaite collaborer avec les collec- il revit les fondamentaux en 2019, m’a pris de développer des activi- ment, au bien-être des habitants existe ». tivités, le Grand Site de France des l’année de sa transition écotouris- tés écotouristiques » dit-il, de pal- qui sont appelés à participer. Deux-Caps. tique. « J’ai toujours voulu faire du lier une « méconnaissance du local « Sans oublier le côté ludique de Entre terre et mer Sa thèse sera forcément marquée tourisme » confie Jean-Denis, un alors qu’il y a des perles, de pro- la découverte, précise Jean-Denis, C’est encore en 2019 qu’un « déclic » par la crise sanitaire, les confine- souhait devenu une volonté forte mouvoir la vitalité des habitants ». et le volet pédagogique avec les a eu lieu avec le Département du ments, « une forte fréquentation après être allé au Mont d’Hubert à Vert, durable, l’écotourisme im- jeunes, le milieu scolaire ». Alors Pas-de-Calais et son Budget ci- régionale sur la Côte d’Opale du- l’arpenteur s’est mis en marche. Il toyen. Deux projets de la Sap ont rant l’été 2020, précise Jean-Denis, a noué des liens avec l’ULCO, l’Uni- été retenus. « L’Opaline » promeut le marché va être bouleversé, quels versité du Littoral Côte d’Opale la découverte de la Côte d’Opale seront les impacts de cette crise. » et notamment avec Vincent Her- avec des Rosalies (quadricycles L’heure de gloire de l’écotourisme a bert, directeur du Master « Ingé- électriques ou à pédales), des ânes, peut-être sonné ? nierie du tourisme et Littoral ». des caisses à savon ou les karts Une association, une thèse et l’en- « Avec la Fondation de France, électriques du lycée Coubertin à vie de devenir à son tour un acteur des réflexions, des projets de re- Calais... « Un regard expérimen- touristique. Jean-Denis Hue est en cherche sont lancés sur les futurs tal sur l’éco-mobilité dans le cadre effet propriétaire d’un terrain de des mondes littoral et de la mer. » de l’écotourisme. » En partant du deux hectares à Alembon où il es- Des étudiants de l’ULCO ont créé principe que « le tourisme n’est pas père créer des dômes géodésiques des balades pour des volontaires simplement pour les gens de pas- portés par une Scic - Société coopé- du Service civique calaisien, des sage mais aussi pour les locaux », rative d’intérêt collectif. « Il y a peu étudiants ont travaillé sur le patri- le projet « Faire escale » entend de propositions d’hébergements moine boulonnais pour des lycéens proposer aux familles des loisirs insolites sur la Côte d’Opale. » de Mariette. adaptés à leurs aspirations avec des Il n’oublie pas non plus le Mont Toujours en 2019, avec la Sap, « effets mer » et des « effets terre » d’Hubert et son complexe « que Jean-Denis Hue s’est rapproché du car le regard de Jean-Denis Hue est l’on pourrait réhabiliter en école pôle d’économie sociale et solidaire autant attiré par l’arrière-pays que du Littoral ». Écotourisme, écono- « Anima » au cœur de Calais en par la plage. mie sociale et solidaire, économie montant le projet « Escale » soute- Quand il n’arpente pas le Littoral, circulaire, Jean-Denis Hue arpente nu par l’association Galilée, le Lieu Jean-Denis travaille sur sa thèse - d’ores et déjà un « monde d’après » Commun, la Poussinière des ADLC sous la direction de Vincent Herbert - innovant, résilient, soucieux de (Ateliers de la citoyenneté). La Sap « Les enjeux de l’écotourisme pour l’harmonie entre l’Homme et la où « sapapote » avec une dou- la Côte d’Opale, défis et opportuni- nature. zaine de bénévoles a organisé des tés pour les acteurs de l’économie n balades, des rencontres, des escales sociales et solidaire du territoire ». • Contact : avec les habitants du Littoral afin Depuis janvier dernier, il dresse Société anonyme et populaire de connaître leurs habitudes, leurs un état des lieux en identifiant les Tél. 06 18 84 64 13 envies. L’association qui compte un acteurs touristiques et leurs éven- [email protected] 8 Montreuillois L’Écho du Pas-de-Calais no 208 – Mai 2021 Chez Henry Justine Barel entre le corps et l’esprit SAINT-OMER • Face à l’essor du marché de la seconde main, la Croix-Rouge fran- Par Christian Defrance çaise a mis en place une nouvelle stratégie pour dé- RECLINGHEM • L’école du village accueille encore des enfants mais ils n’y viennent pas pour apprendre velopper son activité tex- à écrire, lire, compter (tout se passe désormais au RPC - Regroupement pédagogique concentré - à Den- tile. Un nouveau concept de nebrœucq) ; ils ont rendez-vous avec Justine pour résoudre quelques petits problèmes : rééducation du boutique a vu le jour baptisé graphisme, troubles de l’équilibre, des coordinations, du tonus, de la relation... Justine Barel, 34 ans, est Chez Henry, en hommage au psychomotricienne « à la campagne ». Une journée par semaine l’ancienne salle de classe est son cabinet. fondateur de la Croix-Rouge, Henry Dunant. « Au départ en janvier 2020 quand je me suis installée, cela Chez Henry est bien plus m’a fait un tout petit peu peur, qu’une boutique, c’est un lieu raconte Justine, mais aujourd’hui ouvert à tous, qui cherche tout va bien, il y a même une à valoriser l’action, l’enga- liste d’attente pour me voir ! » Sa gement de chacun, indé- « belle aventure » à Reclinghem pendamment de son statut est le fruit d’une rencontre avec social. Du donateur au client, le maire, Joël Rolin, lors d’une du bénévole à la personne réunion organisée par le conseil accompagnée, tout le monde de développement du Pays de fait partie d’un cercle ver- Saint-Omer, consacrée aux tueux d’économie circulaire. « initiatives des habitants et à Pour créer une atmosphère la ruralité innovante ». Demeu- chaleureuse, les boutiques rant à , Justine Barel avait proposent des services com- été invitée à y participer. Et Joël plémentaires : on peut y boire Rolin sut la convaincre d’exercer un café, apprendre à coudre, son métier dans l’école du village à recycler des vieux textiles. désertée... Une profession para- Inspirées par le concept de médicale pour laquelle elle affiche tiers-lieux, les boutiques « dix ans d’expérience », une expé- Chez Henry redéfinissent à la rience indispensable pour la psy- fois l’expérience du donateur chomotricité, pratique qu’il n’est Photos Jérome Pouille et celle de l’acheteur. Donner pas aisé de définir avec précision un vêtement c’est renoncer tant elle présente de multiples La voie libérale temps de l’autre. En 2015, tout en Passionnée par son métier, Jus- à en tirer un revenu. Ainsi, facettes et champs d’intervention Originaire de Saint-Omer, Justine continuant à Saint-Pol-sur-Ter- tine aimerait qu’il fût davantage l’association a choisi de va- (de la prévention à la thérapie en Barel a découvert la psychomotri- noise, elle a osé la pratique libérale valorisé et « toucher le grand loriser l’expérience donateur passant par l’éducation, la réédu- cité - née à la fin des années 1940 « à domicile » en créant une auto- public ». Si elle n’est pas rem- en proposant pour chaque cation). Dans psychomotricité, il à partir des travaux de Julian de entreprise. « Pendant cinq ans, boursée par la « Sécu » (mais don une « cérémonie » au y a la partie « psycho » qui ren- Ajuriaguerra et Giselle Soubiran, je suis essentiellement interve- avec prise en charge MDPH si sein des boutiques Chez Hen- voie à la tête, et la partie « motri- émergeant dans les années 1970 nue dans les écoles, les collèges » le suivi est justifié), la psycho- ry. Le donateur écrit sur une cité » comprenant ce qui a trait au - en première année de licence jusqu’à la rencontre avec Joël Ro- motricité est selon Justine ce étiquette les moments mar- corps, au mouvement. « Elle fait Staps à Calais : « J’allais m’orien- lin. « petit coup de pouce » pour qu’un quants de sa vie qu’il a vécus le lien entre le corps et l’esprit ter vers la danse, l’activité phy- patient (bébé, ado, adulte en si- avec le vêtement dont il fait afin de considérer la personne sique adaptée mais la psychomo- Entrer dans la danse tuation de handicap ou personne don. Grâce aux étiquettes, ces dans sa globalité » résume Jus- ticité prenant à la fois en compte Justine Barel est spécialisée dans âgée) habite à nouveau son corps. souvenirs sont transmis aux tine Barel. le corps, le psychisme et l’affectif l’enfance et l’adolescence. Elle re- Justine Barel se sent bien à la futurs acquéreurs. a été une révélation ». Après une çoit « sur prescription médicale » campagne et envisage de passer Au-delà de valoriser les vê- année de « prépa », elle a décroché des nourrissons qui tardent à faire d’une à deux journées de présence tements, il s’agit surtout de le concours d’entrée à l’Institut de leurs premiers pas, des enfants à Reclinghem. valoriser les femmes et les formation des psychomotriciens hyperactifs ou timides, des ados Elle songe également à mettre en hommes qui les ont portés de Loos (dans le Nord) où elle a anxieux, anorexiques ou bouli- place des ateliers de prévention et ceux qui lui donneront une passé trois années afin d’obtenir miques... À l’aide de différents et mener des expériences senso- seconde vie. D’une part, le le diplôme d’État en 2009. Un « outils », en fonction des centres rielles avec parents et enfants. donateur prend pleinement psychomotricien est appelé à tra- d’intérêt des patients, et cela va de L’emploi du temps de la psy- conscience de la dimension vailler dans les secteurs hospita- la relaxation aux jeux de balle en chomotricienne est chargé mais solidaire et écologique de liers, sanitaires, médico-sociaux, passant par la danse, le mime, les elle trouve toujours un moment son acte. D’autre part, l’ac- sociaux, éducatifs ou en pratique parcours moteurs, le yoga, Jus- pour... danser avec l’association quéreur portera avec fierté ce libérale. Justine Barel a commen- tine « toujours à l’écoute et bien- Bomy Gym Form. Elle rêve de se nouvel habit et en poursuivra cé sa carrière à l’IME - Institut veillante » agit « sur les domaines former à la danse thérapie. Avec l’histoire. Chez Henry a ou- médico-éducatif - de Saint-Mi- qui les embêtent », la finalité étant la salsa ou le ragga dancehall, Jus- vert ses portes à l’automne chel-sur-Ternoise avant de passer de « se réapproprier son corps ». tine se sent bien dans sa tête et 2020 au numéro 32 de la rue au CAMSP - Centre d’action mé- Les ressources et les techniques bien dans son corps. Allent à Saint-Omer dans dico-sociale précoce - et au CMPP sont nombreuses et évolutives n les anciens locaux d’un labo- - Centre médico-psycho-pédago- pour traiter les troubles psy- • Contacts : ratoire d’analyses médicales. gique - de Saint-Pol-sur-Ternoise ; chiques liés à des troubles corpo- [email protected] n un mi-temps d’un côté, un quart rels, et inversement. Facebook : Psychomotricienne D.E 62 L’Écho du Pas-de-Calais no 208 – Mai 2021 Ternois 9 « C’est le livre de leur village »

Par Christian Defrance

HÉRICOURT • Tous les maires ruraux du Pas-de-Calais rêveraient d’avoir un tel « album de famille » entre leurs mains. Un photo- journaliste talentueux, Olivier Touron (collaborateur régulier du magazine GEO entre autres), a passé trois semaines chez les Héri- courtois en 2018, photographiant leur vie quotidienne sous toutes les coutures. Il a pris plus de 600 photos. Une belle aventure qui a débouché sur l’édition d’un livre en 2020. Il y a du Depardon chez Touron qui a fait d’Héricourt un village-témoin de la ruralité au XXIe siècle. Photos D.R. Photo Jérome Pouille

Un ouvrage de 231 pages pour découvrir de la bâche agricole, avec un trépied ! les 98 habitants d’Héricourt ! Né à Paris, « Dans ce petit village, j’ai vu une huma- d’origine auvergnate, Olivier Touron a nité pareille à mes grands voyages, dit-il, vécu vingt-sept ans dans la métropole lil- j’ai vu aussi des gens qui ne se parlaient loise avant de filer aux « States », Phoenix pas mais surtout une ruralité vivante. » en Arizona. Son parcours n’est pas banal, il Toutes les photos de ce livre « sentent » a découvert la photo en bossant au rayon... le naturel, l’authenticité, la simplicité. photo de la Fnac, et rejoint une école de « La simplicité des gestes, des espaces, des photojournalisme plutôt que d’enseigner aménagements, les paysages dépouillés » les maths. Premier reportage en Irak en écrit Blandine Drain dans la préface. Les 1999. Dix ans plus tard, il a croisé Mickaël clichés révèlent donc le « caractère bien Poillion, un jeune militant syndicaliste vivant, dynamique, moderne même » de agricole qui allait devenir maire d’Héri- la ruralité. « L’avenir de la ruralité c’est court en 2014. Ils se sont revus en 2017 et l’équilibre, poursuit Blandine Drain, entre le projet de ce livre est né. Olivier Touron a modernité et racines, entre développement effectué trois résidences réparties sur l’an- et identité propre ». Le travail d’Olivier née 2018, de février à décembre. Presque Touron montre bien que les Héricourtois tous les habitants ont adhéré au projet de vivent en équilibre sur un fil, partagés entre Portraits(s) d’un village de France, « il ne les trépidations du XXIe siècle et le rythme doit manquer qu’une petite dizaine de per- ancestral de l’agriculture, des saisons (avec sonnages ». Des personnages car Olivier leurs aléas)... Touron a envisagé cette aventure comme Le maire Mickaël Poillion espère que ce un film avec des acteurs, un cadre (le vil- livre et ces photographies « donneront à lage) et l’action. Il a créé un studio photo la génération suivante l’envie de dessiner dans une ancienne école réaménagée avec l’avenir du village et de relever la ligne d’horizon. À cette génération nous offrons un témoignage de notre temps parce que ce sera bientôt le leur ». C’est un bel album de famille que les Héricourtois garderont précieusement, c’est « le livre de leur vil- lage ». n • Renseignements : Le livre est disponible en mairie, 24 route Nationale à Héricourt. Tél. 03 21 41 71 60 [email protected] 10 Artois L’Écho du Pas-de-Calais no 208 – Mai 2021 L’Écho du Pas-de-Calais no 208 – Mai 2021 La petite graine du possible

Par Julie Borowski

LAVENTIE • Parce que tout commence par une petite graine… une idée, des valeurs, des convictions, de jolies fleurs. Parce que ces petites graines ont doucement germé dans l’esprit de Manue Delmotte, 44 ans, productrice de fleurs de saison, il y a fort à parier que le vent les dissémine doucement mais sûrement pour l’éveil des consciences.

Des consciences de plus en plus pact écologique malheureusement éveillées quant à la consommation d’autant plus fort pour les popu- alimentaire. Bon nombre de Fran- lations et pays qui les produisent, çais s’intéressent désormais à ce ces fleurs nécessitant forcément qu’ils mettent dans leur assiette. des quantités importantes de pesti- Une envie voire même un besoin cides et d’engrais pour rester belles de retourner à une consommation et tenir jusqu’à leur destination plus locale, plus saine, qui suit le finale. De ce constat est né il ya rythme des saisons. Le consomma- quelques années, d’abord dans les teur est de mieux en mieux infor- pays anglo-saxons, le mouvement mé, la traçabilité des produits, la Slow Flower, à l’instar du Slow présence de labels, permettant de Food, qui milite pour une agricul- s’y retrouver. Mais qu’en est-il des ture responsable, par opposition au fleurs ? Sait-on vraiment ce que l’on fast-food. Ainsi, le Slow Flower a met dans nos vases ? La réponse est pour but de favoriser l’horticulture non. Et malgré sa bonne volonté, le locale, de respecter la saisonnalité, fleuriste n’en sait pas forcément de soutenir la biodiversité en pro- plus. Car il n’existe pour l’heure, duisant du mieux que possible sans ni label, ni obligation, européenne traitement. Le Collectif de la fleur ou française, d’informer le client française – créé par la floricultrice sur la traçabilité des fleurs coupées nordiste Hélène Taquet - soutient Petite graine en fleurs a bel et bien éclos, donnant place à Mariette (Neuve-Chapelle) notam- qu’il achète. Ainsi, bien que les ce mouvement. Dans le Pas-de- En 2017, Une petite graine germe une exploitation de 3000 métres ment. De mars à octobre, les fleurs roses ou les tulipes poussent très Calais, seules trois productrices dans l’esprit de Manue Delmotte. carrés, dont 300 de serre non chauf- de Manue envahissent ses parcelles, bien en France, le bouquet acheté sont recensées dans l’annuaire du Formatrice agricole pendant dix ans fée, en conversion biologique depuis à commencer par les tulipes, les jon- chez le fleuriste du coin provient, Collectif : Laurine Gossart à Gué- à l’ISA de Lille (Junia), établissement octobre et soutenue depuis le début quilles, puis arrivent renoncules, lys, dans une majorité écrasante des mappe (Les Feuilles sauvages), privé d’enseignement supérieur à vo- par la couveuse d’entreprise À Petits alstrœmères, agapanthes, arums, cas, du Kenya, de Bolivie ou encore Claire Petit à Saint-Nicolas (Les cation agricole, la productrice pose, PAS. Dans sa logique démarche éco- tournesols, marguerites, roses, dah- d’Équateur. En France, 80 % des 3 sœurs), dont plus de 50 % des après un congé parental, un congé logique, la productrice ne chauffe lias… plus de 120 espèces et variétés fleurs utilisées sont importées. Des compositions florales proviennent pour création d’entreprise. Elle s’ins- pas sa serre, adopte un arrosage au total en comptant arbustes pour fleurs coupées qui ont parcouru des d’horticulteurs français, et Manue crit à distance en BTS production raisonné, n’utilise aucun traitement le feuillage (euphorbe, atriplex…) milliers de kilomètres avant d’at- Delmotte à Laventie, avec 100 % de horticole à l’ESA d’Angers et se nour- chimique de synthèse, travaille avec et aromatiques pour la composition terrir dans nos bouquets. Un im- production locale. rit des connaissances techniques. des bâches d’implantation réutili- des bouquets champêtres : aneth, Après deux stages formateurs dans le sables, du paillage naturel… jusqu’à agastache, monarde, eucalyptus… secteur, au sein de « deux exploita- l’emballage, désormais en aqua- Pour le bonheur des amoureux des tions complètement différentes », la craft recyclable. La production de fleurs… mais pas que. Des études petite graine de Manue pousse. Elle Manue est composée d’annuelles, de ont montré l’impact positif des fleurs prend conscience des modes de pro- bulbes, de vivaces et d’arbustes pour sur les émotions et le bien-être. Plus duction, de cette absence de traçabi- le feuillage. Pour une bonne tenue besoin de prétexte pour (s’)offrir un lité pour le client, de la malheureuse de ses bottes et bouquets, Manue, joli bouquet, 100% local. disparition de la grande majorité aidée de sa stagiaire Hélène, et de n des horticulteurs français depuis les sa famille, privilégie une cueillette • Renseignements : années 1980, face à une concurrence ultra-fraîche, et les confectionne en Portes ouvertes les 19 et 20 juin mondiale grandissante, difficile à mode champêtre, avec des baies, prochains (après-midi) combattre. Elle arrose cette prise des épis, des aromatiques. Ces der- 50 rue du Bois-Fauquissart à de conscience de ses convictions niers ajoutent à ses compositions Laventie profondes pour l’aspect biologique, des notes olfactives, d’autant plus Tél. 06 62 87 30 60 de son envie de ne pas manipuler agréables sachant qu’aucun pro- Facebook Une petite graine des fleurs couvertes de produits duit chimique n’est inhalé en même chimiques, de son besoin de protéger temps ! Les fleurs et fleurs séchées ses quatre enfants des pesticides, ses de Manue sont commercialisées parcelles étant à quelques mètres de essentiellement en vente directe en la maison familiale, des attentes des AMAP (Association pour le maintien consommateurs aussi. La tige sort d’une agriculture paysanne), maga- alors de terre, et Manue se dit : « Il y sins de producteurs et chez quelques a un truc à faire là ! ». fleuristes locaux : Au rendez-vous Pour celle qui a « horreur de la rou- fermier à La Gorgue et à Norrent- tine », qui « aime les challenges » et Fontes, Fauquissarette et élevage se décrit comme « idéaliste », la fleur Delmotte à Laventie, Flower by Photos Jérôme Pouille L’Écho du Pas-de-Calais no 208 – Mai 2021 L’Écho du Pas-de-Calais no 208 – Mai 2021 Artois 11 « La cuisine, c’est fun et facile »

par Romain Lamirand

HERMIN • Amandine Hubert est éditrice et illustratrice, avec les éditions Vous êtes ici, elle s'est spécialisée dans les livres de cuisine. Des livres à manger, sans conservateur, qui mettent à l’honneur les produits de saison et donnent envie de se faire plaisir en cuisine.

Accompagnée d’une dizaine de bénévoles de look, tout a aussi été pensé pour donner envie de partage autour de ces recettes comme le fruit de nos récoltes. » Et comme l’éditrice l’association Quilit-Quilit, et d’Amélie Picavet, de se lancer à ceux qui ne se retrouvent pas quand on cuisine en direct pour une tablée de et illustratrice ne fait pas les choses à moitié, la Amandine Hubert a voulu partager l’amour dans les ouvrages traditionnels : de la couleur, 30 convives, ou que l’on organise des ateliers fibre écoresponsable se retrouve dans tous les de la bande pour les bons petits plats à tra- des recettes faciles à réaliser avec des produits pour sensibiliser les plus jeunes aux enjeux liés aspects des activités de la maison d’édition : « vers des livres qui leur ressemblent : « J’ai été accessibles et simples à trouver en magasin, à l’alimentation. » On tient vraiment à promouvoir les circuits libraire à Béthune pendant 12 ans au Qui- mais également des illustrations qui ont pris la Dernière idée en date, Les Mange-Quoi au courts, le bio, les produits de saison, parce que lit-Quilit, où l’on se retrouvait régulièrement place des photos, parce que la cuisine ça peut jardin. En partenariat avec le BookKafé et bien manger c’est prendre soin de soi, mais autour des livres, mais aussi pour partager aussi se faire sans pression et être amusant. Noeux Environnement, l’idée est née de faire aussi de l’environnement. Nous avons donc de bons moments autour de bonnes bouffes. se rencontrer un groupe de jeunes adultes et fait le choix d’être cohérents jusque dans la Alors quand la librairie a fermé en 2013, avec Une cuisine qui rapproche des retraités isolés. « À la base, l’idée était de fabrication de nos livres : on utilise du papier d’anciens clients, nous avons continué de nous Particularité des recettes proposées, elles faire cuisiner les jeunes pour qu’ils partagent recyclé, les livres sont imprimés en France, on voir et avons réfléchi à comment faire vivre sont toujours accompagnées d’un petit por- ensuite un repas avec les anciens. Mais quand fonctionne sur des petits tirages pour ne pas l’association autrement. » C’est ainsi qu’est trait et d’un petit texte de présentation : « Ces ils ont commencé à proposer des recettes à avoir à recourir au pilon... On est écolos et fiers née l’idée de réinventer le livre de cuisine : recettes, ce ne sont pas les nôtres mais celles base de poivrons en plein hiver, je me suis dit de l’être, mais pas moralisateurs ! Que ce soit « Dans les livres de cuisine, ce sont en général de personnes qui cuisinent au quotidien, qu’il fallait faire quelque chose pour les sensibi- dans les ateliers, dans nos livres ou lorsque l’on des recettes proposées par des professionnels dans l’ombre. Souvent des femmes d’ailleurs ! liser à l’impact de nos habitudes alimentaires. organise nos repas à prix libre, on le fait avant ou des semi-pros, et cela peut se révéler très Qui tous les jours font la cuisine comme si Donc grâce au Budget Citoyen du Départe- tout pour que les gens s’amusent et passent un frustrant ou intimidant pour certaines per- c’était normal, gratuitement, en plus de tout ment nous avons pu acquérir tout le matériel bon moment ensemble. Parce pour nous c’est sonnes qui ne sont pas du métier. » Qui en effet ce qu’elles peuvent faire à côté, qui se trans- nécessaire pour créer un potager. J’ai mis mon ça la cuisine, c’est partager ! » n’a jamais ressenti le découragement face à une mettent les recettes oralement de génération jardin à disposition et nous avons installé de- n recette ultra-complexe, avec des tas d’ingré- en génération. » Pour récolter leurs recettes, les vant ma maison des bacs où les habitants du • Contact : dients introuvables ou hors de prix et une photo bons vivants vont à la rencontre de ces cuistots village pourront venir gratuitement piocher www.editionsvousetesici.com qui fait rêver mais ne ressemble étonnamment du quotidien et dès qu’ils le peuvent se servent jamais au résultat obtenu par les cuisiniers de ce prétexte pour improviser de bons mo- amateurs ? Pour y remédier, la fine équipe a ments et provoquer de nouvelles rencontres. choisi de prendre à contre-pied les canons du « On a commencé à se réunir au BookKafé et genre. Fini le format traditionnel qui se referme à récolter les recettes des clients, on est allé se chaque fois que vous avez les mains pleines de promener avec une carriole dans la cité des nourriture ! Les éditions Vous êtes ici proposent Électriciens à Bruay, on organise des collectes avec leur collection Fricassées des livres-objets dans les bibliothèques, etc. Et pour aller un peu qui se déplient et se posent sur la table. Côté plus loin, on essaye d’organiser des moments Exp ition Concerts Ciné en plein a Animations Summertime 2# Le château fait son cinéma Juillet > Août

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Par Julie Borowski

LENS • Dans le vaste – et douillet – monde de la couette et de l’oreiller, existe une boutique qui se détache nettement du lot. Une boutique au savoir-faire arti- sanal et traditionnel, qui ravit autant les générations issues de l’immigration polonaise que les rêveurs du 62, et même des quatre coins de la France. Bienve- nue chez Plum’Service !

Sitôt passé la porte de Plum’Ser- trés dans le langage courant la plume, les tissus proviennent vice, le client entre dans le monde sur le territoire ! À l’époque, les d’Allemagne. Carole et son sym- du rêve. Mais l’endormissement pierzyna et poduszka étaient pathique collègue Jean Pruzack n’est pas pour tout de suite. offerts par la mère de la mariée. s’attellent dans leur atelier pour Carole Lefebvre est l’hôte cha- Véritable « couette de luxe », confectionner eux-mêmes, de A à leureuse de cet antre dédié au les plumes d’oies qu’elles conte- Z, les couettes et autres édredons, sommeil et aux douces nuits. naient étaient récupérées, triées commandés par leurs clients. Les Plum’Service est l’une des der- et équeutées à la main. Un travail rénovations de couettes sont fré- nières boutiques de la région – minutieux qui pouvait nécessi- quentes, et nécessitent autant de voire même de France – spéciali- ter jusqu’à 400 heures de travail savoir-faire…que de savoir-être ! sée dans la fabrication artisanale ! Chez Plum’Service, ce travail « Ici, la plume a une grande de couettes, d’édredons, d’oreil- n’a plus lieu d’être, mais le reste valeur sentimentale ! Quand lers, de traversins en plume ou en de la fabrication est bien calqué les clients nous amènent leur duvet. Spécialisée d’autant plus sur ce savoir-faire traditionnel. pierzyna, qui provient parfois dans la rénovation de couettes Carole a repris la boutique il y a des grands-mères ou arrière- et de la fameuse pierzyna ! Un 14 ans (et en a ouvert une seconde grands-mères, il faut faire savoir-faire devenu rare dans au Touquet, L’Atelier des rêves), preuve de douceur et de tact, l’Hexagone du fait du développe- et gardé le même fournisseur de pour renseigner les propriétaires ment de la fabrication en usine, plumes. Ce dernier permet un sur la qualité des plumes, sur ce à grande échelle, mais de plus en approvisionnement sécurisé et que l’on peut récupérer ou pas ». plus apprécié à l’heure de la révo- de qualité, garantissant la bonne Quand les plumes peuvent être lution « récup’ » et recyclage. traçabilité et la provenance des récupérées, elles reçoivent une plumes, le respect du bien-être bonne cure de jouvence chez Chères plumes animal (issues de canards blancs Plum’Service. Carole et Jean les Le Bassin minier fut marqué par français et/ou d’oies européennes passent dans une sorte de grosse l’immigration polonaise. Dans les destinées à la consommation ali- machine à laver qui les bat, les valises des Polonais, de belles cou- mentaire, aucun garnissage ne dépoussière avec des jets de va- Photos Yannick Cadart tumes, de la gastronomie, mais provenant d’animaux vivants) peurs, et les sèche. À l’arrivée, des la densité de plumettes est impor- pellent affectueusement certains aussi leurs précieuses pierzyna et le bon traitement des plumes, plumes plus saines, et gonflées à tante, plus l’oreiller sera ferme : clients, font rimer bonne ambiance (ou édredons) et leurs imposants selon les normes françaises. Avec bloc pour rejoindre, grâce à un « idéal pour les personnes souffrant et qualité du travail au quotidien : et moelleux coussins, poduszka. un tissage spécifique, permettant aspirateur-souffleur », leur nou- des cervicales ! L’apport de flocons « Ici, on vend du rêve ! » affir- Des termes parfois même ren- une bonne imperméabilité de velle enveloppe, qui peut être pi- de duvet (duvet argenté de canard ment-ils joyeusement. Du rêve quée en carreaux, pour une meil- ou blanc d’oie) le rendra plus déjà vendu à Mathilde Seigner, leure répartition. Une seconde moelleux. Le mélange plumettes Cauet ou encore le couple Macron jeunesse pour cet article du quo- et flocons de duvet sera idéal dans ! Carole est loin de s’endormir sur tidien, à grande valeur sentimen- les couettes, et parfait en toutes ses lauriers : « J’essaie de faire tale aux yeux des clients, souvent saisons. Tout dépend de sa façon bouger le magasin ! ». Passionnée héritée et transmise de généra- de dormir, de ses besoins… L’in- de naturel et de plantes, la gérante tions en générations. térêt de la fabrication sur place, s’est formée à la phytothérapie, et à la main, permet de modu- et poursuit en aromathérapie : Qualité et confort ler selon les souhaits des clients, « L’idée est de développer ici tout Cela peut paraître étonnant, pour leur plus grand confort : ce qui tourne autour de l’univers mais dormir sous une couette ou « Nous avons déjà confectionné du sommeil. Avec des brumes un édredon en plume d’oie est des couettes avec un côté plus d’oreillers, l’utilisation d’huiles agréable toute l’année ! « Malgré dense, plus chaud pour Madame essentielles, poursuivre quand un certain poids, le gonflant des et moins dense, plus frais pour ça sera possible des ateliers bien- plumes apporte de la légèreté. Ce Monsieur ! ». Idem pour les polo- être avec des intervenants pour type de garnissage permet une chons : « Après 15 jours d’essai, apprendre la méditation par bonne régulation thermique : il le client peut nous ramener son exemple ». Des idées plein la tête, évacue l’humidité, tout en régu- oreiller (ou sa couette) et en fonc- Carole n’a qu’une envie : conti- lant la température du corps. tion de son besoin, nous pouvons nuer à nous faire rêver ! On a donc ni trop chaud, ni trop moduler la quantité et la répar- n froid » précise Carole. Le choix tition plumettes/duvet pour lui • Contacts : du garnissage dépend de l’article apporter plus de gonflant, ou de Plum’Service, de literie. La plumette sera privi- fermeté ». 84 boulevard Basly à Lens légiée pour les oreillers, et seule, Madame Plume et son collègue le Tél. 03 21 67 42 01 leur apportera de la fermeté. Plus Maître des plumes, comme les ap- Facebook : L’Atelier Des Rêves Lens L’Écho du Pas-de-Calais no 208 – Mai 2021 Lens-Hénin 13 La ferme à domicile

Par Julie Borowski

HARNES • Ce genre d’initiative se développe pour le bonheur des consommateurs, ceux-là mêmes qui se soucient du contenu de leur assiette, soutenant par la même occasion l’économie locale. Ma Ferme en un clic c’est le marché du coin, livré sur le pas de la porte.

Rien ne destinait Franck Sauzé, 32 ans, à distri- d’ailleurs d’ores et déjà équipé de glacières buer ses petits colis fermiers aux portes des ha- professionnelles pour affronter sans crainte bitants de Harnes et des environs. Il a pourtant les journées estivales. Le stock de Franck est trouvé là un métier qui lui correspond, et son d’ailleurs bien géré : « Je travaille quasiment enthousiasme l'emporte sur ses débuts dans à flux tendu, cela évite qu’il y ait du gâchis » sa nouvelle activité. Car Franck n’a aucun lien indique-t-il. avec le milieu agricole. Commercial durant dix ans dans le secteur du rayonnage industriel et La ferme… dernièrement du nettoyage de cuisines, Franck sur le pas de la porte a fait le tour du métier, la culture du chiffre La zone d’intervention de Ma Ferme en un n’était plus son objectif premier. Durant ses clic est assez étendue, comptant pas moins de années « en route », avec des amplitudes ho- 30 communes autour de Harnes : Annoeulin raires allant de 8 heures à 20 heures, Franck se au nord, , , Loos-en-Gohelle, rendit compte de la difficulté à trouver de bons Liévin, Méricourt, Rouvroy, Hénin-Beaumont, produits sans avoir à parcourir des kilomètres , , etc. Franck ne s’ennuie pas ! d’une ferme à une autre après une grosse Il s’épanouit pleinement dans sa nouvelle acti- journée au travail : « J’ai trouvé qu’il y avait vité : « Ce que j’aime, c’est que je touche à tout : un manque » explique le trentenaire. Un côté achat, logistique, commerce… ça me plaît. Élo- pratique et l’envie de « consommer mieux » die m’aide beaucoup pour la partie communi- ont poussé Franck à créer sa SAS en décembre cation, elle gère ! ». La jeune femme a d’ailleurs

dernier. « Avec Ma Ferme en un clic, j’ai pour créé le logo de la boîte. Étudiante en master de Photo Julie Borowski projet de rassembler les producteurs du coin » chimie et sciences du vivant (elle se destine à précise-t-il. être chercheuse en sciences) Élodie n’hésite pas à mettre la main à la cagette, entre deux stages. Des pommes, des poires… « Elle c’est la tête, et moi c’est les jambes ! » Des producteurs qu’il découvre au affirme l’homme. fur et à mesure de ses prospections, « Je travaille plus, mais la vie est bien épaulé par sa compagne, Élodie plus paisible qu’avant » précise Évangélaire, 22 ans, originaire Franck Sauzé, sourire aux lèvres. de Harnes. Franck propose à Détendu, le jeune entrepreneur ap- pasdecalais.fr ses clients au maximum des précie de créer du lien avec ses produits locaux et français. clients, déjà fidèles, et d’aller à Il s’adapte néanmoins aux de- la rencontre des producteurs mandes, pour proposer un du secteur : « Nous avons dé- choix le plus large possible. couvert qu’il y avait un produc- Sur le site internet de Ma teur de miel, Monsieur Gruda, juste Ferme en un clic sont pro- à côté de chez nous ! ». Pour l’aspect posés des fruits, des légumes local, les produits laitiers que livre mais aussi des œufs, des pro- Franck proviennent de Carnin dans duits laitiers, des boissons et une le Nord, de ou encore de partie épicerie. Du lundi au samedi, Franck dans le 62, les poireaux de , les traite les commandes passées la veille avant 22 pommes de terre, navets et oignons de Provin. heures. Tous les matins, il part s’approvisionner Malgré un carnet d’adresses de plus en plus auprès de ses différents fournisseurs, et effectue étoffé, Franck ne perd pas de vue son envie de les livraisons chez ses clients tous les après-mi- rester « une entreprise à taille humaine », et di, sur trois créneaux s’étalant de 14 heures à 20 n’envisage pas forcément d’avoir un local à lui. heures Bien organisé, Franck prévient même Les retours positifs des clients, qui apprécient ses clients par SMS une dizaine de minutes d’avoir « le marché livré à domicile », l’incitent avant son arrivée : « C’est quand même plus à poursuivre sur ce chemin. « L’aspect alimen- Merci au sympa de savoir quand la livraison arrive », taire est essentiel. Je me sens utile au quotidien précise le jeune homme, soucieux de la satis- et c’est ce qui me plaît aussi » ajoute Franck, RC LENS faction de ses clients. À travers son activité, qui en plus d’avoir la pêche, se fera un plaisir de Franck Sauzé veut soutenir et favoriser l’achat livrer pommes, poires, choux et autres denrées de nous faire auprès de producteurs locaux qu’ils soient issus vitaminées ! de l’agriculture biologique ou conventionnelle. n La qualité des produits qu’il livre est pour lui • Contacts : essentielle, autant que leur fraîcheur. Pas ques- Tél. 06 77 68 54 43 VIBRER tion de livrer une salade flétrie ! Franck s’est Pour commander : mafermeenunclic.fr Cadart Yannick • Photo Pas-de-Calais du Département du de la communication Direction 14 Arrageois L’Écho du Pas-de-Calais no 208 – Mai 2021 Un parc d'attractions botaniques

Par Christian Defrance

HENDECOURT-LÈS-CAGNICOURT • Dans ce parc de huit hectares, Chantal To- part de Moriamé est vraiment dans son élément. « J’y suis tout le temps » dit- elle, jusqu’au point de connaître le nombre de pigeons ramiers, de faisans qui s’égaillent entre les frênes et les charmes. Le parc est une préoccupation quoti- dienne pour cette passionnée de botanique. Ses visites guidées sont un enchan- tement, on prend un vif plaisir à l’écouter raconter la grande histoire - et les petites aussi - de cette belle propriété.

Le GPS emmène toujours les visi- rac, était décédé à Paris en octobre Rendez-vous en juin teurs ou les simples curieux vers 1917 et son fils Joseph avait trouvé Le parc à l’anglaise du château qui la rue du Mont et une grille sur la mort en 1913. « Joséphine, mon avait été conçu à la toute fin du XIXe laquelle un panneau indique que arrière-grand-mère née Pillons, dé- siècle par l’architecte paysagiste l’entrée principale du château se cida de faire reconstruire le château champenois Édouard Redont ne situe dans le village. « Cette grille mais les dommages de guerre ne résista pas non plus aux assauts de appelée ‘grille de Cagnicourt’ avec suffisant pas, elle vendit son hôtel la Grande Guerre. Joséphine sou- le blason de la famille (une étoile, particulier à Arras. » Le nouveau haita retrouver le parc dans toute sa une écrevisse entre autres) est un château, très différent du précédent, splendeur passée et le même Redont vestige d’avant la Grande Guerre fut dessiné par l’architecte parisien s’appuya sur ses propres plans pour » précise Chantal Topart. Situé Eugène Langelez très inspiré par le mener à bien la mission. « D’impor- entre la ligne Hindenburg et la ligne style Art déco des « années folles ». tantes plantations furent confiées à Quéant-Drocourt, le village devint Langelez se chargea également un paysagiste d’, Adrien un point stratégique crucial durant des plans de la nouvelle chapelle Desmidt, dont nous avons gardé les derniers mois du conflit et le funéraire des barons de Grincourt, la facture détaillée de 1926 » sou- château en fit les frais. La demeure dédiée à Notre-Dame-des-Ardents. ligne Chantal Topart. Au fil des qui avait été reconstruite au milieu « Les travaux ne commencèrent décennies, « nous avons réguliè- du XVIIIe siècle (mais dès le XIIe, réellement qu’en 1925 et Joséphine rement et énormément replanté ». le domaine d’Hendecourt-lès-Ca- mourut en 1927 . Mon père Jean de- La visite peut débuter. On accède à gnicourt avait été érigé en baronnie vint le maître des lieux à seulement la grille du château par une avenue avec un château maintes fois trans- 18 ans » continue Chantal Topart. bordée de vernis du Japon. Après formé) fut durement touchée par les Une nouvelle guerre frappa à la la grille, une allée cavalière arborée Photos Yannick Cadart bombardements du printemps 1917 porte du château qui fut occupé par forme un ovale de six cents mètres lors des offensives australiennes. les Allemands puis les Anglais... La et permet d’atteindre la terrasse du essences différentes d’arbres (dont Occupé ensuite par les Allemands, le paix revenue, le baron Jean qui avait château. On admire les mélèzes et des charmes qui ont tenu le choc en château fut repris par les Canadiens épousé Geneviève Ernst à Colmar en l’impressionnante pelouse de deux 1917), plus de deux cents arbustes, le 1er septembre 1918. Complètement 1942 retrouva Hendecourt-lès-Ca- hectares et demi. « Elle a connu de un millier de rosiers, vivaces, gra- détruit, il fut « rendu » à ses proprié- gnicourt. Jean Reboulh de Veyrac grands rassemblements, des expo- minées et fleurs annuelles. « J’ap- taires, en l’occurrence Joséphine Re- est décédé en 1999 (24 ans après sa sitions de machines agricoles et précie les espèces les plus rares » boulh de Veyrac Blin de Grincourt, femme). Paul et Chantal Topart de même un match de football. Elle est dit Chantal qui maîtrise à la per- alors âgée de 74 ans. Son mari, le Moriamé veillent désormais sur le encore plus belle quand elle est ton- fection leurs noms scientifiques baron Edouard Reboulh de Vey- château aux seize pièces. due ! » Le parc abrite plus de cent en latin... À l’arrière du château, « nous avons aménagé un miroir d’eau dans lequel se mire une sta- tue, réplique de La Baigneuse de Falconet ». Le parc offre de belles échappées vertes, ouvre des pers- pectives aériennes ; une allée bor- dée de frênes (en bonne santé) débouche sur un ancien verger peu- plé de pommiers. Chantal Topart montre l’if d’Irlande « qui se couche forme, qui semble même rajeunir complètement dans les tempêtes », grâce aux bons soins de ses proprié- un tilleul argenté qu’elle a sauvé en taires. « Revenez quand les massifs tressant des rejets, un lilas que sa seront tous fleuris » lance Chantal mère adorait. Elle vante les mérites Topart ; à l’occasion des Rendez- de la consoude « trésor du jardin », vous aux jardins les 5 et 6 juin pro- du lamier « idéal pour recouvrir chains par exemple. « Nous par- une souche ». Dans l’ancien grand ticipons à cette opération depuis potager du baron - « ici on pouvait 2004, l’entrée est gratuite, de 10h à vivre en autarcie » - poussent de 19h, sans rendez-vous. » jeunes châtaigniers. Le parc du châ- n teau d’Hendecourt-lès-Cagnicourt • Contact : est un presque centenaire en pleine Tél. 03 21 24 02 80 L’Écho du Pas-de-Calais no 208 – Mai 2021 Arrageois 15 Les hirondelles font le printemps

par Florence Dhersin

RIENCOURT-LÈS-BAPAUME • À un jet de pierre de Bapaume, moins de cinq minutes par la route départementale 917 suffisent à rejoindre la petite bourgade de 37 âmes dont le blason aux neuf rats rappelle le symbolique rongeur de la ville d’Arras. Elle fait partie des 64 communes de la communauté de communes du Sud Artois.

Un panneau arbore fièrement le nom de sa urnes des défunts) et d’un jardin du souvenir. commune. À la croisée des chemins, semble 37 habitants pour 14 ménages. Selon l’INSEE, suggérer l’imposant et typique calvaire. À ce nombre s’élevait à 423 en 1793, 124 en 1886 Photos Jérôme Pouille gauche, des champs. À droite, un sentier prin- pour tomber à 25 en 1999. La commune peut Pour un peu, on verrait passer un virevoltant venaient de et Villers-au-Flos tanier. Tout droit, la rue Principale. Elle tra- s’enorgueillir de compter plus de salariés que balayé par le vent, tout droit issu d’un vieux pour la guinguette. Ils s’amusaient bien ici. Ça verse le village et égrène sur son passage les d’habitants pour faire battre son cœur. Sur ses western. À défaut de John Wayne, un sym- a fermé en 1968. » points d’intérêt. 341 hectares, elle accueille trois exploitations pathique agriculteur au retour des champs Un bruissement d’ailes accompagne un ballet Qu’est-ce qui fait qu’une commune est une agricoles grandes cultures et culture spécia- attise la curiosité. Petit brin de causette : « La d’oiseaux dans le hangar. Et d’ajouter dans un commune ? Une mairie ? Une église ? Une lisée endive et carotte (5 employés et 50 sai- terre, c’est quelque chose de vivant. La vie, elle sourire bienheureux : « Ah, mes hirondelles. école ? D’après le Robert, c’est « la plus petite sonniers), un centre de compostage de déchets est juste là. Les vers de terre, c’est mes ingé- On discute, voyez-vous ». La simplicité, le subdivision administrative du territoire fran- végétaux et l’Institut médico-éducatif Les nieurs. Ils entretiennent la vie microbienne. calme, la vie au rythme des saisons. Bref, les çais, administrée par un maire, des adjoints et Verts Tilleuls (25 professionnels s’occupent de Je ramène la vie dans le sol en supprimant hirondelles font le printemps à Riencourt-lès- un conseil municipal. » On est bon ! Maureen 65 jeunes en situation de handicap) profitant les engrais ». En parlant de vie : « Quand Bapaume. Deseille, dans son roman Et son visage appa- de l’espace à disposition pour proposer des j’étais petit, il y avait un estaminet. Les gens n rut à la lueur du réfrigérateur, s’interroge non ateliers enseignement ménager, horticulture, sans humour sur l’essence même des com- jardinage, peinture et maçonnerie. munes : « de quoi [est] réellement constitué Un vélo passe tranquillement, une maman et chaque village […] : un club de foot, une église son bébé respectant, on s’en doute, la signa- et une bibliothèque municipale. Le corps, lisation 30 km/h érigée pour sécuriser la cir- l’âme et l’esprit. » culation. Malgré ce brassage d’actifs, le village Point de ballon rond ou de rayonnages, mais se caractérise par son silence. Un silence tout une cloche et le drapeau tricolore. À la tête de la relatif puisqu’il suffit de s’asseoir sur le banc mairie, Jean-Luc Descamps, agriculteur de 60 de l’abribus en bois et de tendre l’oreille : ans, élu en mai 2020 pour succéder à son père, le gazouillis des oiseaux, le jacassement des toujours actif au conseil municipal constitué de poules, les vocalises d’un coq, le hennissement OUVERTURE quatre femmes (dont trois trentenaires) et trois d’un cheval, le vent dans la tôle rouillée, l’eau PROCHAINE hommes. Une équipe jeune – représentative de d’un robinet qui coule goutte à goutte dans un .pasdecalais.fr sa population dont la moyenne d’âge est de 40 tonneau en plastique bleu délavé au cimetière. archeologie ans – qui s’investit : réfection des trottoirs et 30 tombes à peine. Cinq marches usées par le d’un chemin, installation d’un défibrillateur, temps et une arche romantique autour de la- réhabilitation du logement au-dessus de la quelle s’entortille la végétation donnent accès mairie, recrutement d’un employé communal à la minuscule église Notre-Dame datant de 5h par semaine, aménagement d’une cavurne 1922, depuis laquelle se dressent les éoliennes (sépulture enterrée destinée à accueillir les à l’horizon.

Immersion virtuelle dans le SAISON 1 quotidien EXPOSITION de nos Maison de l’Archéologie Responsable : Camille De Visscher / Direction Valorisation de la recherche, projet Learning Center Archeologie / Egyptologie/SHS. / Egyptologie/SHS. Archeologie Learning Center projet de la recherche, Valorisation / Direction : Camille De Visscher Responsable Guilbert. : Paul de Lille - Image Université de la Communication, : Direction et réalisation Conception ancêtres DAINVILLE 16 Dossier L’Écho du Pas-de-Calais no 208 – Mai 2021 Les sapeurs-pompiers du Pas-de -Calais « courageux et dévoués »

Par Christian Defrance

Les sondages « entretiennent la flamme » avec les sapeurs-pompiers. Ainsi en 2019, avec une cote de 91 %, les soldats du feu étaient la profession pour laquelle les personnes interrogées par l’institut Harris Interactive affichaient la plus grande confiance. La confiance continue à régner à l’heure de la crise sanitaire. Naguère gérés par des communes ou des groupements de communes, les sapeurs-pom- piers le sont aujourd’hui par les services départementaux d’incendie et de secours, les SDIS. Dans chaque département, la loi a créé cet établissement public spécialisé comprenant un corps départemental de sapeurs-pompiers, professionnels et volontaires, et des per- sonnels administratifs et techniques. Le Département du Pas-de-Calais et le principal financeur du SDIS 62 qui compte 1 226 pompiers professionnels, 3 425 volontaires et 233 membres des personnels administratif et technique. Toutes les 4 minutes en moyenne, le SDIS 62 vole au secours de citoyens confrontés à une situation d’urgence, toujours sous le double signe du courage et du dévouement : 369 185 appels, 123 401 interventions et 107 891 victimes prises en charge en 2020.

Intervenir n’est pas le seul verbe qui mental, des EPCI (Établissements régit l’existence et l’action du SDIS publics de coopération intercom- 62. Prévoir et prévenir font aussi munale) et des communes. La loi partie de son ADN. Les missions du 13 août 2004 a donné la prési- se déclinent autour de cinq axes : dence du SDIS 62 au président du évaluation et prévention de tous les conseil départemental ; présidence risques de sécurité civile (accidents, déléguée en novembre 2017 à Alain sinistres, risques technologiques et Delannoy. Ce conseil d’administra- naturels) ; préparation des mesures tion vote le budget - 113 millions de sauvegarde et organisation des d’euros versés par les collectivités moyens de secours ; lutte contre les territoriales aux recettes de fonc- incendies de toute nature ; secours tionnement avec une participation d’urgence en général ; protection de 64 % du Département et 36 % des personnes, des biens et de l’en- des communes et EPCI -, les plans vironnement. de recrutement, les programmes Dans un département de presque de construction (comme à Arras un million et demi d’habitants, avec actuellement)... Le coût moyen par 890 communes, 6 300 kilomètres habitant du Pas-de-Calais dans les de routes départementales et natio- dépenses réelles d’investissement nales, 250 kilomètres d’autoroutes, et de fonctionnement du SDIS 960 kilomètres de voies ferrées, 120 s’élève à 78,08 €. kilomètres de façade maritime, et le tunnel sous la Manche, « l’éventail 1 000 appels par jour des risques est considérable ». Mais Le site de la direction départe- Photo service communication SDIS 62 les 47 centres d’incendie et de se- mentale du SDIS 62, à Saint-Lau- cours (auxquels s’ajoutent 6 centres rent-Blangy, accueille le CODIS - CODIS coordonne les opérations potentiel opérationnel de garde est Les sapeurs-pompiers sont ces de première intervention) assurent Centre opérationnel départemental de secours. Il faut ici préciser que de 450 pompiers disponibles le jour soldats de l’urgence qui tiennent une couverture du territoire per- d’incendie et de secours - et le CTA le SDIS 62 est placé sous l’autorité et 420 la nuit. une place prépondérante dans la mettant des délais d’intervention - Centre de traitement de l’alerte. opérationnelle du préfet ainsi que réponse opérationnelle à la pan- optimisés. Quand un habitant du Pas-de-Ca- des maires « en vertu de leurs pou- Soldats de l’urgence démie qui nous touche depuis lais compose le 18, il est mis en rela- voirs de police administrative ». Les sapeurs-pompiers ne sont plus plus d’un an. Depuis le début de 78€ par habitant tion avec un opérateur du CTA, un Les « secours aux personnes » re- seulement des soldats du feu, mais la crise sanitaire, les sapeurs-pom- Le SDIS 62 est géré par un conseil millier d’appels en moyenne chaque présentent plus des trois quarts des des techniciens du risque dont le piers du Pas-de-Calais ont effec- d’administration constitué de jour ! Le CTA analyse la situation et interventions, ils sont « le cœur de champ d’action est très vaste. Les tué 12 289 interventions Covid-19 représentants du conseil départe- déclenche les secours d’urgence. Le métier » des sapeurs-pompiers. Le sapeurs-pompiers « prévention- et pris en charge 12 542 victimes. nistes » étudient les projets de Depuis le début de la vaccination, constructions recevant du public, les sapeurs-pompiers ont ouvert réceptionnent des travaux, effec- 4 centres, à -le-Comte, tuent des visites de contrôle. Les Bruay-la-Buissière, et « prévisionnistes » se penchent . 16 355 injections ont été sur une parfaite connaissance des réalisées pour la population et « particularités » que sont les im- 1 727 injections pour les sapeurs- meubles de grande hauteur, les sites pompiers (chiffres arretés au 14 Seveso, etc., et sur les plans d’inter- avril 2021). « Le travail de contact vention qui y sont attachés. Et qui et d’accompagnement réalisé par le dit « particularités » du Pas-de-Ca- SDIS est particulièrement efficace lais dit unités spécialisées, le corps et permet de n’oublier personne » départemental pouvant compter soulignait Jean-Claude Leroy, pré- sur six unités : risques technolo- sident du Département du Pas-de- giques, secours en milieu périlleux, Calais lors d’une récente visite au nautique, sauvetage-déblaiement et centre de vaccination d’Avesnes-le- cynotechnique, intervention à bord Comte.

Photo service communication SDIS 62 des navires et des bateaux. n L’Écho du Pas-de-Calais no 208 – Mai 2021 Dossier 17 Les sapeurs-pompiers du Pas-de -Calais « courageux et dévoués »

Il y a pour le grand public cet « On apprend toujours » préparent aussi les matériels et pro- aspect bien visible du quotidien Amandine Deiss, Avionnaise, est duits commandés par les médecins du SDIS 62 : des hommes et des préparatrice en pharmacie à la PUI et infirmiers sapeurs-pompiers. femmes en tenue d’intervention du SDIS 62 à Saint-Laurent-Blangy « Tout est géré à Saint-Laurent- avec casque et appareil respira- depuis 2008. « Je fais partie des Blangy et des navettes partent vers toire isolant (15 kilos au total !) ; meubles » sourit-elle. Elle a été re- les différents centres de secours ». des véhicules (852), du FPT four- crutée après avoir tout simplement « À la PUI, on apprend beaucoup, gon pompe-tonne au VSAB véhi- répondu à une annonce. Amandine on apprend toujours » assure cule de secours aux asphyxiés et (préparatrice en pharmacie diplô- Amandine et la Covid-19 a apporté blessés en passant par le VLSSM mée, deux ans après le Bac) souhai- son lot de nouvelles procédures, de véhicule léger du service de santé tait « voir autre chose » après avoir nouveaux protocoles. Il s’agit d’être et de secours médical. travaillé quelques années dans des encore plus vigilants sur la désin- Et il y a une face moins visible pharmacies de ville. « Cela deve- fection des véhicules, sur les tenues mais essentielle pour mener à bien nait de la vente, il fallait faire du des sapeurs-pompiers (masques, les missions, la PUI en fait partie. chiffre... » À la PUI, elle a découvert gants, lunettes, charlottes). Avec la La pharmacie à usage intérieur un métier « complétement différent, vaccination et l’ouverture de quatre est rattachée au pôle « santé, se- sans patients, sans ordonnances ! ». centres, il a encore fallu s’adapter, cours médical et qualité de vie au Complètement différent et complè- « aller chercher les vaccins dont nous travail » du SDIS 62. La PUI est tement indispensable. « Nous tra- sommes dotés à l’hôpital, les livrer composée de pharmaciens (2 pro- vaillons autour des médicaments de aux centres grâce à nos frigos de fessionnels et 10 volontaires), de l’urgence (adrénaline, oxygène...), transport ». Certes, Amandine Deiss préparateurs en pharmacie, d’un des matériels médico-secouristes et possède le statut PATS - Personnel service biomédical, d’un service biomédicaux » explique Amandine. administratif technique et spécialisé livraison d’oxygène et logistique, Ainsi, les préparateurs en pharmacie - mais au coeur de la grande pharma- d’un service hygiène et désinfec- « réarment » les VSAB, leur four- cie du SDIS 62, elle est elle aussi un « tion des véhicules (particulière- nissant tout le matériel nécessaire. soldat de l’urgence ». n ment important avec la Covid-19). Amandine et Denis son collègue Photo Christian Defrance

« Je ne me vois pas faire autre chose » assure An- jury en novembre 2018. Encore volontaire durant toine Beugnet, 23 ans, l’un des benjamins du centre quelques mois à Hénin-Beaumont, il a été nommé de secours de Oignies, fort de 34 sapeurs-pompiers à Oignies le 1er juillet 2019, « caporal équipier professionnels et 60 volontaires, placés sous le tout d’abord » et une année de stage pour mettre commandement du capitaine Ludovic Miroux. Un à l’épreuve « le savoir-faire et le savoir être ». Pas centre de secours qui intervient sur Oignies, Car- de souci avec ce caporal très motivé, qui veut « être vin, Libercourt ; 4 000 sorties en moyenne chaque dans le concret, se sentir utile », qui apprécie la vie année. de caserne et son rythme (les gardes), l’abnégation. Le caporal Beugnet est un sapeur-pompier exem- Il a été titularisé le 1er juillet 2020... en pleine crise plaire, au sens de « qui peut être cité en exemple ». sanitaire. Si professionnellement, Antoine Beugnet Dès l’âge de 14 ans, il a rejoint l’école des jeunes s’est bien adapté aux nouveaux protocoles ; il avoue sapeurs-pompiers d’Hénin-Carvin, une structure que « dans sa vie personnelle de jeune de 23 ans associative. « Un rendez-vous tous les samedis, vivant à , la Covid a bouleversé les habi- une belle école de la vie, dit-il, avec du sport, la tudes et provoqué un sentiment d’isolement... » découverte des missions et des valeurs chères aux Isolé, à la caserne, Antoine ne l’est absolument pompiers ». Bien sûr Antoine suivait une scolarité pas. Il apprécie l’esprit d’équipe, « l’adrénaline qui normale, collège de Dourges, lycée Pasteur à Hé- monte quand ça sonne », et il veut « apprendre nin-Beaumont et le Bac à la clé. À 18 ans, il a obtenu auprès des anciens, l’histoire des pompiers, les le Brevet national de jeune sapeur-pompier et en traditions... Ne jamais oublier d’où l’on vient pour septembre 2016 il devenait volontaire au centre savoir où l’on va ». Exemplaire. Antoine « se laisse de secours d’Hénin-Beaumont. Un volontaire qui le temps » d’envisager l’avenir et de prendre du essayait d’être le plus souvent possible disponible galon. « Sapeur-pompier, j’ai toujours voulu faire pour les manœuvres, les interventions... alors qu’il ça » répète-t-il. Et vraiment pas autre chose ? Ah continuait ses études à 276 kilomètres de la caserne ! si, depuis deux ans pour le plaisir, il compose de Au Havre, Antoine Beugnet a passé une licence la musique électronique et prépare un album. Son professionnelle mention QHSE - qualité, hygiène, nom d’artiste, NTN. sécurité, santé, environnement avec le parcours n « prévention et gestion des risques ». L’idée de devenir sapeur-pompier professionnel collait par- Le président du Département, Jean-Claude Leroy, faitement à l’esprit de cette licence. et le président du SDIS62, Alain Delannoy, ont si- En 2018, Antoine a donc passé le concours de sa- gné en octobre 2019, un protocole d’accord portant peur-pompier professionnel non-officier, le SPPNO, sur la création de 150 postes de sapeurs-pompiers un concours national exigeant avec « beaucoup de professionnels dans le Pas-de-Calais à l’horizon candidats et peu de places ». Parfaitement préparé 2023. Ce plan doit compléter le recrutement de 50 physiquement et intellectuellement, Antoine a été en 2019 et ce afin d’atteindre l’effectif de référence.

Photo Jérôme Pouille admis, passant un entretien d’embauche devant un n 18 Identité L’Écho du Pas-de-Calais no 208 – Mai 2021 Assistant(e) familial(e) : un métier de cœur

Par Julie Borowski

Le Département recrute des « Ass’fam’ », des assistants familiaux. Le recrutement d’assistants familiaux bat son sa famille, c’est le principal ». Quel que soit le Un métier à domicile, au service des enfants, un métier de cœur, plein, pour pallier les nombreux départs en contexte du placement, l’assistant familial tra- un métier avant tout humain. retraite du côté de l’Artois et de Lens-Hénin, vaille bien en collaboration avec les parents, et mais aussi le manque de postulants dans le le service socio-éducatif en charge de l’accom- Calaisis et le Boulonnais, et enfin pour faire pagnement du mineur. « Peu importe son âge, face, malheureusement, à l’augmentation du son vécu. J’accueille tous les enfants et leurs nombre de mineurs placés. parents dans le respect. On ne prend pas la Être assistant familial, c’est accueillir un enfant place des parents, on travaille avec eux, pas ou plusieurs enfants chez soi – de la naissance contre eux, car le but est bien que l’enfant, à à 21 ans - confié à l’Aide Sociale à l’Enfance terme, retourne chez lui. Ce travail de colla- (ASE), de manière temporaire ou permanente. boration est essentiel ». C’est l’accueillir chaleureusement, dans un cadre structurant et dans la bienveillance pour Donner autant que recevoir qu’il puisse se reconstruire, sans oublier son Sans « effacer sa vie d’avant », l’assistant vécu. La bienveillance, certainement le maître familial permet à l’enfant confié de se poser, mot de tout assistant familial. de parfois retrouver un cadre structurant et sécurisant, de retrouver confiance en lui aussi : Bienvenue chez moi « Un banal geste du quotidien, anodin pour La bienveillante Raphaëlle Wallart est nous, peut-être énorme pour l’enfant et lui « Ass’fam’ » depuis plus de 15 ans. Et depuis apporter beaucoup dans sa reconstruction », quelques années, assistante familiale res- affirme Raphaëlle. L’accueil d’un mineur source (AFR). Ainsi, elle écoute, soutient, ac- confié à l’ASE peut aller de quelques jours à compagne ses collègues dans l’exercice de leur plusieurs années. Dans le fond, l’important profession. Une aide précieuse dans ce métier n’est pas le temps passé avec l’enfant, mais prenant, qui nécessite un soutien technique et bien la qualité de ce temps qui lui est offert : une oreille attentive. « C’est important de ne « Chaque jour compte avec l’enfant. J’ai par-

Photo Jérôme Pouille pas se sentir seul », précise Raphaëlle. Cette fois eu des accueils de trois jours, où l’ado- « Ass’fam’ » au grand cœur a déjà accueilli une lescent, en grande difficulté pourtant, nous a vingtaine d’enfants, le plus souvent des gar- apporté une véritable bouffée d’air ! ». Alors çons, dernièrement des ados, qui se sentent forcément, l’attachement est présent : « on justement « accueillis et acceptés » dès qu’ils ne peut pas empêcher le lien » témoigne Ra- franchissent le pas de la porte de Raphaëlle. phaëlle. Au moment des départs, par exemple Le Département Pour cette maman de trois enfants aujourd’hui quand les enfants sont restitués à leur famille, Solidarités majeurs (seuls le benjamin de 22 ans vit encore les sentiments de joie et de tristesse mêlés à la maison), la décision de devenir « Ass’fam’ » ressentis sont des moments forts pour tous. s’est faite en concertation avec la famille. Car Dans les cas de réorientation, s’agissant d’une accueillir un enfant ou un adolescent à la mai- nécessité pour le mineur, où d’une limite par- LE DÉPARTEMENT son dans le cadre d’un placement, c’est vivre fois de l’assistant familial, Raphaëlle Wallart avec lui 24h/24, 7 jours/7. Une présence, des reconnaît : « On le vit comme un échec ». D’où conséquences et une implication dont les en- l’importance de l’accompagnement pour les RECRUTE DES ASS. FAM. fants de la famille n’ont pas toujours conscience « Ass’fam’ » du Département, par les équipes au départ. « C’est vraiment une décision fami- locales de l’accueil familial, permettant aus- liale. Quand on accueille un enfant confié à si de relativiser : les erreurs sont possibles, l’ASE, il est là tout le temps. Être maman et l’important étant de pouvoir y revenir, pour Ass’fam’ c’est de fait partager son temps entre progresser dans sa pratique. Toutes les situa- ses propres enfants, son conjoint, et les enfants tions sont différentes. Des accueils bel et bien que le Département nous a confiés. C’est leur vécus avec le cœur pour Raphaëlle, qui fait le apporter l’écoute dont ils ont besoin, le bon choix d’emmener ces enfants - après accord cadre, partager avec eux notre espace. Il faut parental - lors de ses vacances en famille : être vigilant à ne pas oublier ses enfants si « Parce que j’ai envie de leur faire vivre ça, de l’on veut éviter tout sentiment de culpabilité ». partager aussi ces moments avec eux », sourit Un juste équilibre à trouver entre sa famille et Raphaëlle. le(s) enfant(s) accueilli(s). À cette fin, la pose Quand Raphaëlle Wallart parle de son métier, de congés est ainsi bien évidemment prévue, et son regard s’anime : « C’est un métier qu’on même nécessaire « autant pour l’enfant confié fait avec le cœur, qu’on fait à fond ! Alors oui, que pour nous ». il y a parfois des moments difficiles, parce que Car les mineurs qui arrivent à la maison ar- l’enfant amène aussi son vécu, mais ce qui rivent avec leur sac à dos de problèmes, parfois reste, c’est l’enrichissement mutuel. C’est tel-

Conseil départemental du Pas-de-Calais - Communication / Photo : Adobe Stock / Photo : - Communication du Pas-de-Calais départemental Conseil même de lourdes valises de vécu, et l’accueil qui lement beau de voir ce que l’on donne à l’en- leur est réservé est souvent déterminant pour fant, et surtout, ce que l’on reçoit en retour, ASSISTANTS FAMILIAUX : un métier à domicile Infos : pasdecalais.fr leur bonne prise en charge, « C’est important parfois un simple regard, un moment vécu au service des enfants de recevoir l’enfant avec humanité, de créer ensemble… C’est un très beau métier ! ». le juste lien avec lui, tout en lui rappelant que n L’Écho du Pas-de-Calais no 208 – Mai 2021 Identité 19 Mai à vélo

Mai à vélo est une opération nationale lan- pond aux enjeux économiques, sociaux et sa- cée par un collectif d’institutions du monde nitaires de nos territoires. Il réduit le risque de du vélo, douze au total de la Fédération des contamination par contact avec les surfaces : usagers de la bicyclette à Vélo & Territoires il évite l’engorgement des villes, allégeant les en passant par la Fédération française de transports en commun et améliore la qualité cyclisme ou l'Association de promotion et de l’air. Le vélo permet une activité physique d’identification des cycles et de la mobilité régulière qui contribue au renforcement du active, soutenu par le ministère de la Tran- système immunitaire ; il offre une liberté sition écologique et le ministère des Sports. de déplacement et il véhicule des valeurs de Mai à vélo est une réponse à l’augmentation partage et de plaisir autour de ses différents inédite de la pratique du vélo, tous modes usages. confondus, enregistrée sur l’ensemble du ter- L’ambition de Mai à vélo est d’amplifier la ritoire : le marché français du vélo a bondi en "dynamique cyclable", mais surtout de l’ins- 2020 de 25 % sur un an, propulsé par la crise crire dans la durée, auprès du plus grand du Covid. Si le nombre de vélos vendus est nombre, partout en France. Photo Yannick Cadart resté stable, à 2,6 millions d’exemplaires, le Mai à vélo rassemble toutes les actions entre- Fête du vélo le 16 mai ; Le Portel : Berges de EuroVélo et Voie Verte notamment sur le chiffre d’affaires a dépassé les trois milliards prises localement, sur tout le territoire, pour la Liane le 22 mai ; Le Portel : La Ronde des tronçon nouvellement accessible de l’EV5 d’euros. Avec plus de 500 000 unités écou- promouvoir la pratique du vélo, sous toutes clubs d’Opale le 23 mai ; Beauvoir-Wavrans : -Olhain. L’ADAV (Association droit au lées en 2020, les vélos à assistance électrique ses formes, auprès du plus grand nombre, à Vélo en famille le 23 mai ; Enquin-sur-Bail- vélo) mettra en place un stand pédagogique (VAE) représentent désormais un vélo sur travers des événements cyclables, pédago- lons : Fête du vélo le 23 mai ; Marquise : sur le vélo (entretien, sécurité routière, etc.) cinq vendu en France (+29 % sur un an). Les giques et populaires. Ronde des clubs d’Opale Circuit familial le 23 ventes de VTT électriques ont notamment mai ; Airon-Notre-Dame : Vélo en famille le Le 62 à vélo ce sont 310 kilomètres de vélo- explosé. Sur la plateforme www.maiavelo.fr nous 29 mai ; : Rando Cyclo le 29 mai... routes, 70 kilomètres de voies vertes et 2 182 Mai à vélo s’inscrit dans la continuité d'évé- avons relevé des rendez-vous vélocipédiques kilomètres de boucles cyclotouristiques. nements nationaux comme la journée de la dans le Pas-de-Calais : Les 22 et 23 Mai au Parc départemental bicyclette ou la fête du vélo. Les atouts à pro- Neufchâtel-Hardelot : Mai à Vélo le 3 mai ; d’Olhain, les services de la voirie du Dépar- www.pasdecalais.fr/Mobilite/Modes-de-de- mouvoir le vélo et ses usages sont nombreux : Saint-Martin-Boulogne : Fête du vélo le 9 mai ; tement du Pas-de-Calais souhaitent installer placement-doux/Boucles-cyclo/Le-Pas-de- écologique, bénéfique pour la santé, le vélo ré- Le Portel : Fête du vélo le 15 mai ; : un stand présentant l’action départementale Calais-a-velo en matière d’aménagement et de mobilité : n

à LA NATURE NOUS FAIT DU BIEN : Connectez-vous à la nature !

6 000 hectares d’espaces naturels protégés, il y en a forcément un près de chez vous ! UN MOIS POUR ADOPTER LE VÉLO... Liste des sites sur www.eden62.fr POUR LA VIE.

Du 1er au 31 mai

des évènements partout en France www.maiavelo.fr 20 Expression des élus du Conseil départemental Mai 2021

Double langage du Gouvernement Le gouvernement vient de confirmer Le groupe politique Rassemblement national n’ayant l’organisation des élections départemen- sur la campagne de vaccination pas fait parvenir sa contribution dans les délais im- tales en juin prochain. Nous en prenons partis, la rédaction a donc été dans l’impossibilité de acte, même si les réticences de 40% des Aujourd’hui on ne compte pas moins de 21 centres de vaccination qui la publier. maires chargés de l’organisation du scru- sont concentrés surl’est du Pas-de-Calais et 3 vaccinodromes. tin doivent être entendues. Nous en pre- Force est de constater qu’il y a un manque flagrant de doses de vaccins nons acte, même si pour nous l’urgence du sur notre territoire. L’ARS n’est pas en cause puisqu’elle est tributaire moment et des semaines à venir reste de des laboratoires pharmaceutiques. trouver des solutions quotidiennes aux dif- Notre département est prêt à ouvrir d’autres centres de vaccination ficultés de la population et à la campagne sur tout le territoire. Mais, comme l’ARS, nous sommes tributaires des de vaccination. industriels. Ce fut le cas des Bouches-du-Rhône où la présidente avait soulevé ce problème puisqu’elle souhaitait en ouvrir 54. Nous encourageons bien évidemment cha- Plusieurs laboratoires ont conçu un vaccin, d’autres travaillent dessus, cune et chacun d’entre vous à participer à notamment Sanofi pour lequel l’Etat le subventionne mais dont on at- ce scrutin et à faire vivre la démocratie. tend pas de résultat avant fin 2021. Le Groupe Union Action 62 a sollicité, lors de la dernière Puisque nous entrons dans la période élec- séance plénière, au Gouvernement de fournir davantage de torale, nous suspendons aujourd’hui l’ex- doses de vaccins pour le département du Pas-de-Calais afin de pression politique de notre groupe publiée réaliser au mieux la campagne de vaccination. dans l’Echo du Pas-de-Calais et sur le site internet de la collectivité. Maïté MULOT-FRISCOURT Présidente du groupe Union Action 62

Laurent DUPORGE Groupe Socialiste, Républicain et Citoyen Vacciner, en s’appuyant sur la ruralité Départementales 2021

Nous saluons la mobilisation exceptionnelle pour renforcer la couverture La légitimité des élus sera prononcée par l’implication vaccinale de notre département. Loin des immenses « vaccinodromes », de chacun d’entre vous dans l’acte de vote, gage de elle s’est appuyé sur des réseaux locaux et ruraux. citoyenneté et contribution à la vie quotidienne pour Parmi les 157 centres de vaccination que compte notre région, les deux tiers l’ensemble, avec les engagements du Département, sont installés dans des communes de moins de 2 000 habitants, faisant maillon incontournable de proximité créative, enjeu d’elle la plus avancée pour la vaccination des populations rurales. du futur… Pour entrevoir enfin le bout du tunnel, nous appelons l’Etat à assurer des livraisons toujours plus importantes de doses, le Pas-de-Calais ne doit plus Evelyne DROMART être oublié ! Presidente du groupe Démocrates

Alexandre Malfait Président du groupe Union Centriste et Indépendant

Les 20 et 27 juin prochains se dérouleront les élections départementales et les élections régionales. Soucieux de pas porter atteinte aux règles régissant les campagnes électorales et les scrutins, le groupe communiste et républicain n’a pas souhaité déposer de tribune.

Ludovic GUYOT Président du groupe Communiste et Républicain

Respect du pluralisme démocratique, du droit et des personnes Les textes sont signés de leur(s) auteur(s), placés sous leur seule responsabilité éditoriale. Les auteurs s’engagent à respecter les législations en vigueur sur la liberté d’expression, le droit au respect des personnes et le droit à l’image, contenues notamment dans les Lois du 29 juillet 1881, du 1er août 2000 modifiant la Loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication, celle du 21 juin 2004 pour la confiance en l’économie numérique, le Code Civil et le Code Pénal. L’Écho du Pas-de-Calais no 208 – Mai 2021 Vécu 21 Dans la forêt, le bain qui fait du bien

Par Christian Defrance

LE PARCQ • « Auprès de mon arbre je vivais heureux, je n’aurais jamais dû m’éloigner de mon arbre… » Mélanie Lardeur donne entièrement raison à Georges Brassens. Praticienne en sylvothérapie, elle prône un rapprochement plus étroit avec les arbres. Elle incite à prendre des bains de forêt, avec de la mousse, le robinet des sens ouvert, en laissant s’écouler le temps.

Le préfixe « sylvo » sert à former des petite balade en forêt. Il s’agit de se bonne pour l’esprit » répète Méla- mots en lien avec la forêt (silva en connecter à la forêt, « toucher, re- nie Lardeur. Un « bain de forêt » latin). La sylvothérapie, tournée vers garder, écouter, sentir, lâcher prise, renforce le système immunitaire, les bienfaits apaisants des arbres, se réussir à s’éveiller avec des choses entraîne une détente physique due à développe en France. Au Japon, ap- qu’on ne voit même pas » explique l’augmentation du système nerveux pelée « Shinrin Yoku », elle est une Mélanie Lardeur : les nombreuses parasympathique et une diminution pratique médicale connue, reconnue huiles essentielles dans l’atmos- du stress due à la réduction de l’ac- et largement approuvée. L’ordon- phère, la en bienfaisants ions tivité du système nerveux sympa- nance préconise de se promener négatifs de l’air (la plupart étant thique, sans oublier une diminution en forêt plusieurs heures voire plu- des ions oxygène), les phytoncides de la tension artérielle, du rythme sieurs jours, pour retrouver un équi- (substances chimiques émises par cardiaque. libre à la fois mental et physique afin les arbres), l’influence des couleurs Seul(e), en couple, en famille, entre de limiter les risques de maladies (le bleu du ciel à travers les branches amis, entre collègues, le « bain de liées au stress et à l’environnement des arbres verts). Mélanie Lardeur forêt » fait un bien fou quand il est urbain. Les effets sur la santé ont évoque encore les bactéries du sol « surveillé » par la praticienne en été constatés scientifiquement par (Mycobaterium vaccae) « qui sti- sylvothérapie. Dans la forêt d’Hes- différents chercheurs japonais… En mulent les hormones du bonheur ». din dont elle connaît tous les recoins France, on se moque encore souvent Des neuroscientifiques ont mis en ou dans celle de Crécy-en-Pon- de ces « baigneurs » qui font des câ- évidence l’activité de ces bactéries thieu, Mélanie Lardeur explore cinq lins aux arbres, le « tree hugging ». pour libérer la sérotonine (synthé- pistes avec ses « baigneurs » lors de Mélanie Lardeur fait fi des regards tisée dans l’intestin, notre deuxième séances d’environ deux heures et de- en coin et se fait fort de convaincre cerveau) qui régule notre humeur, mie : le curatif, le récréatif « et jouer les plus sceptiques, de susciter un notre sommeil, notre mémoire, avec des morceaux de bois pour re- Photos Yannick Cadart autre regard sur les arbres. notre libido ; et la dopamine, synthé- trouver une âme d’enfant », le créa- tisée au sein du cerveau, qui affecte tif, le culinaire et l’énergétique. Faire chez soi en s’entourant de bois (par- pie. Alors pour vivre heureux, vivons Le pouvoir des arbres les émotions, notamment celles qui quelques pas les yeux fermés, écou- quet, meubles) et de plantes, rien ne auprès des arbres qu’il est essentiel Originaire de , fille se rapportent au plaisir. ter le chant des oiseaux ou le vent, vaut - rien ne « sylvo » - la proximité de préserver en ville comme à la d’agriculteurs, Mélanie a 40 ans, découvrir des petites fleurs, boire un immédiate avec les pins, les hêtres campagne. maman de trois enfants, elle est aide- Cinq branches thé au cœur d’une hêtraie, enlacer (les arbres préférés de Mélanie), les soignante en service d’addictologie Enfants hyperactifs, personnes dé- un tronc… les pieds nus si possible charmes, les chênes, les bouleaux… n au centre hospitalier d’Hesdin, « 20 sirant tout simplement passer du ou alors se positionner à 80 centi- « Si tous les arbres communiquent • Contacts : ans de carrière ». Elle a toujours temps en pleine nature, personnes en mètres environ face au tronc, tendre entre eux, ils ont aussi beaucoup à www.overteveil.com aimé marcher - branchée marche convalescence, personnes touchées les bras pour y apposer ses paumes et nous apprendre, malheureusement Tél. 06 86 58 38 61 nordique - et « toujours senti qu’il se par la dépression ou le burn-out, respirer profondément. S’il est pos- nous nous en sommes éloignés » [email protected] passe quelque chose quand elle est « la forêt est bonne pour le corps, sible de prendre un « bain de forêt » martèle la praticienne en sylvothéra- Tarifs : de 10 à 70 €. dans une forêt ». Un reportage à la télé sur la sylvothérapie l’a captivée et l’a décidée à entamer une forma- tion en 2020. En juin et en octobre (entre deux confinements, durant lesquels d’ailleurs les arbres furent ses points de ressourcement), elle a passé onze journées dans la forêt de Rambouillet en compagnie de Lau- rence Monce, coach et experte en sylvothérapie. « Cette formation fut une révélation » assure Mélanie qui dès le mois de juin avait créé une au- toentreprise baptisée « Overtéveil ». C’est à sa famille, à des patients aussi (en accord avec sa hiérarchie) qu’elle délivra ses premiers conseils en sylvothérapie « pour capter les bénéfices que les arbres nous pro- curent ». La sylvothérapie n’est pas une simple « sortie nature », une 22 Sport L’Écho du Pas-de-Calais no 208 – Mai 2021 Cheval de sport

par Laurent Cauvin

CONTEVILLE-LÈS-BOULOGNE • Maximilien Lemercier, cavalier professionnel de 36 ans, nous accueille dans son écurie de compétition. Un sportif talentueux qui, par choix et passion, voue sa vie aux chevaux. Qui de mieux placé pour par- ler de lui que son cheval de toujours ?

Je m’appelle Némo du Marais. J’étais un cheval de sport comme mon père Nautilud et avant lui mon grand-père Elégant de l’Ile. Des noms qui sonnent de façon pompeuse, certes, mais dans le mi- lieu équestre, c’est comme ça. Nos noms sont choisis par nos éleveurs en fonction de notre année et de notre lieu de naissance. Au premier coup d’œil, vous constaterez volon- tiers que finalement ces noms nous vont bien, tellement nous sommes majestueux et beaux à voir. Fou- gueux, grand et puissant, ma sta- ture me prédestinait à la pratique du jumping, les concours de saut d’obstacles, la discipline équestre la plus prisée de toutes. Ce n’est pas Cheval-cavalier : après quelques essais, le coup de moi sur les photos mais un jeune un couple gagnant foudre ! Nous sommes devenus in- étalon dont l’avenir semble pro- C’est en 2005 que j’ai fait la séparables, un vrai couple cheval- metteur. Moi, je suis aujourd’hui connaissance de Maximilien, alors cavalier, comme on dit dans le mi- à la retraite après dix années de membre de l’équipe de France des lieu. Cette notion de couple est une prestige, d’intensité et d’émotions Jeunes Cavaliers. Il était venu en condition indispensable pour ga- Dandy du Calvaire Photos Christophe Kicien avec mon partenaire Maximilien, Belgique repérer et essayer plu- gner des compétitions. Pour réus- mon fidèle ami. Laissez-moi vous sieurs chevaux qui lui avaient été sir dans ce sport, avant toute chose, L’écurie Dandy du Calvaire » qu’il a préparé le présenter. recommandés. Il cherchait un che- l’un doit correspondre à l’autre. J’ai de compétition pour l’occasion. Il est devenu par la Maximilien est originaire de Nor- val de compétition qui lui permet- accepté de prendre Maximilien sur Depuis ma mise en retraite en 2016, même occasion le premier et le seul mandie. Ses parents ne connais- trait de continuer à concourir au mon dos. Lui a fait le reste. Il a su fort de son expérience du haut ni- Français à remporter cette épreuve saient absolument pas le milieu de plus haut niveau et ainsi devenir exploiter notre alchimie. Par un veau et de son expertise dans la internationale. l’équitation mais l’ont laissé, non cavalier professionnel, son rêve. entraînement précis, adapté à mes préparation des chevaux d’excel- Une dizaine de chevaux sont en sans quelques négociations, vivre Mais aucun ne faisait l’affaire ; facultés et à mes qualités, il a su lence, il a créé son écurie de compé- cours de valorisation. Maximilien sa passion des chevaux jusqu’à en question de feeling. m’amener, nous amener, vers l’ex- tition dans le Pas-de-Calais et s’est met tout en œuvre pour obtenir vivre aujourd’hui, ici dans le Pas- Il n’était donc pas venu pour moi. cellence. Au bout d’un an de colla- finalement installé en 2018 dans le meilleur de chaque cheval dont de-Calais, plus précisément dans Mais en passant devant mon box boration, nous avons gagné notre les locaux des écuries de la Motte il a la charge. Il les monte tous les le Boulonnais dont il est tombé par hasard, il s’est arrêté : « tu as premier Grand Prix à Palaiseau, à Conteville-lès-Boulogne. Une jours, passant des heures sur leur amoureux. Ce fut un choix assumé une bonne tête » m’a-t-il dit. J’étais devant les pointures du moment. écurie de compétition est un éta- dos. Le programme de préparation très jeune quand il décida de par- « assez spécial » et même « chaud » ; Dès lors, les résultats se sont en- blissement qui propose avant tout et de compétition est individualisé ticiper à une grande compétition en gros « pas recommandable » chainés malgré une blessure qui aux cavaliers et leur cheval d’être en fonction des caractéristiques, internationale au lieu d’aller passer insinuait mon ancien propriétaire. m’a mis au repos forcé durant toute coachés. Mettant son expérience de la personnalité, des besoins et ses examens scolaires. Question de feeling vous dis-je : une saison. Une convalescence qui personnelle au service des autres, de l’état de forme de chacun. La a duré plus que nécessaire mais Maximilien met tout en œuvre pour recherche de la performance est souhaitée par Maximilien au risque accompagner et faire progresser réfléchie dans le respect et le bien- de griller sa carrière à haut niveau. le couple cheval-cavalier vers son être des chevaux. C’est la règle ! Nous en sommes revenus plus forts ! plein potentiel. Mais je reste quand même son pré- Ensemble, nous avons arpenté les Mais son activité principale, sa pas- féré ! Il dit même que c’est moi qui terrains internationaux durant plus sion, reste avant tout la préparation lui ai tout donné et qui l’ai amené de 10 ans avec de nombreux classe- des chevaux et la compétition. Il là où il en est aujourd’hui. Jusqu’à ments remarquables : sélection aux propose aux propriétaires de pré- présent c’est moi le cheval de sa vie championnats d’Europe à Athènes, parer leurs chevaux et de les mettre ! « Jusqu’à présent » dit-il. Mais ma 5e du championnat de France pro- en valeur lors des compétitions pro- relève semble pointer le bout de son fessionnel, 3e du Grand Prix natio- fessionnelles. C’est ce qu’on appelle museau avec C’est un prince, un fu- nal de Vannes, vainqueur du Grand la « valorisation des chevaux de tur cheval de Grand Prix. Pourquoi Prix d’Hardelot, 2e du Grand Prix sport ». Deux ans après avoir créé pas les Jeux Olympiques de 2024 ? 3 étoiles de Royan, 2e du Grand son écurie, Maximilien réussit le À suivre. Prix de Chantilly, vainqueur de pari de remporter le très difficile n l’épreuve de vitesse de Maubeuge... derby d’Eindhoven aux Pays-Bas, • Contact : C'est un Prince Et bien d’autres! avec un jeune étalon nommé « www.maximilienlemercier.com L’Écho du Pas-de-Calais no 208 – Mai 2021 Sport 23 En attendant Bollaert...

par Jean-Marie Corbisier

LENS • Depuis plus d’un an, le stade Bollaert-Delelis a fermé ses portes aux supporters du RC Lens. Avec quelques rares exceptions aux jauges très limitées, les fans des Sang et Or se retrouvent orphelins de leur passion et doivent se contenter de matchs devant leur télé, à la maison, puisque même les bars où on se retrouve avec les potes les week-ends affichent « closed » depuis plus de six mois. Rencontre avec Greg, l’un de ces inconditionnels du club qui ronge son frein, comme 38 000 aficionados artésiens.

Une histoire bien lensoise qui commence sur la question : « Ce n’est que du foot, oui, dès l’enfance : « Dans la famille, c’est mon mais les joueurs ont le devoir de mouiller grand-père paternel qui suivait le club » le maillot pour ceux qui viennent parfois Photo Jérôme Pouille « L’ambiance c’est surtout ce qui nous manque tous les quinze jours. Ces soirs de match où les se souvient-il. Une scolarité dans la cité mi- de loin pour les encourager non-stop pen- barrières sociales se lèvent. On parle avec son voisin, sans savoir qui il est, d’où il vient. C’est nière et voilà comment on attrape le virus dant 90 minutes ». Cette notion de respect juste un supporter comme nous » dit Greg. Sang et Or il y a près de 40 ans déjà. De là, son mutuel qu’il reconnaît d’ailleurs à Gervais goût pour le dessin est repéré par un copain, Martel, l’emblématique président du club : réaliser l’équipe artésienne. « T’allumes la la descente » dit-il avec prudence et raison. membre du groupe de supporters Kop Sang et « On lui doit beaucoup », tant sur son inves- télé et tu sais que tu vas voir du beau jeu ! » Et s’il devait faire un vœu pour les prochaines Or à la tête de taureau, KSO pour les intimes, tissement pour le RC Lens que pour son état se réjouit-il. La conclusion de la saison ? semaines, il est tout trouvé : « Très vite par- qui lui propose de mettre son savoir-faire à d’esprit : « je l’ai vu à plusieurs reprises venir Pas l’essentiel pour lui, déjà très heureux du tager un peu d’émotions avec les joueurs à profit.« Au début, j’ai surtout croqué pour la parler avec les supporters, prendre quelques plaisir et de la joie procurés par les joueurs. Bollaert, avec un beau clapping en guise de réalisation des autocollants ou des écharpes, minutes avec chacun, tout en restant humble « Déjà consolider notre équipe pour ne pas conclusion ! ». qu’on enregistrait sur les disquettes » se sou- et accessible ». Bien sûr, le club, c’est comme avoir à se battre chaque année pour éviter n vient-il amusé. Puis, ce sont les dessins dans une famille, avec ses bons et ses moins bons le fanzine (contraction de fanatic magazine) souvenirs. Incontestablement pour le sup- et quelques dizaines d’heures pour réaliser porter qu’il est, c’est le titre de champion les tifos pour impressionner l’adversaire, de France de 1998 qui reste gravé dans sa pour rien parfois… « En 1998, après la vic- mémoire avec ces 40 000 personnes dans le toire à Wembley, on avait préparé une ban- stade à une heure du matin venus acclamer derole pour la réception d’Arsenal ‘12 Len- leurs héros de retour d’Auxerre. Côté mau- sois terrassent 12 Canonniers’, en référence vais souvenirs, « on essaie de les oublier », au surnom des joueurs londoniens, les Gun- mais celui qui le marque encore le plus est « ners ! ». Score final 1-1, et la banderole ne l’émotion ressentie dans le stade après sera jamais déployée et restera sous les le décès du grand blond, Daniel tribunes… Mais Leclerc ». ce fut sans regrets, Avec la crise sanitaire, parce qu’être suppor- Greg relativise néan- ter du Racing c’est de la moins : « Bollaert, ça passion à l’état pur, sans rien manque bien sûr. On attendre en retour si ce n’est le est frustré de ne pas respect des valeurs. Ces valeurs avoir pu fêter la mon- incarnées par le passé ouvrier des habi- tée en Ligue 1. Il manque tants du Pas-de-Calais, « sans tomber dans ce 12e homme grâce auquel les clichés et les caricatures ! » prévient-il, on les joueurs se dépassent un les retrouve auprès de chacun : les joueurs, peu plus ! ». Mais l’infirmier en psychiatrie les supporters et les dirigeants. Une passion au Centre hospitalier d’Hénin-Beaumont, qui « se transmet comme un flambeau de sur le front depuis plus d’un an au plus près Merci au génération en génération » affirme-t-il. À des personnes « sur le terrain » comme la maison, on n’y échappe pas, les soirs de il dit, le sait plus que quiconque : « Tout le matchs sont inscrits au planning et qu’on monde est touché, pas uniquement les sup- RC LENS aime à 100 % ou un peu moins, il y a tou- porters et le club ». Il confirme qu’il voit de jours un œil ou une oreille qui traîne pour plus en plus de « situations de patients se de nous faire s’enflammer sur le résultat du jour. La fierté dégrader, avec des conditions sociales plus de constater aussi que son deuxième fils Cé- difficiles, des situations de dépressions et de lian a attrapé le « bon virus » Sang et Or, là mal-être en nette hausse, surtout chez les où bon nombre de jeunes cèdent aux sirènes jeunes » et qu’il faut donc relativiser. Au- VIBRER pasdecalais.fr des clubs plus médiatiques, « soi-disant à la delà de la déception du supporter résigné à mode » dit-il avec un brin d’ironie. regarder la Ligue 1 à la maison, la satisfac- Greg ne s’y trompe pas, mais reste ferme tion vient de la belle saison qu’est en train de as s aut t asaais u att u a uiati iti 24 o Arts & Spectacles L’Écho du Pas-de-Calais n 208 – Mai 2021 Les mots des autres S’affranchir des frontières Par R. L. Par Romain Lamirand CALAIS • Depuis la mi-mars, l’ancien bureau de comptage de la SAINT-OMER • Claire Audhuy a pris ses quartiers depuis le mois de février à la main-d’œuvre, le BCMO, est devenu le quartier général d’Hervé Motte Castrale. Poésie ou théâtre, elle est à la fois auteure, metteure en scène et Koubi et de sa compagnie de danse. « haut-parleur » pour les mots de ceux qui croisent sa route. Photos Jérôme Pouille Passé maître dans l’art de mettre en mouvement les corps, Hervé Koubi aime raconter des histoires, mais aussi les écrire. Dans ses créations qui mêlent ballets et danses de rues, le chorégraphe et danseur invite le spectateur à l’accompagner dans des voyages qui n’hésitent pas à questionner le monde et son histoire, mais aussi les codes en vigueur dans l’univers de la danse ou la société. Clas- sique, contemporain, hip-hop ou capoeira, il essaie, dans la danse Photo Yannick Cadart comme dans la vie, de réinterroger les notions d’identité ou de Après une thèse sur le théâtre clandestin dans les lège de l’Esplanade qui ont souhaité rendre hommage communauté pour les transcender. Plus qu’un simple lieu de répé- camps nazis, Claire Audhuy s’est consacrée à l'écriture aux femmes qui disent non, manifestation poétique tition ou la troupe de danseurs professionnels qui sillonnent les et à la mise en scène. Avec son théâtre documentaire organisée avec des collégiens de , écriture de salles les plus prestigieuses de la planète pourra poser ses valises et sa poésie légère à double niveau de lecture, les mots poèmes avec une classe de CP à Arques, les pistes creu- entre deux tournées et répéter, le BCMO sera le point de départ sont un outil pour faire résonner la voix des personnes sées par Claire Audhuy dans le cadre de cette résidence de nouvelles aventures. Partenariats avec les structures d’ensei- qu’elle rencontre, leurs souvenirs, leur histoire. « Sur illustrent l’approche que l’artiste a choisi d’aborder gnement de la danse, rencontres entre danseurs professionnels et scène, je ne joue pas, je restitue. Je suis un témoin de pour l’ensemble de son travail. En allant sans cesse amateurs, invention de nouvelles formes dédiées à l’espace public témoin, un haut-parleur pour les mots qui m’ont été à la rencontre de nouveaux publics, elle utilise l’art et inspirées du territoire, la structure, grâce à l’aide de la munici- confiés. » De la Palestine, à Saint-Omer, la figure du comme un moyen d’expression, de partage, mais aussi palité et du Département du Pas-de-Calais, va pendant cinq ans migrant peuple son œuvre. Avec Frères ennemis, une comme un support de réflexion : « Pour créer, il faut pouvoir insuffler une nouvelle dynamique artistique et culturelle pièce écrite et jouée dans le camp de réfugiés d’Aida apprendre à déconstruire, il faut être inventif. Avec dans le Calaisis. en Cisjordanie, elle donne la parole à ceux qui vivent mes textes et lors des spectacles, il y a une part d’in- n des deux côtés du « Mur de la honte » ; dans Les Mi- formation. Une autre d’émotion. Mais pour moi, il est • Renseignements : grantes, elle raconte au public des tranches de vie par- important d’aller plus loin. Selon moi, cette approche www.cie-koubi.fr tagées avec des femmes exilées qui ont trouvé refuge du texte, des mots ou du théâtre, doit s’accompagner dans les locaux de l’association Camarada à Genève ; de temps d’échanges, de débats, de réflexion, car c’est dans le Pas-de-Calais, elle a fait escale 120 Jours à Hé- grâce à tout cela que l’on peut dépasser les peurs, les nin-Beaumont où elle est allée à la rencontre des habi- malentendus, les stéréotypes et commencer à réfléchir tants d’une commune autoproclamée « sans migrant ». à ce que l’on veut mettre derrière la notion de vivre- À Saint-Omer elle a cette fois rencontré des jeunes ensemble. » accompagnés par l'association France Terre d’Asile n avec qui elle prépare l’ouverture d’un bar à boutures • Informations : éphémère. Leurs confidences se transformeront cette https://rodeodame.fr/residence-artistique-a-saint-omer. fois encore en un livre qui sera un patchwork de tra- ductions chaotiques et poétiques de bribes de conver- Dans le cadre de cette résidence, Claire Audhuy res- sation réalisées par le biais de l’assistant de traduc- tituera 120 jours à Hénin-Beaumont le 6 mai à 20h Outre l’écriture et la mise en scène d’Odyssey, le prochain spectacle de tion le plus célèbre de la planète. En bonne passeuse à l’AREA d’Aire-sur-la-Lys et Le cœur est un feu le la compagnie Koubi, un projet où s'entremêleront danse, travail avec des de mots, l'artiste du langage profitera de la fin de la 21 mai à La Coupole d’. Une journée de clôture chevaux et accompagnement à la fin de vie en association avec Hassen résidence pour mettre en voix l'ouvrage avec un chœur de la résidence sera organisée le 26 mai. Adaptations Bouchakour sera au cœur du projet de la compagnie. Un projet au long cours qui sera suivi pas à pas par la réalisatrice Lætitia Carton et fera d’élèves du collège de La Morinie. Mise en scène de possibles en fonction des directives liées à la lutte l’objet d’un documentaire. fragments de Mon nom est Rom par des élèves du col- contre le coronavirus. o 25 L’Écho du Pas-de-Calais n 208 – Mai 2021 Arts & Spectacles Réinventer la culture

Par R. L.

ARRAS • Avec la fermeture des lieux de culture ou l’annulation de la quasi-totalité des festivals depuis plus d’un an, la culture a démontré par son absence la place cen- trale qu'elle occupe dans le quotidien de nombreuses personnes. À Arras, de jeunes citoyens et étudiants se sont mobilisés aux cours des dernières semaines pour ras- sembler celles et ceux qui attendent son retour dans nos vies et dans l’espace public. Photos Romain Lamirand

Étudiants en arts du spectacle, ci- ces rassemblements ou critiqueront sanitaire est qu’il faut protéger les direction et de l’équipe de l’Hippo- manifestations à Arras, on a créé toyens en mal de rapports humains les revendications qui y sont défen- personnes, mais également l’éco- drome pour occuper le lieu et conti- un mouvement citoyen plus qu’étu- ou d’évasion, professionnels de la dues. Or il faut garder à l’esprit que nomie, quand on sait qu’en 2018 la nuer de le faire vivre. » Ateliers de diant, avec des prises de parole et culture ou artistes, les rassemble- ces rassemblements sont une ode à culture et la création pesaient au- cirque ou de drag-queen, lectures, des débats où tout le monde peut ments organisés le samedi après-mi- la culture sous toutes ces formes et tant dans l’économie française que débats, les étudiants ont su trouver venir s’exprimer, une organisation di à Arras drainent un large public. que le mot d’ordre de la mobilisation l’industrie agroalimentaire et rap- un équilibre entre le strict respect tournante permet à chaque fois à de Dans le plus strict respect des gestes est certes la réouverture des lieux de portaient deux fois plus à la France des gestes barrières et la tenue de nouvelles personnes d’organiser les barrières, une joyeuse troupe s’y culture, mais avec la mise en place que l’industrie automobile, tout en ces micro-événements à caractère rassemblements... Mais en parallèle retrouve pour des prises de parole, de protocoles adaptés au respect des embauchant directement 670 000 culturel. Pour Jean-Charles Gru- je suis vice-présidente de l’Asso6, des performances artistiques et des gestes barrières et aux spécificités personnes. chala, qui a repris ses études car donc nous avons fait de notre mieux débats. Des moments de grâce qui des différentes formes de pratiques. privé de travail avec Corpop, sa pour proposer une offre culturelle semblaient avoir disparu depuis une Des revendications légitimes, quand Ne pas se résigner compagnie de théâtre populaire, aux étudiants : des playlists et des éternité. Certains crieront à l’incons- le message martelé par le Gouver- Parmi les organisateurs de ces ras- « cette mobilisation permet d’explo- interviews de musiciens sur les ré- cience en apprenant l’existence de nement depuis le début de la crise semblements, certains ont pris le rer de nouvelles manières d’aborder seaux sociaux, un concert ambulant parti de ne pas subir les différentes la création artistique et son implan- de Major Swing dans l’université, mesures de fermeture et d’inter- tation sur un territoire ou d’inter- des ateliers d’écriture slam et rap diction et d’explorer chaque pos- roger le fonctionnement du monde avec l’association Échos d’en bas. » sibilité pour faire vivre la culture, de la culture, à travers la mise en Devant le sourire affiché par cha- malgré tout, et préparer son retour place d’expérimentations et la ren- cune des personnes présentes à ces dans nos vies. Lory Pochole et Jean- contre entre des personnes qui ne se rassemblements et l’implication de Charles Gruchala, étudiants en mas- seraient peut-être jamais croisées ces étudiants, une chose est sûre : si ter Arts de la scène, se sont tournés ou adressées la parole. » Parmi ceux l’on ne connaît pas encore la date de vers l’Hippodrome de Douai. Pour qui ont choisi de concentrer leur ef- la réouverture des lieux de culture, Lory, et « pour les étudiants de ma fort là où est né le mouvement, Ma- on sait au moins que la vie culturelle filière, ces lieux sont un peu notre genta Barker a elle aussi contribué arrageoise a de beaux jours devant deuxième maison. Donc ici, nous à faire vivre la culture pendant les elle. nous relayons avec le soutien de la différents confinements : « Avec les n Du nouveau pour Porte Mine

Par R. L. LOOS-EN-GOHELLE • La Maison d’ingénieur, tiers-lieu créé par l’association Porte Mine en 2016, l’ancienne bâtisse de la rue Vasco-de-Gama se prépare à accueillir de nouveau le public.

Cette maison, c’est ici qu’est des Projets avec le BookKafé, née Porte Mine. C’est aussi là c’est dans l’ancienne mai- que va s’écrire une nouvelle son d'ingénieur de la cité du page des aventures de cette 12/14, désormais rénovée, que association qui essaime ses Porte Mine va pouvoir lancer projets au gré des idées et des de nouvelles expériences. En envies des habitants du quar- effet dès que les conditions le tier. Comme rien n’arrête la permettront, voisins, curieux,

bonne humeur et l’imagination habitués ou touristes de pas- Photos Jérôme Pouille de l’équipe de permanents, de sage pourront s’y retrouver bénévoles et de citoyens en- pour au choix, faire vivre le jar- débats, ateliers ou lectures se et de faire société ; se réap- gagés qui font vivre le projet din collectif, échanger autour dérouleront dans la maison et proprier des espaces publics depuis 2016 (qui au passage d’un verre au café citoyen, son jardin en parallèle d’une en les transformant en lieux a tenu tête au coronavirus en casser la croûte au restaurant programmation culturelle qui communs ; en somme, rendre organisant son drive culture), bio, ou reprendre des forces le permettra d'explorer de nou- la vie un peu plus belle et le Porte Mine se prépare à ajou- temps d’une pause dans l’un veaux horizons et pourquoi pas monde un peu meilleur ! ter de nouvelles cordes à son des nouveaux hébergements changer le monde. Car partici- arc. Après avoir pris posses- proposés par la structure. Et per aux activités proposées par n sion de la P’tite Maison rue comme on ne change pas une Porte Mine, c’est soutenir une • Renseignements : Cook à Lens, puis de la Maison équipe qui gagne, de nombreux autre manière de consommer Facebook : Porte Mine. 26 À l’air livre L’Écho du Pas-de-Calais no 208 – Mai 2021

Lire et relire avec Eulalie La sélection de L’Écho la revue de AR2L Hauts-de-France. Le Grand Agence régionale du livre et de la lecture. Daniel Carton Originaire de la cité de La Clarence, en haut de la colline domi- nant , Daniel Carton a été journaliste à La Voix du Nord, journaliste politique au Monde, grand reporter au Nouvel Obser- vateur avant de se consacrer à l’écriture : Mélanine en 2008, Le nègre du président en 2011, A la grâce en 2013 (où il racontait son enfance à La Clarence). Le Grand est un roman « à la Jean Teulé » librement inspiré de la vie d’Henri Cot (1883-1912). Henri Cot est ce « Grand », un géant de l’Aveyron mesurant plus de 2,30 mètres, chaussant du 61 ! Un phénomène, une « bête de cirque » qui fit le tour des foires de France et d’Europe et mourut à l’aube de ses 30 ans. L’écriture de Daniel Carton est alerte, on dévore les déboires et les joies de ce géant et de son ami Ernest. De belles pages sur la différence et le regard des autres. Lire… Relire… Éditions Fayard, ISBN 978-2-213-71192-8 La justification de l’abbé Lemire Ariel Lucien Suel Sylvia Plath Tout dans le cartable ! À l’origine du développement des jardins ouvriers Elle est aujourd’hui reconnue comme l’une des Plaisants souvenirs d’une carrière de prof en France, souvent précurseur des conquêtes so- plus grandes voix de la poésie américaine. Écrite Philippe Bialek ciales de son temps, député, maire d’Hazebrouck, en quelques années à peine, avant son suicide à Édité régulièrement par les éditions Nord Avril, cet auteur l’abbé Lemire (1853-1928) est l’une des figures 30 ans, son œuvre bouleverse, électrise, fascine. « richebourgeois » a sorti son septième livre en mars 2020, politiques les plus éminentes de notre région. En Née en 1932 à Boston, elle entend se consacrer dès « admirez la pertinence du choix de la date » dit-il avec hu- voisin, en jardinier amoureux des petits coins de l’adolescence à la poésie. Elle obtient une bourse mour. Tout dans le cartable ! est un recueil de souvenirs d’un terre, le poète Lucien Suel ne pouvait que ren- pour venir étudier en Angleterre. Elle y rencon- professeur de collège en milieu plutôt rural – ce que fut Phi- contrer cet abbé indomptable à la stimulante trera le poète Ted Hughes, qu’elle épouse et dont lippe Bialek dans sa carrière professionnelle. 243 pages écrites devise : « Être utile, Servir, Tenir parole ». La elle aura deux enfants. Quelques mois après leur à partir d’anecdotes drôles, surprenantes ou même touchantes. justification de l’abbé Lemire publié en 1998 est séparation, elle met fin à ses jours en février 1963. À lire cette flopée de courts chapitres, on découvre que le pro- aujourd’hui heureusement réédité. Le poème est Son recueil le plus célèbre, Ariel, paraît deux ans fesseur de lettres apprend de ses élèves autant que l’inverse. Et disposé en deux colonnes sur chacune des pages, plus tard et contient nombre de textes aujourd’hui qu’il n’est pas toujours aussi « sérieux » qu’il voudrait le mon- chaque strophe composée de 3 vers, comme au- cultes dans les pays anglo-saxons. L’un d’eux s’in- trer devant ses classes. À la fin du livre, l’auteur invite le lecteur tant de planches de légumes. La lecture, dérou- titule « -Plage » et fait référence au court à raconter un souvenir de classe. On en a tous des tonnes ! tante au départ, se faufile ensuite dans les rangs séjour qu’elle fait avec son mari lors d’un voyage Les Éditions Nord Avril, ISBN 978-2-36790-119-0 comme dans un jardin ouvrier de rêve. en France, dans la station de la Côte d’Opale. Mathilde a disparu • Éditions Faï Fioc – ISBN 978-2-37427-042-5 • Éditions Gallimard – ISBN 978-2-07-044149-5 Leno Solveig 11 € 6,50 € Où est passée Mathilde ? Sa voiture est retrouvée sur le parking de l'entreprise. Sa voisine, ses collègues de bureau, ses parents, Robert Louis R.L. son ex-compagnon, son amoureux transi, d'autres personnes encore l'ont croisée le jour de sa disparition, mais finalement, qui la connaissait vraiment ? Au fil des témoignages, le policier chargé de l'enquête découvre une jeune femme aux prises avec de redoutables dangers. Parviendra-t-il à la sauver ? La course contre la montre est lancée… « disparaître, c'est parfois le seul Et aussi… moyen pour que les gens s'intéressent vraiment à vous. » L'auteur maintient le suspense tout au long du roman en bala- Bande dessinée Polar Jeunesse dant le lecteur d'une piste à une autre. Vagues à l’âme Un Américain Irène, l’araignée Librinova, ISBN 9791026270621 Gregory Mardon sur la Côte d’Opale monstraffectueuse L’auteur invite à découvrir une vie : Jean-Christophe Macquet Hervé Hernu et Laurette Hue L’Évaporation celle de son grand-père, Adolphe Janvier 1909, au Touquet. La Irène est une énorme araignée. On Anne-Sophie Calais Hérault. Dans les années 30, le société qui exploite et commer- dirait même un monstre ! Et pour- Elle est Béthunoise, professeure d’anglais depuis 25 ans. Mère jeune Adolphe, surnommé Dodo, cialise l'eau de source Valroy est tant, en réalité, elle est si gentille et de deux enfants, Anne-Sophie Calais s’intéresse à ce passage travaille dans une boucherie à victime d'une tentative d'extor- si affectueuse… Irène vous aidera à transitoire qu’est l’adolescence. Au-delà de la transmission Douai. Pour partir loin des terrils sion de fonds. L'affaire étant guérir de votre peur des araignées, d’un savoir ou une éducation, elle comprend qu’il n’y a pas du nord, il s'enrôle dans la marine plus complexe qu'il n'y paraît, tout en sensibilisant les enfants sur d’apprentissages sans souffrance, sans volonté et sans ré- nationale. Manque de chance, il se les hautes autorités de l'État dé- l'importance de chaque être vivant flexion. Elle est convaincue que la bienveillance de l’adulte, bien retrouve affecté à la boucherie du cident de dépêcher sur place le dans notre écosystème qu'est la terre loin du laxisme, est le ciment qui va construire la confiance en bord ! Une histoire pleine de ten- capitaine Louis Delamer, officier entière. Un mini roman illustrée soi. Cette enseignante a été marquée par le décès de plusieurs dresse, d'humour et de mélancolie d'une unité spéciale de la gendar- pour les tout-petits, mais aussi les adolescents : morts, de ne pas avoir été aimés ou d’avoir été sur une vie de voyages et de ren- merie. Delamer est sur les traces plus grands ! Idéal pour les histoires abandonnés. Elle décide d’écrire… pour eux, pour chaque ado- contres, racontée avec sensibilité d'une ressortissante colombienne du soir jusqu'aux premières lectures lescent qui vit encore en nous. L’Évaporation est son premier par un auteur aujourd'hui reconnu adepte du vaudou impliquée dans de l'enfant… roman, un roman sur cette adolescence, l’acceptation de soi et pour ses chroniques intimistes. l'escroquerie. La petite fabrique de livres – 7,50 € la résilience. La boîte à bulles – 15 € Gilles Guillon éditeur – 10 € ISBN 978-2-4915720-2-0 Les Éditions Sydney Laurent, ISBN 979-10-326-4038-8 ISBN 978-2-84953-363-5 ISBN 978-2-491114-09-1 n n L’Écho du Pas-de-Calais no 208 – Mai 2021 Tout ouïe 27 Julien Candas sans bémol Le CD du mois

Par Julie Borowski Junon

NOYELLES-SOUS-BELLONNE • Depuis quelques années déjà, il fait vibrer ce « The Shadows Lengthen » village d’un peu plus de 800 âmes. Julien Candas, 49 ans, est musicien, mais pas Nouveau projet monté par les que. Aussi artiste, intervenant, coordinateur de l’association Chez Oim Fest, et anciens membres de General bientôt porteur de projet d’un tiers-lieu… Lee, Junon a repris les choses où le groupe de Béthune s’était arrê- Fils de l’artiste plasticienne de té. Ces 4 titres montrent que les renommée internationale, Marie musiciens n’ont pas oublié leurs Odile Candas Salmon (MOCS), il racines post-hardcore et ouvrent a de quoi être inspiré. Intermit- de nouvelles portes avec des pas- tent du spectacle depuis plus de sages plus atmosphériques et l’ap- 25 ans, Julien Candas jongle avec parition de chant clair. Alors plus les casquettes, et ça lui va plutôt accessible, peut-être. Encore plus bien. Batteur et percussionniste, efficace, c’est certain ! il fait partie du trio Les Biskotos, wearejunon.bandcamp.com groupe de rock aux textes et re- frains acérés et rythmés s’adres- sant aux enfants de 6 à 10 ans, pour le fond et la forme du pro- DiDouDa pos, mais aussi aux adultes, pour une lecture en filigrane. Le groupe devait fêter ses 20 ans au cours Arras Festival d’une tournée Kids and roll… chinoise ! Voyage forcément an- ARRAS • Les jardins de Cité Nature, ceux de la Car- nulé, emporté par une certaine rière Wellington et la cour intérieure de l’Arsenal à la première vague. Citadelle, tels sont les lieux où se déroulera successi- Julien intervient beaucoup auprès vement le DiDouDa Arras Festival les 18, 19 et 20 juin des enfants, dans les écoles, les prochains. Les 11 concerts (en plein air et assis) se- centres aérés, les ITEP, les centres ront gratuits mais sur réservation auprès de l’office sociaux, pour faire découvrir les de tourisme Arras Pays d’Artois à partir du 15 mai. percussions, brésiliennes, afri- caines et même corporelles ! Il a Le vendredi 18 juin Éric Bleuzé ouvrira les festivités avec le répertoire de effectué en 2018 une formation en Boby Lapointe. Rovski et sa pop incendiaire fera merveille avec ses sono- musicothérapie, qui lui a permis rités hybrides tandis que Boule, accompagné par Sonia Rékis, exercera sa d’avoir les clés pour comprendre plume d’humour et sa nonchalance avec un naturel déconcertant. les influences de la musique sur le Le samedi 19 juin, l’inclassable David Cranf proposera une chanson cerveau… Avec ce bagage, il orga- française électrovore à retourner le cerveau, tandis que la douceur et la nise chez les tout-petits des siestes volupté de Old tree’z remettront les pieds sur terre. Avant de découvrir musicales, des « voyages sonores » l‘ambiance soul and blues de Guilty Delight et la rage de vivre de Marion où il n’hésite pas, au sein de Telu- Photo Yannick Cadart Roch qui régalera les festivaliers de sa voix rocailleuse et puissante. la, duo formé avec Grégory Allaert ouvert, accessible, forcément : affirme-t-il. Son statut le force à se Pour conclure ces trois jours de chanson vivante, le festival a convoqué (un autre Biskotos) à mélodieu- « Avec d’autres co-porteurs, nous renouveler sans cesse. Mais c’est les fous furieux d’Autothune : une occasion unique de faire connaissance sement tapoter son handpan, cet souhaitons créer un espace de loin d’être une corvée pour lui : avec une discipline festive et déjantée, l’art du mash-up. Ils seront en co- instrument de musique acous- travail partagé, des ateliers artis- « Ce que j’aime dans mon activité, plateau avec Romain Podeur, guitariste mélomane à l’humour taquin. tique dont le doux son caracté- tiques, un fournil/dépôt de pain c’est que je fais plein de trucs avec En seconde partie de soirée, la plume tranchante et précise d’Ismaël ristique apaise instantanément le -du fait de ma prochaine forma- plein de gens différents ! Je vis Eïdos (déjà programmé en 2018) apportera l’indispensable tonalité Rap. cœur…et la tête. tion en boulangerie - des produc- de ma passion, et c’est souvent ce Joseph Chedid et ses musiciens mettront le dernier feu au festival avec un Son handpan, il le fait réson- tions locales… L’idée étant que que je souhaite aux enfants avec set électrisant, oscillant entre force et fragilité. ner aussi dans Standing at the chacun puisse y partager son sa- lesquels je travaille ». n Machine, de la world pop en duo voir-faire, en lien avec, pourquoi n Facebook : Di Dou Da Arras Festival avec Élodie Christelle, violoniste, pas, des chantiers d’insertion, es- pianiste et chanteuse. Un groupe sayer de faire une boucle en fait ! ». Soutenue (entre autres) par la dans lequel Julien laisse s’expri- Un tiers-lieu qui renforcera aussi commune, la communauté de Le « Nordside » de Rask mer ses compositions et celles de les liens entre les habitants du communes Osartis-, le son acolyte. village. Un projet en construction Département, la Région, la 7e édi- Rask, le rappeur originaire d’Arras, a sorti un nouveau clip tourné sur l’un Jamais en panne d’idées, Julien pour lequel Julien est, à ce jour, tion du Chez Oim Fest s’adapte ! des terrils jumeaux de Loos-en-Gohelle. « Nordside » fait une fois encore effectue une formation de pilo- entouré par Émergence 62 et la Avec une rando-live le dimanche 6 référence aux valeurs du Pas-de-Calais, aux corons, au RC Lens ! tage de tiers-lieu, avec une cer- Chambre d’eau, spécialisée dans juin en partenariat avec le Syndicat Ce petit-fils de mineur s'est révélé en 2012 avec un premier album « Des tification prévue fin d’année. Ila développement culturel en milieu d’Insertion de la Région d’Arleux, terres minées » : « une réponse du nord de la France à la domination du rap déjà ouvert la porte de sa grange rural. et en septembre, un plateau hip- marseillais et parisien dans le paysage national » qui l’a placé sur le devant au Festival Chez Oim (de retour Ses multiples projets, Julien les hop électro le samedi 4, un plateau de la scène du rap français. Il a fait la première partie de Black M en 2019, en 2021 avec une programmation vit tous avec passion et bonheur : et un bal folk le samedi 18 et une devant 25 000 personnes. En avril 2020, toujours fier de ses racines, Rask adaptée à la crise sanitaire, voir « J’ai un pied dans l’artistique et rando-live le dimanche 19 avec la a cartonné avec « Chez moi » (130 000 vues en moins d’un an pour le clip). notre encadré). Il souhaite bientôt un autre dans la pédagogie. J’ai communauté de communes. On attend avec impatience la prochaine sortie de Rask. y ouvrir un tiers-lieu, accueillant, trouvé mon équilibre là-dedans » n n 28 Zoom L’Écho du Pas-de-Calais no 208 – Mai 2021 Stève, nageur hors du commun

Par Julie Borowski

WIMEREUX • On aurait pu le qualifier « d’ovni ». Quand il s’est mis à ramasser tous les déchets de la plage trou- vés sur un kilomètre et à en dresser l’inventaire, on a pu penser à un utopiste. Quand il a commencé à s’entraî- ner à nager dans la mer, aux abords de Wimereux, par tous les temps, on a pu penser à un original. Quand il est devenu, l’été dernier, le premier français à réussir l’épreuve du two ways, la traversée aller-retour de la Manche à la nage, avec pour seuls équipements un bon- net, des lunettes et un slip de bain, les mots ont pu man- quer, tant ce défi improbable force le respect.

Stève Stievenart, 44 ans, est un nageurs de l’extrême, majoritai- être hors normes. Un homme pro- rement des Anglais, effectuant la fondément gentil, une personne traversée de la Manche. Une lueur lumineuse. Un accidenté de la vie, dans les yeux de Stève, qui prit son qui prouve que croire en ses rêves sac et alla faire la rencontre de sa est loin d’être une phrase de conte vie, celle de l’anglais Kevin Murphy, de fées. Un homme qui prouve que légende de la discipline, 34 traver- « ce qui est important dans la vie, sées à son actif. La suite est connue. c’est de croire en soi, qu’en partant Les 10 et 11 août derniers, Stève d’une feuille blanche, on peut réali- nage sans s’arrêter, effectuant la ser ses rêves, rien n’est impossible, traversée aller-retour en 34 heures tout est possible » affirme-t-il. et 45 minutes. Un exploit fran- çais inégalé. Une prouesse pour ce Photos Jérôme Pouille Stève, le phoque résilient au mental d’acier (sportif Après une séparation douloureuse, mais pas nageur !), qui a trouvé sa douche froides quotidiennes dans faut prendre le temps aujourd’hui, région sont magnifiques, il faut Stève perdit presque tout, et se voie, qui vit maintenant de sa pas- son jardin, de balades en short et de se réaligner avec soi-même, de les préserver. Mobilisons-nous ! retrouva à squatter dans un han- sion. Chaque jour, Stève continue tee-shirt sur la côte même l’hiver, vivre le moment présent pleine- Ça peut paraître anodin mais si gar. Pour sortir la tête de l’eau, il les entraînements, nageant dans la de nages nocturnes répétées, d’uni- ment. Une fois qu’on se reconnecte chacun fait un petit geste, on peut songea à son plus grand rêve, celui Manche, peu importent le temps et té qu’il constitue désormais avec à la nature, on se sent plus serein faire de grandes choses ». Origi- de son enfance, quand son grand- les températures extérieures, aux- les éléments et le peuple de la mer. pour affronter les problèmes de la naire de Sangatte, le nageur recon- père l’emmenait voir, à l’époque quelles son corps s’est parfaitement Phoques, méduses, et même re- vie, que nous rencontrons tous. Ça naît : « La mer m’a aidé à rebondir, sur la Côte d’Opale, les départs des acclimaté, à force d’habitude, de quins ont accepté l’homme à leurs aide à relativiser, à apprécier ce à sortir d’une situation compli- côtés, celui que les Anglais surnom- que l’on a, beaucoup ont tendance quée, je lui dois énormément ». ment justement « le phoque », du à l’oublier ». Une reconnexion qu’il Pour lui, malgré les voyages qu’il fait du mimétisme qu’il reproduit. s’accorde chaque jour, méditant dès affectionne, le besoin de revenir sur Pas commun de se nourrir quoti- que possible sur la plage, profitant sa côte « est viscéral ». « Je suis un diennement de kilos de poissons de ce que lui offre cette nature : amoureux de la Côte d’Opale, on gras - maquereaux, sardines, ha- « Quand tu regardes autour de a une chance inouïe d’avoir un tel rengs, ses « kippers » - de prendre toi, il y a tout ! C’est simplement cadre, pour nager, marcher, cou- volontairement une trentaine de ki- notre regard qu’il faut changer. rir, et cette côte entre les deux caps, los de « bon gras », pour s’acclima- Ici, tu peux te soigner avec l’argile c’est magique ! », aussi magique ter aux fluctuations de température offerte par la côte, tu peux aller que Stève Stievenart. de la mer. Stève l’a fait, se dévouant ramasser des moules… parfois je n à son défi. pêche un crabe, et je fais du troc • Contact : avec mon voisin qui a des légumes. Stève sur Instagram : Se reconnecter C’est un retour aux choses simples steve_stievenart à la nature de la vie auxquelles j’aspire ». Une Au-delà de cette performance hors nature dont Stève tient à prendre Les 11 et 12 juillet prochains, du commun, un homme hors du grand soin, lui qui s’investit plei- Stève se rendra en Sibérie, pour commun. Avec simplicité et modes- nement contre la pollution, no- une traversée de 120 km du lac tie, Stève Stievenart parle de ce bel tamment la problématique des Baïkal avec des relais toutes les objectif de vie, mais aussi de la na- plastiques dans les océans, par un trente minutes. Un défi pour ture, dont il se sent très proche. Un ramassage quotidien des déchets lequel il a été sélectionné parmi besoin de reconnexion essentiel à sur la plage bien sûr, mais aussi les 8 nageurs de l’année, sur le ses yeux : « C’est vital pour l’être hu- par des actions de sensibilisation plan international : « C’est une main, dans la société d’aujourd’hui, auprès des écoles, des pouvoirs fierté de représenter la France où nous sommes pris dans une vie publics, à travers son association et un honneur de nager avec ces active complètement folle, où les locale Swimming expedition et sportifs, une grande aventure gens courent mais ne savent plus sa fondation Stop plastic pollu- humaine que j’ai hâte de vivre ». pourquoi ils courent à la fin. Il tion. « Notre département, notre n L’Écho du Pas-de-Calais no 208 – Mai 2021 Zoom 29 De souche campagnarde

Par Christian Defrance

CAMPAGNE-LÈS-BOULONNAIS • « Entre la géolo- gie et la généalogie, il y a un fossé » reconnaît Jean- Michel Magniez. Cet agrégé de sciences naturelles l’a pourtant aisément franchi, laissant de côté les fos- siles pour trouver sur une autre rive des microfilms, des registres d’état-civil... Après une belle carrière d’enseignant dans le Boulonnais (au lycée Mariette notamment), il est revenu dans son village natal pour la retraite en 2007. Depuis il s’accroche aux branches des arbres généalogiques de tous les Campagnards.

« Je suis revenu dans la maison des sident René Lesage étant l’auteur ancêtres de ma mère Louisa, chose d’une riche monographie de Cam- qu’elle semblait ignorer et que mes pagne-lès-Boulonnais). Dans le recherches ont permis d’attester » cadre de ses « Dossiers généalo- précise Jean-Michel Magniez, 73 giques », le Comité d’histoire du ans et une puissante inclination Haut-Pays publia les « travaux » de pour la généalogie. Il s’y est mis très Jean-Michel Magniez : « Dupont est vite avec une rigueur toute scien- le nom le plus fréquent dans l’his- tifique, une grande curiosité et un toire des familles de Campagne » profond attachement à ses racines. dit-il... La généalogie est souvent « Ma mère, une couturière, s’inté- ce violon d’Ingres dont on ne peut ressait déjà à l’histoire des fa- plus quitter l’archet et l’ancien pro- Photo D.R. milles, aux mariages. » C’est donc fesseur a continué à remonter le du côté maternel - Dupont - que le temps ; il sauvegarde ainsi dans son au côté paternel et son berceau à possèdent sur son cher village déposer des « croisettes », petites professeur de sciences naturelles ordinateur « 16 000 personnes », , » lance Jean-Mi- (cadastres, rôle d’imposition, etc.), croix réalisées avec l’excédent de a lancé ses filets, pêchant actes de ayant consulté (avec son épouse chel Magniez avec à la clé une nou- après avoir décortiqué les actes bois qui avait été nécessaire pour naissance, de mariage, de décès... Nadine) tous les actes de naissance, velle publication. notariés, après avoir collecté moult fabriquer le cercueil du défunt. Il a trouvé des perles chez les an- mariage, décès de 1647 à 2015 à documents et photographies, après L’église Saint-Omer a la particulari- cêtres de sa grand-mère maternelle, Campagne-lès-Boulonnais ! Château et « croisettes » avoir écouté deux Campagnardes té de ne pas disposer de fondations. les Dautriau (de ) : En 2016, dans le cadre du Cen- Le généalogiste vient de passer nonagénaires qui ont « gardé une Elle a connu de nombreux travaux « Pierre-François Dautriau, maître tenaire de la Grande Guerre, il à la vitesse supérieure avec deux mémoire extraordinaire », Jean- au fil des décennies, en 1948, en d’école, a été maire de Campagne- s’intéressa aux 250 Campagnards ouvrages parus début mai, deux Michel Magniez était en mesure 1990, en 2008 (un nouveau coq) lès-Boulonnais de 1794 à 1816 ». Les mobilisés entre 1914 et 1918. Une tomes consacrés à « Campagne- de suivre la trace des habitants et plus récemment en 2013 ; cette généalogistes forment une grande... enquête qui déboucha sur un livre lès-Boulonnais depuis 1569. Elé- depuis le XVIe siècle, de connaître dernière restauration ayant permis famille et Jean-Michel Magniez (toujours avec le Comité d’histoire ments d’histoire et généalogie de leurs lieux de vie, de revisiter leur la restitution de l’appareillage tra- n’a pas hésité à adhérer au Comité du Haut-Pays) et une exposition. familles anciennes ». Après avoir histoire. Il a « reconstitué » le Cam- ditionnel en pierre. d’histoire du Haut-Pays (son pré- « Puis nous nous sommes attaqués dépouillé tout ce que les archives pagne d’avant 1789 (situé en Artois, La crise sanitaire ne permet mal- il fut longtemps un village-frontière heureusement pas de mettre sur avec le Boulonnais) et les princi- pied une exposition pour accom- paux secteurs du village en 1760, pagner la sortie des deux tomes... 1780, 1834, 1946, en faisant le lien Jean-Michel Magniez continue sa avec la généalogie des familles ! Un « Campagne » de recherches, jetant travail de bénédictin. Il s’est penché son dévolu sur le presbytère et les sur l’histoire des moulins, sur celle écoles du village. Son épouse, ori- du château avec la famille d’Artois. ginaire de Saint-Léonard, ancienne Reconstruit en 1756, ce château fut enseignante, est elle aussi férue ensuite occupé par les de Fisset, les de généalogie, absorbée par les Noutour ; puis racheté par des reli- registres d’état-civil de , gieuses avant de devenir en 1958 la , Aix-en-Ergny... La géologie première Maison familiale rurale n’est-elle pas finalement la généalo- (MFR) du Pas-de-Calais. gie de la Terre ? Jean-Michel Magniez connaît par cœur son Campagne, de la place du n Coq-Rouge au Camp de la Glaine • Renseignements: en passant par « sa » rue des Croi- 35€ les 2 tomes settes. « Elle s’appelait encore rue (8€ de frais de port), de Boulogne en 1834 » mais après la Tél. 06 60 27 46 94 construction d’une chapelle au car- [email protected] refour avec la rue d’Happe, on prit CCHP, 23 rue Jonnart l’habitude à chaque enterrement de 62560 Photo Jérôme Pouille 30 Agenda L’Écho du Pas-de-Calais no 208 – Mai 2021 Nausicaá : 30 ans dans le cœur des habitants du Pas-de-Calais

Le 18 mai 2021, le Centre national de la mer fêtera ses 30 ans. L’occasion de ressortir notre album «photos de famille» et de se rappeler nos meilleurs souvenirs vécus dans ce lieu emblématique du territoire. Pour célébrer son anniversaire, Nausicaá vous invite sur ses réseaux sociaux à rejoindre l’opération #nausicaalovers en partageant vos plus belles photos. Participez et tentez de gagner de nombreux cadeaux ! Rens. www.nausicaa.fr Photos P. Mores Photo Neographic Photo P. Turpin Photo L. Merlier Photo L. Merlier Photo Yannick Cadart Photo P. Turpin Photo S. Pannier L’Écho du Pas-de-Calais no 208 – Mai 2021 Agenda 31

Pour toutes les manifestations du 9 juin au 7 juillet 2021, Mai envoyez vos infos avant le 20 mai (12 h) date limite. [email protected] • Julie - Tél. 03 21 21 91 29 20

En 2021, L’Écho du Pas-de-Calais sera dans les boîtes aux lettres Date limite dès le 7 juin, le 5 juillet, le 6 septembre, le 4 octobre, le 1er novembre et le 6 décembre.

e Jusqu’au 12 mai Les sorties nature avec Eden 62 15 édition Arras, MDV, 46 rue Baudimont, expo de la Fête de Jacques Dromart, Ondulations J. 6 mai Me. 19 mai Mont Pelé, 14h30 (lieu exact de la nature des beaux jours, 2021. Wingles, 10h, parking du Val du , 10h, rdv parking du ter- communiqué lors de la rés.), Des en Hauts-de-France Rens. 06 12 89 28 07 flot, À la découverte des amphi- ril des Falandes, Histoire de plantes. insectes et des fleurs. biens. Rœux, 10h, parking du lac Bleu, Les Du 19 au 23 mai – À travers chanteurs du lac. D. 6 juin V. 7 mai mille et un regards , 14h, Grange na- , 14h30, parking du Me. 26 mai Me. 19 et S. 22, Hénin-Beau- Me. 12 mai ture, Les rendez-vous au jardin. site, La vie au pied du terril. Ardres, 14h30, parking de la base mont, 14h-16h30, balade ac- Angres, 15h, Médiathèque L'Embel- Conchil-le-Temple, 14h30, Oye-Plage, parking de la Mai- municipale de loisirs, rallye canoë compagnée, À la découverte de lie, atelier de fabrication de cos- parking de la base de voile, Une son dans la dune, rencontres et nature. la biodiversité du Parc des îles. métiques avec Les p’tites fioles de mouche déguisée ? échanges. S. 22, Wimereux, 14h30-17h, Steph, apprenez à fabriquer vos D. 30 mai , 10h, rdv parking de la Me. 9 juin balade accompagnée, Les petites cosmétiques maison. Découvrez les , 10h, parking du Bois d’Épe- mairie, Les plantes sauvages à Wissant, 10h, rdv parking de bêtes de l’estran : La pointe du astuces, les recettes… dès 8 ans. nin, L’école des sorciers. histoire au Bois du Carieul. l’OT, Sous l’œil du busard. Fort de Croy. Rens./rés. 03 91 83 45 85 Oye-Plage, 10h, parking de la Maison Oye-Plage, 14h30, parking de S. 22, Wimereux, 14h30-17h, Me. 12 mai dans la dune, Zoom sur les orchidées la Maison dans la dune, atelier balade accompagnée, À la décou- Liévin, 10h, rdv parking du ter- du Platier. abreuvoir pour les oiseaux des jar- verte des algues sur la plage (et ril de Pinchonvalles, Une nature V. 21 mai Me. 2 juin dins. dans ma vie quotidienne !). extraordinaire. S. 22, Wimereux, 16h-17h30, Angres, 18h, Médiathèque L'Embellie Beugin, 14h30, parking du Bois Angres, 14h30, parking du bois Stella-Plage, 14h30, place J.-Sa- balade accompagnée, Observa- + S. 22, 10h, rencontre et dédicaces d’Épenin, Des plantes et des des Bruyères, Agir pour les polli- pin, Les habitants des dunes. tion du fulmar boréal dans les avec Leno Solveig, auteur angrois, hommes. nisateurs sauvages. falaises du site de la Crèche. pour la sortie de son roman Ma- www.eden62.fr • 03 21 32 13 74 D. 23 mai, Wimereux, 14h30- thilde a disparu. 17h, balade accompagnée, Dé- Rens./rés. 03 91 83 45 85 Festival littéraire international Lettres nomades couvrir la biodiversité de la zone naturelle protégée de l’entrée Béthune-Bruay, Du 17 mai au 4 juin sud de Wimereux. Me. 26 mai Édition 100 % en ligne. D. 23 mai, Wimereux, 15h- 17h30, balade accompagnée, Angres, 15h, Médiathèque L'Em- Tout au long du festival, des rdv en lignes avec neuf écrivains, chaque fois en trio : Aminata Aidara (Italie-Séné- sortie naturaliste à la Pointe de bellie, atelier d'écriture créatif et gal), Hubert Haddad (France-Tunisie) et Cécile Holdban (France-Hongrie), Eugénia Almeida, Santiago Ami- la Crèche : un haut lieu de la géo- ludique. Créez votre Carnet de gorena et Eduardo Berti (Argentine), Hoda Barakat (Liban), Miguel Bonnefoy (France-Venezuela), et Alexis logie locale et de la biodiversité voyages, avec La Brouette Bleue. Gloaguen (France). intertidale. Dès 8 ans. Pl. lim. Des séquences rendez-vous « Billet retour » réunissant un auteur ayant participé à une édition du Festival ces dernières années et l’équipe de la bibliothèque l’ayant reçu dans sa ville. Retrouvailles, échanges littéraires, Programme complet : Rens./rés. 03 91 83 45 85 fetedelanature.com retours d’expérience… L. 17 mai, avec Yahia Belaskri et l’équipe de la Médiathèque d’Hesdigneul-les-Béthune. V. 21 mai, Patricia Nolan et l’équipe de la Médiathèque de Labeuvrière. L. 24 mai, Wilfried N’Sondé, et l’équipe de la Médiathèque de Givenchy-lez-la-Bassée. V. 28 mai, Pablo Martin Sanchez, l’équipe de la Médiathèque de Stage de découverte S. 29 mai . L. 31 mai, Roberto Ferrucci, l’équipe de la Médiathèque de Sailly-. V. 4 juin, Hala Mohammad, du Pilate Angres, 15h-16h, Médiathèque L'Em- l’équipe de la Médiathèque de Richebourg. bellie, atelier L'Embellie au naturel, Au programme également : des cafés littéraires, des rencontres scolaires, des ateliers d’écriture, des lectures musicales. et du Qi Gong Rens. escalesdeslettres.com fabriquez votre produit 100 % fait maison ! Dès 8 ans. Par l’asso Qi Gong et bien-être Rens./rés. 03 91 83 45 85 Participez au concours photo « Paysages en Étaples, Maréis : de Au profit du Téléthon, participa- Hauts-de-France : une création permanente » Ateliers culinaires tion de 10 €. D. 6 juin, 10h-11h30, en visio- D. 30 mai Jusqu’au 31 août Les 7, 22 et 29 mai, et 5 juin conférence, via l’application Concours gratuit, réservé aux amateurs. Un appel aux talents destinés à Apprenez à cuisiner les produits Angres, départ 7h, stade Pierru, rue zoom. présenter la biodiversité des paysages de la région, autour de 6 thèmes : de la mer, issus de la pêche lo- des Normands, brevet cyclotouriste Stage ouvert à tous, quels que Relief et paysages / Eau et paysages / Cultures et paysages / Paysages de cale, avec un chef expérimenté. organisé par les cyclorandonneurs soient l’âge, le niveau de sou- guerre / Paysages d’industrie / Paysages de l’habiter. 20€ / pers. angrois. plesse et de pratique physique. Six « 1er prix » régionaux seront désignés parmi les 30 lauréats. Rens./rés. 03 21 09 04 00 Rens./rés. [email protected] Rens./rés. 06 28 78 92 08 Rens./inscription : https://www.urcaue-hautsdefrance.fr/ et 07 68 81 73 99

Festival de la photographie de paysages et de nature • du 7 mai au 26 septembre

Ces programmes peuvent être S. 8 et D. 9 mai, Audinghen, Mai- S. 25 et D. 26 septembre, Audin- passionné du littoral des Deux- couverte des expos à Vélo à assis- amenés à évoluer dans leurs for- son du Site des Deux-Caps, week- ghen, Maison du Site des Deux- Caps. « Les secrets de la motte du tance électrique. V. 21 mai, 14h, à mats et leurs modalités d’accueil end d’ouverture de cette première Caps, week-end de clôture de ce Bourg », S. 8 mai, 8h30-11h et S. bicyclette vers Audresselles et Am- afin de respecter les recomman- édition : expo, rencontres avec les 1er Festival : expo restitution de la 5 juin, 9h-11h30, et spéciale le- bleteuse. J. 3 juin, 14h, à bicyclette dations sanitaires en vigueur. photographes, animations autour résidence d’artistes du photographe ver du jour le S. 29 mai, 6h-8h30. vers Tardinghen et Wissant. Au total, 21 expositions, de San- de la photo… Pascal MAILLET-CONTOZ, conseil et « L’étang d’une ancienne carrière », Votez pour votre photographie pré- gattes à Wimereux, en passant Du J. 13 au D. 16 mai, inscription rencontre avec lui, remise du Prix du Me. 26 mai, 9h30-12h. 10€ / sortie. férée ! par le Cap Blanc-Nez, Escalles, dès J., 10h, Audinghen, Maison du public… Les secrets des photographes, avec Jusqu’au 31 août Wissant, Tardinghen, Le Cap Site des Deux-Caps, participez au Les animations à vivre tout au long Kévin Wimez, Fabien Coisy et Éric Les 15 photos finalistes du concours Gris-Nez, Audinghen, Audres- 1er marathon photographique des du Festival : Desaunois, J. 27 mai, 3 et 10 juin, photographique du Festival de la selles et Ambleteuse, présentant Deux-Caps ! Réalisation de 8 pho- Les rendez-vous de Caroline et 9h-12h, à Audresselles, 10 € / sortie. photographie de paysages et de 230 photographies de paysages tographies, croisant 8 thématiques Roger, avec Caroline Geneau, Les balades d’Eden 62, 4 animations nature seront exposées à partir du et de nature, et de nombreux sur les 8 communes du Grand Site guide nature qualinat et photo- à partir de cet été. 7 mai devant la Maison du site des événements : de France des Deux-Caps ! graphe patentée, et Roger Paradis, Les expos photos à bicyclette, dé- Deux-Caps à Audinghen. Programme détaillé : www.lesdeuxcaps.fr et 03 21 21 62 22

Les sorties nature avec Eden 62 32 En route... L’Écho du Pas-de-Calais no 208 – Mai 2021 Sur la 939 Par Christian Defrance Photo Jérôme Pouille

HAUCOURT • On l’appelle encore souvent « la 39 ». La route départementale 939 est l’ancienne route nationale 39 que l’État a transfé- rée au conseil départemental du Pas-de-Calais en 2006. Depuis, le Département prend grand soin de cet itinéraire structurant, « route de la mer » entre Arras et le sud de la Côte d’Opale, traversant l’Arrageois, le Ternois, le Montreuillois. On connaît moins « l’autre côté » de la RD 939, entre Arras et Cambrai. Une « route de la mémoire », une trentaine de kilomètres que des historiens de la Première Guerre mondiale ont baptisés « la voie sacrée du Canada ».

Au début des années 2000, déjà passé sur la route d’Arras à Cam- journée vraiment particulière, munauté de communes Osartis- Peck (1871-1956), Walter Leigh dans l’optique du Centenaire de la brai, entre le 26 août et le 9 octobre les Canadiens enfonçant la ligne Marquion, le Département du Rayfield (1881-1949) et John Grande Guerre, un historien ama- 1918. À Cagnicourt, Écourt-Saint- Drocourt-Quéant. Ce jour-là, Pas-de-Calais apportant lui aussi Francis Young (1893-1929). teur canadien, Michel Gravel, est Quentin, Chérisy, Vis-en-Artois, il a autour de la route d’Arras à son soutien pour l’aménagement Le 1er septembre 2018, la munici- venu en France secouer quelques trouvé des oreilles attentives et des Cambrai, dans un « mouchoir de paysager du giratoire qu’em- palité de Vis-en-Artois posait un certitudes, celle par exemple que historiens locaux, des passionnés poche », sept soldats canadiens pruntent chaque jour au moins panneau « Voie sacrée du Cana- la victoire de en avril 1917 ont pris le relais, à l’image de Jean- accomplirent des prouesses 13 000 véhicules. da » à l’entrée du village et don- fut l’événement majeur de l’impli- Marie Dez d’Éterpigny. Été 1918, le militaires et obtinrent la Victo- Le 2 septembre 2018, le rond- nait le nom de « 38e Bataillon de cation du Canada dans ce conflit. moral de l’armée allemande était ria Cross (Croix de Victoria), la point des « 7 Victoria-Cross » la Force expéditionnaire cana- Sans remettre en cause la place de au plus bas et les Alliés passèrent à distinction militaire suprême était inauguré. Sept érables dienne » à la place le long de la Vimy dans la naissance de « na- l’offensive sur la ligne Hindenburg ; des forces du Commonwealth. avaient été plantés, des bleuets 939. Vis-en-Artois reste attaché à tion canadienne », Michel Gravel les Canadiens ayant pour mission « Sept Victoria Cross dans un et des coquelicots semés… On la route de la mémoire, Philippe n’a pas hésité à se mettre parfois à d’avancer le long de la route d’Arras même secteur le même jour, on peut regretter que les noms de Degroote effectue des recherches dos des historiens « officiels » en à Cambrai pour atteindre le canal du ne vit cela nulle part ailleurs ». ces soldats ne soient pas indi- sur les 350 soldats canadiens insistant sur une période déter- Nord. « Les Allemands craignaient Jean-Marie Dez eut alors l’idée qués. Ils s’appelaient Bellenden tués sur le territoire commu- minante pour l’issue de la guerre : les Canadiens qu’ils considéraient de rendre hommage à ces « 7 Hutcheson (1883-1954, méde- nal. Ces « parcours de vie » « les Cent jours du Canada ». Du comme les soldats alliés les plus Magnifiques » en faisant du cin militaire), Arthur George seront présentés dans un musée 8 août au 11 novembre 1918, le Corps déterminés » dit Michel Gravel. Les rond-point de l’Espérance, au Knight (1 886-3 septembre 1918 des « Cent jours du Canada » en d’armée canadien a joué un rôle de combats firent rage du 26 août au kilomètre 101 de la route dépar- à Villers-lès-Cagnicourt), Wil- gestation… Et au Canada, Michel premier plan dans la poussée victo- 2 septembre, près de six mille Cana- tementale 939 entre Haucourt liam Henry Metcalf (1894-1968), Gravel ne perd jamais de vue rieuse jusqu’à Mons. Plus précisé- diens tués ou blessés. À partir de et Dury à l’intersection avec la Claude Joseph Patrick Nun- cette route d’Arras à Cambrai à ment encore Michel Gravel s’est at- Vis-en-Artois, il n’y a que des cime- route départementale 956, un ney (1 892-18 septembre 1918, laquelle il vient de consacrer un taché à retrouver dans les moindres tières militaires canadiens… « monument » à leur mémoire. une stèle lui rend hommage à cinquième livre. détails et à raconter ce qu'il s’est Le 2 septembre 1918 fut une Le projet fit l’unanimité à la com- Vis-en-Artois), Cyrus Wesley n