Cocktail Molotov » De Diane Kurys : Les Mots De Femme De La Petite Anne
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SORTIE CINEMA & DVD LE 20 JUIN Presse écrite Hebdomadaires L’Officiel A nous Paris Télé Star Le Canard enchainé Mensuels L’Avant-scène Positif Première semaine du 20 juin 2018 – n°3730 #819 du 18 au 24 juin 2018 - Fabien Menguy mercredi 20 juin n°653 – mai 2018 TV L’Invité – TV5 Monde Vendredi 14h, Audrey Pulvar – E-cinema Emission : L'invité 9 juin 2018 Invitée : Diane Kurys, réalisatrice française. Son film « Cocktail Molotov » ressort en version restaurée cinquante ans après mai 68, dont il célébrait avec sensibilité et force les bouleversements sur la jeunesse. Patrick Simonin : Bonjour Diane Kurys. On peut le dire : c‘est un film culte ! Après Diabolo Menthe, et un triomphe, vous faites Cocktail Molotov. On est cinquante ans après mai 68 ; c’est un film qui raconte, d’une certaine façon, cette France de mai 68, avec un François Cluzet incroyable, Elise Caron…des comédiens formidables ! Cocktail Molotov ressort en version restaurée […] Ça donne envie de monter dans la DS, de partir vers Venise. C’est ça, finalement, que raconte Cocktail Molotov. C’est cette jeunesse qui rêve. Diane Kurys : Cocktail Molotov raconte l’histoire d’une bande de trois copains. C’est un couple, et le 3e, qui quittent Paris juste au moment où mai 68 va éclater, et ils ont l’impression de rater mai 68, alors qu’ils sont en train de le vivre. Ils ne sont pas à Paris, ils sont partis à Venise, et ils veulent remonter sur Paris. Evidemment, les grèves les empêchent de venir. Alors ils courent après les barricades pendant tout le film, ils lisent les journaux, ils écoutent la radio et ils se disent : « On est en train de tout rater, de tout rater ». Et en fait, ils ne le ratent pas, ils le vivent. PS : On a entendu la musique il y a quelques instants. C’était Yves Simon et Murray Head. Ça comptait aussi cette musique-là. DK : oui. J’avais fait Diabolo-menthe avec Yves Simon comme compositeur de la musique ; il avait fait cette fameuse chanson qui a fait partie du succès du film, et là je voulais une chanson en anglais. Alors je lui avais dit : « Tu ne connais pas un chanteur anglais qui aurait une belle voix ? » Il m’a présenté Murray Head et c’est lui qui a écrit les paroles des deux chansons qu’il interprète dans le film. Je les adore toutes les deux. Quand j’ai fait le film, c’était très peu de temps après mai 68, il s’était passé une dizaine d’années donc c’était très frais dans ma mémoire ; comme j’avais vingt ans en 68, je me souvenais vraiment de tout : de la façon dont on pensait, de la façon dont on s’habillait, dont on parlait, et j’avais vraiment l’impression de me retourner très peu en arrière. Aujourd’hui, cinquante ans après, ce n’est pas exactement la même chose. Les célébrations, là, m’ont rendue un peu triste. Mais je pense que le film traduit bien cet esprit-là. Pas un mouvement politique, vraiment, un mouvement culturel, un mouvement de société, les mœurs, l’envie de se libérer de la chape de plomb. C’était ça surtout. PS : Elise Caron, François Cluzet, Philippe Lebas, des comédiens formidables. [….] C’est un film dans lequel vous mettez beaucoup de vous-mêmes, Diane Kurys. DK : Oui, c’est encore un film autobiographique (je n’ai fait quasiment que ça, même si je ne le disais pas toujours). Diabolo racontait mon enfance, 13 ans, 15 ans. Là je raconte 18 ans, et je raconte mon mai 68 à moi qui n’a pas été exactement celui-là parce que j’étais à Paris, je n’étais pas à Venise, mais je raconte ce moment de vie où on ne sait pas ce que c’est que l’amour vraiment on a encore peur, et puis c’est les débuts de la pilule -c’est la première année que la pilule est en vente-, c’est le moment de l’émancipation des femmes. Tout ce courant-là, c’est ce que j’ai vécu à cet âge-là. PS : [Commentant le début du film] : Ce qui est incroyable, c’est que tout est dit, finalement, en quelques mots. Le conflit des générations, cette jeunesse qui se rebelle comme ça, ce monde qui change. DK : C’est ça. L’esprit de mai, je crois (c’est très prétentieux ce que je dis), souffle un peu sur ce film, encore une fois parce qu’on était très proches de l’époque et que je crois qu’on a capté, les acteurs et moi, le sens de la liberté qu’on recherchait, dont on avait envie. Et puis ils sont trois, elle est un peu amoureuse de Cluzet mais elle ne le montre pas. C’est pas encore l‘amour libre, mais presque. On est presque là. PS : Mai 68, on l’entend à la radio, on entend le bruit, mais au fond, finalement, ça montre que mai 68, c’est dans les têtes que ça se passe. DK : Bien sûr, c’est dans les têtes, dans les corps, aussi un petit peu dans la rue. Ce qu’ils ratent, à la fin de mai 68, ils arrivent à Paris, ils tombent sur leur barricade -leur seule et unique barricade-et le film va se terminer comme ça. PS : C’est l’histoire d’une génération, l’histoire d’une jeunesse, c’est aussi l’histoire d’une femme libre. DK : Oui, à un moment, elle jette son soutien-gorge dans les bois, très littéralement, mais oui, c’est l’histoire d’une jeune femme qui cherche l’amour, qui cherche la liberté. Elle est amoureuse et elle quitte sa famille. PS : Elle envoie balader sa mère, c’est violent. DK : La scène de bagarre avec sa mère est très violente. C’est vrai. Quand je l’ai revue, en numérisant le film le film il n’y a pas longtemps, j’étais un peu choquée de la violence de la scène. PS : Il y avait cette violence quand vous avez fait ce film, Diane Kurys, qui était différent de Diabolo menthe. Vous l’avez dit : c’était un film dans lequel vous aviez envie de dire une certaine rage. DK : Oui, oui. Le tournage de Diabolo a été très idyllique et merveilleux et très joyeux, parce qu’on était dans ce lycée, on cassait les tables, on montait sur les chaises, on écriait ce qu’on voulait sur le tableau. Là, Cocktail, c’était plus violent, plus dur, plus âpre. En plus c’était un road movie, on se déplaçait de ville en ville, on va de Paris à Lyon à Nice, à Venise… On revient, c’est tout un voyage. C’est plus dur, un road movie à faire. Et le tournage était plus compliqué, plus âpre, plus difficile. J’ai été très étonnée en le revoyant, de sa fraîcheur finalement. PS : C’est fou, c’est ça effectivement, parce que tant d’années après, -il date de 79 ce film- il est devenu culte. Il ressort restauré, et finalement, il est là, il est fort. DK : Je ne sais pas s’il est culte, mais en tout cas, je suis ravie de le redécouvrir et je suis ravie de le faire redécouvrir au public. C’est un grand privilège je trouve. PS : Chapeau à Malavida, qui l’a ressorti. DK : Chapeau Malavida ! C’est le CNC qui l’a restauré, et c’est Malavida qui le sort. C’est formidable, c’est une grande chance pour un cinéaste, de son vivant, de voir les films qui ressortent. PS : Quand vous le revoyez, vous avez l’impression que c’est le film d’une autre ? DK : Non, je suis troublée, parce que je ne l’avais pas revu. Je sais que c’est un film que j’ai fait, que j’ai écrit. Je constate sa force, toujours. Et puis, j’ai aimé le revoir parce que j’ai aimé ces acteurs, j’ai aimé tourner avec eux. J’ai adoré cette époque-là, aussi, et ce n’est pas un regret, c’est juste un regard un petit peu nostalgique. La musique, vous l’avez évoquée, de Yves Simon et des chansons de Murray, donne quelque chose de très contemporain, je trouve, bizarrement. Alors qu’il a été fait en 79… ça fait longtemps ! PS : Cocktail Molotov, comme au premier jour, magnifique. Merci Diane Kurys, on était ravi de saluer cette ressortie au cinéma et en DVD, 4K, splendide, de Cocktail Molotov. Emission 29 du 6 juillet 2018 Audrey Pulvar : Diane Kurys, entre autres, prix Louis-Delluc en 1977 pour Diabolo menthe. Vous êtes aussi la réalisatrice de Cocktail Molotov, dont on va parler, de Coup de foudre ou encore de Ma mère est folle. […] On est sûr qu’ils n’y sont pas allés parce qu’ils sont passés à côté de Mai 68, mais ils ont voulu y aller. Ce sont les héros de Cocktail Molotov qui ressort cet été, Diane Kurys. […] Le film ressort en salles mais il sort surtout en DVD, c’est la première fois qu’il est édité comme ça en DVD, avec un François Cluzet, on l’a vu, tout jeunot. Alors ce Cocktail Molotov parle de Mai 68, mais le film sort en 79. Est-ce que c’est pour ça qu’il y a un pas de côté dans ce film par rapport à la Révolution de mai 68 ? D.K. : Il n’y a pas un pas de côté vraiment.