Rencontres avec les médaillés olympiques bretons

www.bretagne.franceolympique.com www.bretagne.franceolympique.com retagne t du CROS B omas, Présiden Par Lucien Th

Même si elle n’est pas d’or, une médaille aux Jeux Olympiques vaut tout l’or du monde.

A la lecture de ce petit livret vous verrez ce que représente un podium à ces Jeux quadriennaux où seule la médaille - et parfois les lauriers - sert de ré- compense. Mais combien d’étoiles elle allume dans les yeux et combien de souvenirs elle permet de "tricoter" pour l’avenir !

Pour la première fois le CROS de Bretagne a tenu à rendre hommage à cel- les et ceux qui se sont distingué(e)s par le passé - les paroles qu’elles ou ils nous livrent sont remarquables et, elles aussi, sont "d’or".

Elles devraient être lues à tous les enfants des écoles, mais aussi à toutes celles et ceux qui parfois se découragent. L’école du sport c’est l’école de la vie, dit-on parfois. Plus que jamais cela se vérifie à la lecture des confiden- ces de nos médaillé(e)s.

Nous pensons maintenant à celles et ceux qui nous représenteront aux Jeux Olympiques de Londres 2012. Nul doute qu’elles ou ils auront lu cet opuscu- le et que cela ne pourra que les renforcer dans leur désir de bien faire.

Cette plongée dans le passé nous rappelle cette citation de Winston Chur- chill : « Plus vous saurez regarder loin dans le passé, plus vous verrez loin dans le futur ».

Ces anciennes et anciens champions sont un phare qui éclaire le futur et montre un cap, celui du plaisir de la compétition loyale et de la récompen- se… peut-être ?

Lucien THOMAS ues (JP) eux Paralympiq es (JO) et J Jeux Olympiqu

1912 JO de Stockholm

1924 JO de Paris

1936 JO de Berlin

1960 JO de Rome - Premiers Jeux Paralympiques

1964 JO et JP de Tokyo

1968 JO de Mexico - JP de Tel-Aviv

1972 JO de Munich - JP de Heidelberg (Allemagne)

1976 JO de Montréal - JP de Toronto

1980 JO Moscou - JP d’Arnhem (Pays-Bas)

1984 JO de Los Angeles JP de Stoke Mandeville (GB) / New-York

1988 JO et JP de Séoul

1992 JO et JP de Barcelone

1996 JO et JP d’Atlanta

2000 JO et JP de Sydney

2004 JO et JP d’Athènes

2008 JO et JP de Pékin

2012 JO et JP de Londres Francis KERBIRIOU pages 5/6/7/8 Gilles BERTHOUD pages 9/10 Serge BESSEICHE pages 11/12 Pascal DURAND pages 13/14 Jean-Yves LE DEROFF pages 15/16 Olivier BOIVIN pages 17/18 Hadda GUERCHOUCHE pages 19/20 Patricia PICOT pages 21/22 Michelle SEVIN pages 23/24/25/26 Nathalie EVEN-LANCIEN pages 27/28 Jean GALFIONE pages 29/30 Eric GUEZO pages 31/32 Gérald ROLLO pages 33/34 Thu KAMKASAMPHOU pages 35/36 Hajnalka KIRALY PICOT pages 37/38 Faustine MERRET pages 39/40 Eric TEURNIER pages 41/42 Hervé LARHANT pages 43/44 Denis LEMEUNIER pages 45/46 Laëtitia LE CORGUILLE pages 47/48 Audrey LE MORVAN pages 49/50 létisme Ath hlétisme nnais At Stade Re

Deux fois sélectionné pour les JO (Munich 72 et Montréal 76). Médaillé de bronze en 72 au 4x400m avec Gilles BERTHOUD, Jacques CARETTE, et Daniel VELASQUES.

Qui êtes-vous, d’où venez-vous ? Comment avez-vous débuté ce sport ? J’ai commencé l’athlétisme à 12 ans avec Michel DELAFOSSE un camarade de classe. A l’école, en cours d’EPS, j’avais constaté que je courrais plus vite que les autres élèves. J’ai intégré le club de la Tour d’Auvergne (TA) de Rennes en 1962 qui, à l’époque, proposait de l’athlétisme mais peu de sprint.

Qui vous a fait aimer ce sport ? Une personne vous a-t-elle accompagné, influencé ? C’est l’entraîneur de la Tour d’Auvergne monsieur MARC, par ailleurs salarié chez Citroën, qui m’a motivé pour la course. J’ai fait ma première compétition en octobre 1962 au Challenge Barbe d’Or au stade de la Bellangerais à Ren- nes. Dans cette course benjamin, j’ai pris un départ rapide et maintenu l’écart à ma grande surprise, mais à la fin j’en étais malade au point de vomir.

Comment avez-vous atteint le haut niveau ? Quel est votre palmarès ? La transition vers le haut niveau s’est faite à partir de 1965, 1966. J’étais à la Tour d’Auvergne mais sans entraîneur de sprint. Je suis passé au Stade Ren- nais qui avait une bonne réputation pour le sprint avec des coureurs comme Robert POIRIER ou Gilles BERTHOUD. J’ai eu aussitôt contact avec monsieur HUITOREL un professeur d’EPS très compétent en athlétisme, qui m’a présen- té l’entraînement régulier. Avec lui l’entraînement a toujours été un plaisir. En seniors j’ai été champion de France du 400 m en 1972 et 1975 et j’ai participé deux fois aux Jeux Olympiques en 400m et 4x400.

Et la découverte de l’équipe de France ? Au Championnat de France de Colombes sur piste en tartan (revêtement em- ployé pour certaines pistes d'athlétisme) alors quel’on s’entraînait sur de la cen- drée, j’avais l’impression de voler. Finalement je termine 3 ème en finale et gagne ma place en équipe de France. Peu de temps après, je découvre les stages réguliers à Dole dans le Jura, la vie de groupe avec les champions reconnus de l’époque : Guy DRUT ou Jacques ACCAMBRAY. Il y avait une bonne ambiance et on faisait beaucoup de matchs internationaux d’août à octobre. J’ai le souve- nir d’une période heureuse.

5 Vous souvenez vous de la France de l’époque ? A cette période, dans l’après 68 nous n’étions pas soucieux de l’avenir, et malgré les difficultés, il y avait de la confiance, de l’insouciance, de la joie et l’envie d’entreprendre. Peu de cho- ses nous donnait du plaisir. Nous n’é- tions pas dans l’hyper consommation.

Comment vous êtes-vous préparé pour les JO de Munich ? J’avais été heureux, en 1970, de parti- ciper aux championnats d’Europe ju- niors. En 71 j’avais fait vraiment beaucoup d’entraînements en passant de 4 à 6 par semaine. Des entraînements beau- coup plus durs. Cette même année j’ai pulvérisé le record de France juniors (47’’) mais j’avais été contrarié par ma mauvaise performance au Championnat de Fran- ce senior en 48’’. J’ai pris de la distance pendant plusieurs semaines. En septem- bre 1971 j’ai retrouvé, au club et en équipe de France, une bonne ambiance, une bande de copains. Début 1972 j’ai dû à nouveau interrompre l’entraînement pour cause de grippe pendant 6 semaines. Mais, sans doute reposé, à la reprise je me sentais bien. Au printemps j’ai fait beaucoup de musculation et j’ai rapidement, à nouveau, battu mon record en 46’’60.

En juillet 1972 aux Championnats de France sélectifs pour les JO, à Colombes, une délégation du club nous soutenait. J’avais vraiment envie de courir et le grou- pe était bon. C’est cette année que j’ai été champion de France du 400m pour la première fois. Pour le relais il n’y avait pas de vedette, le groupe était homogène. Avec CARETTE, BERTHOUD et VELASQUEZ nous étions soudés et sous la di- rection du DTN Robert BOBIN.

Comment avez-vous abordé les Jeux de 72 à Munich? On a abordé les JO dans un bon esprit. Nous étions hébergés dans des chambres de quatre. Tout nous plaisait : la vie au village olympique, le mélange des nationali- tés, les rencontres avec les autres sportifs comme Vasily ALEXEYEV l’haltérophi- le, la gymnaste Olga KORBUT ou encore Valery BORSOV le sprinter soviétique de 100 et 200m qui dégageait une très grande sérénité que je n’ai jamais retrouvée chez quiconque depuis, ou encore Jesse OWENS le champion américain quatre fois médaillé aux JO de Berlin 1936 avec lequel j’ai fait une photo. Même les repas étaient bons et agrémentés d’un peu de vin.

6 L’épreuve individuelle ? Devant un stade plein j’ai fait les séries du 400. J’avais envie de courir mais aussi de crier, je me sentais invincible. J’ai fait ma série en 47’’en ¼ de finale et j’ai pris conscience de pouvoir aller en demi-finale. Petit à petit la gamberge, celle qui fait qu’on a quelque chose à perdre, m’a envahi. J’ai été éliminé en demi-finale. Au moment d’aborder le relais 4x400 nous étions tous éliminés en individuel.

Avant les épreuves de relais, il y a eu la prise d’otages de sportifs israé- liens par le commando palestinien « septembre noir ». Comment avez- vous vécu cela ? Après la compétition individuelle, et avant celle des relais, lors du petit déjeuner que j’ai entendu des rafales. J’ai d’abord pensé à des pétards. Une fois sorti du restaurant un militaire portant un gilet pare-balles m’a fait comprendre en alle- mand « reste là, bouge pas ». Je ne savais pas ce qui se passait et encore moins qu’il s’agissait d’une prise d’otages. Mais sans rien voir, on a compris que c’était grave.

Avez-vous eu peur ? Non on avait trop peu d’informations. Le village a été fermé et les JO ont été arrêtés. Ce qui nous étonnait c’était les nombreux journalistes et photographes perchés dans les arbres autour du village. C’est seulement le soir que l’on a appris que le commando et les otages avaient été déplacés vers l’aéroport de Munich et que l’assaut avait abouti au « massacre de Munich » faisant 17 morts. Pour nous c’était difficile de comprendre la situation, il n’y avait pas de débat entre sportifs. Nous n’avions pas conscience de l’importance des évène- ments et nous n’avions pas d’avis politique. Les sportifs ont ensuite été réunis dans le stade et Avery BRUNDAGE président du Comité International Olympi- que, lors de son allocution, a indiqué que les Jeux continueraient.

Les JO reprennent et vous participez au relais 4x400… Avec les partenaires (Gilles BERTHOUD, Roger VELASQUEZ, et Jacques CA- RETTE) nous nous sommes qualifiés et lors de la finale, nous venions chercher le record de France. Finalement on a fait une bonne course. J’étais troisième relayeur et Jacques CARETTE a fini par une course extraordinaire. Finalement les Kenyans ont gagné, les Anglais ont terminé deuxièmes et nous troisièmes, médaille de bronze. Nous avons battu le record de France que nous avions amélioré de 3 secondes. Une joie immense.

Et Montréal 1976 ? Après les JO de Munich, j’avais conscience que j’avais peu de chance de refai- re la même performance. J’avais 21 ans … ce fut une grande déception. L’am- biance n’était pas bonne à Montréal, il y avait notamment des problèmes d’hé- bergement. Jacques CARETTE, un des relayeurs, était blessé et donc l’équipe un peu diminuée. Nous avons été éliminés en série avec déception.

7 Est-ce que votre vie (vie professionnelle, vie privée) a changé après l’ob- tention de cette médaille ? Apres les JO de 76 j’ai continué à courir pour le club, pour rendre service. J’ai aussi continué les études qui m’ont permis d’être professeur d’EPS en 1978. Mais l’impact, à cette période, était moindre qu’aujourd’hui.

Et depuis, comment avez-vous réorienté votre vie ? J’étais prof d’EPS et j’ai animé la section « sport-études » du collège Château- briand à Rennes pour des athlètes venant de toute la Bretagne. Il y avait au stade Courtemanche de Rennes 80 à 100 sportifs en activité quotidienne, un rêve.

Le sport aujourd’hui… J’apprécie toujours le sport avec sa part de terrain et de compétition. La facet- te argent médias m’intéresse peu. Je ne suis pas contre l’argent dans le sport si cela aide, mais les sommes proposées sont parfois indécentes. L’argent doit servir aux jeunes pour s’accomplir et pour réaliser leurs projets et leurs rêves sportifs.

8 me létis hlétisme Ath nnais At Stade Re

Gilles BERTHOUD, deux fois sélectionné olympique à Mexico en 1968 et Mu- nich en 1972. Il obtient la médaille de bronze au relais 4x400m de Munich avec Carette, Vélasquez et Kerbiriou.

Qui êtes-vous, d’où venez-vous ? Comment avez-vous débuté ce sport et qui vous l’a fait aimer ? Je suis né en 1949 à Plumaudan dans les Côtes-d’Armor, j’ai 62 ans. J’ai découvert ce sport au Lycée de la Fontaine-des-Eaux à Dinan avec monsieur Benoît un professeur d’EPS passionné qui est ensuite devenu Maire de Dinan. J’ai participé au Challenge du Nombre à Dinan, que j’ai gagné, un responsa- ble du Stade Rennais m’a proposé de rejoindre le club d’Ille-et-Vilaine.

Comment avez-vous atteint le haut niveau ? En 1966, j’ai eu des bons résultats mais sans rien faire de particulier. J’ai été champion de France scolaire en 1967 sur 400 mètres. En m’entraînant au Stade Rennais avec M. Huitorel j’ai progressé et participé à quelques matchs internationaux comme France Angleterre. J’ai ensuite eu le bac et j’ai rejoint l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers (ENSAM) d’Angers pour préparer un diplôme d’ingénieur. J’étais en internat et donc disponible pour m’entraîner davantage, j’ai pu faire notamment de la musculation trois fois par semaine. En 1968, j’accède à l’Equipe de France et je suis qualifié pour les cham- pionnats d’Europe Juniors à Leipzig en RDA. Mes performances me rendaient "médaillable". C’est aussi l’année où l’armée soviétique a envahi la Tchécoslovaquie; pour s’opposer à cela la France a décidé de ne pas participer aux compétitions. La mort dans l’âme nous sommes rentrés sans avoir couru. Pour compenser Robert BOBIN le DTN de l’époque m’a proposé de participer aux sélections de Font-Romeu, avec les champions de l’époque (Jean-Claude Nallet, Jacques Carette, Christian Nicolau). J’ai gagné cette sélection et j’ai été qualifié pour les Jeux Olympiques de Mexico. Le directeur de l’ENSAM a été conciliant et a organisé mes études afin que je puisse m’entraîner correctement.

Vous participez aux JO de 1968 à Mexico ? C’était une première expérien- ce, j’avais 19 ans, j’ai participé au 400 individuel jusqu’en quart de finale et en relais 4x400 on termine 8 ème en finale (nous avions un blessé). A cette occasion j’ai battu le record de France juniors qui tient toujours (46’’31) plus de quarante ans plus tard. J’avais aussi apprécié la cérémonie de clôture. Plus que la cérémonie d’ouverture où s’exposent les nations en ordre, j’aime bien la cérémonie de clôture un peu en désor- dre avec tous les sportifs.

Et ensuite ? En 1969 nous avons été champions d’Europe en relais (NALLET, CA- RETTE, BERTHOUD et NICOLAU), et fait plusieurs matchs internationaux contre la Pologne ou l’Angleterre. 1971 a été une année creuse et en 1972 nous avons inten- sifié l’entraînement. Francis KERBIRIOU est devenu Champion de France, et j’ai terminé 2ème. Nous nous sommes qualifiés pour les JO de Munich en individuel et en relais 4x400. 9 Vous participez aux JO pour la deuxième fois à Munich en 1972. Franchement je n’ai pas de souvenir de la compétition individuelle. Par contre en relais nous étions prêts à réussir quelque chose. Chacun avait sa place dans la course : moi au début pour le décollage, Vé- lasquez pour ses qualités de métronome, Ker- biriou à la suite et Carette pour finir.

Il y a eu l’attentat mené par un commando palestinien contre des sportifs israéliens. Comment avez-vous vécu cela ? A l’époque nous n’étions pas au fait des problèmes entre Israël et la Palestine. Du village olympique j’ai entendu les coups de feu sans savoir de quoi il s’agissait. Oui j’ai eu peur. On se doutait que c’était un problème grave, même si nous n’avions pas de conscience politique à l’époque. Sur place on ne savait rien sinon que les Jeux allaient s’arrê- ter. On a appris par la radio que c’était fini dans des circonstances difficiles et dou- loureuses. Le lendemain dans le stade olympique, une déclaration a été faite pour reprendre les JO. Dans ce contexte particulier, nous devions nous concentrer pour faire les épreuves de relais.

Est-ce que votre vie (vie professionnelle, vie privée) a changé après l’obten- tion de cette médaille ? Non la médaille n’a rien changé. J’ai même été exempté de service militaire pour des raisons de santé, alors que je voulais rejoindre le ba- taillon de Joinville qui regroupait tous les sportifs des équipes de France à l’épo- que. Ou alors indirectement. J’étais déjà ingénieur, et lors d’une soirée organisée par la confrérie des Arts et Métiers, on m’avait mis en valeur pour ma médaille olympique et cela m’a facilité les choses pour trouver un emploi. J’ai rapidement intégré la SAGEM de Paris puis celle de Fougères. Cela m’a ouvert des portes. Je n’ai jamais eu la volonté d’enseigner, d’entraîner, même si je pense avoir des qua- lités de manager pour cela. Sans doute, étais-je personnellement un peu saturé.

Et depuis, comment avez-vous réorienté votre vie ? J’ai recentré mes activités sur le travail, la famille. Je considère avoir eu une carrière riche avec des expérien- ces professionnelles de longue durée aux Etats-Unis et en Australie. Moi qui avais un père communiste j’ai eu une évolution religieuse, je suis devenu témoin de Jé- hovah en 1996.

Et le sport d’aujourd’hui ? J’ai souvent réinterrogé le sport et la gloire qu’il accor- de à quelques-uns. J’ai désormais une lecture religieuse du sport et des excès d’orgueil dont font preuve les champions actuels. Pour moi il y a deux différences principales. D’une part l’argent, mais on peut admettre de payer ceux qui s’enga- gent beaucoup et d’autre part le dopage qui lui est inexcusable. Le corps n’est pas fait pour être détruit.

Avez-vous continué la pratique sportive ? J’ai essayé d’autres sports, notam- ment le ski, la plongée ou le foot. 10 handisport crime es Club Es ort Renn Handisp

Médaille d’argent en épée par équipe à Séoul en 1988 et médaille d’or par équipe à Sydney en 2000.

Qui êtes-vous, d’où venez-vous ? Comment avez-vous débuté ce sport ? Je suis Serge BESSEICHE, je viens d’avoir 55 ans, je suis né à Saint-Malo et j’aime dire « Malouin suis, Breton peut-être, Français s’il en reste » ! J’ai toujours fait beaucoup de sport, d’abord du football, puis j’ai pratiqué avec passion le karaté, j’étais ceinture marron. En juillet 1982 j’ai eu un accident de moto, à la suite duquel un blocage psychique m’a empêché durant 3 ans de pratiquer toute activité sportive, je ne me voyais pas refaire du sport… et c’est revenu. J’ai fait un peu de fauteuil d’athlétisme et de voile. Ensuite j’ai découvert l’escrime, j’ai trouvé que ce sport se rapprochait du karaté, j’en ai fait mon sport de compétition.

Est-ce que la sélection a été difficile ? En escrime handisport il y a 2 catégories de handicap, et comme en valide il y a 3 armes, le fleuret, l’épée, le sabre. La sélection s’opérait sur 2 à 3 sélectionnés en individuel B, et 1 à 2 sélectionnés B en équipe ; ma sélec- tion n’a jamais été gagnée d’avance… Je suis parti à Séoul car un équipier s’est désisté. Je n’ai pas été sélectionné pour Barcelone, à cette époque j’étais très pris par mon travail. J’ai été sélectionné pour Atlanta, mais sans résultat probant. Par contre, pour Sydney en 2000, je m’étais bonifié et j’é- tais au top.

Vous souvenez-vous de certains évènements (politique, économique, autre) lors de ces Jeux : En France ? Dans le pays hôte ? Depuis Séoul en 1988, les Jeux Paralympiques ont lieu dans la même ville et avec les mêmes installations que les Jeux Olympiques, alors qu’avant, Jeux Olympiques et Jeux Paralympiques étaient complètement dissociés. C’est une énorme reconnaissance pour le monde handisport.

Comment avez-vous vécu ces Jeux (ambiance, organisation, etc.) ? De belles images et une ambiance incroyable. Un des moments forts fut l’entrée dans le stade olympique de Séoul, c’était magique ! Devant 80 000 personnes, on est comme un enfant, on regarde partout. En compétition c’est d’abord la concentration, le goût du combat, l’envie de gagner et la solidarité par équipe. En équipe on a encore plus de pression, car on est responsable aussi du succès des autres. Sur le podium, c’est une immense émotion, se dire que l’on représente la France et entendre la Marseillaise.

11 Avez-vous atteint vos objectifs ? A Sydney, j’aurais dû avoir de meil- leurs résultats mais j’ai fait une erreur en demi-finale individuelle de sabre. Je n’ai pas su analyser le match. J’a- vais largement le potentiel pour la finale, j’ai laissé passer ma chance, en perdant 15 à 14, dur, dur.

Est-ce que votre vie (vie profes- sionnelle, vie privée) a changé après l’obtention de cette médail- le ? Le monde handisport et la médaille m’ont donné une belle ouverture d’es- prit, cela m’a aidé dans la vie de tous les jours, en dynamisme et à conforter mon esprit de challenge. A Saint-Malo cela m’a permis de rencontrer le Mai- re René COUANAU et d’entrer dans son équipe. Depuis 2008 je suis conseiller municipal et conseiller communautaire. Ma vie professionnelle n’a pas changée, depuis trente ans je travaille pour la même entreprise, où j’ai pu exercer différents métiers.

Avez-vous continué l’escrime? En 2001, année qui a suivi les Jeux de Sydney, pendant les championnats d’Europe, j’ai senti que c’était de plus en plus difficile physiquement et, avec mon travail, j’avais du mal à trouver du temps. J’ai décidé de tourner la pa- ge, ça n’a pas été facile de mettre fin à 15 années de compétition.

La même année, J‘ai été élu membre du comité technique international qui gère l’escrime. Quatre ans plus tard j’ai été élu secrétaire général de ce mê- me comité. Jusqu’en 2009, j’étais dans les instances internationales ce qui m’a permis d’aller aux Jeux d’Athènes en tant que superviseur de l’escrime Handisport. En 2009 je me suis présenté aux élections pour la Présidence du comité international, je n’ai pas été élu, j’ai quitté le monde de l’escrime. Aujourd’hui je continue le sport, je m’entretiens, je fais du fauteuil d’athlétis- me tous les week-ends. J’ai mon parcours de 15 kilomètres, c’est bon pour la forme et pour le moral…

Le sport aujourd’hui… qu’en pensez-vous ? Le sport doit être une école de vie, pour donner goût à l’effort, au travail, à l’envie de se dépasser. Bien évidemment il faudra toujours se battre contre les tricheurs et, à mon sens, contre le dopage qui met en doute la perfor- mance.

12 t ispor ort e hand Handisp scrim annetais E Véloce V

Pascal Durand a participé à 5 Jeux Olympiques en escrime handisport : Séoul 1988, Barcelone 1992, Atlanta 1996, Sydney 2000 et Athènes 2004. Au total, Pascal a décroché 12 médailles : 6 d’or, 2 d’argent, 4 de bronze.

Pouvez-vous vous présenter ? Comment et quand avez-vous commencé la pratique sportive ? Je m’appelle Pascal Durand, je viens de Vannes, j’ai 51 ans. J’ai débuté l’escri- me à la suite d’un accident de voiture en 1982. Avant cet évènement, j’étais ju- doka et je faisais beaucoup de planche à voile. J’ai découvert l’escrime en 83 au centre de rééducation fonctionnelle de Kerpape grâce à une éducatrice sportive qui faisait partie de l’équipe de France et aussi grâce à un maître d’armes. Je me suis ensuite inscrit dans un club à Vannes, où je me suis entraîné comme un fou.

La sélection pour les Jeux a-t-elle été difficile ? Pas tant que cela… j’avais déjà été repéré aux championnats de France mais ce sont les championnats d’Europe qui m’ont ouvert la porte, j’étais remplaçant, on a décroché une médaille d’argent par équipe. Je suis entré en équipe de France en 1984 et en 1988 je participais à mes premiers Jeux, à Séoul.

Vous souvenez-vous de certains évènements importants lors de vos parti- cipations aux Jeux Olympiques (sur le plan social ou politique) ? Je me souviens surtout d’une polémique entre les athlètes en 1988 à Séoul… Un homme, Patrick Ségal, athlète paraplégique en athlétisme, avait écrit un livre « L'Homme qui marchait dans sa tête ». La réflexion de ce livre était que, si on lui donnait des jambes à nouveau, il ne saurait pas quoi en faire… Cela a bous- culé pas mal de gens à l’époque, dont moi, je ne pouvais pas comprendre que l’on puisse dire cela. Je ne me souviens pas d’autre chose. Vous savez, lors des Jeux, les athlètes sont préservés du monde extérieur…

Et l’ambiance, y avait-il une atmosphère particulière ? Il y a beaucoup d’émotion lorsque l’on entre dans l’arène pour le défilé par pays, lors de la cérémonie d’ouverture, nous sommes les stars du moment. On fait alors un point sur tout le chemin parcouru, avec un pincement au cœur. Sinon, pendant la compétition, c’est le challenge qui l’emporte. Il y a beaucoup de res- pect lorsque les compétitions sont terminées. Ensuite, on est presque des co- pains. A Barcelone, je me souviens d’une ambiance incroyable, d’ailleurs ces Jeux ont été les plus marquants pour moi. 13 Des anecdotes, des histoires parti- culières ? A Séoul, nous étions logés dans des bâtiments neufs, vendus après les Jeux. On avait acheté une bonbonne car le gaz ne marchait pas. C’était incroyable, nos appartements flam- bant neufs étaient construits juste à côté de maisons de paysans coréens qui vivaient avec quasiment rien. A la fin des Jeux, nous leur avons don- né la bonbonne.

Avez-vous atteint tous vos objec- tifs ? Avez-vous des regrets ? J’avais planifié l’arrêt de ma carrière à Athènes. Je me disais que j’allais arrêter ma carrière sportive, là où tout a commencé. Malheureusement, je me suis blessé un an avant les Jeux, il m’a manqué un mois de préparation…Que ce soit au fleuret ou en sabre individuel, j’ai fini 4 ème . C’est mon seul regret… enfin, je me suis tout de même donné à fond.

Est-ce que votre vie (professionnelle ou privée) a changé suite à l’obten- tion de ces médailles ? Quand on est sportif à ce niveau, on est un peu dans notre bulle, il n’y a pas beaucoup de place pour les autres. Je ne sais pas faire les choses à moitié et, quand je me donne, je me donne à fond, avec les conséquences que cela peut avoir. Sinon, au niveau professionnel je travaillais pour une association « Profession sport 56 », et heureusement j’ai eu la chance de pouvoir concilier mon travail et le sport.

Continuez-vous le sport en loisir ? Non, j’ai arrêté complètement après Athènes, c’est la compétition que j’aime avant tout.

Que pensez-vous du sport en général ? On entend toujours parler des mêmes sports. Malheureusement ceux que l’on voit le plus souvent à la télé ne sont les plus représentatifs de l’esprit sportif.

Une anecdote pour finir ou un dernier mot ? Je voudrais juste préciser que le sport m’a réellement aidé à surmonter mon handicap. Je n’acceptais pas le regard des autres, le sport m’a aidé à m’accep- ter.

14 le rest Voi ates de B des Rég Société

Jean-Yves LE DEROFF a obtenu la médaille d’or en voile Tornado avec Nicolas HENARD lors des JO de SEOUL en 1988.

Qui êtes-vous, d’où venez vous ? Comment avez-vous débuté ce sport ? Qui vous a fait aimer ce sport ? Je suis Jean-Yves LE DEROFF, j’ai 54 ans, je suis né au Maroc à Inezgane. J’ai débuté la voile à 11 ans en 1968 par un stage d’initiation sur Optimist à Carantec. J’ai beaucoup pratiqué la voile avec mon grand père et mon père en baie de Morlaix et j’ai fait 20 ans de compétition.

Est-ce que la sélection a été difficile ? Oui, j’ai effectué une préparation olympique en catamaran "en accéléré" de février 1986 à octobre 1988. Je me souviens d’une sélection « très tendue » et j’ai obtenu mon "pass" pour Séoul en juin 1988 après 3 épreuves interna- tionales majeures.

Vous souvenez-vous de certains évènements (politique, économique, autre) lors de ces Jeux : En France ? A Séoul ? Non pas vraiment, nous étions sur le site de Pusan au sud-est de la Corée. J’étais vraiment concentré sur la préparation olympique et à 200% dans la bulle protégée de la pratique de haut niveau.

Comment avez-vous vécu ces Jeux (ambiance, organisation, etc.) ? Avez-vous atteint vos objectifs ? Il y avait réellement une bonne dynamique au sein de l’équipe de France de voile et un fonctionnement exemplaire de l’équipe. Nous avons dominé les autres équipes de manière "insolente" pendant toute la durée de la compéti- tion. Et à la fin je me souviens de ce sentiment du devoir bien accompli et surtout d’obtenir la récompense de tous les efforts fournis.

Est-ce que votre vie (vie professionnelle, vie privée) a changé après l’obtention de cette médaille ? Oui, j’avais certainement une plus grande ouverture pour réaliser mes projets professionnels comme par exemple la création de la structure de haut niveau à Brest. L’expérience et le fonctionnement d’un sportif de haut niveau sont transférables à n’importe quels projets privés ou professionnels.

15 Et depuis, comment avez-vous réorienté votre vie. Avez-vous conti- nué le sport ou arrêté ? Cela fait 30 ans que je suis « au service de la voile ». Actuellement je suis directeur adjoint chargé de la mission sport de l’Ecole Nationale de Voile et des Sports Nautiques à Saint-Pierre-de-Quiberon, j’ai aussi été CTS et entraîneur national de voile. Je reste un sportif et un compétiteur et je suis inscrit au club de triathlon de Brest.

Le sport aujourd’hui… qu’en pensez-vous ? Je dirais que le sport est devenu une activité sociale incontournable des sociétés modernes.

16 ak ë-kay yen Cano b Pontiv ayak Clu Canoë k

Médaille de bronze aux Jeux de Barcelone en canoë kayak (C2).

Qui êtes-vous, d’où venez-vous ? Comment avez-vous débuté ce sport ? Pourquoi avoir choisi le canoë-kayak ? Je m’appelle Olivier BOIVIN, je suis originaire de Saint-Brieuc, en Breta- gne. J’ai débuté ce sport un peu par hasard. J’ai vécu à Fontainebleau, je me suis mis au canoë-kayak en 1978 à mon retour en Bretagne, sur le Bla- vet. C’est mon entraîneur de club, Jean-Pierre LAFONT, qui m’a donné goût à ce sport et qui m’a amené sur le terrain de la compétition.

Est-ce que la sélection a été difficile pour les Jeux ? Non pas de grosse difficulté, c’est le travail en amont qui est difficile. Il faut faire des choix professionnels orientés vers le haut niveau et des choix de vie, car les 25 heures d’entraînement hebdomadaire laissent peu de place au reste. A cette époque il n’y avait pas de quota, on faisait partie des favo- ris car on avait été, l’année passée, vice-champions du monde.

Vous souvenez-vous de certains évènements (politique, économique, autre) lors de ces Jeux : En France ? En Espagne ? Fin 1988, jusqu’en 1991, on a vu la chute du bloc de l’Est. La course en ligne en canoë kayak se pratiquait principalement dans les pays de l’Est. On a vécu tous ces évènements en direct et on a vu l’évolution après la chute du mur de Berlin.

Et l’ambiance aux Jeux, dans le village olympique ? Il y avait une énorme ambiance, Barcelone l’été, le village olympique au bord de la mer, la chaleur, c’était vraiment bien. Je peux comparer car j’ai été entraîneur national lors des Jeux d’Athènes, Sydney et Pékin, les am- biances étaient totalement différentes !

Avez-vous atteint vos objectifs ? Je n’ai aucun regret, l’argent était à 2 ou 3 dixièmes, l’or pareil ! On a fait la course que l’on devait faire, on a clôturé une saison compliquée. On était milieu de tableau cette année là, mon équipier s’était cassé quatre côtes, on avait du mal à concrétiser nos efforts, finalement on a bien rebondi.

Que ressent-on sur le podium ? C’est un moment très particulier. Lors de la préparation pendant la course on traverse de grands moments de solitude, on est dans notre bulle, dans notre projet individuel, dans notre concentration. Sur le podium, on passe en un instant de la solitude au partage collectif, c’est très déstabilisant.

17 Est-ce que votre vie (vie profession- nelle, vie privée) a changé après l’obtention de cette médaille ? Non pas franchement. J’étais employé à la Mairie de Paris et mon poste me permettait d’avoir de bonnes condi- tions d’entraînement. En 1992 c’était le début de l’ère de la professionnali- sation donc, pour moi, cela n’a pas changé grand-chose. C’est bien plus tard, en 2000, que je suis devenu en- traîneur en équipe de France.

Et depuis, comment avez-vous orienté votre vie? Pratiquez-vous toujours le canoë-kayak ? Je suis cadre à la DRJSCS des Pays de la Loire et conseiller technique ré- gional de canoë kayak. Je navigue toujours en kayak, 2 ou 3 fois par semai- ne, le plus souvent en mer vers Saint Malo.

Le sport aujourd’hui… qu’en pensez-vous ? J’ai une vision du sport très orienté vers la compétition, mais également sa- nitaire, le fait d’avoir une activité physique, de bouger. On connait les effets négatifs de la sédentarité sur l’homme. J’ai 46 ans, le sport c’est que du bo- nus pour la santé et des années de vie en plus. Le haut niveau se profes- sionnalise de plus en plus. Le sport demande de plus en plus de rigueur et d’engagement. Mais dans le contexte mondial actuel, c’est comme une grande récréation et ça fait du bien ! Bien-sûr, il y a les sports "pros", qui focalisent beaucoup l’attention du public, des médias, c’est du sport specta- cle, du sport showbiz et là c’est autre chose. Je pense que les amateurs ont autant, voire même plus de mérite.

Et la polémique autour des propos de Yannick Noah ? Je n’approuve pas, je ne suis pas pour la libération du dopage. Nous avons fait partie de cette génération qui a côtoyé les équipes venant des pays de l’Est, où le dopage était énormément présent, cela ne nous a pas empêché de nous battre et d’être performants.

Un dernier mot pour clôturer l’interview ? Je suis très attaché au sport en Bretagne. Dans les années 90, le haut ni- veau ne faisait pas partie des priorités, c’était le sport social, le sport pour tout le monde, j’ai été tenté de quitter la Bretagne. Heureusement il y a eu une évolution dans le bon sens et je suis maintenant très heureux d’être Breton.

18 port handis es tion de Renn Nata aul-Bert Cercle P

Médaille d’argent aux Jeux paralympiques de Barcelone (record du mon- de) en 1992 et médaille de bronze aux Jeux d’Atlanta en 1996. Qui êtes-vous, d’où venez-vous ? Je m’appelle Hadda Guerchouche, Had- da signifie « fée » en espagnol et « frontière » en arabe, on dit souvent que je porte bien mon prénom ! J’ai 46 ans et je suis née à Sétif en Algérie.

Comment avez-vous débuté ce sport ? Pourquoi avoir choisi la nata- tion ? J’ai découvert la natation en institution à l’âge de 13 ans. Dès la 1 ère séance, j’ai su qu’elle allait changer ma vie.

Est-ce que la sélection a été difficile ? Très difficile pour les Jeux de Barce- lone, je l’ai eu, peu de temps avant les Jeux. Il fallait être "médaillable", c'est-à- dire figurer parmi les 3 meilleurs temps mondiaux.

Etes-vous pour l’intégration des Jeux paralympiques aux Jeux Olympi- ques ? Je suis pour la reconnaissance des uns et des autres. Si les "handis" intègrent un jour les Jeux Olympiques, il est certain que les coupes-franches se feront au niveau des athlètes paralympiques.

Vous souvenez-vous de certains évènements (politique, économique, autre) lors de ces Jeux : En France ? Dans le pays hôte ? Ce qui m’a parti- culièrement marquée lors des Jeux d’Atlanta c’est la perte des 5 flammes pour les Jeux paralympiques. L'IPC (International Paralympic Committee), voulant se différencier du CIO, a choisi de garder seulement 3 flammes. Pour moi, ce changement je le vivais avec une certaine frustration, une différenciation des sportifs valides qui risquait de renforcer le manque de reconnaissance des handisportifs.

Vous avez donc ressenti des différences au niveau de l’ambiance entre Barcelone et Atlanta ? L’ambiance à Barcelone était vraiment formidable, il y avait beaucoup de chaleur, c’était magique pour moi, je faisais partie de l’élite mondiale. Mon objectif était de vivre tout au maximum. Etant arrivée là, je pourrais toujours m’en sortir dans la vie. A Atlanta ils n’étaient pas prêts à nous accueillir. Les infrastructures sportives avaient été démontées pour être remontées par une autre société retenue pour l'organisation des Jeux Para- lympiques. Je n'en n'ai pas souffert, car la piscine n'était pas en kit. Ouf ! Il est vrai que la magie de ces Jeux n'a pas opéré de la même manière qu'à Barce- lone. Heureusement avec ma bonne humeur et mon envie de changer ma vi- sion du monde, je partais à la rencontre d'autres sportifs étrangers. J'ai flashé sur des Jamaïcains qui avaient des fauteuils de l'an 40 et une "banane" du tonnerre. 19 Avez-vous atteint vos objectifs ? A Atlanta j’ai décroché la médaille de bronze "à l'arrache". J'ai fait un temps qui est encore re- cord de France aujourd'hui. J’ai eu énormé- ment de reconnaissance et de félicitations de nageurs de différents pays. J'ai quitté la com- pétition parce que je ne supportais plus cette vie rythmée par la natation. J'avais besoin de respirer un autre air que celui du chlore. Et puis je dois avouer que j'ai préféré que l'on garde une image de moi au plus haut niveau.

Est-ce que votre vie (vie professionnelle, vie privée) a changé après l’obtention de cette médaille ? A partir du moment où j'ai intégré l'Equipe de France en 89, il y a eu des changements importants dans ma vie. Par exemple, c’est grâce à Gaby Laron- delle (du CREPS de Dinard) que j’ai pu changer de profession en devenant Educatrice Sportive (BEES Handisport). En 2000 j’ai participé à la détection de futurs nageurs de haut niveau. Ensuite j’ai été entraîneur de l’équipe de France espoirs. Il a été difficile d’arrêter la compétition à très haut niveau car il a fallu faire le deuil du corps d’athlète et le deuil de la reconnaissance (image médiati- que). J’ai rencontré des anciens sportifs de haut niveau valides qui, comme moi, se sont retrouvés dans une situation de dépression.

Et depuis, comment avez-vous réorienté votre vie? J'ai obtenu mon premier poste d'Educatrice Sportive au Centre Médical et Pé- dagogique de Beaulieu et j'ai compris que j'avais fait le bon choix. Mon travail consistait essentiellement à faire comprendre à des patients devenus handica- pés, que la pratique sportive permettait de surmonter son handicap et de trou- ver les moyens pour s’en sortir. Je les tirais vers le haut. Depuis, je suis éduca- trice sportive dans un SAVS (Service d'Accompagnement à la Vie Sociale) à Rennes. L'APPARTH a pour objectif de mettre en place un accompagnement pour amener la personne sur le chemin de l'autonomie. Une nouvelle approche qui m'a conduite à intégrer une formation de Coach Sportive et Préparateur mental. Depuis, j'ai monté ma boîte de Coaching (IMPULSION), dans le but de motiver les coachés, pour une meilleure confiance en soi.

Le sport aujourd’hui… qu’en pensez-vous ? Pour moi le sport est un moyen de se réinventer. Le seul moyen de repérer ses propres leviers. Le sport m’a aidée à me voir autrement et donc, à partir de là, les autres m’ont vue autrement.

Dans le sport la position de la femme est-elle plus difficile que celle de l’homme? Je suis une femme, maghrébine et handicapée, même s'il a fallu que je me bat- te 10 fois plus que les autres, je suis satisfaite de ce que j'ai.

20 port handis ort ime Handisp Escr annetais Véloce V

Patricia PICOT a participé à 5 Jeux : Barcelone, Atlanta, Sydney, Athènes et Pékin. Elle a remporté au total 10 médailles dont quatre en or.

Qui êtes-vous, d’où venez-vous ? Comment avez-vous débuté ce sport ? Je suis Patricia PICOT, je suis née à Brech (près d’Auray). J’ai toujours fait du sport, axé sur la compétition, que ce soit à l’école ou en club. J’ai basculé dans le handisport, après un accident de voiture. Sur les conseils de Thérèse LEMOI- NE, éducatrice à Kerpape, j’ai découvert l’escrime.

Qui vous a fait aimer ce sport ? Une personne vous a-t-elle accompagnée, influencée ? J’ai eu la chance de débuter dans un club à Vannes, qui comptait parmi ses li- cenciés d’autres sportifs de haut-niveau, dont Pascal DURANT. A ses côtés, j’ai pu progresser rapidement et aimer ce sport. On a fonctionné ensemble pendant 4 olympiades pour les entraînements, les préparations sportives et les déplace- ments.

Comment avez-vous atteint le haut niveau ? Quel est votre palmarès ? Suite à deux désistements, un décès et une "future naissance", j’ai intégré l’équi- pe de France qui partait pour les Jeux Paralympiques de Barcelone en 1992. Ce fut ma première très grande expérience. J’ai participé à 5 olympiades et rempor- té 4 médailles en or.

Est-ce que la ou les sélections ont été difficiles ? La découverte de l’équi- pe de France ? Excepté pour Barcelone, je n’ai pas eu trop de difficultés à garder ma place. Pour Pékin, par contre, j’ai dû lutter jusqu’au dernier moment, sur le circuit Cou- pe du monde pour obtenir ma sélection. Je peux donc mesurer la différence de ressenti quand on est potentiellement "médaillable" ou non… même si la prépa- ration est identique, le plaisir n’est pas le même.

Vous souvenez-vous de certains évènements (politique, économique, au- tre…) lors des Jeux : En France ? Dans les pays hôtes ? Pour Atlanta oui, l’explosion d’un avion avant les Jeux. Une fois sur place, on n’y a plus pensé.

Comment avez-vous abordé les différents JO ? J’ai toujours essayé de tout prévoir au mieux, la préparation du matériel, la pré- paration physique, le mental. Sur les 4 premières olympiades, j’y suis allée pour gagner. Pour la dernière : Pékin, c’était différent. Le podium était promis aux Asiatiques (et c’est ce qui s’est passé). J’étais déjà trop loin en Coupe du Mon- de, et même si on essaie de bien faire, il manque le petit plus, et le plaisir n’est plus le même. 21 Comment avez-vous vécu ces Jeux (ambiance, organisation, etc.) ? Vous avez participé à 5 Jeux Olympi- ques vous pouvez donc comparer ? J’ai adoré Barcelone, c’étaient mes premiers Jeux, l’ambiance espagnole était incroya- ble, et les Jeux, pas encore aussi « professionnels » qu’aujourd’hui, lais- saient beaucoup de place au « festif », il y avait des salles de jeux vidéo et des boîtes de nuit à l’intérieur du village. Je n’ai pas aimé Atlanta, les Jeux Coca Cola, le village qui était en campus, le fait qu’ils démon- taient les infrastructures alors que l’on n’é- tait pas encore partis. J’ai beaucoup appré- cié l’Australie et Sydney et mon retour sur la première marche du podium. Le début des Jeux plus professionnels, plus difficiles, et très bien organisés, on avait vraiment l’impression d’avoir un tapis rouge déroulé devant soi en permanen- ce. Athènes ressemblait beaucoup à Sydney. A Pékin, c’était une ambiance différente, je voulais voir de quoi étaient capables les Chinois. En ce qui concerne les résultats, ils ont « tout pris ». Pour le reste, ils étaient irréprocha- bles, presque trop, car à mon sens, il manquait souvent le côté "émotion".

Avez-vous atteint vos objectifs, avez-vous des déceptions ? J’ai tout ga- gné au fleuret individuel, j’ai eu beaucoup de plaisir pendant ces 20 années au plus haut niveau. Je n’ai pas de regrets. J’ai beaucoup travaillé, et j’ai eu la chance d’avoir des résultats en retour, ce qui m’a permis de "durer".

Est-ce que votre vie (vie professionnelle, vie privée) a changé après l’ob- tention de cette médaille ? D’abord étudiante, je suis ensuite entrée dans la vie active. J’ai pu concilier vie professionnelle et sportive, grâce à un CIP (Contrat d’Insertion Professionnel) , cela m’a beaucoup aidé. Rien n’a vraiment changé, mais quelques fois je suis reconnue… Aujourd’hui, maman, je m’aper- çois qu’il est difficile de mener à la fois une carrière sportive et une vie de ma- man, ce qui explique sans doute la moins grande représentativité des femmes en compétition.

Et depuis, comment avez-vous réorienté votre vie. Avez-vous continué le sport ou arrêté ? J’ai gardé le même travail dans la banque. Par contre, j’ai arrêté l’escrime. Je n’ai plus le temps. Je trouve que c’est un sport difficile en loisir uniquement. J’ai bien l’intention de retrouver une activité physique.

Le sport aujourd’hui… qu’en pensez-vous ? Les jeunes ont la possibilité aujourd’hui de tester une multitude de sports, de toucher à tout, y compris en handisport. Ils sont donc moins nombreux à se consacrer à une seule discipli- ne et à en faire un sport de compétition. Dommage, car seule la compétition apporte des sensations, des émotions, un dépassement de soi qu’on ne peut retrouver ailleurs. 22 handisport table es Club s de ort Renn Tenni Handisp

Michelle Sévin a participé à 4 Jeux Paralympiques entre 1992 et 2004 et a obtenu 6 médailles olympiques.

Pouvez-vous vous présenter ? Qui êtes-vous ? D’où venez-vous ? Je suis Michelle Sévin, native de La Chapelle-Chaussée (35) de parents agri- culteurs. Mon handicap est un handicap de naissance.

Comment et quand avez-vous commencé la pratique sportive ? Mes parents n’avaient pas d’expérience spécifiquement sportive mais, avec l’exploitation agricole, l’activité physique était connue et appréciée de toute la famille.

J’ai eu une scolarité normale sans pratiquer l’EPS toutefois (dispense perma- nente). Mais durant mon temps libre à l’internat, je pratiquais le ping-pong. C’est seulement à presque 23 ans que j’ai rejoint le Handisport Rennes Club dont j’avais appris la création quelques années auparavant.

Avec qui avez-vous débuté ? Le club handisport bénéficiait, à l’époque, d’un créneau d’entraînement dans les locaux du Cercle Paul Bert Ginguené. Il n’y avait pas d’entraîneur. Les joueurs les plus forts entraînaient les débutants.

Très rapidement j’ai eu envie de faire de la compétition. L’ambiance était bon- ne. Dès la première saison, le président du Cercle Paul Bert M. HOUGET m’a proposé d’intégrer une équipe du club en catégorie valide. J’ai accepté et, jus- qu’en 2006, j’ai toujours eu une double licence : valide et handisport.

A quels Jeux Paralympiques avez-vous participé et comment les avez- vous vécu ? Je n’avais pas été retenue pour Séoul en 1988, j’avais vécu cela comme une injustice. Mais cela a accentué ma motivation. Pour Barcelone en 1992, la sé- lection m’avait donné une grande satisfaction.

J’ai d’excellents souvenirs de ces premiers Jeux, par l’ambiance, le public très nombreux, les « ola » pendant les matchs. Ces jeux étaient en centre ville (à Montjuic) et ils m’apparaissaient comme étant à dimension humaine par la proximité entre les sportifs, les spectateurs et la population.

23 Et du point de vue sportif ? Une médaille d’argent en équipe et une grosse déception en « individuelle » puisque l’épreuve par classe de handicap a été annulée sur place. Nous n’étions que cinq, nous avons décidé de faire la compétition entre nous, et j’ai terminé deuxième … sans que cela ne soit inscrit sur les tablettes de l’Olympisme.

Et Atlanta en 1996 ? Je me souviens d’un vol avec de gros- ses turbulences, de l’inquiétude, d’une ambiance moins joyeuse qu’à Barcelo- ne et des équipements éloignés qui nous coupaient de l’ambiance généra- le, la salle de tennis de table se situait à 40 km du village.

Il faut dire que, pendant la période des JO pour sportifs valides, il y avait eu un attentat. Je me souviens de la découverte de l’Amérique "Business is busi- ness", ce qui ne m’a pas donné envie d’y retourner. Par contre, au plan sportif, que des satisfactions avec une médaille de bronze en équipe et une médaille d’or en individuel dans ma catégorie de handicap.

Que ressent-on quand on reçoit une médaille d’or ? Des frissons et des larmes. Un moment extraordinaire quand on entend la Mar- seillaise. Même si je n’ai vraiment réalisé qu’après la compétition et la cérémo- nie des podiums…. Mais c’était vraiment énorme.

Ensuite Sydney en 2000 ? A Sydney, on a vu le passage à la vitesse supérieure en matière d’équipement, de sécurité et de contrôle. Avec un parc olympique impressionnant. Ces JO, l’organisation, l’ambiance, m’ont donné envie de retourner en Australie. J’ai gardé de très bons souvenirs.

Par ailleurs, pour absorber le décalage horaire nous avions fait le dernier stage de préparation à Nouméa ce qui n’était pas désagréable. Sportivement une médaille de bronze par équipe et une médaille d’argent en individuel battue par la tchèque Davidkova que j’avais battue quatre ans auparavant, en finale éga- lement.

24 Et enfin Athènes en 2004 ? Athènes représente le berceau de l’olympisme. J’étais très contente d’être retenue. Ma qualification avait été difficile. Avec des tournois qualificatifs de plus en plus nombreux pour se positionner au mieux sur la « ranking list » qui servait de base pour la sélection. Mais pour moi les JO se sont terminés rapidement puisque j’ai été blessée à une jambe (déchirure mus- culaire). La frustration a été maximum même si, finalement, j’ai été classée avec l’équipe de France à la troisième place.

Après une carrière exceptionnelle et la participation à quatre JO, que retenez-vous de ces expériences ? Finalement que de bons moments. Malgré les difficultés ponctuelles et les contraintes il ne me reste que de bons souvenirs. Nous étions sérieux au plan sportif mais avec une ambiance très joyeuse en dehors des compéti- tions. L’argent n’était pas ou peu présent. Il me reste des émotions très fortes qui reviennent quand j’en parle ou que je feuillette les albums pho- tos.

Ces médailles m’ont permis, surtout en 1996, après avoir gagné la médail- le d’or, de réactiver les liens avec ma famille et les habitants de ma com- mune natale qui avaient entendu mes résultats aux informations locales dès 7 heures du matin. Enorme.

Après les Jeux, quel a été votre parcours ? Après chaque participation aux JO, on est toujours sollicité dans les clubs ou les communes pour témoigner et promouvoir le sport. J’avais prévu mon arrêt de la compétition internationale avec les championnats du mon- de en Suisse en 2006. Malheureusement je n’ai pas été qualifiée, ce que j’ai facilement admis.

J’ai quitté l’équipe de France fin 2004, mais mes sélectionneurs n’y ont pas mis la manière malgré mon expérience. Cela a été assez dur à vivre. J’ai donc refait en 2006 un championnat de France avant de raccrocher définitivement en compétition Handisport. Je poursuis actuellement uni- quement en épreuves FFTT.

Récemment, vous avez donné votre nom à un gymnase de La Cha- pelle-Chaussée, votre commune d’origine ? C’est énorme de donner son nom dans son pays natal, où ma famille est bien présente ; ce fut une réelle surprise lorsque le Maire m’a sollicitée et cela m’a beaucoup touchée. J’ai beaucoup hésité, pensant qu’il y avait peut-être d’autres personnes méritantes sur la commune puis j’ai accepté. Mais je crois que ces médailles et le titre obtenu en 1996 sont importants pour les habitants de ma commune.

25 Vous avez eu d’autres engagements dans le sport ? Oui, j’ai été présidente de mon club pendant plusieurs années du comité départemental et j’ai participé aux travaux du comité régional handisport. J’ai aussi siégé à l’Office des sports de la ville de Rennes.

Quel regard portez-vous sur le sport actuel et sur l’évolution des Jeux Olympiques ? Sur le handisport, il faut reconnaitre que les moyens accordés aux sportifs et aux clubs ont évolué. Les sportifs aujourd’hui ont besoin de soutien pour s’entraîner et vivre normalement alors que nous, nous prenions sur nos congés sans aménagement spécial. Les médias sont de plus en plus pré- sents même si c’est encore insuffisant. Et depuis Pékin, les primes aux sportifs sont identiques pour les valides et les handis. Même si c’est encore insuffisant la pratique handisport a connu une véritable reconnaissance et la médiatisation depuis 2008.

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En 1996 elle participe aux jeux d’Atlanta et obtient la première médail- le d’or de la discipline dans la course aux points.

Qui êtes-vous, d’où venez-vous ? Comment avez-vous débuté ce sport ? Qui vous a fait aimer ce sport ? Je m’appelle Nathalie Even, je suis née le 7 mars 1970 à Paimpol dans les Côtes-d’Armor et je suis mariée à Frédéric Lancien, un pistard. J’ai 3 en- fants et j’habite à Laillé en Ille-et-Vilaine. J’ai apprécié très jeune le sport en général. J’ai essayé avec bonheur le basket mais dans ma famille le vélo était roi : mon frère, mes cousins, ma cousine étaient à l’école de Cyclisme et surtout mon père Alain était un passionné de « la petite reine » : Prési- dent de club, organisateur, éducateur… J’ai disputé ma première course sur route à 14 ans et je l’ai gagnée. J’ai eu beaucoup d’autres succès et j’ai décroché le titre de championne de Bretagne en minimes la même année. Annick Le Borgne (CTR) m’a ensuite remarquée et m’a proposé de m’o- rienter vers la piste.

Est-ce que la sélection a été difficile ? J’ai toujours considéré qu’une sélection aux Jeux ne se fait pas par hasard. Il m’a fallu renoncer à "une vie normale", j’avais une hygiène de vie très stricte, j’étais très motivée avec la volonté de réussir et surtout de ne ja- mais négliger le travail, le travail … et encore le travail ! J’ai donc été ré- compensée de tous ces efforts et je n’ai aucun regret.

Vous souvenez-vous de certains évènements (politique, économique, autre) lors de ces Jeux : En France ? Dans le pays hôte ? La légitimité du choix d’Atlanta, au détriment d’Athènes pour les Jeux du Centenaire (26 ème Olympiade) fut très critiquée, d’autant que les inquiétu- des annoncées quant à l’organisation même des Jeux liée aux moyens de transport des athlètes ou à la communication (confiée à IBM) se révélèrent fondées ! Dans la nuit du 27 juillet une forte explosion provoquée par une bombe artisanale, s’est produite au cœur même du Parc où se trouvaient nombre d’étudiants et de touristes. Il y a eu deux morts et une centaine de blessés. Les Jeux ont malgré tout continué et Juan Antonio Samaranch, Président du CIO déclarait : « Aucun acte de terrorisme n’a jamais détruit ni ne détruira jamais le Mouvement Olympique ».

27 Comment avez-vous vécu ces Jeux (ambiance, organisation, etc.) ? Avez-vous atteint vos objectifs ? La cérémonie d’ouverture m’a particu- lièrement marquée, l’attente intermina- ble dans des salles attenantes au stade - le passage des délégations se fait par ordre alphabétique - j’avais les yeux rivés sur l’écran géant installé pour la circonstance. Puis enfin l’entrée sur le stade sous la bannière de Marie-José Perec, c’est là que je me suis sentie envahie de frissons. Viendra ensuite le discours inaugural du Président du CIO : « Je déclare ouvert les Jeux Olympiques de … » devant les 10 000 athlètes.

Est-ce que votre vie (professionnelle, privée) a changé après l’obten- tion de cette médaille ? Un gymnase porte mon nom ! La médaille d’or aux Jeux n’a pas fondamen- talement changé ma vie au niveau sportif, je n’ai pas pu profiter de ma noto- riété récente, j’ai fait une chute très grave l’année suivante, en 1997, et j’ai malheureusement été contrainte de mettre un terme à ma carrière. Sinon à titre personnel j’ai eu l’honneur de découvrir l’Elysée où Jacques Chirac, Président de la République, accueillait tous les médaillés. J’ai aussi reçu le titre de Chevalier de la Légion d’Honneur, avec les avantages que peut procurer cette nomination. Pour l’anecdote, j’ai pu assister aux autres épreuves Olympiques à Atlanta, réservées aux médaillés d’or.

Et depuis, comment avez-vous réorienté votre vie. Avez-vous continué le sport ou arrêté ? J’avais déjà intégré le monde du travail dans une grande entreprise avant les Jeux, je lui suis restée fidèle. Ma médaille n’a donc pas été valorisée mais peut-être que ma discipline : Piste et Féminine, n’est pas porteuse auprès des médias.

Le sport aujourd’hui… qu’en pensez-vous ? Je reste passionnée par le sport, tous les sports. Mais je pense que nous sommes tous conditionnés par l’image que nous donnent les médias, certai- nes disciplines n’ont malheureusement pas beaucoup droit à reportages. Je ne pousserai pas mes enfants vers le sport de compétition mais, bien sûr, je les encourage à pratiquer une activité physique pour leur santé et leur bien- être. Le sport reste une formidable école de la vie, une école du courage, il faut savoir savourer la victoire, apprendre à perdre et, surtout, toujours avoir le respect de l’autre. 28 me en hlétis e Bigoud At thlétism Club d’A

Jean Galfione a été plusieurs fois sélectionné aux Jeux Olympiques : Barcelone en 92, Atlanta en 96 et Sydney en 2000. Il a décroché la médaille d’or en 1996.

Quand et comment avez-vous commencé la pratique sportive ? Mon père a participé aux Jeux Olympiques de Rome avec l’équipe de France d’escrime. Ma mère a été championne de France de gymnastique. Je suis donc tombé dedans quand j’étais tout petit. J’ai pratiqué de la gym- nastique, comme maman, de l’escrime comme papa, puis du foot et du basket. C’est à 13 ans que j’ai commencé l’athlétisme, puis dès 14 ans, je me suis spécialisé dans le saut à la perche.

La sélection aux JO a-t-elle été difficile ? Ma 1 ère sélection a été pour les Jeux de Barcelone 1992. J’avais été sélec- tionné d’office. J’ai terminé 13 ème aux qualifications, malheureusement il n’y avait que 12 qualifiés pour la finale … Cela a été une expérience intéres- sante, même si j’ai été déçu et que j’espérais mieux faire. Ma 2 ème sélection fut aux JO d’Atlanta en 1996. Cela a été facile au niveau français car j’étais dans les 5 ou 6 meilleurs mondiaux. Ma 3 ème sélection, pour les JO de Sydney 2000 fut plus compliquée. J’avais été blessé toute la saison et on ne m’a pas accordé de temps de repos, j’ai donc été qualifié a minima et je suis arrivé très affaibli. Je n’ai pas passé le cap des qualifi- cations (13 ème ou 14 ème ). Cela a été une contre-performance. Pas de 4 ème sélection en 2004, car j’étais blessé.

Que ressent-on quand on reçoit une médaille d’or ? C’est le « Graal absolu », le titre suprême, j’ai été chanceux que cela me tombe dessus. Lors de la remise de la médaille, j’ai essayé de me concen- trer pour vivre et enregistrer chaque seconde. Il y avait devant moi 80 000 personnes et on entendait la « Marseillaise ». J’étais ému, mais pas envahi d’émotion. Cela est venu après, en partageant ce titre avec les autres, c’est magnifique, on ne retrouve pas ce partage dans les autres compétitions.

Vous souvenez-vous d’événements importants lors de votre participa- tion aux JO, sur le plan économique, social ou politique ? Non car lorsqu’on est aux Jeux, on est dans notre bulle.

29 Est-ce que votre vie professionnelle ou privée a changé suite à l’obtention de cette médaille ? Non, rien n’a changé, que cela soit dans mon quo- tidien, dans ma vie privée ou dans ma vie sporti- ve, j’ai continué à m’entraîner. Mais ce qui change c’est le regard des autres, les sollicitations. On n’est pas préparé et on ne sait pas faire les choix dans les diverses sollicitations des journalistes, des sponsors, … C’est difficile de bien s’entourer, mais je trouve que je m’en sors bien.

Continuez-vous le sport et sous quelle forme. Après les jeux quel a été votre parcours ? Je me suis lancé dans la voile depuis 6 ans, sur des grands et petits bateaux. Maintenant mon en- traînement sportif c’est la voile et de temps en temps la perche, pour le plaisir. Sinon pour les activités professionnelles, je suis consultant au- près de Canal + et de la Fédération Française d’Athlétisme. Je réalise des documentaires pour « La mer en face » et je suis président d’«Athlètes du monde », une ONG qui met en place dans des pays en difficulté, des projets en faveur de sportifs enfants et filles. Pourquoi des filles ? Car ce sont toujours les jeunes femmes et les enfants qui souffrent les premiers et qui sont les plus atteints.

Quel regard portez-vous sur le sport en général et sur l’évolution des JO ? Cela évolue d’une manière convenable, les Jeux Olympiques se profession- nalisent, mais arrivent malgré tout à maintenir les valeurs de l’olympisme. Les Jeux c’est une réunion de la planète terre. Mais les sportifs sont parfois sollicités pour donner des messages politiques.

Un dernier mot pour les futurs participants aux JO ? Profitez bien de la chance que vous avez de vivre des JO, ne négligez au- cun détail et surtout gardez le sourire.

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Médailles d’argent et de bronze en cyclisme tandem aux Jeux para- lympiques d’Atlanta en 1996. Qui êtes-vous, d’où venez-vous ? Je m’appelle Eric Guézo, j’ai 48 ans, je suis marié et père de 3 garçons. Je suis officier de police à Vannes.

Comment avez-vous débuté ce sport ? J’ai débuté le cyclisme à l’âge de 8 ans, un peu par tradition familiale. Puis j’ai découvert le tandem avec les non-voyants à Paris, en 1990.

Qui vous a fait aimer ce sport ? J’ai connu et apprécié ce sport par moi-même. J’ai découvert qu’un sport mécanique comme le cyclisme, et plus particulièrement le tandem, pouvait procurer de grandes sensations, ces sensations m’ont fait aimer ce sport.

Est-ce que la sélection a été difficile ? Pas trop, car nous étions les champions du monde sortants.

Vous souvenez-vous de certains évènements (politique, économique, autre) lors de ces Jeux : En France ? Dans le pays hôte (Atlanta) ? Il est vrai que l’attribution de ces jeux à Atlanta, ville siège d’un grand grou- pe de soda (Coca-Cola), avait fait couler beaucoup d’encre... Je pense en- core que la ville d’Athènes aurait mérité d’être la ville hôte des Jeux du centenaire. Ces jeux furent aussi marqués par l'explosion d’une bombe au beau milieu de la foule dans le Parc du Centenaire. Cet acte terroriste a fait 2 morts et 112 blessés. (Lors de la cérémonie de clôture, Juan Antonio Sa- maranch déclara qu’ «aucun acte de terrorisme n'a jamais détruit ni ne dé- truira jamais le Mouvement olympique ».)

Comment avez-vous vécu ces Jeux (ambiance, organisation, etc.) ? Le site était vraiment éloigné du village. L’ambiance et l’organisation assez décevantes.

Avez-vous atteint vos objectifs ? Oui et non… Il est certain que deux médailles (argent et bronze) peuvent paraître bien, mais seul l’or était notre objectif.

31 Et depuis, comment avez-vous réorienté votre vie. Avez-vous conti- nué le sport ou arrêté ? Depuis les Jeux d’Atlanta, j’ai repris mon activité professionnelle, je ne fais plus de compétition. J’essaie de redonner au sport ce qu’il m’a tant donné. J’ai la responsabilité de nombreuses associations sportives et j’encadre au quotidien des jeunes cyclistes.

Le sport aujourd’hui… qu’en pensez-vous ? Souvent décrié, le sport reste une base saine pour nos jeunes. Il est aussi garant de valeurs pour le bien de l’individu et de la société.

32 t ispor Lorient hand ique de Judo on Phys ’Educati Cercle d

Gérald ROLLO a participé 5 fois aux Jeux Paralympiques en judo. Barcelo- ne (1992), Atlanta (1996) où il remporte la médaille d’argent, Sydney (2000), médaille de bronze, Athènes (2004) et Pékin (2008) où il termine à la 5 ème place.

Qui êtes-vous, d’où venez-vous ? Comment avez-vous débuté ce sport ? Je suis Gérald Rollo, j’ai 43 ans, j’ai un enfant de 13 ans. Je suis éducateur à la mairie de Lorient.

Est-ce que la sélection a été difficile ? Les 4 premières olympiades (Barcelone, Atlanta, Sydney et Athènes), je combat- tais en moins de 73 kg. Plus le temps passait, plus j’avais du poids à perdre. Athènes furent les Jeux les plus difficile. Les sélections sont les mêmes que pour les valides, on a la ranking liste et il faut être dans les 12 meilleurs mon- diaux pour être qualifié. A Pékin, j’ai changé de catégorie de poids, l’ouverture de quotas n’a pas été très difficile.

Vous souvenez-vous de certains évènements (politique, économique, au- tre) lors de ces Jeux : En France ? Dans le pays hôte ? Nous sommes dans un cocon très fermé, on ne s’occupe pas de l’extérieur, on n’a que l’entraînement et le résultat. On occulte tout aspect extérieur.

Comment avez-vous vécu ces Jeux (ambiance, organisation, etc.) ? Barcelone m’a le plus marqué, au niveau de la restauration, de l’organisation et de l’ambiance, c’était très festif. Atlanta, c’est le système à l’américaine : on en met plein les yeux mais l’envers du décor est loin d’être brillant. A Sydney j’ai trouvé qu’il y avait une belle organisation, c’était très bien. Pour Pékin, il y avait plus de moyens financiers, beaucoup d’argent dépensé au détriment, très certai- nement, de la population. Le "nid d’oiseau" et le "Watercube" étaient des infras- tructures vraiment superbes.

Avez-vous atteint vos objectifs ? A Barcelone, je me suis cassé la jambe en demi-finales, je ne pouvais donc pas aller plus loin. Ce fut une déception car j’avais réellement le potentiel pour ga- gner la médaille d’or. A Atlanta je perds en finale, celui qui m’a battu était vrai- ment meilleur. Grosse déception à Sydney contre un Américain. Je mets un "waza-ari" (presque la victoire, ne met pas fin au combat), l’arbitre a considéré qu’il était en dehors. Mon adversaire m’a ensuite mis un "koka" (petit avantage technique), il a alors fermé tout combat.

33 Il a gagné les demi-finales, puis la finale sans difficulté. J’ai fini 3 ème mais j’avais le potentiel pour ga- gner. A Athènes, mon objectif n’é- tait plus de faire un résultat mais de perdre des kilos. J’ai donc choisi de changer de catégorie de poids. A pékin, mes derniers Jeux, je visais le bronze et à nouveau grosse dé- ception, j’ai fini à la 5 ème place.

Est-ce que votre vie (vie profes- sionnelle, vie privée) a changé après l’obtention de cette médail- le ? Ma situation professionnelle de 1992 (Barcelone) à 2000 (Sydney) était assez chaotique, mon em- ployeur abusait des contrats d’aide CES et CEC. A partir de 2000, je ne pouvais plus m’entraîner correcte- ment. J’ai demandé un CIP (contrat d’insertion professionnel) et j’ai été titulari- sé en mairie. Depuis 2004, j’ai un poste d’éducateur à la mairie de Lorient. J’ai été aidé à la reconversion après les Jeux. Petit à petit j’ai été formé pour pou- voir travailler sur d’autres missions à temps complet.

Avez-vous continué ou arrêté le judo? Je continue la pratique du judo. Avant c’était pour moi à travers les compéti- tions, maintenant c’est pour les autres, car j’apporte mon expérience à des jeunes.

Le sport aujourd’hui… qu’en pensez-vous ? Le sport est primordial pour le corps, peu importe le sport. Il devrait être pré- sent dès le plus jeune âge dans les écoles. Le sport c’est le dépassement de soi.

Les Jeux de 2012 ? Pour la 1 ère fois, je serai spectateur et non participant. Ce sera certainement un peu étrange de passer du tatami à la tribune mais cela m’apportera un au- tre point de vue. J’encouragerai avec plaisir les Français.

34 handisport table es Club s de ort Renn Tenni Handisp

Thu Kamkasamphou a décroché 6 médailles olympiques : 2 en or, 1 en ar- gent et 3 en bronze.

Qui êtes-vous ? D’où venez-vous ? Je suis Thu Kamkasamphou, j’ai 42 ans et je suis sportive de haut niveau. J’ai commencé le tennis de table à l’âge de 12 ans en même temps que le football. J’ai commencé au Cercle Paul Bert avec une séance par semaine et j’ai fini par 5. J’ai arrêté le foot à cause des bleus et j’ai choisi de me consacrer au tennis de table. Ce n’est pas un coup de cœur, à l’époque j’étais assez mince et il me fallait un sport qui ne me fasse pas mal.

Est-ce que les sélections à ces JO ont été difficiles ? Toutes les sélections sont difficiles ! il y a les épreuves qualificatives avec les tournois internationaux pour dans un premier temps, figurer sur les listes mon- diales et chez les féminines, il faut être parmi les 8 meilleures mondiales pour obtenir l’autorisation de la fédération.

Evènements politiques et économiques, contexte ? Certains sportifs se demandaient s’ils pouvaient prendre partie politiquement en ce qui concerne la situation politique en Chine ou à Sydney avec les abori- gènes. Ce n’était pas mon cas car j’étais vraiment concentrée sur les Jeux.

Comment avez-vous vécu l’ambiance de ces jeux ? Que ce soit à Athènes, Sydney ou Pékin, dans le village olympique tout le mon- de est tendu, nous ne sommes pas là pour faire la fête. Après les compétitions on peut se lâcher mais, par respect pour ceux qui sont en course ou ceux qui sont déçus de leur performance, on reste discrets.

Avec 6 médailles dont 3 en or, j’imagine que vous avez atteint vos objec- tifs ? Quand on a obtenu la médaille d’or du simple aux JO, on peut évidemment dire que l’on a atteint ses objectifs et que tout le travail fait depuis le début a payé. C’est le premier rêve que l’on fait quand on débute un sport. L’année dernière j’ai gagné les championnats du monde mais mon objectif ne s’arrête pas là, je suis une compétitrice.

35 Est-ce que votre vie professionnelle ou privée a changé suite à l’obten- tion de ces médailles ? La vie privée non, j’ai su faire le tri dans les amis. Au niveau professionnel, ma vie a changé, car je travaille à mi- temps pour participer aux entraîne- ments, compétitions et stages, c’est une grande chance d’avoir un emploi aménagé. Je travaille à la Poste depuis 9 ans. Avant j’étais entraîneur de tennis de table mais ce n’était pas viable car j’étais payée lors de la séance d’entraî- nement.

Vos projets sportifs ? Les Jeux de Londres ! Les qualifica- tions ont eu lieu en 2011, cela c’est vraiment très bien passé mais je dois quand même attendre le mois de juin pour l’annonce officielle de la sélection.

Le sport aujourd’hui, qu’en pensez-vous ? J’ai un statut privilégié avec mes qualifications aux Jeux Olympiques mais en général le budget sportif que ce soit dans les départements, les régions ou au niveau national a fortement baissé à cause de l’économie actuelle. Je regrette que Paris n’ait pas obtenu les Jeux de 2012, au niveau sportif cela aurait pris une autre ampleur. La Bretagne forme très bien les sportifs mais ne les garde pas car ils changent de clubs rapidement, faute d’aides.

Que pensez-vous de la femme et le sport de haut niveau ? C’est difficile de répondre car le tennis de table n’est pas très médiatisé. Au ping, nous avons la chance d’être mises en avant par nos résultats, la Fédéra- tion Française Handisport raisonne en terme de potentiel, que l’on soit homme ou femme, peu importe la discipline, il n’y a pas de privilégié.

Une petite anecdote sur les Jeux ? J’en ai plein ! La plus drôle est lorsque j’ai reçu la médaille d’or à Pékin. J’étais sur le podium très émue, je regardais ma médaille d’or, je constate alors que le disque extérieur est en or mais que le disque central est fait dans une autre matière, une sorte de plastique… j’ai pensé que c’était un peu léger pour une médaille d’or. J’ai appris plus tard que le centre de la médaille est en jade, une pierre très précieuse qui apporte chance et bonheur.

36 e nnes scrim on de Re E la Garnis Club de

Athènes 2004 : Médaille de bronze par équipe.

Qui êtes-vous, d’où venez-vous ? Comment avez-vous débuté ce sport ? Je suis une épéiste d’origine hongroise, membre de l’équipe de France depuis 2003. J’ai commencé l’escrime à l’âge de 10 ans grâce à ma meilleure amie. Elle m’a emmenée un soir à l’entraînement, juste pour essayer. Cela m’a telle- ment plu que je n’ai jamais plus quitté la piste d’escrime.

Est-ce que les sélections ont été difficiles ? La sélection pour faire partie de l’équipe de France, n’était pas difficile, car j’é- tais parmi les meilleures au niveau mondial. Par contre pour participer aux Jeux Olympiques, il fallait se qualifier par équipe, ce fut extrêmement difficile. Après une saison préolympique catastrophique, nous avons obtenu notre qualification à la toute dernière compétition qu’il fallait absolument gagner pour obtenir notre billet pour Athènes… C’était tout ou rien. Nous avons gagné.

Comment avez-vous vécu ces Jeux à Athènes (ambiance, organisation, etc.) ? Ces Jeux d’Athènes resteront un souvenir inoubliable. L’organisation était fluide malgré les travaux à peine terminés. Le pays organisateur était très accueillant et chaleureux. Au village olympique et au sein du groupe France, il régnait une ambiance extraordinaire, que l’on ne peut sentir qu’aux grands rendez-vous, comme les Jeux Olympiques.

Avez-vous atteint vos objectifs, avec cette médaille de bronze par équi- pes ? Tout à fait. C’est un rêve qui s’est réalisé. Pour un athlète de haut niveau, parti- ciper aux JO et ramener une médaille est une étape incontournable. J’ai déjà été plusieurs fois championne du Monde, championne d’Europe avec mon pays natal (la Hongrie) mais je n’ai pas pu participer aux JO d’Atlanta, ni aux JO de Sydney car j‘étais seulement remplaçante. Après une qualification difficile, nous avons prouvé que la place de notre équipe était parmi les meilleures du monde. C’était un moment unique, un moment de partage, de solidarité … DU BON- HEUR !!! Pendant ces Jeux, notre équipe est devenue une équipe forte, sou- dée, avec un esprit d’équipe exemplaire. Cela nous a permis plus tard de ga- gner trois fois de suite aux Championnats du monde.

37 Est-ce que votre vie (vie professionnelle, vie privée) a changé après l’obtention de cette médaille ? Cette petite médaille a tout changé dans ma vie. Tout d’abord, par le fait que j’ai pu apporter vraiment quelque chose à mon pays d’adop- tion, j’ai prouvé que ma place était bien méritée dans l’équipe de France. C’était le symbole de mon intégration complète. Je ne me suis plus posé de questions sur mon identité. J’étais une athlète médaillée olympique de l’équipe de France, qui représentait sa région, la Bretagne et son club, la Garnison de Rennes. J’étais ra- vie de pouvoir honorer par ce résultat ma ré- gion, la Bretagne, mon club et mon maître d’ar- mes, Christian JOSEPH, lesquels m’ont tou- jours soutenue et ont toujours cru en moi.

Avez-vous continué ou arrêté l’escrime ? Je suis toujours en activité. L’année 2012 est la dernière ligne droite de ma carrière sportive.

Le sport aujourd’hui… qu’en pensez-vous ? Mon dernier objectif sportif : les Jeux Olympiques de Londres. C’est un chal- lenge, toujours aussi difficile à relever. Mais, pour réaliser un rêve, il faut tout donner pour ne rien regretter…

Un dernier mot pour conclure ? Après tous mes voyages à l’étranger, pour moi la Bretagne reste une des plus belles régions du monde, et mon dessert préféré est le kouign-amann ☺ Kenavo.

38 à voile nche Pla e l’Elorn odiles d Les Croc

Participation aux Jeux Olympiques en 2004 et 2008. Elle obtient la médaille d’or à Athènes.

Qui êtes-vous, d’où venez-vous ? Comment avez-vous débuté ce sport ? Qui vous a fait aimer ce sport ? Je m’appelle Faustine Merret, j’ai 33 ans et je suis née à Brest. J’ai baigné dans la compétition dès mon plus jeune âge, j’ai d’abord fait de la gymnastique à l’âge de 4-5 ans puis du cross en compétition de 9 à 12 ans. C’est à cette époque que j’ai débuté la planche à voile, en loisir. La compétition en planche est venue un peu plus tard, vers 14 ans, avec les Crocodiles de l’Elorn.

Est-ce que la sélection a été difficile ? C’est énormément de préparation. J’ai rejoint l’équipe de France en 1998, dès lors je suis entrée dans le processus de qualification aux Jeux. En 2000 j’étais 1ère au classement mondial mais je n’étais pas sélectionnée aux Jeux. Les an- nées qui ont suivi ont été une course à la sélection. Il y a eu quelques blessures mais j’avais un projet clair et rigoureux et de bons entraîneurs : Pascal CHAUL- LET, entraîneur de l’équipe de France et Olivier Le GOUIC, entraîneur au Pôle France.

Comment avez-vous vécu ces Jeux (ambiance, organisation, etc.) ? En 2004 j’étais concentrée sur l’objectif et la compétition, je devais « finir de- vant » ! En ce qui concerne l’ambiance, j’ai été obligée de faire totalement abs- traction de ce qui m’entourait pour rester concentrée sur l’essentiel. C’est seule- ment le jour suivant la course que j’ai réalisé que j’avais décroché l’or et la diffé- rence que cela faisait par rapport à des championnats du monde. J’ai alors ou- vert les yeux sur l’ambiance, les Jeux et les autres disciplines. Je me souviens aussi de l’afflux médiatique. Toutes ces questions posées alors que je n’étais pas préparée à y répondre.

Avez-vous atteint vos objectifs ? A Athènes, oui, au niveau sportif, l’objectif ultime a été atteint. Au niveau person- nel, j’ai eu besoin de partager cette victoire avec l’ensemble des personnes pro- ches de moi, tous ceux qui avaient été présents jusque là et qui avaient suivi mon parcours. Pour les Jeux de Pékin, j’avais entamé une nouvelle préparation olympique mais ce n’était pas le même engagement, mon objectif sportif était mal défini. J’ai quand même été sélectionnée mais sur place ce fut un échec. A l’inverse d’Athènes, j’avais besoin de m’imprégner de l’ambiance des Jeux mais c’était impossible car le site de la voile était séparé du cœur des Jeux.

39 J’ai difficilement vécu ma place au sein de l’Equipe de France car mon projet sportif était trop fragile. A la fin des Jeux Olympiques, j’ai décidé d’arrêter la compétition, j’ai alors vu ma carrière professionnelle comme une libération.

Est-ce que votre vie (vie profes- sionnelle, vie privée) a changé après l’obtention de cette médail- le ? Une médaille aux JO c’est pour la vie. Cela fait partie de l’identité de la per- sonne quel-que-soit le milieu dans lequel on évolue. L’après Jeux était déjà programmé, je devais préparer le professorat de sport à l’INSEP. J’ai été beaucoup sollicitée après la médaille, j’ai refusé de nombreuses propositions pour privilégier mes études. J’ai quand même signé deux contrats de partena- riat qui m’ont permis de vivre de la pratique du sport pendant 3 ans.

Et depuis, comment avez-vous réorienté votre vie. Avez-vous continué le sport ou arrêté ? J’ai été titularisée en tant que professeur de sport en 2008. On m’a proposé un poste de CTS Voile pour la Bretagne et d’exercer des missions dès mon retour des Jeux de Pékin. Le DTN m’avait aussi demandé de prendre en charge la mise en place et le suivi d’un nouveau collectif national « Bleuet ». J’ai arrêté ce projet en 2010 pour exercer des missions 100% régionales. Au niveau sportif, je continue la voile en loisir et je pratique le triathlon en compé- tition locale.

40 sport handi isme Léonard thlét ort Club A Handisp

Médaille d’argent en athlétisme par équipes aux Jeux paralympiques d’A- thènes en 2004. Qui êtes-vous, d’où venez-vous ? Comment avez-vous débuté ce sport ? Je m’appelle Eric Teurnier, j’ai 37 ans, je suis marié, je n’ai pas d’enfant, je suis originaire de Morlaix et j’y habite toujours. J’ai commencé le sport à l’école com- me bon nombre de personnes. J’ai pratiqué sans beaucoup d’assiduité mais avec beaucoup de facilité. Je me souviens d’un professeur de sport qui avait tenu à me mettre un 21 sur 20. Etait-ce un signe ? A l’âge de 18 ans j’ai été victime d’un accident sur la voie publique, cet accident m’a privé de la marche et m’a obligé à me déplacer en fauteuil roulant. Après un séjour à l’hôpital je me suis retrouvé au centre de rééducation de Kerpape dans le Morbihan, c’est là que j’ai goûté au sport avec un fauteuil roulant de compétition d’une autre époque que le centre me prêtait pendant les week-ends. J’ai commencé petit à petit à pratiquer avec d’autres personnes, et à me prendre au jeu. J’ai participé à des compétitions régionales et nationales puis j’ai acheté un fauteuil fabriqué pour ma morphologie qui m’a permis d’évoluer à un niveau international.

Est-ce que la sélection a été difficile ? Pour ma part la sélection n’était pas une priorité, je débutais et loin de moi l’idée d’être sélectionné pour les Jeux d’Athènes. Dans le courant des années 2002/2003 j’ai demandé aux personnes de la fédération si je pouvais participer au stage de perfectionnement de l’équipe de France avec une participation fi- nancière. Leur réponse a été positive et cela m’a beaucoup aidé à progresser. En 2004, année de la sélection je me suis retrouvé en stage à Reims pour la préparation des relais 4x100 et 4x400, nous avons essayé beaucoup de combi- naisons pour être à la hauteur. Lors de ce stage je me suis retrouvé dans un relais 4x400 où nous avons battu le record du monde (cela faisait chaud au cœur) mais à l’époque je n’étais pas encore en équipe de France j’étais juste licencié au Handisport Club Léonard, seul club où j’ai pratiqué. Un jour à l’hôtel entre deux meetings, le DTN m’a appris par téléphone, que j’étais sélectionné en équipe de France et que j’allais aux Jeux d’Athènes, ce fut un feu d’artifice dans ma tête.

Vous souvenez-vous de certains évènements (politique, économique, au- tre) lors de ces Jeux : En France ? Dans certains pays hôtes? Je n’ai pas souvenir de faits marquants, je me suis tellement donné pour la pré- paration de ces Jeux que le monde aurait pu s’arrêter de tourner, je ne l’aurais pas remarqué. 41

Comment avez-vous vécu ces Jeux d’Athènes (ambiance, organisation, etc.) ? C’était un pur bonheur ! Lors de la cérémonie d’ouverture, je me souviens dire à un collè- gue « et oui, on y est ! » en entendant toutes les personnes applaudir dans le stade. J’ai encore les poils qui se hérissent sur les bras quand j’y repense. Le collègue en question s’appelle Denis Lemeunier, collègue avec qui j’ai fait plusieurs fois le tour de la planète, je lui dois beaucoup pour cette médaille car il connaissait le métier et m’a fait gagner quel- ques précieuses années dans ma prépara- tion. Je pense que l’on ne peut garder que de belles images d’un moment comme celui là.

Avez-vous atteint vos objectifs, avec cette médaille d’argent? Une personne lambda pourrait dire qu’il est dommage d’être à une marche de la médaille d’or. Et bien non. J’étais très heureux d’avoir remporté cette médaille, une course reste une course, et on a vu les plus grands revenir bredouilles à la maison suite à une chute ou quand ils jouent de malchance tout simplement.

Est-ce que votre vie (vie professionnelle, vie privée) a changé après l’obtention de cette médaille ? Cette médaille m’a permis de trouver des sponsors pour les années suivan- tes. Ce qui est loin d’être négligeable car les déplacements pour les compé- titions, les fauteuils sur mesure et les transports étaient très onéreux.

Avez-vous continué ou arrêté l’athlétisme? En 2006 j’ai décidé de mettre fin à ma carrière sportive et de me consacrer à ma carrière professionnelle, la société pour laquelle je travaille aujourd’hui était un de mes partenaires.

Le sport aujourd’hui… qu’en pensez-vous ? Je pense que le sport a été pour moi un moyen de me surpasser, de ren- contrer beaucoup de personnes de divers horizons, de voyager sur toute la planète.

Un dernier mot pour conclure ? Une très belle aventure, de très bons moments, une très belle expérience et de très beaux souvenirs.

42 port andis er oile h le Quimp V ornouail ort de C Handisp

Médaille d’argent à Pékin en 2008, voile en équipage.

Qui êtes-vous, d’où venez-vous ? Comment avez-vous débuté ce sport ? Je suis Hervé LARHANT, j’ai 45 ans, je suis marié et j’ai 2 enfants. Quimpérois d’origine, j’habite La Forêt Fouesnant depuis 10 ans. J’ai commencé la voile en 1995 lorsque notre club handisport s’est équipé de 2 Miniji. J’ai fait des régates régionales au début, puis des Championnats de France à partir de 2001, j’ai été vice-champion de France Miniji en 2004. Parallèlement je pratiquais le Sonar en équipage, sur Brest surtout. J’ai été qualifié aux Jeux Paralympiques d’Athènes, mais je n’ai pas été sélectionné par la Fédération Handisport (préparation en dehors du circuit fédéral et pas de chance de médaille). En 2005 le Pôle France à l’ENV s’est ouvert. J’ai effectué la préparation Paralympique sur Sonar jus- qu’aux Jeux de Beijing en 2008. Depuis je suis revenu à la pratique du Miniji.

Est-ce que la sélection a été difficile ? Oui et non. Une s éle ction a toujours une part d’irrationnel et de chance. Deux équipages Sonar étaient en concurrence, 6 régatiers pour 3 places au final. Le choix de l’équipage définitif (avec Bruno Jourdren) s’est fait un an avant les Jeux. Nous avions fait une 5 ème place au Championnat du Monde 2007 devant l’autre Sonar (20 ème ).

Vous souvenez-vous de certains évènements (politique, économique, au- tre) lors de ces Jeux : En France ? Dans le pays hôte ? Je me souviens d’un contexte politique compliqué pendant l’année des Jeux avec les évènements au Tibet, les demandes de boycott, ben voyons !!!!, les manifestations pro-tibétaines, et donc antichinoises. Difficile de se proclamer personnellement pro-tibétain actif (je parraine des écoliers tibétains en exil en Inde – TCV Darhamsala…), et de se taire pendant ces derniers mois avant les Jeux…Mais prendre le sport et les sportifs en otage est aussi trop facile et sur- tout injuste si l’on considère les années de préparation pour atteindre un but fixé. Une fois aux Jeux, à Qingdao, nous n’avons pas eu le temps et le loisir d’a- nalyser le « système ». J’ai juste remarqué qu’un blindé prenait place devant la porte du village olympique chaque soir…..

Comment avez-vous vécu ces Jeux (ambiance, organisation, etc.) ? Avez- vous atteint vos objectifs ? Côté organisation, cinq étoiles. Bravo les Chinois ! Rien n’était laissé au hasard : traductrices, voitures de fonction pour chaque délégation, spectacles réglés comme du papier à musique (et sûrement répétés pendant des semaines et des semaines). De la discipline quasi-militaire où les ennemis sont l’imprévu et « l’à peu près ». 43 Très bon accueil, « volunteers » très serviables, médias chinois très présents (mais pas un seul jour- naliste français sur place aux Jeux Paralympiques). Côté sportif, je suis partiellement satisfait d’avoir atteint l’objectif affiché et d’obtenir une médaille d’argent. Sa couleur aurait pu être plus belle sans ce foc qui s’est déchiré dans le dernier tour de la dernière manche alors que nous étions en tête de- puis le début de l’épreuve. Ce fut difficile à avaler, énorme déception sur le moment et pendant les heures qui suivirent. Un bretonnant m’a dis ensuite que j’aurais mieux fait de m’appeler « Le Naour » plutôt que « Larhant ».*

Est-ce que votre vie (vie professionnelle, vie pri- vée) a changé après l’obtention de cette médail- le ? Déjà, avant la médaille ! La vie professionnelle et privée est bien bousculée pendant la préparation paralympique (nombreuses absences, projet omnipré- sent dans la tête, etc.). Après la médaille, bien entendu, c’est différent. Il y a eu de nombreuses sollicitations les mois suivants : parrainages de ceci et de cela, j’ai également fait de nombreuses interventions dans les écoles. La vie privée redevient ensuite plus … normale. On se recentre sur la famille.

Et depuis, comment avez-vous réorienté votre vie. Avez-vous continué le sport ou arrêté ? Ma vie professionnelle s’est ouverte sur de nouvelles opportunités. J’ai obtenu un emploi au club handisport de Quimper (bien que toujours en contrats par- tiels et précaires). J’ai créé une auto-entreprise (interventions sur le Handis- port, le Handivoile et les Jeux Paralympiques dans les écoles, collèges, et dif- férentes structures). D’un point de vue général, des portes s’ouvrent, l’aventure Paralympique a permis de crédibiliser mes projets personnels et/ou collectifs (ex : organisation Championnat de France Handivalide Miniji 2012 à Port La Forêt….). Depuis les derniers Jeux, j’ai stoppé la voile sur Sonar au niveau international, et je suis revenu vers le support que je pratiquais avant, le Miniji. Je fais toujours de la compétition mais je me limite au Championnat de France. Plus globalement, le désir de « renvoyer l’ascenseur » est fort, donner envie aux autres de se surpasser pour atteindre un but, partager les expériences, participer au développement de l’activité, etc.

Le sport aujourd’hui… qu’en pensez-vous ? Vaste question. Le sport de haut niveau n’a plus rien d’amateur, même en han- disport. Au regard du temps passé, de l’argent et de l’énergie dépensés, un projet sportif doit pouvoir être soutenu par les pouvoirs publics, fédérations ou partenaires privés pour avoir une chance d’être concrétisé.

* En breton Le Naour signifie "or" et Larhant "argent". 44 andisport sme h ard hléti de Léon At ort Club Handisp

Sélectionné aux Jeux Paralympiques d’Athènes en 2004 et médaille de bronze en relais 4 x 400 aux Jeux de Pékin. Qui êtes-vous, d’où venez-vous ? Comment avez-vous débuté ce sport ? Je m’appelle Denis Lemeunier, je suis né à Tours. Je suis arrivé à Châteaulin à l’âge de 15 ans pour mes études, je suis ensuite resté en Bretagne… A l’époque je faisais beaucoup de vélo. A 29 ans, en 1994, j’ai eu un accident de moto. Après cet évènement, j’ai commencé rapidement, et par moi-même, le sport en fauteuil, c’est à cette époque que je suis parti vivre à Morlaix.

Comment avez-vous atteint le haut niveau ? Quel est votre palmarès ? J’ai atteint le haut niveau relativement facilement. J’ai commencé par des cour- ses régionales. J’ai vite compris que j’avais du potentiel. Après, tout s’est en- chaîné : les championnats de France, ma 1 ère sélection en équipe de France et une victoire au marathon de Londres en 2001. En 2002, les championnats du monde. En 2004, la sélection aux Jeux Paralympiques d’Athènes et en 2008 la Médaille de Bronze à Pékin au relais 4 x 400.

Est-ce que la sélection a été difficile pour Pékin ? Oui, assez difficile. Cela prend beaucoup de place dans une année : 6 mois de préparation, de janvier à juin.

Vous souvenez-vous de certains évènements (politique, économique, au- tre…) lors des Jeux : En France ? Dans le pays hôte (Pékin ?) La France était montrée du doigt à cause du passage de la flamme à Paris : un manifestant français, portant des symboles pro-tibétains, avait bousculé le fau- teuil roulant de l'athlète chinoise handicapée Jin Jing qui portait la flamme. Suite à cet évènement, on nous avait prévenus que nous serions mal accueillis à Pé- kin. Ce ne fut pas du tout le cas.

Comment avez-vous vécu ces Jeux (ambiance, organisation, etc.) ? Grosse déception à Athènes, l’environnement n’était pas très beau. Un paysage lunaire, un site olympique très à l’écart de la ville et un village olympique pas très accueillant. Par contre à Pékin, c’était magique. Les jardins, les fontaines, de très beaux logements. Je pense qu’il sera difficile de reproduire des infrastructu- res aussi hors-normes, seule la Chine peut faire cela.

Avez-vous atteint vos objectifs, avez-vous des déceptions ? J’ai terminé à la 5 ème place au 1500 mètres fauteuil, c’est une place juste pour mon niveau. Au relais 4 x 400, il fallait un « finisseur », on a gagné la médaille de bronze, ce fut pour moi une médaille inattendue et une belle surprise.

45 La déception est venue du marathon, une de mes roues de fauteuil a crevé juste au niveau de la sta- tue de Mao, j’ai été obligé d’arrêter la course alors que j’étais dans le groupe de tête.

Qu’avez-vous ressenti sur le podium ? Entre la fin de la course et la montée sur le po- dium, il y a tout un processus de contrôles, c’est long. On se retrouve avec nos adversaires, on est détendu, on rigole bien. Cela devient solennel au moment de l’entrée dans le stade. L’équipe ayant remporté la médaille d’or étant chinoise, la foule était survoltée. Il est difficile d’être concentré sur tout ce qui se passe à ce moment là. C’est merveilleux de pouvoir partager ce moment avec les membres de son équipe. Pour l’anecdote, j’ai réussi à emmener le drapeau breton sur le podium : un exploit, cela était strictement interdit.

Et Londres 2012 ? Je rentre d’un stage de 3 semaines aux Canaries avec 2 séances d’entraînement par jour. Les compétitions de sélection sont fixées au mois de mars aux Emirats-Arabes. Si je travaille bien et si tout se passe bien j’aurai peut-être une chance d’être sélectionné.

Comment arrivez-vous à concilier votre carrière sportive et votre vie pro- fessionnelle et privée ? L’année des Jeux est une année un peu compliquée pour la vie familiale. Côté professionnel, Internet facilite beaucoup les choses car cela rend possible la ges- tion à distance. L’objectif premier sont les Jeux, le reste est mis de côté.

Votre médaille aux JO de Pékin a-t-elle changé votre vie ? Une médaille aux Jeux, cela reste dans la tête des personnes, contrairement aux championnats du Monde. On rencontre beaucoup de gens, cela simplifie les cho- ses au niveau professionnel. Si on sait un peu y faire, cela peut même ouvrir des portes et créer des opportunités.

Le sport aujourd’hui… qu’en pensez-vous ? Il y a de très bons résultats, c’est grâce à tous les bénévoles qui tiennent à bout de bras le sport en France. C’est grâce à ces personnes passionnées et moti- vées que cela est possible. Je ne sais pas si ce système va tenir très longtemps avec les moyens financiers et techniques qui ne suivent pas…

Souhaitez-vous nous préciser d’autres éléments pour conclure? J’arrive au terme de ma carrière et ce serait vraiment formidable d’être sélection- né aux JO de Londres. Le sport de haut niveau m’a permis de parcourir le mon- de et de rencontrer plein de gens. 46 isme X Cycl ieuc BM Saint Br

Laëtitia Le Corguillé a décroché la médaille d’argent aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008.

Qui êtes-vous ? D’où venez-vous ? Je m ‘appelle Laëtitia Le Corguillé, je suis née à Saint-Brieuc, j’ai 25 ans. J’ai habité à Langueux jusqu’à l’âge de 18 ans. Mes études et la pratique de mon sport m’ont amené à quitter la Bretagne. J’ai été, pendant plusieurs années, pensionnaire au Pôle Cyclisme à Aix-en-Provence.

Comment avez-vous débuté ce sport ? Mon grand frère Emeric se débrouillait très bien dans cette nouvelle discipline venue d’Outre-Atlantique. Tout naturellement avec ma sœur jumelle Audrey, nous avons essayé ces drôles de vélos et nous avons accroché tout de suite, nous avions 5 ans. Notre papa Joël, fan de moto et de foot, s’est pris également au jeu et il s’est investi dans le club de nos débuts le Trégueux BMX. Par la suite il a créé le Saint- Brieuc BMX dont il est le Président.

Vous avez participé aux Jeux de Pékin en 2008, comment s’est effectuée votre sélection ? Je dirais qu’elle s’est effectuée de façon naturelle, les résultats que j’avais obte- nus dans les différents championnats, épreuves internationales (championnats de France, championnats d’Europe, championnats du Monde) et épreuves de qualification préolympique me permettaient d’être assez confiante en ma sélec- tion.

Vous souvenez-vous de quelques évènements survenus lors de ces jeux (politique, économique, autre…) en France ? Dans le pays hôte ? J’avoue très sincèrement qu’à ce niveau de compétition nous ne pensons qu’à notre sport, à notre préparation physique et mentale. C’est une discipline qui demande beaucoup de concentration : le nombre d’épreuves sur une journée est très important mais les temps de compétition sont extrêmement rapides il faut alors donner le maximum de soi, ensuite décompresser le mieux possible avant d’attaquer une nouvelle série. Nous étions sans doute un peu protégés du mon- de extérieur en étant tous hébergés au village olympique mais, d’une manière générale, je ne fais pas de politique politicienne.

Comment avez-vous vécu ces jeux ? (ambiance, organisation …) Ce qui m’a impressionnée à Pékin, c’est l’ampleur de l’événement, le rassemble- ment de tant de sportifs dans un village olympique magnifique mais tellement imposant, tout était surdimensionné. L’ambiance y était extraordinaire, toutes les disciplines se retrouvaient, se côtoyaient. 47 J’ai eu l’occasion de croiser Mi- chaël Phelps ou encore Laure Ma- naudou, j’avoue que cela ne m’a pas spécialement impressionnée, ce sont avant tout des sportifs (comme moi). Je n’étais pas pré- sente à la cérémonie d’ouverture des jeux, mais j’ai assisté à la clô- ture, je dois dire que j’ai été bluffée, c’était grandiose. La pression était retombée, tous les athlètes étaient heureux de se retrouver et fiers d’être là. C’était la grande commu- nion pour l’amour du sport.

Les prochains jeux auront lieu en 2012 à Londres, vous serez naturelle- ment du voyage ? La sélection définitive se fera fin mai 2012. Le nombre de postulants est en net- te augmentation – la discipline est de plus en plus largement médiatisée – le niveau est également de plus en plus relevé : les Etats-Unis, l’Australie ou en- core le Danemark se découvrent chaque jour de nouvelles pointures. Il me fau- dra aller chercher ma sélection en figurant bien dans les épreuves préolympi- ques et les épreuves de la coupe du Monde.

Votre vie (professionnelle, privée) a-t-elle changé après cette médaille ? Non. Je pense que la discipline reste un peu confidentielle et qu’il est difficile de négocier quelques contrats publicitaires. J’ai cependant obtenu un contrat de partenariat avec la Police Nationale. Je passe en troisième année (diplôme d’é- tat) à l’Institut Supérieur de Rééducation Psychomotrice de Marseille et j’espè- re en faire mon métier. Je souhaiterais m’occuper d’enfants handicapés, peut- être que mon parcours sportif me sera utile…

Quel regard portez-vous sur le sport aujourd’hui et sur l’évolution des J.O ? Le sport, c’est l’école de la vie, l’école du courage, de la persévérance. Dom- mage que son image soit ternie par la « planète foot » où l’argent est roi. Ce- pendant je conseille à tous, jeunes et moins jeunes, de pratiquer une activité physique. Le sport de haut niveau est très exigeant, il faut d’autres motivations. Si l’on n’aimait pas ce que l’on fait, on pourrait même parler de sacrifices. Pour ma part je consacre de 14 à 16h par jour toute l’année : entraînement, prépara- tion physique, préparation psychologique… On ne peut pas parler du sport – et en particulier du sport cycliste – sans parler de dopage. Je ne sais pas s’il exis- te dans le BMX, mais pour ma part j’ai habituellement un taux d’hématocrite de 36 (les connaisseurs comprendront) mais c’est peut-être parce que je dévore des galettes complètes et des crêpes au chocolat.

48 le handisport e tab es Club nnis d ort Renn Te Handisp

Médaille de bronze au Jeux paralympiques de Pékin en 2008.

Qui êtes-vous ? D’où venez-vous ? Je suis Audrey Le Morvan, j’ai vingt-quatre ans. J’ai commencé le sport par la gymnastique, le foot, l’athlétisme puis je suis venue au "Ping" à l’âge de huit ans au club de Louannec (22). Michelle SEVIN est venue faire une compétition, j’ai pu discuter avec elle et j’ai eu envie de faire des compéti- tions handisport. Ayant bien progressé dans mon club j’ai eu ma première sélection en équipe de France en 2003.

Votre première sélection a-t-elle été difficile ? Ayant bien progressé et la fédération voulant rajeunir les effectifs, cela m’a permis d’intégrer l’équipe de France et de participer au championnat d’Eu- rope à Zagreb en 2003. J’ai ainsi obtenu une "wild-card" en tant que huitiè- me joueuse et j’ai pu participer aux Jeux Olympiques d’Athènes en 2004.

Comment avez-vous vécu ces Jeux ? C’est une extraordinaire découverte car nous ne sommes plus uniquement des joueurs et joueuses de tennis de table, mais des membres de l’équipe de France toutes disciplines confondues. Un seul petit regret : le tennis de table jouant tous les jours, nous n’avons pas pu voir et encourager les membres de l’équipe de France des autres disciplines.

La découverte des Jeux ? La cérémonie d’ouverture est un moment extraordinaire et très impression- nant. Entrer dans le stade plein à craquer avec cette foule qui vous acclame est un moment qui restera à jamais gravé dans ma mémoire.

Racontez-nous votre participation à ces Jeux J’étais la huitième joueuse mondiale, j’ai donc participé à la compétition par équipe ce qui m’a permis d’obtenir, avec mes camarades, la médaille de bronze. Etre sur le podium olympique, c’est magique, on voit son nom affi- cher sur des écrans géants, on a un peu de mal à y croire.

49 Après Athènes votre parcours ne s’est pas arrêté là, ce fut Pékin ? En effet après Athènes, j’ai été sélectionnée pour les Jeux de Pékin en 2008, l’objectif était de faire un podium. En compétition individuelle je suis tombée dans une poule très forte et j’ai raté la sortie d’un set. En compétition par équi- pe nous avons obtenu la médaille de bronze : après avoir joué en quart de finale, je me suis reposée en demi-finale et j’ai gagné mon match en simple ce qui nous a permis de monter sur la 3 ème marche du podium. A Pékin dans une salle avec plus de 10 000 personnes l’ambiance était extraordinaire.

Après ces médailles Olympiques, votre vie personnelle ou profession- nelle a-t-elle changé ? Oui, étant sur la liste des athlètes de haut niveau établie par le ministère des sports, à la fin de mes au CENS (Centre d’études créé par le CROS Pays-de-la-Loire pour les sportif de haut-niveau), le Pôle Emploi m’a em- bauchée en qualité de sportive de haut niveau. Depuis octobre 2010 je tra- vaille avec une CIV (Convention d’Insertion Professionnelle), je suis déta- chée pour les stages et compétitions que je fais avec l’équipe de France et j’ai aussi, il ne faut pas l’oublier, des horaires aménagés.

Et maintenant quels sont vos objectifs ? J’espère pouvoir être sélectionnée pour les JO de Londres en 2012. Les sélections officielles auront lieu en mai 2012.

Que pensez-vous du sport d’aujourd’hui ? On remarque une nette préoccupation des clubs pour le handisport tant sur le plan loisir que pour le sport de compétition. Le niveau général est en très nette progression et on note une professionnalisation des compétiteurs.

50 g Charles Lelon la victoire de 1912 - 2012,

Charles Louis Lelong est le premier participant breton aux Jeux Olympiques (Stockholm 1912). Son record personnel sur 400 m en 1912 est de 50 se- condes et 2 centièmes. Cet athlète français spécialiste du 400 mètres fut licencié à l'Union Sportive de Rennes. Il est devenu champion de France du 400 mètres en 1912. Il faisait partie de la délégation française qui participa aux Jeux olympiques de 1912 à Stockholm. Éliminé dès le premier tour au 100 mètres et au 200 mètres, il atteignit les demi-finales du 400 mètres. Il remporta, en fin de compétition, la médaille d'argent du relais 4 x 400 mètres aux côtés de Charles Poulenard, Pierre Failliot et Robert Schurrer. Avec un temps de 3 minutes, 20 secondes et 7 centièmes, l'équipe de France termina à plus de quatre secondes des États-Unis lesquels ont établi le nouveau re- cord du monde.

Né le 18 mars 1891 à Aunay-sur-Odon, il est décédé le 27 juin 1970 à Lan- nion. Pour la réalisation de ce livret, il faut remercier particulièrement :

• Mesdames et Messieurs les médaillés olympiques bretons. Leur disponibilité, leur humilité et leur amour des Jeux ne peut que véhiculer une excellente image du sport olympique. Que leur expérience inspire les jeunes sportifs.

• Mesdames et Messieurs les interviewers (bénévoles et sala- riés du CROS*). Ils ont su s’engager, se rendre disponibles pour rencontrer les champions bretons avec bienveillance et avec la volonté de mettre chacun en valeur.

• Mesdames et Messieurs les dirigeants de la DRJSCS et de la Région Bretagne qui soutiennent quotidiennement l’action du Comité Régional Olympique et Sportif de Bretagne.

James BLATEAU Vice-président du CROS Délégué Communication

* les interviewers : Claude BROSSARD, Alain GUENET, Jean MOY, Jacqueline PALIN, Frédéric ALLAIRE, Jean-Luc PAUGAM Gisèle LE TUHAUT, Lucile LEBORGNE, James BLATEAU, Sylvie COEFFARD. Comité Régional Olympique et Sportif de Bretagne Maison des Sports 13b, avenue de Cucillé 35065 Rennes cedex 02.99.54.67.87 [email protected]

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