a garanti sans 3D Ciném

5 place Camille Jullian 33000 Bordeaux • www.cinemas-utopia.org • 05 56 52 00 03 • [email protected] DANS UN JARDIN QU’ON DIRAIT ÉTERNEL

Écrit et réalisé par Tatsushi OMORI Ah, si la grande actrice Kirin Kiki, dis- souvient du moins de ses fabuleuses Japon 2018 1h40 VOSTF parue en septembre 2018, avait pu être apparitions dans Une affaire de famille avec Haru Kuroki, Mikako Tabe, aussi éternelle que ce jardin ! On ne se (Kore-Eda) et dans Les Délices de Tokyo Kirin Kiki, Mayu Harada… lasse pas de son jeu subtil, habité. Si (Naomi Kawase). Ici, dans ce qui reste- D’après le roman de les rôles qu’elle a interprétés ne sont ra comme son dernier film, elle incarne Noriko Morishita. pas tous parvenus jusqu’à nous, on se une incroyable vieille dame qui conti-

No 210 du 12 août au 15 septembre 2020 / Entrée: 7€ / La 1re séance: 4,50€ / Abonnement: 50€ les 10 places DANS UN JARDIN QU’ON DIRAIT ÉTERNEL

Baltringue Cirque Plein d’air • Cirque 2, 3, 4/10 les seCrets d’un gainage effiCaCe les filles de simone • théâtre 16/10 le syndrome du BanC de touChe Cie le grand Chelem • théâtre 9/11 C.l.i.t.o une Compagnie • théâtre 14/11 de la mort qui tue adèle Zouane • théâtre 15/11 Pourquoi les Poules Préfèrent être élevées nue à enseigner, malgré les temps qui series, n’a pas d’équivalent. Sans parler en Batterie changent et exigent de plus en plus de de la fascination qu’exerce forcément la Jérôme rouger • théâtre 18/11 compétitivité et d’efficacité, une cérémo- découverte d’un rituel riche et passion- nie hors du temps, que beaucoup trou- yourte nant, dont la vieille dame fait don avec les mille Printemps • théâtre 21/11 veraient barbante et inutile, et pourtant ! sagesse. Chaque détail est essentiel, de la qualité de l’eau à la manière de la pui- BlaCk Boy Il ne serait jamais venu à Noriko, du haut ser, tout pousse à une perfection impos- Bluebird • théâtre, dessin, musique 25/11 de ses vingt ans, l’idée d’aller s’inscrire sible à atteindre. alexis hk «Comme un ours» à un cours aussi désuet sans l’impulsion La cérémonie du thé n’est qu’un prétexte Concert • 11/12 de ses parents qui lui vantent combien ou presque, lorsque le film rejoint la quête you «isles» les jeunes filles qui maîtrisent l’art du de la jeune Noriko pour chercher à com- Jazz voyageur • 15/01 thé ont la réputation d’être de bons par- prendre le sens profond de sa vie. Elle tis. Nous sommes en 1993. On se doute est si différente de sa cousine Michiko, the yellBows Jazz new orleans • 23/01 d’emblée combien la jeunesse nippone, qui fonce joyeusement dans l’existence, fan de Michael Jackson et Madonna… qui rêve de voyages, d’amour, d’une fa- Parias est bien loin de tout ça. Comme argu- mille à fonder, elle est le Japon d’au- Javier aranda • marionnettes 27/01 ment de drague, on repassera ! Mais la jourd’hui… Noriko admire cette témérité contemplative et perpétuellement indé- tChaïka insolente que sa timidité naturelle l’em- Cie Belovo-iacobelli • marionnettes 30/01 cise Noriko va se plier au jeu, sans qu’on pêche d’adopter. Sans idée du futur, elle sache vraiment si cela l’intéresse vrai- sauvage se rend chaque samedi chez Madame groupe anamorphose • théâtre ment ou si elle obtempère par désœu- Takeda pour apprendre le temps qui vrement ou docilité. Peut-être la clef est- et marionnettes 4/02 elle dans les premières minutes du film, passe. Les saisons. S’inscrivant dans une tradition toute japonaise, elle ap- vies de PaPier quand elle décrit son rapport au monde, la Bande Passante • théâtre 16/03 privoise peu à peu le sentiment d’éter- à l’apprentissage, à la découverte d’un maria dolores y amaPola certain cinéma. Il est des choses qui ne nité, où s’épanouit le respect de soi et des autres. 24 ans plus tard, à l’heure du quartet peuvent s’éclairer qu’avec le temps, au Concert, humour • 24/03 gré de gestes répétitifs, qui progressi- bilan, sa cousine Michiko, par son dé- vement s’investissent d’un sens qu’on sir de modernité, n’a-t-elle pas repro- t’es toi ! n’imaginait pas. duit un schéma autrement ancestral ? eva rami • humour 9/04 Sa nouvelle professeure, Madame Noriko, elle, s’est vue capable de faire 3d, un voyage imProvisé Takeda (Kirin Kiki donc), est de celles les mêmes choses, chaque année, de la autour du 7ème art qui ré-enchantent le monde, et elle sait même manière, petit à petit détachée de Cie BiP • théâtre et improvisation 30/04 écouter aussi bien les murmures du l’angoisse du quotidien. Est-ce mainte- somos thé qui frémit que ceux du cœur des nant que tout commence ? Cie el nucleo • Cirque acrobatique 29/05 femmes. Son enseignement de l’art du thé lui a déjà beaucoup dit des soifs inté- Plus qu’un récit initiatique de transmis- rieures et de la manière de s’emplir, sans sion entre générations, ce film apprend à et bien d’autres ... débordements, de cette matière chaude mettre des suppléments d’âme dans nos envoi du programme sur simple demande actes, pour atteindre à une plus grande 05 56 89 38 93 et savoureuse qu’on nomme aussi la www.saisonculturelle.canejan-cestas.fr vie. La fluidité des gestes de Madame liberté. Sa force est de rester aussi Takeda, du simple pliage d’une ser- humble que l’enseignement de Madame viette à la cuisson savante de ses pâtis- Takeda.

PRESSE UTOPIA.indd 1 10/07/2020 13:42 EFFACER L’HISTORIQUE

Écrit et réalisé par Benoît DELÉPINE Marie, Bertrand et Christine, les trois feuse de VTC, se découvre l’esclave non et Gustave KERVERN pieds-nickelés de Effacer l’historique, seulement de son employeur mais sur- France 2020 1h46 habitent le même ensemble pavillon- tout des notes, systématiquement mi- avec Blanche Gardin, Denis Podalydès, naire, quelque part dans une vague nables, que lui décernent ses clients. Se Corinne Masiero, entourés de Vincent zone péri-urbaine, un de ces coins de voyant également broyés par le même Lacoste, Benoît Poelvoorde, Bouli France où l’on a décoré avec amour les système, Marie, Christine et Bertrand Lanners, Vincent Dedienne, Philippe terre-pleins des ronds points qui des- décident d’unir leurs maigres forces – et Rebbot, Michel Houellebecq… servent des centres commerciaux faits de s’adjoindre l’aide inattendue mais dé- d’immenses hangars grisâtres habil- cisive de Dieu lui-même – pour remonter Benoît Delépine et Gustave Kervern lés d’enseignes uniformes, tristes et la chaîne de leurs malheurs et remettre poursuivent méthodiquement la mis- bariolées. Marie, Christine et Bertrand les compteurs à zéro : le harceleur de sion qu’ils se sont donnée dès Aaltra le connaissent d’ailleurs bien, le rond- Marie, ceux de la fille de Bertrand et les en 2004 (disponible avec leurs 5 pre- point de leur banlieue. C’est là qu’ils se faiseurs d’étoiles de Christine. miers films en Vidéo en Poche !), qui sont rencontrés, cintrés dans leur gilet est de rendre justice, dans des brûlots jaune, dans un moment d’euphorie col- Ainsi contée, la fable, aussi gafa que kaf- rageurs pas vraiment tirés au cordeau, lective autour d’un barbecue révolution- kaïenne, aurait pu n’être qu’une charge à toute une cohorte de petites gens ou- naire – un moment où ils ont découvert satirique, hargneuse et revigorante, bliées du monde moderne et de ses re- que la fraternité et la solidarité n’étaient contre les entreprises tentaculaires qui présentations. Ouvrières au bord de la pas de vains mots perdus dans les hy- ont bâti leurs empires en faisant com- délocalisation, retraités sans pension, perliens d’un dictionnaire en ligne. Ils les merce de nos fameuses « données per- agriculteurs en fin de droits, cadres en ont expérimentés et, la gueule de bois sonnelles ». Or, comme souvent sinon rupture d’idéologie libérale, punks à sociale dissipée, ils sont naturellement toujours chez Delépine et Kervern, c’est chiens vieillissant sans chiens, handi- restés amis. Cabossés, usés, en rupture dans les marges, les fossés des routes, capés teigneux et rancuniers, femmes, de ban social, sentimental, familial, pro- dans les pas de côté que s’écrivent les hommes, jeunes et vieux, même com- fessionnel… la vie ne les a guère épar- histoires et que se révèle l’humanité pro- bat : tous entassés dans le même sac, gnés. Chacun se cramponne aux deux fonde des gens qu’ils filment. Si on ne rit celui des laissés-pour-compte… dont la autres, en les croyant plus solides, plus pas à gorge déployée, si les quêtes in- bonne société a quand même besoin, ne fiables… des blagues. sensées n’ont sans doute pas de résolu- serait-ce que pour s’en servir de repous- tion, ils ont à nouveau semé leurs petites soir ou de marche-pied. Les films de nos Ils basculent le jour où Marie se retrouve graines d’ananars dans des récits drôles Grolandais préférés mettent donc en victime de chantage à la sextape de la et généreux qui nous parlent simplement scène des anti-héros prolétaires, en ré- part d’un godelureau dans le lit duquel de nous. Et doucement instillé la certi- volte maladroite contre les dysfonction- une cuite carabinée l’a conduite à se tude que pour tous les Marie, Christine nements d’un monde imbécile dont ils glisser ; le jour où Bertrand perd pied et Bertrand de la terre, être libre, c’est ne comprennent pas, ou plus, les codes, entre le harcèlement dont sa fille est vic- se donner la maîtrise de son histoire, de un monde dont le but ultime est de les time au lycée et la suave séduction al- son passé et de son avenir – le pouvoir asservir et les pressurer au profit des gorithmée d’une vendeuse de véranda à aussi de prendre son temps, d'« effacer puissants. crédit ; le jour où Christine, qui fait chauf- l’historique ». VOYAGE(TWO FOR THE ROAD) À DEUX Stanley DONEN USA/G.B 1967 1h53 VOSTF avec Audrey Hepburn, Albert Finney, Eleanor Bron, Claude Dauphin… Scénario de Frederic Raphaël C’est une superbe chronique mélancolique, un petit chef- d’œuvre méconnu, une somptueuse variation sur l’usure du temps et la fuite des illusions chez les gens qui s’aiment, ou qui se sont aimés. Stanley Donen est surtout connu pour avoir révolutionné la comédie musicale avec la complicité hy- per-active de Gene Kelly : Chantons sous la pluie, Beau fixe sur New York… Mais il se révèle ici peintre éclairé de l’âme humaine, capteur hyper-sensible des émotions fugaces, des fractures intimes, des résignations successives. Le film, c’est douze ans de la vie d’un couple, narrés en six épisodes déterminants de leur histoire commune (dont plu- sieurs voyages touristiques en France), chacun de ces épi- sodes se situant à une époque déterminée. La progression du scénario ne suit pas l’ordre chronologique, il va de l’avant, il revient en arrière. Ce pourrait être compliqué, c’est limpide. Donen nous donne des repères intégrés à l’action : coiffures et toilettes d’Audrey Hepburn, et aussi six automobiles diffé- rentes suivant les époques. Mais ce qui emporte l’adhésion, c’est le mouvement général du film, porteur de visions et LES FLEURS d’émotions qui se lient merveilleusement les unes aux autres et créent une unité plus forte que la chronologie. Le constat après douze ans de mariage est désenchanté : qu’est devenue la complicité euphorique des débuts ? Et la joie de vivre ensemble ? La lassitude a gagné du terrain, l’aga- DE SHANGHAÏ cement a suivi, puis l’adultère. Le divorce s’envisage… C’est HOU Hsiao-hsien surtout l’égoïsme de l’homme, architecte trop soucieux de sa Taiwan 1998 1h55 VOSTF carrière, qui est épinglé. Mais la tristesse ne gagne jamais avec Tony Leung Chiu-Wai, Michiko Hada, complètement la partie, la gravité est masquée par la beauté Michelle Reis, Carina Lau… plastique, la perfection du rythme, l’élégance de la mise en Scénario de Chu Tien-wen d’après le roman de Han Ziyun scène, le passage incessant du réalisme à l’onirisme, et le charme incandescent du couple formé par Audrey Hepburn C’est un film magnifique, que vous allez voir dans une version (éblouissante, vraiment) et Albert Finney. restaurée qui en restitue toute la splendeur. Un de ces mo- ments de cinéma où le temps semble s’arrêter, où l’on retient son souffle pour ne pas perturber la magie. Nous sommes à Shanghai à la fin du xixe siècle, dans une de ces maisons closes suprêmement raffinées qu’on appelle les maisons des fleurs. Ici le moindre détail participe du culte du plaisir et de la beauté : tout est fait pour que le corps et l’es- prit se libèrent de la pesanteur du quotidien afin que les sens, tous les sens exultent sans retenue. Les hommes qui fréquentent la maison, l’élite masculine de Shanghaï, sont des habitués. C’est une vie en dehors de leur vie, dans un monde à l’écart de leur monde, comme une île entre paradis et enfer, d’où les hôtesses auraient expurgé soigneusement toute trace de laideur. Fait-il nuit, fait-il jour, l’heure a-t-elle la moindre importance ?… Chacun peut s’abandonner en confiance, aimer sans contrainte, jouir sans entrave : la maîtresse de maison veille. Elle règne sur ce petit monde délicat dont les cœurs ne sont pas de pierre. Les fleurs ont nom Rubis, Émeraude, Trésor, Jade, Perle… et l’écrin qui leur sert de décor fait partie du plaisir qu’elles donnent… et qu’elles prennent aussi, car si leur empire est celui des sens, elles ne sont pas les dernières servies : servantes et souveraines à la fois. Pour savourer pleinement ce film précieux, il faudrait pouvoir être comme ces amants de luxe qui débarquent dans la mai- son des fleurs… Laisser sa vie et sa montre au vestiaire, en- trer, fermer les yeux comme un fumeur d’opium, et attendre l’enchantement qui ne manquera pas de venir doucement : car le plaisir ne trouve sa juste intensité que dans la disponi- bilité totale de l’esprit, et des sens. THE PERFECT CANDIDATE Haïfaa AL-MANSOUR moment où l’Arabie Saoudite semble as- tôt touchant, il y a plusieurs entrées : Arabie Saoudite 2019 1h44 VOSTF souplir son carcan conservateur, notam- d’abord le combat quotidien des femmes avec Mila Al Zahrani, Dhay, Khalid ment pour les femmes qui avaient au- saoudiennes, – montrées comme des Abdulrhim, Dhay, Shafi Al Harthy… paravant à peine plus de droits que les battantes courageuses et non comme Scénario de Haifaa Al-Mansour animaux domestiques. des victimes, – qui ne se fait pas sur des et Brad Niermann The Perfect candidate évoque le com- principes féministes importés de l’occi- bat d’une femme pour se présenter aux dent mais plus simplement par sororité La réalisatrice saoudienne est aus- élections municipales. Mais Maryam n’a et pragmatisme, dans l’espoir d’un ave- si rare que le skieur burkinabé, le poli- rien d’une femme politique. Elle est mé- nir meilleur pour toutes et tous… Et puis cier non violent, ou le bienfaiteur macro- decin dans le petit hôpital excentré de Haifaa Al-Mansour montre avec délica- niste. Alors en 2012, quand déboula du sa petite ville, bien loin de Ryad. Un hô- tesse la sphère privée où les femmes, pays de l’or noir et des décapitations pital qui manque de moyens et dont l’ac- souvent soumises à moult contraintes au sabre un petit bijou de cinéma inti- cès est rendu difficile aux ambulances à dans l’espace public, peuvent se libérer tulé Wadjda, signé de la jeune Haïfaa cause d’une route non bitumée qui de- et être elles-mêmes, notamment dans Al-Mansour, notre curiosité était à son vient un bourbier les jours de pluie. On une magnifique scène de mariage. Loin comble. Curiosité comblée puisque ce découvre ainsi qu’il y a une autre Arabie des clichés, la réalisatrice ne décrit pas récit d’une adolescente voulant acheter Saoudite que celle des limousines aux un monde manichéen où les femmes coûte que coûte un vélo malgré les in- calandres en or, et aussi qu’il peut y sont victimes et les hommes des abrutis terdictions était merveilleusement tendre pleuvoir ! Le combat de Maryam, c’est masculinistes omnipotents. Il y a notam- et malicieux sans jamais être angélique. surtout celui de l’amélioration des condi- ment le personnage magnifique du père, Le film fut d’ailleurs primé en son temps tions de travail et du confort de ses pa- paria lui aussi puisque musicien dans un à Venise. Depuis, faute de moyens dé- tients. C’est un hasard improbable, à pays où on apprécie certes la musique volus au cinéma dans son propre pays l’occasion d’un voyage à Ryad annulé mais où on soupçonne immanquable- (en 2012 il n y avait même pas de salles faute d’autorisation parentale (jusqu’à ment d’immoralité ceux qui la pratiquent, de cinéma publiques), la brillante réalisa- cette année, une femme saoudienne un homme qui ne se remet pas de la dis- trice a mené une carrière internationale, ne pouvait voyager sans l’autorisation parition de sa femme, chanteuse qu’il ai- signant entre autres un biopic réussi de du mari ou du père), qui va l’amener à mait plus que tout, et qui tant que bien l’écrivaine Mary Shelley que vous avez se présenter aux élections municipales que mal reporte son amour sur ses deux pu découvrir sur nos écrans. avec comme principale revendication filles. Même s’il y a encore du boulot au l’amélioration de la voirie. pays des pèlerinages, la force et l’hu- The Perfect candidate signe le retour de mour des personnages féminins de The Haïfaa Al-Mansour sur ses terres à un Dans ce film subtil, tantôt drôle, tan- Perfect candidate nous revigorent ! Utopia est dans le Canard Enchaîné ! Notre futur Utopia écolo a été retenu par Lilo ! Mais Lilo, Késako ? (et sans doute au-delà) au plan Soutenir ce projet, grâce à Lilo Utopia on connait, mais c’est environnemental : bas carbone, à Rajouter Lilo – moteur de re- quoi un cinéma « écolo » ? énergie positive, zéro déchet, fil- cherche gratuit et solidaire – à tration de l’air en 10 minutes avec votre moteur de recherche habi- Après tant de rencontres animées élimination des virus, optant pour tuel ne coûte pas un kopeck ! Cela dans nos salles, et à Bordeaux la protection de l’eau potable grâce ne change rien à votre fonction- une amap – PCA (Paysans et à des toilettes sèches high-tech qui nement. Qu’est-ce qui change Consommateurs Associés) pour permettent la séparation des urines alors ? À chaque recherche effec- soutenir les petits producteurs à la source et leur revalorisation en tuée sur Lilo, vous engrangez des locaux et bio, on s’est dit qu’il économie circulaire*... « gouttes » d’eau que vous redistri- était temps de passer à l’action et buerez gratuitement aux projets de d’impulser une nouvelle généra- Solidarité entre cinéphiles ! votre choix pour les soutenir. tion de cinémas écologiques plus Ce futur cinéma Utopia verra le respectueux de l’environnement ! jour en décembre 2021 à Pont- Parmi ces projets sur Lilo : « Ouh là là, est-ce bien raison- Sainte-Marie dans l’Aube, qui est Utopia, Cinéma durable ! nable ? », s’écrient les suppôts du dans le top 10 des départements https://bit.ly/2Dk6UNW monde d’avant et du défaitisme qui les plus mal équipés en salles de essaient de dissuader toutes les cinéma, en particulier en matière Au passage, merci au maire bonnes volontés… d’Art et Essai comme le martèlent de Bordeaux pour son soutien ! depuis des lustres les rapports an- Un autre monde est possible, nuels du CNC ! Or on se sent un * Un dossier de présentation agissons ! peu seuls dans le coin pour dé- complet, avec la presse autour Depuis deux ans nous travaillons fendre ce projet que les cinéphiles du projet : cinemas-utopia.org sur un Utopia pionnier en France aubois appellent de leurs vœux ! /U-blog/pontsaintemarie/

Utopia, et sur cinéma durable ! dans le

Merci au Canard Enchaîné : une presse indépendante à laquelle il fait bon s’abonner ! Guerre de Troyes Autour d’un futur cinéma « CULTURE et écologie, ça doit marcher première exclusivité, dans des petites plantation en centre-ville de son unique ensemble ! » salles de quartier à l’ancienne qui soient cinéma, un multiplexe CGR dont les 14 À peine nommée ministre de la Culture, des lieux de vie. Avec tisanerie autour salles diffusent en majorité des block- Roselyne Bachelot cachait pas son en- d’une cheminée plutôt que pop-corn et busters commerciaux… Et dont les res- thousiasme, le 9 juillet, en répondant friandises sucrées hors de prix. Une ga- ponsables voient ce petit nouveau d’un en direct sur France Inter à une res- zette gratuite mais étoffée fait connaître mauvais œil. ponsable des cinémas Utopia qui ambi- alentour leur programmation de qualité, Troyes a beau être sous-doté en salle tionne de créer le premier cinéma écolo composée à 57 % de films français indé- de cinéma, et les films d’art et d’essai de France à Pont-Sainte-Marie, dans la pendants, à 30 % de films européens et y être peu montrés, le conseil départe- banlieue de Troyes (Aube). du reste du onde, et à 13 % seulement mental refuse de subventionner la créa- Attention, cinéma grave tendance ! de films américains. tion de ce cinéma tant que la commu- Utopia prévoit de construire un bâti- nauté d’agglo ne le soutient pas. Or ment décarboné, à énergie positive, en celle-ci n’a pas la compétence culture ! bois pour l’essentiel. Des murs de terre Utopie à Pont-Sainte-Marie crue dans le hall. Des toilettes sèches Avoir l’aval de Troyes, c’est aussi, cu- avec salles de compostage et chauffe- Axée sur l’environnement et pionnière rieusement, la condition posée par le rie biomasse sous les gradins. « Zéro en France pour la collecte à cheval des Centre National du Cinéma. Le CNC a déchet et valorisation des urines » au déchets recyclables, la municipalité cen- retoqué le projet en réclamant en outre menu ! Même les projecteurs laser 2K triste de Pont-Sainte-Marie accueille à des salles plus spacieuses, et des écrans seront de faible puissance, donc moins bras ouverts ce futur cinéma. Elle met à plus grands… Tout l’inverse de la philo- polluants, puisque les quatre salles « à disposition le terrain, situé sur l’ancien sophie écolo du projet ! taille humaine » ne réunissent que 298 camp militaire du Moulinet et se charge Il faut dire que les normes régissant la fauteuils en tout. de la construction de 80 places de par- construction des salles de ciné en France La spécialité des cinémas Utopia king. En revanche, la ville de Troyes, privilégient le tout-béton aux matériaux (Avignon, Toulouse, Bordeaux…) est dont François Baroin (LR) est le maire écolos. Et ce n’est pas seulement pour en effet de montrer des films d’art et a sèchement éconduit ses promoteurs, les cinémas que prime le tout-béton. d’essai, ou de les rependre, après la préférant continuer de soutenir l’im- David Fontaine usine (où il n’est pas dépaysé puisqu’il y retrouve l’ambiance chaleureuse de la prison…) et loue un pavillon 100 % pré- fabriqué, en prévision de la naissance du premier petit McDunnough, qui ne saurait tarder. Hélas ! Ed s’avère sté- ARIZONA JUNIOR rile, et les institutions sociales psycho- (RAISING ARIZONA) C’est d’abord l’histoire d’une rencontre. rigides refusent au couple le bonheur Grandiose, la rencontre, homérique ! A d’adopter un enfant. Ed déprime, Hi Écrit et réalisé par Joel et Ethan COEN ma gauche : Herbert I. McDunnough, sent le démon du hold-up le chatouiller USA 1986 1h34 VOSTF plus connu sous le diminutif de Hi (pro- de nouveau : il faut réagir ! C’est alors avec , Nicolas Cage, noncer Aïe !), grand garçon pas compli- que naissent, dans l’opulente et relative- John Goodman, Trey Wilson, William qué pour un sou, le cœur sur la main, ment voisine famille Arizona, des quin- Forsythe, Frances McDormand… malheureusement affligé d’un penchant tuplés. Ed et Hi s’insurgent, crient à l’in- pour les hold-up répétitifs et foireux. A justice : comment est-il possible que les Deux ans près leur coup d’essai aussi ma droite : Edwina (appelez la Ed), une Arizona touchent 5 rejetons d’un coup sulfureux que mémorable, j’ai nommé femme policier à qui on ne la fait pas, alors qu’eux n’ont pas droit à un, même Blood simple (1984), les encore débu- qui consacre son intelligence, vive, et petit ? Leur résolution est vite prise : ils tants frères Coen enchaînèrent pied au son énergie, durable, à son boulot tout vont enlever un des bébés Arizona ; un plancher avec cette franche comédie, en attendant de rencontrer un prince rai- de plus ou de moins, les parents suré- turbulente et décapante, grand coup sonnablement charmant. Comme cha- quipés n’y verront que du feu… de pied rigolard dans la fourmilière de cun devrait le savoir, la cérémonie de la l’Amérique profonde, de ses valeurs et photo anthropométrique, à condition de Mais à l’instant même où Arizona junior de ses désirs. Blood simple a été réé- la pratiquer très régulièrement, ça crée fait son entrée vagissante dans le home dité il y a deux ans, il est donc impara- des liens. C’est donc assez naturelle- sweet home des McDunnough, les en- blement logique que l’assez méconnu ment qu’Ed et Hi se retrouvent à dire oui nuis se mettent à pleuvoir. Et ce ne se- Arizona Junior débarque sur nos écrans devant Monsieur le Maire. Ed renonce à ra pas une petite averse, je ne vous dis en cet été 2020. ses néfastes activités, trouve un job en que ça… LUCKYÉcrit et réalisé par KIM Yong-hoon STRIKE Corée du Sud 2020 1h48 VOSTF avec Jeon Do-yeon, Jung Woo-sung, Bae Sung-woo, Youn Yuh-jung… Interdit aux moins de 12 ans Pyeongtaek – situé à environ 70 kilo- mètres au sud de Séoul – plante le décor de cet étonnant et réjouissant polar sud coréen : une zone portuaire à forte acti- vité y côtoie des espaces urbains variés, quartiers populaires et zones commer- ciales bardées de néons multicolores. La découverte d’un sac rempli de billets par un frêle employé de sauna sera le point de départ de ce film choral qui ver- ra se croiser – et se heurter – des per- sonnages aussi divers qu’un douanier peu scrupuleux et fou amoureux, une hôtesse de bar, un flic « pot de colle » d’apparence naïve, un prêteur sur gage et une employée de ménage… La réussite de Lucky Strike repose sur un savant mélange entre le film noir et la comédie grinçante. De maladresses en quiproquos, les personnages se trouvent dépassés par les situations qu’ils ont eux-mêmes initiées, provo- quant des réactions en chaînes tantôt sonnage central de cette histoire, pous- Le traitement de la lumière et de la cou- violentes, tantôt absurdes. Le film oscille sée ici à son paroxysme dans la manipu- leur est très réussi, associant chacun entre suspense et humour (noir) tout en lation de son entourage et l’usage de la des personnages à une tonalité parti- convoquant des figures emblématiques violence, quelle qu'elle soit, si elle s’avère culière. Quant à l’interprétation, elle est comme celle de la femme fatale, per- nécessaire à l’atteinte de son objectif. portée par une brochette d’acteurs dont la renommée n’est plus à faire en Corée. Une preuve de plus que le pays du ma- tin calme produit de grandes œuvres de cinéma, associant le brio de la mise en scène au plaisir du divertissement. « Depuis le triomphe mondial de Parasite, plus personne n’ignore la vitalité du cinéma sud-coréen. Ici, un jeune réalisateur inconnu mélange les registres avec la même gourmandise que Bong Joon-ho, et traque les plus vils instincts d’une brochette de person- nages inextricablement liés par leur cu- pidité. « L’intrigue vaut surtout pour sa narra- tion en puzzle, à la Pulp Fiction, qui per- met d’entretenir le mystère sur l’origine et le devenir du magot, mais aussi sur les relations insoupçonnées entre des protagonistes qui n’auraient jamais dû se croiser. Comme l’exige le cahier des charges du thriller sauce kimchi, l’hu- mour et la trivialité viennent atténuer la violence graphique des scènes de meurtre. À ceux qui pourraient reprocher au film d’appliquer des recettes éprou- vées et de manier une ironie un peu sys- tématique, on opposera le génial person- nage de la mère maquerelle en tailleur immaculé interprétée par Jeon Do- yeon (l’héroïne de The Housemaid, d’Im Sang-soo), qui s’impose dans un emploi généralement dominé par la gent mas- culine. » (J. Couston, Télérama) DAVID CRONENBERG : LA CHAIR ET L’EFFROI

CRASHÉcrit et réalisé par David CRONENBERG Canada 1996 1h40 VOSTF avec James Spader, Holly Hunter, Deborah Unger, Elias Koteas, Rosanna Arquette… D’après le roman de J.G. Ballard Interdit aux moins de 16 ans PRIX SPÉCIAL DU JURY FESTIVAL DE CANNES 1996 Objet d’un scandale retentissant lors de sa présentation à Cannes en 1996, contant l’attrait érotique de quelques per- sonnages pour les accidents de voiture, Crash apparaî- tra peut-être un jour comme le plus grand film d’amour des années 1990. Encore faudrait-il voir ce que l’on entend par « amour ». Le film de David Cronenberg n’a que peu à voir avec le domaine des sentiments, galvaudés par un siècle de romantisme hollywoodien, et qui n’ont jamais véritablement intéressé le réalisateur, féru de dérives psychanalytiques et d’horreur organique. Pour le maître canadien, le cœur et ses raisons n’existent pas, puisque toute l’aventure humaine se passe quelque part entre le cerveau et la chair, dans l’influence souvent monstrueuse qu’ont les idées sur le corps. La grande affaire de Crash est donc celle de l’attraction des corps. Ou, SCANNERSÉcrit et réalisé par David CRONENBERG pour le dire autrement, des stratégies qu’ils mettent en œuvre Canada 1981 1h43 VOSTF pour entrer en collision. avec Jennifer O’Neill, Stephen Lack, Patrick McGoohan, Michael Ironside… James Ballard (James Spader), réalisateur de publicités, Interdit aux moins de 16 ans forme avec sa femme Catherine (Deborah Unger) un couple libre, multipliant les aventures, mais traversant néanmoins une Scanners marque l’aboutissement de la première période de mauvaise passe sexuelle. Après une violente sortie de route, la carrière de David Cronenberg, quand celui-ci travaillait dans qui le laisse la jambe brisée, James fait la rencontre à l’hôpital le secteur étroit du cinéma d’exploitation canadien et était loin du mystérieux Bob Vaughan (Elias Koteas), au visage scarifié, de susciter l’intérêt et l’enthousiasme (ou la controverse) qui dont le passe-temps favori est de reconstituer clandestine- accompagnent la sortie de ses films depuis Faux-semblants ment des célèbres accidents de voiture (comme ceux qui coû- (1988). Ses premiers films, Frissons, Rage et Chromosome 3, tèrent la vie à James Dean ou à Jayne Mansfield). Autour de jalons importants de l’horreur moderne, avaient rencontré soit lui gravite une petite communauté de fétichistes (Holly Hunter, l’indifférence, soit le mépris dégoûté de la critique sérieuse Rosanna Arquette) plus ou moins éclopés, qui ne trouvent et bien pensante, sans parler de l’acharnement de lobbies d’excitation que dans les désastres automobiles, au contact et institutions canadiennes contre le jeune cinéaste réguliè- de la tôle froissée… rement taxé de pornographie ou de misogynie. Pourtant, les Cronenberg filme cette aventure comme une sorte de songe premiers films de Cronenberg proposent déjà une réflexion in- languide, où les personnages quittent leur modernité lisse tellectuelle sur le sexe, la violence et la répression, très in- pour plonger dans une dimension marginale de l’existence : fluencée par Reich et Bataille. Le succès commercial inespéré un outre-monde fait de parkings et de fourrières, de bretelles de Scanners, qui adopte la forme d’un thriller hitchcockien et abandonnées et de virées nocturnes, où le désir prend des tranche ainsi avec ses autres titres, permettra ensuite au ci- formes extrêmes… (M. Macheret, Le Monde) néaste de toucher un plus large public sans pour autant re- noncer à ses obsessions et à son approche du cinéma comme une exploration de la chair et de l’esprit. Scanners, ténébreuse histoire de jumeaux ennemis doués de pouvoirs psychiques extraordinaires, de conspirations entre organisations pharmaceutiques rivales, aborde sous certains poncifs représentatifs du cinéma de genre (course-poursuite, cascades, affrontement du Bien et du Mal, duel final) des thèmes similaires à ceux des romans de William Burroughs et contient des images proches de certaines formes artistiques contemporaines comme le « body art » (la fameuse tête ex- plosive du prologue). Tout cela n’échappa guère aux specta- teurs les plus perspicaces et aux admirateurs de la première heure du cinéaste (comme par exemple le jeune critique et ci- néphile Olivier Assayas dans Les Cahiers du cinéma ou dans un autre registre George Lucas…), qui ne furent pas le moins du monde surpris lorsque Cronenberg décida dans les années 90 de s’atteler à des projets à la fois plus riches et plus expé- rimentaux, en adaptant à l’écran Burroughs (Le Festin nu) ou Ballard (Crash). (O. Père, arte.tv) , CINÉASTE REBELLE, Rétrospective, partie 1

le cirque, ses amis et son public, lui, sa femme, ses enfants et l’armée… Un film impressionniste, sensuel et lumi- neux, d’une rare beauté plastique, rythmé par le 21e concerto de Mozart. ADALEN 31 Écrit, réalisé et monté par Bo WIDERBERG Suède 1969 1h50 VOSTF avec Roland Hedlund, Peter Schildt, Kerstin Tidelius, Marie de Geer…

1931. A Adalen, au nord de la Suède, la grève a débuté depuis 93 jours. Kjell Andersson, fils d’un docker, s’éprend d’Anna, la fille d’un directeur d’usine. La LE PÉCHÉ SUÉDOIS revendication se durcit quand les patrons font appel à des jaunes. L’armée arrive en Cinéaste en vue, Keve est marié à la ville pour faire respecter l’ordre, et la ten- belle Ann-Marie avec qui il a une pe- sion monte. LE PÉCHÉ tite fille. Mais le mariage bat de l’aile et Fresque politique et chronique roman- Keve peine à trouver l’inspiration. Comme tique, d’une force émotionnelle intacte. SUÉDOIS chaque été, il organise une fête dans sa villa du bord de mer avec ses amis ; mais Écrit et réalisé par Bo WIDERBERG cette année, trois nouveaux s’invitent à la Suède 1962 1h32 VOSTF Noir & Blanc fête… JOE HILL avec Inger Taube, , Un souffle de liberté et de sensualité Lars Passgard, Nina Widerberg… dans le cinéma suédois, fortement in- Écrit, réalisé et monté fluencé par les premiers films de John par Bo WIDERBERG Suède, années 1950. Britt Larsson, jeune Cassavetes. Suède 1971 1h58 VOSTF ouvrière en usine, fait la connaissance de avec Thommy Berggren, Anja Schmidt, Björn, d’origine bourgeoise, cultivé mais Kelvin Malave, Evert Anderson… compliqué, qui disparaît aussitôt. Elle ren- contre ensuite Robban, jeune guitariste et ELVIRA En 1902, deux immigrants suédois, Joel chanteur, dont elle tombe enceinte… et Paul Hillstrom, arrivent aux États-Unis. Tableau d’une jeunesse qui se cherche et Ils doivent faire face à une langue nou- rejette les tabous, magnifique portrait de MADIGAN velle et à l’effroyable pauvreté qui règne femme libre dans l’esprit de la Nouvelle Écrit, réalisé et monté dans les quartiers de l’East Side à New- Vague. par Bo WIDERBERG York. Suède 1967 1h31 VOSTF Paul quitte la ville, Joel y reste, amoureux avec Pia Degermark, Thommy d’une jeune Italienne. Mais la liaison est Berggren, Lennart Malmer… de courte durée. Rien ne le retenant plus LE QUARTIER à New-York, Joel, devenu Joe Hill, se met 1889. Un lieutenant de l’armée suédoise en route vers l’Ouest pour retrouver son DU CORBEAU d’origine noble, le comte Sixten Sparre, frère… a déserté pour s’enfuir avec une célèbre Un road movie social d’une puissance et Écrit et réalisé par Bo WIDERBERG danseuse de corde, . Un d’une modernité stupéfiantes, un magni- Suède 1964 1h37 VOSTF Noir & Blanc amour fou les enflamme fique film épique porté par la performance avec Thommy Berggren, Christina et chacun abandonne ses devoirs, elle de Thommy Berggren. Frambäck, Emy Storm, Keve Hjelm…

1936, dans un quartier ouvrier à Malmö. Anders a 18 ans. Le jeune homme, pour échapper à son milieu et dénoncer l’injus- tice sociale, rêve de devenir écrivain. Il est prêt pour cela à bien des sacrifices… Deuxième film et déjà une maîtrise excep- tionnelle. Une plongée dans les quartiers ouvriers de Malmö, une œuvre néoréa- liste délicate et déchirante dans un noir et blanc splendide. AMOUR 65 Écrit, réalisé et monté par Bo WIDERBERG Suède 1965 1h36 VOSTF Noir & Blanc avec Keve Hjelm, Inger Taube, Thommy Berggren, Björn Gustafson… ADALEN 31 mais pouvoir arriver à une conclusion pacifique (ou même une conclusion tout court). Malgré un rythme particulière- ment exigeant, la tension monte, et les veines du film battent fort. MALMKROG « A philosopher, l’intelligence at- trape le tournis » nous prévient-on. Écrit et réalisé par Cristi PUIU vé dans des fourrures, porte-cigarette à Aurora et Sieranevada, les deux précé- Roumanie / France 2020 3h20 En français la main, d’une voix particulièrement af- dents films de Puiu, mettaient déjà en avec Frédéric Schulz-Richard, Agathe fable et avec une curiosité toute cour- scène des chorégraphies domestiques Bosch, Marina Palii, Ugo Broussot… toise. Tous d’origines différentes, ils en forme d’impasses qui rendaient D’après Trois entretiens – Sur la échangent en français comme dans le fous leurs protagonistes. Enfermé entre guerre, la morale et la religion, fantasme d’une Europe noble et uni- quatre murs au même titre que les per- de Vladimir Soloviev fiée, une tour de Babel prête à s’effon- sonnages, le temps lui-même semble drer. Une intransigeante leçon de poli- tourner en rond, se dilater et se méta- ATTENTION, UNE SEULE SÉANCE tesse tout en retenue (le mot « vilain » morphoser, jusqu’à presque se casser. PAR SEMAINE, CHAQUE LUNDI révulse par sa violence), où la condes- La ronde des domestiques, pourtant cendance prend tellement son temps digne d’une boite à musique, se dérègle. Dans un manoir perdu dans la cam- qu’on ne la reconnait pas tout de suite. Dans une pièce voisine, un piano se met pagne enneigée, cinq amis aristo- Il y a quelque chose qui cloche dans ces soudain à résonner sans qu’on s’en crates (deux femmes et trois hommes) très beaux plans-séquences. Quelque étonne. En sourdine, il pleut des coups passent le temps en échangeant leurs chose d’étrange qui flotte. sur les murs comme dans une maison points de vue sur divers sujets philo- victime d’esprits frappeurs. sophiques. Durant les monumentales Le travail remarquable de Cristi Puiu sur 3h20 que durent le superbe nouveau la profondeur de champ saisit d’em- Figés dans leurs idées rétrogrades, film de Cristi Puiu (découvert en 2005 blée. Miroirs et embrasures de portes leur dogmatisme glacial et leurs cour- avec l’extraordinaire La Mort de Dante viennent changer le cadre à l’intérieur bettes figées, les protagonistes Lazarescu), nous ne verrons quasiment d’un même plan, comme par un excitant de Malmkrog ont l’air de fantômes cap- rien du monde extérieur, nous connai- tour de passe-passe. Les personnages tifs, empesés par le luxe qui les entoure trons à peine plus que les divers salons se déplacent dans une même pièce et incapables d’interagir avec la réalité de ce logis cossu où règne une sévère mais paraissent déjà à des années-lu- extérieure. Puiu traduit avec une inten- élégance, où le moindre bouchon de ca- mières les uns des autres, prisonniers de sité remarquablement magnétique le rafon en cristal est bien évidemment à mondes séparés. Alors que ces derniers voile mortifère qui les nimbe, au même sa place, où l’on n’entend que le mur- monologuent de plus belle, la caméra titre que les protagonistes du Huis- mure du vent et où rien ne dépasse. veut discrètement nous guider ailleurs, clos de Sartre ou du Charme discret La guerre, le christianisme, la politique, loin de leur parole vaine : elle panote dis- de la bourgeoisie de Bunuel. D’une ra- la mort… le programme de la discus- crètement, se focalise sur autre chose, dicalité majuscule, Malmkrog est un sion est ambitieux, et les sujets pro- suit un personnage qui sort du champ, chant splendide venu d’un autre monde. pices à la controverse, mais là non plus oublie qui est pourtant toujours en train rien ne parait dépasser. On discute lo- de parler. La discussion semble ne ja- (G. Coutaut, Le Polyester) 05 56 31 10 66 •fr

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Écrit et réalisé par Werner HERZOG mé, tantôt à hauteur d’humanité, tantôt ment il est sorti de sa vie, sans jamais Japon/USA 2020 1h29 la surplombant, Family romance fait sou- l’oublier, avec sobriété et sensibilité. Il VOSTF (en japonais) vent oublier qu’il est une fiction. Le film se projette dans la tête de sa fille, ima- avec Ishii Yuichi, Mahiro Tanimoto… est empreint d’une telle part de réalité gine ses ressentis, les réactions de ses qu’on se retrouve immédiatement trou- amis, questionne… Mahiro, lumineuse, Quelque part à Tokyo… sous les ceri- blés, délicieusement perdus comme ses tout en retenue, en essayant de ne pas siers en fleurs d’un rose enjôleur, une protagonistes, entre chimère et prag- sourciller, écoute, boit sans broncher jeune fille de douze ans, Mahiro, a ren- matisme, entre naturalisme et artificia- les paroles sobres de ce père prodigue dez-vous avec son passé : un père fan- lité, entre ce qu’on aimerait croire vrai, qui lui parait déjà ne plus être étranger. tasmé qu’elle n’a plus revu depuis sa ce qui doit l’être… Nos constructions et Il lui trouve des airs de ressemblance, la tendre enfance. Un rêve soudain exau- fantasmes propres viennent s’imbriquer complimente, voit en elle ses qualités, cé qui semble presque trop beau pour à ceux des personnages. Il ne reste plus les valorise, l’encourage. Elle se laisse être vrai. qu’à ouvrir son esprit, s’enhardir à suivre troubler, il semble l’être tout autant. Tous les indices oniriques qui tracent un pont deux s’apprivoisent. Progressivement Comme ni le titre, ni le nom du proli- entre le visible et l’invisible avec une vé- elle laisse s’installer une belle conni- fique cinéaste (majeur !) allemand ne ritable délicatesse poétique. Les pistes vence, une belle espérance dont cha- l’annoncent, autant le faire tout de suite. sont d’autant brouillées que l’acteur cun, chacune a besoin pour se faire une Cette « Romance familiale » surprenante principal, Yuichi Ishii, joue son propre vie digne de ce nom. C’est le premier est intégralement tournée en japonais, rôle, inspiré de sa vie et d’un phéno- rendez-vous d’une longue série qui fe- une langue que Werner Herzog ne maî- mène de plus en plus répandu au Japon. ront du bien à Mahiro, l’aideront à s’épa- trise pas, mais dont il parvient à capter On n’en dira pas plus sur le sujet, his- nouir. Mais qui est réellement Yuichi ? le ton juste. Sacré Herzog ! Qui aura dé- toire de ne pas le déflorer. cidément passé sa carrière à être là où En attendant, l’aventure débute avec Le décor étant planté, laissons la ma- on ne l’attend pas. D’Aguirre la colère de la jeune Mahiro qui rôde autour d’un gie du récit opérer. Il va s’émailler pro- Dieu à Grizzly man, en passant par Le homme charismatique qu’elle a tout de gressivement de scènes prises à la sau- pays où rêvent les fourmis vertes, pour suite repéré sur le pont populeux, leur vette, tournées en « mode guérilla » atterrir dans La Grotte des rêves per- point de rendez-vous… Un manège que faute d’avoir réussi à obtenir certaines dus… il est impossible d’emprisonner le Yuichi, l’homme en question, finira pas autorisations officielles, ce qui confère cinéaste dans une case étriquée. C’est là remarquer et qui le conduira à l’aborder : au film un côté « pris sur le vif » assez un de ses talents les plus remarquables : il est bien celui qu’elle espérait retrouver, saisissant. Plein d’humour, Family ro- toujours savoir nous surprendre et, à 77 son père. Le voilà qui doucement lui ra- mance vient questionner non seulement ans passés, continuer d’innover et de conte sans tricher, sans faux semblants, le mode de vie nippon, mais interroge nous désarçonner. Magnifiquement fil- sa part de vérité, le pourquoi du com- sur nos ultra-modernes solitudes. TOUT SIMPLEMENT NOIR Jean-Pascal ZADI et John WAX l’invisibilité pour un acteur noir, c’est un dictions liées à la contestation noire : France 2020 1h30 peu la norme)… Zadi rigole de tout ce qu’est ce qui définit un Noir ? Vous au- avec Jean-Pascal Zadi, Fary, dont les gens honnêtes ne rient pas, no- rez peut-être la réponse au terme d’une Caroline Anglade, et plein de gens tamment le racisme et l’esclavage, mais discussion ubuesque entre Joey Starr connus dans leur propre rôle… aussi le féminisme… et l’ex-footballer Vikash Dhorasoo, dé- Scénario de Kamel Guemra Par ailleurs Zadi, du moins son person- sormais lancé en politique. Un Antillais et Jean-Pascal Zadi nage, peut faire penser à Pierre Richard, et un homme d’origine africaine ont- le grand dadais gaffeur né, qui trans- ils la même conscience de la mémoire « Il faut rire de tout. C’est extrêmement forme n’importe quelle situation pour- de l’esclavage ? Une scène ubuesque important. C’est la seule humaine fa- tant bien engagée en catastrophe totale, qui dégénère crescendo entre Fabrice çon de friser la lucidité sans tomber de- notamment dans une scène incroyable Eboué réalisateur de Case départ et dans. » Pierre Desproges avec Claudia Tagbo. Lucien Jean-Baptiste, réalisateur de La Zadi incarne donc JP, un acteur un peu Première étoile, est édifiante pour ça. Quand cette comédie joyeusement ico- loser qui décide devant les yeux de sa Les belles idées de l’antiracisme ne de- noclaste a été écrite puis tournée, le mal- petite famille mi-attendrie mi-inquiète viennent-elles pas aussi des clichés ? heureux Georges Floyd était un père de de se lancer dans l’organisation d’une C’est l’occasion d’une séquence for- famille bien vivant, et les mobilisations marche de contestation noire de noire midablement cruelle avec Mathieu légitimes autour des violences policières (qu’il prévoit même initialement de ne et des discriminations racistes n’avaient réserver qu’aux hommes noirs), pour la- Kassovitz qui prépare un film sur les pas encore eu lieu. Tout simplement quelle il espère le soutien de toutes les crimes de Léopold au Congo et qui Noir, dont le titre évoque un groupe de personnalités noires emblématiques des cherche un Africain « authentique ». Sont rap français oublié des années 90, mais médias, de la culture ou du sport. Va égratignés au passage les VIP qui font ironise aussi sur l’hypocrisie du terme donc commencer un long chemin semé de l’antiracisme un outil marketing. Black, arrive donc à point nommé… Ou d’embûches à la rencontre des VIP les pas, tant ce film gratte où ça fait mal en plus diverses : Claudia Tagbo, Eric Judor, Au-delà de la farce, Jean-Pascal Zadi, renvoyant parfois dos à dos, avec une Joey Starr, Lilian Thuram, Soprano… qui sans oublier de rappeler l’évidence des cinglante ironie, les problématiques ra- pourraient devenir des locomotives pour discriminations raciales présentes en ciales ou communautaires, et fera sû- sa marche. France et des violences policières à rement grincer quelques dentitions de Dans cette fiction documentée ou ce travers une scène de bavure flagrante, tous bords. faux documentaire bidonné et bidon- pose toutes les questions qui fâchent Pour faire court, le film est centré sur nant, en dehors de trois acteurs (Jean- sans apporter forcément les réponses Jean-Pascal Zadi, auteur de minutes Pascal Zadi, Caroline Anglade et l’humo- et sans tenter d’imposer une quel- télévisuelles sur Canal maniant l’ironie riste Fary), chaque personnalité joue son conque morale, mais plutôt en incitant sur des sujets sensibles, animateur ra- propre rôle en poussant pour notre plus chacun, quels que soient son parcours dio controversé, et acteur jusqu’ici peu grand plaisir vers l’auto-caricature. Et et son profil ethnique, racial, culturel, à visible dans le cinéma français (cela dit, le scénario interroge toutes les contra- construire librement sa propre identité. POISSONSEXE

Olivier BABINET comprendre ce qui lui manque vraiment progressivement de cette prison autour France 2019 1h29 et quelle est la voie inattendue vers un de lui, et qu’il mène un combat absurde avec Gustave Kervern, India Hair, Ellen bonheur qu’il s’est peut-être toujours re- vers une normalisation qui, au fond, ne Dorrit Petersen, Jean-Benoit Ugeux, fusé. lui procure pas le bonheur qu’il désire Sofian Khammes, Alexis Manenti… Dans cette surprenante comédie roman- tant. Babinet semble vouloir nous ouvrir Scénario d’Olivier Babinet tique teintée d’ambiance apocalyptique, les yeux sur un monde « différent » qui et David Elkaim Olivier Babinet aborde le thème de déconstruit pour ensuite recréer, sans l’écologie mais aussi – surtout – celui de règles ou mieux avec des règles diffé- Le monde va mal : les poissons sont la paternité et de la masculinité stéréo- rentes, plus créatives et stimulantes. pratiquement éteints, les mers et les typée de manière vraiment surprenante. océans semblent des cimetières sous- Avec humour et poésie, Poissonsexe La relation entre l’homme et l’animal est marins. Tandis que les scientifiques du (plus qu’un titre : une garantie) met en elle aussi remise en cause, analysée et monde entier cherchent désespéré- scène des personnages à fleur de peau, mise en scène avec une dose salvatrice ment une solution à un problème de- de magnifiques losers perdus dans un de fantaisie et de créativité. Daniel, - venu planétaire, Daniel Luxet, un biolo- monde qu’ils ne comprennent plus, cheur et scientifique renommé, se laisse giste français (formidablement interprété mais habités par une soif de tendresse dépasser par un anthropomorphisme par Gustave Kervern) cherche à redon- qui les rend invincibles. Si le monde, en qui le conduit à interpréter à travers le ner aux poissons l’envie de copuler. effet, se rapproche progressivement de filtre des sentiments humains les actions Ironiquement, son travail tourne autour l’abîme, Daniel et Lucie tentent de trou- de son protégé, le poisson Nietzsche de la reproduction alors que lui-même ver dans l’amour une issue pour éviter la (qui appartient à l’espèce axolotl). Entre est célibataire et obsédé par un dé- destruction. les deux se crée une relation d’amitié et sir de paternité qu’il n’arrive pas à sa- d’entente qui va bien au-delà des dif- tisfaire, se complaisant dans une soli- Bien qu’il s’articule autour d’une his- férences d’espèce, un lien profond qui tude qui devient progressivement une toire d’amour hétérosexuelle en même n’a pas besoin de mots pour s’expri- prison. Un jour, de manière inattendue, temps que délicieusement improbable, mer. Poissonsexe nous fait comprendre quand il capture par hasard un poisson Poissonsexe évite les clichés liés à la que la disparition de l’espèce humaine à la forme étrange ou pour le moins am- procréation et à la soi-disant « masculi- entraînera avec elle la disparition d’une biguë qu’il va appeler Nietzsche, il ren- nité ». Babinet met en effet en scène un certaine beauté et d’une candeur im- contre Lucie (toujours surprenante India personnage aux prises avec les absurdi- possible à combler. La diversité (sous Hair), une jeune femme qui le pousse à tés d’une identité mâle construite socia- quelque forme qu’elle se présente : affronter ses peurs et les absurdités de lement qui pousse à croire que le bon- sexuelle, genres, espèces) de la planète son existence. Cette rencontre fortuite heur est l’apanage exclusif de ceux qui doit être gardée et valorisée parce que va avoir une série de conséquences qui sont pères et des couples hétéro-nor- c’est elle qui transforme le monde en un vont amener notre biologiste solitaire à més « standard ». Daniel se rend compte lieu de rêve. (cineuropa.org) Festival de films documentaires musicaux du Dimanche 6 au Dimanche 13 SEPTEMBRE, Organisé par Bordeaux Rock MUSICAL ÉCRAN 6e édition Programme complet disponible au cinéma et sur www.bordeauxrock.com • Préventes au cinéma à partir du Jeudi 27 août pour les films suivants :PJ Harvey (séance de 21h) – Marianne et Leonard – Punk the capital – Disco confessions – Swans : where does a body end – The Rise of the synths – My friend Fela – Miossec, tendre granit – I Want my MTV – Tool, the holy gift – French game – Piazzola, les années requin – Solo – Billie – Daho par Daho – Sébastien Tellier : many lives – Préventes en ligne pour toutes les séances sur bordeauxrock.com • Pass 5 séances 20 euros (nominatif) sur bordeauxrock.com

PJ HARVEY : A DOG CALLED MONEY est la muse du poète et chanteur qu’elle rencontra en 1960 sur l’ile grecque d’Hy- dra, l’un des épicentres bohèmes de l’époque hippie sea, sex, sun… and drugs. À l’inverse de nombreux prota- gonistes de cette décade hallucinée, Marianne et Leonard survivront à tout, jusqu’à leur décès à trois mois d’intervalle en 2016. Une vision sentimentale et chronologique de la longue carrière de cet artiste légen- daire.

Lundi 7 Septembre à 21h30 (Achetez vos places à l’avance) PUNK THE CAPITAL Réalisé par James June SCHNEIDER USA 2019 1h28 VOSTF

Le film retrace l’histoire du punk et du hardcore à Washington de 1976 à 1983. Il nous fait comprendre comment, dès son

FELIX IN WONDERLAND

LE PROGRAMME À UTOPIA Lundi 7 Septembre à 19h, tarif unique 4,50 euros Dimanche 6 Septembre à 20h30 (complet) et 21h (achetez FELIX IN WONDERLAND vos places à l’avance) Réalisé par Marie LOSIER Soirée d’ouverture France 2019 52 mn VOSTF PJ HARVEY : Un voyage dans le monde de Felix Kubin et de ses expériences musicales et so- A DOG CALLED MONEY nores grâce à son instrument de prédilec- Réalisé par Seamus MURPHY tion, le KORG MS20. Le portrait d’un ar- Irlande / GB 2019 1h30 VOSTF tiste génial dans la tête de qui la musique ne s’arrête jamais. On accepte joyeuse- Le film relate l’histoire et la conception du ment de plonger dans la fiction des rêves neuvième album de PJ Harvey, The Hope et cauchemars qui hantent les chansons six demolition project, un titre qui fait ré- et créations sonores de cet artiste sans férence au programme immobilier améri- frontière, prince allemand de la musique cain visant à l’expropriation des quartiers électronique contemporaine. de centre-ville des populations défavori- sées. En 2015, accompagnée de son ami, le Lundi 7 Septembre à 20h30 photographe irlandais Seamus Murphy, (Achetez vos places à l’avance) PJ Harvey embarque pour trois destina- tions lourdes de sens : le Kosovo, l’Af- ghanistan, et les quatiers noirs pauvres MARIANNE & LEONARD : de Washington D.C. De ce périple et des rencontres qui WORDS OF LOVE l’ont enrichi, elle rapporte un carnet de Réalisé par Nick BROOMFIELD voyages dont elle se sert comme base GB 2019 1h42 VOSTF d’inspiration pour son nouvel album. Un document intime, fragile et rare qui cap- Marianne Ihlen fut immortalisée au recto ture au plus près le processus de création de la pochette de Songs from a room, artistique. deuxième album de Leonard Cohen. Elle Festival de films documentaires musicaux du Dimanche 6 au Dimanche 13 SEPTEMBRE, Organisé par Bordeaux Rock MUSICAL ÉCRAN 6e édition

KINSHASA BETA MBONDA

apparition, cette scène a toujours eu une Mardi 8 Septembre à 20h30 installé avec Sonic Youth à la périphé- direction artistique originale et un conte- (Achetez vos places à l’avance) rie du spectre musical New-Yorkais. Peu nu militant. Des positions anti-racistes, soucieux de sa notoriété, le groupe est anti-impérialistes au mode de vie vegan tourné vers sa propre conception de et non violent, la scène punk hardcore de DISCO CONFESSIONS la musique, jusqu’à sa séparation en Washington a imposé son style atypique, Réalisé par Javi SENZ 1997. Avec ses expériences dissonantes, indépendant et positif en créant toujours Espagne 2019 1h13 VOSTF Michael Gira, cerveau créatif du groupe, les conditions autogérées de son exis- fait de Swans un projet transgressif et tence. Auteur de plus de 650 mixes durant les chamanique. Avec Overkill, Bad Brains, Minor Threat, années 70/80, John Morales est une vé- Henry Rollins, Half Japanese, Fugazi… ritable légende de l’ère Disco. Il fonde Documenté par des centaines d’heures M&M Production, label sur lequel seront de tournage, le film suit au plus près le remixés Jocelyn Brown, Aretha Franklin, processus créatif du groupe à l’occasion Mardi 8 Septembre à 19h Thelma Houston, Marvin Gaye, Brass de leur reformation entre 2010 et 2017. Construction. Projection présentée par Marc Bertin, journaliste à Junkpage WHO THE F* IS On suit l’artiste sur les terrains de bas- ket et dans les clubs du Bronx de sa jeu- ROGER ROSSMEISL ? nesse, comme dans cette incroyable dis- Mercredi 9 Septembre à 19h, film en Réalisé par Luc QUELIN cothèque à ciel ouvert à Lanzarote avant compétition, tarif 4,50 euros et Kaspar GLARNER son set. Morales dévoile sans détour sa France 2020 1h29 VOSTF passion et les hauts et les bas d’une car- rière de quatre décennies de musique KINSHASA BETA MBONDA C’est la vie du luthier Roger Raymond clubbing. Réalisé par Marie Françoise PLISSART Rossmeisl contée par l’acteur Bruno Belgique 2019 52 mn Ganz. Roger apprend son métier en Allemagne, qu’il quitte pour les États-Unis Mardi 8 Septembre à 21h, À Kinshasa, une dizaine de jeunes musi- en 1953. Pendant vingt ans, il travaillera film en compétition ciens percussionnistes animent le quartier à la fois pour Gibson, Rickenbacker et (Achetez vos places à l’avance) populaire de Barumbu. Ce sont les Beta Fender, et concevra des modèles parmi Mbonda, d’anciens délinquants issus de les plus emblématiques de l’histoire du gangs violents. Entre petits boulots et im- rock, dont les basses et guitares utilisées SWANS : WHERE DOES provisations musicales, ils inventent des par les Who, les Pink Floyd ou encore les rythmes et chantent les difficultés de la Beatles… Il décède en 1979 à l’âge de 52 A BODY END vie quotidienne. ans à Berlin, oublié de tous. Réalisé par Marco PORSIA À partir d’instruments traditionnels ou Un hommage touchant à un génie du son. Canada 2019 2h04 VOSTF d’objets banals, leurs musiques ré- Séance en présence des réalisateurs sonnent dans ce documentaire viscéral Luc Quelin et Kaspar Glarner Créé en 1982, Swans s’est rapidement superbement photographié. Festival de films documentaires musicaux du Dimanche 6 au Dimanche 13 SEPTEMBRE, Organisé par Bordeaux Rock MUSICAL ÉCRAN 6e édition

THE RISE OF THE SYNTHS

Mercredi 9 Septembre à 20h45, Le pionnier John Carpenter est le narra- Carlos Moore, le biographe officiel de film en compétition teur évident de ce documentaire qui suit Fela et l’ami de figures noires comme (Achetez vos places à l’avance) le parcours de Scandroid, Miami Nights, Malcolm X, explore ici de nombreux as- Carpenter Brut… pects inconnus de la vie du légendaire Projection présentée par Mathieu saxophoniste Fela « Anikulapo » Kuti. En THE RISE OF THE SYNTHS Mégemont, scénariste, réalisateur, mu- Yoruba, sa langue, son surnom signifie Réalisé par Ivan CASTELL sicien et co-programmateur du cycle « celui qui a mis la mort dans sa poche ». Espagne/USA 2019 1h22 VOSTF Lune Noire à Utopia À la différence des précédents récits sur l’artiste, les conversations de Moore avec L’apparition de la synthwave se situe au les épouses, la famille et les camarades milieu des années 2000. C’est un mouve- Mercredi 9 Septembre à 21h15 de Fela façonnent un portrait tout en ment lié à internet avec des compositeurs (Achetez vos places à l’avance) contraste de l’inventeur de l’Afrobeat. du monde entier qui y partagent leur mu- sique. Un microcosme sans règles, sans chefs mais avec pour obsessions la syn- MY FRIEND FELA Jeudi 10 Septembre à 19h, thpop, les bandes-originales, les films, les Réalisé par Joel ZITO AROJO tarif 4,50 euros séries et les jeux des années 80. Brésil 2019 1h34 VOSTF SARAJEVO : STATE IN TIME Réalisé par Benjamin JUNG et Théo MEURISSE France/Bosnie-Herzégovine 2019 52 mn VOSTF

De 1992 à 1995, la ville de Sarajevo connaît ce qui est considéré comme le plus long siège de l’histoire moderne. En 1995, alors que les habitants vivent au rythme des explosions et des tirs de sni- per, une forme de résistance par la culture se met en place. Le temps d’un concert, d’une pièce de théâtre ou d’un film, la po- pulation oublie l’isolement, le bruit des bombes et les restrictions alimentaires. C’est dans ce climat d’urgence que le groupe Laibach et les artistes du NSK traversent l’ex-Yougoslavie en flammes jusqu’à Sarajevo. Un film témoignage sur un sujet rare et in- cisif : la fonction et l’engagement de l’art dans la guerre. Projection présentée par Rodolphe Urbs, libraire (La Mauvaise réputation) MY FRIEND FELA et dessinateur de presse Festival de films documentaires musicaux du Dimanche 6 au Dimanche 13 SEPTEMBRE, Organisé par Bordeaux Rock MUSICAL ÉCRAN 6e édition

Jeudi 10 Septembre à 21h, film chaine MTV deviendra rapidement un vé- sur internet, provoquant ainsi une muta- en compétition, tarif 4,50 euros ritable phénomène de société et de mu- tion profonde de l’industrie musicale. (Achetez vos places à l’avance) sic business. Le grand mérite de ce do- Projection présentée par David Diallo, cumentaire, qui a su garder la fraîcheur Maître de conférences en civilisation divertissante de ce canal, est surtout de américaine et auteur de Collective par- MIOSSEC, TENDRE GRANIT nous rappeler comment MTV va deve- ticipation and audience engagement in Réalisé par Gaëtan CHATAIGNIER nir le principal moteur de l’avènement du Rap music (Palgrave 2019) France 2019 52 mn Hip Hop. Réseau social avant l’heure, la contribution des spectateurs avait aussi « Tendre granit », c’est le surnom qu’Alain été l’une des signatures de cette nouvelle Vendredi 11 Septembre à 20h30 Bashung avait donné à Miossec. C’est façon de faire de la télé. l’histoire d’un mec devenu chanteur qui (Achetez vos places à l’avance) a fait sa crise d’adolescence sur le tard et dont la vie a oscillé entre tempêtes et Vendredi 11 Septembre à 19h, TOOL, THE HOLY GIFT accalmies. C’est une déclaration d’amour film en compétition Réalisé par Stéphane KAZADI à un chanteur pas ordinaire et un mu- France 2019 1h34 VOSTF sicien unique, faite par Dominique A, ses parents, Jane Birkin ou encore JD IT’S YOURS : A STORY OF Tourné en France, au Chili et aux États- Beauvallet. C’est un film sur Brest, la ville Unis, le film décrypte les différentes com- qui l’a porté, qu’il incarne viscéralement. HIP HOP AND THE INTERNET posantes qui structurent la musique de Projection suivie d’une discussion Tool. Ainsi, à travers le témoignage de avec le réalisateur Gaëtan Chataignier Réalisé par Marguerite de BOURGOING USA/France 2019 1h25 VOSTF l’écrivaine Amélie Nothomb, grande fan du groupe, en suivant des tribute bands Ce documentaire observe l’ascension de américains, grâce à des témoignages Jeudi 10 Septembre à 21h45 de scientifiques ou encore à l’aide d’un (Achetez vos places à l’avance) nombreux artistes, producteurs et acti- vistes de la culture rap US des années joueur de tablas, on comprend mieux le 2010 : Wiz Khalifa, Lil B, Odd Future, The pouvoir qu’exerce un album de Tool sur I WANT MY MTV Internet, Syd, Action Bronson, Curren$y, celui qui l’écoute. Il en ressort aussi un Réalisé par Tyler MEASOM Kendrick Lamar… Si, avec l’apparition de documentaire fascinant sur le pouvoir de et Patrick WALDROP MTV, les ventes de hip-hop avaient atteint la musique en général. USA 2019 1h26 VOSTF un sommet, les portes étaient toujours Séance en présence du réalisateur verrouillées et l’industrie de la musique en Stéphane Kazadi. Projection suivie Bricolée en 1981 sur un coin de table à détenait les clés. De jeunes artistes ont d’une écoute intégrale, dans la salle de New-York par quelques doux dingues, la donc commencé à s’auto-commercialiser cinéma, de l’album de Tool Lateralus

IT’S YOURS : A STORY OF HIP HOP AND THE INTERNET Festival de films documentaires musicaux du Dimanche 6 au Dimanche 13 SEPTEMBRE, Organisé par Bordeaux Rock MUSICAL ÉCRAN 6e édition

PIAZZOLA, LES ANNÉES DU REQUIN titution psychiatrique de Buenos Aires, et tente, grâce à la création musicale, de faire face à sa maladie pour quitter les murs de l’asile. La profondeur et la complexité des émo- tions capturées par le réalisateur sont bouleversantes et font de ce récit un té- moignage immanquable de cette édition 2020. Projection présentée par Pascal Rigeade, ancien directeur du Musée de la Création Franche de Bègles

Samedi 12 Septembre à 18h45, film en compétition WE INTEND TO CAUSE HAVOC Une histoire du rock africain Réalisé par Gio ARLOTTA République tchèque/Italie 2019 1h28 VOSTF

Dans les années 1970, Witch était le groupe de rock le plus populaire de Zambie. Désormais, les escapades de leur leader Jagari sont largement oubliées Vendredi 11 Septembre à 21h45, Samedi 12 Septembre à 16h45, au pays. L’ancien rockeur s’est converti tarif 4,50 euros film en compétition au christianisme et travaille maintenant (Achetez vos places à l’avance) (Achetez vos places à l’avance) dans une mine d’or. Le réalisateur Gio Arlotta et le musicien FRENCH GAME, UNE HISTOIRE SOLO Jacco Gardner parcourent la Zambie Réalisé par Artemio BANKI avec Jagari pour découvrir son passé France/République tchèque/Argentine/ d’icône du rock. La sorcellerie de Witch DU FRAP FRANÇAIS Autriche 2019 1h25 VOSTF n’a pas disparu ! Réalisé par Jean-François TATIN Projection présentée par Florent Écrit par Jean-François Tatin, Azzedine Mazzoleni, écrivain, producteur et pho- Fall et Guillaume Fédou Martín Perino, pianiste prodige argentin, est atteint d’une maladie mentale. Martín tographe, spécialiste passionné des À travers 12 titres emblématiques du séjourne à l’hôpital El Borda, grande ins- cultures américaines et africaines rap français des pionniers Cut Killer, MC Solaar, NTM, IAM jusqu’à l’autotune de Damso en passant par Oxmo Puccino ou encore Booba, le film montre comment ces artistes ont su s’approprier et trans- former un modèle américain pour en faire un mouvement authentique, expression musicale majeure de notre territoire. Projection suivie d’une discussion avec le réalisateur Jean-François Tatin et le co-auteur Guillaume Fédou

Samedi 12 Septembre à 15h, tarif 4,50 euros (Achetez vos places à l’avance) PIAZZOLA, LES ANNÉES DU REQUIN Réalisé par Daniel ROSENFELD France/Argentine 2019 1h15 VOSTF

Astor Piazzolla a révolutionné le tango. En rompant avec les codes du tango tradi- tionnel, il a fait passer cette musique po- pulaire argentine des pistes de danse aux salles de concert du monde entier et est reconnu désormais comme un composi- teur majeur du xxe siècle. De très nombreuses archives privées iné- dites, les voix d’Astor et de ses enfants dressent un portrait unique de cet homme complexe. WE INTEND TO CAUSE HAVOC Festival de films documentaires musicaux du Dimanche 6 au Dimanche 13 SEPTEMBRE, Organisé par Bordeaux Rock MUSICAL ÉCRAN 6e édition

BILLIE rares et pertinents qu’il est difficile d’en parler simplement. Il reste donc la per- sonne idéale pour raconter avec pudeur 40 ans de carrière en reprenant la chro- nologie de ses 11 albums, dont le premier date de 1981. Toujours sensible et sin- cère, il nous fait part de ses influences : le Velvet Underground, Syd Barett, Chet Baker, Antonioni… et de ses belles ren- contres qui lui font penser que sa vie est un rêve éveillé. Projection présentée par le scénariste du film, Christophe Conte

Dimanche 13 Septembre à 20h45, Soirée de clôture (Achetez vos places à l’avance) SÉBASTIEN TELLIER : MANY LIVES Réalisé par François VALENZA France/Belgique 2020 1h15

Né en 1975, fils de l’un des guitaristes de Magma, Sébastien reçoit en cadeau un nouvel instrument à chaque Noël. Clochard céleste, il passe le début de sa vie à glander, à chercher ses influences : Samedi 12 Septembre à 21h Dimanche 13 Septembre à 18h30 De Roubaix, Gainsbourg, Christophe, (Achetez vos places à l’avance) (Achetez vos places à l’avance) Daho… Puis arrive son titre La ritournelle qui consacrera le renouveau de la French Touch. BILLIE DAHO PAR DAHO Génie de la controverse, artisan de son Réalisé par James ERSKINE Réalisé par Sylvain BERGÈRE image médiatique, Tellier se dévoile ici USA 2020 1h32 VOSTF Écrit par Christophe Conte dans l’intimité de sa création musicale. France 2019 1h16 Projection précédée de l’annonce du En 1971, la journaliste américaine Linda palmarès de la 6e édition du Festival Lipnack a enregistré plus de 200 heures Étienne Daho fait partie de ces artistes si Musical Écran d’interviews avec la famille, les ami(e)s et les musiciens qui ont peuplé la courte et tumultueuse vie de la chanteuse Billie Holiday. Pourtant le livre de Linda n’a ja- mais été terminé et les cassettes jamais entendues. Jusqu’à maintenant… Ancré autour de ces témoignages inédits, Billie se regarde comme un polar, capturant le talent, la folie et la souffrance de cette lé- gende du jazz, dans l’Amérique ségréga- tionniste de l’époque.

Dimanche 13 Septembre à 16h, tarif 4,50 euros A BRIGHT LIGHT : KAREN AND THE PROCESS Réalisé par Emmanuelle ANTILLE Suisse 2018 1h34 VOSTF À la recherche d’une des voix les plus étonnantes des années 1960, la réali- satrice Emmanuelle Antille part sur les traces de Karen Dalton, chanteuse de folk blues. Avec son timbre mélancolique et sa guitare magnétique, la chanteuse et musicienne, qui fut vénérée par ses pairs (dont Bob Dylan), demeure pratiquement inconnue. Une femme à la fois fragile et combattante, dont l’existence est poi- gnante. SÉBASTIEN TELLIER : MANY LIVES ADOLESCENTES MANO DE OBRA À partir du 9/09 Du 19/08 au 8/09

C’EST REPARTI… ANTIGONE PINA TOUT DOUCEMENT Du 2 au 15/09 Mardi 15/09 à 20h15 ARIZONA JUNIOR POISSONSEXE Un peu trop doucement même, pour être très Du 12/08 au 8/09 Du 2 au 15/09 franc… Nous avons réalisé sur les trois semaines CITOYENS DU MONDE ROCKS de juillet 60 % de nos entrées de 2019, il ne fau- Du 26/08 au 15/09 drait pas que cette situation dure trop longtemps, À partir du 9/09 le nécessaire équilibre de nos comptes n’y ré- CRASH SCANNERS sisterait pas… Mais il faut laisser le temps au Du 26/08 au 15/09 Du 27/08 au 14/09 temps, pas mal de nos spectateurs nous disent DANS UN JARDIN être inquiets et hésiter encore à revenir s’enfer- QU’ON DIRAIT ÉTERNEL THE PERFECT CANDIDATE mer pendant deux heures dans une salle de ciné- Du 26/08 au 15/09 Du 12/08 au 1/09 ma, on ne peut pas leur en vouloir. EFFACER L’HISTORIQUE TOUT SIMPLEMENT NOIR En tout cas on ne regrette pas d’avoir rouvert les Du 26/08 au 15/09 Du 12 au 25/08 salles, il était grand temps de montrer de nouveau des films sur grand écran, il était grand temps de EMA VOIR LE JOUR se retrouver, il était grand temps de reparler en- Du 2 au 15/09 Du 12/08 au 31/08 semble de cinéma : de ce point de vue là, succès ENORME VOYAGE À DEUX total, le bonheur des retrouvailles est visiblement Du 2 au 15/09 Du 12 au 18/08 réciproque, c’est peu dire que ça fait plaisir ! Nous avons simplement un peu réduit l’amplitude EPICENTRO WHITE RIOT de nos horaires – tout en respectant un écart suf- Du 19/08 au 1/09 Du 12/08 au 15/09 fisant entre chaque séance et entre le démarrage ÉTÉ 85 de chaque salle : ça nous permettra d’alléger les Du 12 au 25/08 UN ÉTÉ ITALIEN plannings de travail et de recourir à l’activité par- FAMILY ROMANCE, LLC LES ADOLESCENTES tielle, histoire d’alléger un chouïa les coûts de Du 19/08 au 7/09 fonctionnement, économie de crise oblige. Du 21/08 au 13/09 Un petit rappel des nouveaux usages, en cours LA FEMME DES STEPPES, GUENDALINA sans doute pour un bon bout de temps : LE FLIC ET L’OEUF Du 19/08 au 15/09 • Port du masque obligatoire dans le hall et dans Du 19/08 au 15/09 toute l’enceinte du cinéma, jusqu’au début de la LE JARDIN DES FINZI CONTINI LES FLEURS DE SHANGHAI Du 23/08 au 10/09 projection. Vous pouvez l’enlever lorsque le film Du 12 au 17/08 commence, même si nous vous conseillons vive- QUELLE JOIE DE VIVRE L’INFIRMIÈRE ment de le garder si vous le pouvez. Et il faut le Du 12 au 25/08 Du 22/08 au 11/09 remettre à la fin du film. • Respect de la distance physique dans les files LA JEUNE FILLE À L’ÉCHO LE VEUF d’attente. Du 2 au 14/09 Du 20/08 au 12/09 • L’heure sera vraiment l’heure : aucune entrée LIGHT OF MY LIFE en salle une fois la séance commencée. Du 12/08 au 15/09 BO WIDERBERG, • Installation en salle : laisser un fauteuil libre CINÉASTE REBELLE entre chaque spectateur ou chaque groupe de LUCKY STRIKE Du 12/08 au 1/09 ADALEN 31 spectateurs. Vendredi 14/08 à 20h15 • La sortie en fin de séance se fera par les portes MADRE situées sur le côté ou à l’avant des salles et non Du 12 au 18/08 AMOUR 1965 par la porte par laquelle vous êtes entré. Jeudi 13/08 à 17h45 MALMKROG Chaque lundi ELVIRA MADIGAN Mer 12/08 à 15h45 et Mar 18/08 à 20h15 SÉANCES POUR LES MALENTENDANTS ET LES MALVOYANTS : Les séances repérées dans les grilles horaires par les pictogrammes proposent JOE HILL Samedi 15/08 à 15h15 des projections de films français : d’une part spécialement sous-titrés pour les personnes sourdes et malentendantes ; d’autre part accessibles en audio- LE PÉCHÉ SUÉDOIS description pour les personnes malvoyantes, grâce à l’application Twavox, Dimanche 16/08 à 19h30 téléchargeable sur les smartphones ou les tablettes. Demandez-nous des informations quelques jours avant la première utilisation, on vous expliquera comment ça LE QUARTIER DU CORBEAU marche. Vendredi 14 Août à 19h45 et Lundi 17 Août à 17h : VOIR LE JOUR • Lundi 24 Août Lundi 17/08 à 18h10 à 21h30 : TOUT SIMPLEMENT NOIR • Vendredi 28 Août à 18h et Lundi 7 Septembre à 19h15 : EFFACER L’HISTORIQUE • Mardi 15 Septembre à 17h : ÉNORME FESTIVAL MUSICAL ÉCRAN Du 6 au 13/09 VIDÉO EN POCHE

Venez au ciné remplir une clé USB avec des Vidéos en Poche, il y en a pour tous les goûts et les âges. PROGRAMME15H45 Widerberg 18H 20H30 MER ELVIRA MADIGAN FLEURS DE SHANGHAI VOYAGE À DEUX 5€ PAR FILM, sans DRM et en HD 15H 17H 19H15 21H15 quand c’est possible, la résolution VOIR LE JOUR ÉTÉ 85 VOIR LE JOUR ÉTÉ 85 16H 18H30 20H45 minimale étant celle d’un DVD ! LUCKY STRIKE L’INFIRMIÈRE ARIZONA JUNIOR 12 15H15 17H30 19H30 21H45 PERFECT CANDIDATE TOUT SIMPLEMENT NOIR PERFECT CANDIDATE WHITE RIOT AOÛT 15H30 , 18H15 21H LIGHT OF MY LIFE MADRE LIGHT OF MY LIFE 4 5€ 17H45 Widerberg 20H JEU AMOUR 65 (D) FLEURS DE SHANGHAI 17H 19H15 21H45 VOIR LE JOUR L’INFIRMIÈRE ARIZONA JUNIOR 18H 20H30 ÉTÉ 85 LUCKY STRIKE UNE INTIME CONVICTION 13 17H15 19H30 21H30 Antoine RAIMBAULT PERFECT CANDIDATE TOUT SIMPLEMENT NOIR WHITE RIOT AOÛT 18H15 , 21H « La Justice !? C’est cette erreur millé- LIGHT OF MY LIFE LIGHT OF MY LIFE naire qui veut qu’on ait attribué à une administration le nom d’une vertu » 17H454 5€ 20H15 Widerberg disait le grand avocat toulousain Alain VEN VOYAGE À DEUX ADALEN 31 (D) 17H30 19H45 21H45 Furbury. Et c’est tout à fait de cela dont L’INFIRMIÈRE VOIR LE JOUR LUCKY STRIKE il est question ici. Si le film s’appuie sur 18H30 20H45 une affaire véritable, que le jeune réali- ARIZONA JUNIOR MADRE sateur a suivie au plus près des années 14 17H15 19H30 21H30 durant, il brode autour de la réalité une PERFECT CANDIDATE WHITE RIOT LIGHT OF MY LIFE fiction tout en suspens, aux rebondisse- AOÛT 18H , 20H30 ments narratifs captivants, qui se dévore LIGHT OF MY LIFE PERFECT CANDIDATE comme un thriller palpitant. On en res- 15H15 Widerberg 17H454 5€ 20H15 sortira avec plus d’interrogations que de SAM JOE HILL (D) FLEURS DE SHANGHAI VOYAGE À DEUX réponses, comme c’est souvent le cas 15H30 17H30 19H45 21H45 au terme d’un procès… WHITE RIOT VOIR LE JOUR VOIR LE JOUR LUCKY STRIKE 16H 18H30 20H45 Des multiples rebondissements sur la L’INFIRMIÈRE ÉTÉ 85 ARIZONA JUNIOR disparition de Susanne Viguier, le 27 15 15H 17H15 19H15 21H30 février 2000, on a l’impression d’avoir PERFECT CANDIDATE TOUT SIMPLEMENT NOIR PERFECT CANDIDATE WHITE RIOT tout lu, vu ou entendu. C’est donc une AOÛT 15H45 , 18H15 21H belle gageure que de nous passionner à LIGHT OF MY LIFE MADRE LIGHT OF MY LIFE nouveau sur le sujet, en y rentrant par la petite porte : ni celle des institutions, ni 15H4 5€ 17H 19H30 Widerberg 21H30 DIM VOIR LE JOUR VOYAGE À DEUX LE PÉCHÉ SUÉDOIS (D) ARIZONA JUNIOR celle du prévenu, mais celle des jurés, 16H 18H15 21H de l’assistance dans la salle d’audience. TOUT SIMPLEMENT NOIR MADRE LUCKY STRIKE Le film commence en 2009, alors que le 15H30 18H 20H30 premier acquittement du mari, Jacques FLEURS DE SHANGHAI L’INFIRMIÈRE ÉTÉ 85 Viguier (accusé sans preuves d’avoir 16 15H15 17H30 19H45 21H45 fait disparaitre sa moitié), vient d’être PERFECT CANDIDATE VOIR LE JOUR TOUT SIMPLEMENT NOIR WHITE RIOT AOÛT 15H45 , 18H30 20H45 prononcé. Ce qui devrait mettre fin à LIGHT OF MY LIFE PERFECT CANDIDATE LIGHT OF MY LIFE « dix ans d’horreur et de chemin de croix », comme il les qualifie, ne va être 4 5€ 18H10 Widerberg (D) 20H15 (D) qu’un court répit. Quelques jours plus LUN QUARTIER DU CORBEAU FLEURS DE SHANGHAI 17H 19H 21H30 tard, le procureur général interjette appel VOIR LE JOUR L’INFIRMIÈRE LUCKY STRIKE contre le jugement du jury populaire. 17H30 19H45 Et nous voilà repartis pour un tour à se ARIZONA JUNIOR MALMKROG coltiner les choux gras de la presse et 17 17H15 19H30 21H45 les conversations des piliers de comp- PERFECT CANDIDATE ÉTÉ 85 WHITE RIOT toir qui disent tout savoir. Pour Nora, AOÛT 17H50 , 20H30 qui est persuadée de l’innocence de LIGHT OF MY LIFE TOUT SIMPLEMENT NOIR Jacques Viguier, c’est le coup de grâce. 17H504 5€ 20H15 Widerberg Avec pour seule légitimité son intime MAR VOYAGE À DEUX (D) ELVIRA MADIGAN (D) conviction de cuisinière professionnelle, 17H30 19H45 21H45 la voilà qui s’érige en héroïne justi- VOIR LE JOUR VOIR LE JOUR ARIZONA JUNIOR cière et fonce tête baissée chez celui 17H 20H MADRE (D) L’INFIRMIÈRE que la réputation médiatique précède : 18 17H15 19H15 21H30 Maître Éric Dupond-Moretti… WHITE RIOT PERFECT CANDIDATE TOUT SIMPLEMENT NOIR AOÛT 18H15 , 20H30 et plus de 200 films au catalogue : ÉTÉ4 85 5€ LIGHT OF MY LIFE www.videoenpoche.info VOUS POUVEZ TÉLÉCHARGER NOTRE GAZETTE, AU FORMAT PDF, À PARTIR DE NOTRE SITE : cinemas-utopia.org/bordeaux/ : c’est tout en haut à droite

15H15 17H30 Été italien 19H45 21H45 MER WHITE RIOT GUENDALINA MANO DE OBRA LUCKY STRIKE 16H 18H 20H30 FAMILY ROMANCE, LLC VOIR LE JOUR FAMILY ROMANCE, LLC 15H45 17H45 20H15 MANO DE OBRA L’INFIRMIÈRE EPICENTRO 19 15H 17H15 19H15 21H30 FEMME DES STEPPES TOUT SIMPLEMENT NOIR FEMME DES STEPPES ARIZONA JUNIOR AOÛT 15H30 , 18H15 20H45 LIGHT OF MY LIFE PERFECT CANDIDATE LIGHT OF MY LIFE 16H4 Été5€ italien 18H15 21H JEU LE VEUF LUCKY STRIKE ARIZONA JUNIOR 15H 17H15 19H30 21H30 EPICENTRO FAMILY ROMANCE, LLC VOIR LE JOUR LIGHT OF MY LIFE 15H45 18H30 20H45 L’INFIRMIÈRE MANO DE OBRA ÉTÉ 85 20 15H15 17H30 19H45 21H45 VOIR LE JOUR FEMME DES STEPPES TOUT SIMPLEMENT NOIR WHITE RIOT AOÛT 15H30 , 18H 20H30 PERFECT CANDIDATE LIGHT OF MY LIFE PERFECT CANDIDATE 15H4 5€ 17H15 19H15 Été italien 21H30 VEN ARIZONA JUNIOR MANO DE OBRA LES ADOLESCENTES LIGHT OF MY LIFE 15H30 17H45 20H15 TOUT SIMPLEMENT NOIR L’INFIRMIÈRE VOIR LE JOUR 15H45 18H 20H45 VOIR LE JOUR EPICENTRO LUCKY STRIKE 21 15H15 17H30 19H45 21H50 FEMME DES STEPPES ÉTÉ 85 FEMME DES STEPPES WHITE RIOT AOÛT 16H , 18H15 20H30 PERFECT CANDIDATE FAMILY ROMANCE, LLC PERFECT CANDIDATE 15H4 5€ 17H Été italien 19H40 21H30 SAM MANO DE OBRA QUELLE JOIE DE VIVRE MANO DE OBRA ARIZONA JUNIOR 15H45 18H15 20H30 FAMILY ROMANCE, LLC ÉTÉ 85 FAMILY ROMANCE, LLC 15H30 18H 20H15 Avec les films de LUCKY STRIKE VOIR LE JOUR EPICENTRO Delépine et Kervern !!! 22 15H15 17H20 19H20 21H50 FEMME DES STEPPES TOUT SIMPLEMENT NOIR FEMME DES STEPPES WHITE RIOT AOÛT 16H , 18H30 21H LIGHT OF MY LIFE PERFECT CANDIDATE LIGHT OF MY LIFE 16H4 5€ 18H30 20H30 Été italien DIM VOIR LE JOUR MANO DE OBRA LE JARDIN DES FINZI 15H 17H 19H15 21H15 FAMILY ROMANCE, LLC L’INFIRMIÈRE FAMILY ROMANCE, LLC LIGHT OF MY LIFE 15H30 18H 20H15 EPICENTRO ÉTÉ 85 ARIZONA JUNIOR 23 15H15 17H30 19H45 21H45 FEMME DES STEPPES FEMME DES STEPPES TOUT SIMPLEMENT NOIR LUCKY STRIKE AOÛT 15H45 , 18H15 21H PERFECT CANDIDATE LIGHT OF MY LIFE WHITE RIOT 16H4 Été5€ italien 18H15 20H15 LUN GUENDALINA ARIZONA JUNIOR EPICENTRO 15H15 17H15 19H15 21H30 VOIR LE JOUR FAMILY ROMANCE, LLC L’INFIRMIÈRE TOUT SIMPLEMENT NOIR 15H 17H 21H MANO DE OBRA MALMKROG ÉTÉ 85 24 15H30 17H45 19H45 21H45 FEMME DES STEPPES WHITE RIOT VOIR LE JOUR LUCKY STRIKE AOÛT 15H45 , 18H 20H30 PERFECT CANDIDATE LIGHT OF MY LIFE PERFECT CANDIDATE 15H454 5€ 17H45 20H15 Été italien MAR MANO DE OBRA EPICENTRO LE VEUF 15H30 18H 20H30 LIGHT OF MY LIFE L’INFIRMIÈRE (D) LUCKY STRIKE 15H15 17H30 19H30 21H30 ÉTÉ 85 (D) VOIR LE JOUR MANO DE OBRA ARIZONA JUNIOR 25 15H 17H15 19H15 21H45 FEMME DES STEPPES FAMILY ROMANCE, LLC FEMME DES STEPPES WHITE RIOT AOÛT 16H (D), 18H15 20H45 TOUT4 SIMPLEMENT5€ NOIR PERFECT CANDIDATE LIGHT OF MY LIFE EN VENTE À LA CAISSE DU CINÉ : Oui à un moratoire sur la 5G ! T-SHIRTS (15 euros) et TOTE BAGS (10 euros) UTOPIA Compétitivité, champion mondial des pour nous rapporter un peu de sous et réseaux, société du gigabit, du temps d’avance, retard par rapport aux faire se balader notre image dans les rues de la métropole autres pays… La 5G, c’est le monde d’Avant mais puissance gigabit, plus 15H30 17H45 Été italien 20H cynique que jamais pour ignorer les MER MANO DE OBRA LES ADOLESCENTES CRASH 15H15 17H15 19H30 21H30 défis climatiques, sanitaires et envi- CITOYENS DU MONDE VOIR LE JOUR CITOYENS DU MONDE LIGHT OF MY LIFE ronnementaux. 15H 17H30 19H45 21H45 EPICENTRO PERFECT CANDIDATE FAMILY ROMANCE, LLC ARIZONA JUNIOR Après quelques expérimentations en 26 15H45 18H 20H15 catimini par-ci par là, notamment à DANS UN JARDIN… FEMME DES STEPPES DANS UN JARDIN… Bordeaux, Mérignac… se tiendront en AOÛT 16H15 , 18H30 21H France, en septembre, les enchères EFFACER L’HISTORIQUE EFFACER L’HISTORIQUE EFFACER L’HISTORIQUE des premières fréquences de cette technologie. Autrement dit, la 5G s’ins- 15H454 5€ Été italien 18H15 20H30 JEU QUELLE JOIE DE VIVRE PERFECT CANDIDATE EPICENTRO tallerait pour de bon au mépris de tout 15H30 17H45 19H45 21H45 accord des populations et des craintes FEMME DES STEPPES FAMILY ROMANCE, LLC VOIR LE JOUR WHITE RIOT formulées par de nombreuses asso- 15H 17H30 19H30 21H30 ciations, ONG, citoyens, juristes, per- SCANNERS CITOYENS DU MONDE MANO DE OBRA LUCKY STRIKE 15H15 18H 20H15 sonnalités politiques. 27 Mais certaines communes résistent : LIGHT OF MY LIFE DANS UN JARDIN… FEMME DES STEPPES AOÛT 16H , 18H30 21H Nantes, Besançon, Grenoble,… tout EFFACER L’HISTORIQUE EFFACER L’HISTORIQUE EFFACER L’HISTORIQUE récemment l’Assemblée de la Corse, et exigent un moratoire. Et bientôt 15H154 5€ 17H30 19H30 Été italien 21H45 Bordeaux, nous l’espérons, grâce à la VEN CRASH MANO DE OBRA LE JARDIN DES FINZI ARIZONA JUNIOR 15H 17H15 19H15 21H30 nouvelle équipe fraîchement élue. PERFECT CANDIDATE VOIR LE JOUR CITOYENS DU MONDE EFFACER L’HISTORIQUE 15H45 17H45 20H15 Pourquoi un moratoire ? Derrière CITOYENS DU MONDE EPICENTRO FAMILY ROMANCE, LLC les vertus vantées par les multina- 28 15H30 18H 20H30 tionales qui règnent sur les réseaux DANS UN JARDIN… EFFACER L’HISTORIQUE DANS UN JARDIN… numériques (débit 100 fois plus rapide AOÛT 16H , 18H30 21H que la 4G, temps de réponse quasi EFFACER L’HISTORIQUE FEMME DES STEPPES LIGHT OF MY LIFE instantané, réalité virtuelle, augmen- tée, objets connectés…), les doutes 15H154 5€Été italien 17H30 19H30 21H45 SAM GUENDALINA FAMILY ROMANCE, LLC EPICENTRO SCANNERS s’accumulent sur la 5G annoncée 15H30 17H45 20H 22H comme une technologie de rupture FEMME DES STEPPES PERFECT CANDIDATE FEMME DES STEPPES LUCKY STRIKE (vient remplacer une technologie exis- 15H 17H15 19H15 21H15 tante). Quid des déchets, des objets VOIR LE JOUR MANO DE OBRA CITOYENS DU MONDE LIGHT OF MY LIFE mis au rebut pour obsolescence, de la 29 15H45 18H 20H30 pollution électromagnétique, de l’épui- CITOYENS DU MONDE DANS UN JARDIN… DANS UN JARDIN… AOÛT 16H15 , 18H30 21H sement des terres rares qui servent EFFACER L’HISTORIQUE EFFACER L’HISTORIQUE EFFACER L’HISTORIQUE à la fabrication de tous ces objets et machines connectées, de la popula- 15H154 5€ 17H30 19H30 Été italien 21H30 tion exploitée dans les pays miniers ? DIM FAMILY ROMANCE, LLC VOIR LE JOUR LE VEUF CRASH 15H 17H15 19H45 21H45 Mais encore : quelle consommation FEMME DES STEPPES LIGHT OF MY LIFE MANO DE OBRA WHITE RIOT d’énergie, quid de la sécurité des États 15H45 17H45 20H15 qui voient leur souveraineté numé- CITOYENS DU MONDE EPICENTRO ARIZONA JUNIOR rique compromise, de la liberté d’au- 30 15H30 18H 20H30 todétermination des individus ? Même DANS UN JARDIN… DANS UN JARDIN… FEMME DES STEPPES la fameuse Convention citoyenne sur AOÛT 16H , 18H30 21H le climat a demandé le moratoire. EFFACER L’HISTORIQUE EFFACER L’HISTORIQUE EFFACER L’HISTORIQUE C’est une des 150 conclusions des 15H454 5€ 17H45 Été italien 20H 150 français réunis, une proposition LUN CITOYENS DU MONDE LES ADOLESCENTES MALMKROG adoptée à 98 %. 15H15 17H30 19H30 21H30 VOIR LE JOUR (D) MANO DE OBRA CITOYENS DU MONDE LIGHT OF MY LIFE Des études d’impact environnemental 15H 17H15 19H45 21H45 et sanitaire, impartiales, objectives et ARIZONA JUNIOR PERFECT CANDIDATE FAMILY ROMANCE, LLC SCANNERS indépendantes des intérêts industriels 31 15H30 18H 20H30 doivent être entreprises. Des voix dis- DANS UN JARDIN… FEMME DES STEPPES DANS UN JARDIN… sonantes de citoyens, d’ONG, d’asso- AOÛT 16H , 18H30 21H EFFACER L’HISTORIQUE EFFACER L’HISTORIQUE EFFACER L’HISTORIQUE ciations émergent, il faut les entendre, attendre et réfléchir. Face aux défits 15H154 5€ 17H15 19H15 (D) 21H30 climatiques qui s’imposent à nous, MAR MANO DE OBRA CITOYENS DU MONDE PERFECT CANDIDATE CRASH nous ne pouvons plus nous permettre 15H45 17H45 20H Été italien FAMILY ROMANCE, LLC LUCKY STRIKE (D) QUELLE JOIE DE VIVRE de faire comme si tout allait bien dans er 15H30 17H30 19H30 21H45 le meilleur des mondes, nous devons CITOYENS DU MONDE ARIZONA JUNIOR EPICENTRO (D) WHITE RIOT réduire notre empreinte climatique et 1 15H 18H 20H30 réaliser des économies d’énergie. Or, FEMME DES STEPPES DANS UN JARDIN… LIGHT OF MY LIFE la 5G, la 6, la 7, la 8… vont à l’en- SEPT 16H , 18H30 21H contre de cette volonté. EFFACER4 5€L’HISTORIQUE EFFACER L’HISTORIQUE EFFACER L’HISTORIQUE STOP 5G ! PCA - Paysans et Consommateurs Associés : c’est une commande par mois, une livraison par semaine, le mercredi de 19h à 20h sur la place Camille Jullian, ou salle de la cheminée à Utopia. On y trouve : légumes de saison, oeufs, volailles, pains, fromage, miel, aromates... 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ROCKS

Sarah GAVRON fait défaut. Elle sait que ça passera… leurs anecdotes, pour bâtir ensemble le GB 2019 1h33 VOSTF Et avec un optimisme farouche, comme scénario. Le résultat est bluffant, parfai- avec Bukky Bakray, Kosar Ali, toujours, Rocks avance sans baisser les tement maîtrisé, le fruit d’une alchimie D’angelou Osei Kissiedu, Shaneigha- bras et sans rien dire à qui que ce soit… délicate pleine de fraîcheur et de profon- Monik Greyson, Ruby Stokes… Emmanuel, malin et vif comme un singe, deur. Cette bande de filles est vivifiante, Scénario de Theresa Ikoko suit le mouvement. Quelle belle compli- les regards de ces adolescentes ne sont et Claire Wilson cité entre ces deux-là ! Tout un temps pas corrompus par celui dominant des nul ne se doutera des chamboulements adultes, les clichés. Elles se moquent Un film aussi pêchu et lumineux que poi- qui se produisent dans la vie de la jeune bien de la couleur d’une peau, d’un ac- gnant, concentré d’énergie et d’huma- fille. Seule la perspicace et attentive cent, d’un voile, d’un milieu social. Elles nité solidaire. Rocks nous parle d’une Soumaya, nouvelle arrivée dans le pays, adorent papoter de leurs différences, de Angleterre merveilleusement bariolée, ne sera pas dupe et essaiera d’extirper leurs ressemblances, de leurs religions, métissée et donne une voix, des voix, des confidences à Rocks : autant es- goûter aux petits plats venus d’ailleurs, à « la moitié » féminine et invisible du sayer de faire parler une pierre… se plonger dans des cultures qui ne sont monde. Et c’est d’autant plus vrai que pas les leurs. Ici à East London, elles le film est le fruit d’un travail collaboratif C’est un scénario tel qu’un adulte n’au- partagent les mêmes rires, l’envie de atypique (comme on l’explique plus bas) rait pu l’imaginer seul. Il y aurait plaqué se trémousser, la même soif de liberté, qui lui confère une authenticité enthou- sa logique, sa rationalité, oubliant la part la capacité de rêver. Elles sont encore siasmante… d’illusions de l’enfance, typique de cette ces « cœurs purs » de la chanson de période de la vie où l’on est déjà sortie Caussimon. Olushola, en voilà un joli prénom qui du monde des petites sans être complè- parle de voyage, de contrées lointaines, tement dans celui raisonnable et forma- C’est charmeur, spirituel, emballant, alors que la jeune fille de 15 ans est une té des grandes. Exercice difficile de par- et on se demande pourquoi on ne voit pure londonienne… Olushola que toute ler d’une génération autre que la sienne, pas plus souvent à l’écran ces véri- sa bande d’amies soudées et hautes sans la surplomber ou la trahir, en ne tables melting-pots bouillonnants qui en couleurs surnomment Rocks. Taillée projetant pas ses propres fantasmes ou sont tellement plus représentatifs de comme elle est, toujours à faire la pitre, nostalgies. notre époque que l’intelligentsia pâli- à coup de réparties irrésistibles, on ne La réalisatrice et ses deux co-scéna- chonne vieillissante qui accapare la pa- peut songer une seconde que quoi ristes ont construit le récit, son style, role. Un enseignant londonien constatait que ce soit puisse l’ébranler. C’est sur ses mots, avec les adolescentes du film, que sur les 30 jeunes de sa classe, 27 ses solides épaules que son petit frère dont la plupart sont actrice pour la pre- avaient des grands-parents qui n’étaient Emmanuel, 7 ans, vient se réconfor- mière fois. Elles ont été écoutées, valo- pas nés au Royaume-Uni. Pourquoi ce- ter… et sur ces mêmes épaules que sa risées, mises à l’aise par cette équipe la transparait-il si peu dans nos médias, propre mère va s’appuyer, une fois de très féminine (sublime chef opératrice à l’écran ? Mais les temps changent : plus. Rocks s’y est habituée, assurant française : Hélène Louvart). Durant les on dirait qu’il y a comme une nouvelle quand il faut assurer, jouant les mamans nombreux ateliers qui ont précédé l’écri- vague spirituelle, joyeuse qui s’annonce auprès de son frérot quand la véritable ture, les filles ont fourni le matériau, et ça fait du bien ! LA JEUNE FILLE À L’ÉCHO

Arūnas ŽEBRIUNAS rades de jeu, son cor toujours à la main, rait se présenter simplement comme un Russie / Lituanie 1964 1h06 lançant des appels au large pour annon- conte initiatique mêlant respect de la na- VOSTF (peu bavard) Noir & blanc cer cette terre paradisiaque et hors du ture et passage de l’innocente sponta- avec Lina Braknytė, Valeri Zoubarev, temps. néité enfantine à la réflexion de l’âge de Bronius Babkauskas… Vika est libre dans sa petite robe à pois raison, et ce serait déjà un très beau film, Scénario de Youri Naguibine, Arūnas volant au vent, peut-être un peu sau- avec ses larges plans en noir et blanc Žebriūnas et Anatolijus Čerčenko vage, mais avant tout heureuse de vivre où scintille l’eau, dansent les vagues et proche de la nature, en toute harmonie. chante le vent. ON PEUT VOIR LE FILM EN FAMILLE, Tout l’oppose à ce groupe de jeunes gar- À PARTIR DE 10 ANS, MAIS ON PEUT çons qui parcourent aussi la plage, tour Ce serait oublier que c’est aussi un film AUSSI LE VOIR TOUT SEUL à tour désœuvrés ou en s’inventant des tourné en pleine guerre froide dans un jeux de pouvoir, écoutant trop fort de la pays fragile. La Lituanie en effet, après Nous vous en avions parlé lors du confi- musique sur le transistor nasillard qu’ils une brève expérience de la démocra- nement, durant cette longue période où baladent partout en traînant leur panier tie quelques années auparavant et un venir au cinéma était impossible : cer- de crabes. Entre ce groupe et Vika : deux long combat pour garder son indépen- tains distributeurs, dont ED Distribution, univers, deux visions du monde. Vika le dance, est revenue après la seconde nous avaient généreusement permis de sait et s’applique à s’en tenir à distance. guerre mondiale dans le giron de mère vous proposer gratuitement des films de Jusqu’à l’arrivée d’un nouveau, Romas. URSS. Et indéniablement, La Jeune leur catalogue. Eh bien la voici, la der- Rejeté par les gars du groupe parce qu’il fille à l’écho est un film russe, tourné nière pépite qu’ils ont dénichée pour n’a rien à leur offrir, il va être intrigué par en russe puis doublé en lituanien, qui, notre plus grand bonheur : La Jeune fille cette fillette qui ne collectionne ni les grâce à ses jeunes protagonistes et son à l’écho, petit bijou d’innocente fraîcheur timbres, ni les cailloux. En ce dernier jour récit naturaliste, s’habille d’insouciance à venir découvrir en famille. de vacances, un lien va très vite naître et de candeur pour contourner subtile- entre ces deux satellites solitaires et ment la censure – nous rappelant en ce- Le film tient sur une journée – pas n’im- avec lui confiance mutuelle, confidences la un autre bijou de ces mêmes années : porte laquelle : la dernière journée des et secrets partagés… Mais aussi la tra- L’Enfance d’Ivan d’Andreï Tarkovski. vacances d’été de Vika, à peine dix ans, hison et le douloureux apprentissage de Y sont ainsi abordés en douceur des avant que son père ne vienne la cher- l’amitié déçue… questions de portée plus politique, des cher. Ces vacances, elle les a passées Initialement censuré à cause des scènes conflits plus engagés, en référence à chez son grand-père pêcheur, au bord de baignade, ce gracieux poème a été une histoire économique récente. Ainsi de l’eau, sillonnant sans chaussures aux remarqué à Cannes dans la catégorie que la confrontation entre la liberté indi- pieds la plage et les montagnes, se bai- jeunesse, avant de ressortir dans son viduelle et l’oppression du groupe qu’in- gnant toute nue « pour ne pas attraper pays et récolter un très grand succès. carnent mine de rien les garçons avec froid », sympathisant avec les éléments Adaptée d’un livre pour la jeunesse, cette leur transistor et Vika dans sa petite robe et les considérant comme ses cama- histoire sur et avec des enfants pour- virevolante. Un trésor ! l’attentat désespéré – et raté – du jeune faire libérer son frère, quoi qu’il lui en résistant Paul Collette, qui avait tiré en coûte, au prix de sa propre liberté, au vain sur Laval, Déat et quelques tenants risque de compromettre son propre ave- de la collaboration. Malgré les allusions nir au Québec. Et le leitmotiv du film, ce qu’on pouvait y déceler, malgré les cos- sera ces mots qu’Antigone hurle aux tumes des gardes du roi ressemblant fu- juges, défiant leur cérémonial désuet par ANTIGONE rieusement aux impers de la Gestapo, l’évidence de son engagement : « mon Écrit et réalisé par Sophie DERASPE sa pièce évita miraculeusement les cœur m’a dit ». Des mots qui seront re- Québec 2019 1h49 fourches caudines de la censure nazie pris par tous les jeunes qui, à travers avec Nahéma Ricci, Rachida Oussaada, et fut créée à Paris le 4 février 1944. Montréal et le pays, soutiennent la dé- Nour Belkhiria, Rawad El-Zein… Bien loin de la Thèbes de la Grèce clas- marche d’Antigone. Le chœur qui scan- sique ou du Paris occupé des années dait les différents actes de la pièce de PRIX DU MEILLEUR FILM CANA- 40, nous sommes dans le Montréal Sophocle se constitue ici à travers les DIEN, FESTIVAL DE TORONTO 2019 d’aujourd’hui. La famille d’Antigone, au- réseaux sociaux qui viennent au secours tour de la grand-mère Ménécée, pour- de la jeune femme. C’est une ode merveilleuse à la résis- rait ressembler à celle de bien des immi- tance et au sacrifice désintéressés face grés qui se sont construits une seconde Sophie Deraspe, à travers cette adap- à un pouvoir inique. Dans la scène d’in- vie dans un pays occidental, à ceci près tation particulièrement libre et inspi- troduction, on découvre, face à la ca- que l’on comprend par des flash-backs rée, propose un magnifique hommage méra, le visage encore enfantin et an- qu’elle a fui sa Kabylie dans les années à cette jeunesse qui, dans les ZAD, gélique de l’héroïne, interrogée par une 90, après un terrible drame lié à la vio- dans les marches pour le climat, dans femme hors champ dans ce qu’on ima- lence des années de plomb. Depuis, la les manifestations contre les violences gine être un commissariat. On suppose fratrie vit entre rires et rêves d’un avenir policières et contre la discrimination qu’elle a été arrêtée, on ne va pas tarder meilleur, en tentant d’oublier les circons- raciale, dans les cortèges tout de noir à découvrir pourquoi. tances qui l’ont amenée à s’installer vêtus, a décidé de dire définitivement au Québec. Mais voilà, comme partout non à cette légalité devenue illégitime, La jeune femme s’appelle Antigone, dans le monde, la méfiance envers les et s’est déclarée ingouvernable pour ses frères Etéocle et Polynice, sa sœur jeunes d’origine immigrée, et les vio- réclamer la justice et un monde meil- Ismène. Nous sommes bien là dans lences de la police – qui existent aussi leur. Pour incarner Antigone, le sym- une adaptation très contemporaine de dans le Canada de Trudeau, réputé pour bole de cette révolte, une révélation : la la tragédie de Sophocle qui a traversé son ouverture – va les rattraper et mettre jeune Nahéma Ricci, tout aussi magni- près de 2500 ans sans prendre une ride. en danger toute la famille. fique que la comédienne qui incarne sa Tragédie déjà « actualisée » en pleine grand-mère, Rachida Oussaada, bou- période d’occupation allemande par Polynice est arrêté et, puisqu’il n’a pas leversante quand elle s’installe devant Jean Anouilh qui réinventait l’histoire de encore la nationalité canadienne, il est la prison dans laquelle est détenue sa cette jeune fille qui veut affronter la jus- menacé d’expulsion. petite fille pour chanter des chants ka- tice des hommes et la mort pour enter- Sa pourtant sage et studieuse sœur byles, qui transporteront tous ceux pour rer décemment son frère condamné à Antigone a vite fait de prendre sa déci- qui la phrase « mon cœur m’a dit » a une l’indignité. Anouilh avait été inspiré par sion : elle va tout mettre en œuvre pour résonance. 12e festival 24 >26 de musiques anciennes de La Réole 2020 sept Harmonia

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& ? U jeudi 24 septembre 20H30 - CATHÉDRALE - BAZAS# LES RICHES HEURES DE NOTRE-DAME DE PARIS ENSEMBLE PÉROTIN LE GRAND - Dir. Sylvain Dieudonné vendredi 25 septembre 20H30 - ÉGLISE ST PIERRE - LA RÉOLE LE CHANT DE L’AUBE FRANÇOIS JOUBERT-CAILLET - Viole de gambe Œuvres de Marais, Couperin… samedi 26 septembre 16H - ÉGLISE ST PIERRE - LA RÉOLE BADINERIES ENSEMBLE POSÉIDON - Dir. Arnaud Condé Œuvres de Vivaldi, Bach, Telemann… L icence 2-1107633 / 3-1079308 21H - ÉGLISE ST PIERRE - LA RÉOLE INÉDIT VÊPRES DE SAINT-JACQUES EN NOUVELLE-ESPAGNE ENSEMBLE VOX CANTORIS - Dir. Jean-Christophe Candau Mettez votre PUB Billetterie & vidéos sur : lesrichesheuresdelareole.fr dans la gazette 05 56 52 00 15 lite, évidemment, tout comme la compa- bivalence des sentiments que Larrain gnie de danse. La volcanique Ema prend fait naître chez le spectateur envers sa liberté avec ses compagnes de ballet son héroïne, tour à tour emballante par et elles improvisent des performances son énergie, son talent insolent, sa re- de rue, sur fond de reggaeton, cette mu- cherche farouche de la liberté mais aus- Pablo LARRAIN sique irrésistible, mélange de reggae et si terrifiante d’égoïsme. Chili 2019 1h42 VOSTF de rythmes caribéens, tout en essayant avecE Mariana Dima Girolamo, Gael d’assumer la culpabilité qui la ronge. Pour magnifier ce personnage de Garcia Bernal, Paola Giannini, femme libre, Larrain orchestre une mise Santiago Cabrera… Pablo Larrain a toujours décrit dans ses en scène exaltée en forme de maelstrom Scénario de Guillermo Calderon, films cités plus haut toute la complexi- faussement chaotique, en réalité tota- Pablo Larrain et Alejandro Moreno té des âmes tourmentées mais jusqu’ici lement maîtrisé. Un travail qui mêle un ses scénarios étaient liés à l’histoire po- montage fluide et une narration appa- L’année cinéma 2019 fut celle d’une litique, sociale et culturelle du Chili, riche remment déstructurée, qui suit le chemi- jeune fille en feu. La rentrée 2020 sera en personnalités marquantes, en événe- nement psychologique du personnage. celle d’une autre héroïne incandescente, ments traumatisants. Jackie marquait La danse tient une place essentielle interprétée par une actrice irradiante, une rupture mais restait centré sur un dans la progression du récit, elle l’irrigue Mariana Di Girolamo, superbement personnage et un drame liés à l’histoire de bout en bout, qu’elle s’exprime sur le mise en valeur par la mise en scène contemporaine. Ici le personnage est ré- plateau d’une pièce en train de se mon- de Pablo Larrain, cinéaste chilien dont solument d’aujourd’hui et le portrait se trer ou dans les rues formidablement nous avons projeté tous les films depuis veut individuel, même si Ema est sans cinégéniques de Valparaiso qu’inves- ses débuts en 2008 avec Tony Manero. doute le symbole d’une nouvelle géné- tissent Ema et ses amies, faisant rou- Ont suivi Santiago 73, post mortem (en ration de jeunes chiliens révoltés. Ce geoyer le ciel des incendies qu’elles Vidéo en Poche), No, El Club, Neruda, qui est assez passionnant, c’est l’am- créent ici et là. Jackie… Ema est tout entier placé sous le signe du feu, présent littéralement dès cette première scène où l’on voit, image surnaturelle, un feu tricolore incendié, présent symboliquement dans l’embra- sement des sentiments qui va gagner le récit, l’irréductible Ema renversant tout sur son passage.

Ema est une jeune danseuse de Valparaiso, ce port des côtes chiliennes immortalisé par Neruda – on peut tou- jours y visiter sa maison –, mariée à son chorégraphe, le beau et manipula- teur Gaston (Gael Garcia Bernal), pour le meilleur et – de plus en plus souvent – pour le pire. Quand le film commence, ils viennent de prendre une décision ter- rible : se séparer de l’enfant qu’ils ont adopté suite à un incident dramatique, qui a lui aussi trait au feu. Autour de cet abandon, le couple se dé- EPICENTRO

Film documentaire Hubert SAUPER tions à propos du grand voisin yankee, admirateurs et ses détracteurs absolus. Cuba 2020 1h47 VOSTF sauveur auto-proclamé, contre les « es- Réconciliera-t-on jamais ceux qui plé- Production Franco-Autrichienne clavagistes espagnols » de la petite île ? biscitent un système social, un accès Mais à quel prix ? Passer du statut de gratuit à la santé (et capable au demeu- Nous sommes tant sur cette planète ! Il colonie espagnole pour tomber sous rant d’envoyer plus de 2000 soignants y a tant de réalisateurs aussi qu’on peut le joug d’un protectorat américain non en pleine crise de la Covid-19 pour ai- ne pas se souvenir d’un nom. Il est peu choisi ? Les USA si proches, ennemis der le personnel de nos pays riches, probable par contre que ceux qui ont été jurés autant qu’admirés ! Ces gosses notamment en Martinique…) et ceux secoués par Le Cauchemar de Darwin portent en eux les contradictions d’un aient oublié le film, même s’ils n’ont plus peuple qui décrit les souffrances su- qui critiquent le régime autoritaire et la en tête le nom de son auteur : Hupert bies en raison de l’impérialisme améri- faible croissance du pays ? Ceci étant, Sauper. cain mais rêve de Disneyland… Tout est à l’heure où il faudrait très vite viser une Voici donc son nouveau documentaire, plus complexe que les images d’Épi- indispensable sobriété pour lutter contre au ton plus enjoué mais tout aussi pas- nal dans lesquelles on essaie d’enfer- le réchauffement climatique, le bilan car- sionnant. Un véritable condensé d’his- mer l’île d’Or. Il y a de la Rumba dans bone de Cuba pourrait bien nous inspirer. toire, d’humanité… à l’image de Cuba, l’air, certes, et même du reggeaton (cu- qui en est, en définitive, sa protago- baton), des rires qui fusent… Des nuées Hubert Sauper ne se contente pas de niste principale, peuplée d’une multi- de touristes qui viennent s’extasier sur le faire le tour de l’île, et de donner la pa- tude d’autres personnages, en particu- Malecón, ses vieilles Chevrolet lustrées, role aux artistes (dont la petite fille de lier ceux que le réalisateur nomme les ses jolies filles et ses chauds garçons… Charlie Chaplin), historiens, habitants « jeunes prophètes ». Mais ni leur pouvoir d’achat, ni l’aura lambdas, de les mettre en valeur à tra- des pays riches ne font oublier leur pas- vers des prises de vue d’une beauté Ces mômes, parfois guère plus haut que sé colonialiste, leur appartenance à des époustouflante, parfois onirique. Il af- trois pommes, qui s’improvisent guides pays dominants. Car bien sûr l’histoire fronte également ses propres ressentis, de leur île, de sa civilisation, sont mali- cubaine nous ramène à celle de la traite se questionne en filigrane sur la légitimi- cieux, taquins, intelligents, bien plus po- négrière, tout autant qu’à l’avènement litisés que ce qu’on pourrait imaginer de l’Empire américain, elle en est même té de sa présence, il interroge tout autant compte tenu de leur âge. Ils sont fas- l’épicentre et permet d’explorer un siècle le regard des autochtones que celui de cinants à écouter et leur discours très d’interventionnisme, de fabrication de l’observateur européen qui se promène, construit, critique, détricote celui des mythes à laquelle les images, celles du juge avec son système de valeurs… La adultes, interroge et peut paraître un cinéma en particulier, qui naît à la même place du filmeur, la place des filmés… la brin inquiétant. Où commence la rai- époque, vont largement collaborer… place des humains, tout simplement, si son, où démarre la propagande ? Mais Souvent, parler du régime cubain dé- fragiles et petits, en définitive, face à la ne peut-on se poser les mêmes ques- clenche des débats endiablés entre ses nature qui se déchaîne. lation qui n’aidera pas Lupe, la veuve de Claudio, enceinte jusqu’aux yeux, à survivre. À l’heure de la paie, pas foli- chonne, Francisco s’enhardit : quand arriveront les indemnités pour sa belle sœur ? On découvrira alors ce qu’un pa- tronat sans vergogne, ni remord, est prêt MANO DE OBRA à raconter pour ne pas voir sa responsa- Écrit et réalisé par David ZONANA quelques pesos. Mexique 2020 1h23 VOSTF Ce jour-là, ils sont une bonne dizaine à bilité engagée, ouvrir les cordons de sa avec Luis Alberti, Hugo Mendoza, bosser consciencieusement dans tous bourse. Nul ne bronche, nul ne proteste, Jonathan Sánchez, Horacio Celestino… les recoins d’une prétentieuse maison comme si chacun était condamné à su- bourgeoise que nul d’entre eux évi- bir dans son coin. Les jeux sont perdus Voici un premier long métrage qui demment n’aura jamais les moyens d’avance. Chacun rentre alors dans sa tanière, trompe son monde, qui surprend ses d’acheter. Mais sans doute n’y pensent- dans sa piaule minimaliste aux allures spectateurs, et on ne peut que s’en ré- ils même pas. On plâtre, on gâche, on de bidonville. Il pleut dans celle de jouir. S’il débute comme un film social perce, on peint… Avec en bruit de fond Francisco, prédestiné à patauger dans aux codes classiques, il va rapidement le son nasillard d’un transistor qui mas- son maigre réduit comme il patauge bifurquer vers des voies plus sombres, sacre une chanson romantique racon- dans la vie. plus malaisantes. Le tout forme une tant combien la vie est précieuse… De guerre lasse, à force de taper à des sorte de fable contemporaine à la mo- Tout est tranquille et on n’y croit à peine portes qui ne s’ouvrent jamais tout à fait, rale acide, qui ne laisse pas la place à la quand on voit une masse tomber depuis à force de parcourir les bureaux à tra- rédemption. le toit dans la cour intérieure, presque vers lesquels on trimbale les pauvres C’est un chantier parmi tant d’autres. sans bruit, sans faire de vague. ères pour éviter de les aider à résoudre L’un de ceux certainement pas très rè- « Claudio, le frère de Francisco, a eu leurs problèmes, Francisco renoncera à glementaires, où le patron ne prend pas un accident ! » crie l’un, « Appelez une obtenir justice et réparation pour la mort la peine d’investir pour la protection des ambulance ! » supplie un autre… Tous de son frère. Et de fil en aiguille, puisqu’il travailleurs (les a-t-il seulement décla- restent interdits devant le jeune corps n’a plus rien à perdre, lui viendra une rés ?). Pourquoi s’embarrasser avec qui ne bouge plus et ne bougera plus ja- drôle d’idée dangereuse dans laquelle il des complications et des dépenses inu- mais. va entraîner bien du monde… tiles ? Les misérables se ramassent à La mise en scène ne s’attarde pas sur la pelle, une main d’œuvre (la traduc- l’enterrement, comme pour souligner Au fur et à mesure que l’intrigue évolue, tion du titre) tellement bon marché que qu’on n’accorde même pas à Francisco notre héros devient méconnaissable. le calcul est vite fait : à quoi bon assurer le temps du deuil. Il est déjà sur le chan- Et la morale de l’histoire pourrait bien les travaux, mettre des filets de sécurité, tier. Il continue sa tâche, avec ses com- devenir : « Prenez un honnête homme, des barrières, leur fournir des casques, parses, sans broncher, le regard perdu marquez-le d’injustice, détruisez en lui des tenues adaptées ? Sitôt qu’un ou- dans le vague. Quelques rares mots de tout espoir, vous en ferez un Ténardier à vrier est blessé, il sera remplacé pour réconfort sont prononcés. Pâle conso- l’image de ses bourreaux. » LES JEUDIS DE LA PHILOSOPHIE Chaque semaine de septembre à juin Athénée municipal de Bordeaux

Ateliers en petits groupes 14h Pensées orientales (Inde≈et Chine) 15h30 Critique de la technique Tarifs et infos : www.philospheres.org 06 77 60 53 90 ÉNORME Sophie LETOURNEUR France 2020 1h41 avec Marina Foïs, Jonathan Cohen, Jacqueline Kakou, Ayala Cousteau… Scénario de Sophie Letourneur et Mathias Gavarry

Claire, pianiste de renommée internatio- nale, a la quarantaine rugissante. Altière, fière et bosseuse, sûre de son talent, elle fait vibrer des salles de concerts en- thousiastes aux quatre coins du globe. Autant elle est vive, fonceuse et per- fectionniste dans son art, autant la vie quotidienne lui semble une terre étran- gère à la langue inconnue, parsemée d’inextricables contingences maté- rielles et d’obscures obligations tantôt sociales, tantôt administratives de- vant lesquelles elle a vite fait de perdre pied… Les choses étant tout de même bien faites, pour lui permettre d’avan- cer dans ce brouillard, Claire a trouvé en politique…), aurait pu permettre à nos deviendrait le laboratoire difforme de Frédéric la perle rare : mari passionné, deux tourtereaux-voyageurs de filer cette transformation familiale. Rongé agent intraitable, secrétaire méticuleux, des jours heureux ainsi que le parfait par son obsession, Frédéric va tout ten- garde du corps intransigeant, comp- amour si, par un de ces hasards dont la ter pour parvenir à ses fins – jusqu’à, table scrupuleux, amant attentif, ami Providence et les scénaristes ont le se- puisqu’il a la main dessus, jouer les ap- plein d’humour… Des billets d’avions cret, Frédéric ne s’était pas retrouvé au prentis-sorciers avec la contraception aux contrats de concerts, des courses cours d’un vol de nuit à assister mala- de sa compagne… alimentaires aux prises de rendez-vous, droitement (mais avec succès) un toubib des essayages de robes à la prise de sa pour un accouchement un peu précipité. Impeccablement écrite, la comédie flirte pilule contraceptive, il gère, assume, or- Dès lors, rien ne sera plus comme avant. en permanence avec un malaise dif- ganise, règle dans les moindres détails Le désir de paternité va devenir pour lui fus mais pas si désagréable. Le par- une vie qu’elle peut dès lors traverser une obsession grandissante, tandis que ti-pris initial, l’inversion des positions comme en apesanteur, libérée de toute Claire, dont la fibre maternelle n’est pas femme-homme dans la représentation contrainte, en se consacrant exclusive- extrêmement développée, ne comprend du couple (occidental) traditionnel, est ment à la musique. pas bien pour quelle impérieuse raison rapidement posé et sa logique poussée Cette belle mécanique bien huilée, qui il faudrait transformer leur couple en fa- au maximum donne lieu, parfois subti- reproduit en négatif le schéma habituel mille, avec des conséquences pour le lement, parfois avec une grâce réjouis- de la femme de tête et de ménage to- moins incertaines sur sa carrière profes- sante d’éléphant dans un magasin de talement dévouée au bien être de son sionnelle. D’autant que, jusqu’à preuve porcelaine, à des effets comiques irré- « grand homme » (artiste, scientifique, du contraire, c’est bien SON ventre qui sistibles et salutaires – et Marina Foïs et Jonathan Cohen s’en donnent visi- blement à cœur joie, dans des registres très différents. Avec, c’est un peu la si- gnature des films de Sophie Letourneur, cette délicieuse sensation de liberté, d’imparable légèreté, cette impression d’improvisation permanente qui habille de naturel des situations de plus en plus improbables et ahurissantes à mesure que le film avance. Le masque renfermé de Claire, Buster Keaton féminin et lu- naire, met bien ses quatre-vingt-dix mi- nutes à se lézarder, sous les assauts du jeu exubérant de son partenaire, pitre décomplexé qui paraîtrait presque en roue libre si, au détour d’une phrase, d’un regard, on n’était régulièrement ra- mené au sérieux, à la gravité de ce qui se joue. Mine de rien, outre les rela- tions de couple et de genre, la réalisa- trice retourne contre la société l’injonc- tion millénaire du désir de maternité. Et brode un conte aussi charmant que pi- quant qui dit avec une grande justesse les enjeux de la dépossession du corps de la femme pendant la grossesse. Une comédie instructive valant mieux qu’un long discours, on applaudit. Un été italien

pacités entrepreneuriales de son lamen- table époux, qu’elle méprise ouverte- ment : pas question pour elle de mettre une lire dans les ascenseurs Nardi en chute libre… Alors Alberto essaie de don- ner le change, plastronne, baratine… et ne peut s’empêcher d’espérer devenir veuf, donc riche héritier… La charge est féroce, l’humour noir, et le personnage de Nardi/Sordi tellement mi- sérable qu’il en devient touchant. LES ADOLESCENTES (DOLCI INGANNI)

Alberto LATTUADA Italie 1960 1h28 VOSTF Noir & blanc avec Catherine Spaak, Christian Marquand, Jean Sorel, Milly, Marilu Tolo… Scénario d’Alberto Lattuada, Franco Brusati, Francesco Ghedini et Claude Brulé GUENDALINA Première séquence du film : une jeune Porté par un Alberto Sordi génial, le italienne, Francesca, adolescente de 17 GUENDALINA film brosse le portrait d’Alberto Nardi, ans, se réveille doucement d’un songe érotique. Dans la pénombre, elle semble Alberto LATTUADA hommes d’affaires raté, constructeur d’ascenseurs peu fiables et qui trouvent troublée et encore perdue dans un demi- Italie 1956 1h36 VOSTF Noir & blanc sommeil. La caméra traduit son émotion avec Jacqueline Sassard, Raf Vallone, donc de moins en moins preneur, barati- sans ambiguïté, se promenant sur son Sylva Koscina, Raf Mattioli… neur inlassable qui finit tout de même par corps encore sous le choc d’une émotion Scénario d’Alberto Lattuada, lasser tous ceux à qui il essaie de souti- inédite et d’un désir palpable. Leo Benvenuti, Piero de Bernardi, rer de l’argent… Et le plus rageant pour Ce désir naissant la poursuivra toute Jean Blondel Alberto c’est que, s’il est lui-même fau- la journée. Au lieu de suivre ses cours, ché comme les blés, il a sous la main une Francesca se précipite pour voir l’homme La saison se termine dans la station bal- épouse pleine aux as, Elvira, rejetonne qu’elle aime et lui raconte timidement néaire de Viareggio et la jeune Guendalina, d’une famille de la très grande bourgeoi- l’histoire de son rêve, annonçant son dé- fille d’un couple de bourgeois, voit se sie. Son malheur, c’est qu’Elvira est loin sir de découvrir l’amour charnel. prolonger indéfiniment ses vacances en d’être une imbécile et qu’elle sait depuis L’homme, au profil idéal, architecte culti- compagnie de sa mère : ses parents sont longtemps à quoi s’en tenir quant aux ca- vé, attentif et élégant, en est l’objet. au bord de la séparation et le retour à Milan a été reporté. Sans grande convic- tion et surtout pour dissiper son ennui, Guendalina flirte avec Oberdan, un jeune homme d’origine sociale modeste… « Lattuada a réussi le portrait de sa jeune fille. Il est tracé d’une main légère. De charmants détails l’enrichissent de scène en scène. D’une extrême minutie, d’un intimisme subtil, Guendalina étudie la crise de cette adolescente de quinze ans, riche, un peu gâtée, au cours d’un sé- jour à la mer : les rapports tendus avec ses parents, en cours de séparation, les peines d’amour secrètes. Lattuada sait décrire, comme personne d’autre peut- être, cette sensation d’affolement mysté- rieux qui s’empare de deux enfants face à la montée de leur passion. » Aldo Tassone

LE VEUF (IL VEDOVO) Dino RISI Italie 1959 1h32 VOSTF avec Alberto Sordi, Franca Valeri, Livio Lorenzon, Nando Bruno… Scénario de Fabio Carpi, Sandro Continenza, Dino Risi, Rodolfo Sonego et Dino Verde Le Veuf appartient à la première salve des comédies réalisées par Dino Risi, avant la reconnaissance internationale qui lui viendra en 1962 avec Le Fanfaron. LE VEUF Un été italien LE JARDIN DES FINZI CONTINI (IL GIARDINO DEI FINZI CONTINI)

Vittorio DE SICA Italie 1970 1h34 VOSTF avec , Helmut Berger, Lino Capolicchio, Camillo Cesari, Alessandra d’Altari… Scénario de Vittorio Bonicelli, d’après le roman de Giorgio Bassani Italie, 1938. Alors que l’idéologie fasciste imprègne insidieusement les mœurs du pays tout entier, les mesures anti-juives se multiplient, les clubs sportifs sont in- terdits aux membres non aryens. La famille Finzi Contini, pilier de l’aristo- cratie de Ferrare, accueille des jeunes gens de la petite bourgeoisie sur ses courts de tennis, dans l’immense parc qui entoure le palazzo familial. C’est ainsi que Giorgio a l’occasion de revoir son amie d’enfance et fille de la maison, Micol, son premier et éternel amour… Fidèle au roman de Giorgio Bassani, Le QUELLE JOIE DE VIVRE Jardin des Finzi Contini peint la société provinciale italienne du début de l’époque Durant toute cette journée que dure le Avec une légèreté non dénuée de gravi- fasciste. Autour d’une énigmatique figure film, Francesca se promène dans la capi- té, René Clément réalise un film sur la li- de jeune femme, le film en donne un ta- tale italienne, guidée par cette obsession berté, l’oppression, l’engagement. Et la bleau minutieux et concret, en même troublante. Au hasard des rencontres, bouffonnerie de certaines situations ne temps que voilé d’une sorte de brume, face à ce désir incontrôlable, elle est dans masque pas le caractère crucial du mo- sans doute celle de la mélancolie… une curieuse observation du monde. Elle ment : nous sommes à l’été 1922, à la Singulièrement envoûtant, le film tisse des déambule dans Rome, ville labyrinthique veille de la marche sur Rome des parti- relations humaines très complexes, peu à et contrastée, mondaine et populaire, in- sans de Mussolini… et la joie de vivre peu gangrenées par l’assaut des discrimi- terrogeant son entourage. Les filles de tourne court. nations raciales et des persécutions. son âge, comme les femmes mûres, af- fichent toutes de façon plus ou moins assumée ce besoin de l’autre, de la pré- sence des hommes. QUELLE JOIE DE VIVRE (CHE GIOIA VIVERE)

René CLÉMENT Italie 1961 1h57 VOSTF Noir & blanc avec Alain Delon, Barbara Lass, Gino Cervi, Ugo Tognazzi…

Rome 1921. Ulysse et son ami Turiddu, libérés du service militaire, s’installent dans la capitale pour trouver un travail. Ils se lassent d’attendre et sans saisir la por- té de leur action, ils rallient les Chemises noires mussoliniennes, pour lesquelles ils doivent localiser une imprimerie de tracts anti-fascistes. C’est là qu’Ulysse ren- contre Franca, la fille de l’imprimeur. Pour la séduire, il se fait passer pour un légen- daire terroriste anarchiste. Le sel de l’af- faire, c’est qu’il va se prendre au jeu… Juste après Plein soleil, réalisé en 1960, le français René Clément retourne en Italie où il a presque ses habitudes et en- traîne avec lui sa vedette Alain Delon, qui ne va pas tarder à y prendre les siennes : il a déjà tourné Rocco et ses frères avec Visconti, il y aura ensuite L’Éclipse avec Antonioni et Le Guépard, de nouveau avec Visconti. Sacrée série ! LE JARDIN DES FINZI CONTINI PROJECTION UNIQUE Mardi 15 SEPTEMBRE à 20h15 proposée par le Goethe Institut de Bordeaux dans le cadre de son cycle Pina Bausch Tarif unique : 4,50 euros PINA DANSEZ, DANSEZ, SINON NOUS SOMMES PERDUS Un film de Wim WENDERS pour Pina Bausch Allemagne 2010 1h43 VOSTF avec les danseurs exceptionnels du Tanztheater Wuppertal Pina Bausch… Le film de Wim Wenders est très simplement une déclaration d’amour à la danse, en tout cas à celle imaginée et mise en œuvre par Pina Bausch. Un film dansé donc, porté par l’en- semble du Tanztheater Wuppertal et l’art singulier de sa cho- régraphe, disparue à l’été 2009. Ses images nous convient à un voyage au cœur de cet univers extraordinaire de travail et de bonheur d’expression, d’abord sur la scène désormais mythique du Tanztheater, puis hors du théâtre, avec les dan- seurs, dans la ville de Wuppertal et ses environs, ces lieux dont Pina Bausch a fait son port d’attache durant 35 ans et où elle a puisé sa force créatrice. Wim Wenders et Pina Bausch ont été amis pendant plus de vingt ans – depuis la découverte par le cinéaste, en 1985, du MADRE ballet Café Müller – et ils avaient depuis longtemps évoqué Rodrigo SOROGOYEN l’idée de faire ensemble un film dansé. Et lorsque la choré- Espagne 2020 2h09 VOSTF graphe est morte, le 30 Juin 2009, elle préparait activement le avec Marta Nieto, Jules Porier, tournage avec Wenders… Lequel, après une période d’abat- Alex Brendemühl, Anne Consigny, Frédéric Pierrot… tement pendant laquelle il a pensé abandonner le projet, a Scénario de Rodrigo Sorogoyen et Isabel Peña décidé d’en reprendre entièrement la conception. De film SUR et AVEC Pina Bausch, il est devenu un film POUR Pina Isabel a perdu son fils quand il avait six ans… disparu sur Bausch. On y trouve les chorégraphies qu’ils avaient choisies une plage où il s’était égaré, malgré le téléphone portable par de concert : Café Müller, Le Sacre du printemps, Vollmond lequel elle tentait de le guider, jusqu’à ce que la communica- et Kontakthof ; on y trouve aussi quelques images et docu- tion soit coupée… Le temps a passé mais peut-être ne dé- ments sur la vie de la chorégraphe ; et de longues séquences sespère-t-elle pas tout à fait de le retrouver un jour. Alors, elle de danse en extérieur. s’est installée là où les traces du gamin se perdaient dans le sable, et travaille dans un bistrot près de la plage où main- tenant d’autres gamins se bousculent… cohabitant depuis avec une douleur qui s’estompe au fil du temps pour laisser la place à une mélancolie plus douce. Dix ans ont passé… dix ans comme une longue remontée vers une vie moins sombre. Peu à peu, son nouvel amou- reux, Joseba, la tire vers un ailleurs où il est possible de vivre heureux à nouveau, vers son pays d’origine, l’Espagne… Il connaît ses blessures et l’aime assez pour lui laisser le temps dont elle a besoin… Quand elle croise Jean, le visage de l’adolescent, son re- gard lumineux, ses cheveux blonds accrochent son regard. C’est au-delà des mots, mais de part et d’autre l’attirance s’impose comme une évidence : plaisir de parler ensemble en marchant sur le sable, de rester juste là à côté l’un de l’autre… Est-ce parce qu’il a l’âge qu’aurait son fils et qu’il pourrait lui ressembler ? Ou est-elle simplement troublée par le regard chavirant de tendresse d’un adolescent amoureux et si beau ? Les parents de Jean, qui étaient là pour passer des vacances tranquilles avec un fils aimé qu’ils n’ont pas vu grandir, ne comprennent pas. L’attirance de leur fils pour une femme mûre leur semble dangereuse et contre nature, ils ont tôt fait de penser qu’elle est folle… Le talent de Rodrigo Sorogoyen est de nous entraîner bien au-delà de l’anecdote vers l’étrange mystère des sentiments humains, son film nous trouble et nous envoûte, comme le vi- sage de Marta Nieto, actrice magnifique. de Giorgetto qui n’a rien glandé de toute sa vie et se raccroche aux branches des minima sociaux. Toujours fauché, en- core plus que les autres qu’il n’arrête pas de taxer, surtout le professeur qui ne sait pas trop dire non, bien que sa re- CITOYENS DU MONDE traite soit presqu’aussi maigre que ces Écrit et réalisé par lante et rigolarde des quartiers popu- fameux minimas sociaux… Ma che ! Il Gianni DI GREGORIO laires avant qu’ils ne tirent leur révé- faut faire avec et prendre ce qui vient. Va Italien 2019 1h31 VOSTF rence. Cette farce « al dente », qui vaut pour Giorgetto ! avec Gianni Di Gregorio, Ennio son pesant de répliques hilarantes, est Il faut dire que les amis se font rares. Fantastichini, Giorgio Colangeli… traversée par une sorte de « saudade » Avec le temps ils se sont envolés vers romaine, une manière de dandysme d’autres cieux à moins que ce ne soit Après Le Déjeuner du 15 août et Gianni dilettante, solaire et élégante. Tout vers des îles paradisiaques, où le coût et les femmes, le multi-casquettes comme l’est « le professeur » avec ses de vie est si bas que leurs maigres pen- Gianni Di Gregorio (scénariste, réalisa- airs de cocker craquants, hors d’âge. sions les font passer pour des nababs… teur, acteur) revient pour nous donner Il fait partie de l’engeance des grands En voilà une idée ! Et nos deux com- des nouvelles de son petit monde, de sa mâles désabusés après une vie sans pères vont forcément essayer de la rat- philosophie de la vie : au-delà des rires, tempête, qui continuent de la traverser traper au vol. Mais comment organi- des badineries débonnaires, perce une avec des airs d’éternels célibataires dé- ser un départ au bout du monde quand belle générosité, une vision fine de l’hu- concertés. Les femmes ? À quoi bon ? Il on n’a jamais dépassé les portes de manité, tendre et lumineuse. y a presque renoncé, pas très sûr d’être Rome ? Leur périple commencera donc un de ces princes charmants dont elles en proche banlieue à la recherche de Citoyens du monde, c’est l’histoire de puissent rêver, préférant observer timi- conseils, à la rencontre d’un troisième ceux qui rêvent de partir à sa conquête dement sans mot dire ces impression- larron, Attilio, l’homme à la moto, puis sans quitter leurs pantoufles. L’histoire nantes créatures… Que lui reste-t-il d’un quatrième fort érudit… Jusqu’où d’une bande de papis hauts en couleur, donc, à ce retraité de l’éducation natio- cela les mènera-t-il ? Eh bien, vous sa- dignes d’un western spaghetti, mais nale, pour combler le vide de ses jour- vez quoi ? On ne vous le dira pas ! sans chevaux, ni cowboys… Un road nées sans vagues ? Des livres, des movie, mais sans the road, qui va dé- rêveries, quelques citations latines, l’es- En filigrane, le réalisateur ne se prive buter dans le Trastevere, joli quartier de pérance d’avoir servi à quelques élèves pas d’égratigner les pesanteurs de la Rome dont l’authenticité, « Au-delà du et surtout… le petit vin blanc à l’heure bureaucratie italienne, pas si lointaine Tibre », résiste encore à la gentrification, de l’apéro, au café du coin, rare espace de la nôtre, et franchement après ça on même si la lutte est forcément perdue de socialisation accessible à sa bourse, se sent moins seul. Au fond, s’il fallait d’avance… mais c’est une autre his- et encore… Sous la pression immobi- tirer une morale de cette fable pleine toire ! En attendant, le film de Gianni Di lière, les touristes, tout ne cesse d’aug- d’authenticité, ce serait : « Dindons de Gregorio nous plonge avec délectation menter. Ici l’on croise quelques têtes la farce de tous les pays, unissez-vous, dans cette ambiance italienne bienveil- connues et spécialement ce flemmard ça ne peut pas faire de mal. » ÉTÉ 85 Écrit et réalisé par François OZON France 2020 1h40 avec Félix Lefebvre, Benjamin Voisin, Philippine Velge, Valeria Bruni-Tedeshi, Melvil Poupaud, Isabelle Nanty… D’après le roman d’Aidan Chambers, Dance on my grave (en France La Danse du coucou, Editions Points) Alex a le cheveu blond en bataille, le tee-shirt sans manches, accro à son baladeur à cassettes… Nous sommes en 1985 et les vacances commencent à peine tandis que rien de très clair ne s’annonce pour l’année qui suit : continuer ses études ou plonger dans la vie active, il hésite… C’est sa maladresse à la barre d’un voilier prêté par un co- pain – pris par un orage soudain, il chavire et se retrouve à la flotte – qui va provoquer sa rencontre avec David, marin plus aguerri qui se porte à son secours. David a deux ans de plus seulement, mais il assure et, en se moquant un peu, ramène Alex à terre, puis l’entraîne chez lui, remplace ses fringues mouillées tandis qu’il barbote dans un bain chaud… Si Alex est novice côté cœur, David a visiblement plus d’ex- périence, et il trouve bien à son goût ce jeune éphèbe un peu incertain… Ils vont faire les fous en boîte, des virées en moto, ils vont s’aimer… Orphelin depuis peu, vivant avec une mère qui l’adule, David a laissé sans regret ses études et travaille avec elle dans la boutique de matériel marin léguée par le père disparu… Dans la fulgurance de cet été tout neuf, Alex, fasciné, s’aban- donne totalement à ce qui devient vite un amour possessif et L’INFIRMIÈRE jaloux. David est plus joueur, plus volage sans doute, nulle- Écrit et réalisé par Kôji FUKADA ment prêt à se laisser enfermer dans une relation exclusive… Japon 2019 1h45 VOSTF À l’origine du film, il y a un roman anglais, lu par François avec Mariko Tsutsui, Mikako Ichikawa, Ozon alors qu’il avait l’âge d’Alex et commençait à réaliser Sosuke Ikematsu, Hisako Ookata… des courts métrages… Il fallait que le temps passe pour que cette histoire d’amour s’enrichisse du recul d’un auteur talen- Étrange infirmière, troublante, trouble, à l’image d’un film qui tueux qui a mûri et pose un regard bienveillant sur ses émo- a tôt fait de nous entraîner dans ses secrets et ses méandres. tions adolescentes. François Ozon réalise ainsi un de ses plus Kôji Fukada prend plaisir à déconstruire la narration, à jouer beaux films, porté par deux jeunes acteurs formidables. avec le spectateur comme un chat avec une souris. C’est tri- coté de petites choses faussement anodines… Le titre original japonais, « Profil », fournissait une piste, car tout se construit ici comme s’il était possible de voir simulta- nément les deux profils d’une même personne, le côté pile nébuleux et le côté face limpide, une face pure, une autre souillée. Plus on avancera dans le récit, plus l’inaccessible protagoniste principale nous désarçonnera, toujours plus am- bigüe avec ses airs de victime coupable, ses actes déstabi- lisants… Ichiko est infirmière à domicile, un quotidien sans grande surprise, routinier, mais que visiblement elle aime. Enfin, ce qu’elle aime surtout, c’est le contact humain avec cette fa- mille qui est sans doute devenue le centre de sa vie. Elle n’en dit rien, elle n’est très à l’aise avec les mots, qui la trahissent. Dans les gestes très professionnels d’Ichiko, toujours discrète et attentive, transparait une infinie tendresse. La vieille grand- mère qu’elle soigne ne s’y trompe pas, même si ses traite- ments et/ou son vieil âge lui font perdre un peu la boule… Mais tout cela, c’était avant… avant qu’une étrange dispari- tion vienne briser ce semblant d’harmonie et de choses pré- dictibles qui orchestraient la vie de l’infirmière… Avant que les médias, le jugement d’autrui, ne plongent son avenir dans la plus grande incertitude… À l’arrière-plan de L’Infirmière, se dessine en creux un portrait acéré de la société japonaise contemporaine. Tantôt glacée, souvent glaçante, assoiffée de pureté et de propreté, jusqu’à se déshumaniser. Tantôt un peu glauque, vampirisant une hu- manité qui ne parvient plus à exprimer la vérité de ses sen- timents. L’Infirmière regarde son époque droit dans les yeux, sans commentaires mais avec une lucidité, une acuité qui im- pressionnent. VOIR LE JOUR Marion LAINE France 2020 1h31 plus, elle est plutôt du genre discrète. Un coup d’argent. Le jour où un nouveau-né avec Sandrine Bonnaire, Brigitte Roüan, peu en retrait, ailleurs, elle entretient une décède dans le service, toutes les ten- Aure Atika, Sarah Stern, Kenza Fortas… forme de douce distance vis-à-vis des sions, toutes les histoires intimes, toute Scénario de Marion Laine, avec la collègues, et ça ne pose de problème à la fatigue accumulée vont ressurgir… collaboration de Julie Bonnie et personne. Jeanne fait son boulot et elle Mais pour Jeanne, c’est le passé qui re- Laura Piani, d’après le roman de Julie le fait plus que bien : le monde des nou- vient la visiter. Il a un blouson de cuir et Bonnie, Chambre 2. veaux-nés lui convient à merveille. Avec des airs de vieux rocker fatigué, dans les bébés, pas besoin de mots ni d’argu- son sillage flotte un parfum d’écume et Avant d’être une belle histoire d’amour mentaire, ni négociations, ni promesses et d’amitié entre des femmes toutes plus jamais tenues, pas besoin de gagner de peau salée… Jellyfish était le nom du lumineuses les unes que les autres, Voir une bataille ou simplement la confiance : groupe dont elle était la chanteuse cha- le jour est un vibrant hommage aux soi- tout se joue à l’instinct, au gré des émo- rismatique : sa vie d’avant, qu’elle a su- gnantes. Qui tombe à pic, pas besoin de tions et des corps qui se touchent, se bitement mais sans regret abandonné le grand discours pour le souligner. Sans respirent, se protègent. Mais le monde jour où elle est tombée enceinte. en avoir l’air, et sans en faire son sujet extra-utérin est une drôle de galaxie : on On va alors comprendre un peu mieux central, c’est un film qui résonne comme y brandit des grands mots comme « ren- ce qui fait la singularité de Jeanne : sa un plaidoyer pour une médecine plus hu- tabilité », « efficacité », « rendement », relation fusionnelle avec sa grande fille, maine, plus à l’écoute de celles et ceux « réduction des lits », « compression des au moment même où celle-ci s’ap- qui la font vivre au quotidien. Car elles effectifs », on souhaite aussi largement y prête à quitter le nid, sa complicité avec bossent dur, les filles, dans cette mater- pratiquer les césariennes programmées, Francesa, sorte de grande sœur ou de nité d’un grand hôpital marseillais, elles plus intéressantes, mieux gérables, plus mère de substitution qui l’a guidée et ac- enchaînent les gardes, de jour, de nuit, lucratives. Les tensions sont ici d’autant compagnée alors qu’elle était perdue… on ne dort pas as assez mais tant pis, ça plus palpables qu’un petit noyau dur, fait des heures en plus pour boucler les mené par une sage-femme, la charis- Forte et gracieuse, fragile et rebelle, fins de mois difficiles. Elles ont chacune matique Francesca (toujours formidable Sandrine Bonnaire porte le film, entourée leur histoire, leur tempérament, leurs Brigitte Rouän), souhaite depuis de blessures, elles se serrent les coudes, nombreuses années créer une maison d’une troupe formidable. À mi-chemin parfois ça fait du bien, parfois des étin- de naissance : accompagner au mieux entre le film politique et le récit intimiste celles. Malgré le peu de reconnaissance les mamans dans une approche natu- qui s’autorise même, et de manière plu- et l’incroyable responsabilité qui repose relle de l’accouchement, tout en ayant la tôt futée et audacieuse, quelques flash- sur leurs épaules, elles continuent à ai- sécurité d’un plateau technique en cas back ou digressions oniriques, Voir le mer leur métier. de problème. Mais la direction ne voit jour est inspirant… puisse-t-il être vu Jeanne est l’une d’entre elles. Pas la pas les choses du même œil : prendre le par celles et ceux qui décident du sort plus syndiquée, pas la plus loquace non temps d’accoucher, c’est perdre beau- de notre service public hospitalier. Rock Against Racism, le RAR. Une pro- testation farouche contre la pensée do- minante qui va s’organiser à travers des actions concrètes : création de fanzines, distribution de tracts, organisation de WHITE RIOT concerts militants où des groupes de Film documentaire de Rubika SHAH Dix ans plus tôt en effet, le député punk et de reggae jouent sur la même GB 2020 1h21 VOSTF conservateur Enoch Powell demande scène, sabotage des marches anti-im- avec The Clash, Steel Pulse, The dans un discours l’arrêt immédiat de migration organisées par le National Selecter, Tom Robinson, Sham 69 l’immigration en Angleterre, un appel di- Front. et les membres du RAR… rect à la haine raciale qui va se propa- En avril 1978, à Londres, le RAR et l’An- Écrit par Ed Gibbs et Rubika Shah ger comme une traînée poudre dans la ti-Nazi League organisent le Carnival Against Racism, une marche à travers culture, la politique et les quartiers po- Trafalgar Square, qui se termine par un White riot, c’est d’abord une chanson, pulaires du pays. Le 4 juin 1976, dans concert géant à Victoria Park. À la sur- un tube incendiaire sur trois accords, un l’East End de Londres, Gurdip Singh prise des organisateurs, c’est presque hymne punk sorti en 1977 sur le premier Chaggar, étudiant sikh de 18 ans, est 100 000 personnes qui participent à album d’un des plus grands groupes assassiné par de jeunes néo-fascistes. cette manifestation, dont beaucoup de de rock anglais de tous les temps : The C’est le début d’une série d’agressions jeunes d’à peine vingt ans qui sont ve- Clash. Emmené par son leader cha- racistes contre les populations d’origine nus de loin pour rallier la capitale. rismatique, chanteur et guitariste Joe indienne et jamaïcaine. L’extrême droite L’aventure de Rock Against Racism, Strummer, le groupe fait souffler un vent est aux portes du pouvoir. avec The Clash en première ligne, va ré- de rébellion sur la Grande-Bretagne de Le photographe Red Saunders, se sen- concilier sur des rythmes punk, rock ou l’époque. À travers des paroles contes- tant trahi en voyant les grandes figures reggae, toutes les communautés d’un tataires, qui évoquent les classes so- du rock (David Bowie, Eric Clapton, Rod pays en crise. C’est cette histoire que ciales et les communautés, il incite la Stewart en tête) faire cause commune raconte ce documentaire formidable, jeunesse à se rebeller pour une vraie avec ces opinions réactionnaires, dé- une histoire exaltante qui résonne au- cause. « Vous plierez vous aux ordres ou cide de passer à l’action. En 1976, il crée jourd’hui plus fort que jamais. prendrez-vous le dessus ? Allez vous re- avec un petit groupe d’artistes et d’acti- culer ou irez-vous de l’avant ? » Le ton vistes dont le graphiste Roger Huddle et En partenariat avec l’émission SPY est donné, car l’heure est grave. la journaliste Kate Webb, le mouvement MARKET sur la Clé des Ondes, 90.10. LIGHT OF MY LIFE

Écrit et réalisé par Casey AFFLECK de désobéir. Rag n’a pas toujours vé- de mots et quelques regards suffisent à USA 2019 2h VOSTF cu comme un animal traqué, mais ses dire la force du lien qui les unit – mais avec Casey Affleck, Anna Pniowsky, souvenirs enfantins du cocon protecteur aussi les peurs, les secrets, les rêves Elisabeth Moss… tissé par l’amour maternel s’effilochent d’évasion… On ne peut s’empêcher de avec le temps. trouver à la situation, qui il y a quelques C’est un bien étrange déconfinement C’est le moment de préciser que Rag, mois encore nous aurait semblé rele- que vit Rag, onze ans aux prunes, sous malgré des apparences factices que son ver de la science-fiction, comme un pe- l’aile protectrice de son paternel. À la fois père s’efforce de lui conserver, cheveux tit air familier. Pas tout à fait contempo- rescapés et fugitifs, ils avancent, sans courts, pantalons informes, casquette rain mais relevant d’une anticipation très but bien défini, et campent, seuls, le plus sur le nez, voix basse, fait partie des plausible et vraisemblablement pas si souvent dans une tente au plus profond rares filles qui n’ont pas été emportées lointaine. Or, de toute évidence, mieux des bois. À l’occasion, ils squattent les par la maladie. Et qu’à ce titre, elle n’est qu’un survival post-apocalyptique mini- maisons abandonnées ou les granges plus seulement une enfant – mais une maliste (on pense aux Fils de l’homme, délabrées croisées en chemin, en quête femme, une mère en devenir, une proie au Temps du loup), Light of my life est un de moyens de subsistance et se proté- potentielle, ainsi qu’un objet d’étude conte. Moderne, certes, un peu effrayant geant coûte que coûte d’un environne- convoité. D’où l’inquiétude, l’état de (mais quels contes ne le sont pas ?), ment hostile – le plus grand danger pou- veille permanent d’un père qui lui ra- où l’on croise plus d’ogres prédateurs vant venir des humains de passage. Une bâche inlassablement les techniques et de maisons inquiétantes (celle entre épidémie (tiens, tiens…), dont on ne sait qu’il juge indispensables à leur survie – trop si elle rôde encore ou s’est finale- tout en l’éduquant du mieux possible, autres des trois ours) que de fées bien- ment éteinte, a ravagé une très large dans la méfiance, mais également dans faitrices. Un conte futé, qui ne joue avec moitié de la population – une part indis- le respect de ce qu’il peut rester d’hu- les nerfs du spectateur que pour mieux pensable, par ailleurs, à la survie de l’Es- manité dans le monde qui les entoure. parler d’amour filial et de transmission. pèce, puisqu’elle a exclusivement visé Au croisement des mémorables Leave et quasiment éradiqué de la surface du Le film, sombre et épuré, avec une im- no trace et Captain Fantastic, Light of globe les êtres humains de sexe féminin. pressionnante économie de moyens, my life, comme beaucoup de contes Dans un tel contexte, Rag et son père nous entraîne à la suite du père et de la en définitive, rappelle que les enfants n’ont qu’un objectif : rester vivants, en fille dans une longue errance hivernale, doivent grandir et se débarrasser de pa- sécurité. Plus précisément encore, cet neigeuse et boueuse, à travers les pay- rents encombrants – lesquels doivent un homme hirsute au regard vif, perpé- sages désolés du Nord des États-Unis. jour laisser les enfants prendre leur en- tuellement aux aguets, ne vit que pour Malgré tout, malgré le froid et la menace vol. Épaulé par la jeune Anna Pniowsky, protéger son enfant et lui inculquer un diffuse, malgré l’intranquillité qui les ha- de tous les plans, épatante de justesse certain nombre de règles d’airain qui bite, la complicité, la connivence fusion- et de naturel, Casey Affleck filme et in- assureront plus tard, un jour, sa survie nelle qu’ils parviennent à maintenir est terprète avec beaucoup de tendresse et en autonomie. Rag, c’est de son âge, l’étincelle qui éclaire le film d’une lumière de retenue ce conte qui se révèle finale- teste parfois ses limites, a la tentation étonnamment douce et apaisée. Très peu ment solaire et émouvant. ADOLESCENTES les arts au murartothèque

L’art contemporain se partage

Prêt d’œuvres Expositions Programme culturel Actions éducatives 2bis, av. Dulout 33600 Pessac 05.56.46.38.41 www.lesartsaumur.com Visuel — © David Coste

une humanité sans fards tout en res- seurs, le poids du regard social sur la tant à une distance respectueuse, jamais jeunesse et leur propre regard sur elles- entrée libre voyeuse. Il trouve toujours le ton juste, mêmes, qui n’est pas forcément le moins mercredi attentif à ne pas déflorer trop de l’intimi- sévère ? Quand l’une râle, l’autre la ta- à samedi té de ses protagonistes tout en nous les quine. Quand l’une sombre, l’autre l’aide 14h/18h rendant incroyablement proches. à se redresser. Et sans cesse ces rôles Si, lors des premiers repérages, le réali- s’inversent. C’est une amitié d’âmes sateur avait prévu de suivre les pas d’un sœurs, qui se pardonnent tout, se com- jeune garçon, le voilà qui bifurque et se prennent bien au-delà des mots et des met à filmer deux adolescentes, Emma convenances. On s’amuse de leurs éton- et Anaïs, qu’il va suivre pendant cinq ans. nements un brin naïfs, pour, l’instant Et c’est d’abord ce temps long qui rend d’après, se retrouver scotché par tant de le film exceptionnel. Voir les deux filles, maturité et de perspicacité. On se pique David Coste au long de ces cinq années, de l’entrée à rêver avec elles à ce que deviendront Une montagne(s). au collège à l’heure du redoutable bac- leurs vies. Quand la caméra s’invite dans Humanités heureuses calauréat, s’épanouir sous nos yeux, leurs demeures respectives, on les dé- et autres paysages abandonner leurs chrysalides, va devenir couvre différentes, se confiant à leurs charmants. tout aussi prenant qu’émouvant. Cette mamans, puis agacées, agaçantes… Chapitre 2 chronique initiatique du passage de l’en- inquiètes, quelle que soit leur éduca- fance à l’âge adulte, qui capte l’essence tion… Et là on s’interroge sur le déter- de notre époque, témoin de l’évolution minisme social. Emma et Anaïs ont beau 09.07.2020 de notre société, se révèle de bout en avoir l’âge de tous les possibles, on per- bout passionnante, pleine de surprises çoit que les dés ont été pipés dès le ber- 20.09.2020 et de chocs imprévus. ceau. Mais qu’importe, il suffira de voir Cette exposition est le second les airs outrés qu’adopte Anaïs, de l’en- chapitre d’un projet organisé Tout débute dans une sous-préfecture de tendre s’exclamer avec son accent chan- province, Brive, une de ces belles endor- tant : « Sport à 8h ? Non mais j’ai une tête à l’occasion de la sortie du livre mies qui semblent épargnées par le trop à faire du sport à 8h ? » pour pouffer de de David Coste, Une montagne(s). plein de violence. Nos deux jouvencelles rire à notre tour et tout oublier. D’autant Installation faite de dessins dans ont alors treize ans. Si Emma y grandit que garçons et filles, après s’être long- l’espace rejouant d’étranges dans un milieu plutôt bourgeois et favo- temps croisés dans les rues de la petite risé, Anaïs fait partie d’une classe popu- ville comme des planètes que tout op- paysages issus du livre. laire qui n’a pas spontanément un accès pose, commencent à s’épier du coin de L’univers de l’artiste questionne les facile à la culture. Alors que tout pour- l’œil, émus, même si chacun se cherche images, ici le motif de la montagne rait les séparer, il est clair que ces deux- et fanfaronne un peu… dans le cinéma. là s’attirent comme deux aimants et se complètent merveilleusement. Il n’est Tandis que l’on accédait benoîtement pas une journée sans qu’elles badinent, à une forme d’universalité charmante, se consolent, commentent, refassent le le destin viendra bouleverser sans mé- monde, imaginent le futur tantôt de fa- nagement ces petites histoires particu- çon amusée, tantôt de façon angoissée. lières, rattrapées par la grande histoire. Comment ne pas l’être entre les injonc- On n’en dira pas plus sur ce très grand PRÉFÈTE DE LA RÉGION tions des parents, celles des profes- film, aussi drôle que poignant, essentiel. NOUVELLE-AQUITAINE Conception graphique — cocktail - Lucie Lafitte & Chloé Serieys LA FEMME DES STEPPES, LE FLIC ET L’OEUF

Écrit et réalisé par WANG Quanan plus ! L’affaire est donc bien gênante et manque plus que l’apparition d’un œuf Mongolie/Chine 2020 1h32 les flics dépêchés sur place n’ont pas pour que l’énigme du titre soit résolue… VOSTF (tugrik) trop l’air de savoir comment s’y prendre. avec Enkhtaivan Dulamjav, Aorigeletu, L’un semble se souvenir vaguement qu’il Ce qui est magnifique dans le film, outre Bathmunk Norovsambuu, B. Anujin… faut éviter de trop piétiner une scène de ses paysages infinis somptueusement crime, tandis qu’un autre se propose de photographiés, c’est la place surpre- Qu’un film mongol parvienne sur nos recouvrir le corps d’une couverture. En nante que prend chaque personnage. écrans est un phénomène guère moins bout de ligne, ils auront tôt fait d’aban- Tous les clichés sont envoyés aux orties. rare qu’une aurore boréale à Paris (la donner le plus jeune poulet de la bande, Ici la femme n’est pas une petite chose dernière eut lieu en 1938). On pourrait à peine sorti de l’œuf, en lui confiant la fragile et soumise, elle n’a pas froid aux objecter un peu hâtivement qu’il y a un mission de veiller seul la morte jusqu’au yeux, elle fait des choix radicaux, plei- brin de tricherie, puisque son réalisa- lendemain matin. Drôle de bizutage pour nement assumés et les hommes ne teur est chinois… Mais ce serait oublier celui qui n’a pas de vie de famille et doit donc être corvéable à merci. Mais peuvent que suivre, pleins de respect. que c’est le deuxième film que Quanan Nul besoin de longues répliques explica- Wang tourne sur les terres de Mongolie, quelques mètres plus loin, sans doute tives pour nous captiver, ni de voix off ce coup-ci « non-chinoise » pour échap- pris d’un peu de remords de laisser la per aux coupes sombres de la censure nouvelle recrue, timide et désarmée, pour tout décrypter, il suffit d’observer, qui ont complètement dénaturé son der- sans vivres, ni couverture dans une nuit d’écouter les murmures de dame nature, nier film (Au pays du cerf blanc, inédit qui promet d’être glaciale, le chef de bri- de deviner l’invisible. Et la caméra nous en France), alors que son précédent, gade va réquisitionner la seule présence en offre le loisir, elle réussit à capturer le Le Mariage de Tuya (Ours d’or à Berlin humaine à des kilomètres à la ronde : il temps qui s’étire et nous plonge dans en 2007 et montré chez nous) avait été charge une bergère de veiller sur le po- une forme de contemplation jubilatoire tourné en Mongolie-Intérieure, chinoise licier. Voilà donc les rôles curieusement pour qui accepte de se laisser transpor- donc. Ici il a troqué son actrice fétiche inversés… Et vous l’aurez noté : il ne ter. Yu Nan pour une véritable bergère, qui tient admirablement le rôle-titre, la fa- meuse « femme des steppes », pour aboutir à cette œuvre atypique qui s’oc- troie une grande liberté de ton. Ce pur bijou dépouillé est servi par des prises de vue d’une beauté à vriller l’âme (c’est un chef opérateur français, Aymerick Pilarski, qui est aux manettes : comme quoi, la notion de frontières…).

Dans l’immensité des steppes, l’humain n’est qu’un petit point dans une image, subissant les caprices du vent comme un infime grain de sable. Alors tout ici devient un brin dérisoire : la naissance, l’amour, la vie, la mort. D’ailleurs le film commence par la découverte d’un ca- davre : celui d’une femme anonyme, aussi nue pour son dernier souffle sur terre qu’elle le fut pour son premier. Découverte qui n’arrange pas la police locale, peu habituée à traiter de telles affaires dans ces contrées désertiques. Avec la plus faible densité de population au monde (2 hab./km2), les occasions de se disputer entre voisins sont raris- simes et les homicides le sont d’autant a garanti sans 3D Ciném

5 place Camille Jullian 33000 Bordeaux • www.cinemas-utopia.org • 05 56 52 00 03 • [email protected] ADOLESCENTES

Film documentaire expliquer sinon qu’il parvienne si bien à de vérité. Au sommet de son art, il nous de Sébastien LIFSHITZ se fondre dans le décor. Sa caméra se offre ici une plongée au cœur de l’ado- France 2019 2h15 fait si discrète que ceux qu’elle filme lescence, un véritable bain de jouvence. avec Emma et Anaïs, Anaïs et Emma… semblent oublier jusqu’à son existence. Comme dans ses précédents et magni- On imagine la délicatesse du cinéaste, fiques documentaires – Les Invisibles Sébastien Lifshitz est un super-héros, il sa patience hors normes pour parvenir (justement !), Bambi (en Vidéo en Poche), a le don de se rendre invisible. Comment à saisir tant d’instants subtils, criants Les Vies de Thérèse –, il nous dévoile

No 210 du 12 août au 15 septembre 2020 / Entrée: 7€ / La 1re séance: 4,50€ / Abonnement: 50€ les 10 places