Dans Un Jardin Qu'on Dirait Éternel
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a garanti sans 3D Ciném 5 place Camille Jullian 33000 Bordeaux • www.cinemas-utopia.org • 05 56 52 00 03 • [email protected] DANS UN JARDIN QU’ON DIRAIT ÉTERNEL Écrit et réalisé par Tatsushi OMORI Ah, si la grande actrice Kirin Kiki, dis- souvient du moins de ses fabuleuses Japon 2018 1h40 VOSTF parue en septembre 2018, avait pu être apparitions dans Une affaire de famille avec Haru Kuroki, Mikako Tabe, aussi éternelle que ce jardin ! On ne se (Kore-Eda) et dans Les Délices de Tokyo Kirin Kiki, Mayu Harada… lasse pas de son jeu subtil, habité. Si (Naomi Kawase). Ici, dans ce qui reste- D’après le roman de les rôles qu’elle a interprétés ne sont ra comme son dernier film, elle incarne Noriko Morishita. pas tous parvenus jusqu’à nous, on se une incroyable vieille dame qui conti- No 210 du 12 août au 15 septembre 2020 / Entrée: 7€ / La 1re séance: 4,50€ / Abonnement: 50€ les 10 places DANS UN JARDIN QU’ON DIRAIT ÉTERNEL BALTRINGUE Cirque Plein d’Air • Cirque 2, 3, 4/10 LES SECrets d’un gainage EFFICACE Les Filles de Simone • Théâtre 16/10 LE SYNDROME DU BANC DE TOUCHE Cie le Grand Chelem • Théâtre 9/11 C.L.I.T.O Une Compagnie • Théâtre 14/11 DE LA MORT QUI TUE Adèle Zouane • Théâtre 15/11 POURQUOI LES POULES PRÉFÈRENT ÊTRE ÉLEVÉES nue à enseigner, malgré les temps qui series, n’a pas d’équivalent. Sans parler EN BATTERIE changent et exigent de plus en plus de de la fascination qu’exerce forcément la Jérôme Rouger • Théâtre 18/11 compétitivité et d’efficacité, une cérémo- découverte d’un rituel riche et passion- nie hors du temps, que beaucoup trou- YOURTE nant, dont la vieille dame fait don avec Les Mille Printemps • Théâtre 21/11 veraient barbante et inutile, et pourtant ! sagesse. Chaque détail est essentiel, de la qualité de l’eau à la manière de la pui- BLACK BOY Il ne serait jamais venu à Noriko, du haut ser, tout pousse à une perfection impos- Bluebird • Théâtre, dessin, musique 25/11 de ses vingt ans, l’idée d’aller s’inscrire sible à atteindre. ALEXIS HK «COMME UN OURS» à un cours aussi désuet sans l’impulsion La cérémonie du thé n’est qu’un prétexte Concert • 11/12 de ses parents qui lui vantent combien ou presque, lorsque le film rejoint la quête YOU «ISLES» les jeunes filles qui maîtrisent l’art du de la jeune Noriko pour chercher à com- Jazz voyageur • 15/01 thé ont la réputation d’être de bons par- prendre le sens profond de sa vie. Elle tis. Nous sommes en 1993. On se doute est si différente de sa cousine Michiko, THE YELLBOWS Jazz New Orleans • 23/01 d’emblée combien la jeunesse nippone, qui fonce joyeusement dans l’existence, fan de Michael Jackson et Madonna… qui rêve de voyages, d’amour, d’une fa- PARIAS est bien loin de tout ça. Comme argu- mille à fonder, elle est le Japon d’au- Javier Aranda • Marionnettes 27/01 ment de drague, on repassera ! Mais la jourd’hui… Noriko admire cette témérité contemplative et perpétuellement indé- TCHAÏKA insolente que sa timidité naturelle l’em- Cie Belovo-Iacobelli • Marionnettes 30/01 cise Noriko va se plier au jeu, sans qu’on pêche d’adopter. Sans idée du futur, elle sache vraiment si cela l’intéresse vrai- SAUVAGE se rend chaque samedi chez Madame Groupe Anamorphose • Théâtre ment ou si elle obtempère par désœu- Takeda pour apprendre le temps qui vrement ou docilité. Peut-être la clef est- et marionnettes 4/02 elle dans les premières minutes du film, passe. Les saisons. S’inscrivant dans une tradition toute japonaise, elle ap- VIES DE PAPIER quand elle décrit son rapport au monde, La Bande Passante • Théâtre 16/03 privoise peu à peu le sentiment d’éter- à l’apprentissage, à la découverte d’un MARIA DOLORES Y AMAPOLA certain cinéma. Il est des choses qui ne nité, où s’épanouit le respect de soi et des autres. 24 ans plus tard, à l’heure du QUARTET peuvent s’éclairer qu’avec le temps, au Concert, humour • 24/03 gré de gestes répétitifs, qui progressi- bilan, sa cousine Michiko, par son dé- vement s’investissent d’un sens qu’on sir de modernité, n’a-t-elle pas repro- T’es toi ! n’imaginait pas. duit un schéma autrement ancestral ? Eva Rami • Humour 9/04 Sa nouvelle professeure, Madame Noriko, elle, s’est vue capable de faire 3D, UN VOYAGE IMPROVISÉ Takeda (Kirin Kiki donc), est de celles les mêmes choses, chaque année, de la AUTOUR DU 7ÈME ART qui ré-enchantent le monde, et elle sait même manière, petit à petit détachée de Cie BIP • Théâtre et improvisation 30/04 écouter aussi bien les murmures du l’angoisse du quotidien. Est-ce mainte- SOMOS thé qui frémit que ceux du cœur des nant que tout commence ? Cie El Nucleo • Cirque acrobatique 29/05 femmes. Son enseignement de l’art du thé lui a déjà beaucoup dit des soifs inté- Plus qu’un récit initiatique de transmis- rieures et de la manière de s’emplir, sans sion entre générations, ce film apprend à Et bien d’autres ... débordements, de cette matière chaude mettre des suppléments d’âme dans nos Envoi du programme sur simple demande actes, pour atteindre à une plus grande 05 56 89 38 93 et savoureuse qu’on nomme aussi la www.saisonculturelle.canejan-cestas.fr vie. La fluidité des gestes de Madame liberté. Sa force est de rester aussi Takeda, du simple pliage d’une ser- humble que l’enseignement de Madame viette à la cuisson savante de ses pâtis- Takeda. PRESSE UTOPIA.indd 1 10/07/2020 13:42 EFFACER L’HISTORIQUE Écrit et réalisé par Benoît DELÉPINE Marie, Bertrand et Christine, les trois feuse de VTC, se découvre l’esclave non et Gustave KERVERN pieds-nickelés de Effacer l’historique, seulement de son employeur mais sur- France 2020 1h46 habitent le même ensemble pavillon- tout des notes, systématiquement mi- avec Blanche Gardin, Denis Podalydès, naire, quelque part dans une vague nables, que lui décernent ses clients. Se Corinne Masiero, entourés de Vincent zone péri-urbaine, un de ces coins de voyant également broyés par le même Lacoste, Benoît Poelvoorde, Bouli France où l’on a décoré avec amour les système, Marie, Christine et Bertrand Lanners, Vincent Dedienne, Philippe terre-pleins des ronds points qui des- décident d’unir leurs maigres forces – et Rebbot, Michel Houellebecq… servent des centres commerciaux faits de s’adjoindre l’aide inattendue mais dé- d’immenses hangars grisâtres habil- cisive de Dieu lui-même – pour remonter Benoît Delépine et Gustave Kervern lés d’enseignes uniformes, tristes et la chaîne de leurs malheurs et remettre poursuivent méthodiquement la mis- bariolées. Marie, Christine et Bertrand les compteurs à zéro : le harceleur de sion qu’ils se sont donnée dès Aaltra le connaissent d’ailleurs bien, le rond- Marie, ceux de la fille de Bertrand et les en 2004 (disponible avec leurs 5 pre- point de leur banlieue. C’est là qu’ils se faiseurs d’étoiles de Christine. miers films en Vidéo en Poche !), qui sont rencontrés, cintrés dans leur gilet est de rendre justice, dans des brûlots jaune, dans un moment d’euphorie col- Ainsi contée, la fable, aussi gafa que kaf- rageurs pas vraiment tirés au cordeau, lective autour d’un barbecue révolution- kaïenne, aurait pu n’être qu’une charge à toute une cohorte de petites gens ou- naire – un moment où ils ont découvert satirique, hargneuse et revigorante, bliées du monde moderne et de ses re- que la fraternité et la solidarité n’étaient contre les entreprises tentaculaires qui présentations. Ouvrières au bord de la pas de vains mots perdus dans les hy- ont bâti leurs empires en faisant com- délocalisation, retraités sans pension, perliens d’un dictionnaire en ligne. Ils les merce de nos fameuses « données per- agriculteurs en fin de droits, cadres en ont expérimentés et, la gueule de bois sonnelles ». Or, comme souvent sinon rupture d’idéologie libérale, punks à sociale dissipée, ils sont naturellement toujours chez Delépine et Kervern, c’est chiens vieillissant sans chiens, handi- restés amis. Cabossés, usés, en rupture dans les marges, les fossés des routes, capés teigneux et rancuniers, femmes, de ban social, sentimental, familial, pro- dans les pas de côté que s’écrivent les hommes, jeunes et vieux, même com- fessionnel… la vie ne les a guère épar- histoires et que se révèle l’humanité pro- bat : tous entassés dans le même sac, gnés. Chacun se cramponne aux deux fonde des gens qu’ils filment. Si on ne rit celui des laissés-pour-compte… dont la autres, en les croyant plus solides, plus pas à gorge déployée, si les quêtes in- bonne société a quand même besoin, ne fiables… des blagues. sensées n’ont sans doute pas de résolu- serait-ce que pour s’en servir de repous- tion, ils ont à nouveau semé leurs petites soir ou de marche-pied. Les films de nos Ils basculent le jour où Marie se retrouve graines d’ananars dans des récits drôles Grolandais préférés mettent donc en victime de chantage à la sextape de la et généreux qui nous parlent simplement scène des anti-héros prolétaires, en ré- part d’un godelureau dans le lit duquel de nous. Et doucement instillé la certi- volte maladroite contre les dysfonction- une cuite carabinée l’a conduite à se tude que pour tous les Marie, Christine nements d’un monde imbécile dont ils glisser ; le jour où Bertrand perd pied et Bertrand de la terre, être libre, c’est ne comprennent pas, ou plus, les codes, entre le harcèlement dont sa fille est vic- se donner la maîtrise de son histoire, de un monde dont le but ultime est de les time au lycée et la suave séduction al- son passé et de son avenir – le pouvoir asservir et les pressurer au profit des gorithmée d’une vendeuse de véranda à aussi de prendre son temps, d'« effacer puissants.