En hommage à Samuel Paty Lettre de Camus à Louis Germain, son premier instituteur Cher Monsieur Germain, J'ai laissé s'éteindre un peu le bruit qui m'a entouré tous ces jours-ci avant de venir vous parler un peu de tout mon cœur. On vient de me faire un bien trop grand honneur, que je n'ai ni recherché ni sollicité. Mais quand j'ai appris la nouvelle, ma première pensée, après ma mère, a été pour vous. Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j'étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé. Je ne me fais pas un monde de cette sorte d'honneur mais celui-là est du moins une occasion pour vous dire ce que vous avez été, et êtes toujours pour moi, et pour vous assurer que vos efforts, votre travail et le cœur généreux que vous y mettiez sont toujours vivants chez un de vos petits écoliers qui, malgré l'âge, n'a pas cessé d'être votre reconnaissant élève. Je vous embrasse, de toutes mes forces. Albert Camus Extrait de la réponse de Monsieur Germain Avant de terminer, je veux te dire le mal que j'éprouve en tant qu'instituteur laïc, devant les projets menaçants ourdis contre notre école. Je crois, durant toute ma carrière, avoir respecté ce qu'il y a de plus sacré dans l'enfant: le droit de chercher sa vérité. Je vous ai tous aimés et crois avoir fait tout mon possible pour ne pas manifester mes idées et peser ainsi sur votre jeune intelligence. Lorsqu'il était question de Dieu (c'est dans le programme), je disais que certains y croyaient, d'autres non. Et que dans la plénitude de ses droits, chacun faisait ce qu'il voulait. De même, pour le chapitre des religions, je me bornais à indiquer celles qui existaient, auxquelles appartenaient ceux à qui cela plaisait. Pour être vrai, j'ajoutais qu'il y avait des personnes ne pratiquant aucune religion. Je sais bien que cela ne plaît pas à ceux qui voudraient faire des instituteurs des commis voyageurs en religion et, pour être plus précis, en religion catholique. A l'École normale d'Alger, mon père, comme ses camarades, était obligé d'aller à la messe et de communier chaque dimanche. Un jour, excédé par cette contrainte, il a mis l'hostie « consacrée» dans un livre de messe qu'il a fermé ! Le directeur de l'École a été informé de ce fait et n'a pas hésité à exclure mon père de l'école. Voilà ce que veulent les partisans de « l'École libre » (libre.., de penser comme eux). Le Canard Enchaîné a signalé que, dans un département, une centaine de classes de l'École laïque fonctionnent sous le crucifix accroché au mur. Je vois là un abominable attentat contre la conscience des enfants. Que sera-ce, peut-être, dans quelque temps? Ces pensées m'attristent profondément. En hommage à Samuel Paty – Lettre de Jean Jaurès aux instituteurs "Vous tenez en vos mains l'intelligence et l'âme des enfants" 15 janvier 1888. Vous tenez en vos mains l'intelligence et l'âme des enfants ; vous êtes responsables de la patrie. Les enfants qui vous sont confiés n'auront pas seulement à écrire, à déchiffrer une lettre, à lire une enseigne au coin d'une rue, à faire une addition et une multiplication. Ils sont Français et ils doivent connaître la France, sa géographie et son his-toire : son corps et son âme. Ils seront citoyens et ils doivent savoir ce qu'est une démocratie libre, quels droits leur confèrent, quels devoirs leur impose la souveraineté de la nation. Enfin ils seront hommes, et il faut qu'ils aient une idée de l'homme, il faut qu'ils sachent quelle est la racine de nos misères : l'égoïsme aux formes multiples ; quel est le principe de notre grandeur : la fermeté unie à la tendresse. Il faut qu'ils puissent se représenter à grands traits l'espèce humaine domptant peu à peu les brutalités de la nature et les brutalités de l'instinct, et qu'ils démêlent les éléments principaux de cette oeuvre extraordinaire qui s'appelle la civilisation. Il faut leur montrer la grandeur de la pensée ; il faut leur enseigner le respect et le culte de l'âme en éveillant en eux le sentiment de l'infini qui est notre joie, et aussi notre force, car c'est par lui que nous triompherons du mal, de l'obscurité et de la mort. Eh ! Quoi ? Tout cela à des enfants ! - Oui, tout cela, si vous ne voulez pas fabriquer simplement des machines à épeler... J'entends dire : « À quoi bon exiger tant de l'école ? Est-ce que la vie elle-même n'est pas une grande institutrice ? Est-ce que, par exemple, au contact d'une démocratie ardente, l'enfant devenu adulte, ne comprendra pas de lui-même les idées de travail, d'égalité, de justice, de dignité humaine qui sont la démocratie elle-même ? » - Je le veux bien, quoiqu'il y ait encore dans notre société, qu'on dit agitée, bien des épaisseurs dormantes où croupissent les esprits. Mais autre chose est de faire, tout d'abord, amitié avec la démocratie par l'intelligence ou par la passion. La vie peut mêler, dans l'âme de l'homme, à l'idée de justice tardivement éveillée, une saveur amère d'orgueil blessé ou de misère subie, un ressentiment ou une souffrance. Pourquoi ne pas offrir la justice à nos cœurs tout neufs ? Il faut que toutes nos idées soient comme imprégnées d'enfance, c'est-à- dire de générosité pure et de sérénité. Lettre de Jean Jaurès aux instituteurs - suite Comment donnerez-vous à l'école primaire l'éducation si haute que j'ai indiquée ? Il y a deux moyens. Tout d'abord que vous appreniez aux enfants à lire avec une facilité absolue, de telle sorte qu'ils ne puissent plus l'oublier de la vie, et que dans n'importe quel livre leur œil ne s'arrête à aucun obstacle. Savoir lire vraiment sans hésitation, comme nous lisons vous et moi, c'est la clef de tout....Sachant bien lire, l'écolier, qui est très curieux, aurait bien vite, avec sept ou huit livres choisis, une idée très haute de l'histoire de l'espèce humaine, de la structure du monde, de l'histoire propre de la terre dans le monde, du rôle propre de la France dans l'humanité. Le maître doit intervenir pour aider ce premier travail de l'esprit ; il n'est pas nécessaire qu'il dise beaucoup, qu'il fasse de longues leçons ; il suffit que tous les détails qu'il leur donnera concourent nettement à un tableau d'ensemble. De ce que l'on sait de l'homme primitif à l'homme d'aujourd'hui, quelle prodigieuse transformation ! Et comme il est aisé à l'instituteur, en quelques traits, de faire, sentir à l'enfant l'effort inouï de la pensée humaine ! Seulement, pour cela, il faut que le maître lui-même soit tout pénétré de ce qu'il enseigne. Il ne faut pas qu'il récite le soir ce qu'il a appris le matin ; il faut, par exemple, qu'il se soit fait en silence une idée claire du ciel, du mouvement des astres ; il faut qu'il se soit émerveillé tout bas de l'esprit humain qui, trompé par les yeux, a pris tout d'abord le ciel pour une voûte solide et basse, puis a deviné l'infini de l'espace et a suivi dans cet infini la route précise des planètes et des soleils ; alors, et alors seulement, lorsque par la lecture solitaire et la méditation, il sera tout plein d'une grande idée et tout éclairé intérieurement, il communiquera sans peine aux enfants, à la première occasion, la lumière et l'émotion de son esprit. Ah ! Sans doute, avec la fatigue écrasante de l'école, il est malaisé de vous ressaisir ; mais il suffit d'une demi-heure par jour pour maintenir la pensée à sa hauteur et pour ne pas verser dans l'ornière du métier. Vous serez plus que payés de votre peine, car vous sentirez la vie de l'intelligence s'éveiller autour de vous. Il ne faut pas croire que ce soit proportionner l'enseignement aux enfants que de le rapetisser. Les enfants ont une curiosité illimitée, et vous pouvez tout doucement les mener au bout du monde. Il y a un fait que les philosophes expliquent différemment suivant les systèmes, mais qui est indéniable : « Les enfants ont en eux des germes de commencements d'idées. » Voyez avec quelle facilité ils distinguent le bien du mal, touchant ainsi aux deux pôles du monde ; leur âme recèle des trésors à fleur de terre ; il suffit de gratter un peu pour les mettre à jour. Il ne faut donc pas craindre de leur parler avec sérieux, simplicité et grandeur. Je dis donc aux maîtres pour me résumer : lorsque d'une part vous aurez appris aux enfants à lire à fond, et lorsque, d'autre part, en quelques causeries familières et graves, vous leur aurez parlé des grandes choses qui intéressent la pensée et la conscience humaine, vous aurez fait sans peine en quelques années œuvre complète d'éducateurs. Dans chaque intelligence il y aura un sommet, et, ce jour-là, bien des choses changeront Charte de la laïcité à l'École publique L'École « publique » est laïque 6. La laïcité de l'École offre aux élèves les conditions pour forger leur personnalité, exercer leur libre arbitre et faire l'apprentissage de la citoyenneté. Elle les protège de tout prosélytisme et de toute pression qui les empêcheraient de faire leurs propres choix. 7. La laïcité assure aux élèves l'accès à une culture commune et partagée. 8. La laïcité permet l'exercice de la liberté d'expression des élèves dans la limite du bon fonctionnement de l'École comme du respect des valeurs républicaines et du pluralisme des convictions. 9. La laïcité implique le rejet de toutes les violences et de toutes les discriminations, garantit l'égalité entre les filles et les garçons et repose sur une culture du respect et de la compréhension de l'autre. 10. Il appartient à tous les personnels de transmettre aux élèves le sens et la valeur de la laïcité, ainsi que des autres principes fondamentaux de la République. Ils veillent à leur application dans le cadre scolaire. Il leur revient de porter la présente charte à la connaissance des parents d'élèves. 11. Les personnels ont un devoir de stricte neutralité : ils ne doivent pas manifester leurs convictions politiques ou religieuses dans l'exercice de leurs fonctions. 12. Les enseignements sont laïques. Afin de garantir aux élèves l'ouverture la plus objective possible à la diversité des visions du monde ainsi qu'à l'étendue et à la précision des savoirs, aucun sujet n'est a priori exclu du questionnement scientifique et pédagogique. Aucun élève ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de traiter une question au programme. 13. Nul ne peut se prévaloir de son appartenance religieuse pour refuser de se conformer aux règles applicables dans l'École de la République. 14. Dans les établissements scolaires publics, les règles de vie des différents espaces, précisées dans le règlement intérieur, sont respectueuses de la laïcité. Le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. 15. Par leurs réflexions et leurs activités, les élèves contribuent à faire vivre la laïcité au sein de leur établissement. UBUNTU EDITO L’homme tue au nom des religions et des dieux et depuis longtemps! Mais de quoi s’agit-il depuis les siècles des siècles? L’homme devant la force de la nature et sa propre mort a toujours cherché à répondre à une angoisse métaphysique essentielle. Ainsi, les peuples primitifs créaient leurs systèmes de croyances, de rites et de pratiques régissant leurs rapports à la nature et au cosmos. Les mythologies grecques puis romaines inventèrent ensuite des dieux à l’image des hommes pour 2000 ans. Enfin se succédèrent monothéismes juif, chrétien et musulman chacun au nom d’un Dieu unique… Autant d’histoires correspondant à des successions de guerres et de conquêtes au nom des dieux du moment les uns s'imposant en détruisant les autres . Et nous en sommes encore là lorsqu’un catholicisme en déclin céderait la place à un islam né 600 ans plus tard mais aussi à un évangélisme récent qui compterait environ 660 millions de croyants dans le monde en 2020 aux Etats-Unis, Brésil, Afrique et aujourd’hui Europe. Or, il y a peu, le concept de laïcité invitait à s’affranchir des pouvoirs religieux impérialistes pour faire vivre en paix autant de religions sans contester la foi de leurs fidèles mais en mettant la religion à distance par l’égalité en droit et la non discrimination - ce que ne peuvent supporter évidemment ceux qui détiennent ces pouvoirs et abusent leurs disciples. Et on voit naître une série d’attentats que soutiennent Erdogan et les califes chiites ou sunnites au nom de la charia jusqu’à lancer le djihad contre les autres religions et les impies. Et, par un réflexe de même nature, naît ici une confusion entre islam et islamisme terroriste entretenue sans vergogne par exemple chez CNews où le très catholique Bolloré emploie Zemmour pour porter la bonne parole. Et nous voilà repartis vers des temps d’anathèmes et de malédictions… Que tous les dieux nous en préservent au nom de l’humanité! Francis Le Hérissé, rédacteur

Nb : UBUNTU est un atelier de la MIR et, naturellement, ce mensuel s’adresse d’abord à ses associations dont nous attendons les réactions pour un courrier des lecteurs – également ouvert à tous les lecteurs et lectrices

UBUNTU – Maison Internationale de Rennes - 7 quai Chateaubriand – RENNES Réalisation : MIDAF - Rédacteur : Francis Le Hérissé et de nombreux complices Chargé de mission : Morley Russel Moussala - assistant d’Alain Mabanckou UBUNTU n°26

p.1&3 Hommage à Samuel Paty p.4 Charte de la laïcité à l’Ecole publique p.5 Edito p.7à28 Le DOSSIER DU MOIS « Africa 20ème 21ème siècle », le regard des femmes p.29&30 Prix Nobel africains p.31à44 actualités – actualités – actualités - actus

APPEL STOP SILENCE HAÏTI 3 pages Sophie Pétronin libérée Alpha Condé en Guinée Ouattara en Côte d’Ivoire Nigeria une juste révolte Cessez-le-feu en Lybie Déchets plastiques au Kenya Invention du colonialisme vert

Commémoration à Brazza et appel à la réconciliation 4 pages p.44à47 Migrants, réfugiés et sans papiers p.48à58 A LIRE – Théâtre – Docu – BD - Musique p.62à79 Nos partenaires : ACHAC – Africultures – Ateliers de la pensée - ATTAC – CONFLITS - D’ailleurs et D’ici - La Cimade - Histoire coloniale - Madinin’art – Survie - Le dérangeur Petit Piment - Dictionnaire enjoué des cultures africaines p.80&81 FESTISOL 2020 Le programme de Festisol est évidemment à revoir et modifier pour cause de coronavirus… « Africa 21e siècle », le regard des femmes

Ming Smith née en 1950, à Détroit, 1ère artiste afro-américaine dont les œuvres ont été acquises par le Museum of Modern Art (MoMA) de . Mariée à David Murray, un musicien de jazz, elle s’installe à New York, entre Harlem et Greenwich Village et parcourt le monde, sans jamais oublié d’emporter son appareil photo. Sur le stand de la galerie Jenkins Johnson à San Francisco et à New York, elle déploie un petit panorama de ses photographies des années 1970 à 1990. Des précieux témoignages de la vie – tantôt ordinaire tantôt extraordinaire – et de la culture des Afro-Américains : un petit garçon très bien habillé accroupi dans la rue, une mère avec sa fille dans une cabine téléphonique, une serveuse dans un fast-food… « Quand j’ai commencé avec la photographie, il y avait un grand débat : la photographie, est-ce un art ? À l’époque, si l’on voulait être un photographe sérieux, c’était en noir et blanc. Parfois, j’ai regretté de ne pas avoir fait des photos en couleur. Elle immortalise surtout des artistes afro-américains entre temps devenus légendaires : Duke Ellington, James Baldwin, Nina Simone, Stevie Wonder, Tina Turner, Sun Ra ou Grace Jones : « Grace Jones était mon amie, longtemps avant qu’elle ne soit devenue une star.» Tina Turner pose pour elle devant le Bridge. « À l’époque, en tant que femme noire, ce n’était pas possible pour moi de vivre de la photographie. Donc, j’ai fait plein de choses différentes, par exemple des photos pour des gens que j’aimais bien, comme Tina Turner. » Sa façon très personnelle de faire agir la lumière sur la pellicule donne à ses tirages une autre dimension. Comme si elle réussissait à fixer l’esprit d’un instant tout en laissant passer le temps. Par exemple quand elle capte Sun Ra, pianiste mythique de l’afro-futurisme et du free-jazz, transcendé par la lumière dans un petit club de jazz à New York. Ou l’image de James Baldwin assis dans les rangs d’un théâtre vide dont les sièges sont légèrement colorés d’un ton de violâtre. À Paris Photo, chaque photo semble exprimer un acte artistique : double exposition, jeu avec la mise au point, des photos parfois marquées par le flou, mais toujours en noir et blanc : « Africa 20ème 21ème siècle », le regard des femmes Jeanne Moutoussamy-Ashe Pour Jeanne Moutoussamy-Ashe, née le 9 juillet 1951 à Chicago, dans l’Illinois, l’art a été une quête à vie. Sa mère, décoratrice d’intérieur et son père, architecte, ont encouragé son côté artistique. Profitant des opportunités offertes à Chicago, elle a commencé sa formation à l’âge de 8 ans, inscrite à des cours à l’Art Institute de Chicago. A New York elle reçoit un baccalauréat en photographie de la Cooper Union School of Art. En 1975, elle travaille comme graphiste et photojournaliste pour WNBC-TV. En octobre 1976, Moutoussamy-Ashe est engagé pour prendre des photos au United Negro College. Tout au long de sa carrière, Moutoussamy-Ashe a eu de nombreuses expositions en groupe et en solo dans des musées et des galeries du monde entier, notamment la Leica Gallery, le Museum of Modern Art, le Whitney Museum of American Art et le Brooklyn Museum of Art à New York; le Smithsonian et la National Portrait Gallery à Washington, D.C.; la Galerie Herve Odermat à Paris et l’Excelsior à Florence, entre autres Moutoussamy-Ashe a également donné des cours de photographie au niveau secondaire et collégial et continue de donner des conférences sur ce sujet dans de nombreuses institutions éducatives et culturelles. En dehors du domaine de la photographie et en tant qu’activiste et leader civique elle a été activement engagée dans des efforts philanthropiques impliquant des questions sociales, de santé et communautaires. Ses photographies contiennent de forts éléments narratifs et documentaires. Moutoussamy-Ashe a montré une propension à l’art africain et afro-américain. Elle a publié de nombreux livres mettant en vedette non seulement son propre travail, mais aussi celui de photographes noirs inconnus du passé. En 2001, son quatrième livre de photographies a été publié, intitulé The African Flower : The Singing of Angels. Le récit de ses photographies s’étend au-delà d’une image ou d’une série d’images pour créer; « Africa 20ème et 21ème siècle », le regard des femmes

Carrée Mae Weems, née en 1953 à Portland vit et travaille Brooklind et Syracuse. est une artiste afro-américaine dont les photographies, films et vidéos de Carrie Mae Weems ont été primés et présentés dans plus de 50 expositions aux Etats- Unis et à l'étranger. Ses recherches se concentrent sur les problèmes graves auxquels sont confrontés les Afro-Américains tels que le racisme, le sexisme, la politique et la construction identitaire. Politiquement très active dans le mouvement syndical, elle documente ses actions par le biais d’un premier appareil photo reçu en cadeau d’anniversaire. En 1983, elle achève sa première collection de photographies, de textes et de créations orales, intitulée Family Pictures and Stories. Les images racontent l'histoire de sa famille. Pour la photographe, il s’agit surtout d’explorer le mouvement des familles noires du Sud vers le Nord des Etats- Unis. Elle utilise ses proches comme modèles pour un thème plus large. En 1988, elle achève la série Is not Jokin ‘ où elle met l'accent sur les blagues raciales et le racisme intériorisé. Un autre projet American Icons, réalisé en 1989 porte également sur le racisme. Tout au long des années 1980, elle met en scène la réalité à travers de nouvelles créations mêlant texte, images, diptyques et triptyques. En 1990, le sexisme devient le point central de l'une de ses séries les plus connues The Kitchen Table series. À propos de ses séries, Carrie Mae Weems déclare : « J'utilise ma propre image pour questionner le rôle de la tradition, la nature de la famille, la monogamie, la polygamie, les relations entre hommes et femmes, entre femmes et femmes. » L’artiste exprime son incrédulité et son inquiétude quant à l'exclusion des images de la communauté noire des médias populaires, et en particulier les images de femmes noires. Son travail vise à représenter ces sujets exclus et à témoigner de leurs expériences de vies. Ses talents de photographe ont également été reconnus par l’University Harvard et le Wellesley avec la mise en place de bourses, de résidences d’artistes et des postes de professeurs invités. « Africa 20ème et 21ème siècle », le regard des femmes

Angèle Etoundi Essamba, camerounaise née à Douala en 1962, a vécu en France à partir de 8 ans. Elle est ensuite partie étudier la photographie à Amsterdam où elle habite désormais. Ses expositions font le tour du monde. Elle est aujourd’hui l’une des photographes africaines les plus acclamées de sa génération. Depuis sa première exposition en 1985 à Amsterdam, son travail a continué à être exposé dans des musées, des institutions, des foires d’art, des biennales et des galeries en Afrique, en Europe, aux États-Unis, en Amérique latine, aux Émirats arabes unis et en Asie. Le travail d’Essamba se situe à l’intersection du social/genre et du domaine artistique. Elle utilise sa photographie pour faire passer son message de façon créative. Son parcours varié et ses divers voyages et expositions ont non seulement profondément façonné son regard, mais aussi conduit son regard à être à la fois esthétique, idéaliste, réaliste et sociétal. Elle unit donc l’esprit de la photographie humaniste avec un fort attachement aux valeurs de la communion. Les femmes constituent le sujet principal de son expression artistique. Elle est une artiste engagée impliquée dans une réflexion sur l’identité de la femme africaine. Elle enregistre d’une manière esthétique une vision de la femme africaine et de la culture africaine, donnant une nouvelle interprétation de l’Afrique contemporaine. Les photos d’Angèle Etoundi Essamba témoignent de la vie des filles et des femmes en Afrique. Prises dans différents pays et sur différents lieux de travail, elles sensibilisent le spectateur sur le dur labeur des femmes. L’effort physique est constant et cela se voit sur leurs visages fermés, leurs regards vides. « Africa 20ème et 21ème siècle », le regard des femmes Leïla Alaoui, victime de l’attentat d’Ouagadougou en 2016 Leila Alaoui, née le 10 juillet 1982 à Paris et morte le 18 janvier 2016 à Ouagadougou (des suites des blessures reçues au cours des attentats du 15 janvier), est une photographe et vidéaste franco- marocaine. Elle a vécu entre Paris, Marrakech et Beyrouth. Son travail explore l’identité, les diversités culturelles et la migration dans l’espace méditerranéen. Utilisant la photo et la vidéo, elle a développé un langage visuel aux limites du documentaire et des arts plastiques. Son travail est exposé depuis 2009 (Art Dubaï, Institut du monde arabe) - apparu dans le New York Times et Vogue et représenté par les galeries Art Factum (Beyrouth), East Wing Dubaï et Voice (Marrakech). « Peu vont vers les sujets qui comptent, peu parlent avec leurs tripes » Cette baroudeuse vit en immersion avec les personnes qu'elle photographie. No pasara brosse le portrait de marocains qui rêvent d'avenir et dénonce la migration clandestine. Elle expose Crossings après avoir partagé 6 mois d'errance avec des migrants subsahariens depuis leur pays d'origine jusqu'au Maroc. Un triptyque d'écrans où défilent déserts, routes, forêts, hantés de voix off qui racontent le calvaire et de portraits en plan fixe. Dans sa série Les Marocains, la citoyenne du monde renverse les clichés orientalistes en se lançant dans un road trip à travers le Maroc rural. «Je fais le tour du Maroc, je plante mon studio et je shoote» Elle campe des marocains en costumes traditionnels sur fond noir. Toujours la même lumière, la même posture, elle doit aller très vite pour capter la noblesse et la fierté d'ethnies dont les coutumes disparaissent peu à peu. C'est un travail d'anthropologue. Pour chacun un portrait souvenir tiré sur imprimante. Les habitants redoutent le flash, voleur d'âmes selon certaines croyances. Le porteur d'eau avec son guerrab bariolé se prête une minute à l'exercice et repart aussi sec à ses affaires. Travail d'archive visuelle nourrie du brassage des cultures et d'un œil proche et distancié, mobile et immobile, méticuleux et poétique. « Africa 20ème et 21ème siècle », le regard des femmes

Mounia Youssef, née en 1988 à Lomé et résidant au Bénin, après sa formation en journalisme audiovisuel à l’Institut supérieur des métiers de l’audiovisuel de Cotonou, puis en graphic design à Acra, a entamé une carrière artistique en 2016. À travers ses œuvres de photographie et de graphisme, Mounia Youssef milite pour l’égalité des genres et valorise l'identité noire par la réécriture de nouveaux standards de beauté, notamment les cheveux crépus naturels des afro-descendants. Le thème central de son travail intitulé l'Hair du temps est le cheveu naturel afro sous toutes ses formes. Il s'agit d'une série de posters et de portraits réalisés en studio, avec des modèles qui répondent aux critères de sa thématique : afro descendants et cheveu nature. AfroVision est une exposition par laquelle Mounia Youssef revendique la réécriture de nouveaux standards de beauté qui soient propres à l’Afrique Noire moderne et contemporaine, consciente de ses réalités, qu’elles soient économiques, culturelles et traditionnelles. Ce n’est pas facile d’être métisse, il y a toujours une recherche identitaire dans tout ce qu’on fait. Quand j’étais enfant, j’habitais à Lomé avec mon papa et ma grande sœur. On savait pas si on était blanc ou noir, pour nous ça importait peu. Ce sont les gens qui nous l’ont fait comprendre avec des “yovos yovos”; quand on était avec des amis blancs, eux ils nous voyaient en black… C’était tout le temps une bataille dans la tête, je ne savais pas à quel “clan” j’appartenais. Avec le temps, je me suis rendue compte que ce n’était qu’une carapace; et que ce que les autres pensent n’engage qu’eux. Il faut aller plus loin encore. Le jour où en tant qu’africain, nous irons plus loin dans la découverte de notre histoire, ce sera un pas décisif dans notre développement en tant que peuple et en tant que continent. « Africa 20ème et 21ème siècle », le regard des femmes Yasmine Modestine Formée au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique, Yasmine Modestine est actrice, chanteuse, auteure de pièces de théâtre et de chansons. Elle partage sa carrière entre musique, théâtre, télévision, cinéma et radio. En 2015, elle publie l’essai Dommage que tu ne sois pas plus noire (Éditions Max Milo), dans lequel elle s’interroge sur son propre parcours professionnel de comédienne et sur la façon dont elle a été réduite à son métissage. En 2020, elle publie réduite à son métissage. En 2020, elle publie Noires mais blanches, blanches mais noires. Les figures féminines noires ou métisses au théâtre de Cléopâtre à Ourika (L’Harmattan). Que recouvre aujourd’hui, selon vous, la figure de la métisse dans l’imaginaire occidental ? La métisse est cet entre-deux qui trouble les mondes esclavagiste et colonial. Bien que l’enfant née d’une mère esclave soit d’emblée esclave, ce n’est jamais aussi simple. Dans les Amériques esclavagistes, des métisses libres avaient elles-mêmes été des esclaves. Les métisses étaient utilisées par les blancs contre les noires. Chaque nuance de couleur de peau était répertoriée, vous imaginez l’atmosphère putride dans les colonies… La colère que pouvaient ressentir les plus foncées envers les plus claires, le rejet des plus claires envers les plus foncées, et la haine des femmes blanches envers les métisses dont les maîtres abusaient. On lit parfois qu’elles étaient les « maîtresses » des blancs, mais en réalité elles n’avaient aucun choix. Le terme « maîtresse » est doublement impropre dans un contexte de domination blanche. Je parle de ces époques davantage dans mon premier livre Quel Dommage que tu ne sois pas plus noire (Éditions Max Milo, 2015). Dans mon dernier ouvrage, je me concentre sur les personnages de théâtre. Effectivement, le personnage de la métisse est bien souvent blanchi dans ses représentations, comme la Cléopâtre de Shakespeare ou l’adaptation à la scène de la nouvelle Ourika (1823) de Claire de Duras, petite fille sénégalaise élevée dans l’aristocratie, qui est métisse culturelle. De même, je m’intéresse aux personnages de femmes noires, comme Imoinda dans le roman d’Aphra Behn, qui de noire devient blanche sous la plume de l'auteur de théâtre Thomas Southerne ! « Africa 20ème et 21ème siècle », le regard des femmes Adana Delphine Fawundu Adama Delphine Fawundu, photographe et artiste visuelle née à Brooklyn, de parents de Sierra Leone et de Guinée équatoriale, cherche des moyens de communiquer avec ses proches – un groupe qui ne se limite pas seulement à ceux qui partagent un ancêtre commun direct, mais une définition large qui inclut tous ceux qui descendent des dispersés, des volés, de ceux pour qui la violence et l’opportunité de la mer sont à la fois un spectre et un fait de la vie quotidienne. Avec plus de quinze ans d’expérience comme photographe, Adama Fawundu améliore sa pratique en studio et a terminé sa maîtrise en arts visuels de l’Université Columbia en 2018. Elle utilise la photographie, la gravure, la vidéo, le son et l’assemblage comme langage artistique. Elle a cofondé et publié de manière indépendante le livre à guichets fermés MFON : Women Photographers of the African Diaspora, acclamé par la critique – d’où une tournée de conférences à la Tate Modern, Centre de Schomburg pour la recherche en culture noire et Harvard University Le livre se trouve dans de nombreuses bibliothèques à travers le monde, Adama Fawundu a remporté le Rema Hort Mann Emerging Artist Award, nommé 100 Women making an impact on Africa and its Diaspora d’OkayAfrica, et a fait partie des Cent héroïnes de la Royal Photographic Society (Royaume-Uni) en 2018.

Adama Fawundu a exposé à l’étranger, avec deux expositions individuelles en 2019 au African American Museum de Philadelphie et à la galerie Crush Curatorial de Chelsea, à New York. Ses œuvres sont publiées dans des anthologies telles que : Africa Under the Prism : Contemporary African Photography from the Photo Festival de Joseph Gergel, ReSignifications : European Blackamoors, Africana Readings, Edited by Awam Ampka, and Reflections in Black : A History of Black Photographers 1840-Présent par Dr. Deborah Willis. « Africa 20ème et 21ème siècle », le regard des femmes Joana Choumali, photographe de métier, en freelance, pour des entreprises privées, est une femme rayonnante, atypique et dont le travail respire l’air du temps. Le temps justement, c’est l’un de ses leitmotives, un invité de marque qui s’immisce dans nombre de ses séries photographiques. Car ce qui intéresse la photographe née en 1974 d’un père ivoirien et d’une d’une mère hispano-équato-guinéenne, c’est de capter les réminiscences d’un passé perdu dans le présent, les traces d’une génération oubliée à travers une Afrique en perpétuel renouvellement. Elle considère que la photo n’est pas obligée d’être démonstrative. Elle substitue la pudeur, la subtilité à la gesticulation bruyante. Ces photos ne cherchent ni à promouvoir, ni à persuader, mais à mettre en lumière l’égale humanité des hommes et des femmes. «Avec son appareil photo et son regard attentif, Joana s’arrête, se pose et observe : un point de vue intéressant, troublant, qui met en lumière ce que les Africain-e-s eux et elles-mêmes ne voient pas ou plus. Un vieil homme au visage recouvert de cicatrices, des formes plantureuses de femmes noires, des personnels de maison tapis dans l’ombre. Qui sont ces gens ? Que ressentent-ils ? Rien n’échappe à son regard intrigué et humaniste. « Haabré veut dire ‘écrire’ en kô. On a écrit sur nos visages… », explique Sougue B., un soudeur originaire du Burkina Faso. C’est l’un des portraits de Joana Choumali et il porte, comme tous les ceux qui ont accepté de poser pour la série, de larges scarifications sur le visage. « J’ai toujours été fascinée par les scarifications », explique la photographe. « Quand j’ai commencé mes recherches, je n’ai trouvé que des photos du début du 20e siècle, prises par des ethnologues. J’ai eu envie de photographier des gens portant ces marques, à l’époque contemporaine, dans cette grande ville qu’est Abidjan. La première image que j’ai prise a été celle de M. Konabé, un tailleur que je connaissais depuis des années. Son visage m’avait marqué. Il a accepté de poser, et sa femme aussi. » La série est exposée à Abidjan, à la Fondation Donwahi, dans le cadre de l’exposition collective Abidjan Arts Actuels. « Africa 20ème et 21ème siècle », le regard des femmes Zanele Muholi, activiste visuelle Zanele Muholi grandit dans un township à Durban. A Johannesburg à 19 ans, elle étudie le graphisme avant de s'inscrire en 2001 au Market Photo Workshop, l’école fondée par David Goldblatt. Muholi se définit comme "activiste visuelle« pour donner une visibilté à une communauté lesbienne marginalisée, souvent victime de violences, notamment par la pratique de viols punitifs Cet activisme, manifeste son intention de poser plusieurs défis à la société sud-africaine et ses photographies invitent à réfléchir sur la nature et la fonction de l’art et en même temps exigent que nous nous remettions en question sur ce que signifie être femme en Afrique et avoir choisi d’aimer une autre femme.

En Arles, pour «Somnyama Ngonyama» en zoulou «Salut à toi, lionne noire» elle présente une série d'autoportraits. Coquillages, pinces à linge et autres matériaux soulignent l'importance de la chevelure dans l'identité sud- africaine. « Le visage noir et ses détails forcent le spectateur à s'interroger sur son désir, en contemplant des images noircies de ma personne ». Chaque photo traduit un fait marquant de l'histoire politique contemporaine de son pays : 22 ans après la fin de l'apartheid, le combat contre toute forme de racisme et d'inégalité reste toujours d'actualité. « Africa 20ème et 21ème siècle », le regard des femmes Laylah-Amatullah-Barrayn BLACK: A Celebration of a Culture Laylah Amatullah Barrayn est une photographe documentaire basée à New York.. Ses travaux ont reçu des subventions et des bourses de l’International Women’s Media Foundation, de l’Institute for Research in African American Studies de l’Université Columbia et de la Research Foundation de la City University de New York. Elle a reçu quatre fois la Community Arts Grant du Brooklyn Arts Council. BRIC Arts l’a choisie comme boursière en arts médiatiques en 2015, où elle a produit son premier court métrage expérimental, « Sunu Fall ». La Fondation Lucie a inclus Barrayn sur la liste restreinte pour le Prix du photographe émergent « Photo prise » 2016. Elle est En Foco Photography Fellow 2018. Ses œuvres s’ont paru dans The New York Times, The Washington Post, BBC, OkayAfrica, Vogue, PDN, CBS, Quartz Africa, entre autres. Elle a organisé des expositions à la Brooklyn Historical Society, à la Brooklyn Public Library, à la Port Authority of NY/NJ, dans des galeries et des espaces non traditionnels, et a donné des conférences sur sa photographie à l’Université Yale, à l’Université Harvard, au Centre international de la photographie, Tate Modern, Université de New York, Université Howard, Centre Schomburg pour la recherche en culture noire. Son travail a été exposé à l’échelle internationale et a été publié dans l’anthologie produite par le Smithsonian, « BLACK : A Celebration of a Culture », éditée par l’historienne de la photographie et professeure Deborah Willis de l’Université de New York. Son dernier projet sur l’ordre soufi de Baye Fall du Sénégal a été exposé à la Galleria Biagiottie de Florence, en Italie, et au Museum of Contemporary African Diasporan Arts (MoCADA) de New York. Elle a récemment été artiste en résidence au Waaw Centre for Art and Design de Saint-Louis, au Sénégal. Elle est actuellement membre de Kamoinge, un collectif pionnier de photographes afro-américains fondé en 1963. Barrayn est co-auteur de MFON : Women Photographers of the African Diaspora.

Elle a collaboré avec Adana Delphine Fawundu à la création du livre essentiel MFON : Women Photographers of the African Diaspora « Africa 20ème et 21ème siècle », le regard des femmes Fatoumata Diabaté, née au Mali en 1980, est l’une des rares femmes photographes à vivre de son art en Afrique. Artiste engagée, elle développe un style au carrefour du photojournalisme et de la fiction. Formée en 2002 à la photographie argentique au Centre de Formation Audiovisuel Promo-Femmes de , elle remporte en 2005 le Prix Visa pour la Création dès sa première exposition aux Rencontres africaines de la photographie à Bamako. Passionnée par l’apparente spontanéité de l’acte photographique, elle crée en 2013, « Le Studio photo de la rue », un studio photo ambulant imaginé comme un hommage aux pères de la photographie africaine, Malick Sidibé et Seydou Keïta. Sur place, Fatoumata Diabaté tire le portrait en noir et blanc de passants qu’elle prend la peine d’accessoiriser : bouquets de fleurs en plastique, bracelets et chapeaux. L'artiste s’inscrit ainsi directement dans la lignée des photographes africains des années 1950-1960. Attirée par le portrait et la photographie humaniste et sociale, l’artiste a pour sujet principal les femmes et les jeunes générations au Mali. Ses deux séries : L’Homme en Animal et L’Homme en Objet, sont deux projets photographiques qui se sont développés en résonance de 2011 à 2015 autour du rôle des histoires et des contes dans la structuration de l’individu au Mali. Un langage symbolique fort, où l’objet et l’animal questionnent notre rapport au monde, modifient les corps et masquent la figure humaine. Objets usuels, masques improvisés et vêtements deviennent dans ses portraits les vecteurs symboliques d’une mémoire commune bien vivante, sans cesse réinventée. Elle a participé à de nombreux workshops et expositions collectives ou individuelles, Depuis décembre 2017, elle est présidente de l’association des femmes photographes du Mali. Fatoumata Diabaté s’impose dans le paysage de la photographie africaine avec des œuvres qui se caractérisent par leur spontanéité et leur sobriété. « Africa 20ème et 21ème siècle », le regard des femmes Emmanuelle Andrianjafy l'une des grandes photographes exposées à la Biennale de Bamako, A 36 ans, elle explore sa ville d'adoption, , dans laquelle elle ne se reconnaît pas vraiment. Elle a reçu plusieurs prix pour son premier livre Nothing's is in vain. Emmanuelle Andrianjafy, née en 1983, a grandi à Madagascar et a poursuivi ses études supérieures en France. Ingénieur en génie électrique de formation, elle passe plusieurs années en entreprise en France avant de déménager au Sénégal en 2011 pour rejoindre son mari. Elle mène des projets d’exploration avec une agence d’aventure et de voyage avant de se consacrer à la photographie en 2013. Son travail, constitué principalement de paysage, résulte de l’observation de son environnement. Emmanuelle a suivi des ateliers à l’International Center of Photography et Eyes in Progress. Elle travaille actuellement sur un nouveau projet au sein de l’Atelier Smedsby, atelier se déroulant sur une année et s’achevant en Mai 2016. Je me suis installée au Sénégal en Afrique de l’Ouest en 2011 suite à une affectation professionnelle de mon époux. Nous avons pris pied à Dakar, la capitale, une cité urbaine abritant des millions de personnes. Mon époux et moi sommes tous les deux originaires de Madagascar. Nous retournions donc en Afrique, bien que dans une région différente. À mon arrivée au Sénégal, j’ai mené des projets d’exploration en dehors de la capitale pour une agence d’aventure et de voyage. C’est à ce moment-là que j’ai choisi d’exercer la photographie. Jusqu’en 2014, je ne connaissais Dakar qu’à travers une fenêtre de voiture, flânant rarement dans les rues de la ville. J’ai décidé cette année-là d’explorer la ville dans le but de capturer le « vrai » Dakar. Centré sur des paysages urbains, ce projet traduit mon effort de redécouvrir mon environnement. « Africa 20ème et 21ème siècle », le regard des femmes Lina Iris Viktor, «guerrière de l’imaginaire» L’histoire de Lina Iris Viktor est à l’image des diasporas noires et africaines : née de parents libériens, elle vit d’abord à Londres, avant de faire ses études d’arts aux États-Unis. Naviguant entre les disciplines comme entre les continents, elle développe très vite un style personnel qui mêle figuration et travail sur les motifs, peinture et photographie, sculpture et performance. La galerie Amar de Londres a

Lina Iris Viktor accueilli sa première exposition solo, Black devant son œuvre Exodus : Materia Prima qui constitue le premier acte d’une série autour de la couleur noire et du corps féminin. L’occasion de découvrir une œuvre qui s’extrait de l’histoire linéaire et des frontières géographiques, artistiques, pour condenser différentes temporalités et créer un univers fantasmatique où le noir est souverain. Le noir, dans un Occident où la lumière est d’abord celle du divin, de la connaissance, puis plus tard, de la modernité industrielle, apparaît comme son contraire : l’absence de lumière, le vide, l’inconnu, voir le mal et l’impur. Ainsi Henry Morton Stanley désignait-il l’Afrique comme « le continent noir ». On comprend donc que le terrain de l’imaginaire demeure un champ de bataille politique et une matière à travailler en profondeur. Comment, dès lors, réinventer un imaginaire affranchi de ces représentations qui ont modelé nos regards durant des siècles, lorsqu’on est une femme issue de la diaspora noire ? Pour Lina Iris Viktor, il s’agit de faire du noir et de la symbolique qui lui est associé non plus un manque, mais une matière première. Par son travail de la matière picturale et de la feuille d’or, par sa recherche autour du motif et du corps, l’artiste fait bouger la colorline des imaginaires : le topos de l’absence, du non-dit, de la méconnaissance, ne sont plus attribués au « continent noir », mais à l’histoire officielle, qui relègue à l’ombre de ses Lumières celle des populations non-blanches. C’est dans ces creux, ces carences, que Lina Iris Viktor trace les contours mouvants d’un récit mythique, qui emprunte autant à l’uchronie qu’à la dystopie, tout en gardant de solides références à l’Histoire : la question de l’exode, centrale dans ce premier volet, nous rappelle que la diaspora noire est née d’un éclatement, et qu’elle ne peut être envisagée sans prendre en compte les différentes trajectoires qui l’ont agitée. « Africa 20ème et 21ème siècle », le regard des femmes Lina Iris Viktor L’Or, bon conducteur, devient ici le fil d’un courant alternatif, d’une histoire non linéaire, où les mythes ancestraux se lient au Temps du Rêve aborigène et aux rites maya, aztèques ou égyptiens et aux récits cosmologiques des Dogons du Mali. Loin de n’être assignée qu’à une fonction ornementale, la précieuse matière diffuse aussi sa symbolique dans les œuvres. Né de l’explosion d’étoiles mortes, cet élément généré au cœur des astres puis dispersé dans l’atmosphère, serait venu se loger au cœur des sols terrestres. Si l’on peut faire une analogie entre le noble métal et la diaspora africaine, tous deux marqués par l’éclatement et la dispersion, une « Union Black », 2017 autre lecture peut s’y superposer. La peinture noire et les motifs dorés qui viennent parsemer la peau comme une parure opèrent une continuité entre le corps et le paysage. L’autoportrait s’envisage donc moins comme une boursouflure de l’ego, que comme un détachement de soi, et une réinscription dans un espace-temps en interrelation avec le monde. L’artiste construit ainsi, au fur et à mesure de ses tableaux, ce que le poète antillais Édouard Glissant nommait des « paysages-relations » entendus non pas « simplement [comme] un pan de la nature qui stimule le mouvement entre les hommes et leurs espaces , mais une dynamique transférentielle qui appelle plus que le mouvement, “No. XVII, Theexaltations l’implication et le contact, entre la res extansa et la before time. She . . .” res cogitans, entre l’espace du sensible et la sphère de l’intelligible. Cependant, il subsiste entre les motifs ornementaux et la photographie du corps une forme de résistance à la perméabilité, qui distingue justement le contact de la fusion totale. S’il est vrai que la lumière (et notamment l’or), les couleurs, et les motifs rythment la composition, et si l’on reconnaît les formes humaines, ou le regard qui nous est parfois adressé, l’œuvre nous tient à distance respectueuse. Comme l’art des écritures, des icônes, ou des allégories, l’entrée dans le monde d’Iris Lina Viktor nécessite une forme d’initiation, échappant ainsi à la compréhension et à la consommation immédiate. « Africa 20ème et 21ème siècle », le regard des femmes Lebohang Kganye, née en 1990 en Afrique du Sud vit et travaille à Johannesburg. Après avoir obtenu le prix Tierney Fellowship Award dédié aux photographes en 2012, elle expose pour la première fois son travail personnel Ke Lefa Laka : Her-Story & Heir-Story dans la Market Photo Workshop Gallery à Johannesburg en 2013. Ke Lefa Laka : Her-Story & Heir-Story (2012-2013) ce travail en 2 parties commence le jour où l'artiste visuelle perd sa mère, son principal lien avec sa famille élargie. Dès lors, elle revient sur ses origines et visite les différents sites où sa famille a vécu. Elle y trouve des morceaux du passé à travers des photos ou des vêtements parsemés au fil des années. Au-delà de l'histoire familiale, Ke Lefa Laka explore le cadre politique, historique et économique de l’Afrique du Sud contemporaine et notamment la reconstruction du pays suite aux lois de l’apartheid et à l’amendement des lois territoriales. Pied Piper's Voyage (2014) En 2014, Lebohang Kganye fait partie du programme britannique The Space and Connect ZA, co-commission réunissant 6 artistes visuels britanniques et sud- africains émergents, liés au domaine de l'animation tout comme à celui de la création de pièces visuelles. Ellemusique,produitpourdans lace contexte la création intitulée Pied Piper's Voyage accompagnée des musiciens Auntie Flo et Esa Williams et présentée à Glasgow pour les commémorations du Mandela Day. S'phamandla (2009-2010) Le projet documentaire explore les questions de l’identité et du déplacement de population en photographiant les maisons de ce quartier résidentiel de Johannesburg. Il s’agit d’imaginer visuellement le Reconstruction and Development Programme (RDP) lancé dès 1994 en Afrique du Sud. « Africa 20ème et 21ème siècle », le regard des femmes Laeila Adjovi Métisse franco-béninoise, voyageuse nomade et résolument panafricaine, j’ai grandi au Gabon et en Afrique du sud. Après des études supérieures en France, j’ai vécu en Inde et en Nouvelle-Calédonie, avant de revenir sur le continent m’installer au Sénégal. Je suis venue à la photographie en autodidacte, par curiosité, et j’y suis restée par passion. Reporter, photojournaliste, camera woman, plasticienne, c’est toujours entre deux supports que j’exerce mon métier, et l’Afrique de l’Ouest est mon terrain de jeu depuis 2010. Ruée vers l’or au Sénégal Il y a environ cinq ans, d’importants gisements d’or étaient découverts dans la partie orientale du Sénégal. Alors que les sociétés internationales d’exploitation minière s’installaient, l’orpaillage artisanal a explosé. Des dizaines de milliers de chercheurs d’or, essentiellement venus du Mali voisin, ont traversé la frontière, transformant certains villages traditionnels en de petites villes, du jour au lendemain. Dans la région de Tambacounda, c’est ce qui s’est passé à Diabougou, devenu le plus important site d’orpaillage artisanal du coin.

En Malinké, Niafa signifie "le coucher", "l’endroit pour dormir". Ce campement où vivent les mineurs est désormais beaucoup plus grand que le village originel de Diabougou. Et on trouve tout dans le niafa, des outils, de la nourriture, de l’artisanat, mais aussi des prostituées et de l’alcool.

Les galeries peuvent aller jusqu’à 20 ou 30 mètres de profondeur. Mais parfois, les damas s’effondrent. « C’est un métier risqué, selon Sidi Macalou, jeune mineur sénégalais de 20 ans. Les mineurs peuvent être blessés ou tués ». « Africa 20ème et 21ème siècle », le regard des femmes Femmes photographes aux Rencontres de Bamako 2019 Astrid Sokona Lepoultier co-commissaire Franco-Malienne, j’ai grandi au Mali. Et je n’ai pas le sentiment que la femme photographe malienne ait eu plus de difficultés ou moins de facilités qu’un homme photographe au Mali. Les problèmes rencontrés par l’un sont les mêmes rencontrés par l’autre, c’est-à-dire les galeries et les opportunités d’exposer sont peu nombreux. Et les collectionneurs sont rares. Courants de conscience est le thème de la Biennale Les projets retenus sont divers, variés, aussi bien par rapport aux formes qu’aux contenus : des photographies, des installations, de la vidéo… Il y a certaines tendances qui apparaissent et qui ont peut-être été guidées par le thème de cette douzième édition : il y a des questions assez spirituelles qui reviennent. Par exemple, les démarches très personnelles et introspectives de certaines artistes comme Godelieve Kabena Kasangati (RDC) ou de Adeola Olagunju du Nigeria. Elles osent parler de leur intérieur, de leur soi intérieur. La Malgache Emmanuelle Andrianjafy et la Nigériane Rahima Gambo présentent des travaux qui naissent de l’errance physique mettant en relation la déambulation du corps dans l’espace et la catharsis de l’esprit, en lien avec l’histoire et le monde Emmanuelle Andrianjafy : « Sans titre » de Nothing’s in d’aujourd’hui. C’est le cas de Buhlebezwe Siwani de Vain, 2014-2016) l’Afrique du Sud dont l’œuvre aborde l’impact du christianisme sur la perception du corps de la femme noire en Afrique du Sud. Le corps de la femme noire est un sujet qui revient tout le temps, notamment la violence qui lui est faite, de façon physique ou morale.. Cette édition marque un tournant pour les Rencontres de Bamako à plusieurs niveaux : auparavant l’événement a été co-organisé par le ministère malien de la Culture et l’Institut français. Cette année, l’organisation revient au ministère malien de la Culture, l’Institut français étant partenaire. Avec ce changement structurel, il y a énormément de défis qui se sont créés et cela passe par une production malienne. C’est absolument nécessaire. Comment peut-on parler de Bamako comme capitale africaine de la photographie et de ne pas produire les tirages de la Biennale à Bamako ? Et aujourd’hui, on a des professionnels qui le font très bien. Je pense que tout le monde sera très heureux de voir le résultat. On est très fiers de ce qui a pu se faire cette année au Mali! « Africa 20ème et 21ème siècle », le regard des femmes Ifrikia Kengué est une jeune journaliste africaine de 25 ans avec déjà plus de 5 ans d’expérience. Née puis grandie et résidant au Congo, elle fait un traitement africain de l’information. Journaliste indépendante, elle collabore, en plus des médias locaux (journaux et télévision), avec de nombreux médias internationaux aux premiers rangs desquels Jeune Afrique, Afrik.com ou encore Brune magazine. Réflexion d’une Congolaise aux cheveux courts Porter les cheveux courts et crépus, une réelle gageure pour la Congolaise qui ne jure plus que par son tissage, ses cheveux défrisés ou ses tresses savamment exécutées dans les salons de coiffure qui font florès à Brazzaville. Et oui, « La beauté d’une femme se reflète par sa coiffure ». Un adage qui prend ici tout son sens à en croire les visites hebdomadaires de la Congolaise chez sa coiffeuse. Pourtant de plus en plus de femmes osent les coupes courtes et naturelles, rompant ainsi avec les nombreuses croyances autour de ces coiffures. Plus qu’un besoin, c’est pour certaines le désir d’exprimer leur différence. Parce qu’elles ne veulent pas être des Mmes Tout le monde, elles arborent une coupe différente. Au delà de toutes ces croyances qui voient en la femme aux cheveux coupés une veuve suppliciée ou une patiente souffrant de migraine ou d’une quelconque pathologie neurologique, c’est aussi et surtout une résolution pratique. Il vaut mieux garder des cheveux courts et naturels quand on sait que c’est le porte-monnaie qui prend le coup des visites chez le coiffeur – une coiffure revient jusqu’à 15000 frs Cfa – et qu’il faut passer plusieurs heures pour obtenir une belle mise. Lorsque certaines investissent dans les produits défrisants, d’autres se ruinent en postiches. Des coiffures naturelles ou synthétiques que les Congolaises s’offrent à partir de 2500 frs Cfa pour les synthétiques et jusqu’à 300.000 frs Cfa (450 Euros) pour les mèches naturelles dites « Brésiliennes ». Cependant, lisser ses cheveux crépus à coup de produits défrisants s’est révélé fatal pour beaucoup de femmes. Quelques anciennes adeptes de ces produits, lasses d’avoir les cheveux cassés à force de les défriser ou de les recouvrir de postiches, les coupent pour les laisser repousser naturellement. C’est quelque fois au détour de ces cures de régénérescence capillaire que certaines se prennent au jeu et finissent par adopter les cheveux courts; Attention, les cheveux courts et naturels débarquent ! « Africa 20ème et 21ème siècle », le regard des femmes Godelieve Kasangati Kabena originaire de République Démocratique du Congo (RDC), et tout juste diplômée, à 23 ans, est la plus jeune photographe sélectionnée pour cette Biennale. Son travail est constitué de nombreux autoportraits en noir et blanc, souvent solitaires. «C'est comme si je me redécouvrais moi-même dans ces photos» La photographie et la peinture n’étant pas ses seuls penchants, elle a aussi touché, dans sa quête du savoir, à la vidéo artistique grâce à laquelle elle a réalisé quelques courts métrages. Elle est bénéficiaire de plusieurs formations qui ont changé sa perception du monde qui l’entoure. Parler de la photographie, c’est avant tout ces hommes et femmes qui, à l’espace d’une fraction de seconde, sont capables d’immortaliser les bons moments de la vie. C’est son cas pour qui le noir et le blanc sont devenus sa référence dans la création artistique qui lui permet d’amener son public directement à l’essentiel. Depuis l’âge de 16 ans, elle s’est intéressé à l’art et a fait ses premiers pas grâce à son téléphone, un simple outil. « Quand j’avais 16 ans, j’ai essayé de comprendre ma personnalité. Ces questions m’ont permis de m’intéresser à l’art qui, aujourd’hui est devenu un métier pour moi. En faire un métier, cela est un choix d’expression que je considère juste pour mettre en valeur mes opinions », a-t-elle indiqué. Marquer les lieux isolés ou familiers et la mise en scène deviennent alors un langage dans ses photographies. Originaire de Goma, Godelieve se définit avant tout comme un être dont le sexe ne conduit pas à sa vision. Toutefois sa plus grande difficulté demeure l’obtention de l’autorisation de photographier dans les lieux publics et des manifestations officielles. Elle a invité, au cours d’un entretien avec l’ACP, la jeunesse en générale et les filles en particulier, surtout celles qui ont un penchant vers l’art photographique, d’en faire leur gagne pain, une manière pour elles de s’autonomiser. ACP/Zng/CL/MPK « Africa 20ème et 21ème siècle », le regard des femmes

Adeola Olagunju, photographe nigériane, fait vraiment voir le monde qui nous entoure et nous questionne. Adeola aurait dit : «La créativité, c’est là où je danse nue». Elle explique : «La vulnérabilité n’est pas l’une des choses les plus faciles à explorer. Mais c’est ce que les artistes embrassent pour créer. Vous risquez d’être jugé pour vous ouvrir sur une toile, un endroit à la fois confortable et pas si confortable de vérité et d’honnêteté. Quand je choisis de créer à partir de mon récit personnel et de faire un pas de plus pour le mettre dans le domaine public, c’est danser nu. »

Son œuvre s’est certainement développée et transformée au fil du temps, inspirée et éclairée par ses expériences. « Les émotions en mouvement ont contribué à ma façon de penser ou de voir mes propres œuvres au quotidien. Le travail consiste principalement à refléter cette diversité dans mes créations. » Et c’est ainsi que son travail continue d’évoluer. « Je trouve que la mémoire est trop fragile, d’où mon choix de photographie pour tenter de préserver ces expériences vécues (réelles et imaginaires). » Ce faisant, elle contribue à l’histoire de son peuple et du monde. Pour Redemption, son exposition en Arles, l’artiste a choisi de partager l'expérience de guérison spirituelle lorsqu'elle souffrait d'une tumeur à la gorge. « Irapada » est le mot en langue Yoruba pour signifier la rédemption, une thématique souvent abordée tant sur la scène cinématographique que dans la littérature nigériane. À la suite de cette rémission, elle a commencé à se remémorer les scènes de la procession qu’elle avait vécues puis, elle les a écrites : une façon de se libérer des peurs et des non-dits. L'auto- thérapie était un outil de survie quand tout la condamnait. 15 Prix Nobel africains de la Paix sur 118

C’est la catégorie qui compte le plus de lauréats et qui récompense « la personnalité ou la communauté ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la Albert John Luthuli, Nelson Mandela, Nadine Gordimer. Max Theiler. Wangari paix ». Nelson Mandela est surement le Maathai, Wole Soyinka, Ahmed Zewail, Ellen Johnson Sirleaf. (de g à d) lauréat africain le plus connu. 1960 L’ex chef de tribu et ancien président de l’ANC, Albert John Luthuli reçoit ce prix pour son combat contre l’apartheid. 1978 Le président égyptien Anouar El-Sadate, reçoit le prix pour la signature des accords du Camp David, qui rétabliront la paix entre l’Egypte et Israël. Il est récompensé avec son co-signataire israélien, Menahem Begin. 1984 Monseigneur Desmond Tutu. L’archevêque sud africain est honoré pour sa prise de position en faveur de la lutte contre l’apartheid. 1993 Figure de proue de la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud, Nelson Mandela obtient le prix Nobel de la paix conjointement avec Frederik Willem de Klerk. 2001 l’ONU se voit décerner le prix Nobel de la paix, et avec elle son secrétaire général de l’époque, le Ghanéen Kofi Annan. 2004 Wangari Maathai. Biologiste kényane, elle est la première femme africaine à obtenir ce prix. Elle reçoit la célèbre distinction en vertu de « sa contribution en faveur du développement durable, de la démocratie et de la paix ». 2011 L’actuelle présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf et sa compatriote Leymah Gbowee. Militantes pour le droit des femmes. 2015 le quartet du dialogue national tunisien. Pour sa réussite à amener la démocratie en Tunisie après la révolution du Jasmin, cette association tunisienne reçoit le Nobel de la paix. Prix Nobel de physiologie ou médecine 1951 Max Theiler, médecin sud-africain, est primé pour ses recherches sur la fièvre jaune, et les moyens de lutte contre cette maladie. Prix Nobel de chimie 1999 Ahmed Zewail, chimiste égyptien, est gratifié pour ses études des états de transition des réactions chimiques. C’est tout et ce serait dire que les africain.e.s participeraient peu à la création du monde 4 Prix Nobel africains de littérature sur 114 Sur 114 Prix Nobel de littérature seulement 4 africains dont 2 noirs

1986 : Wole Soyinka est un dramaturge, essayiste, poète et militant politique nigérian. Il est le premier auteur africain et le premier auteur noir lauréat du prix Nobel de littérature. Réputé pour la richesse de son imagerie poétique et la complexité de sa pensée, il compte parmi ses chefs-d'œuvre la tragédie anti-colonialiste La Mort et l’Ecuyer du roi (1975) 1988 : Naguib Mahfouz, égyptien est le premier Prix Nobel attribué à un écrivain arabe. né en 1911 et mort en 2006, sa carrière littéraire se confond avec l’histoire du roman moderne en Egypte et dans le monde arabe. Il s'est mis surtout, dans son œuvre, à l'écoute de ce peuple égyptien, de ses aventures intimes comme de son histoire. La société égyptienne, ayant conservé des traditions millénaires tout en se modernisant, peut s'approprier quelques aspects de la culture occidentale.

1991 : Nadine Gordimer, femme de lettres sud-africaine, romancière, nouvelliste, critique et éditrice. dont l’œuvre «a rendu à l’humanité d’éminents services» reçoit aussi le Nobel. Quoiqu’issue de la communauté anglophone blanche, elle était engagée contre le système d'apartheid, longtemps proche de l'ANC de Nelson Mandela, Nadine Gordimer témoignait dans ses romans de la société inégalitaire sud-africaine.

2003 Pour John Maxwell Coetzee, romancier d’origine sud-africaine d'expression anglaise puis de nationalité australienne, le prix Nobel de littérature, vient couronner en 2003 une œuvre « qui, dans de multiples travestissements, expose la complicité déconcertante de l’aliénation ». STOP SILENCE HAÏTI ! Appel à mobilisation internationale pour la défense des droits du peuple haïtien « Non, c'est pas possible. Est-ce qu'on peut déserter la terre, est-ce qu'on peut lui tourner le dos, est-ce qu'on peut la divorcer, sans perdre aussi sa raison d'existence et l'usage de ses mains et le goût de vivre ? » Jacques Roumain Depuis juillet 2018 et à de nombreuses reprises, dans un contexte de détérioration des droits et des conditions de vie, les Haïtien.nes se sont mobilisés avec force et courage contre un mode de gouvernance qui pratique largement la corruption et l’abus de pouvoir. L’autoritarisme et la répression furent parmi les principales réponses du gouvernement de Jovenel Moïse. En deux ans, la situation s’est aggravée : tant au niveau de l’accès aux services sociaux de base (éducation, santé, électricité, etc.) que des activités économiques et génératrices de revenus, ainsi que de l’État de droit. La situation actuelle se caractérise par la corruption, la terreur et l’impunité. La société civile haïtienne n’est soutenue ni par la communauté internationale ni suffisamment par la société civile internationale. Aujourd’hui, nous voulons rompre le silence, l’indifférence et la complicité qui étouffent les voix des Haïtien.nes, en appelant à une mobilisation internationale en solidarité avec Haïti. C’est un défi lancé à toutes celles et ceux qui veulent clairement marquer leur désaccord avec la violation systématique, depuis des années, des droits des Haïtien.nes, par le pouvoir. TEXTE DE L’APPEL Haïti : Stop au silence et à la complicité internationale Le changement commence en mettant fin à l’impunité Depuis juillet 2018 et à de nombreuses reprises, dans un contexte de détérioration des droits et des conditions de vie, les Haïtien.nes se sont mobilisés avec force et courage contre l’appauvrissement, la corruption et l’autoritarisme. Avec pour seules réponses : la répression du gouvernement de Jovenel Moïse, l’opposition feutrée ou explicite de la « communauté » internationale. Texte de l’appel suite En deux ans, la situation s’est encore aggravée, et se caractérise essentiellement par : • L’appauvrissement : les conditions de vie des Haïtiens, déjà précaires (59% en situation de pauvreté), n’ont cessé de se détériorer. L’inflation et la dévaluation de la monnaie locale, la confiscation des institutions et politiques publiques par une élite corrompue ont un peu plus hypothéqué l’accès aux services sociaux de base, au premier rang desquels l’éducation et la santé. • La corruption : la Cour Supérieure des Comptes a documenté le gaspillage et le détournement du fonds de 1,5 milliard d’euros de l’accord Petrocaribe, destinés à des projets de développement. Les hommes d’affaires haïtiens ainsi que la classe politique, dont le président Jovenel Moïse, sont mis en cause. • La terreur : Le Bureau des Nations Unies en Haïti (BINUH) a documenté 159 personnes assassinées et 92 autres blessées – y compris des enfants – entre janvier et juin 2020, en raison de la violence liée aux gangs, à l’origine d’au moins quatre massacres dont le plus meurtrier est celui de La Saline, où au moins 71 personnes ont été tuées dans la nuit du 13 au 14 novembre 2018. avec mise en cause la responsabilité d’un ancien policier, Jimmy Chérisier, alias « Barbecue », ainsi que les liens entre les bandes armées et le pouvoir, au point d’évoquer un « massacre d’État ». • L’impunité : le scandale Petrocaribe démontre non seulement la gravité, mais aussi le caractère systématique de la corruption, qui se nourrit et renforce l’impunité. Aucune avancée dans les enquêtes sur la corruption, les violations de droits humains et les massacres, aucun procès à l’horizon. Les enquêtes sont au point mort, les massacres demeurent impunis, et les victimes sans recours. Discrédité, contesté par une très grande majorité des Haïtien.nes qui, au cours de ces deux dernières années, ont manifesté leur ras-le-bol, le président Jovenel Moïse tient largement grâce au soutien des États-Unis, et à la subordination des autres pays et des instances internationales, dont l’Union européenne (UE). De la sorte, ils sont devenus les complices directs et indirects du pouvoir haïtien. Les condamnations morales et les appels à une solution consensuelle ne changent rien, et font l’impasse sur le fait qu’il existe déjà en Haïti un très large consensus contre le président actuel. Texte de l’appel suite En conséquence, nous exigeons de la communauté internationale et singulièrement du Core Group [2] de mener une diplomatie basée sur : 1. La souveraineté des Haïtien.nes, qui ose se démarquer et s’opposer à toute ingérence, dont celle constante des États-Unis. 2. Les revendications des Haïtien.nes de mettre fin à l’impunité et d’assurer une transition, en appuyant et en accompagnant leur travail pour un jugement juste et équitable des responsables des massacres et de la dilapidation des fonds Petrocaribe. 3. Le refus d’apporter un soutien économique, politique et moral à une réforme constitutionnelle et à des élections qui, dans les conditions actuelles, s’apparentent à une mascarade au service du pouvoir. 4. La redevabilité aux citoyen.nes haïtien.nes et des pays dits « amis d’Haïti » des mesures prises jusqu’à présent en leurs noms. Nous voulons entre autres savoir pourquoi l’UE a octroyé 63,3 millions d’euros d’appui budgétaire au gouvernement de Jovenel Moïse, alors que les conditions de gestion des risques et d’État de droit n’étaient pas réunies, et quel usage a été fait de cet argent. De même, nous voulons que l’UE se donne les moyens de répondre et de vérifier les accusations de corruption émises à l’encontre de société allemande Dermalog. Que voulons-nous? Nous voulons rompre le silence, l’indifférence et la complicité qui étouffent les voix des Haïtien.nes, en appelant à une mobilisation internationale en solidarité avec Haïti. Nous entendons relayer la parole de la société civile en Haïti, marquer notre solidarité avec ses acteurs, réaffirmer la souveraineté des Haïtien.nes, susciter un sursaut au sein des pays occidentaux, et changer la politique internationale d’appui inconditionnel au gouvernement de Jovenel Moïse. C’est un défi lancé à toutes celles et ceux qui veulent clairement marquer leur désaccord avec la violation des droits des Haïtien.nes, perpétrée par le pouvoir, avec l’appui de la communauté internationale.de la politique étatsunienne. Si vous adhérez et souhaitez prendre part à cette mobilisation, merci d’envoyer un mail à l’adresse suivante: [email protected]. actualités – actualités – actualités – actus Pourquoi Macron n’a pas pris la parole comme prévu après la libération de Sophie Pétronin Au moins 2 raisons : d’une part, ce n’est pas la France mais le Mali qui a obtenu la libération des otages et d’autre part les ravisseurs n’étaient pas Daech mais des membres de l’AZAWAD qui luttent par ailleurs contre Daech. Et Sophie Pétronin qui précise qu’elle a été « respectée et bien traitée » pouvait ne pas apprécier les propos du Président. Le rapt de Soumaïla Cissé, chef de l'opposition, en pleine campagne pour les législatives avait révélé les failles de Etat et de son président IBK destitué depuis.. Le peuple l’a accueilli avec allégresse après sa libération La libération de Sophie Pétronin, s’était faite "sans relâche" mais dans la "discrétion", selon le président français. De manière bien trop timide, selon la famille de la travailleuse humanitaire âgée de 75 ans. Enfin, la politique française ne reçoit pas une adhésion totale de la part des partenaires sur place. Présents dans le nord du Mali, les « groupes signataires » sont d'anciens rebelles, principalement touaregs, ainsi que des groupes armés progouvernementaux, ayant adhéré aux accords de paix de 2015 négociés à Alger. Et l’application est poussive : Les interlocuteurs du ministre français Le Drian affirment que leur présence au sein du gouvernement est un bon début, mais qu’ils entendent être représentés avec « leurs frères du sud dans d’autres chaînes de commandement ». Or les djihadistes sont enracinés dans les communautés, en ont parfois la sympathie et gèrent une partie des territoires. Raison pour laquelle, après des années de guerre, un nombre grandissant d'acteurs, sans lâcher l'option militaire, essaient aussi d'explorer la voie du dialogue. Nommé fin septembre dans le cadre de la transition censée rendre le pouvoir aux civils dans un délai de 18 mois, Moctar Ouane a estimé qu'il fallait y voir « une opportunité d'engager une vaste discussion avec les communautés afin de définir les contours d'une nouvelle gouvernance des espaces ». « Cela va nécessiter […] un séquençage et une coordination avec nos partenaires, notamment ceux qui interviennent sur le plan militaire », au premier rang desquels figure la France. actualités – actualités – actualités – actus En Guinée, Alpha Condé, 82 ans, après 21 ans au pouvoir et avoir changé la constitution, va donc entamer un 3ème mandat, lui qui n’a jamais sérieusement semblé envisager de quitter le pouvoir. Mais avant cela, il lui faudra apaiser un pays que ce scrutin a profondément divisé. Les autorités ont réquisitionné l'armée tandis que de nouveaux affrontements entre jeunes supporteurs de M. Diallo et forces de sécurité étaient rapportés à Conakry et en province. Un journaliste de l'AFP a vu une trentaine de pickups chargés de soldats remonter l'axe menant du centre de la capitale aux quartiers périphériques qui sont les foyers de la violence et de la contestation depuis des mois. Avant vendredi, les autorités faisaient état d'une dizaine de morts depuis dimanche, le camp de Cellou Dalein Diallo parlant de 27 morts. La Guinée est plongée depuis un an dans une profonde crise. Des mois de mobilisation contre l'éventualité d'un troisième mandat d'Alpha Condé, à plusieurs reprises durement réprimée, ont fait des dizaines de morts civils. Comme redouté de toutes parts, après une campagne émaillée d'incidents, les esprits se sont échauffés avec la présidentielle. "Marcher et mourir " Un rapport d’Amnesty international dénonce la répression des manifestations en Guinée. Dans un rapport publié jeudi 1er octobre, l'organisation de droits de l'Homme fait état de dizaines de morts et de blessés civils lors des manifestations de contestation qui se sont succédé depuis octobre 2019. Ce dernier rapport, basé sur une centaine de témoignages, des documents officiels et des vidéos, pointe du doigt la responsabilité des forces de l’ordre dans la répression des manifestations. En un an, au moins 50 personnes ont été tuées lors de rassemblements qui ont eu lieu dans plusieurs villes de Guinée. Pour arrêter la contestation liée à la réforme de la Constitution, la police a eu plusieurs fois recours à des armes à feu. C'est la réforme de la Constitution qui a mis le feu aux poudres. La loi modifiée suite à un référendum permettant au président de briguer un troisième mandat - pratique très répandue en Afrique - était rejetée en force et de nombreux Guinéens ont continué à manifester malgré la répression. actualités – actualités – actualités – actus OUATTARA largement en tête en Côte d’Ivoire Protégée par un important dispositif policier, la Commission électorale a commencé dimanche à égrener des résultats partiels de l'élection en direct à la télévision. Sans réel adversaire en raison du boycott de l'opposition, le président Ouattara devrait s'imposer par un score écrasant, notamment dans le nord du pays qui lui est traditionnellement acquis. Ainsi, selon ces premiers résultats, M. Ouattara a obtenu 98% des voix à Korhogo, la capitale du Nord, avec 88% de participation. Tension entre pouvoir et opposition Dans une déclaration commune lue par l'ancien Premier ministre et candidat inscrit à l'élection Pascal Affi N'Guessan, l'opposition, qui a boycotté le scrutin samedi, a appelé dimanche à une "transition civile" pour une nouvelle présidentielle "juste" et "à la mobilisation générale des Ivoiriens pour faire barrage à la dictature et à la forfaiture du président sortant". "Le RHDP met en garde M. Affi N'Guessan et consorts contre toute tentative de déstabilisation", a déclaré le directeur exécutif du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix, Adama Bictogo. Il a aussi accusé nommément plusieurs responsables de l'opposition d'avoir armé des jeunes et d'être les "commanditaires" des violences qui ont émaillé le scrutin samedi, faisant au moins deux morts. Mais s'est toutefois abstenu de citer l'ex-président Henri Konan Bédié, leader de l'opposition - il est le chef de son principal mouvement, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) -, toujours populaire chez les Baoulés, une des principales ethnies du pays. "Un nombre important de villes et de villages ont été le théâtre de confrontations violentes, entre populations d'une part et entre populations et forces de l'ordre d'autre part. Quelque 35.000 membres des forces de l'ordre avaient été déployés dans le pays. Avant le scrutin, une trentaine de personnes étaient mortes dans des violences depuis l'annonce en août de la candidature du président Ouattara à un troisième mandat, que l'opposition juge "anticonstitutionnel". actualités – actualités – actualités – actus CESSEZ-LE-FEU en LYBIE Les 2 parties rivales en Lybie ont signé vendredi 23 octobre un accord de cessez-le-feu permanent avec « effet immédiat », après 5 jours de discussions à Genève sous l'égide de l’ONU. Mais toutes les parties engagées au conflit n’en sont pas cosignataires. «Je félicite les parties pour avoir fait prévaloir l'intérêt de leur nation sur leurs différences», a dit Antonio Guterres lors d'une conférence de presse au siège de l'ONU à New York. Trop de gens ont souffert pendant trop longtemps. J'appelle toutes les parties prenantes et les acteurs régionaux à respecter les dispositions de l'accord de cessez-le-feu et de s'assurer de son application sans retard», en rappelant la nécessité de respecter l'embargo sur les armes imposé en Libye depuis 2011. Plongée dans le chaos depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi provoquée par la France de Sarkozy, la Libye est déchirée aujourd'hui entre deux pouvoirs rivaux: le Gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par l'ONU et basé à Tripoli, et les autorités de l'Est, alliées du maréchal Khalifa Haftar, homme fort soutenu par une partie du Parlement élu et son président, Aguila Saleh. Chacun est soutenu par des parrains internationaux qui, précisément, n’ont pas cautionné ce Cessez-le-feu et la prudence reste de mise. La Turquie appuie le GNA de Fayez al-Sarraj, reconnu par les Nations unies, face aux forces dissidentes du maréchal Haftar, soutenu notamment par la Russie, l’Egypte et les Emirats arabes unis. Ankara et Moscou discutent actuellement pour tenter de parvenir à un cessez-le-feu en Libye, en dépit de l’annulation à la mi-juin en raison d’apparentes divergences d’une visite à Istanbul de deux ministres russes. Le porte- parole présidentiel turc s’en est pris violemment à la France, accusée de soutenir le maréchal Haftar mais qui critique avec virulence l’intervention de la Turquie aux côtés du GNA. « En Libye, le gouvernement français soutient un chef de guerre illégitime et met ainsi en danger la sécurité de l’Otan, la sécurité en Méditerranée, la sécurité en Afrique du nord et la stabilité en Libye » a-t-il dit.. Nous travaillons avec les acteurs légitimes et c’est la France qui travaille avec les mauvais acteurs et les éléments illégitimes tout en nous pointant du doigt. Cela n’a aucun sens » actualités – actualités – actualités – actus Nigeria : une juste révolte contre la famine et l’impunité Première puissance économique du continent africain, pays connu pour son dynamisme et sa créativité, mais aussi pour sa corruption et ses inégalités abyssales, le Nigeria est en proie à une révolte inédite de sa jeunesse. Depuis deux semaines, des Le président Muhammadu Buhari manifestations secouent le pays non à Abuja, la capitale fédérale, seulement à Lagos, mégalopole de vingt le 1er octobre 2020 millions d’habitants et capitale économique du pays, mais dans d’autres villes, dont Abuja, capitale fédérale. Vieux militaires brutaux La jeunesse du Nigeria – 60 % de ses 200 millions d’habitants ont moins de 24 ans – ne supporte plus d’être exclue par un système politique incapable de réduire l’extrême pauvreté et dont la violence est couverte par une totale impunité. Le président Buhari, 77 ans, ancien général putschiste finalement élu en 2015, focalise le mécontentement : taiseux, claquemuré à Abuja, impuissant à vaincre l’insurrection islamiste de Boko Haram au nord-est, tout comme le grand banditisme, qui met en coupe réglée la région pétrolière du delta du Niger, personnifie un pouvoir de vieux militaires du Nord, brutaux et incapables d’écouter la population. En dépit de la manne pétrolière, le revenu moyen nigérien ne dépasse pas 5 dollars (4,20 €) par jour, et l’espérance de vie plafonne à 52 ans. « Nous avons trop de mal à nous nourrir » : au Nigeria, les pillages d’aide alimentaire se multiplient - Des entrepôts remplis de vivres destinées aux victimes du Covid-19 ont été vidés un peu partout dans le pays en proie à un vaste mouvement de contestation sociale. L’impunité qui protège les responsables des violences au Nigeria est inacceptable. L’Union européenne et l’ONU réclament, à juste titre, qu’ils soient « traduits en justice » et que les abus policiers cessent. Locomotive de l’Afrique de l’Ouest, ce pays qui fait rêver tant d’Africains devrait se montrer exemplaire. Cela passe en tout premier lieu par la nécessité d’écouter les revendications d’une jeunesse qui réclame la justice, la fin de l’arbitraire des forces armées et la redistribution des richesses. Un programme ambitieux, qui, soixante ans après les indépendances, pourrait être celui de bien des pays du continent. D’après Le monde Afrique actualités – actualités – actualités – actus Déchets plastiques au Kenya, poubelle des USA Le «plastic deal» accord commercial et exclusif lancé à travers des discussions entre Washington et prévoit l’exportation des déchets plastiques américains au Kenya. Aux Etats-Unis, les habitants consomment 16 fois plus de plastiques que la moyenne des pays pauvres. Dans le monde, 500 millions de tonnes de déchets américains sont exportés chaque année et le continent africain pourrait devenir leur nouvelle destination par le truchement du Kenya. C'est derrière un projet humanitaire, qui dit que cela est pour aider le Kenya à développer une industrie du recyclage, ayant pour objectif de donner des milliers d’emplois au pays. Selon cet accord commercial, les produits kenyans pourraient avoir accès au marché des Etats-Unis, ce qui intéresse le Kenya en raison de son économie très fragile. Catastrophe écologique Le Kenya n’a cependant pas la capacité de gérer des millions de tonnes de plastiques car la gestion des déchets y est déjà tout simplement catastrophique dans ce pays. La décharge à ciel ouvert de Dandora, par exemple, avec dedans ces bidonvilles, non loin de la capitale de Nairobi, montre déjà cette totale incapacité à résoudre les ordures du pays où l'on voit une immense montagne de déchets monter en volume avec l'augmentation de la population urbaine. Greenpeace Afrique déclare que «le Kenya n’a absolument aucune capacité de recyclage et encore moins de stockage pour des millions de tonnes de déchets qui viendraient des Etats-Unis. De plus, seuls 7% de ces déchets peuvent être effectivement recyclés et avoir ainsi une valeur. Le reste terminera dans les décharges. C’est une menace énorme pour la vie marine, les rivières, les sols, sans parler des fumées toxiques qui s’en dégageront. Cet accord est totalement déséquilibré. Nos standards environnementaux seront revus à la baisse au nom des investissements et d’un libre accès au marché américain». Les deux parties sont en train de s’accorder sur un texte de base pour démarrer les négociations, sans doute d’ici décembre 2020. Tout a commencé lors de la visite du président kenyan, Uhuru Kenyatta, à la Maison Blanche en février dernier. Donald Trump et son équipe ont alors abordé le sujet à ce moment. De retour de ce voyage, le président kényan s’est déjà dit "impatient" de conclure cet accord. Quittant le pouvoir en 2022, il veut inscrire ce "deal" à son actif comme 1er accord commercial bilatéral signé avec les États-Unis par un pays d’Afrique subsaharienne. Une grande fierté pour le Kenya !!! actualités – actualités – actualités – actus Pour en finir avec le mythe de l'Éden africain "L'invention du colonialisme vert" Préface : François-Xavier Fauvelle L’histoire débute à la fin du XIXe siècle. Persuadés d’avoir retrouvé en Afrique la nature disparue en Europe, les colons créent les premiers parcs naturels du Congo jusqu’en Afrique du Sud. Puis, au lendemain des années 1960, les anciens administrateurs coloniaux se reconvertissent en experts internationaux. Il faudrait sauver l’Éden ! Mais cette Afrique n’existe pas. Il n’y a pas de vastes territoires vierges de présence humaine et arpentés seulement par ces hordes d’animaux sauvages qui font le bonheur des safaris touristiques. Il y a des peuples, qui circulent depuis des millénaires, ont fait souche, sont devenus éleveurs ici ou cultivateurs là. Pourtant, ces hommes, ces femmes et enfants seront – et sont encore – expulsés par milliers des parcs naturels africains, où ils subissent aujourd’hui la violence quotidienne des éco- gardes soutenus par l’Unesco, le WWF, et tant d’autres ONG. Les parcs nationaux sont un outil politique, dès leur invention ils s'inscrivent dans la constitution d'une nation, comme cela a pu être fait aux Etats-Unis. Les opposants politiques se retranchent dans ces parcs nationaux et cela justifie davantage les politiques d’expulsion des habitants et aux Etats d’imposer une violence au nom de ces normes. Guillaume Blanc problématise ainsi le sujet “Pourquoi, dès la fin du 19e siècle les “scientifiques” européens se sont-ils persuadés que l’Afrique est un Eden en voie de dégradation ? Comment, au début des années 1960, le mythe se perpétue-t-il sous l’influence d’administrateurs coloniaux reconvertis en experts internationaux ?”. L’Ethiopie en particulier illustre cette situation : “seul Etat du continent à avoir échappé à la domination européenne mais subordonnée comme ses voisins au colonialisme vert.” écrit-il. Maintenir ce système de parcs naturels en Afrique, utiliser ce prétexte au dépend des populations qui habitent ces espaces permet de ne pas remettre en question notre modèle de production et de consommation. actualités – actualités – actualités – actus

Le Drian Commémoration post-coloniale & 27 et 28 octobre 2020, manifestations à Sassou Brazzaville liées aux 80 ans de la mise NGuesso en perspective par Charles de Gaulle de Brazzaville comme tête de pont de la résistance contre l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale - l’ancienne capitale de l’Afrique équatoriale française devenant capitale de la France libre. Le colloque international célébrant ce 80e anniversaire s’est ouvert sous la très haute autorité du Président de la République, Denis Sassou N’Guesso. L’essentiel des allocutions a porté sur la volonté des intervenants de voir la France, le Congo et l’Afrique d’œuvrer à l’avènement d’une relation nouvelle tournée vers la solidarité et le respect mutuel.

Les présidents Denis Sassou N’Guesso , Idriss Déby Itno du Tchad, Faustin Archange Touadera de la RCA, Félix Tshisekedi de la RDC, les Premiers ministre gabonais et camerounais, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean- Yves Le Drian, la secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwa ont mentionné l’intérêt pour la France et l’Afrique de se mettre ensemble face aux défis communs du terrorisme, de la pauvreté et de la crise sanitaire de covid-19. Etrangement, cet « évènement » est passé sous silence en France ! actualités – actualités – actualités – actus Afrique-France: les enjeux des retrouvailles de Brazzaville La France et ses ex colonies d’Afrique et territoires sous tutelle se sont retrouvées du 27 au 29 octobre à Brazzaville, pour concomitamment commémorer le 80è anniversaire de la libération de la France par les armées d’Afrique lors de la seconde guerre mondiale et la célébration du 60ème anniversaire des indépendances des pays francophones. Au-delà des retrouvailles de la « grande famille francophone », il était question pour la France, de renforcer son influence et un leadership quelque peu mis à mal depuis quelque temps au sein du pré-carré. En effet, la montée en puissance des autres pays dans le giron francophone, à l’instar de la Chine, des Etats-Unis ou de la Russie est loin de rassurer l’ex métropole qui craint de perdre d’énormes contrats et marchés. Selon de fiables informations, bien qu’il s’agisse d’un rendez-vous politique, les enjeux économiques ont été prééminents au moment où des voix s’élèvent de plus en plus dans l’espace francophone non seulement pour déclassifier des archives historiques, mais davantage pour la révision des accords de coopération économique largement à l’avantage de la France. Raison pour laquelle en plus du ministre des Affaires étrangères d’Emmanuel Macron qui co-présidaient cette grand’messe, sont venus dans l’ancienne capitale de l’Afrique équatoriale française (AEF), plus de dix Chefs d’Etat des pays francophones, notammentceux d’Afrique Centrale et de l’Ouest. Des manifestations organisées par la République du Congo en partenariat avec l’Ambassade de France au Congo et la Fondation Charles de Gaulle, « ont retracé les moments forts de cette histoire qui a marqué un tournant dans l’organisation de la France Libre ». Le 18 juin 1940, depuis Londres, le général de Gaulle lance un appel à la résistance et pose l’acte fondateur de la France Libre. Au cours de l’été interviennent les premiers ralliements des territoires de l’Empire français organisant en Afrique une base d’action et de souveraineté pour la France belligérante, renforçant ainsi sa légitimité aux yeux des alliés. «Participer à la bataille d’Afrique. C’était défendre directement ses possessions contre l’ennemi… ». C’était installé la France Libre en exil en toute souveraineté en territoire national lit-on dans «Charles de Gaulle, Mémoires de Guerre », rapporte la Fondation de Gaulle dans un communiqué. actualités – actualités – actualités – actus Lors de sa visite au Congo-Brazzaville, le chef de la diplomatie française a appelé l’Afrique et la France «à faire bloc ensemble» face aux «tentatives de prédation». Un discours hypocrite, selon l'ancien diplomate Michel Raimbaud. «De Gaulle et Brazzaville, une mémoire partagée entre la France, le Congo et l’Afrique», en toute simplicité. Le Drian, à la tête d’une diplomatie dont la grandiloquence tente de masquer le sinistre, a proclamé bien haut l’ambition de donner à nouveau à l’Afrique et à la France «un destin commun». C’est beau le travail mémoriel, après un si long oubli. Mais le retour de printemps est tardif et le discours ne mange pas de pain. Jean-Yves Le Drian n’est évidemment pas le concepteur de la politique étrangère de la France et il n’a jamais cherché à faire croire qu’il s’inspirait d’une vision gaullienne. Il n’a d’ailleurs jamais reçu mandat de refonder une politique africaine fortement compromise par le «désengagement» intervenu le 11 janvier 1994, lorsque Paris, cédant aux pressions des institutions de Bretton Woods et probablement des autorités de Bruxelles, avait décidé unilatéralement une dévaluation de 50% du franc CFA par rapport au franc français, sans aucune consultation des Africains. Un bon quart de siècle plus tard, l’objectif est de sauver les meubles d’une Françafrique agonisante, dont Sassou N’Guesso est l’un des derniers piliers, et de redorer dans la mesure du possible un blason défraîchi, en l’occurrence celui de la France en Afrique. Jacques Chirac aura été le dernier président à manifester une «tripe africaine», vestige du gaullisme. S’agissant d'Emmanuel Macron, les Africains (pas plus que les Arabes) ne semblent pas «être son trip», à en juger par des comportements choquants et un langage souvent incontrôlé. Le président est apparemment plus à l’aise dans un activisme qui se veut guerrier que dans la réflexion documentée, ce qui donne à sa politique étrangère un parfum d’aventure peu rassurant. Face à un vétéran coriace tel que Sassou N’Guesso, il était peu probable que le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, en service commandé, ose donner des leçons sur les «droits de l’homme» ou la «démocratie», tartes à la crème dont on est friand dans les capitales occidentales, mais il aura au moins pu faire écho aux entretiens précédemment évoqués. Reçu par le président congolais, il a célébré les vertus du Manifeste, bien tombé dans l’oubli sur les bords de la Seine. Il a rencontré aussi les hauts personnages et chefs d’Etat présents, ce qui lui a permis d’aborder des dossiers difficiles, tels que la laborieuse mise en œuvre de l’accord de paix en Centrafrique, la France essayant sans doute de reprendre pied dans son ex-colonie, face à la Russie. suite actualités – actualités – actualités – actus Michel Raimbaud suite Au menu, il y avait aussi l’organisation des élections en Afrique, où plusieurs scrutins importants sont au calendrier ou en cours : Les Gunéens votent dans la rue on le sait, nombreux sont les chefs d’Etat qui tentent de contourner leur constitution et de passer outre la règle «imposée» des deux mandats. Sassou N’Guesso est l’un de ces présidents qui rêvent de mourir à leur poste, il n’est pas le seul : en Côte-d’Ivoire, Alassane Ouattara s’accroche, mais aussi ses collègues de Guinée, de Gambie, du Burkina Faso. Dans ces conditions, les propositions d’appui de la «communauté internationale» au processus électoral suscitent souvent des réticences. Plus souple que d’autres, souvenir oblige, la France mesure ses positions, peinant à mettre en œuvre sa doctrine de «non-ingérence». On ne s’en étonnera pas, le discours français est égal à lui-même, les «prédateurs» ce sont les autres, à commencer par la Russie et la Chine... L’appel du ministre Le Drian à l’Afrique et la France «à faire bloc ensemble dans un monde marqué par la brutalité, par les tentatives de prédation, par la rivalité des puissances» a des accents belliqueux et hypocrites. La France et ses associés européens, sont pour leur part, c’est bien connu, des partenaires désintéressés. Enfin et surtout, les Français n’ont pas les mêmes priorités que leurs partenaires africains, lutte anti-terroriste et flux migratoires venant en tête de liste à Paris. Reprenant le flambeau, Emmanuel Macron et son gouvernement ont mis le paquet sur le Sahel, devenu depuis la destruction de la Jamahiriya libyenne terre de djihad et fief de nombreuses organisations extrémistes. Dès 2013 la France s’engageait au Mali pour y combattre le fléau terroriste. Ayant pris soin de faire couvrir son ingérence par le Groupe des cinq et la CEDEAO, elle y est toujours présente et active, mais le terrorisme également, et de plus en plus. Pas facile de contrôler ces immenses espaces où tous les trafics fleurissent. Discuter ou ne pas discuter avec les terroristes, c’est la question. Lors de son escale à Bamako, les 25 et 26 octobre, sur le chemin de Brazzaville, Le Drian a affirmé qu’il fallait refuser de négocier avec les groupes armés, sans distinction. Ceci n’est en phase ni avec le Secrétaire général de l’ONU, ni avec l’Union africaine, ni même avec les dirigeants maliens, lesquels considèrent qu’il serait exclu de discuter avec l’EIGS (Etat islamique dans le Grand Sahara) mais envisageable de le faire avec le JNIM (Front d’aide à l’islam et aux musulmans). Le Drian est droit dans ses bottes. Mais il ne suffit pas de multiplier les martiales proclamations pour être crédible. actualités – actualités – actualités – actus Colonisation … pour une Journée internationale de la réconciliation Le 27 octobre 1940, le général De Gaulle créait à Brazzaville le Conseil de défense de l’Empire. Européens et Africains, colonisateurs et colonisés ensemble contre les nazis. À l’occasion de cet anniversaire, un appel à la réconciliation est lancé. Par Hery Rajaonarimampianina, ancien président de Madagascar (2014-2019), Lova Rinel, présidente du Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN), Louis-Georges Tin, président d’honneur du CRAN et «Premier ministre de l’État de la diaspora africaine» Les rapports nord-sud ont été façonnés par l’histoire coloniale. La première vague de colonisation a été marquée par l’esclavage, la seconde vague par le travail forcé. Nul ne peut plus ignorer ces violences et ces tragédies du passé ; elles sont la matrice du présent, qu’on le veuille ou non. Mais l’avenir étant à construire sur des bases saines, est venu le temps de la réconciliation. Qu’il s’agisse de la traite occidentale, de la traite intra-africaine ou de la traite orientale, tous se sont servis et parfois même côtoyés, pour faire commerce d’êtres humains et pour les asservir. Aujourd’hui, malheureusement, le déficit de mémoire commune constitue un obstacle à l’amitié entre les peuples, et renforce la haine et les rancœurs. Quand l’Histoire doit rassembler pour réussir pour l’avenir ce que l’on a raté dans le passé, sur ce sujet, elle divise, sépare et crée les espaces intellectuels qui nourrissent la haine. L’Afrique a été sortie de sa propre souveraineté, il faut qu’elle raconte son histoire, il faut qu’elle s’en empare, il faut qu’elle l’assume et que le reste du monde, aussi, raconte cette histoire. La réconciliation n’est pas un décret qu’on pose ou qu’on impose pour s’empresser de tourner la page. Les historiens ont fait leur travail, et de plus en plus de documentaires, d’expositions, de livres ou de sites internet permettent de prendre la mesure d’une histoire trop longtemps occultée. Mais tous les acteurs de cette histoire ne se sont pas encore exprimés officiellement, et les pays africains n’ont pas suffisamment fait entendre leur voix. Il faut ensemble tracer le chemin, décrire les étapes, établir les objectifs mais surtout répondre au besoin de la mémoire pour comprendre la réalité de la mécanique de l’esclavage et de la colonisation sur les terres africaines pour en finir avec l’asservissement. Changer le terreau fertile des rancœurs L’histoire prouvera que tous n’avaient pas les mêmes objectifs et que le mot « liberté » ne rimait pas avec le mot « égalité ». Changer le terreau fertile de ces douleurs et rancœurs est devenu impératif, c’est une priorité. Nous avons tous un rôle à jouer, descendants de cette histoire, diasporas et politiques doivent trouver un symbole fort. Cette date du 27 octobre pourrait en être la journée internationale. MIGRANTS, RÉFUGIÉS ET SANS PAPIERS

Les sans-papiers et leurs soutiens ont achevé leur parcours à Paris samedi 17 octobre, après 27 jours de marche à travers la France pour réclamer davantage de droits. Epuisés mais déterminés, ils caressent l’espoir qu’Emmanuel Macron entende leurs revendications. Depuis Strasbourg, Slimane a marché des dizaines de kilomètres par jour et dormi dans un bunker et dans un couvent. «Ce qui m’a le plus touché, c’est l’arrivée à Verdun. Certains camarades ont retrouvé leur grand-père enterré là- bas, j’ai aperçu le nom d’une famille de mon village en Kabylie, en Algérie, sourit-il, le regard plein d’émotions. On s’est dit qu’ils ont pu défendre la France à un moment donné, alors pourquoi ne pas nous régulariser? Indirectement, on fait partie du patrimoine de ce pays.» Lettre ouverte à Emmanuel Macron, président de la République, extrait Monsieur le président, nous ne marchons pas pour demander un cadeau ou implorer votre générosité. Nous marchons pour gagner l’égalité. Nous vivons ici, ensemble, avec ou sans papiers. Et vous savez que l’absence de droits pour les sans-papiers et la précarité pour les demandeurs d’asile gangrènent toute la société, favorisent le racisme, légitiment les contrôles au faciès et toutes les inégalités et attaques sociales. Nous marchons pour l’avenir. En ces temps de crise sanitaire où vous faites appel à la responsabilité de chacune et chacun, nous prenons les nôtres en marchant dans le respect des règles sanitaires. Votre responsabilité est de fermer les centres de rétention, donner accès à des logements décents pour toutes et tous les sans- abris et les mal-logéEs et garantir les droits qui permettent d’assurer la protection de toutes et tous, au travail comme dans la vie quotidienne, et l’accès égal à la santé. Nous marchons pour une société plus sûre pour toutes et tous. Permettez-nous de vous rappeler que, pendant la crise sanitaire, de nombreux et nombreuses sans-papiers font partie des premières lignes, corvéables à merci et sur-exploités, sans droits et/ou perdant leur emploi sans chômage partiel. MIGRANTS, RÉFUGIÉS ET SANS PAPIERS Les îles Canaries, nouvelle «prison» pour migrants Depuis le 17 octobre, plus de 2 600 migrants venus d'Afrique du Nord et d'Afrique subsaharienne sont arrivés sur l'archipel espagnol des Canaries, l'équivalent de toute l'année 2019. Les autorités semblent dépassées. La situation sanitaire due au Covid empêche tout rapatriement vers leurs pays d'origine ou transfert vers le continent européen. Après parfois un millier de kilomètres et une à quinze journées de traversée périlleuse en mer, entre 300 et 400 migrants atteignent chaque jour les côtes de l'archipel des Canaries, porte d'entrée de l'Europe à 150 kilomètres à l'ouest de l'Afrique. Mais ce sas vers l'eldorado européen semble aujourd'hui embouteillé. En deux mois, la hausse des arrivées de pateras ou cayucos (embarcations de fortune) a augmenté de façon exponentielle, prenant au dépourvu les autorités. Testés pour le Covid en arrivant Lorsque les caméras, hélicoptères et avions de la Garde civile espagnole repèrent les embarcations des migrants, les 4 navires des secours maritimes récupèrent leurs passagers, qu'ils soient ou non en difficulté, et les débarquent sur l'île de Grande Canarie au quai du port d'Arguineguin, transformé en centre de triage d'urgence. Douze tentes de la Croix-Rouge y ont été installées. Leur état de santé est vérifié, température prise et test de dépistage du coronavirus réalisé, puis ils sont placés en quarantaine sous les chapiteaux de l'organisation internationale où ils resteront maximum quatre jours, dormant à même le sol, sans matelas, et loin des caméras. La police refuse l'accès du site à la presse. Une trentaine d'hôtels de l'archipel réquisitionnés Les migrants terminent leur quarantaine dans une trentaine d'hôtels de l'archipel. Au-delà de deux semaines de confinement, ils sont libres d'aller et venir mais restent logés dans ces complexes touristiques jusqu'à nouvel ordre. Un migrant sur seize meurt pendant la traversée Plus de 10 000 personnes sont arrivées sur des embarcations de fortune depuis le début de l'année. Le renforcement des opérations de Frontex ont changé les habitudes des passeurs. Ils partent de plus loin, bien souvent de Dakhla au sud du Maroc, dans le Sahara-Occidental, ou bien des côtes mauritaniennes, sénégalaises ou gambiennes. Une traversée moins surveillée certes, mais chère (plus ou moins 1 500 euros) et plus risquée. MIGRANTS, RÉFUGIÉS ET SANS PAPIERS Mineurs isolés : crachats d’Éric Zemmour La dernière diatribe d'Éric Zemmour sur les mineurs étrangers « tous voleurs, assassins et violeurs, tous, tous » déclenche condamnations morales et plaintes à tout va. Il n'est pas question de liberté d'expression mais de propos racistes qui tombent sous le coup de la loi. Délinquant et multirécidiviste. Les qualificatifs qu’il emploie dans presque tous ces discours sur les étrangers s’appliquent désormais à lui-même. Déjà condamné en 2019 à 3000 euros d’amende pour des propos anti-musulmans, Éric Zemmour écopait, le 25 septembre dernier, de 10 000 euros d’amende pour injure et provocation à la haine raciale. En cause, les propos tenus lors de son discours fleuve sur l’immigration et les musulmans, en septembre 2019, au cours d’une Convention de la droite – qui avait tout de l’extrême droite. « Implicitement, à demi-mot, ses propos sont une incitation à la guerre civile », estimait Gérard Noiriel, historien de l’immigration. Malgré cette condamnation, Éric Zemmour avait trouvé, dès octobre 2019, un petit boulot de polémiste sur la chaîne de Vincent Bolloré, CNews. L’expert ès- bad buzz s’en donne à cœur joie, dans l’émission Face à l’info présentée par la Christine Kelly, l’animatrice qui tente – mollement – de tempérer ses diatribes.Le 1er octobre, le débat abordait la question des mineurs isolés. Quelques jours avant, un Pakistanais de 25 ans – qui s’était fait passer pour un mineur étranger isolé et avait bénéficié du statut protecteur de l’Aide sociale à l’enfance – avait commis l’attentat devant les ex-locaux de Charlie Hebdo, blessant gravement deux journalistes de Premières Lignes. Ce nouvel attentat terroriste a été l’occasion pour le chroniqueur vedette de CNews de donner libre cours à sa haine envers tous les mineurs isolés, ces jeunes migrants venus en France : « Ils n’ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c’est tout ce qu’ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu’ils viennent », a t-il lancé, toujours sans filtre. L’émission n’étant pas en direct, la question de la responsabilité de CNews dans leur diffusion se pose de manière suraigüe. Depuis, une cascade de plaintes émanent des départements, tuteurs légaux de tous les MNA dépendant de l’aide sociale à l’enfance, ils estiment avoir intérêt à agir pour faire cesser la diffusion de propos ouvertement racistes diffusés sur des médias de grande écoute. « À partir du moment où l’on porte atteinte à l’intégrité physique ou morale d’un mineur, les départements sont fondés à réagir », explique le service communication du conseil de Loire-Atlantique. MIGRANTS, RÉFUGIÉS ET SANS PAPIERS Migrants refoulés en mer par Frontex L’Agence européenne de surveillance des frontières est accusée de pratiques illégales qui ont mis en danger des réfugiés en Méditerranée. Depuis des mois, des garde-côtes maltais et surtout grecs ont refoulés des bateaux de migrants. Filmées par les réfugiés, authentifiées par les ONG et des médias, des vidéos ont montré des navires filant à toute vitess pour couper la route des bateaux de fortune, au risue de les faire chavirer. D’autres montrent des navires ramenant les réfugiés dans les eaux turques. Des pratiques illégales tant du point de vue du droit maritime que de la législation européenne sur le droit d’asile qui prévoit que toute personne entrée dans l’Union européenne est fondée à demander une protection. A charge pour les Etats membres d’examiner cette demande et de l’accorde ou non. Frontex impliquée dans plusieurs incidents Une enquête de 6 médias, dont le magazine allemand Spiegel et le site d’observation Bellingcat, démontre que l’agence européenne de surveillance des frontières est directement impliquée dans plusieurs incidents. Au moins six depuis avril, en mer Egée. Les médias ont confronté des dizaines de vidéo, d’images satellites, de récits de témoins oculaires, dont ceux de réfugiés et d’employés de Frontex.

Les éléments recueillis sont si probants et dérangeants qu’ils ont poussé la Commission européenne à demander des explications à Frontex. Mais l’agence autonome refuse de répondre et rejette fermement toute suggestion d’implication dans des refoulements a déclaré au site EU Observer un porte-parole de l’Agence qui dit « respecter les normes les plus élevées » lors de ses opérations.

De fait, la Commission européenne n’a pas d’autorité directe sur Frontex. L’agence ne rend de compte qu’à son conseil d’administration composé de représentants des Etats de l’UE et de la Commission. Depuis sa création en 2005, l’agence a grandi de façon exponentielle. Son budget est passé de 6 à 500 millions d’euros. Rien qu’en Grèce, Frontex finance plus de 600 gardes-frontières. Source Ouest-france LE VALET DES LIVRES de Liss Kihindou Hommage à Dominique Ngoïe Ngalla, décédé le17 octobre 2020, à l’hôpital de Melun, en France. Le voici dédicaçant un livre à Liss qui fut une de ses étudiantes et qui vient de terminer une communication sur son œuvre «ECRITURE, ETHNICITE ET CONSCIENCE NATIONALE». Evacué en France, il y est mis en terre en attendant d’être porté dans son terroir ancestral de Mouyoundzi selon ses propres volontés telles qu’il les avaient écrites dans le poème ci-dessous devenu légendaire «Prière pour être enterré à Mandou».

« Lorsque la nuit sera descendue Professeur d'histoire à Sur mes paupières closes à jamais l’Université Marien-Ngouabi de Et que ma carcasse humiliée Brazzaville, il était également Demandera à retourner à ses origines, poète et essayiste. Dans le Permets ô Dieu paysage social congolais, il était Que je prenne mon repos parmi les ruines connu comme un intellectuel De Mandou déserté par ses fils oublieux. désintéressé et apolitique. De son L’ouragan des passions ou l’effroi de la mort regard distancié d’historien, il militait Les dispersa par toute la terre pour la coexistence de groupes Où le soir, lorsque le cœur s’alourdit, ethniques au point de favoriser Ils se souviennent en pleurant. l'intégration nationale. Il avait Là couché sous un humble tumulus, notamment participé au dernier Comme tant d’autres fauchés, RELIV à Brazza et j’avais eu la Jeunes et vieux avant la funeste diaspora chance de le rencontrer alors qu’ il J’attendrai l’heure du jugement. nous faisait découvrir ses frères de la Sur ce tertre sans gloire il n’y aura rien forêt pour qui il avait écrit une Lettre Que de pauvres fleurs de champs d’un Pygmée à un Bantou : tous Et l’humble croix latine. frères en humanité. Et le passant avisant ce modeste mausolée Homme affable, toujours souriant et Lira avec un pleur au coin de son œil rougi : d’une modestie dont le rapport avec Ici repose Dominique NGOIE-NGALLA l’autre rompait les clivages que la Un rien de mandouan sommité intellectuelle qu’il incarnait qui ne fit rien pour sa patrie pouvaient créer, Dominique Ngoïe- Si ce n’est qu’il l’aima avec piété, Ngalla prenait et vivait la vie avec La paix sur lui et qu’il dorme tranquille. philosophie, dans une simplicité Dominique Ngoïe-Ngalla transcendantale qui forçait l’admiration. à lire – à lire – à lire – à lire – à lire – à lire Sans doute vous demandez-vous parfois si j’ai lu tous les livres que je propose dans chaque UBUNTU – non évidemment tant à cause de mon budget personnel que mon emploi du temps qui ne me le permettraient ni l’un ni l’autre. En outre, je ne suis pas critique littéraire et je ne me sentirai pas capable de vous proposer toutes les analyses que j’y joins. Aussi je vous donne mes sources : • D’abord ma chère Liss Kihindou qui fait un travail remarquable de lecture et de critique dans son Valet des livres qui ouvre ainsi notre chronique littéraire aux ouvrages les plus récents sortis d’Afrique ou quelques autres émanant de plumes plus anciennes mais méritant toujours de notre part une attention particulière. Liss a écrit elle-même plusieurs livres, poèmes, recherches et de nombreux entretiens comme celui que je viens de relire en 2009 avec NGoïe Ngalla qui vient de nous quitter. Professeur de collège, elle fait déjà un travail pédagogique remarquable avec ses élèves mais, préparant actuellement une thèse, ce sera demain avec des étudiants. Elle est déjà une des personnalités les plus riches de la littérature africaine. • Evidemment j’ai lu et relu mes écrivains préférés comme Léonora Miano, Alain Mabanckou, Emmanuel Dongala, Wilfried Sondé et quelques autres et je me suis parfois autorisé à vous dire le plaisir, l’émotion et l’intérêt que j’y avais trouvé. • Mais je fais aussi partie d’un million de lecteurs et lectrices réuni.e.s par Babelio depuis 13 ans et devenu le 1er réseau social littéraire francophone et j’y trouve au fur et à mesure de leur sortie les derniers ouvrages venus d’Afrique ou d’ailleurs souvent édité en France avec, en prime, une découverte de leurs auteur.e.s. Et à chaque fois une ou plusieurs critiques venant des lecteurs ou lectrices les mieux avisés avec également une liste de citations parmi les plus significatives de l’ouvrage. Toute cette communauté est strictement bénévole et les contributions sont le fruit de l’amour des livres et des rencontres que nous proposent leurs autreur.e.s. à lire – à lire – à lire – à lire – à lire – à lire Yaya Diomandé, 1er lauréat du prix «Voix d'Afriques» Yaya Diomandé, né en 1990, vit à Abidjan. Après des études supérieures, il a travaillé comme traducteur-interprète avant de créer un journal en ligne Investissements+. Il est le premier lauréat du prix littéraire «Voix d'Afriques», créé par RFI et les éditions JC Lattès avec le soutien de la Cité Internationale des Arts de Paris pour son roman. Le président du jury était notre ami Abdourahman Waberi. Abobo Marley. "Moussa est «balanceur» sur un gbaka à Abidjan, une fourgonnette qui chaque jour fait la liaison entre la commune d’Abobo et le centre commercial d’Adjamé. Accroché à la portière, il sillonne la ville. Mais il ne voit presque rien de ce qui l’entoure. Ses rêves sont ailleurs. Il les porte depuis son enfance dans le quartier de Marley. Moussa veut aller à Bengue, en Europe. Peu importe– le prix à payer, il veut partir, et que sa réussite là-bas profite aux siens ici. Il sera cireur de chaussures, apprenti mécanicien, chauffeur de taxi, soldat de la rébellion, chef de bande, avant de réunir assez d’argent et tenter l’aventure. Pour quelle vie ?" Moussa raconte son monde avec la candeur de l'enfant, la révolte du jeune homme, l'assurance et l'aveuglement de l'homme qui ne renonce jamais. Une énergie vitale contagieuse, une odyssée moderne renversante, la découverte d'une voix magnifique qui porte celle de la jeunesse africaine d'aujourd'hui. Des africains qui rêvent d'Europe ou d'Amérique est un sujet fréquent dans la littérature africaine. Alors d'où vient le charme de ce livre ? de son héros, dont on suit le parcours de combattant à partir de ses dix ans pendant plus deux décennies, un garçon extrêmement touchant. Petit il se bat pour offrir un jour à sa mère le pèlerinage à La Mecque, plus tard en soldat de la rébellion, ou en “général “, il garde intacte son côté humain et attachant, et son lien très fort à sa mère et une de ses sœurs. Ce parcours de combattant est aussi celui de Yaya Diomandé qui, à presque 30 ans, bien que surdiplômé vivote à Abidjan.. Grand lecteur et écrivain depuis longtemps, son manuscrit refusé dans son pays n'a pu être édité que grâce au prix Voix d'Afriques qu'il remporte parmi 372 manuscrits reçus. à lire – à lire – à lire – à lire – à lire – à lire La pénombre de l’aube de W.E.B. Du Bois Document historique de tout premier plan, «Pénombre de l’aube» l’est donc par sa manière, la plus pédagogique possible, d’éclairer un contexte qui semble malgré tout assez mal connu. Disons, toute la fin du XIX siècle jusqu’à la guerre mondiale, la résurgence du racisme et des lynchages pendant celles-ci et les luttes difficiles pendant la Grande Dépression et la montée des périls comme on disait en Europe. Itinéraire intellectuel d’un homme face à la ségrégation, face aussi à la compréhensible tentation du séparatisme, dans Pénombre de l’ombre W.E.B Du Bois questionne la notion de race. Témoignage passionnant sur la ségrégation aux États-Unis, sur ce que c’est d’y être Noir. Première indispensable traduction en français de cette autobiographie, ce texte est une très belle introduction à la pensée complexe de W.E.B Du Bois. WEB Du Bois fut au tournant du XX siècle l’un des premiers sociologues de la condition de vie des Noirs), vécu aussi. Un contexte mal connu mais loin d’être inconnu : la littérature américaine, de Toni Morison à John Keene, transmet inlassablement (il faut dire que les choses ne semblent pas vraiment évoluer) un miroir à cette irréconciliable blessure. W.E.B Du Bois en propose une autre compréhension, sans doute plus intellectuelle, plus chiffrée et plus étudiée aussi. Du Bois participe à la naissance de la sociologie, revendique assez clairement ses tâtonnements expérimentaux et, plus passionnant encore, sur les modalités de sa diffusion. Très vite le point de vue de Du Bois déplaît, il peine à trouver des subventions, des revues pour publier ses études. On parle constamment de la population noire comme formée indifféremment des classes inférieures, tandis que la culture des classes supérieurs blanches est souvent attribuée à l’ensemble des Blancs. Pénombre de l’aube permet de réfléchir sur cette culture en tant que « privilège blanc ». La démocratie que le monde Blanc cherche à défendre n’existe pas. Elle a été splendidement conçue et discutée, mais non réalisée. Intervient alors une piste de réflexion intéressante surtout en ces temps où on le brandit comme une menace cache misère d’une politique oppressive : combattre la ségrégation ne revient pas automatiquement à vouloir une intégration dans un modèle moribond. Du Bois milite alors pour une culture Noire, pour l’exigence d’inventer un autre modèle. Editions vendémaire - préface et éclairant appareil critique de Jean Pavans, 22 euros à lire – à lire – à lire – à lire – à lire – à lire UBUNTU a déjà présenté Roukiata OUEDRAOGO, née en 1979 au Burkina Faso et arrivée en France en 2020 où elle débute une belle carrière de comédienne, humoriste et chroniqueuse sur France Inter, Mais cette fois, d’une plume, légère et nostalgique, elle raconte avec tendresse et humour ses années d’enfance, son pays, ses écrasantes sécheresses et ses pluies diluviennes, la chaleur de ses habitants, la corruption et la misère. Elle raconte sa famille, sa fratrie, ses parents, l’injustice qui les frappe avec l’arrestation de son père. Mais, surtout, elle raconte sa mère. Cette femme, grande et belle, un « roc » restée seule pour élever ses sept enfants, bataillant pour joindre les deux bouts, en vendant sur le pas de sa porte ses délicieuses galettes. Très bel hommage à une maman qui a fait de l'auteur la personne reconnue qu'elle est aujourd'hui. Ces épisodes de l'enfance sont « croisés » avec d'autres moments vécus à Paris, où elle participe à une grande manifestation de la Francophonie. L'occasion pour la jeune africaine de se moquer gentiment de la vie mondaine des élites françaises, de l'accueil un peu protecteur qui lui est réservé, et des expressions « recherchées » qui lui sont incompréhensibles. Le ton bienveillant et souriant n'empêche pas que certains problèmes graves soient abordés : l'isolement des villages et la difficulté des transports dans le pays, les abus de pouvoir des petits fonctionnaires, et aussi la condition des femmes, avec le terrible souvenir de l'excision de la petite fille. Citation : Le courage féminin m’a toujours fascinée. Il est rarement mis en scène sous forme d’héroïsme comme chez les hommes, il est plus terre à terre, plus quotidien. Yennenga n’est pas qu’une guerrière courageuse, c’est aussi une féministe, mais sans tout le discours et la théorie du féminisme moderne, militant et occidental. En Afrique, beaucoup de femmes font preuve de courage au quotidien, pour résister au poids des traditions ou affronter le pouvoir des hommes. à lire – à lire – à lire – à lire – à lire – à lire GRAND BALAN de Christiane TAUBIRA « Le monsieur à toge et épitoge a déjà tourné les talons. Il semble à sec sur le contenu, alors il pallie par le ton. Il interroge à la mitraillette. Il veut du oui ou du non, pas un roman. Lui, Kerma, a envie d'expliquer, non, on ne vit pas tout un mois avec mille cent trente-six euros. Dès le dix-huit du mois, oui, on a besoin, et presque chaque jour, de ces quinze euros. L'essence, l'assurance, la nourriture, rester correctement vêtu et chaussé, après avoir payé le loyer l'eau l'électricité la taxe d'habitation la redevance télé les abonnements de sport de portable de streaming, ok ce n'est pas indispensable, mais à vingt-et-un ans... Maintenant il a vingt-cinq ans, et il est vrai qu'il s'en passe, par la force des choses... Mais personne ne semble disposer à entendre, moins encore à écouter. Alors, il répond, non je n'en ai pas besoin. C'est un mensonge de bonne foi. Ceux que l'on fait pour quelqu'un d'important. Et comme on est de bonne foi, on finit par y croire, on le répète à l'envi... Les mensonges sont faits pour vous sauver. Ceux-là, ceux de bonne foi, ce sont les pires. A tous les coups ils vous coulent. » Kerma est au tribunal. Il a servi de taxi à deux jeunes ayant commis un méfait. Quinze euros de gagnés qui risquent de lui valoir des années de prison. Ici, en Guyane, le regard des juges est sans doute pire comme sanction. Mais qu'a-t-il fait ? Quelle est sa vie ? Et qui sont les différents personnages du premier roman de Christiane Taubira ? Des jeunes, des femmes, des mères courages, des éducateurs engagés, des élus, des gens de peu et de beaucoup, des villages perdus, des éloignés du Surinam, des palabreurs, des conteurs, des arbres exotiques, des animaux qui le sont autant... Avec une verve éblouissante, l'ancienne Garde des Sceaux brosse un tableau magnifique et terrifiant, vrai et fictionnel des coutumes, des mots, des traditions, des mœurs, des violences, des errances comme des miracles de cette terre qu'elle connait bien et aime tant. Un livre qui parle au cœur, aux tripes, qui donne à rêver, sourire, s'émouvoir, pleurer, autant que réfléchir. à lire – à lire – à lire – à lire – à lire – à lire «Dans les yeux du ciel» Rachid Benzine C’est le temps des révolutions. Une femme interpelle le monde. Elle incarne le corps du monde arabe. En elle sont inscrits tous les combats, toutes les mémoires douloureuses, toutes les espérances, toutes les avancées et tous les reculs des sociétés. Plongée lumineuse dans l’univers d’une prostituée qui se raconte, récit d’une femme emportée par les tourments de la grande Histoire. Dans les yeux du ciel pose une question fondamentale : toute révolution mène-t-elle à la liberté ? Un roman puissant, politique, nécessaire. Rachid Benzine, né en 1971 à Kénitra au Maroc, est arrivé en France à l'âge de sept ans, il devient plus tard champion de France de kickboxing en 1996. Avant de s'orienter vers des études d'Histoire et d'islamologie. Il a enseigné à l'Institut d'études politiques d'Aix en Provence, dans le cadre du Master "Religions et société", et a été chercheur associé à l’observatoire du religieux. Il a également donné des cours à la faculté catholique de Louvain La neuve et à la faculté de théologie protestante de Paris. Rachid Benzine est notamment codirecteur de la collection Islam des lumières aux éditions Albin Michel. Écrivain prolixe, il s'attache à penser un islam en phase avec notre temps et s'investit également dans le dialogue islamo-chrétien. « Dans les yeux du ciel » est écrit dans un style simple, limpide mais efficace au rythme rapide, avec des phrases percutantes, brèves. Sa plume unit le sens de la formule à l'humour avec dextérité malgré une histoire mélancolique et forte de sens. Rachid Benzine crée un lien entre le destin de Nour, prostituée, une femme du peuple et la révolution du monde arabe. Nour devient un symbole, un personnage a part entière dans un pays en guerre contre lui même mais toujours sans haine. Il signe un portait de femme tout en émotions, en nuances à travers un texte qui examine la société et l'intime. Seul son ami Slimane, un poète homosexuel qui se prostitue lui aussi pour survivre connaît sa vraie vie. Issu d'un milieu aisé, il a été rejeté par sa famille. On ne vit pas de la poésie, alors il tapine. Nour et Slimane vivent une belle amitié amoureuse. Après « Ainsi parlait ma mère », un roman fort et humain sur la difficulté de l'exil, Rachid Benzine convainc une nouvelle fois avec ce roman politique, courageux illuminé par deux personnages emblématiques et attachants. à lire – à lire – à lire – à lire – à lire – à lire On connaît Michelle Obama, Rosa Parks ou Nina Simone. Mais peut-être moins Sojourner Truth, Audre Lorde ou Darling Légitimus…Des Antilles aux États-Unis, en passant par Paris, ce livre retrace la vie de ces femmes, noires, libres, inspirantes. Des combattantes parfois méconnues, oubliées. De la fin de l’esclavage jusqu’à aujourd’hui, l’historienne Audrey Célestine dresse plus de 60 portraits d’héroïnes ou d’inconnues. Refusant d’être réduite à la couleur de leur peau, elles ont chanté, créé, écrit…Loin d’être des passagères clandestines de l’histoire, elles se sont battues contre l’asservissement, la ségrégation, le racisme. Aujourd’hui, leurs héritières poursuivent et réinventent leurs luttes. La trajectoire d'une famille, aux confins de la petite histoire et de la grande. Dans ce récit intime qui s'étend de 1930 à 2010, Audrey Célestine retrace la vie des membres de sa famille sur trois générations, des Antilles à l'Algérie en passant par le nord de la France. Les parcours de ces personnages dont les vies sont bousculées par la colonisation ou l'empire se font les témoins d'un contexte historique, politique et sociologique. En plus de nous embarquer dans ce dédale de routes passionnant, l'écriture personnelle d'Audrey Célestine, sociologue, vient incarner les problématiques de l'identité, de la racialisation et de l'expérience du racisme. En somme l’histoire de sa famille, c’est l’histoire de la France, de sa colonisation, de son immigration. Pas plus française donc que sa famille qui a des souches de différentes essences. Elle retrace l’histoire de sa famille en identifiant les traits communs entre ces personnes qui ont pourtant vécu dans des espaces parfois complètement différents. Et ainsi, sans écarter la réalité du racisme, elle évite l’essentialisme: être noire, être métisse, être un couple mixte n’a pas beaucoup de sens. Ce qui unit ce sont les trajectoires, ici les dynamiques d’ascension sociale, réussie ou non. à lire – à lire – à lire – à lire – à lire – à lire Djaïli AMADOU AMAL née en 1975 à Maroua dans l'Extrême-Nord du Cameroun, est une militante féministe et écrivaine camerounaise. Conteuse hors pair, elle a été lauréate du Prix de la meilleure auteure africaine 2019 et du Prix Orange du livre en Afrique 2019, elle est dans la dernière liste du Goncourt 2020. A travers ce roman choral, l'autrice raconte l'histoire de trois femmes vivant au Cameroun. On suit le destin de Ramla et Hindou, mariées de force à 17 ans. Ramla doit mettre ses rêves de devenir pharmacienne de côté, pour épouser un riche homme d'affaires de 50 ans, polygame. Elle devra se faire une place dans la « concession », aux côtés de la coépouse, qui se sent menacée par l'arrivée de cette fille. Hindou est mariée de force à son cousin, un jeune homme alcoolique et violent, qui la battra dès leur nuit de noce et qui n'aura de cesse d'humilier sa jeune épouse La troisième femme, Safira, vous la découvrirez en lisant ce roman. Mariage forcé, polygamie et viol conjugal sont le destin des jeunes femmes du Sahel. A leur détresse, on leur répond « Munyal », littéralement « patience ». « Au bout de la patience, il y a le ciel. » Mais avant le ciel, il y a l'enfer. Quels espoirs ces jeunes femmes peuvent-elles avoir dans un pays où, entre religion et croyances, la femme n'est là que pour satisfaire les désirs de l'homme et lui permettre d'assurer une descendance ? Djaili Amadou Amal signe un roman qui dénonce, sans langue de bois, la condition de la femme dans les pays du Sahel. « Vous appartenez à votre époux et lui devez une soumission totale, instaurée par Allah ». Pourquoi les hommes doivent-ils toujours écrabouiller les femmes pour se valoriser ? C'est un roman poignant et bouleversant, qui nous pousse, nous autres occidentaux, à ouvrir les yeux sur la condition féminine au Sahel et les violences que ces femmes subissent quotidiennement. Un roman coup de poing qui recevra peut-être le prix Goncourt 2020. Un roman à lire, à relire et à offrir à tous et à toutes. bande dessinée – bande dessinée – bande dessinée - BD La cavale d’Angela Davis Une BD de Fabien Grolleau et Nicolas Pitz chez Glénat – 2020 Son crime : se battre pour la liberté.États- Unis, mai 1970. Voilà plusieurs semaines que le FBI est sur la trace d'Angela Davis, recherchée pour avoir organisé une prise d'otage dans un tribunal. Son véritable crime : être militante communiste et membre active des Black Panthers. Il faut dire que les injustices subies par le peuple noir, Angela les a bien connues. Originaire de Birmingham, elle a grandi dans l'Alabama des années 1960, où la ségrégation sévissait encore et où le KKK œuvrait avec bénédiction du pouvoir en place. Angela a vécu la violence, les meurtres, les émeutes... Elle a fait partie de celles et ceux qui ont décidé de se lever et de ne plus accepter. Aujourd'hui, elle est traquée pour ça. Elle ne sait pas encore qu'elle va devenir une légende, l'icône d'un peuple tout entier. En retraçant la cavale d'Angela Davis, les auteurs mettent en lumière une figure majeure du Black Power qui s'est illustrée par ses actes et nous replongent avec force dans l'Amérique tourmentée du combat malheureusement toujours d'actualité pour les droits civiques. Le travail documentaire très fouillé effectué par les deux auteurs met en scène le contexte. Si l’histoire se concentre sur la traque d’Angela, on trouve également des flash-backs qui permettent de comprendre son engagement. Le récit se déroule sur trois temporalités avec des séquences en montage alterné : la cavale de 1970, la controverse à UCLA et la rencontre de George en 1969, et l’enfance d’Angela dans les années 1950. Ainsi on a la description de ses premières années à Birmingham en Alabama, « ville la plus ségréguée » des Etats-Unis d’après Martin Luther King, dans un quartier où s’établissent les familles noires plutôt aisées dont font partie ses parents et que le Klan toujours très présent cherche à déloger à coups de bâtons de dynamite, d’intimidations et d’incendies. On voit aussi que les parents d’Angela sont des militants et certains propos entendus par la fillette seront repris ultérieurement par la jeune femme devenue activiste. Depuis l’enfance, Angela se répète le même mantra : « ne jamais s’habituer ». Le lecteur devrait aussi le faire sien …et c’est peut-être une des raisons d’être de ce beau roman graphique de 150 pages. Cet album est tout à la fois un biopic, un roman d’apprentissage, une histoire d’amour, un thriller politique, un témoignage historique, une œuvre engagée contre le système carcéral et la ségrégation. musique – musique – musique - musique Les Mamans du Congo, groupe afroféministe, chante le matrimoine. Valoriser les berceuses traditionnelles congolaises tout en appelant à l'émancipation de la femme africaine : tel est le beau projet des Mamans du Congo, menées par la chanteuse et percussionniste Gladys Samba. La crise sanitaire paralyse Brazzaville, la capitale de la République du Congo, rendant impossible tout concert. "C'est le chaos", soupire Gladys Samba. Mais elle tient, peaufine le futur spectacle prévu au printemps 2021, impatiente de livrer son nouveau projet né d'une "urgence" : révéler au monde le matrimoine culturel congolais et donner de la voix pour la femme africaine. Gladys prend sa mission à bras le corps : elle réunit son groupe 100% féminin, Les Mamans du Congo, créé en 2018, et ensemble, les cinq musiciennes décident de réhabiliter ces berceuses oubliées. Des mélopées ancestrales de l'ancien Kongo qui racontent le quotidien de la femme congolaise, sa place à prendre au sein d'une société encore très patriarcale. "Notre objectif, c'est de mettre la femme au centre et de transmettre les valeurs de nos mamans, super battantes. Elles s'occupaient des enfants, mais avaient aussi allaient récolter et vendre sur les marchés pour avoir un peu de sous. On veut ramener leur énergie sur scène pour montrer que notre tradition est extraordinaire.« "La place de la femme n'est pas simplement à la cuisine" Derrière le projet de revalorisation musicale, ces Mamans afroféministes veulent éveiller les consciences, appeler à l'émancipation de la femme africaine, l'exhorter à sortir de son rôle traditionnellement cantonné à la maison et aux tâches domestiques. "Une femme africaine moderne doit travailler, faire ce que les hommes font. Car on peut tout faire ! Pas mal d'hommes n'aiment pas voir leur femme partir au boulot, même encore aujourd'hui. Nous nous battons pour faire changer les choses" cingle Gladys Samba, qui a d'ailleurs créé l'Association Femme du foyer (AFF) pour encourager à l'autonomie financière et la création d'entreprise. L'artiste engagée se réjouit : sa musique trouve maintenant un écho. Et ses messages militants se déploient dans la rue comme dans les foyers. "Ça cartonne quand on les chante ici maintenant. Les enfants sont ravis, les grandes personnes aussi. J'entends de plus en plus de femmes chanter ces chansons." Mission accomplie! Les Mamans du Congo & Rrobin (Jarring Effects Label/L'autre distribution/Believe) 13 /11/2020. musique – musique – musique - musique La Dame Blanche hip-hop cubain, musiques afro-latines, électro… « Ella », son 4ème album ! Yaite Ramos a grandi dans un quartier modeste de Pinar del Rio à Cuba. Un environnement musical où elle doit s’affirmer, se mesurer aux autres membres de la famille – son père Jesus “Aguaje” Ramos est directeur musical du Buena Vista Social Club – et se donner les moyens de mériter leur reconnaissance. De Pinar del Rio jusqu'à Paris, en passant par Mexico et Buenos Aires, la chanteuse, flûtiste et percussionniste cubaine La Dame Blanche s'est imposée en quelques années comme une véritable alchimiste du hip-hop afro-latin. Sa voix altière, son flow précis, sa grâce féline et le concours des esprits afro- cubains, créent en concert une atmosphère unique empreinte de mysticisme. Depuis son arrivée à Paris et les tournées avec de nombreux groupes, nous discutons de ses influences mais aussi des couleurs, des odeurs, de ce qui compose aujourd’hui La Dame Blanche, de son envie de faire se côtoyer le hip- hop et les musiques traditionnelles, de jouer avec les codes, de clamer haut et fort son souhait de voir les femmes se défendre et reconnaître leur valeur. La Dame Blanche soutient aussi le mouvement « #NiUnaMenos » « Pas une de moins », le hashtag « sous lequel se sont rassemblées les manifestations massives du 3 juin 2015 et 2016 qui ont eu lieu dans plusieurs villes d’Argentine, et dans d’autres pays de la région comme l’Uruguay (2015), le Chili et le Pérou (2016), et l’Espagne (2015) pour protester contre les violences faites aux femmes, notamment les féminicides. Son nouvel album « Ella », est une ode à la féminité qui célèbre dix femmes, des amies et des inconnues qui ont croisé son chemin et qui ont toutes un peu d’elle- même. « Ce sont aussi des archétypes féminins universels qui racontent le refus de la violence, l’affirmation de soi face à l’adversité, la liberté sexuelle et les méandres du désir. ». Cet album est à l’image de la Dame Blanche, il refuse de se laisser enfermer et il est riche de son parcours, de ses expériences, de ses aventures, de sa curiosité, elle y invite les musiques afro-latines, le rap, la trap, le reggae, la makuta, l’électro… Groupe de recherche ACHAC Pourquoi la France a-t-elle du mal à regarder son histoire coloniale en face ? Christelle Taraud, historienne, enseignante dans les programmes parisiens de et de , est spécialiste des questions de genre et de sexualité dans les espaces coloniaux, notamment au Maghreb. 70 ans après la fin des guerres d'indépendance, l’histoire de la colonisation française et les processus de décolonisation restent partiellement connus et étudiés. Pourtant, les débats autour du passé colonial français se multiplient ces dernières années : appels à reconnaître les massacres et leurs victimes, restitution des œuvres d’art, déboulonnages de statues. Il faudra attendre 2017 pour qu'Emmanuel Macron soit le premier président français à qualifier la colonisation de "crime contre l'humanité" et à lancer, 3 ans plus tard, une mission sur la mémoire de la colonisation et la guerre d'Algérie. Assiste-t-on à la fin d'un tabou ? Peut-on "réconcilier" les mémoires ? Christelle Taraud : La question coloniale en Europe remonte à la période dite des "Grandes explorations" à partir du XVe siècle, lorsque les premiers empires se sont constitués en Afrique et en Amérique. Mais aujourd'hui, les personnalités politiques, les chercheurs, se réfèrent assez rarement à ces empires, sauf lorsqu'est évoqué l'histoire de l’esclavage puisque la traite atlantique est le produit direct de ce partage du monde. Maintenant, on se réfère surtout aux empires coloniaux bâtis à partir du début du XIXe siècle, où l'on assiste à une occupation totale des territoires et on évoque presque exclusivement les empires français et anglais, alors qu'il y a aussi eu des empires portugais, néerlandais, belge ou allemand. Quant à "l'ère des indépendances", pour la France, elle démarre avec la guerre d'Indochine (1946-1954) et se termine avec les guerres du Cameroun (1955-1961) et d'Algérie (1954-1962). Puis l’indépendance de Djibouti bien après en 1977, et le référendum pour l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie cette année. Après la fin des guerres d'indépendance, l'attitude des dirigeants français vis-à- vis de ce passé colonial pourrait se résumer en une formule lapidaire : glorification de l'œuvre, déni des crimes. La politique de l'Etat a été de mettre en avant les "bienfaits" de la "mission civilisatrice" française, tout en taisant les crimes. Juste après les accords d'Evian en 1962 et jusqu'en 1982, l'Etat fait passer 2 décrets et 3 lois qui empêcheront toute poursuite concernant les crimes commis durant cette guerre – d’où une chape de plomb sur l'armée française en Algérie, et aussi le rôle et les actions de l'Organisation de l'armée secrète (OAS). ACHAC suite Connaître la colonisation est essentiel pour comprendre la France d'aujourd'hui. Ce déni s'explique parce qu'il questionne nos valeurs fondatrices et nos difficultés à les appliquer. La Révolution française a inscrit dans le marbre que "tous les hommes naissent libres et égaux en droits", Alors comment peut-on être républicain et colonialiste ? Comment peut-on expliquer le racisme systémique hier et aujourd'hui ? Ces questionnements perdurent, font mal, et il est toujours très difficile d'en parler. Il faudrait commencer par réécrire les livres d'histoire ? Il faudrait revoir les programmes, car on ne peut plus enseigner l'histoire de la colonisation comme il y a trente, quarante ans, il faut former les enseignants du secondaire. J'en vois beaucoup qui sont démunis, qui font face à des élèves qui se demandent pourquoi l'histoire de leurs parents et grands-parents est absente des livres d'histoire. La France d'aujourd'hui est très différente de celle de 1789, 1848, 1962… Elle est le produit d'une recomposition démographique composite où les immigrations postcoloniales ont une place importante. Ce qui semblait très important à raconter aux Français d'hier l'est peut-être moins – ou doit l'être différemment – pour ceux d'aujourd'hui. Mais ce qui est certain, c'est que l'histoire a toujours été écrite par les dominants, et que les colonisés en ont été le plus souvent exclus. Cette "guerre des mémoires" me paraît logique, puisque notre histoire est exclusive et non pas inclusive. Mais ce dont nous avons besoin, ce n'est pas que chacun fasse son histoire, mais réussir à écrire une histoire commune ensemble. Ne pas faire une histoire des colons d'un côté, une des colonisés de l'autre, mais plutôt une histoire de la relation coloniale et postcoloniale. Ecouter les témoignages, prendre au sérieux les deux côtés, et ce, sur plusieurs générations. A force de ne pas parler de ces histoires, on abîme durablement les individus et la société, c'est comme un cancer qui nous ronge de l'intérieur et empêche tout avenir commun. A chaque débat sur l'histoire coloniale, une partie de la classe politique et intellectuelle dénonce la "repentance". Je ne suis pas certaine que les anciens colonisés et leurs enfants demandent à la France de se repentir mais plutôt de réparer. En réalité, derrière ce discours il y a la question du nationalisme qui fait la promotion d'une vision binaire : ceux qui peuvent faire partie de la nation, et les autres. N'est-ce pas même l'un des problème qui empêchent de regarder notre passé colonial en face ? Quelle place veut-on donner aux descendants de l'histoire coloniale dans la nation aujourd'hui ? ACHAC suite Et l'art, la littérature, le cinéma, le théâtre? Le rôle des artistes est absolument déterminant. Ce sont des "facilitateurs", ils nous aident à "donner à voir", à sortir du récit officiel, et peut-être aussi à "cautériser" blessures et traumatismes. Le film Indigènes, de Rachid Bouchareb, sorti en 2006, a été très important car il a mis à mal ce mythe de la libération de la France orchestrée uniquement par des Français blancs. La Libération, en réalité, s'est nourrie de la relégation des soldats issus de l'Empire. Sans eux, aurions-nous pu retrouver notre liberté ? De manière générale, l'art incarne quelque chose de très puissant, c'est notre culture, ce qui nous lie. La question du lien créé par l'art est essentielle, comme le montre le débat sur la restitution par la France des œuvres d'art issues de l'Afrique. On a oublié à quel point la prédation culturelle pendant la colonisation a été terrible. L'Afrique subsaharienne a vu 90% de ses artefacts disparaître. Quand on arrache la culture, c'est l'âme qu'on emporte. Aujourd'hui, si une Sénégalaise, un Ivoirien, une Camerounaise… souhaite accéder à des pièces artistiques provenant de son histoire, elle ou il doit se déplacer – quand c'est possible – à Paris, Londres, Washington. Nous devons faire en sorte que cela ne soit plus le cas, mais pas de façon paternaliste. La restitution des œuvres fait partie d'une nécessaire réparation. La décolonisation est officiellement actée car nous avons signé des traités, mais surtout parce que des personnes se sont battues pour l'indépendance de leur pays. Rien n'a été donné, tout a été conquis ! C'est important de le rappeler. Mais est-ce que ces processus sont terminés ? Non, ils prennent des formes sournoises. La colonisation n'est plus officiellement dans les territoires, mais dans nos esprits, nous interagissons constamment avec des stéréotypes, en confortant des rapports de domination hérités de cette époque. Dans les relations de genre, l'exotisme colonial est toujours présent. A partir des années 1980, l'imaginaire de la "beurette" est très important dans les médias, la publicité, la télévision, le cinéma, y compris pornographique. Récemment, le débat sur les femmes asiatiques a bien montré ce à quoi elles étaient confrontées : qu'elles soient thaïlandaises, japonaises, vietnamiennes… seule compte leur supposée propension à la "soumission". Cet imaginaire néocolonial et masculin est une force de frappe terrible que nous devons absolument déconstruire, car n'oublions jamais à quel point il est producteur de violences, physiques, psychologiques, sexuelles contre les minorités et contre les femmes. Ateliers de la pensée à Dakar en 2019 Quand Dakar répare le passé et prépare l’avenir 3ème édition des Ateliers de la pensée : Scruter le présent et l’avenir du monde à partir de l’Afrique. Les Ateliers, ouverts au public, se sont élargis à de nouvelles figures, pas encore anglophones, permettant de mettre en valeur les travaux de Karima Lazali, psychologue clinicienne et psychanalyste, auteure du Trauma colonial (La Découverte, 2018), le spécialiste camerounais de la psychiatrie transculturelle Parfait Akana, qui a évoqué les « encombrements humains » désignant les lépreux à Dakar l’anthropologue gabonais Joseph Tonda, ou la militante associative burundaise Aline Ndenzako (photo). Le témoignage de cette dernière sur la situation au Burundi, dans un panel consacré aux « génocides, crimes de masse, extrémisme religieux violent et résilience », ponctuée d’un élément sonore anonyme reçu la veille du Burundi, évoquant le terme de « travail » pour désigner de possibles massacres à grande échelle, comme au Rwanda de 1994, a poussé les Ateliers à se clore sur une déclaration politique. Un appel a été lancé à l’Union africaine (UA) pour que « toutes les mesures préventives possibles » soient prises. Mettre fin à la spirale de la violence Melchior Ndadaye, un Hutu, élu en 1993, est assassiné par des militaires tutsis. La réaction est immédiate : les Tutsis du Burundi sont traqués et massacrés par la majorité hutue. Le pays ne sortira de la guerre qu’en 2002, après 200 000 morts. Un gouvernement est formé en 2005 et une nouvelle Constitution adoptée. 10 ans de paix s’ensuivent, auxquels le président Pierre Nkurunziza met fin en 2015, en briguant un troisième mandat non constitutionnel. « Par manipulation politique, il réanime le désir de revanche des orphelins des massacres de Hutus en 1972, dont il fait partie », analyse Aline Ndenzako. L’ancien footballeur français Lilian Thuram a versé des larmes. « J’ai été très ému. Pour que cette violence portée par l’histoire s'arrête, il faut avoir le courage de regarder ce qu’elle a entraîné tout au long des siècles. C’est exactement le sens de mon travail personnel. Tout comme les femmes doivent montrer aux hommes la violence de leur domination, il faut dire ces choses que certains ne veulent pas entendre, ou dont certains se sentent coupables, alors qu’il y a juste un constat à faire. » La relance du monde d’avant : inefficace, injuste, antiécologique Le gouvernement s’apprête à dévoiler un plan de relance de 100 milliards d’euros économiquement inefficace, socialement injuste et antiécologique. Ainsi, il se saisit de la crise pour amplifier sa politique néolibérale et productiviste. Ce plan est inefficace, puisqu’il s’agit de poursuivre les mêmes recettes qu’avant, appliquées sans succès : une nouvelle baisse des charges des entreprises, soit 20 milliards d’euros d’impôts de production. Bien que présentée sous couvert du plan de relance, cette nouvelle baisse de l’imposition des entreprises, revendication permanente du patronat depuis des décennies, était déjà en gestation avant la crise. Et si le gouvernement s’attaquait sincèrement à des impôts qui touchent la production et non le profit, alors il compenserait cette baisse par une hausse des impôts sur le profit. Ce qu’il ne fait pas. Au contraire, il confirme la baisse du taux nominal de l’impôt sur les sociétés à 25% en 2022. Ce plan est injuste : en l’état, sans obligation de maintien des salaires et de l’emploi, sans obligation de reconversion écologique des investissements et sans relance d’une certaine demande afin de satisfaire les besoins sociaux, la baisse des prélèvements des entreprises viendra surtout nourrir les profits ; c’est une politique en faveur du capital. Le gouvernement répond ainsi, sous couvert de la crise, aux demandes réitérées du Medef, plutôt que de se préoccuper de la suppression des centaines de milliers d’emplois et de l’urgence écologique et sociale. La même orientation conduit à de nouvelles « simplifications », selon la novlangue néolibérale, Ce plan est antiécologique : il aurait surtout dû répondre aux urgences sociales et écologiques et consacrer les dizaines de milliards d’euros versés aux entreprises à une reconversion profonde de la production. Des désinvestissements massifs des activités les plus polluantes, dès les prochaines années, sont nécessaires pour espérer une planète vivable à la fin du siècle. Or, 400 millions d’euros seraient prévus pour développer le nucléaire, énergie polluante et dangereuse. Des centaines de milliers de nouveaux emplois, non délocalisables, sont pourtant nécessaires dans la transition écologique et les services non marchands tout en assurant aux salarié·e·s menacé·e·s par la crise actuelle un maintien de leurs revenus et un droit à emploi. Sur 100 milliards d’euros, seuls une dizaine de milliards viseraient ces besoins (dans la santé et la rénovation thermique des logements). Et alors que le gouvernement se targue de vouloir soutenir le transport ferroviaire, de nouvelles suppressions d’emplois sont prévues à la SNCF dans le fret ferroviaire. Autre secteur d’importance pour l’avenir de nos écosystèmes, l’agriculture ; en la matière, « la transition agricole » (dont il s’agira de vérifier l’orientation n’est dotée que de 1,3 milliard d’euros, environ 4 % de l’effort budgétaire, la 1/2 des sommes consacrées au sauvetage de l’automobile et de l’aéronautique. l'écho renouvelé des cultures africaines

La Première Marche, d’Hakim Atoui et Baptiste Etchegaray Pour la dignité de tous en banlieue Sortie le 14 octobre 2020, le premier documentaire d’Hakim Atoui et Baptiste Etchegaray suit des jeunes qui osent affirmer ce qu’ils sont et vouloir l’ancrer dans leur banlieue. Leur succès est revigorant. C’est leur premier documentaire et c’est leur première marche. Hakim et Baptiste suivent durant six mois Youssef, Yanis, Annabelle et Luca, des étudiants activistes LGBT+ qui veulent faire bouger la banlieue en y organisant une marche des fiertés. En somme s’affirmer dans leur lieu de vie tel qu’ils sont et montrer qu’on peut y être fier de l’être. Le pari n’était pas gagné, ni d’un côté ni de l’autre. Au niveau film, Hakim et Baptiste ont acheté une caméra et ont tout autoproduit, sans trop de mise en scène mais avec une vivifiante spontanéité. Côté organisateurs, on leur prédisait de la violence mais leur audace et leur optimisme ont eu raison des peurs et des contraintes. Faire une Gay Pride à St Denis, c’est un événement : la médiatisation est maximum. Ils font des radios, les télés les suivent. On les verra en AG, en conférence de presse, en réunions. Ils tractent le jour et collent des affiches la nuit, le tout dans une franche bonne humeur. Il faut dire que Youssef offre volontiers à la caméra sa verve et ses postures efféminées. Il en joue volontiers pour affirmer que le sexe est politique : les canons de beauté occidentaux ne correspondent pas à « la peau caramel et les cheveux bouclés ». Il revendique de pouvoir continuer sa vie d’arabe musulman tout en étant queer. Annabelle intervient dans les écoles pour « détruire les tabous autour de la bisexualité ». Posé et efficace, Yanis résiste sur Europe 1 à l’idée que les Gays voudraient quitter la banlieue. Et quand avec Luca, le quatuor pose ensemble devant la mairie et la basilique de St Denis, ils ont le pied ferme et l’œil alerte Le documentaire oscille et capte volontiers discours et positionnements pour manifester leur volonté de conjurer l’ignorance et dépasser les haines. Il est à l’aune du chaos de ce combat sans moyens et permet ainsi d’en saisir l’énergie. Rien n’est simple, ni avec les habitants ni avec les médias, mais ils ne se laissent pas abattre pour promouvoir le vivre ensemble. Si bien que ce petit film documente une grande action et sait communiquer son enthousiasme Le mois d'octobre a démontré la force de la mobilisation citoyenne autour de la thématique des personnes sans papiers. Quand l'enfermement et l'expulsion priment sur la protection de la santé. Alors que l’épidémie de Covid-19 connaît un nouveau rebond, des personnes continuent d’être enfermées au centre de rétention du Mesnil-Amelot dans des conditions qui ne permettent pas d’empêcher la propagation du virus. La politique de criminalisation des personnes étrangères se poursuit au détriment des enjeux de santé publique. Depuis le 11 août dernier après l’apparition d’un cluster au CRA du Mesnil-Amelot, le ministère de l’Intérieur a refusé de fermer ce CRA, seule mesure à même de protéger la santé des personnes enfermées. Ces personnes ont été exposées à une contamination ou ont pu contracter le virus au sein du CRA. Maintenues en “quarantaine”, privées de nombre de leurs droits, sans pour autant être isolées les unes des autres, privées de visite, d’accès au juge et à leurs avocat·e·s, elles ont par contre continué à prendre des repas en commun et à partager des sanitaires parfois insalubres. Ainsi, au vu des conditions d’enfermement, l’Agence Régionale de Santé a déclaré que toutes les personnes retenues étaient considérées comme des cas contacts. Et pour cause, le Mesnil-Amelot a comptabilisé près d’une quinzaine de personnes contaminées durant le mois d’août, fonctionnaires de police ou personnes enfermées. A l’heure où de nouvelles mesures pour faire face à l’épidémie sont annoncées par le gouvernement, le centre de rétention du Mesnil-Amelot, comme l’ensemble des centres de rétention en France, continue de fonctionner en dépit des enjeux de santé publique et il est à ce jour impossible de déterminer l’étendue de la contagion au sein du centre. Par conséquent, La Cimade réitère son appel à la fermeture des CRA déjà exprimé publiquement et adressé sans succès au ministère de la santé et au ministère de l’Intérieur. Les ressources minérales de l’Afrique, atout ou malédiction

Les ressources de l’Afrique sont particulièrement convoitées depuis la révolution industrielle du xixe siècle amplifiée aux siècles suivants par le besoin de matériaux stratégiques de première génération (manganèse, chrome, cobalt, uranium…) et de seconde génération, destinés aux hautes technologies (tantale, niobium, germanium, platine, lithium…). À cet égard, la découverte et l’exploitation d’une mine d’hydrogène au Mali, par la société pétrolière canadienne PETROMA Inc., sans doute une première mondiale, n’est pas sans lien avec l’émergence de la technologie des moteurs et véhicule à hydrogène, prémices d’une révolution énergétique décarbonée. En tant que briques de base de tout développement économique, ces ressources peuvent aussi être le pilier de la sécurité et du confort en Afrique comme ailleurs. La trajectoire du Botswana, malgré sa position asymétrique face aux grandes puissances et à leurs multinationales, en fournit la démonstration grâce à ses diamants. L’Afrique sur l’échiquier minier mondial : monopoles et semi-monopoles Le monopole de l’Afrique concerne une série de matériaux et s’observe d’abord sur les phosphates, l’un des minerais les plus essentiels à la sécurité alimentaire mondiale, à hauteur de 80 % des réserves connues. Plus significatif encore, environ 75 % des superphosphates sont concentrés au Sahara occidental et au Maroc, premier producteur et exportateur mondial. En ce qui concerne les réserves comme les exportations, ce monopole se constate ensuite sur les pierres et métaux précieux, l’or, les diamants et les platinoïdes. En atteste la position séculaire de leurs leaders mondiaux, De Beers et Anglo-American, nés et enracinés en Afrique. De même, l’Afrique du Sud a dominé la production et l’exportation du métal jaune de 1905 à 2007, date à laquelle la Chine devient le premier producteur. Avec le Zimbabwe elle règne sans partage sur le marché des platinoïdes depuis l’après- guerre. Le monopole africain s’observe également sur le marché des diamants depuis les années 1870. Les ressources minérales de l’Afrique, atout ou malédiction

Même domination africaine sur les composants parmi les plus essentiels de la sidérurgie : le manganèse, matériau aux origines de la révolution de l’acier et dont l’Afrique du Sud et le Gabon monopolisent les réserves de haute teneur. Le chrome, métal à la base des aciers spéciaux, concentré en Afrique à hauteur d’environ 84 %. Enfin, dans la copperbelt entre la RDC et la Zambie, le monopole africain se confirme sur les réserves et la production du cobalt (70 %), substance de la métallurgie des superalliages de l’aéronautique. Enfin, on doit parler d’un semi- monopole de l’Afrique, souvent d’ordre qualitatif, ce pour certains matériaux de haute technologie indispensables à l’électronique, aux systèmes de défense téléguidée ainsi qu’à la production d’énergie « verte » : tantale, niobium, germanium, lithium, terres rares, béryllium dont l’un des plus importants gisements mondiaux se trouve au Rwanda (???), mais aussi cobalt et platinoïdes déjà considérés. NB : coltan = colombite [Nb2O6] + tantalite O6] pour téléphones, fusées, etc. 60 et 80 % des réserves mondiales au KIVU en RDC.

Une chance pour l’Afrique… de demain La trajectoire de l’Europe et des États-Unis au xxe siècle et celle de la Chine aujourd’hui démontrent que la transformation et la consommation de minéraux constituent le socle du développement et de la prospérité : ne les mesure-t-on pas souvent par la consommation de fer et d’acier ? À cet égard, la création d’une filière sidérurgique en Afrique permettrait la mise en place des infrastructures de base ainsi que la fabrication de matériels agricoles, deux facteurs qui manquent cruellement à l’Afrique. En ce domaine, une coopération industrielle stratégique pourrait opérer entre l’Europe et l’Afrique sous la forme d’une communauté euro- africaine de l’acier. Elle pourrait impulser la dynamique nécessaire au « développement du continent africain », ainsi que le prévoyait la Déclaration Schuman du 9 mai 1960, ouvrant à terme un débouché considérable à l’Europe. Parallèlement à cette nécessité d’infrastructures et de mécanisation, l’Afrique devrait développer la filière des engrais pour garantir véritablement sa sécurité alimentaire. Elle résorberait ainsi le paradoxe actuel : continent des phosphates, elle est celui qui manque d’engrais et où les rendements sont les plus faibles : 80 quintaux de blé sont récoltés par hectare dans la Beauce, 30 dans le tchernoziom ukrainien et seulement 13 en Afrique subsaharienne. Enfin, l’Afrique dispose d’une marge de manœuvre tout aussi considérable dans le secteur des pierres et métaux précieux dont elle est le premier pourvoyeur mondial. Amplifiant le modèle botswanais sur une base régionale ou sous-régionale, elle pourrait mieux maîtriser leur production et leur commerce voire leur transformation et en tirer suffisamment de devises nécessaires au financement de son développement économique et social, tant les enjeux y sont considérables NDLR : La grande question reste évidemment à qui appartiennent ces richesses sinon à des multinationales totalement étrangères à l’Afrique. Le média d’une France plurielle

DEBOUT, TÊTE HAUTE, NOUS, MUSULMANS FRANÇAIS... « On a vengé le Prophète Mohammed ! On a tué Charlie Hebdo ! » Ces mots des frères Kouachi, capturés par une caméra amateur, résonnent encore dans ma tête. Ces cris guerriers lancés alors que les tueurs viennent d’abattre froidement un policier au sol… Ce flic était l’un des premiers à être sur le terrain, après le carnage du journal satirique au cœur de Paris : Ahmed Merabet, policier, de confession musulmane, assassiné « au nom de l’islam » « Des lâches, des barbares ! » s’énerve Mohamed Douhane, commandant de police. Sa voix se noue lorsqu’il évoque les attentats de janvier qui l’ont « triplement endeuillé : en tant que Français, en tant que policier et en tant que musulman ». La mort de son confrère l’a particulièrement bouleversé. Leurs histoires se ressemblent: des parents algériens immigrés, des origines modestes, le premier a grandi en banlieue grenobloise, le second à Livry-Gargan en Seine- Saint-Denis (93). Le 13 janvier 2015, le commandant Douhane assiste à l’hommage national en l’honneur des trois agents tués lors des attaques terroristes. L’après-midi, il se rend à l’inhumation du cercueil d’Ahmed, recouvert du drapeau tricolore, au cimetière musulman de Bobigny. « C’était noir de monde…» Le chagrin de la famille, celui de la mère du défunt. « Une dame qui portait le voile avec beaucoup de dignité »,. « Ces tueurs ne sont pas musulmans ! L’islam, c’est le partage, la tolérance, le goût de l’effort, le travail. Des valeurs évidemment en harmonie avec la République », clame ce policier en deuil. À Yèbles, en Seine-et-Marne, Un village, avec sa place et sa petite église, entouré de champs cultivés. Et à peine une quinzaine de familles d’origine étrangère. La maire, Mariéme Tamata-Variné, élue du peuple, noire et musulmane ! « Que je sois croyante n’est pas inscrit sur mon front, Je suis une personne lambda. » Son parcours, lui, sort tout de même du commun. Mauritanienne, elle arrive à Paris en 2000 pour ses études de commerce. Elle s’installe en France, se marie avec un Tahitien converti à l’islam. Quatre ans plus tard, elle acquiert la nationalité française et devient conseillère municipale avant d’être élue maire en 2014. « La diversité est une richesse », assure cette mère d’une famille recomposée de 4 enfants. L’édile ouvre sa petite bourgade au monde, en organisant le week-end de la Francophonie. L’occasion au village d’une fête des différentes cultures. Au printemps, elle lance une campagne de dons sur internet, et réunit près de 40 000 euros, pour financer l’agrandissement de l’école devenue exiguë devant l’afflux de nouveaux élèves. rencontres, publications, manifestations, expositions, réflexions

à la veille du référendum constitutionnel du 1er novembre 2020 en Algérie Pour la solidarité avec le peuple algérien et la libération des détenus du Hirak

« L’ Appel à la solidarité avec la lutte du peuple algérien pour les libertés démocratiques et la libération des détenus d’opinion continue de recevoir un large appui non seulement en Algérie mais également parmi tous les peuples du monde. Cette solidarité de femmes et d’hommes épris de justice et de liberté, tout en constituant un encouragement au peuple algérien, indique que l’autoritarisme et la répression qu’il subit ne doivent pas se dérouler dans le silence comme veulent l’imposer les gouvernants parce que le combat du peuple algérien pour la liberté revêt une dimension universelle. » La voie est dans l’ouverture des scènes politiques et médiatiques, débarrassées de la surveillance des services de sécurité. Elle est dans l’engagement, par le dialogue et la négociation avec les acteurs du Hirak, d’une véritable transition démocratique, pouvant assurer un État de droit, garant des libertés individuelles et collectives. Cette réorientation politique des dirigeants algériens doit passer par la libération immédiate de tous les détenus politiques ou d’opinion aujourd’hui incarcérés par des juges soumis, avec des incriminations qui n’ont rien à voir avec leur combat pour les droits humains et les libertés démocratiques. Ainsi la condamnation à deux ans de prison ferme de Khaled Drareni ce 15 septembre 2020, ainsi que celle d’Abdelkrim Zeghilèche à la même peine - ultime démonstration de cette justice aux ordres. - sont les plus lourdes prononcées contre des journalistes depuis l’indépendance de l’Algérie.

• nous alertons les différentes organisations internationales pour exiger de l’État algérien le respect de tous les traités et conventions de défense des droits humains ratifiés par l’Algérie ; • nous appelons solennellement le chef de l’État algérien à faire respecter, effectivement, les droits et libertés des citoyennes et des citoyens établis par les conventions internationales et dûment ratifiées par l’Algérie. de Martinique Quand Dany Laferrière s’empare du mot “nègre” et prend sa défense L’ouvrage Dix petits nègres d’Agatha Christie vient d’être rebaptisé Ils étaient dix, par les héritiers de l’écrivaine. Pourtant d’autres auteurs assument l’emploi du mot. C’est le cas de Dany Laferrière, membre de l’Académie française. Le mot “nègre”, il va dans n’importe quelle bouche, il est dans le dictionnaire, vous l’employez, vous en subissez les conséquences. Mais ce n’est pas le mot qu’il faut éliminer. Quand le livre, Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer, était sorti en 1985, il avait provoqué, et pour les mêmes raisons, un débat à travers toute l’Amérique. Le mot “negro” a été censuré par toute la presse américaine. Des Noirs étaient contre moi d’ailleurs. Le National Association for the Advancement of Colored People (NAACP), une des plus puissantes organisations contre l’esclavage, contre le racisme aux États-Unis, m’avait autant censuré que ceux qui étaient d’une certaine manière racistes. Cette censure a fait de ce livre une célébrité mondiale. Alors, si jamais on pense à le recensurer, Dieu merci. Le mot “nègre” est un mot qui vient d’Haïti. Pour ma part, c’est un mot qui veut dire “homme” simplement. On peut dire « ce blanc est un bon nègre ». Le mot n’a aucune subversion. Quand on vient d’Haïti, on a le droit d’employer ce terme et personne d’autre ne peut. C’est un terme qui est sorti de la fournaise de l’esclavage et il a été conquis. C’est là la différence totale avec toute l’histoire du mot “nègre”, si on le prend par les États-Unis, par les abolitionnistes comme par les colonisateurs ou par les écrivains de la négritude, on rate l’histoire. L’histoire, c’est que pour la première fois dans l’histoire humaine, des nègres se sont libérés, des esclaves se sont libérés et ont fondé une nation. Aimé Césaire, lui, déclarait : « Nous naissons dans la cale des bateaux négriers. C’est là qu’est née l’histoire antillaise. Il ne faut pas perdre l’humour quelque part aussi, et il ne faut pas perdre le soufre d’un mot dans les livres. Si on enlève toutes les méchancetés de la bouche d’un méchant, il y aura perte de drame. En tant que lecteur, j’ai envie que tous les mots du dictionnaire puissent vivre. Et puis, je jugerai… dans la bouche d’un Blanc, et n’importe qui peut l’employer. On sait quand on est insulté, quand quelqu’un utilise un mot pour vous humilier et pour vous écraser. Et puis, on sait aussi quand c’est un autre emploi. Vous l’employez, vous en subissez les conséquences Survie – Ensemble contre la Françafrique Les Amis de la Terre France Un cauchemar nommé Total – il y a urgence En Ouganda et en Tanzanie, les projets pétroliers de Total sèment le désespoir et la peur. Nous publions avec Survie une nouvelle enquête incluant de nombreux témoignages montrant que les violations de droits humains dénoncées dès 2019 se développent , se poursuivent et se mul- tiplient, touchant désormais environ 100 000 personnes. En 2006, de larges réserves de pétrole ont été découvertes en Ouganda constituant les 4èmes réserves plus importantes en Afrique sub-saharienne, estimées à près de 6,5 milliards de barils de brut, dont au minimum 1,4 milliard récupérable. Dans le cadre du projet Tilenga, Total prévoit de forer plus de 400 puits répartis sur 34 plateformes pétrolières. Un oléoduc de 1 445 km de long transportera le pétrole jusqu’en Tanzanie d’où il sera exporté. Ces deux projets impliquent des déplacements massifs de population. Le projet Tilenga provoquera le déplacement de plus de 31 000 personnes du district de Buliisa, Quant à lui, l’oléoduc traversera 178 villages en Ouganda et 231 en Tanzanie, provoquant le déplacement de plusieurs dizaines de milliers de personnes dont les droits sont bafoués avant même les premiers forages. L’accaparement de leurs terres a bouleversé la vie de 100 000 personnes. Les sous-traitants de Total ont en effet pour tâche de faire déplacer les familles pour laisser la place aux puits et infrastructures des projets. Selon les témoignages, des dizaines de milliers de personnes sont privées de leurs terres, avant même d’avoir reçu la moindre compensation. Selon les témoignages collectés, cela fait plus de deux ans qu’elles se retrouvent donc sans aucun moyen de subsistance, entraînant des situations de famine et de déscolarisation. De nombreuses personnes dénoncent avoir subi des pressions et intimidations pour signer les formulaires de cession de leurs terres, et disent ne pas savoir quand ni parfois même combien elles vont être indemnisées pour racheter de nouvelles terres et cultures. Avec Survie, nous publions ce nouveau rapport démontrant que Total en Ouganda et en Tanzanie viole les droits humains de 100 000 personnes et impliquent des risques irréversibles pour l’environnement, le climat et la biodiversité. Ces projets aux coûts sociaux et environnementaux inacceptables doivent cesser d’urgence. Pourtant, Total continue de nier la gravité des faits, et selon nous, viole toujours la loi française sur le devoir de vigilance. L’audience en appel de notre procès contre Total se tient le 28 octobre 2020. LE DERANGEUR Collectif Piment petit lexique en voie de décolonisation Les Békés en Martinique LE DERANGEUR Collectif Piment petit lexique en voie de décolonisation LE DERANGEUR Collectif Piment petit lexique en voie de décolonisation Dictionnaire enjoué des cultures africaines Alain Mabanckou et Abdourahman Waberi CFA (franc) Dictionnaire enjoué des cultures africaines Alain Mabanckou et Abdourahman Waberi Festisol 2020 : pour un climat de solidarité Edito - La Maison Internationale de Rennes se mobilise depuis de nombreuses années pour le Festival des Solidarités, manifestation dédiée à la solidarité internationale et à la diversité culturelle. Autour de la MIR, ce sont des associations implantées partout dans le monde qui s’engagent pour lutter contre les inégalités, participer à des actions de développement, ouvrir à d’autres cultures ou défendre les droits humains. Cette année, le Festival des Solidarités devait se tenir du 13 novembre au 29 novembre 2020 et étaient organisés des événements conviviaux et engagés pour inciter les citoyen.ne.s de tout âge à agir pour un monde juste, solidaire et durable. Une quarantaine d'actions sur les thèmes "Climat - Inégalités" étaient programmées avec notamment une soirée d’ouverture avec Jean JOUZEL, climatologue et ancien vice-président du groupe scientifique GIEC, sur la transition climatique et la vision du monde de demain. Covid 19 exigeant, un riche PROGRAMME D’ANIMATION A DESTINATION DES SCOLAIRES ET EXTRA-SCOLAIRES est remis à des temps meilleurs car il n’est pas question d’abandonner tout ce travail partagé depuis des mois par un le Collectif FESTISOL RENNES nombreux et efficace ci-dessous. Action contre la Faim 35, AECIN Tarbiyya Tatali, AESCD Cesson Sévigné, AECIN, AFPS, Artisans du Monde, ASF, Askoria (étudiantes), ATEP, ATTAC, Bretagne Cens, Cacao pour la Paix, CCFD-TS, Collectif Ethique sur l'étiquette, CCFD-TS, Collectif des associations de solidarité internationale de Cesson Sévigné, Club vidéo de Cesson Sévigné, CRIDEV, Entourage Rennes, France Corne de l'Afrique, Génération Verte 21, GREF, Histoires Ordinaires, L'Ettre, Maison de quartier de Villejean, Maison de l'Europe, Mata, MJC Pacé, ONG Solidarités International, ONG DEFI, Pulsart, Selvaviva, Tarbiyya Tatali, Terre à Tiers, UNICEF 35, Ubuntu, Vivre en paix ensemble, Xylm. Ainsi, de très nombreux évènements grand public programmés à Rennes et aux environs seront reportés ou aménagés en distanciation mais il est impossible aujourd’hui de vous informer des dates à venir. Par contre, les contenus du Colloque Cacao pour la Paix « CaP – France » seront traités par une conférence sur You Tube de Philippe Bastide suivi par un débat en distanciel – dates également à venir. Cacao pour la Paix « CaP – France » Association de soutien aux petits exploitants familiaux producteurs du cacao des pays africains en situation de conflit armé ou post- conflit armé. Sur quelles réalités et quels enjeux les cacaoculteurs peuvent-ils agir et comment les accompagner? Les techniques agroécologiques innovantes pour la cacaoculture Les réalités pour le développement de la cacaoculture en RDC : freins et opportunités Contraintes rencontrées par les petits producteurs d’Afrique engagés au niveau de l’exportation? Quelles sont celles des importateurs chocolatiers? Expériences réussies de la productivité de l’agroforesterie pour la cacaoculture Nouvelle technique de conservation des fèves de cacao en expérimentation

« La Face cachée du cacao », le goût saumâtre du chocolat Dans La Face cachée du cacao, le journaliste Paul Moreira propose une enquête sur les dessous du commerce du cacao en Côte d’Ivoire, principal pays exportateur. Deux maux sous-tendent ce marché opaque : travail des enfants et déforestation. Ce film est visible sur You tube