Deroule D'une Vie Professionnelle
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DEROULE D’UNE VIE PROFESSIONNELLE PREMIERE PARTIE AU BRPM PREMIERE PERIODE : JUILLET 1964 –SEPTEMBRE 1974 AUX TRAVAUX MINIERS DEUXIEME PERIODE : OCTOBRE 1974 – SEPTEMBRE 19B1 AUX EXPLOITATIONS ET A LA DIRECTION TECHNIQUE Othmane KHETTOUCH 1 OUVERTURE J’ai toujours caressé le rêve d’écrire, et j’ai longtemps hésité à rassembler mes écrits remontant à mes premiers débuts dans la vie professionnelle, et à poursuivre, dans le feu de l’action quotidienne, cette œuvre durant plus de quarante cinq ans. En me décidant à le faire, j’ai voulu tout d’abord tester ma mémoire. L’écriture m’occupe, mais elle est aussi pour moi un très bon compagnon, une discipline de tous les jours, et un véritable exutoire pour être en paix avec moi-même et avec les autres. C’est aussi un moyen d’expression qui me permet de continuer à vivre au jour le jour sans regarder ou m’attarder sur le passé. Je continue toujours à écrire, parce que lorsque je démarre dans l’écriture, je ne vise pas forcément un lecteur précis, si ce n’est moi-même. Le lecteur potentiel que je pourrais intéresser apparaitra, peut-être par la suite. L’écrit fait son chemin pour libérer le cours du déroulé d’une vie professionnelle et restituer à celui-ci l’ampleur des actes accomplis, tout en enregistrant des réminiscences sur lesquelles chacun essaie de s’accrocher pour ne pas oublier. Certains souvenirs et certaines informations parcellaires de ma vie professionnelle n’auraient jamais existé, si je ne les avais pas fixés, en leur temps, à travers et dans des écrits tenus régulièrement, alors que la mémoire retient les apparences et laisse s’échapper la réalité du fond et l’enchaînement des détails. Chacun a sa propre perception des faits et des événements, et c’est dans leur narration que l’on retrouve une fidélité de la mémoire, de sa mémoire. Or, aujourd’hui, on a tellement tendance à oublier que chacun, avec ses spécificités, doit faire un travail de mémoire d’abord, puis ensuite un travail de synthèse écrit susceptible d’être constructif et utile. C’est tout simplement, ce que j’ai essayé d’entreprendre à travers cet essai. Ma décision d’élaborer un document visualisant l’essentiel de mon parcours professionnel et post professionnel, avec ses diverses péripéties, ses moments forts et ses périodes de faiblesse ou de ‘’creux de la vague’’, a été prise après une maturation longue à se faire, une mûre réflexion et les encouragements de mes nombreux amis et de mes proches, déclenchant en moi l’obligation morale de m’exprimer sans détours, avec un effort de précision dans le cheminement des faits. Ce document a pour ambition d’exprimer fort bien et de rassembler les souvenirs encore vivaces et les traces d’une carrière et d’une expérience originale. Dès lors, je me suis efforcé d’être le plus possible près des réalités vécues sur le terrain, dans les bureaux, au cours des voyages et des nombreux et différents contacts avec des personnes de tous bords. Ce document relate tout d’abord certaines vérités, des fois amères, que rencontre tout jeune ingénieur sorti frais et émoulu de l’environnement des études, très vite confronté à des responsabilités auxquelles il ne s’attendait pas de sitôt. Dépouillé de toute recherche littéraire, ne craignant pas de sortir des sentiers battus et de prendre sur les événements des positions qui ne recevraient pas toujours 2 l’assentiment du lecteur potentiel et générique, le document analyse, non seulement le destin d’un ingénieur en action, mais aussi son vécu de plusieurs décennies qui ne s’arrête pas aux impressions superficielles et aux bonnes paroles distillées par des pseudos courtisans. Il est le fruit de plusieurs années de travail de terrain, de bureau et de déplacements multiples accompagnés de relations et de contacts divers et variés, en m’interdisant de livrer une information sans l’avoir réellement vécue ou vérifiée. C’est aussi une compilation de plusieurs centaines de documents élaborés régulièrement, revendiquant la neutralité objective en ce qui concerne la genèse et le déroulé des événements pour mieux les saisir et apprécier leur sens. Ce document, peut-être austère pour certains, rébarbatif pour d’autres, avec souvent des répétitions ou des redites, n’a pas la prétention d’être une analyse exhaustive et approfondie d’un parcours dans ses moindres détails, et n’est pas non plus une complète autobiographie. De temps à autre, il met un accent très appuyé pour des missions ou des voyages professionnels, ou rarement des événements personnels ou familiaux, toujours en essayant de joindre l’utile à l’agréable et en sortant du cadre technique stricto sensu pour embrasser des domaines géographiques, historiques, etc. Il est pour moi, le survol d’une période de responsabilités graduelles, certes révolue aujourd’hui, mais demeurant celle d’un vigoureux enthousiasme pour certaines valeurs moins honorées présentement qu’il y a quelques décennies. Je considère que la responsabilité, véritable package lourd et pénible, devant laquelle il ne faut pas se dérober, doit être assumée dans toute son entièreté, avec abnégation et ouverture d’esprit, tout en se méfiant des compliments débridés. Pour aboutir à des résultats significatifs, et constamment fortifiés et irréversibles, il faut, en permanence, faire preuve de persévérance, de goût de l’effort, et essayer de corriger les faiblesses en étant partie prenante et agissante. Pour ma part, je crois fermement faire partie de ceux qui ne refusent pas les responsabilités, ne reculent pas devant elles, ne baissent jamais les bras, ne désespèrent pas, et qui, à force de volonté, de persévérance, arrivent à franchir les obstacles et les écueils, à éviter les embûches de toutes natures. Je pars du principe que ce que j’ai appris de mon métier d’ingénieur, c’est énormément d’humilité, parce que réellement, on ne connaît rien ou pas grand-chose dans un vaste monde en perpétuelle évolution’’. Le domaine spécifique du BRPM, centre de gravité de mes activités et de mes soucis durant plus de dix sept ans, me semble tout indiqués pour être le champ d’expériences et de l’évolution d’une carrière professionnelle. La ‘’Mine’’ que certains considèrent sous l’angle d’un trésor mystérieux et caché dans les entrailles de la terre, d’autres sous l’aspect d’un travail pénible, dangereux et éreintant, est réellement envoûtante et accapareuse pour ceux qui apprécient le goût de l’effort ininterrompu et de la fraternité dans ce milieu de travail. Comme une pieuvre, elle vous enserre très rapidement de ses tentacules et ne vous lâche plus, sans toutefois vous étouffer ou vous avilir. La ‘’Mine’’ hante puissamment ceux qui y ont travaillé, même durement, car elle demeure un milieu de dépassement de soi, d’expression de sentiments profonds de disponibilité dans l’action et de détachement du néant de la vie facile. 3 On peut y étudier le travail de la mémoire, mais aussi rechercher comment s’opère la reconstitution du vécu et l’infinie variété des sensibilités individuelles, loin du subjectivisme et des visions partiales. Mon attirance et ma dévotion au monde de la ‘’Mine’’ et du monde minéral en général, remontent à très longtemps où, jeune écolier à Goulmima, dans la province d’Errachidia, j’affectionnais les randonnées en montagne, sur le plateau de l’Arhenbo dominant la grande vallée verdoyante de l’Oued Ghéris. Allant à la découverte des grottes, des karsts et des minéraux de toutes sortes, souvent, avec des amis de mon âge, nous avons effectué de longues randonnées à travers la montagne et les hauts plateaux de la région. Je me rappelle m’être toujours émerveillé réellement de ce que nous avons traversé, visité ou découvert durant nos pérégrinations. Quelques années plus tard, jeune collégien à Ksar-es-Souk, aujourd’hui Errachidia, j’étais un passionné d’histoire, de géographie et de géologie, un admirateur chevronné des grandes découvertes, un amateur passionné des longs voyages et de tout ce qui avait trait à l’univers sidéral. L’exploit du premier homme de l’espace, le Russe, Youri Gagarine, à bord de son vaisseau Spoutnik 1, premier satellite artificiel de la Terre, nous avait subjugués, enthousiasmés en lançant les premiers jalons de ce que clamait Jules Verne dans son fameux livre ‘’De la Terre à la Lune. Cette propension naturelle à essayer de comprendre et découvrir le monde minéral fut renforcée par les déclarations enflammées des anciens mineurs de la Société des Mines d’Aouli, originaires de Goulmima, lors de leurs congés annuels. J’étais émerveillé par ce qu’ils relataient et nous décrivaient, par les fabuleuses richesses minières souterraines et les équipements mis en oeuvre pour les rechercher, exploiter, transporter, extraire et transformer dans des usines sophistiquées installées sur les lieux à Aouli et Mibladen. En accédant à l’Ecole Mohammedia d’Ingénieurs en 1960, marquant cet attrait prématuré pour le ‘’monde minier’’, j’avais inscrit déjà sur mes tablettes, naturellement avant terme, ma décision irréversible et irrévocable de devenir un ingénieur des mines. Durant ma période d’étudiant, à l’Ecole Mohammedia, à aucun moment, il ne m’était venu à l’idée de vouloir changer d’orientation, et encore moins de regretter la voie pré tracée. Mais le diplôme d’ingénieur ne fait pas l’individu, car le jeune lauréat, sensé être correctement formé et préparé durant de longues années d’études et de stages multiformes successifs, n’a qu’une idée floue et vague de la communauté humaine dans laquelle il est appelé à évoluer. De plus, et généralement, il est, peu ou insuffisamment informé pour réussir un bon démarrage ou assurer des responsabilités importantes.