La Chanson De Sicile (PDF)
Chapitre 19 La chanson de Sicile 1) La chanson populaire et les cantastorie. La Sicile est une région de riche tradition musicale, et son histoire fait qu’elle a hérité de nombreuses sources musicales et culturelles, depuis les chants des Grecs anciens qui ont laissé des traces dans le chant des pleureuses, jusqu’à la musique arabe que l’on retrouve dans les chants des charretiers, etc. On a peu étudié la pratique musicale de la cour de Frédéric II (dont on connaît l’intérêt qu’il portait à la musique et à la chanson germanique et sicilienne), mais on connaît bien par exemple celle des cantastorie aveugles de Palerme à partir du XVIIe siècle, qui étaient réunis en une congrégation sévèrement disciplinée, et chantaient des chants tant religieux que profanes, à condition qu’ils ne soient pas « scandaleux », les triunfi, chants en hommage d’un saint pour le remercier d’une grâce reçue, pendant que le prêtre disait la messe et que l’on brûlait de l’encens ; on racontait l’histoire de la vie du saint, puis on continuait avec L’abballu de li virgini, le bal des vierges au Paradis devant Dieu, où l’on récitait les noms des vierges béatifiées en finissant par la Vierge Marie ; puis des litanies pour celui qui organisait la fête, après quoi on partageait des gâteaux et des liqueurs ou un véritable repas. Dans cette cérémonie, le sacré et le profane étaient donc étroitement mêlés. Les instruments étaient le violon (toujours joué par le chef de chœur aveugle), la guitare, et le violoncelle, remplacé plus tard par la guitare ou l’accordéon, mais aussi le luth, le rebec (instrument à cordes introduit par les arabes), la harpe, le colascione (luth à long manche de 3 ou 6 cordes venu d’Orient) ; les musiciens étaient trois ou quatre.
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