Pas-de- Pas-de-Calais

Voisine du château – dont il ne reste aucun très différentes de la plupart de celles qui Bailleul-lès-Pernes vestige –, l’ église abritait en son centre le s’ élevaient dans la région à l’ époque des caveau où Adrien de Bailleul fit, en 1426, archiducs1. Vraisemblablement construites Canton Saint-Pol-sur-Ternoise, arrondissement , 420 habitants inhumer son épouse. Probablement au xvie siècle ; elles ont dû être réparées ISMH 1926 reconstruite à la fin du siècle, comme en sinon en partie reconstruites – à l’ iden- témoigne la fenêtre flamboyante de la tique au début du xviie. On trouve en effet travée sud du chœur, elle dut être ruinée sur les clés, à côté du monogramme IHS et vers 1540 par les troupes françaises de l’ agneau pascal, l’ écu des Bailleul avec et relevée au début du xviie siècle par la couronne comtale accordée en 1604. Maximilien de Bailleul et son gendre, Les transepts sont couverts de voûtes en Ambroise de Hornes. plâtre sur armature de bois, comme devait l’ être celle de la nef avant la regrettable réfec- 3. Albums de Croÿ (éd. J.-M. Duvosquel) Particulièrement élégants, chœur et tran- tion opérée il y a une vingtaine d’ années. sept présentent des façades de brique, Les travaux de construction durent être rehaussées de pierre calcaire, élevées à interrompus à la reprise des hostilités : partir d’ un soubassement de grès taillé. en témoigne la présence, aux angles de la La porte basse du transept est timbrée aux nef comme à ceux des croisillons, de culots armes des Bailleul, accompagnées de la et de départs de nervures placés au même date de 1619 ; le pignon du croisillon nord niveau que ceux du chœur. L’ ensemble porte les mêmes armes, avec la date de fut sans doute restauré une dernière fois 1623 ; celui du croisillon sud présentait des au début du xviiie siècle, après le passage armes Bailleul et Hornes – aujourd’ hui des armées impériales. La seule modifica- disparues – avec de nouveau la date tion notable apportée au xixe concerne la de 1619. On trouve enfin, gravé sur un tour-porche dont l’ étage des cloches a été barreau de fer réutilisé dans la sacristie, le construit en 1898 par l’ architecte béthu- nom de Maximilien de Bailleul et la date nois Degez autour du clocher d’ origine. de 1627. Quant au bénitier de la nef, il est marqué du millésime 1622. La Sauvegarde de l’ Art français a accordé 18 000 € en 2015 pour la restauration de Le chœur, qui comprend une travée droite la maçonnerie et de la couverture du bras et un chevet à trois pans, est couvert de nord du transept, et 8 000 € en 2017 pour voûtes à liernes et tiercerons dont les la restauration du bras sud du transept, nervures prismatiques retombent sur des de la sacristie et du chevet. culots placés particulièrement bas. Il est intéressant de noter que ces voûtes sont Philippe Seydoux

1. Vue de la façade nord

eprésentée vers 1610 sur une un titre de comte et épousa Christine gouache des Albums de Charles de Lalaing, la fille du grand bailli de de Croÿ, l’ église Saint-Omer Hainaut. Quant à sa fille Marguerite, elle Rde Bailleul jouxte un imposant château épousa Ambroise de Hornes, gouverneur dont les différents corps de bâtiments se d’ Artois et général de l’ Artillerie du groupent autour d’ une haute guette. roi d’ Espagne. Délaissée par Eugène- Maximilien, devenu prince de Hornes Mentionnée depuis le xiie siècle, la en 1677, la terre échut à la fin du xviiie famille chevaleresque de Bailleul se dis- siècle à Marie-Thérèse de Hornes, épouse tingua à la fin du Moyen Âge à la cour du prince de Salm-Kirbourg, chambellan des ducs de Bourgogne, avant de s’ allier de l’ empereur, qui n’ oublia pas sa terre e e aux xvi et xvii siècle aux plus grandes artésienne, comme l’ atteste la présence de Note maisons des Pays-Bas espagnols. son nom sur la grande cloche de l’ église, 2. Plan archéologique (É. Barriol et J. Didelon, 1. En particulier celles d’Hesdigneul, d’Hestrus Maximilien de Bailleul obtint en 1604 fondue en 1782. arch. du patrimoine). 4. Vue du chevet et de Marquette-en-Ostrevant.

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