Avant-Propos Pourquoi Cette Présentation
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AVANT-PROPOS POURQUOI CETTE PRÉSENTATION Objet Le Calendrier de Coligny est le vestige incomplet d'une table de bronze présentant un calendrier gaulois. Il couvre en fait une période de cinq ans. Jusqu'aux plus récentes découvertes des inscriptions de la Veyssière et de Chamalières, il était tenu pour l'un des plus longs documents en langue celtique ancienne; il était même le plus long quant au gaulois proprement dit: une tabulation et non un texte, il est vrai. Sa compréhension totale a été durablement tenue pour non résolue. Le présent ouvrage rend compte de son élucidation complète, telle qu'obtenue en 1978, et propose une description détaillée du système calendaire gaulois, confirmée par ce résultat positif. Origine Sans "raconter ma vie", voici la génèse de mon intérêt pour ce calendrier gaulois. Il vient de la convergence de deux pensées mûries dès le temps de mon secondaire (entre 1937 et 1944). 1. Intérêt pour la Celticité en général et plus particulièrement en matière d'ethno-histoire, de linguistique et de toponymie éveillé par la lecture de deux précurseurs: - Dauzat pour l'héritage gaulois et notamment la toponymie, - Auguste Brachet pour l'étymologie du français: ces deux lectures faisaient du bien en ce deuxième quart du Vingtième Siècle où notre Enseignement Public paraissait souffrir d'un syndrome de dédoublement culturel: l'Ecole Primaire nous avait plutôt sommairement enseignés sur "nos ancêtres les Gaulois"; ensuite nos enseignants du Secondaire, passé le temps de quelques bribes du "De Bello Gallico" pour ceux seulement qui "faisaient du latin" n'en parlaient pratiquement pas mais insistaient sur l'héritage humaniste de "nous autres, latins" tout en paraissant d'une incuriosité totale quant à la langue ancestrale des Gaulois: c'était le temps où certaines grammaires françaises n'avaient pas de scrupule à prétendre que le gaulois avait légué "moins d'une dizaine de mots" au français. Ceci m'a incité à commencer dès cette époque par ratisser les mots d'origine celtique cités dans le Benoist-Goelzer et le Gaffiot (dictionnaires latins) et dans le Bailly (dictionnaire grec). Ce fut le début d'une longue quête linguistique qui à la longue a porté ses fruits. 2. Intérêt pour les calendriers, éveillé par les défauts de notre calendrier actuel héritier des âneries romaines sur la durée des mois ainsi que d'un raté par rapport aux échéances astronomiques; -un système compliqué au surplus par la superposition du rythme des semaines, une prescription d'origine religieuse héritée des traditions du Moyen-Orient, relayée et propagée par le Christianisme et l'Islam. J'avais ainsi accumulé au cours des années une documentation permettant de comparer une bonne quinzaine de calendriers plus ou moins antiques; je m'inquiétais de n'avoir noté que quelques bribes sur le Calendrier de Coligny dont j'avais tôt eu connaissance de la trouvaille. C'est seulement dans les années 70 que j'ai eu accès à son contenu, d'abord par une photo publiée par J.J. Hatt dans un livre de la collection Archaeologia Mundi, que j'ai regardée à la loupe et recopiée en agrandissement manuel. L'opportunité de m'y intéresser de visu fut offerte dans les années '70 par sa mise en valeur dans le nouveau Musée Archéologique de Lyon-Fourvières, principalement voué à la Civilisation Gallo-Romaine tout en présentant aussi ses antécédents pré-romains. Je pouvais donc voir et revoir facilement ce calendrier puisque c'était à une centaine de kilomètres de Grenoble avec autoroute. J'avais ainsi de quoi en savoir plus et m'amuser à le décrypter: ce que j'entrepris en 1977, obtins en 1978 et peaufinai en 1979. Habitant alors Grenoble et engagé dans la vie professionnelle, c'est en passe-temps d'évasion intellectuelle que je pratiquais la recherche linguistique, portant entre autres sur la reconstitution du celtique-p ancien et de sa variante gauloise. A la longue, ma collecte, commencée dès les années quarante et devenue recherche bien organisée, avait déjà réuni plusieurs milliers données lexicales. (- Un résultat presque quintuplé depuis, la retraite me donnant davantage de temps pour la Recherche.) C'était une recherche pluridisciplinaire, en ce sens qu'elle requérait des approfondissements en archéologie, histoire, onomastique, toponymie, et pas seulement un ratissage des citations antiques (que d'ailleurs je lisais dans le texte plutôt que de faire tropconfiance à des traductions souvent très "littéraires"); il fallait aussi travailler à bien saisir le mécanisme des étymologies des différentes langues celtiques plus récentes pour filtrer leur énorme apport proposé par une pléiade internationale de linguistes. C'est essentiellement pour tester si et comment ce bagage lexical celtique désormais recueilli pouvait être applicable avec quelque succès à la compréhension de ce Calendrier que j'ai alors décidé de m'y attaquer. Comme c'était un test, je ne me préoccupai pas particulièrement des tentatives déjà faites par des prédécesseurs (et que je supposais avoir déjà abouti de façon conclusive). Au contraire, pour que ce test ait toute sa valeur probante, je m'interdisais de me faire influencer. Réalisation Afin de travailler efficacement, je me suis astreint à suivre sans hâte le pas-à-pas d'une méthode de recherche opérationnelle pensée pour ce cas particulier. 1. S'assurer un document de travail fiable: - Dresser comme document de travail un fac-similé par agrandissement d'une photographie publiée puis contrôle de visu au musée en prenant tout le temps nécessaire, - Collationner ensuite ce fac similé assuré avec les transcriptions publiées, puis re-vérification visuelle de l'original pour éliminer les erreurs de lecture à l'origine des différences constatées. 2. S'assurer du contexte d'époque: - Elaboration d'un modèle mathématique astronomique pour la définition précise du mécanisme luni-solaire de la superposition des cycles des révolutions synodiques lunaires et des années tropiques. - Examen comparatif de nombreux calendriers antiques. 3. Dépouillement critique du Calendrier: - Etude épigraphique, ici "doctus cum libro". - Tabulation de rapprochement des mois homonymes de ce calendrier quinquennal brisé et dont une partie des pièces manquent. - Transcription du texte reconstitué moins incomplètement grâce à ce rapprochement. - A partir du dessin ainsi un peu complété, des abréviations souvent reconstituées et de la numérotation quotidienne des positions, étude statistique des mentions diverses : -Fréquence des mentions répétitives et leur position dominante dans le déroulement. -Espacement entre mentions répétitives isolées; association ou non de mentions répétées. -Examen de ces séries par rapport aux éléments des cycles astronomiques pour identifier les corrélations : cycle lunaire, cycle zodiacal, indépendance des cycles astronomiques 4. Traduction: Après cette préparation seulement, la traduction a pu être attaquée sans les risques d'erreur encourus par des prédécesseurs n'ayant pas eu une approche pluridisciplinaire; ce fut une récréation utile et agréable grâce à la fois au stock lexical déjà entré en fichier et à cette préparation méthodique. Chaque fois que plusieurs significations auraient été pensables sans cette préparation, la conformité avec le calcul astronomique ou éventuellement la météo a joué comme discriminant. .Cette traduction fut chose faite enà peine deux mois, en occupant une partie de mes loisirs, en Automne 1978. Cette élucidation complète a apporté la confirmation de la supériorité du système de ce calendrier par rapport à tous les autres calendriers antiques de type luni-solaire d'Europe et du Proche Orient. Un bon point pour les Druides astronomes, donc. La compréhension ainsi obtenue a eu des développements imprévus causant deux bonnes surprises: La datation précise du calendrier grâce à l'identification d'une éclipse lunaire amenant une cascade de validations des hypothèses de travail et aussi l'explication historique de la motivation des élaborateurs de la table de bronze de Coligny. A son tour et de facon bien inattendue, cette datation vérifiée démontra la coïncidence astronomique de sa chronologie avec la computation d'une ère transmise par une tradition bardique galloise. Tout ceci est documenté en détail ci-après dans la présentation du calendrier gaulois. Je sais maintenant le plus grand gré à Monsieur Hervé Burillier, éditeur scientifique, qui a choisi d'assumer la publication de ce travail en cette année du centenaire de la découverte du Calendrier de Coligny. Avril 1997 ÉLUCIDATION DU CALENDRIER GAULOIS Comment j'ai élucidé le Calendrier de Coligny PROLOGUE Çà s'est est passé il y a plus de vingt ans maintenant: en 1977-78, pour être précis. Basé à Grenoble en ce temps-là, j'étais engagé dans une vie professionnelle très prenante et c'est en "hobby" d'évasion que j'ai abordé ce fameux calendrier. Le Calendrier de Coligny est le vestige fragmentaire d'une table de bronze mise en pièces et dont une partie seulement a été remise aux archéologues après l'exhumation fortuite de ses débris déjà incomplets - semble-t'il- dans la trouvaille. Vite reconnu comme un calendrier gaulois en caractères latins, donc postérieur à la conquête romaine, il couvre en fait une période de cinq ans: -un "lustre", donc. Jusqu'aux découvertes plus récentes des inscriptions de la Veyssière (en Larzac) et de Chamalières (près de Clermont-Ferrand), il fut tenu pour l'un des plus longs documents en langue celtique ancienne ; c'était même le plus long quant au gaulois proprement dit : une tabulation et non un texte, il est vrai. Alors que sa compréhension totale avait été durablement tenue pour non résolue, j'imaginais quand même que d'éminents celtologues en avaient enfin maîtrisé le déchiffrement. Je m'y faisais alors les dents pour le sport intellectuel en même temps que comme un test : vérifier sur un cas concret l'application de mes connaissances déjà acquises par une patiente recherche sur le Celtique ancien. Je m'interdisais donc de chercher et de consulter les conclusions de prédécesseurs dans cette investigation.