dossier de presse

CYCLE ROMANTISME ENTRE GUERRE ET PAIX À l’occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, le Palazzetto Bru Zane propose une rétrospective contrastée d’un siècle de conflits armés mis en musique…

Contact presse Opus 64 - Valérie Samuel et Sophie Nicoly +33 (0)1 40 26 77 94 - [email protected] [email protected] BRU-ZANE.COM 1 SOMMAIRE

3 Cycle Romantisme entre guerre et paix

6 Focus sur « Au pays où se fait la guerre »

7 Focus sur Albéric Magnard (1864-1914)

9 Focus sur Théodore Dubois (1837-1924)

13 Calendrier du festival à Venise

19 Ils ont connu les guerres…

25 Colloques

26 Concerts à Venise : informations pratiques

2 cycle ROMANTISME ENTRE GUERRE ET PAIX

Qu’elle se soit déroulée sur le territoire national ou au-delà des frontières, la guerre aura marqué toutes les générations de Français depuis la période révolutionnaire jusqu’au second conflit mondial. Ne programmant qu’exceptionnellement des musiques directement composées pour les combats, les espaces les plus distingués de la vie musicale se font néanmoins l’écho des préoccupations guerrières du XIXe siècle. Le patriotisme qui gagne alors les Français vient s’inviter dans les querelles esthétiques : avec la fondation du (1795), on espère soustraire l’art de la République aux influences des nations ennemies ; à l’issue de la défaite de Sedan (1870), la création de la Société nationale de musique revendique un art français (Ars gallica est sa devise) digne de rivaliser avec les productions germaniques. Mais la guerre ne génère pas uniquement des réflexes de repli : les conquêtes napoléoniennes ouvrent à l’Opéra une fenêtre sur l’Égypte (Les Mystères d’Isis) et dressent un pont entre Naples et Paris ; la politique coloniale élargit l’espace de diffusion des productions françaises (notamment de l’opéra-comique) et renforce le goût des auditeurs pour l’exotisme. Après le traité de Vienne (1815), l’apaisement des tensions entre la France et ses voisins transforme Paris en terre d’accueil pour les musiciens fuyant les conflits d’Europe centrale : au cœur de ce carrefour artistique incontournable, le « grand opéra français » d’Auber, Meyerbeer et Halévy propose alors, sans patriotisme, une synthèse des influences françaises, italiennes et germaniques.

3 Distanciation Repères chronologiques Par frilosité politique ou nécessaire recul artistique, les œuvres 1789 : Prise de la Bastille destinées aux scènes lyriques ou aux salons ne traitent pas 1805 : Défaite à Trafalgar frontalement les conflits qui leur sont contemporains : elles prennent et victoire à Austerlitz 1806 : Victoire à Iéna appui sur des textes anciens ou racontent des guerres achevées 1812 : Campagne de Russie depuis longtemps. L’avantage est précieux de pouvoir en tirer 1815 : Défaite à Waterloo des enseignements. Tous les opéras magnifiant les conquêtes de et Traité de Vienne Napoléon situent leur action dans des temps et des lieux reculés, de 1830 : Les Trois Glorieuses 1848 : Insurrection de Paris Fernand Cortez de Spontini (1809) aux Bayadères de Catel (1810). 1857 : Conquête de l’Algérie Uthal de Méhul (1806) fait même résonner l’écho des batailles au 1870 : Guerre milieu de brumes écossaises teintées d’ossianisme. Bien plus tard franco-prussienne encore, pour exprimer le désespoir de celle dont le « bel ami s’en est 1914 : Début de la Première allé » Au pays où se fait la guerre, Henri Duparc évoque en 1869 la Guerre mondiale politique de conquête coloniale française du Second Empire tout en utilisant un poème de Théophile Gautier écrit trente ans plus tôt. En 1867, Offenbach situe également l’intrigue de La Grande Duchesse de Gérolstein « en 1720 ou à peu près » et se fait ainsi applaudir par toutes les têtes couronnées d’Europe et les militaires d’Empire, pourtant principaux pantins de cette satire. Enfin, ce sont les campagnes italiennes de Bonaparte qui servent de trame de fond à La Fille du régiment (Donizetti, 1840) et à La Fille du Tambour-major (Offenbach, 1879). Autour de 1900, la création d’un « anti-Bayreuth » aux arènes de Béziers, d’Orange ou d’Arles voit proliférer un répertoire patriotique qui cache à peine son engagement derrière la distanciation chronologique : tels sont, par exemple, Les Barbares de Camille Saint-Saëns. La Grande Guerre de 1914 marquera le véritable tournant de ce positionnement : la musique écrite à ce moment ne craint plus de stigmatiser l’actualité (Évocation 1915 ! de Dubois, lié au bombardement de Reims) ou de rendre hommage à des disparus récents (le Quintette avec piano de Vierne, dédié à son fils mort pour la Patrie).

4 La Société nationale de musique (1871) Quelques opéras Jamais, sans doute, les revendications de l’art musical français en l’honneur de Napoléon, ne prirent de forme plus avouée et assumée qu’avec la création de Rome à Grenade ou Mexico… de la Société nationale de musique en 1871. Sous la présidence de 1799 : Adrien de Méhul Saint-Saëns et Bussine, elle rassembla la fine fleur des compositeurs 1801 : Les Mystères d’Isis parisiens du moment : Franck, Castillon, Fauré, Dubois, Duparc, de Mozart (arrangement Guiraud… La sensibilité de la fin du XIXe siècle et de la première de Lachnith) partie du XXe siècle face aux mouvements violents de l’histoire 1807 : Le Triomphe de Trajan de Persuis prend alors une autre dimension dans les œuvres de musique 1809 : Fernand Cortez de chambre. Les quatuors avec piano de Fauré, La Tombelle ou ou la Conquête du Mexique Théodore Dubois, par exemple – bien qu’inscrits dans la lignée de Spontini des productions classiques d’un genre établi depuis Mozart – sont 1810 : Les Bayadères de Catel 1812 : Jérusalem délivrée l’occasion d’entendre la voix et l’opinion du postromantisme de Persuis français sur la folie du monde moderne, qu’il soit musical ou 1813 : Les Abencérages militaire. Ils complètent une lacune nationale et rivalisent avec ou l’Étendard de Grenade les productions de Weber, Schumann ou Brahms. Le répertoire de Cherubini du quatuor à cordes, de la sonate pour violon et piano et de la musique pour instruments à vent s’en trouve lui aussi subitement considérablement enrichi.

5 focus sur « Au pays où se fait la guerre »

Une production du Palazzetto Bru Zane 15 juillet 2014 Festival de Saintes Imaginé par le Palazzetto Bru Zane en connivence avec des (Abbaye aux Dames, Saintes) artistes curieux et engagés, ce programme – spectacle de 14 août 2014 Musicales du Golfe l’âme – fait pénétrer l’auditeur dans l’esprit d’un soldat de la du Morbihan Grande Guerre. Tous les compositeurs interprétés ont vécu les (Elven, Église Saint-Alban) conflits de 1870 et de 1914 avec une ferveur artistique qui les a 30 août 2014 profondément marqués. Les élans guerriers du devoir (« Ton bras Musicales de Normandie est fort, ton âme est fière ! » – Offenbach, La Grande Duchesse (Rouen, Salle Sainte-Croix des Pelletiers) de Gérolstein) ne rendent pourtant pas si facile la séparation des 21 septembre 2014 cœurs. Une fois au front, l’inquiétude apparaît, cette « douceur Septembre Musical de l’Orne splendide et sombre qui flotte sous le ciel étoilé ; on dirait (Église de Ceton) que là-haut dans l’ombre, un paradis s’est écroulé… » (Nadia 28 septembre 2014 Boulanger, Élégie). Le soldat se rassure (« Ma douleur, donne-moi Scuola Grande San Giovanni Evangelista (Venise) la main… » – Debussy, Recueillement) et reprend courage en 15 octobre 2014 pensant à l’aimée. Les jours passent, dont l’horreur est parfois Autunno in musica maquillée de sérénité. Mais, le soir venu, quand s’éteignent les (Rome, Villa Médicis) bruits de bataille, la pesante solitude reparaît de plus belle, qu’on 6 novembre 2014 épanche dans le secret (« Les larmes qu’on peut verser, quand les Festival de Laon têtes sont détournées, on ne les a pas soupçonnées… » – Godard, (Hôtel de Ville, Laon) 7 novembre 2014 Les Larmes). Fatalement, la Mort suit les pas de la désespérance, Guebwiller emportant également ceux qui ne connurent pas les armes (Dominicains de Haute Alsace) (« Loin de l’amant, j’attends la mort… » – Chaminade, Exil). Et, 9 novembre 2014 tandis que l’être n’est plus mais que seul demeure l’esprit, « tous Music and cup of tea ceux qui s’aimèrent jadis d’un amour tendre, après la mort en au Château d’Hardelot paradis peuvent s’attendre… » (Théodore Dubois, En Paradis). 14 novembre 2014 Hôtel National des Invalides (Musée de l’Armée, Paris) 16 dates en tournée en France et en Italie 15 novembre 2014 Œuvres de Bonis, Offenbach, Chaminade, Fauré, Metz (Arsenal) Donizetti, Godard, Duparc, Debussy, Dubois, 14 décembre 2014 N. Boulanger, Hahn Théâtre Auditorium de Poitiers (détail des œuvres p. 13) (TAP) Isabelle Druet mezzo-soprano 20 janvier 2015 QuatuOr Giardini Grand Théâtre de Provence (Aix-en-Provence) Ce programme a reçu le label « Centenaire » 22 janvier 2015 dans le cadre des manifestations commémorant La Courroie la Première Guerre mondiale (Entraigues-sur-la-Sorgue) 25 janvier 2015 Le Méjan (Arles) 5 février 2015 Sinfonia en Périgord (Périgueux, Centre départemental de communication)

6 focus sur Albéric magnard (1864-1914)

Albéric Magnard à la Société Diplômé en droit, Magnard décide de se consacrer à la musique nationale de musique après avoir entendu Tristan et Isolde à Bayreuth en 1886. Élève À l’occasion du centenaire de Dubois, Guiraud et Massenet au Conservatoire, il obtient un de la mort de Magnard, décédé lors d’une violente premier prix d’harmonie en 1888, puis poursuit ses études avec altercation avec des d’Indy. En 1896, il devient professeur de contrepoint à la Schola soldats allemands en 1914, cantorum, où il aura pour élève Déodat de Séverac. Indépendant le Palazzetto Bru Zane et intransigeant, refusant les appuis que pourrait lui procurer lui consacre différentes la situation de son père (directeur du Figaro), il édite ses propres actualités, notamment une tournée internationale œuvres – quitte à entraver leur diffusion. Sa surdité partielle de son Quintette pour vents contribue aussi à son isolement social. Quand la guerre éclate, il et piano. Juste hommage est à Baron, dans l’Oise, où il s’est installé en 1904. Il périt dans à celui dont la Symphonie l’incendie de sa maison, après avoir tiré sur les troupes allemandes. n° 1 et le Quatuor à cordes avaient médusé le public Auteur de plusieurs partitions théâtrales (Yolande, Bérénice et de la Société nationale Guercœur, son chef-d’œuvre lyrique), il donne le meilleur de lui- de musique. même dans ses quatre symphonies et sa musique de chambre. La préface de Bérénice est révélatrice : « Ma partition est écrite dans le style wagnérien. Dépourvu du génie nécessaire pour créer une nouvelle forme lyrique, j’ai choisi parmi les styles existants celui qui convenait le mieux à mes goûts tout classiques et à ma culture musicale toute traditionnelle. J’ai seulement cherché à me rapprocher le plus possible de la musique pure. » À l’influence de Wagner s’ajoute celle de Beethoven et de l’esthétique de la Schola. Cultivant un contrepoint dense et un lyrisme tendu, Magnard s’oppose à Debussy, dont il rejette les sortilèges harmoniques et orchestraux.

Je crois que le triomphe de certaines idées vaut bien la suppression de notre tranquillité et même de notre vie. Albéric Magnard

7 CONCERTS AUTOUR DE MAGNARD

VENDREDI 17.10.2014 SAMEDI 25.10.2014 DIMANCHE 07.06.2015 À 20H À 17H MC2 PALAZZETTO BRU ZANE PALAZZETTO BRU ZANE GRENOBLE Albéric MAGNARD Albéric MAGNARD Alberic MAGNARD Quatuor Quintette pour vents et piano Quintette pour vents et piano Guillaume LEKEU Maurice RAVEL Maurice RAVEL Adagio pour cordes Miroirs Miroirs QUATUOR ELLIPSE Gabriel PIERNÉ Gabriel PIERNE Trois Pièces pour piano op. 40 Trois Pièces pour piano op. 40 Nocturne en forme Nocturne en forme de valse n° 2 de valse n° 2 Étude de concert op. 13 Étude de concert op. 13 Jean-Efflam Bavouzet piano Jean-Efflam Bavouzet piano Philippe Bernold flûte Philippe Bernold flûte Olivier Doise hautbois Olivier Doise hautbois Philippe Berrod clarinette Philippe Berrod clarinette Julien Hardy basson Julien Hardy basson Production Palazzetto Bru Zane

DISCOGRAPHIE

Albéric Magnard Albéric MAGNARD Albéric MAGNARD Intégrale de la musique Sonate pour violoncelle Une mort mythique de chambre et piano Réédition de la sonate pour Laurent Wagschal, Intégrale de l’œuvre pour piano violoncelle et de l’intégrale Solenne Païdassi, Camille Alain Meunier violoncelle de l’œuvre pour piano Thomas, Ensemble Initium, Philippe Guilhon-Herbert à l’occasion de la Sine Nomine… piano commémoration du centenaire TIMPANI HORTUS (2011) de la Grande Guerre À paraître en septembre 2014 HORTUS (2014) ffff Télérama

8 focus sur théodore dubois (1837-1924)

Le Palazzetto Bru Zane poursuit sa découverte de Théodore Dubois : après un festival monographique à Venise et une activité éditoriale soutenue (huit disques et la publication de son journal ainsi que de ses souvenirs), suivent un concert-événement le 16 novembre à la Cité de la Musique, la recréation de la Messe de la Délivrance à Berlin en mai 2015 et la publication d’un volume de la collection « Portraits » dédié à ce compositeur romantique français en pleine redécouverte.

Élève doué, Théodore Dubois fit de brillantes études au Conservatoire de Paris, remportant de multiples récompenses dans les classes de Marmontel (piano), Benoist (orgue), Bazin (harmonie) et Thomas (composition), dont un premier grand prix de Rome en 1861. De retour en France après un séjour en Italie abrégé, il entama sans attendre le cours naturel d’une régulière et patiente ascension. Professeur d’harmonie au Conservatoire dès 1871, il y devint dix ans plus tard professeur de composition, puis directeur de 1896 à sa retraite en 1905. Parallèlement à ces activités, il assura différentes fonctions musicales au service de l’Église, notamment à l’orgue de la Madeleine (1877-1896). À ce titre, on lui doit un important corpus religieux, dont l’exemple le plus marquant, l’oratorio Les Sept Paroles du Christ (1867), lui valut un franc succès. Honoré par les milieux officiels, membre de l’Institut depuis 1894, Dubois eut à souffrir après sa mort de cette position privilégiée. Le malentendu tenace concernant son départ du Conservatoire est, à cet égard, significatif : coïncidant avec le scandale du dernier échec de Ravel au prix de Rome, il fut longtemps considéré comme une cinglante défaite des milieux académiques. Et pourtant, tout en restant fidèle à ses idéaux de clarté et de respect de la tradition, Dubois était sensible aux avancées de son temps, comme en témoigne son adhésion à la Société nationale de musique. D’inspiration éclectique, son œuvre vaste et variée, qui touche à tous les genres, se réclame autant de Franck que de Schumann, Brahms ou Saint- Saëns. Dubois participe aux émeutes de la Commune en 1870-1871 ; durant la Première Guerre mondiale, il sera traumatisé par les bombardements répétés de la cathédrale de Reims – toute proche de son village natal – et fuira les bombes en gagnant Bordeaux. La guerre est en effet omniprésente dans ses écrits (notamment dans son Journal) et il dédie plusieurs œuvres aux morts pour la Patrie. De par son titre faussement interprété comme patriotique, sa Symphonie française fera l’objet d’un réemploi à partir de 1915, dans le cadre des concerts parisiens.

9 CONCERTS AUTOUR DE DUBOIS

DIMANCHE 28.09.2014 JEUDI 02.10.2014 SAMEDI 15.11.2014 À 17H À 20H À 17H scuola grande PALAZZETTO BRU ZANE PALAZZETTO BRU ZANE s. giovanni evangelista CRÉPUSCULE D’UN SOIR TRISTE AU PAYS OÙ SE FAIT Théodore DUBOIS LA GUERRE Les Heures Trio avec piano n° 2 Mel Bonis Florent SCHMITT Théodore DUBOIS Quatuor avec piano n° 1 op. 69 Sur un vieux petit Trio avec piano n° 1 (extrait) cimetière op. 56 n° 1 Jacques Offenbach Louis VIERNE D’un soir triste La Grande Duchesse de Le Glas D’un matin de printemps Gérolstein (extraits) Maurice RAVEL TRIO KARéNINE Cécile Chaminade La Valse Exil Gabriel FAURÉ Jacques Offenbach Nocturnes La Grande Duchesse de Romain Descharmes piano Gérolstein (extraits) Gabriel Fauré Quatuor avec piano op. 45 (extrait) Gaetano Donizetti La Fille du régiment (extrait) Benjamin Godard Les Larmes Henri Duparc Au pays où se fait la guerre Gabriel Fauré Quatuor avec piano op. 15 : (extrait) Claude Debussy Cinq Poèmes de Charles Baudelaire (extrait) Henri Duparc Élégie Jacques Offenbach La Vie parisienne (extrait) Théodore Dubois Petits Rêves d’enfants (extrait) Élégie Théodore Dubois En Paradis Reynaldo Hahn Quatuor avec piano (Andante) Isabelle Druet mezzo-soprano QUATUOR GIARDINI

10 CONCERTS AUTOUR DE DUBOIS

DIMANCHE 16.11.2014 Les conflits historiques résonnent dans les œuvres que dirige À 16H30 Thomas Zehetmair à la tête de l’Orchestre de chambre de CITÉ DE LA MUSIQUE Paris. La Première Guerre mondiale dans le Chant élégiaque PARIS que Théodore Dubois dédiait en 1916 à la mémoire des morts IN MEMORIAM ; les guerres napoléoniennes à l’arrière-plan de la Troisième Symphonie de Beethoven, dite « Héroïque ». Le compositeur Théodore DUBOIS dédia tout d’abord sa partition à Napoléon Bonaparte, qu’il In memoriam mortuorum admirait comme libérateur de l’Europe. Mais, lorsque celui- évocation 1915 ! ci se fit couronner empereur en 1804, Beethoven s’exclama : Maurice RAVEL « Maintenant il va… devenir un tyran ! ». Si le Concerto Concerto pour piano en sol pour piano en sol majeur de Ravel, créé en 1932, est d’un majeur brio plus serein (avec ses accents jazzistiques ou mozartiens), Philippe MANOURY la nouvelle œuvre de Philippe Manoury promet d’explorer Trauermärsche (création) d’autres résonances du genre musical de la marche funèbre Ludwig van BEETHOVEN (Trauermarsch), dans lequel s’inscrivait déjà le second Symphonie n° 3 en mi bémol mouvement de l’Héroïque. En partenariat avec l’Orchestre de majeur « héroïque » op. 55 chambre de Paris. ORCHESTRE DE CHAMBRE DE PARIS Thomas Zehetmair direction Benjamin Grosvenor piano

SAMEDI 09.05.2015 Âgé de 77 ans en 1914, Théodore Dubois est l’un des compositeurs KAISER-WILHELM- romantiques français marqués par la Grande Guerre. Son GEDÄCHTNISKIRCHE Journal (inédit jusqu’en 2012) est une mine d’éléments précieux Berlin (Allemagne) sur ce moment historique, dévoilant un regard attentif et Théodore DUBOIS inquiet sur un conflit aux enjeux inédits. En pleine guerre, Messe de la Délivrance Dubois annonce son projet : composer une messe lorsque la paix Max REGER sera de retour. Ce sera chose faite dès 1919. Forte d’un effectif Requiem op. 144 b soliste original (ténor et baryton) et d’un style alliant sévérité KONZERTCHOR DER religieuse et sensualité romantique, cette œuvre s’inscrit au STAATSOPER UNTER catalogue de Dubois comme une sorte de testament en matière DEN LINDEN de musique sacrée. Frank Flade direction Florian Hoffmann ténor Roman Trekel baryton En partenariat avec le Staatsopernchor Berlin

11 Quelques publications autour de Dubois

Théodore DUBOIS Collection « Portraits » Les Siècles / F.-X. Roth, Brussels Philharmonic / Hervé Niquet Vlaams Radio Koor avec Romain Descharmes, Marie Kalinine, Chantal Santon, Jennifer Borghi, Mathias Vidal, Alain Buet, Quatuor Giardini Symphonie française, Symphonie n° 2, Motets, Messe pontificale, Sonate pour piano, Quatuor avec piano À paraître en février 2015 (livre-disque / 3 CD)

Théodore DUBOIS Théodore DUBOIS Journal Souvenirs de ma vie Ouvrage coordonné par Présentés par Alexandre Dratwicki et Christine Collette-Kléo Charlotte Segond-Genovesi SYMÉTRIE (2009) SYMÉTRIE (2012)

12 CALENDRIER DU FESTIVAL À VENISE DU 27 SEPTEMBRE AU 11 DÉCEMBRE 2014

SAMEDI 27.09.2014 Dédié au répertoire de chambre pour quatuor À 20H et quintette à cordes, ce concert invite à PALAZZETTO BRU ZANE découvrir une autre facette de trois figures DANS LES SALONS incontournables de la pédagogie musicale DE CHARLES X française, appartenant à la première génération de professeurs du Conservatoire de Paris (fondé Rodolphe KREUTZER en 1795). Surtout connus pour leurs ouvrages Quatuor n° 2 en sol majeur didactiques (en particulier les violonistes Baillot Pierre BAILLOT et Kreutzer, considérés comme les fondateurs de Quatuor op. 34 n° 1 l’école française du violon), ces trois musiciens Louis-Emmanuel JADIN ont, parallèlement aux fonctions qu’ils ont Grand Quintette occupées dans diverses institutions officielles, QUATUOR MOSAÏQUES offert à la musique de chambre des pages Cristina Vidoni violoncelle dont la redécouverte jette un jour nouveau sur la vie musicale des salons parisiens sous la Restauration, ainsi que sur l’histoire de leurs genres musicaux.

« 6 août 1789. J’entendis ce jour pour la première fois le tocsin de la Révolution. J’étais à me promener tranquillement dans les bois, dans les lieux romantiques qui avoisinent les Pyrénées, lorsque le son de la cloche, qui devint ensuite le signal de tant de malheurs, frappa mes oreilles. Chacun prit les armes, et l’on marcha vers l’ennemi. Il était alors invisible, il était partout et ne se découvrait nulle part. Depuis cette époque mémorable, les Français n’ont pas quitté les armes. » (Pierre Baillot, Souvenirs depuis ma naissance, 1823).

13 CALENDRIER DU FESTIVAL À VENISE DU 27 SEPTEMBRE AU 11 DÉCEMBRE 2014

DIMANCHE 28.09.2014 Concert repris Les compositeurs au programme de ce concert À 17H en France furent très marqués par les conflits de 1870 et de scuola grande 15.07.2014 1914. De l’élan guerrier (« Ton bras est fort, ton s. giovanni evangelista Abbaye aux Dames, Saintes âme est fière ! » – Offenbach, La Grande Duchesse AU PAYS OÙ SE FAIT 14.08.2014 de Gérolstein), on passe à l’inquiétude (« on Musicales du Golfe LA GUERRE dirait que là-haut dans l’ombre, un paradis s’est du Morbihan écroulé » – Nadia Boulanger, Élégie) que l’on tente Mel Bonis 30.08.2014 Musicales de Normandie de surmonter (« Ma douleur, donne-moi la main » Quatuor avec piano n° 1 op. 69 – Debussy, Recueillement). Quand s’éteignent les (extrait) 21.09.2014 Septembre musical de l’Orne bruits de bataille, la tristesse s’épanche en secret Jacques Offenbach 06.11.2014 (« Les larmes qu’on peut verser, quand les têtes La Grande Duchesse de Festival de Laon sont détournées, on ne les a pas soupçonnées » – Gérolstein (extraits) 07.11.2014 Godard, Les Larmes). Fatalement, la mort sépare Cécile Chaminade Dominicains de Haute Alsace, ceux qui s’aiment (« Loin de l’amant, j’attends Exil Guebwiller la mort » – Chaminade, Exil), avant une ultime Jacques Offenbach 09.11.2014 Château d’Hardelot union « En Paradis » (Dubois). La Grande Duchesse de 14.11.2014 Gérolstein (extraits) Musée de l’Armée, Gabriel Fauré Hôtel National des Invalides, Quatuor avec piano op. 45 Paris (extrait) 15.11.2014 Arsenal, Metz Gaetano Donizetti 14.12.2014 La Fille du régiment (extrait) Théâtre et Auditorium Benjamin Godard de Poitiers Les Larmes 20.01.2015 Henri Duparc Grand Théâtre de Provence, Au pays où se fait la guerre Aix-en-Provence 22.01.2015 Gabriel Fauré La Courroie, Entraigues- Quatuor avec piano op. 15 : sur-la-Sorgue (extrait) 25.01.2015 Claude Debussy Le Méjan, Arles Cinq Poèmes de Charles 05.02.2015 Baudelaire (extrait) Centre départemental de Communication, Périgueux Henri Duparc Élégie Jacques Offenbach La Vie parisienne (extrait) Théodore Dubois Petits Rêves d’enfants (extrait) Nadia Boulanger Élégie Théodore Dubois En Paradis Reynaldo Hahn Quatuor avec piano (Andante) Isabelle Druet mezzo-soprano QUATUOR GIARDINI

14 CALENDRIER DU FESTIVAL À VENISE DU 27 SEPTEMBRE AU 11 DÉCEMBRE 2014

JEUDI 02.10.2014 Au tournant du XXe siècle, les partitions de À 20H certains compositeurs se teintent de reflets PALAZZETTO BRU ZANE inédits. Mystérieux, macabres, fantastiques. CRÉPUSCULE Ce concert en témoignera, autour de l’idée de crépuscule : tournoiement fatal et vertigineux, Théodore DUBOIS La Valse de Maurice Ravel n’est-elle pas une Les Heures évocation de la « Vienne au crépuscule », pour Florent SCHMITT reprendre la formule d’Arthur Schnitzler ? Sur un vieux petit Crépuscules, c’est d’ailleurs le titre du recueil cimetière op. 56 n° 1 auquel appartient Sur un vieux petit cimetière Louis VIERNE de Florent Schmitt, morceau à l’atmosphère Le Glas envoûtante ; tout autant que le Glas obsessionnel Maurice RAVEL de Louis Vierne ou les belles Heures de Théodore La Valse Dubois. Les Nocturnes de Fauré sont eux aussi Gabriel FAURÉ une musique de la demi-teinte. Avec le piano Nocturnes comme lieu d’introspection, on se souviendra Romain Descharmes piano que « le crépuscule est l’heure où l’on vit le plus intensément », comme l’écrivait Bernard Clavel. Concert repris en France 22.09.2014 Musée de la vie romantique, Paris

vendredi 10.10.2014 Consacré aux œuvres de quatre pianistes du À 20H tournant des XIXe et XXe siècles écrites pour PALAZZETTO BRU ZANE leur instrument, ce concert explore la question Au Pays Dévasté de l’héritage romantique, qui se déploie ici sous plusieurs formes. Le jeu des titres renvoie Cécile CHAMINADE tantôt à des genres (Sonatine) tantôt à des Solitude op. 127 n° 2 thèmes de prédilection (Solitude ; « l’Enfer », « le Au pays dévasté Purgatoire », le « Paradis ») des romantiques, Maurice RAVEL qui furent par ailleurs aussi friands de pièces Sonatine brèves isolées ou réunies dans des albums. Chez Marie JAËLL Debussy, la référence au piano romantique prend Ce qu’on entend dans l’Enfer la forme d’un double hommage à Chopin, à Ce qu’on entend dans l’œuvre duquel sont empruntés les titres « Étude » le Purgatoire (extraits) et « Préludes ». Après la Grande Guerre, cette Ce qu’on entend dans source d’inspiration se teinte d’une couleur plus le Paradis (extraits) Claude DEBUSSY dramatique et désespérée (Au pays dévasté). Étude pour les arpèges composés Préludes (extraits) David Bismuth piano

Concert repris en France 08.09.2014 Festival Piano aux Jacobins, Toulouse

15 CALENDRIER DU FESTIVAL À VENISE DU 27 SEPTEMBRE AU 11 DÉCEMBRE 2014

VENDREDI 17.10.2014 Un météore dans l’histoire de la musique, tel À 20H fut Guillaume Lekeu, tué à 24 ans par une PALAZZETTO BRU ZANE fièvre typhoïde. Quant à Albéric Magnard, il INTROSPECTION mourut en défendant sa propriété contre l’armée allemande en 1914. Deux figures tragiques, Albéric MAGNARD que ce concert réunit avec des partitions d’une Quatuor grande intériorité. L’Adagio de Lekeu, dans Guillaume LEKEU une atmosphère de déploration puis d’espoir, Adagio pour cordes témoigne d’une personnalité musicale hors du QUATUOR ELLIPSE commun. Chez Magnard, le quatuor à cordes est Lauréats du Prix à la fois un lieu d’expérimentation et le creuset Palazzetto Bru Zane d’une perfection stylistique. Sa partition est au Concours international sans équivalent dans la musique française ; de Bordeaux 2013 monumentale, elle revendique assurément le modèle beethovénien. Mais derrière l’abstraction de la pensée et la densité du langage, se révèle « la vie intense du sentiment », comme l’écrivait un critique de l’époque.

SAMEDI 25.10.2014 Au-delà de Ravel, compositeur fréquemment À 17H associé à la Grande Guerre – dont les Miroirs PALAZZETTO BRU ZANE composés quelques années avant le début du 1914 : AVANT / APRÈS conflit seront en partie orchestrés à l’issue de celui-ci, en 1919 – ce programme met à l’honneur Albéric MAGNARD deux importantes figures de l’avant et après Quintette pour vents et piano 1914. Le très intense Quintette pour vents et Maurice RAVEL piano de Magnard témoigne de l’influence du Miroirs romantisme allemand, et en particulier de Gabriel PIERNÉ Wagner, sur l’œuvre du compositeur qui meurt Trois Pièces pour piano op. 40 en 1914 en tentant de défendre sa maison contre Nocturne en forme l’invasion allemande. Respectivement publiés en de valse n° 2 1887 et en 1903, les op. 13 et 40 de Gabriel Pierné, Étude de concert op. 13 dont la carrière se prolonge bien après 1918, Jean-Efflam Bavouzet piano nous font passer d’une expression enlevée à une Philippe Bernold flûte mélancolie colorée d’harmonies complexes toute Olivier Doise hautbois franckienne. Philippe Berrod clarinette Julien Hardy basson

Concert repris en France 15.06.2014 Lille Piano(s) Festival 07.06.2015 MC2 Grenoble

16 CALENDRIER DU FESTIVAL À VENISE DU 27 SEPTEMBRE AU 11 DÉCEMBRE 2014

MARDI 28.10.2014 À 20H Ce concert met à l’honneur la vie musicale PALAZZETTO BRU ZANE française de l’Empire, à travers les œuvres ÉCHOS DE L’EMPIRE de la pianiste Hélène de Montgeroult et du violoniste Rodolphe Kreutzer, professeurs au Rodolphe KREUTZER Conservatoire respectivement sous la Révolution Deux Études pour violon seul et l’Empire. Cette période correspond aux années Louis-Ferdinand HÉROLD d’apprentissage du jeune Louis-Ferdinand Hérold Sonate pour violon qui suit notamment l’enseignement de Kreutzer, et piano n° 2 dont la renommée lui vaut d’être le dédicataire de Hélène de MONTGEROULT la Sonate pour piano et violon n° 9, en la majeur, Deux Études pour piano de Beethoven – surnommée « sonate à Kreutzer ». Ludwig van BEETHOVEN Trace des relations musicales européennes sous Sonate pour violon et piano l’Empire, ce titre apocryphe est immortalisé par « à Kreutzer » op. 47 la nouvelle du même nom de Tolstoï, publiée en Tedi Papavrami violon 1889, dans laquelle le personnage principal n’a de François-Frédéric Guy piano cesse de jouer l’œuvre de Beethoven. Concert repris en France 05.06.2015 Festival Palazzetto Bru Zane à Paris

SAMEDI 15.11.2014 La fondation de la Société nationale de musique À 17H en 1871 relance la production chambriste des PALAZZETTO BRU ZANE compositeurs français. Le 2e trio d’Alexis de D’UN SOIR TRISTE Castillon, écrit deux ans après, en est le fruit immédiat ; on redécouvre avec intérêt ce Alexis de CASTILLON compositeur au sens mélodique personnel et au Trio avec piano n° 2 langage passionné. Quant au 1e trio de Théodore Théodore DUBOIS Dubois, figure de proue du style français, il est Trio avec piano n° 1 remarquable de clarté et d’équilibre. On entendra Lili BOULANGER aussi deux pièces plus tardives de Lili Boulanger. D’un soir triste Que l’on n’imagine pas cette éternelle jeune D’un matin de printemps fille composer des bluettes salonnardes : ses TRIO KARéNINE œuvres sont d’une rare puissance d’évocation. Le sentiment éploré D’un soir triste dérive ainsi Concert repris en France vers une sorte de violence. Achevée en 1918, D’un matin de printemps est l’une des dernières 06.11.2014 Auditorium du Louvre, Paris œuvres de la musicienne.

17 CALENDRIER DU FESTIVAL À VENISE DU 27 SEPTEMBRE AU 11 DÉCEMBRE 2014

JEUDI 27.11.2014 Avec leur écriture toute en suspension, À 20H les mélodies de Lili Boulanger, d’André Caplet PALAZZETTO BRU ZANE et de Jean-Guy Ropartz au programme de ce CLAIRIÈRES concert font pénétrer l’auditeur dans un univers DANS LE CIEL bien éloigné de celui des premières années de la Grande Guerre, durant lesquelles ces œuvres Lili BOULANGER ont pourtant été composées. Accompagnements Les Clairières dans le ciel dépouillés, textures pianistiques résonnantes, André CAPLET déclamation souple et naturelle, complexité et Nuit d’Automne raffinement harmoniques, l’esthétique de ces Quand reverrai-je, hélas pièces rappelle celle de l’œuvre vocal de Claude Prière normande Debussy, avec lequel elles partagent un caractère Jean-Guy ROPARTZ éminemment mystérieux, résultant en partie Quatre Odelettes du choix de supports littéraires d’inspiration DUO CONTRASTE symboliste (Francis Jammes : Clairières dans Cyrille Dubois ténor le ciel ; Henri de Régnier : Quatre odelettes et Tristan Raës piano Nuit d’automne). Lauréats du Prix Palazzetto Bru Zane au Concours International de Musique de chambre de Lyon 2013

Concert repris en France 24.11.2014 Musée de l’Armée, Hôtel National des Invalides

JEUDI 11.12.2014 Le 11 novembre 1917, le fils de Louis Vierne est À 20H tué au combat à l’âge de 17 ans. Le compositeur PALAZZETTO BRU ZANE entreprend une œuvre en son hommage. IN MEMORIAM « J’édifie, en ex-voto, un Quintette de vastes proportions dans lequel circulera largement le Louis VIERNE souffle de ma tendresse et la tragique destinée Quintette pour piano et cordes de mon enfant. » De vastes proportions, cette Gabriel FAURÉ partition grandiose, d’un souffle rare et d’une Quatuor pour piano et cordes expression passionnée, est incontestablement n° 1 op. 15 un chef-d’œuvre de la musique de chambre. On QUATUOR MODIGLIANI ne peut rêver mieux, pour la compléter, que la Jean-Frédéric Neuburger piano beauté rayonnante du 1e Quatuor avec piano de Gabriel Fauré, au succès jamais démenti. Ses Concert repris en France thèmes sont développés avec naturel et portés par une écriture enthousiaste, reposant sur la 16.10.2014 Auditorium du Louvre, Paris partie brillante du piano.

18 ILS ONT CONNU LES GUERRES…

Le conflit franco-prussien et la création de la Société nationale de musique

Alexis de Castillon (1838-1873) Issu d’une vieille famille de la noblesse languedocienne, le futur vicomte de Castillon de Saint-Victor bénéficie d’une solide éducation générale et artistique dans sa ville natale de Chartres, puis à Paris où il devient l’élève de Delioux de Savignac à partir de 1849. Mais, bien loin de le destiner à une carrière musicale, ses parents lui font intégrer en 1856 l’académie militaire de Saint-Cyr. C’est ainsi qu’il est nommé sous-lieutenant au 10e régiment de cuirassiers, puis lancier de la Garde impériale, avant de démissionner définitivement de l’armée en 1861 afin de se consacrer à la composition. Dans cette perspective, il complète sa formation auprès de Victor Massé puis, à partir de 1869, de César Franck. Aristocrate cultivé et mondain, il se lance dès lors dans la vie culturelle parisienne, fréquentant aussi bien le cercle du prince Poniatowski que les concerts Pasdeloup. Lié avec la fine fleur de la création française, il participe en 1871 à la fondation de la Société nationale de musique, dont il est le premier secrétaire. Si la musique de Castillon reçut un accueil parfois mitigé, elle n’en connut pas moins une gloire posthume dans les années qui suivirent la disparition prématurée de l’artiste. Outre quelques incursions dans le domaine de la musique orchestrale (dont une Symphonie, des Esquisses symphoniques et un Concerto pour piano), on doit à Castillon une œuvre de musique de chambre puissante et raffinée, témoignant non seulement de l’influence de César Franck par ses recherches formelles et harmoniques, mais également de la musique germanique, notamment de Beethoven et Schumann.

Après avoir soutenu un premier disque de Castillon, le Palazzetto Bru Zane collabore à nouveau avec le label Ligia pour l’intégrale de ses trios avec piano.

Alexis de CASTILLON Alexis de CASTILLON Trios avec piano op. 4 et 17 Quatuor et Quintette avec piano op. 1 et 7 TRIO NUORI Laurent Martin piano LIGIA (2014) QUATUOR SATIE LIGIA (2010) Diapason Découverte

19 ILS ONT CONNU LES GUERRES…

Le conflit franco-prussien et la création de la Société nationale de musique

Camille Saint-Saëns (1835-1921) Orphelin de père tout comme Charles Gounod, Saint-Saëns fut élevé par sa mère et sa grand-tante. C’est cette dernière qui l’initia au piano, avant de le confier à Stamaty puis à Maleden. Extraordinairement précoce, il fit sa première apparition en concert dès 1846. Deux ans plus tard, on le retrouve au Conservatoire dans les classes de Benoist (orgue) puis d’Halévy (composition). S’il échoua à deux reprises au concours de Rome, l’ensemble de sa carrière fut néanmoins ponctué d’une foule de récompenses, ainsi que de nominations à divers postes institutionnels, dont une élection à l’Académie en 1878. Virtuose, titulaire des orgues de la Madeleine (1857-1877), il impressionna ses contemporains. Compositeur fécond et cultivé, il œuvra à la réhabilitation des maîtres du passé, participant à des éditions de Gluck et de Rameau. Éclectique, il défendit aussi bien Wagner que Schumann. Pédagogue, il compta parmi ses élèves Gigout, Fauré ou Messager. Critique, il signa de nombreux articles témoignant d’un esprit fort et lucide, quoique très attaché aux principes de l’académisme. C’est ce même esprit, indépendant et volontaire, qui le poussa à fonder, à l’issue de la défaite de Sedan et du siège de Paris par les troupes prussiennes, la Société nationale de musique (1871), puis à en démissionner en 1886. Admiré pour ses œuvres orchestrales empreintes d’une rigueur toute classique dans un style non dénué d’audaces (cinq concertos pour piano, cinq symphonies dont la dernière avec orgue, quatre poèmes symphoniques, dont la célèbre Danse macabre), il connut une renommée internationale, notamment grâce à ses opéras Samson et Dalila (1877) et Henry VIII (1883).

20 ILS ONT CONNU LES GUERRES…

Le conflit franco-prussien et la création de la Société nationale de musique

Marie Jaëll (1846-1925) Née en Alsace, Marie Trautmann est confiée dès son plus jeune âge à Franz Hamma, professeur de piano à Stuttgart. Elle donne son premier concert à 12 ans et poursuit ses études musicales auprès d’Ignaz Moscheles puis d’Henri Herz au Conservatoire de Paris, où elle obtient le premier prix en 1862. Elle rencontre en 1866 le pianiste Alfred Jaëll et l’épouse la même année. Formée à la composition auprès de César Franck et de Camille Saint-Saëns (dont elle deviendra l’amie et la secrétaire), elle publie ses premières œuvres à partir de 1871 tout en menant une brillante carrière de soliste. Le conflit franco-prussien et le détachement de son Alsace natale au territoire français ont un impact sur les premiers développements de sa carrière : elle refuse longtemps de se produire en Allemagne et son mari décline, pour sa part, un poste de professeur au conservatoire de Leipzig (pour succéder à Ignaz Moschelès). La jeune compositrice s’inscrit après 1870 dans la lignée de la Société nationale de musique et œuvre au développement de la musique instrumentale française. Après le décès d’Alfred Jaëll en 1882, elle se rend pourtant outre-Rhin pour séjourner à Weimar auprès de Franz Liszt, alors au crépuscule de sa vie. Après avoir passé quelque temps à Weimar avec Liszt (1883-1885), elle est la première à donner à Paris « l’intégrale » des œuvres du maître en 1891. Elle fait également découvrir les 32 sonates de Beethoven au public français entre 1892 et 1894. En tant qu’auteure, Jaëll montre une grande exigence artistique dans des œuvres d’abord écrites pour son instrument de prédilection : une Sonate pour piano dédiée à Liszt (1871), Dix Bagatelles (1872), des Esquisses romantiques (1883) et trois cycles de pièces : Ce qu’on entend dans l’Enfer, - dans le Purgatoire, - dans le Paradis (1894). Elle s’aventure néanmoins, au cours de sa carrière, dans de nombreux genres musicaux : mélodie, musique chorale, drame musical, musique de chambre et musique pour orchestre. Cette production aussi variée qu’intéressante est néanmoins éclipsée par une œuvre théorique et pédagogique d’envergure qu’elle débute en 1891 avec les commentaires des œuvres de Liszt et qu’elle achève avec La Main et la Pensée musicale.

21 ILS ONT CONNU LES GUERRES…

La Grande Guerre (1914-1918)

Louis Vierne (1870-1937) Affligé à la naissance d’une cataracte congénitale, Louis Vierne n’acquiert une vue partielle qu’à six ans. Il entame alors des études musicales à Lille qu’il poursuit à Paris après le déménagement de sa famille. Élève, à partir de 1881, de l’Institution nationale des jeunes aveugles, il y rencontre César Franck qui l’oriente vers la pratique de l’orgue. Des leçons avec Louis Lebel et Franck le conduisent au Conservatoire au début des années 1890. Vierne y devient rapidement assistant de Widor (tâche qu’il effectuera gratuitement pendant plus de vingt ans) et remporte son premier prix d’orgue en 1894. En 1900, il obtient la prestigieuse place d’organiste titulaire de Notre-Dame. Néanmoins, il garda toute sa vie une grande déception : ne pas voir se réaliser son ambition de diriger la classe d’orgue du Conservatoire. Il se consolera avec une place d’enseignant à la Schola cantorum puis à l’École César Franck. Cette frustration professionnelle, sa cécité progressive et des problèmes financiers récurrents nourrissent chez lui une profonde mélancolie, accentuée par la perte de son fils et de son frère pendant la Première guerre mondiale (il dédiera à son frère la très belle mélodie Solitude). On retient essentiellement de Vierne ses œuvres pour orgue, notamment ses Six Symphonies. Le compositeur y développe un style très chromatique reposant sur une trame harmonique recherchée. La couleur modale des thèmes et l’utilisation de rythmes syncopés sont également des éléments caractéristiques de ces compositions. À 67 ans, une crise cardiaque le terrasse au milieu d’un récital qu’il donne à Notre-Dame.

22 ILS ONT CONNU LES GUERRES…

La Grande Guerre (1914-1918)

André Caplet (1878-1925) Particulièrement doué, André Caplet est dès l’âge de 12 ans pianiste aux Folies-Bergères du Havre. Il étudie l’écriture et le piano avec Henry Woollett, puis entre au Conservatoire de Paris en 1896, dans les classes d’harmonie de Leroux, de composition de Lenepveu et d’accompagnement de Vidal. Il obtient le prix de Rome en 1901, dès sa première tentative, avec la cantate Myrrha. Simultanément à son entrée au Conservatoire, Caplet avait entrepris une carrière de chef d’orchestre, remplaçant Leroux au théâtre de la Porte Saint- Martin et devenant chef assistant de l’orchestre Colonne. Entre 1910 et 1914, il passe chaque année six mois comme chef à l’Opéra de Boston ; il prend également la tête de l’orchestre de l’Opéra de Paris. À partir de 1907, Caplet devient proche de Debussy. Il relit ses partitions avant publication, instrumente certaines de ses œuvres pianistiques et contribue à l’orchestration originale du Martyre de Saint-Sébastien, dont il assure, comme chef, la création en 1911. Debussy ne tarit pas d’éloge sur les qualités de son cadet, ni sur sa musique, proche de la sienne pour son caractère improvisé et son univers harmonique. Caplet s’engage dans l’armée en 1914. Revenu blessé de la guerre, il abandonne sa carrière de chef et se consacre à la composition. La musique de chambre est l’un de ses moyens d’expression privilégié, mais son catalogue compte également des pièces d’orchestre ou de chœur. Il exprime son mysticisme catholique dans une Messe à trois voix (1920) ou le Miroir de Jésus (1923). Son chef-d’œuvre est sans doute le Conte fantastique pour harpe et quatuor à cordes, d’après Edgar Poe.

23 ILS ONT CONNU LES GUERRES…

La Grande Guerre (1914-1918)

Lili Boulanger (1893-1918) Étoile filante de la musique française, Julie-Marie Olga Boulanger, dite Lili, est issue d’une famille de musiciens : un grand-père violoncelliste de la Chapelle royale, un père compositeur et professeur de chant au Conservatoire (Ernest Boulanger, prix de Rome en 1835), une mère cantatrice (la comtesse russe Raïssa Mychetska) et une sœur organiste et compositrice (Nadia). La fragilité de sa santé est révélée dès son plus jeune âge : elle contracte une pneumonie à deux ans et restera malade jusqu’à la fin de sa vie. Elle étudie la musique avec sa sœur et reçoit ponctuellement les conseils des grands noms de la musique française qui entourent sa famille (notamment Fauré et Pugno). En 1909, elle entre au Conservatoire de Paris et se forme à la composition auprès de Caussade, Vidal et Emmanuel. Elle écrit ses premières cantates à partir de 1911 et obtient un premier prix de Rome en 1913 avec Faust et Hélène, devenant ainsi la première femme lauréate de ce concours créé en 1803. La notoriété qu’elle acquiert alors lui permet d’obtenir un contrat d’exclusivité avec l’éditeur italien Ricordi. Malgré ses problèmes de santé, elle part en 1914 à la villa Médicis, mais la déclaration de guerre l’oblige à quitter rapidement Rome pour Nice. Elle y compose le cycle de mélodies Des clairières dans le ciel ainsi que des psaumes et des pièces instrumentales. Pendant la Première Guerre mondiale, elle s’occupe – avec sa sœur Nadia – de la publication de la Gazette des classes du Conservatoire, destinée à apporter un soutien moral à leurs camardes mobilisés. Dans ce journal qui connaîtra dix numéros de 1915 et 1918, les sœurs Boulanger laissent une large place à des extraits de lettres venues de l’arrière mais aussi du front, telle celle de Philippe Gaubert (dans le troisième numéro de la Gazette) où l’on peut lire ces mots : « Vous me demandez si je regarde en arrière ? non, j’ai de trop beaux souvenirs et il me paraît douloureux de les évoquer – regarder en avant, faire des projets ? pourquoi ? reviendrai-je de cette tourmente ? vous le voyez, je vis au jour le jour ». Après un second séjour à Rome en 1916, elle rentre en France et meurt en région parisienne d’une tuberculose (en mars 1918) après avoir eu le temps d’achever des œuvres majeures dont le Pie Jesu pour voix, orgue, quatuor à cordes et harpe.

24 colloques

28-30 novembre 2014 Mai 2015 Lucques (italie ) Paris

Musique et guerre en Europe depuis Musique et démocratie la période napoléonienne jusqu’à la Première Guerre mondiale En collaboration avec le Centre de recherche sur les arts et le langage (CNRS/EHESS) En collaboration avec le Centro Studi Opera Omnia Luigi Boccherini (Lucques / Pistoia) et l’Observatoire Les études traitant du rapport entre politique interdisciplinaire de création et de recherche et musique se sont – jusqu’à présent – en musique (Montréal) essentiellement concentrées sur des périodes de pouvoir monarchique, autoritaire ou totalitaire. e Omniprésente en Europe durant le XIX siècle, Cette liaison a été étudiée principalement sous la guerre a eu des influences multiples sur l’angle des formes possibles d’instrumentalisation les musiciens et leurs productions. Certains de la musique. À l’inverse, on considère en artistes ont bénéficié du développement des général qu’au sein des sociétés démocratiques, la armées nationales pour trouver une situation musique et les pratiques musicales relèveraient professionnelle stable au sein des musiques d’une sphère indépendante de « la politique ». militaires ; d’autres ont été appelés au front ou Ce colloque interdisciplinaire, organisé par ont connu la perte de proches ; d’autres encore des doctorants français et allemands, compte ont composé des ouvrages directement inspirés ouvrir ce champ de recherche : n’existe-t- d’une bataille précise ou d’une campagne il pas, en effet, un pouvoir démocratique militaire. En couvrant une période de plus susceptible de contraindre la création, d’imposer d’un siècle, les interventions de ce colloque des normes esthétiques et de produire des international traiteront du rapport entre hiérarchies culturelles ? En quoi se différencie-t- musique et guerre dans toute sa diversité : il pratiquement de pouvoirs non démocratiques depuis ses aspects économiques jusqu’aux ayant cherché à façonner la sphère de la questions esthétiques, sans oublier l’impact création et des pratiques musicales ? Enfin, que les dynamiques géopolitiques ont pu avoir on s’interrogera sur la manière dont celui-ci a sur le développement individuel ou collectif des évolué au cours des XIXe et XXe siècles, et sur les musiciens européens. formes qu’il prend aujourd’hui.

25 concerts à venise : informations pratiques

tarifs visites guidées

Palazzetto Bru Zane Petit bijou de l’architecture vénitienne de la fin du Catégorie unique : 15 euros | 5 euros* XVIIe siècle, le Palazzetto Bru Zane ouvre ses portes au public, tous les jeudis après-midi, Scuola Grande San Giovanni Evangelista pour des visites guidées gratuites. La visite Catégorie unique : 20 euros | 5 euros* du casino permet de découvrir des fresques de Sebastiano Ricci et des stucs d’Abbondio Stazio. *tarif réduit étudiants et moins de 28 ans Tous les jeudis après-midi (sauf le 31 juillet, le 7, 14 et 21 août, le 25 décembre 2014, ABONNEMENTS le 1er janvier 2015) À partir de 3 concerts : 25% de réduction sur le plein tarif Horaires 14h30 : visites en italien Pour plus d’information concernant le tarif des 15h00 : visites en français abonnements, se rendre sur le site bru-zane.com 15h30 : visites en anglais ou consulter la brochure de saison Réservation obligatoire pour les groupes réservations constitués de plus de 10 personnes.

BILLETTERIE Information Palazzetto Bru Zane [email protected] Centre de musique romantique française + 39 041 52 11 005 San Polo 2368 – 30125 Venise, Italie

Du lundi au vendredi, 14h30 – 17h30 et dans chaque lieu de spectacle, une heure avant le début du concert

Par téléphone Palazzetto Bru Zane : + 39 041 52 11 005 Call Center Vivaticket : du lundi au vendredi, de 8h à 20h et le samedi de 8h à 13h. Depuis l’Italie : 899 666 805 | 89 24 24 Depuis l’étranger : + 39 0445 230313

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