LA PAROISSE DU THOLY Au Début Du Xviiième Siècle
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LA PAROISSE DU THOLY au début du XVIIIème siècle La province des Vosges est un pays pour la plupart rempli de montagnes et par conséquent peu ouvert, étant chargé de bois, où il y a peu de campagnes et partant peu fertile et il n'y a guère de terres propres au labourage. Le principal commerce consiste en bestiaux qui produisent des fromages que l'on distribue dans la Lorraine et au dehors. Il se trouve dans ces montagnes quelques pâturages que l'on pratique dans les côteaux et quelquefois sur les montagnes pour la nourriture de ces bestiaux, outre quelques champs que l'on cultive pour des seigles, tremeson, sarrazin, millet et autres grains de pareille espèce. Cette situation n'empêche pas que le pays ne soit fort peuplé et qu'il y ait plusieurs villages, hameaux, granges et métairies et dont les paroisses sont d'une fort grande étendue. Cette même multiplication de montagnes est cause que les villages sont fort étendus et que les maisons en sont dispersées de manière qu'il y a des paroisses qui ont deux ou trois lieues de longueur et cinq ou six lieues de tour, en sorte que la plupart de ces habitations consistent en granges entièrement séparées et éloignées les unes des autres. L'étendue de ces paroisses en fait aussi l'incommodité à l'égard du spirituel et du temporel. Dans la Prévôté d'Arches, entre Remiremont et Gérardmer, il s'est trouvé une contrée fort peuplée de granges éloignées de leurs paroisses pour le moins de deux ou trois lieues, ce qui étant cause de grandes difficultés qui se trouvaient entre les curés et leurs paroissiens pour l'administration des sacrements où il y avait souvent du danger de ne les point recevoir et que ces paroissiens ne pouvaient assister au service divin, ni entendre la parole de Dieu. Les habitants de ces granges joints à quelques personnes de piété ont demandé à Mgr l'Evêque de Toul l'érection d'une église dans cette contrée qui leur servira de paroisse. Cette permission leur fut accordée et l'on choisit un endroit au lieu appelé Le Tholy où cette égise a été bâtie et érigée en paroisse pour la quantité de 97 granges au centre desquelles elle est située et s'étend à une lieue aux environs. Pour composer cette paroisse, l'on a détaché des granges de la paroisse de Docelles, de celle de Vagney, de celle de Saint Amé et de Gerardmer. Ces granges sont séparées et ont chacune leur finage ou territoire fermé de murailles, de haies ou de palissades. Et d'autant que le peuple s'est multiplié, l'on a aussi augmenté les granges en rendant quelques terrains habitables par des essarts que l'on a acensé ou autrement, en sorte qu'il y a à présent environ 130 granges qui composent cette paroisse. Par les lettres d'érection, il est porté que cette paroisse est attachée à une mission de Chanoines réguliers de l'ordre de Saint Augustin, que les missionnaires de cette congrégations en sont pasteurs et curés et que cette paroisse est unie à leur mission, que le général de ladite congrégation y établira un de ses chanoines régulier pour y faire l'office de curé qui sera approuvé de l'ordinaire. Cette mission ne dépend d'aucune autre maison de l'ordre et le supérieur de cette mission est ordinairement curé de Saint Joseph. Mais d'autant que par les constitutions de l'ordre un religieux ne peut être en charge que pendant six ans lors que le général change le supérieur de cette mission, il peut néanmoins le continuer curé de cette paroisse, lequel curé est par conséquent amovible ad nutum de son supérieur et n'exerce la charge de pasteur que par commission. Il est porté aussi dans ces lettres que les dîmes des paroissiens habitants lesdites granges demeureront à leurs anciens curé et que ceux de Saint Joseph n'y pourront rien prétendre, mais se contenteront des droits et revenus de l'autel seulement, même fourniront le pain et le vin pour la messe. Et les habitants paroissiens de ladite nouvelle église de Saint Joseph sont chargés entièrement de l'entretien et réparations de celle ci, sans que les précédents curés, ni les collateurs en puissent en aucune manière être inquiétés. Les mêmes habitants sont aussi obligés de fournir tous les ornements et nécessités de ladite église. Ladite église paroissiale est bâtie et édifiée audit lieu de Tolly sur le Ban de Tendon, lequel Tendon est de Docelles et Le Tolly attaché à la nouvelle église. Les lettres de ladite érection sont de 26 février 1666, laquelle érection avait auparavant été agréée et confirmée par lettres patentes de MGR le Duc Charles de Lorraine en date du 18 janvier 1664 à condition que le cens hypothèqué sur l'héritage employé au bâtiment de ladite église et de la maison curiale se voit remplacé ailleurs et que celui qui desservira ladite cure ne pourra prétendre que les casualités qui dépendent de l'autel, le fixe demeurant aux anciens curés, ainsi que du passé, et sans que l'on puisse étendre ladite paroisse au delà des limites réglées par les officiers de sadite Altesse. Ces limites entre Gérardmer et Saint Joseph au levant sont le ruisseau de Celley, le ruisseau du Fossé au septentrion qui fait la séparation d'entre la paroisse de Champdray et Saint Joseph, lequel ruisseau qui passe vers Rehaupau fait aussi la séparation de la paroisse au couchant et en remontant de la grange dite le Rupt de la Grange à Mironfaing qui sont de Saint Joseph au couchant, on continue la séparation en passant par les granges des Charrières, à celle du Creux et Sépenat qui sont toutes de la même paroisse de Saint Joseph, comme celle des Trois Rupts, d'où l'on vient à la Codéesse et de là à Julienrupt. Et au midi, il y a un ruisseau que l'on suit en montant jusqu'aux granges de Chibroche, de Grimauprey, de Prey Claudot, de la Grange Jean Jacquin, de là en tirant au ruisseau de Celley, ce qui en fait tout le circuit. Il y a différentes seigneuries dans ladite paroisse, savoir le Ban de Saint Joseph, qui contient un peu plus du tiers des paroissiens, dont la seigneurie appartient à Son Altesse Royale, ce qui fait approchant la moitié. La Prévôté d'Arches en est juge par toutes actions réelles, personnelles et criminelles en première instance, et de là au Baillage de Vosges et à la Cour souveraine. Il y a aussi la seigneurie des Arrentés qui font le demi-tiers de la paroisse, outre ceux qui sont dans les autres paroisses. Il peut y avoir un peu plus du demi-tiers à Saint Joseph. SAR est seigneur des Arrentés qui portent leurs causes en première instance au Baillage de Vosges. Les sujets sont mainmortables à SAR tant ceux du Ban de Saint Joseph que les Arrentés. Ceux du Ban de Saint Joseph ont une feuille de subvention, ceux des arrentés ont aussi leur feuille et sont tous de la Recette d'Epinal. Il appartient à la cure un pré derrière le cimetière d'environ une charrée de foin que la communauté a acquis avec le terrain pour bâtir l'église et celui de la maison curiale à laquelle le pré est affecté et donné au curé avec ladite maison. Et d'autant qu'il n'y a pas de fixe à la cure, le casuel de l'autel, ainsi qu'il a été dit, appartient au curé. Les paroissiens lui doivent l'offrande à Pâques, à la Toussaint et à Noël. Il y a deux obits fondés de chacun une messe basse pour chacune desquelles il y a 18 gros qui se paient par le chatelier de l'église. Il y a pour la mission quatre messes basses fondées par Mlle de Broussy pour les mercredis des quatre temps de l'année et a donné une somme de 800 francs aux Chanoines réguliers de ladite mission dont la rente sert pour la rétribution, cette fondation est sur une épitaphe à l'église proche le choeur, du côté de l'épître. Il y a quelques confrèries qui n'ont aucune dotation que le casuel dont les cueillettes sont employées aux ornements, luminaires et rétribution de quelques messes qui se disent pour les confrères. Il y a un chatelier à chaque confrèrie qui reçoit les deniers, en fait la dépense et en rend compte tous les ans par devant le curé et les paroissiens. Il y a des registres pour les baptèmes, mariages et mortuaires. Il y a dans la sacristie un coffre dans lequel on conserve les titres de l'église et ceux des affaires de la communauté qui y sont conservés et n'en pourront être tirés, mais des copies délivrées seulement dans l'occasion, lequel coffre ferme à trois clefs dont l'une est entre les mains du curé, une entre les mains du chatelier des Morts et l'autre en celle d'un des principaux habitants. Et d'autant qu'il est porté dans les lettres patentes de Son Altesse que les paroissiens sont obligés de bâtir et édifier une église paroissiale et une maison pour loger le curé à leurs frais, lesquels seront ensuite à la charge des chanoines réguliers de ladite mission, leurs curés, néanmoins pour le bien et l'utilité tant des dits chanoines réguliers leurs curés, que pour celle des habitants et paroissiens dudit Saint Joseph, après en avoir délibéré avec le sieur commis de SAR pour l'examen de l'état des bénéfices, ils sont tombés d'accord des conditions suivantes, c'est à savoir que lesdits chanoines réguliers se sont obligés de bâtir une maison curiale à leurs frais sur le fond qui leur a été donné par lesdits paroissiens et où ils résident actuellement, laquelle maison étant bâtie demeurera à perpétuité à la charge desdits chanoines réguliers, leurs curés, qu'ils entretiendront de tous points sans que lesdits paroissiens soient obligés à quoi que ce soit, comme aussi s'obligent lesdits chanoines réguliers, leurs curés, de fournir à perpuité le pain et le vin nécessaire au service divin.