la bande dessinée dans la même collection vers la vidéo-animation pour une pédagogie de l'audio-visuel initiation à la sémiologie du récit en images jacques'zimmer

la bande dessinée

les cahiers de l'audio-visuel Dessin de couverture de Jean-François Millet Tous droits de reproduction même partielle par quelque procédé que ce soit réservés pour tous pays. Copyright by Ligue française de l'enseignement et de l'éducation permanente. La bande dessinée n'a plus besoin de défenseurs : le temps n'est plus où toute préface se devait d'être nostalgique, agressive ou lyrique. Le temps n'est plus des rudes affrontements entre procureurs hargneux et avocats apologétiques. La B.D. est unanimement reconnue comme langage et chacun sait, depuis Esope que la langue charrie le pire et le meilleur : comme le cinéma, la télévision, la presse, le livre de poche, la bande dessinée est un phénomène de surconsommation. Les mass media véhicu- lent, via l'information, les idéologies : aux éducateurs la tâche d'apprendre à lire et à démystifier les messages. Mais, de grâce, pas « d'enseignement de la bande dessinée ». On a ouvert une chaire à la Sorbonne : je ne suis pas sûr que ce mieux ne soit pas l'ennemi du bien. A copier quinze fois : « Christophe (de son vrai nom Georges Colomb), 1856-1945, est le trait d'union entre Wilhem Bush (1832-1908) et Rudolph Dirks, créateur des Katzenjammer Kids (1895, en français « Pim Pam Poum »)... » Surtout pas ça !... Il faut introduire à l'école un moyen d'expression vivant, former des lecteurs, informer des consommateurs, utiliser l'image comme moyen pédagogique, susciter le débat, organiser le travail par groupes, ouvrir la bibliothèque de classe à ce qui est souvent encore pourchassé dans l'enceinte scolaire. Et rappeler comme Cavanna : « Pas de baratin, pas d'exégèse... nous n'avons pas à vous dicter ce que vous devez penser. Vous saurez bien trouver votre plaisir tout seul... » Le présent opuscule s'adresse délibérément aux enseignants et animateurs : nous avons voulu leur proposer des matériaux (fiches et diapositives) permettant d'aborder le genre sous différents éclaira- ges et, esquisser quelques schémas d'analyse. Mais surtout amener à la connaissance des œuvres elles-mêmes.

La première partie de cet ouvrage reprend (revues et corrigées) les 104 fiches parues dans B.D. 72. La seconde partie est inédite.

les personnages

Rendre compte en 158 documents des personnages essentiels de la Bande Dessinée s'est révélé une entreprise délicate, sinon impossible. J'ai donc taillé, retaillé et, chemin faisant, privé ce petit musée de quelques belles pièces. Je revendique l'entière responsabilité d'un choix éminemment subjectif (mais était-il possible de faire autre- ment). J'ai cependant tenu : e A n'éliminer aucun personnage à succès, même de médiocre inspiration afin de rendre compte aussi des publications les plus bassement commerciales. e A proposer surtout des séries actuellement éditées en France. La méthode de classement proposée est la suivante : e Huit grandes catégories : les comiques, les parodiques, les politiques et satiriques, les poétiques et insolites, les quotidiens, les fantastiques, les héroïques, les érotiques. a Quatre périodes : avant 1920, de 1920 à 1940, de 1940 à 1960, après 1960. Le tableau figurant aux pages suivantes permettra à l'utilisateur de se servir, selon ses besoins, des diapositives en abscisse ou en ordonnée. En ce qui concerne la classification par genre, il est bien évident que l'on pourra discuter à perte de vue tel ou tel cas particulier : les bandes dessinées les plus riches ont le plus souvent des fonctions variées. Pour prendre un exemple : Peanuts est une bande comique, politique et satirique, poétique et insolite, basée sur le quotidien et comprenant à l'occasion des éléments fantastiques. Nous vous proposons par ailleurs d'autres possibilités de classement par thèmes. Nous intéressant plus à la Bande Dessinée actuellement publiée, qu'aux collections privées, nous avons marqué une nette préférence pour les documents récents : parce qu'il n'est pas toujours vrai que le créateur d'une série en soit le meilleur interprète, et parce que nous voulons considérer la Bande Dessinée comme un art vivant.

Le « générique » de chaque fiche est classé comme suit : 1. Nom du personnage principal (ou de la série). Traduction française s'il y a lieu. 2. Date début publication. 3. Dessinateur-scénariste (du document reproduit). 4. Principaux dessinateurs ayant illustré le personnage (dans l'ordre). 5. Journal, revue ou éditeur actuel (en France) albums. 6. Remarques diverses. Les numéros (1) précédant chaque fiche correspondent au numéro des diapositives. LES COMIQUES

1. Pim Pam Poum. Voir également : 2. Zig et Puce. 105. Mickey. 3. . 107. Martin Milan. 4. Tintin. 108. La tribu terrible. 5. Spirou. 109. Voisin et Ford T. 6. Pif le chien. 110. Cellulite. 7.8.9. Peanuts. 10. Gaston. 11. Barbe Noire. 12. Achille Talon. 13. Iznogoud.

Comme le cinéma, la Bande Dessinée a affirmé, dès l'origine, une évidente vocation comique : aux grands burlesques du muet correspondent les premiers grands succès des comics : pratiquent, comme Laurel et Hardy la bouffon- nerie, la tarte à la crème, le comique de destruction. On retrouverait de même dans la Famille Illico le reflet des comédies de mœurs américaines de l'entre-deux guerres et dans l'humour complexe de Shultz ou de Copi, l'équivalence des formes les plus subtiles de l'humour contemporain. C'est peut-être à cet apparent manque de gravité que la Bande Dessinée a dû d'être trop longtemps méprisée par les intellectuels. Et pourtant, le rire n'est-il pas la forme la plus efficace de la contestation ?

1. PIM PAM POUM 1. The Katzenjammer Kids (Pim Pam Poum). 2. 1897. 3. Rudolph Dirks. 4. Rudolph Dirks - H. Knerr - John Dirks - - Joe Musial. 5. Journal de Mickey - Gag de Poche - Albums (Hachette). 6. Dirks ayant quitté le journal d'origine, reprit la série sous le titre de « The captain and the kids » (Le capitaine et les garnements), tandis que H. Knerr poursuivait la série originale. Inspirée de la série de Wilhelm Busch (Max and Moritz), Pim Pam Poum est l'une des plus anciennes Bandes Dessinées du monde. Exilés depuis plus de soixante-dix ans sur une île habitée par de débonnaires indigènes, les deux super-affreux jojos n'ont cessé d'inventer les plus abominables farces que l'on puisse imaginer, suivant un schéma rigoureusement inchangé : invention, et exécu- tion, confusion et colère des victimes (le capitaine ou l'astronome), le tout se terminant généralement par une gigantesque fessée. Recette éprouvée et style vieillot, mais Pim Pam Poum se distinguent des histoires « d'enfants terribles » par une agressivité, voire une méchanceté rares dans les récits similaires. On ne manquera pas de ranger le malheureux capitaine parmi les martyrs de la démission domestique : subjugué par Tante Pim, martyrisé par les enfants, victime des plus effroyables erreurs judiciaires ; à raison d'une farce par semaine, c'est très probable- ment le personnage le plus brimé de toute l'histoire de la Bande Dessinée.

2. ZIG ET PUCE 1. Zig et Puce. 2. 1925. 3. Alain Saint-Ogan. 4. Alain Saint-Ogan - Greg. 5. Tintin - Albums : rééditions (Saint-Ogan) et Albums Tintin (Greg). Un grand garçonnet, mince et un peu triste avec de faux airs de Stan Laurel et un petit rouquin grassouillet et expansif ont fait le tour du monde en compagnie d'un pingouin rencontré au pôle nord : héros des années folles partis chercher la fortune aux Amériques, Zig, Puce et Alfred symbolisent parfaitement la Bande Dessinée de l'entre deux-guerres : gentillesse du récit, dessin approximatif, mais déjà de remarquables trouvailles dans l'utilisation du montage et l'expression de l'intériorité. En reprenant la série, Greg l'infléchit vers un humour plus fin et plus verbal. Zig et Puce se situent à mi-chemin entre un univers quotidien réaliste et la féérie de l'aventure.

3. POPEYE 1. Popeye. 2. 1929. 3. . 4. Elzie Chris /e/- Segar - Bela Zaboly - Bud Sagendorf. 5. Le Parisien libéré - Albums (M.C.L.). Popeye, le matelot borgne aux avants-bras pléthoriques et au langage approximatif est devenu, par la Bande Dessinée et le cartoon, un mythe international : Popeye = épinards = force (Toot - Toot !) Mais qu'on ne se fie pas aux apparences : l'univers de notre sympathique matelot est celui de la laideur, de la caricature grinçante, de la goinfrerie, de la stupidité et de la violence : tous (ou presque tous) les vices de l'humanité sont contenus dans cette bande magnifique et sordide, vulgaire jusqu'au délire d'un comique de destruction absolu. 4. TINTIN 1. Tintin. 2. 1929. 3. Hergé. 5. Tintin - Albums (Casterman). Dois-je l'avouer, je n'aime pas beaucoup Tintin bien qu'il ait nourri mon enfance et malgré les remords tardifs de son créateur en matière de racisme politique. Je trouve cette série assez niaise et peu inventive : ni les délires verbaux du capitaine Haddock, ni les balourdises des Dupont et Dupont ne me paraissent dépasser la conformité douillette d'une bande bien sage, trop mesurée et passablement rétrograde. Il reste un phénomène d'édition unique, une vingtaine de millions d'albums vendus, et l'origine d'une école Belge qui a donné depuis bien des satisfactions. 5. SPIROU 1. Spirou. 2. 1938. 3. Franquin. 4. Rob Vel - Jije - Franquin - Fournier. 5. Spirou - Albums (Dupuis). Spirou présente bien des caractères communs à Tintin : comme lui garçonnet-adolescent vivant à travers le monde des aventures très au-dessus de son âge, comme lui accompagné d'un (bientôt deux) animaux familiers, comme lui, il s'adjoint très vite un compagnon faire-valoir comique. Imaginé en 1938 par Rob Vel, Spirou a donné son nom au meilleur journal pour l'enfant de l'après-guerre. Conformiste et réaliste à ses débuts, la série « décolle » avec l'arrivée de Franquin qui introduit petit à petit des éléments fantastiques et humoristiques et surtout en 1955 l'étonnant Marsupilami (Houba Houba). Document n° 5, de gauche à droite : le Marsupilami - Fantasio - Spirou - Spip.

6. PIF LE CHIEN 1. Pif le chien. 2. 1952. 3. R. Mas. 4. J.-C. Arnal - R. Mas - L. Cance. 5. Pif - Humanité - Humanité Dimanche. Lui aussi a donné son nom à un journal pour enfants (Pif, héritier de Vaillant). Certes, le style de Arnal est très conventionnel et les gags plutôt ternes : mais les petites fables morales qui nous sont proposées s'adressent de préférence aux tout-petits. Une autre bande de J.-C. Arnal : Placide et Muzo, également très populaire, cultive la même gentillesse un peu mièvre. Document n° 6 : Pif le chien et son ennemi héréditaire Hercule.

7. 8. 9. PEANUTS 1. Peanuts. 2. 1950. 3. Charles Schultz. 5. Charlie (mensuel) - France-soir - Albums (Hachette). Sans nul doute, l'une des Bandes Dessinées les plus connues dans le monde, même si la France boude encore cette extraordinaire série (on estime à 60 millions le nombre de lecteurs). Les adultes n'interviennent jamais dans ce monde enfantin, microcosme ravagé par les démons du doute métaphysique (Snoopy), de l'égoïsme forcené (Lucy) et de la solitude morale (Charlie Brown). Y figurent également un jeune pianiste fanatique de Beethoven (Schroeder), une petite fille coquette (Sally), un petit garçon qui ne peut vivre sans sa couverture (Linus) et plusieurs personnages de moindre importance. Tout ce petit monde vit à mi-chemin du rêve et des dures réalités, s'entre-déchire à l'occasion avec une certaine férocité et dialogue sur les grands thèmes de l'homme et des rapports sociaux dans un savoureux mélange de lucidité et de naïveté. L'humour sarcastique de Schultz, son dessin volontairement dépouillé, son code très personnel composent un monde profondément original et follement drôle pour tout lecteur fidèle ; en effet, une parfaite connaissance des personnages, de leurs tenants et aboutissants se révèle nécessaire à la compréhension de ce qui est peut être la plus aboutie et la plus originale des bandes actuellement publiées. Il nous faut enfin réserver une place toute particulière à Snoopy, le chien philosophe qui dort sur le toit de sa niche et vit en imagination les aventures les plus éloignées de la saga canine : citons, en les cahiers de l'audio-visuel édités par le service audio-visuel de la Ligue française de l'enseignement et de l'éducation permanente 3, rue Récamier 75341 PARIS CEDEX 07 Tél. : 544-38-71 Le directeur de la publication : Paul FAHY

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