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OMONVILLE-LA-ROGUE Sommaire Identité, Toponymie page 1 Douane du Port page 16… Un peu d’histoire … à savoir page 1… Canot de sauvetage page 17… Les personnes ou familles liées à la commune et leur histoire page 5… Nauvrage de l’OWA page 18… Le patrimoine (public et privé), lieux et monuments à découvrir, événement : Stèles crash B26 et Mosquito page 19… Eglise Saint Jean Baptiste page 8… Cours d’eau, Ponts page 20… Manoir du Tourp (espace culturel) page 9… Lavoirs, Fontaines, Sources, Etangs page 20… Bellegarde (ferme manoir) page 12… Croix de chemin page 21… L’Epine d’Hue (ferme manoir) page 12… Communes limitrophes & plans page 21… Cotentine (ancienne ferme ruinée) page 14… Randonner à Omonville-la-Rogue page 22… Fort d’Omonville page 14… Sources page 23… Port d’Omonville page 15…

Identité, toponymie Omonville-La-Rogue appartient à l’arrondissement de Cherbourg-Octeville, au canton de la Hague, et apparte- nait à la Communauté de communes de la Hague jusqu’à fin 2016. Le 1er janvier 2017, la commune nouvelle de la Hague se substitue à la communauté de communes et elle adhère à la Communauté d’agglomération du Cotentin. Les habitants d’Omonville-La-Rogue se nomment les Omonvillais(es) Omonville compte 471 habitants (recensement 2018) sur une superficie de 4,29 km², soit 110 hab. / km² (83,4 pour la Manche, 111 pour la Normandie et 118 pour la ). Les formes anciennes du nom sont : dimidiam Villam La Mairie Osmundi ville dedit Roigo (vers1090), Guillelmus Roger tenet…apud Osmonvillam (vers 1210), Osmunvilla la Togues (1261), Gervasius de Rogua (1261). Nom en -ville, appellatif toponymique issu du gallo-roman Villa « domaine rural ». Ce genre de formation a été en vogue du VIIe siècle au XIe siècle environ. Le premier élément Omon- s'explique par un nom de personne comme c'est généralement le cas. Ici il s'agit probablement de l'anthroponyme vieux norrois Osmundr, variante d'un autre nom de personne également nor- rois Ásmundr. François de Beaurepaire (Historien et chercheur passionné par la toponymie qui a écrit un ouvrage de réfé- rence « les noms des communes et anciennes de la Manche »), tout comme Françoise Girard (Auteur de « Les noms de lieux du canton de Beaumont-Hague » édité par la Sté d’archéologie et d’histoire de la Manche), sui- vent l’interprétation de J Adigard des Gautries (écrivain, historien et philologue qui fut toute sa vie un ardent défenseur de l’unité de la Normandie…), soit la « ville », le domaine d’Asmundr/Osmundr, nom de personne scandinave, très répandu en Normandie sous la forme Osmont ou Omont. Le déterminatif – la Rogue est em- prunté au nom d’une ancienne famille seigneuriale. Omonville la Rogue, s’étirant au creux d’un vallon où coule le ruisseau, la Vallace, est l’un des plus beaux vil- lages et des plus anciens de la région, dominé par un fort datant du début du XVe siècle. Un peu d’Histoire… à savoir ✓ Charles Duhérissier de (1769-1853), historien naturaliste et archéologue érudit, fait de la fosse d’Omonville (ancien nom du port Plan de la fosse d'Omonville par Nicolas Magin (1663-1742), d’Omonville), un site utilisé depuis l’époque gallo- ingénieur ordinaire. romaine et relié à la ville principale du Cotentin Alauna (Valognes) et à un autre port important de la presqu’île, Portbail. Le port aurait ensuite abrité les vikings puis les corsaires. Pour autant, au- cune preuve ne permet de justifier ces conjonc- tures. C’est effectivement dans son journal que l’on trouve la référence la plus ancienne à un fort pour la fosse d’Omonville. Parmi ces documents, une correspondance de Colbert du Terron à Colbert en 1664 nous apprend qu’un fort aurait été cons- truit en 1520, par François 1er, à la fosse d’Omonville, sur la pointe Vaucotte (cf. § le fort)

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✓ Le village aurait pu être formé autour d'un fort bâti au lieu-dit de La Motte (à l’est de l’église). Bien qu'un toponyme soit un élément totale- ment insuffisant pour justifier de l'existence d'une motte, plusieurs éléments incitent à penser qu'il en existait sans doute une sur cet emplacement. Au milieu d'un espace très bâti, ce terrain est resté jusqu'à nos jours sans construction. Ce champ est entouré par quatre petites rues qui desservent le village et qui épousent parfaitement l'emplacement d'éventuels fossés. Du côté sud, le terrain est bordé par le ruisseau la Vallace. La motte peut être considérée comme un château fort primitif. Dans la plupart des cas, le monticule était entouré d’un fossé, le sommet étant occupé par une forte palissade. Un fortin de bois y était aménagé avec une tour de guet ana- logue à un donjon, fortification particulière qui a connu une large diffusion au Moyen Âge.

✓ Un autre lieu-dit, Le Clos de la Motte, pourrait également justifier la présence d’une motte. Le champ portant ce nom, se situe au sommet de la falaise dominant le fort d’Omonville. Ce champ, dont une partie est occupée par une forte butte de terre de forme, est bien fermé par une haie très talutée comme on en trouve partout dans la région. Sa forme et ses dimensions conviennent tout à fait pour une éventuelle basse-cour. Ce- pendant cette butte n'est pas très éloignée du lieu-dit Lait-Heu. Il se peut donc qu'il s'agisse d'une défense avancée du port d'Omonville d'une époque plus ancienne. " ✓ D’anciennes fortifications existaient dont des noms d’origine anglaise indique son importance, lorsque les Anglais étaient maîtres du pays. Sur la hauteur appelée Light-Heu (Led-heu ou Lait-heu sur la carte IGN), on voit encore les restes d'un fort, vraisemblance mis en place vers 1520, où probablement était un phare (ou tour de guet), sans doute celui dont le maréchal de Matignon parlait en 1562. Il lui parut très ancien, mais il était si ruiné qu'il l'abandonna, sans doute pas antérieur à l’expulsion des Anglais en 1450. Gilles de Gouberville (1521-1578) fait référence dans son journal (découvert en partie par abbé Tollemer, Prin- cipal au collège de Valognes en 1867). Sur autre hauteur appelée le Hutch-Heu, des restes d’une fortification circulaire de 21 toises (6 pieds français = un peu moins de 2 m) de diamètre. Entre l’ancien fort et l’église, des restes d’un bâtiment de 21 toises 3 pieds de largeur qui est partagé en cinq parties égales. Peut-être était-ce un lazaret (établissement de mise en quarantaine des passagers, équipages et marchandises en provenance de ports où sévissait la peste). Une fontaine voisine s'appelle encore aujour- d'hui fontaine de la Maladrerie. Les habitants racontent que ce lieu était autrefois l'emplacement d'un village très-peuplé, mais qu'il survint une épidémie qui n'y laissa pas un seul habitant.

✓ Le Tourp était l’un des trois fiefs nobles d’Omonville-la-Rogue. Propriété de Richard Carbonnel, baron de Banerte, seigneur de Varreville-la Fière, Rauville-la-Bigot, Lestre et du Tourp. Il eut au moins trois enfants, deux filles et un garçon : Guillemette (dame d’Omonville), mariée à Guillaume de Sainte-Mère-Eglise, écuyer ; Ma- riette, mariée à Guillaume Le Berseur, écuyer, seigneur de Lithaire ; Cariot ou Acarles. En avril 1406, noble homme Richard Carbonnel, délaisse à sa fille Guillemette et à son gendre Guillaume de Sainte-Mère-Eglise, un fief noble assis à Omonville la Rogue et Digulleville. Louis de Sainte-Mère-Eglise (1560-1643), marié en 1589 avec Anne de Grimouville, s’oppose devant la justice, en 1601, à Guillaume de Surtainville, propriétaire du fief dit « d’Omonville-la-Roque », pour le titre de seigneur de la paroisse. Le Parlement de tranche en faveur de Guillaume de Surtainville, Louis de Sainte-Mère- Église prenant le titre de « seigneur du Tourp et d'Omonville en sa partie ». En 1605, le domaine est constitué de 400 acres fieffées, 212 acres non-fieffés, essentiellement recouverts de landes, un manoir, un moulin sieural et un colombier. La petite fille de Louis, Charlotte de Sainte- Mère-Église, épouse en 1657 Jacques de Surtainville, petit-fils de Guillaume, faisant entrer le Tourp. Puis, leur dernière descen- dante, Charlotte-Catherine, s'unit en 1723 à Alexandre-Robert Le Pigeon, seigneur de la Bellegarde et de Regnoufmesnil. La ferme seigneuriale est ensuite allée au gré des mariages successifs à différentes familles (Barbou, Le Febre de la Grimonière, le Va- vasseur,Frigoult, Traynel qui, en 1975, ven- dirent la propriété par lots) … La Safer (Société d’aménagement foncier et d’établissement rural de Normandie) fait valoir son droit de préemption. La ferme dont

Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / février 2021) A la découverte de OMONVILLE-LA-ROGUE Version (1) remplace version précédentes 3/23 les travaux de rénovation furent entrepris, est cédée, en 1979, à la famille Gallis qui l’exploite jusqu’en 1994. Après la cessation d’activité de l’exploitation agricole en 1996, la Communauté de communes de la Hague en- treprit la restauration de la ferme du Tourp qui s’est achevée en 2002, permettant ainsi de créer un lieu d’accueil du public et de découverte du patrimoine naturel et culturel local. (cf. § manoir du Tourp) ✓ Le fief d’Omonville, en même temps que celui d’Orglandes, et aussi de la ville de Saint-Sauveur-le-Vicomte, est cédé en 1420 par Henri V d’Angleterre (1386-1422), au chevalier anglais Jean Robersart (v.1372-1450), qui prit part côté anglais à la guerre de Cent Ans. Ce Jean de Robersart, aussi appelé « John Robessart » en an- glais ou « Canon Robessart », seigneur d’Escaillon et de Bruille, enleva en 1420 la duchesse Jacqueline (1401- 1436), comtesse de Hainaut, pour la conduire en Angleterre. Le fief d’Omonville échoit ensuite à la famille de Guillaume de Rogues, avant de relever à la fin du XVIIe siècle de la baronnie d’Orglandes-Bricquebec. C'est ensuite la famille de Sainte-Mère-Eglise qui prend possession de ce fief et de ceux de Digulleville et de Vauville… ✓ En 1520, François Ier (1494-1547), roi de France de 1515 jusqu’à sa mort, fait construire un fort sur la pointe Vaucotte. Situé à droite du Hâble (où se trouve l’actuel port d’Omonville), il protège le mouillage dit de la fosse d’Omonville, assez profond pour pouvoir ac- cueillir des navires importants à toute marée. Ce petit port fut un point de départ d’expéditions en direction Fosse d’Omonville des îles anglo-normandes mais aussi, plus simple- ment, une zone d’attente de navires marchands avant de tenter le passage du Raz Blanchard, ce courant qui circule entre la Hague et l’île d’Aurigny. Propriété pri- vée, le fort existe toujours mais dans un aspect qui doit tout ou presque aux remaniements du XIXe siècle.

(cf. § le fort)

✓ En 1866, une station de sauvetage est créée sur le port, à l’initiative de la société centrale de sauvetage des naufragés. Le canot avait une longueur de 10 mètres ; son rôle d’équipage était de 18 personnes, mais seules 10 à 12 d’entre elles, participaient aux sauvetages. Son lancement n’était pas très simple. Comme il était monté sur un chariot, il fallait, pour accéder jusqu’au rivage, le port ne possédant pas de cale d’accès à la mer, faire descendre tout l’ensemble en passant sur les galets. Seul moyen pour y parvenir : disposer des paillots sous les roues du chariot… (cf. § le canot de sauvetage).

✓ En 1935, l’affaire criminelle du garagiste Lucien Jeanne, neveu de la victime, eu un large écho dans la presse. Elle a été jugée aux assisses de la Manche, à Coutances, les 19 et 30 juin 1936. Les obsèques de Mlle Augus- tine Jeanne, qui vivait aux côtés de son vieux père et retrouvée le crâne défoncé, eurent lieu dans la petite église d’Omonville-la-Rogues. Toute la population avait tenu à rendre un dernier hommage à la regrettée défunte.

✓ Le 2 août 1943, alors qu’il revenait d’une mission de patrouille sur la France, le « Moquito » n°700 HJ, piloté par le lieutenant Jan Zenon Bienkowski, est touché causant des dommages au réservoir de carburant. Le pilote tenta un atterrissage près du port d’Omonville-la-Rogue, pensant qu’il s’agissait d’une plage de sable. Il s’est avéré en fait qu’il s’agissait d’une baie peu profonde, et l’avion en contact avec l’eau a roulé sur le dos. Le Pilote coincé dans son cockpit est mort noyé, enterré dans le carré militaire de cimetière Cherbourg, tombe n ° 60-5-6. Le Radio navigateur, blessé, réussi à sortir de la cabine et fût fait prisonnier, et détenu en Allemagne jusqu’en mai 1945. A sa libération, il réintégra la Royal Air Force et vécut en Angleterre jusqu’à son décès en juin 1984. Le Lieutenant Bienkowski était âgé de 29 ans, il repose au cimetière communal de Cherbourg. Une plaque commémorative a été apposée sur le port d’Omonville la Rogue à l’endroit du crash. (cf. § Stèles) ✓ Lors d’une mission de bombardement sur des objectifs allemands à Auderville (pointe de la Hague) et Digulleville (commune limitrophe à l’est d’Omonville), le 29 juin 1944, le bombardier Marauder B26, est touché par la Flak et prit feu. Il se disloqua en vol et s’écrasa sur la commune d’Omonville-la-Rogue ; les cinq membres d’équipage périrent dans la catastrophe. L’avion effectuait sa 100e mission, au retour, les aviateurs devaient partir en permission. Les corps furent rapatriés aux États-Unis, sauf celui du radio-mitrailleur, le Sergeant Adolf Holthusen, qui repose au cimetière américain de Colleville Saint-Laurent-sur-Mer. (cf. § Stèles) ✓ La Libération d’Omonville-la-Rogue. Le 26 juin 1944, la 9th Infantry Division reçoit l’ordre de se préparer à conquérir la presqu’ile de La Hague. L’aviation bombarde plusieurs points fortifiés, ainsi que les batteries d’Auderville. Le 28 juin, la progression est relativement facile : le 60th IR du Colonel Frederick de Rohan au centre, sur l’axe principal, le 47th IR du Colo- nel George Smythe sur l’aile droite et le 4th Cavalry Squadron sur l’aile gauche. Le lendemain, le 60th IR ren- contre une forte résistance au carrefour du chemin GC 16 et de la route des Pieux ; les Américains viennent

Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / février 2021) A la découverte de OMONVILLE-LA-ROGUE Version (1) remplace version précédentes 4/23 d’atteindre la ligne de défense principale ennemie. Le 60th est stoppé par le feu des canons qui tirent depuis Beaumont-Hague. Le 30 juin au matin, le tir de préparation d’artillerie sur Gréville (4,5 km S-E d’Omonville) et Gruchy (hameau de Gréville), à défaut de l’appui aérien vu la météo, permet au 2/47th d’entrer dans Gréville vers 9 heures. Tandis que la position de Gruchy n’est nettoyée qu’après un matraquage de l’artillerie et un après-midi de combats. Au soir, le 1/47th est devant Digulleville et le 2/47th face à Omonville-la-Rogue…La défense allemande s’effondre ; l’Oberstleutenant Keil est capturé dans la nuit, alors qu’il tentait de se replier. Le dernier bond jusqu’au Cap de la Hague est confié à une Task Force autour du 3/39th IR. Dans la nuit, la colonne se met en route, à 5 heures du matin les Américains contrôlent Auderville. Pendant la matinée, le 60th et le 47th IR achè- vent leur mission de nettoyage, le 2/47th sécurise sa zone, l’heure de la Libération a sonné pour les habitants d’Omonville-la-Rogue. Le 1er juillet à 15 heures, les combats ont cessé, les Américains rassemblent 6000 pri- sonniers. ✓ En 1978, Roman Polanski choisit les landes d'Omonville et le manoir du Tourp comme décors de son film Tess (…dans le Dorset rural - comté d’Angleterre - de la période Victorienne, le pasteur Tringham, un historien local, déclare à un paysan de la région, John Durbeyfield, qu'il a découvert lors de ses recherches que les Durbeyfields descendaient des D'Urberville, une famille de haut lignage qui datait de l'époque de Guillaume le Conquérant. Cette famille avait perdu par la suite ses terres et sa fortune…)

✓ En 1980, une équipe de plongeurs amateurs ont découvert dans la fosse d’Omonville toute une cargaison. Les pipes, poteries, flasques et disques de verre en grand nombre attestent de la fonction marchande du navire. Des armes ont été également retrouvées. Tourbe, ossements de bœufs, cordages et chaussures renseignent sur la vie à bord et enfin l'étude technique de l'épave démontre qu'il s'agirait d'une galiote provenant de chantiers modestes du Nord du Danemark, du sud de la Grande-Bretagne ou encore du Nord de la France. Le musée maritime de Tatihou s'est intéressé à cette décou- verte dans la mesure où le bateau daterait du début du XVIIIe siècle, période légèrement postérieure à la Bataille de la Hougue (1692). Une équipe d'archéologues bénévoles qui a fouillé cette épave de 1980 à 1985, a permis de remonter quelques dizaines d'objets qui font maintenant partie des collections du Musée de Tatihou. La chaîne de rochers s’oppose partiellement aux courants sous-marins assez violents dans le secteur et assure ainsi un abri providentiel. L’épave est ensablée et repose sous une dizaine de mètres d’eau, elle ne laisse dé- passer aucune structure, et ne présente donc pas de danger pour la navigation. A priori, l’épave n’a pas pu être identifiée. ✓ En 1983, certaines scènes du téléfilm de Jean-Claude Brialy « Un bon petit Diable » sont tournées à Omonville-la-Rogue avec Alice Sapritch dans le rôle de la veuve Mac’Miche. Écosse, 1842. Enfant farceur et insolent, Charles Lance est un orphelin confié aux soins de sa cousine Léontine MacMiche, à la mort de ses parents. Cette femme méchante et avare le fouette régulièrement et lui fait subir brimades et mauvais traitements, l'enfer- mant tantôt au cachot, tantôt dans le clos du cochon. Charles est malheureux chez sa cousine mais, aidé de Betty, la servante dont il s'est fait une amie et complice, il met au point un plan pour prouver au juge la vérité sur son quotidien. Ce roman a fait l'objet de nombreuses adaptations au théâtre, au cinéma et à la télévi- sion. Illustration de Castelli

✓ En 2005, Florence Moncorgé-Gabin, écrivain, scripte, scénariste et réalisatrice, fille de Jean Gabin, tourne à Omonville-la-Rogues son film « Le passager de l’été ». En 1950, dans une Normandie traditionnelle, rurale et catholique du Cotentin d'après-guerre, alors que beau- coup d’hommes sont morts au combat ou portés disparus, laissant veuves et orphelins renvoyés à eux-mêmes dans un monde agricole besogneux et dur au labeur, Joseph, un garçon de ferme saisonnier, analphabète, va de ferme en ferme chercher du travail. Il trouve du travail dans la ferme familiale de Monique, qui, restée sans nouvelles de son mari depuis la guerre, exploite durement son exploitation seule et vit entre femmes avec sa belle-mère veuve et sa fille encore célibataire, institutrice au village. Rapidement, le jeune et séduisant Joseph sème le trouble des sentiments et des désirs dans la ferme et au village chez ces femmes seules, isolées dans une vie rurale profonde, dont il marque profondément la vie de chacune. ✓ Avec l’usine de retraitement de la Hague, mise en service en 1966, le secteur connaît une forte croissance. Fortes de la manne financière de cette industrie, les communes se sont unies rapidement autour d’un district, le district de la Hague est créé en 1977 (Celui des Pieux autour de l’usine de Flamanville, en février 1978).

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Le district regroupe 19 communes peuplées par 6 000 habitants alors que 10 000 sont attendus avec le « Grand chantier ». Il s'engage dans la construction d'équipements collectifs (routes, écoles…) pour ac- cueillir l'afflux de population. Ensuite, les années 1980 voient le dé- sendettement progressif de la collectivité et l'augmentation de ses

attributions. Alors que le « Grand Chantier » est terminé depuis quelques années, le district de la Hague devient commu- nauté de communes en décembre 2001. ✓ La communauté de communes de la Hague ainsi créée en décembre 2001, fédérait les 19 communes du canton de Beaumont-Hague (Beaumont-Hague, Acqueville, Auderville, Biville, Branville-Hague, Digulleville, Eculleville, Flottemanville-Hague, Gréville-Hague, Herqueville, Jobourg, Omonville-la-Petite, Omonville-la- Rogue, Saint-Croix-Hague, Saint-Germain-des-Vaux, Tonneville, Urville-Nacqueville, Vasteville et Vauville). La communauté de communes de la Hague s’étendait sur une superficie de 148,68 km² pour une population de 11 824 habitants (recensement 2015). Michel Canoville, que j’ai eu le plaisir de rencontrer, devenu président du district en 1995, est l’un des princi- paux instigateurs de cette communauté de communes dont il en devient le président dès sa création en 2001. Il reste en poste jusqu'à fin 2016, date de la substitution de la communauté de communes en commune nouvelle de La Hague, dont il est le fer de lance de la création, mais dont il échoue à prendre la tête, face à Yveline Druez. Homme influent de la Hague, il préside le Pays du Cotentin et le Syndicat mixte du Cotentin, puis tra- vaille à la constitution de la nouvelle intercommunalité, la communauté d’agglomération du Cotentin, après s’y être farouchement opposé. Mais il meurt peu de temps après dans un accident de la route le 4 février 2017. ✓ Au 1er janvier 2017, la commune nouvelle La Hague s’est donc substituée à la Commu- nauté de communes de la Hague. 19 communes la composent : Acqueville, Auderville, Beaumont-Hague, Biville, Branville-Hague, Digulleville, Eculleville, Flottemenville-Hague, Gréville-Hague, Herqueville, Jobourg, Omonville-la-Petite, Omonville-la-Rogue, Sainte-Croix- Hague, Saint-Germain-des-Vaux, Tonneville, Urville-Nacqueville, Vasteville et Vauville, et sont devenues des communes déléguées. La commune nouvelle est ainsi peuplée de 12 000 habitants (environ) sur une superficie de 148.68 km², et pré- sidée par son premier maire, Yveline Druez. Après les élections municipales de 2020, le nombre d'élus de la commune de la Hague est passé de 234 à 69 élus (Plus qu’à Bordeaux : 65 !). ✓ Dans le cadre de la Réforme Territoriale, une nouvelle intercommunalité du Grand Cotentin (la CAC), est née depuis le 1er janvier 2017, regroupant l’ensemble des EPCI de la Presqu’île (Val de Saire, canton de Saint-Pierre-Eglise, la Saire, Cœur du Cotentin, Vallée de l’Ouve, Douve Divette, Les Pieux, Côte des Isles, région de Montebourg), les communes nouvelles (Cherbourg-en-Cotentin et La Hague), soit 150 communes représentant 181 897 habitants.

Certaines intercommunalités se sont transformées en commune nouvelle, comme La Hague, offrant semble-t-il des perspectives intéressantes aux communes qui se regroupent ainsi et de disposer d’une influence plus importante au sein de cette énorme intercommunalité. Ainsi la commune d’Omonville-la-Rogue y est représentée par les 19 élus communautaires représentant la commune nouvelle La Hague. Le Conseil communautaire de la nouvelle Communauté d’agglomération « Le Cotentin » est composé de 221 délégués, dont 59 pour Cherbourg-en-Cotentin. Les personnes ou familles liées au village et leur histoire • Guillaume de Rogues (XIIIe), tenant du fief d’Omonville donna selon le livre des fiefs sous Philippe- Auguste (1165-1223), roi de France de 1180 jusqu’à sa mort, le nom de –la Rogue à Omonville pour le distin- guer de sa voisine –la-Petite. Ce qui explique qu’en 1261, Omonville-la-Rogue existait déjà sous ce nom. • Joachim Clément (1698-av1773) est issu de familles de corsaires (les Clément et les Delamer) dont Omonville était le berceau. Il est né le 20 mars 1698, et s’est marié à Marie Madeleine Delamer le 18 novembre 1732. Il est peut-être décédé en mer, avant 1773. Comme capitaine, il fit la prise pour le Roi les 1er octobre et 10 novembre 1757 de sloops britanniques, et le 3 octobre de la même année, il arraisonne un bateau espagnol, le Reyne d’Espagne avec 12 hommes se rendant à Londres avec un chargement de bœuf, lard et divers. Ces prises furent effectuées avec la corvette de 190 tonneaux, 16 canons Duc de Penthièvre qui appartenait à l'ar- mement Chantereyne & compagnie, armé pour 3 mois à la fois, pour une redevance mensuelle de 12 000 livres (divisé par tiers entre le Roy, le propriétaire et l'équipage constitué ici de 106 hommes et 9 mousses). Au mois de juillet 1758, il se fait prendre par une frégate anglaise de 36 canons. Un de ses petits-fils, Pierre Germain Clément (1779-), à Omonville-La-Rogue, est capitaine sur le Comte de Vauville. Il est le dernier capitaine corsaire de Cherbourg qui se livre, sous couvert de la pêche et du pilotage, à la contrebande avec les iles anglo-normandes. En 1814, il fait naufrage non loin d’Omonville-la-Rogue, dans l’Anse St Martin et se brise. • Jean-François de Cahouet (1782-1836), né à Omonville-la-Rogue, militaire de profession est une personnalité politique. Capitaine d’artillerie en sortie de l’Ecole polytechnique, il est fait chevalier de la Légion

Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / février 2021) A la découverte de OMONVILLE-LA-ROGUE Version (1) remplace version précédentes 6/23 d’honneur par Napoléon 1er en 1807, nommé préfet de la Haute-Loire en 1810, puis démis au retour de la royauté. Il est préfet des Vosges durant les Cent jours. Conseiller général de la Manche de 1820 à 1830, il de- vient préfet du Pas-de-Calais. Révoqué en 1831, il est nommé préfet de Mayenne en septembre 1831, puis d’Ille-et-Vilaine (1832-1836). Son épouse, Aglaé Bernardine Simone Louvel (1787-1855) est châtelaine de Monceaux, de Contrières. Le couple s'est installé, de façon épisodique, au château de Monceaux, commune de Contrières, château qui appartenait à Aglaé, et dans lequel elle mourut le 2 novembre 1855. Il meurt le 20 juin 1836, à Passy. • Marquis Octave de Traynel (1857-1943), né à Melun et décédé à Omonville-la-Rogue, est un diplomate, homme politique, archéologue, érudit et homme de lettres. Il a publié sous son nom, et sous les pseudonymes de Jean de Neltray et d'Olivier de Traynel ; sous ce dernier nom de plume, il est l'auteur de romans d'anticipa- tion et de science-fiction. Attaché à l’ambassade à Lima (1881-1882), il occupe une partie de son temps à des fouilles dans la région de Lima et au nord du Pérou. Il en tire un ouvrage Fouilles et voyages au pays des Incas. Quand il est en France, il partage son temps entre l'Yonne, où il est installé au château de Fontaine, propriété de son épouse Eugénie Garsement (1858-1924), et où il fait partie de la Société archéologique de Sens, et la Manche, où il restait propriétaire de terres dans le Cotentin, héritées de sa famille paternelle, comme la ferme de la Cotentine à Omonville-la-Rogue, aujourd'hui en ruines et propriété du Conservatoire du Littoral. De 1886 à 1892, il est conseiller général du canton de Bricquebec. Il se fait connaître aussi comme auteur de fiction sous le nom de plume d'Olivier de Traynel (il fait précéder son nom du prénom d'Olivier au lieu d'Octave) et publie à partir de 1892 des œuvres relevant du fantastique et de la science-fiction. • Charles Groult (1861-1923), né à Omonville-la-Rogue, est d’abord instituteur puis bibliothécaire-archiviste de Cherbourg peu après la Première Guerre mondiale. Sous son énergique impulsion, des améliorations nom- breuses, tant au point de vue matériel qu'au point de vue de l'ordre et du classement des livres, et même du choix des œuvres à acquérir, sont vite apportées. Militant actif de la Ligue des Droits de l’Homme, il prend une grande part dans la création de la Société des amis de l’école laïque de la Manche, et est à l’origine de la Fon- dation Fastout. Il est aussi l’auteur, en normand, des Récits du vieux Haguard. • Georges Jules Moteley (1865-1923), né à Caen et décédé au Vésinet, est un peintre qui a connu une certaine notorié- té nationale. Il vit dans l’orne puis se fixe à Omonville-la-Rogue où il trouve une nouvelle inspiration. Il peint les coups de vent, les tempêtes, les ciels orageux comme il peignait les mers de verdure et la tourmente des forêts, tel un matelot qui lutte contre le mauvais temps… Durant cette période, il peint notamment Barfleur et la plage de Siouville-Hague. Ses œuvres sont conservées dans plusieurs musées dont celui de Cherbourg, au musée Thomas-Henry où sont exposées notam- e e ment La mer (fin XIX -début XXI ), Un grain, La Hague, huile sur Un grain, la Hague toile (1907). • Roland Ricordeau (1912-1984), pupille de la Nation, maire d’Omonville-la-Rogue de 1977 jusqu’à son décès en 1984, et son épouse Jeanne (1913-2000), ont, du temps de leur jeunesse, sauvé 200 enfants juifs à Berjou, petit village de l'Orne. Dans la Hague où ils se sont ensuite retirés, personne ne connaissait leur passé héroïque. Roland Ricordeau était alors instituteur et secrétaire de mairie à Berjou. Il s'engage dans le sport, le scoutisme et les colonies de vacances. Progressivement, les Ricordeau contestent les décisions du gouvernement de Vichy et particulièrement sa collaboration avec les nazis. En 1943, Roland devient responsable régional pour la coordination clandestine des organisations de jeunesse en vue du futur débarquement allié. C’est à cette période que le couple Ricordeau entre dans les réseaux de résistance qui essaient de sauver les enfants juifs de la déportation. Ils placent des enfants juifs dans les fa- milles d'accueil de la région ornaise. C'est ainsi que la famille Ricordeau accueille le jeune Salomon Pelzman, rebaptisé Henry, dont les parents avaient été déportés à Auschwitz où ils ont disparu. L’enfant restera dans cette famille jusqu'à sa majorité. Roland meurt brutalement chez lui lors d’une réunion de préparation de l’Assemblée général de l’association canto- nale d’entraide sociale pour le 3ème âge qu’il avait fondé. Jeanne meurt 16 ans plus tard. Yad Washem (Institut international pour la mémoire de la Shoah) a décerné à Roland et Jeanne Ricordeau le titre de « Juste des Nations » le 18 septembre 2011. Une stèle a été édifiée en 2012 par la commune d’Omonville pour leur Les enfants de Roland Ricordeau dévoilant la stèle rendre hommage. (21 septembre 2012)

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• Jacky Simon (1941-2017), né à Omonville-la-Rogue, footballeur professionnel,a été l’homme fort du FC Nantes des années 1960, champion de France en 1965 et 1966. Il débute le football chez les amateurs de l’UST Equeurdreville avant de migrer chez le voisin de l'AS Cherbourg en 1959. Quatre saisons et un service militaire plus tard, il se fait remar- quer par le FC Nantes. Le début d'une longue histoire d'amour. Joueur vif et technique au caractère fort, doté d’une élégante conduite de balle et redoutable devant le but, il devient le maître à jouer de la Maison Jaune. D'entrée, l'attaquant se met le stade Marcel-Saupin dans la poche en devenant le premier buteur de l'histoire du club, alors promu, en Division 1, face à Sedan. Et toutes les premières fois des Canaris s'enchaînent. Premier international français du club avec en prime une participation à la Coupe du Monde anglaise en 1966, premier titre de meilleur buteur du championnat en 1965 avec 24 buts inscrits, année du premier titre de cham- pion de l'histoire du club, meilleur joueur français la même année. Jacky Simon entre dans une autre dimension qui le mènera directement vers une carrière exceptionnelle. Il devient également le premier nantais à signer chez le rival de la façade atlantique, Bordeaux. Autre équipe, autre jeu, plus fermé et moins offensif. Il participe à une finale de Coupe de France en 1969, per- due face à Marseille (2 buts à 0). Il termine son périple par trois saisons en région parisienne au Red Star. De retour dans la Manche à l’issue de sa carrière professionnelle, le Cotentinois devient entraîneur du CS Ca- rentan et de 1983 à 1987 du club phare de sa région d’origine, la Hague, le club d’Omonville-la-Rogue devenu l’ES Pointe-Hague. Pour beaucoup d’observateurs, Jacky Simon est considéré comme le plus grand footballeur de la Manche. Il est, en tout cas, celui qui possède le plus beau palmarès. Son jubilé a lieu le 29 avril 2000, au stade Léo-Lagrange à Tourlaville, avec Roger Lemerre et Jean Djorkaeff, devant 1 100 spectateurs. Le stade d’Audrieu (Calvados) porte son nom. • Michel Joseph Hyacinthe Georges Canoville (1948-2017), né à Omonville-la-Rogue, fut un agriculteur visionnaire qui a transformé la Hague, devenant ainsi une figure du Cotentin. Exploitant la ferme familiale de l’Epine d’Hue, il se fait connaître comme militant agricole au milieu des années 70, notamment lors des manifes- tations sur le site de la future usine de retraitement de déchets radioac- tifs. Finalement, il s’oriente vers la politique. Il devient maire de son village en 1983 et aussitôt 3ème vice-président du District de la Hague, puis 1er vice-président à partir de 1985. 10 ans plus tard, il est élu prési- dent du District, qui devient Communauté de communes de la Hague en décembre 2001. En tant que président de la CC de la Hague et du Syndicat Mixte du Cotentin, il réussit, par une fine gestion de l'argent de l'industrie nucléaire et une vision du développement né- cessaire de la pointe de la Hague, à moderniser le territoire, tout en participant au financement des grands pro- jets du Nord-Cotentin (nouvelles salles des fêtes ou des lampadaires dans chaque hameau, centre aquatique de Beaumont-Hague, ouverture du Planétarium de Ludiver, du manoir du Tourp devenu lieu de mémoire du patrimoine local, stade hippique de Beaumont, stations nautiques d’Urville-Nacqueville et d’Omonville-la-Rogue, centre de vol à voile de Vauville, Espace Culturel de Beaumont, mais aussi de grands projets soutenus par le Syndicat Mixte du Cotentin, tels que l’aéroport de Cherbourg-Maupertus, l’abattoir de Cherbourg, le site univer- sitaire de Cherbourg-Octeville, du contournement est de l’agglomération, l’aménagement du port de commerce de Cherbourg, ou encore la création de la Maison de l’Emploi et de la Formation, sans oublier l’aide financière pour financer les aquariums de la Cité de la Mer …). Il reste en poste de maire jusqu'à fin 2016, date de la substitution de la communauté de communes en commune nouvelle de La Hague, dont il est le fer de lance de la création, mais dont il échoue à prendre la tête, face à Yveline Druez. Il devient alors maire délégué de sa commune. Homme influent de la Hague, il préside à partir de juin 2008 le Pays du Cotentin et le Syndicat mixte du Cotentin (créé en juin 2001), puis travaille à la constitution de la nouvelle intercommunalité, la communauté d’agglomération du Cotentin, après s’y être farouchement opposé, et dont il devient vice-président, le 21 janvier 2017, en charge des finances avec toujours plein d’idées pour ce territoire. Il meurt à 68 ans dans un accident de la route survenu à Saint-Martin-le-Gréard le 4 février 2017. L’Espace Culturel de Beaumont-Hague porte son nom.

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Le patrimoine (public et privé), lieux et monuments à découvrir, événements… • Eglise Saint-Jean-Baptiste (XIIIe-XVe-XVIIIe) Au cœur de la Hague battue par les vents, l’église d’Omonville- la-Hague, type très pur et très simple de l’architecture nor- mande, où l’on retrouve les caractéristiques essentielles de l’ornementation élégante de l’art gothique normand parvenu à son apogée, est du milieu du XIIIe siècle. Elle fut édifiée en une seule campagne de construction et n’a subi depuis lors aucune modification importante. La date 1171 (MCLXXI) indiquée dans l’embrasement de le dernière fenêtre à gauche, n’est pas celle de la construction comme par erreur on l’a supposé lorsqu’on l’a gravé au XVIe ou

XVIIe siècle, mais la date (calendrier anglais) du meurtre de Saint Thomas Becket, inscrite sur la fresque du XIIIe siècle de la chambre du porche Nord. Une particularité remarquable est l’absence de portail à la façade occidentale, éclairée par une vaste fenêtre à meneaux très primitifs. Dès l’origine de la construction s’élevait une tribune qui prenait appui sur les massifs débordants de la première travée de la nef, elle donnait accès à deux chambres hautes où des peintures mu- rales, couvrent partiellement les murs…peut-être est-ce l’explication de l’absence de portail en façade. Les deux porches flanquent la dernière travée de la nef, au nord et au sud ce dernier fut aménagé au XVIIe siècle en chapelle des fonts. Le portail sud fut condamné au XVIIe siècle et celui-ci transformé en chapelle des fonts baptismaux (XVIIIe).

Façade nord (vue de la rue de la Place) La nef La chapelle des fonts

Les greniers de ces porches s’ouvraient à l’origine sur une tribune voulue par l’architecte qui, pour cela, modifia son plan en cours de construction. Murés par la suite, ils conservent les enduits d’origine couverts de fresques, très dé- labrées, exécutées vers 1270 et relatant entre autres, au nord, le martyr de St Thomas Becket assassiné dans sa cathédrale de Cantorbéry (Canterbury in English) alors qu'il célébrait l'office des vêpres le 29 décembre 1170 (calen- drier normand), le lendemain de la fête des Saints-Innocents, par quatre che- valiers, et au sud deux scènes de la vie de St Hélier qui aurait été assassiné (cou tranché par des pirates saxons). Ces peintures ont été découvertes au début du XXe siècle par M. Onfroy, pro- fesseur à Cherbourg. En 1920, elles ont été fortement restaurées, en particu- lier celles du côté nord, par le docteur Stephen Chaver comme le signale une large inscription sous les peintures de la salle nord. Une nouvelle campagne de restauration a été entreprise concernant les deux chapelles nord et sud en 1979 par l’atelier Genovesio. En 1997, de nouveaux sondages ont été réalisés sur les murs nord et sud de la nef recouverts d’un épais badi- geon. Sur un fond de fleurettes, un personnage assis a été révélé à gauche de la seconde baie ainsi que de nombreuses traces de polychromie ocre rouge très usées et calcitées. Sur le mur nord pratiquement rien. L’intérieur de l’édifice remarquable surtout la voute sexpartite de la troisième travée de la nef (sous le clocher) et le chevet droit du chœur avec ses huit parties de belle et originale allure. Ouvrant sur ce chevet, au nord la chapelle de Notre Dame construite de 1662 à 1667 pour servir de sépulture à lui et sa famille par noble personne Pierre de Sainte-Mère-Eglise, seigneur du Tourp (d’azur à 6 aigles d’or, 3, 2 & 1, éployées). Cette chapelle a été construite suite à une décision du tribunal dans un conflit opposant Pierre Sainte-Mère-Eglise à Jacques de Surtainville sur leurs droits honorifiques dans l'église. Le tribunal trancha et obligea ceux-ci à construire chacun sa chapelle. Après autorisation de l’Evêque en 1657, Pierre de St Mère édifia donc la chapelle nord, l’autre ne le fit pas, puisque les 2 familles s’étaient réunies par mariage.

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On y admire, son autel, en bois peint et partiellement doré, ses éléments du XVIIIe, réemployés au XXIe siècle. La Vierge à l’enfant en bois peint polychromé sous badi- geon, est la seule statue de l’église qui échappa à la tourmente révolutionnaire. Un habitant du village l’acheta en 1789, la cacha dans son grenier et la conserva jusqu’en 1796 date de réouverture de l’église. La construction de la sacristie remonte à la même époque, mais elle a été modifiée en 1865 pour permettre de dégager et de mettre en vitraux les trois baies du chœur obstruées par la toiture de la sacristie. L'église d'Omonville témoigne du caractère portuaire du village : graffitis représentant un navire, croix sur l'un des piliers gauches du porche d'entrée, et un ex-voto marin représentant Le Superbe, un 3 mâts de 74 canons, orne l’une des voûtes comme dans beaucoup d’églises litto- rales de la Hague. L'ornement intérieur de l’église possède également une statue de Thomas Becket (XVe) dit saint Thomas de Can- terbery, et un siège monumental à baldaquin Renais- sance, œuvre d’art curieuse et magnifique du XVIe siècle, issu du château des Ravalet, offert par M. Panzani en 1935.

Ce trône composé par René de Tocqueville et orné des armes des Coskaer de Rosanbo et de la Bretagne, agrège 4 panneaux latéraux du XVIe siècle, 14 bas-reliefs figurant les mystères du Rosaire (1ère moitié du XVIIe), un bas-relief du Père éternel (XVIIIe), un panneau figurant l’Arbre de vie et la Crucifixion (XVIIe), deux pilastres ornés de pampres (fin XVIIIe/ début XIXe) et un baldaquin avec deux consoles. Les bénitiers sont du XVIe, et la verrière du XXe. A l’extérieur, la disposition astucieuse de la porte de la sacristie, l’arc du porche sud en partie dégagée entre le 2ème et le 3ème contrefort du chœur, côté sud la partie basse d’une fenêtre murée, vestige sans doute de la chapelle antérieure à l’église actuelle. Le clocher est coiffé en bâtière avec des dalles en grès à usage d’abat-son, mais aussi d'un clocher-mur sur un des pignons de la bâtière. Il a été restauré au XVIIIe siècle et ses ouvertures agrandies. Le classement au titre des MH de l'église, refusé en 1883, est décidé le 9 juin 1971. • Manoir du Tourp (XVe-XXe) Le manoir du Tourp (ancienne ferme du Tourp) tire son nom de « thorp » qui signifie village en vieux scandinave, en Normandie ce terme s’applique à des fermes isolées, hors des villages (environ 1,7 km du bourg) Le manoir, dans sa forme actuelle, est de la première moitié du XVIIe siècle, et comme la ferme de la Bellegarde, de caractère Louis XIII. Il a subi de nombreuses transformations au cours des siècles, la partie la plus ancienne qui remonte à l’époque moyenâgeuse se trouve à droite dans la cour. Il devait être assez fortifié, car dans la partie la plus ancienne se trouvent encore des meur- trières, il y avait aussi une échauguette, au- jourd’hui disparue et dont il ne reste que la base sculptée. Etant isolé, les occupants devaient se défendre contre le brigandage, fréquent autrefois. Auprès de la porte charretière, se trouvait une porte piétonne, elle fut murée pour installer un four à pain, qui autrefois se trouvait à l’extérieur.

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Face à la porte charretière, le logis seigneurial de caractère Louis XIII offre une façade asymétrique en moellons de granite. Au centre, la porte est dominée par une imposte elle-même coiffée de trois plaques de schiste en arc brisé et d'un ta- bleau au-dessous d'une double fenêtre demi-croisée. Les deux fenêtres à meneaux au rez-de-chaussée encadrant la porte, sont surmontées à l'étage par une demi- fenêtre à meneaux à gauche, et une fenêtre de lucarne pendante à meneaux au fronton triangulaire qui devait originellement coiffer toutes les fenêtres de l'étage. Un pavillon carré d'angle se détache à l'extrémité est du logis par une légère saillie et par une haute toiture à quatre pans (deux versants et deux croupes), avec des baies alignées : fenêtre à meneaux au rez-de-chaussée, demi-fenêtre à meneaux à l'étage, lucarne sous fronton triangulaire au niveau de la mansarde. Un second pavillon similaire a pu être envisagé sans être réalisé, puisque la partie droite est postérieure à celui-ci, avec une large porte à linteau et deux fenêtres étroites au rez-de-chaussée et à l'étage, sans alignement vertical. Sur le fronton triangulaire au-dessus de la porte d’entrée devait figurer le blason. des anciens propriétaires, blason qui fut détruit à la révolution. Depuis quelques années, il a retrouvé sa place, il représente six aigles d’or éployées sur fond d’azur.

A l'intérieur du logis, un couloir qui va de la porte au potager dessert une pièce de chaque côté, dotée d'une cheminée. Dans la tour, trois petites pièces sont superposées : un salon avec boiseries et che- minée du XVIIIe siècle, un cabinet avec latrines, et une mansarde avec cheminée. A l'arrière se loge l'escalier en pierre à demi-volées. De part et d'autre du logis, s'étendent les bâtis agri- coles. À l'est, se trouvent initialement la charreterie à deux arcades, les granges, la bergerie et un bûcher. La façade a dû être modifiée suite à un incendie de la grange lors d'une batterie vers 1930, tandis que la spécialisation laitière au début du XXe siècle a amené à aménager la bergerie en étable et le bûcher en laiterie avec deux portes en arc. A l'ouest, également refaits au début du XXe siècle, se succède appentis, passage, écurie, resserre et pressoir. Jouxtant la porte charretière, la porcherie, une remise et l'étable aux veaux à droite, la chapelle domestique et la boulangerie à gauche. A l'extrémité nord du bâtiment occidentale, un escalier à vis « en œuvre » en granite desservait probablement une tourelle. Celui-ci, ainsi que des meurtrières, deux portes au rez-de-chaussée, deux arcades intérieures en plein cintre avec des claveaux étroits de part et d'autre d'un pilier et des corbeaux en pierres, attesterait de l'incorporation d'un manoir primitif dans le manoir du XVIIe siècle. L'angle extérieur du pignon conserve la base sculptée en cul de lampe conique mouluré d'une échauguette aujourd'hui disparue, élément fréquent dans le Cotentin à la fin du XVIe siècle qui témoignerait également de ce

Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / février 2021) A la découverte de OMONVILLE-LA-ROGUE Version (1) remplace version précédentes 11/23 manoir primitif et aurait pu être réutilisé pour supporter une statue. À l'extérieur de l'enceinte, un colom- bier à pied couvert de schiste, face à la porte, et une mare à proximité alimentée par une source captée dans le jardin, attestent des privi- lèges de ce fief noble comme les droits de pigeonnier et de vivier. Doté de 2 ouvertures, dont la plus basse possède un linteau gravé à la date de 1601, le pigeonnier possède environ 1100 boulins, alternant en quinconce de bas en haut pavés de grès et tablettes en schiste. Décoiffé en 1945, ses plaques de schistes sont utilisées pour le manoir de la Bellegarde. Un buret, près de la mare, date probablement du développement de la production beurrière des petites coopératives au début du XXe siècle. Rappelons que ce privilège était réservé aux nobles propriétaires de plus de 50 arpents de terre (environ 20 ha), que le nombre de nichoirs appelés boulins était, selon les régions, libre ou assujetti à respecter un prorata en fonction de la superficie du domaine duquel il dépendait. Il pouvait être considérable (quelques milliers). Chaque boulin correspondant à la possession d’un arpent de terre, superficie de valeur fluctuante selon la ré- gion (environ 5 000 m²). La petite chapelle, qui fut très long- temps abandonnée a été entière- ment restaurée par monsieur l’abbé Lebas, ancien curé d’Omonville. Ses verrières, réalisées en 1979, repré- sentent les blasons de deux fa- milles : celui des de Sainte-Mère- Église (d'azur à six aigles éployés d'or, 3, 2, 1) et celui des Surtainville (d'azur à deux chevrons d'argent accompagné de trois coquilles de même)

Le Tourp, comme la Bellegarde, était un fief noble d’Omonville, il appartenait à Richard Carbonnel, seigneur de Saint-Martin-de-Varreville, Rauville-la-Bigot et Omonville. Il le légua, en 1394, par mariage de sa fille Guille- mette, à Guillaume de Sainte-Mère-Eglise, descendant des barons de Néhou, et par eux, de Rollon 1er, Duc de Normandie. Il resta aux Sainte-Mère-Eglise jusqu’en 1764, date d’extinction du nom, les deux familles ayant été réunies par mariage. Il revint aux Surtainville, par le mariage de la petite fille de Louis, Charlotte de Sainte-Mère-Eglise, en 1657 avec Jacques de Surtainville, petit-fils de Guillaume. Puis leur dernière descendante, Charlotte-Catherine de Surtainville (1697-1769), s’unit en 1723 à Alexandre-Robert Le Pigeon (1677-1732), seigneur de la Belle- garde, de Regnoufmesnil, de Saint Martin du Mesnil, de Portbail, des Perques et de Morville. Le manoir resta donc près de 500 ans dans la même famille ! Notons que pendant la domination anglaise (Guerre de Cent Ans) les Sainte-Mère-Eglise se soumettent à l’occupant, ce qui leur permet de continuer à jouir de leurs biens sur ordre du roi d’Angleterre. La ferme seigneuriale est ensuite allée au gré des mariages successifs aux Barbou de Querqueville, Marie Louise Catherine Le Pigeon s’étant mariée le 31 octobre 1747 avec Pierre Augustin Barbou, seigneur de Quer- queville ; Le Febre de la Grimonnière, Marie Charlotte Pétronille Barbou de Querqueville s’étant mariée avec François Hyacinthe Lefèvre de La Grimonnière ; Le Vavasseur d’Hiesville, Marie Charlotte Honorine de La Gri- monnière s’étant mariée le 21 décembre 1799 à Digosville avec Anicet Le Vavasseur d’Hiesville ; Frigoult de Liesville, Antoinette Joséphine Hyacinthe Le Vavasseur d’Hiesville s’étant mariée le 8 juin 1819 à Hiesville avec Alfred Frigoult de Liesville qui était maire de sa commune ; puis aux Traynel en 1855 après le mariage d’Antoinette marie Claire Frigoult de Liesville, le 18 juillet 1853 à Caen, avec Pierre Eric de Traynel. Vers 1975, l'héritière Traynel ( ?), et son mari, Dennis Lavarack vendirent la propriété par lots. Le manoir du Tourp est désormais la propriété du Conservatoire du Littoral, il a été restauré dans la tradition locale par la Communauté de Commune de la Hague à qui il est loué. Aussi appelé aujourd’hui Maison de la Hague, cet équipement cultu- rel et muséographique, inauguré le 28 mars 2002, de dimension euro- péenne, a pour objectif de sensibiliser le visiteur à la richesse du pa- trimoine naturel et culturel de la Hague et d’autres territoires océa- niques d’Europe de l’ouest, à travers son exposition permanente. Les découvertes peuvent être enrichies à l’Espace patrimonial par la consultation libre du fonds documentaire écrit, visuel et sonore de la presqu’île de la Hague et de territoires de comparaison. Des exposi- tions temporaires sont programmées toute l’année dans l’espace cul- turel.

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La maison seigneuriale accueille l'exposition permanente « La Hague à tous points de vue » consacré à la géo- logie, au climat, à la faune et la flore ou encore à l'histoire et aux traditions de la Hague…et une boutique « Le Comptoir du Voyageur » qui offre un choix de produits originaux et de qualité sélectionnés en fonction de l’esprit des lieux. Le corps occidental abrite à l'étage les expositions temporaires, liées aux thèmes de la nature ou de la Hague, qui prennent place dans les anciens greniers… L'ancien pressoir abrite la médiathèque Côtis-Capel. Dans la chapelle, un film retrace l’histoire du Tourp, dans les anciennes étables a été installé un restaurant avec véranda à la place de la stabulation, et dans le bâtiment près de la mare, le laboratoire de recherche du Département d'études des paysages océaniques (DEPO). • Ferme-manoir de la Bellegarde (XVIIe) La ferme de Bellegarde est de la première moitié du XVIIe siècle, et comme le manoir du Tourp, de caractère Louis XIII. Cette ferme fait partie de ces maisons trapues du bourg, de grès et granit, souvent couvertes en pierre de schiste, bâties le long du vallon de la Vallace, à l’abri des vents dominants. Elle jouxte l’enclos paroissial, d’ailleurs, de l’église, on a une vue sur sa tour carrée et sa fenêtre à meneaux.

Cette propriété a probablement appartenu à la famille Le Pigeon puisque l’on retrouve un certain Alexandre Robert Le Pigeon (1677-1732), qui était seigneur de Bellegarde (et aussi de Re- gnoufmesnil, de Saint Martin du Mesnil, de Port- bail, des Perques et de Morville), marié avec Charlotte Catherine de Surtainville (1697-1769), fille de Jean de Surtainville, seigneur d’Omonville- la-Rogue. Aujourd’hui, elle est la propriété de la famille Du- val.

• Ferme l’Epine-d’Hue (XIXe) Epine d’Hue : veut dire « terre rugueuse » car située sur un plateau où il y a beaucoup de vent … on dit que l’épine y est dure. Vers 1600, les terres appartenaient à la famille de Sainte- Mére-Eglise. probablement à Louis de Sainte-Mère- Eglise, sieur du Tourp, qui avait un différend avec Guil- laume de Surtainville ; le 22 décembre 1601, il avait été jugé que Louis de Surtainville serait maintenu dans la dénomination et qualité de seigneur d’Omonville-la- Rogue, au préjudice de Louis de Sainte-Mère-Eglise, sauf à celui-ci à prendre la dénomination du fief de Tourp, ou toute autre que celle d’Omonville-la-Rogue. Sur l’appel de Louis de Sainte-Mère-Eglise, le parlement de Normandie dit que Guillaume de Surtainville pourrait se nommer et qualifier en tous actes sieur d’Omonville-la-Rogue, et que Louis de Sainte-Mère-Eglise pourrait se qualifier de sieur d’Omonville-la-Rogue en partie. Vers 1850, François Jean, ouvrier charretier, acheta l’Epine d’Hue à la famille de Sainte-Mère-Eglise. Jeune homme, il émigra à Paris en 1825 où il devient cocher de fiacre (taxi hippomobile). Il épouse la fille unique de son patron dont il héritera…ce qui explique la certaine aisance de ce monsieur. François Jean rasa l’ancienne ferme qui se situait dans le fond de la vallée pour construire l’actuelle ferme, la

Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / février 2021) A la découverte de OMONVILLE-LA-ROGUE Version (1) remplace version précédentes 13/23 maison de maître et ses dépendances. Les travaux débutèrent vers 1860 et s’achevèrent en 1867, l’année de la mort de son propriétaire. A l’époque, il devait y avoir 4 vaches, et aussi une soixantaine de moutons qui entretenaient les champs et les landes de Vauville. A la suite du décès de François Jean, la ferme est vendue à M. Carnet, décédé en 1912. Puis vendue à un médecin corse de Beaumont-Hague, docteur Panzani, qui s’y installe. Il décédera en 1963. Son fils, Jean Panzani, engagé volontaire dans l’armée, participe à la Première Guerre mondiale et devient un excellent officier. Réformé en 1933, il devient maire d’Omonville-la-Rogue (1935-1942). De nouveau mobilisé en 1938 et parlant anglais, il sert d’interprète pour les Américains. A l’été 1943, il change radicalement d’opinion vis-à-vis des occupants, il adhère au Parti populaire français (PPF), parti de la collaboration, et devient délégué administratif de la Préfecture dans le Mortainais (sorte de gouverneur). Il devient alors un cas particulier parmi les collaborateurs notoires et zélés des Allemands. En juillet 1944, il est mêlé à l’arrestation de François Bideau, chiffonnier de son état, qui sera assassiné par trois membres du PPF, sur son ordre. Arrêté le 24 août 1944, il est jugé par la cour de justice d’Avranches en décembre 1945 et acquitté faute de preuve. Il part alors en Afrique du Nord et voyage en Amérique du Sud avant de s’installer au Portugal, à Lis- bonne. Les trois assassins retrouvés, il est de nouveau jugé en 1948, mais par contumace, par la cour de jus- tice de la Seine et condamné aux travaux forcés à perpétuité. En 1950, la cour d’assises de la Seine le con- damne à mort pour avoir commandité l’exécution de François Bideau. Bien qu’ayant bénéficié des amnisties, notamment en 1972, il ne rentre pas en France et décède le 4 juillet 1980 à Lisbonne. En 1962, M. Caneville père achète la ferme au docteur Panzani qui était encore vivant, puis, en 1973, la maison de maître pour y faire sa demeure, à jean Panzani qui est amnistié depuis peu. La maison de maître est une grande bâtisse reconnaissable à sa base de forme carrée et à ses grandes pierres angulaires appa- rentes. Le rez-de-chaussée com- porte une porte centrale avec de chaque côté deux fenêtres et à l’étage cinq fenêtres alignées. Sur cette même façade avant, aux extrémités, deux avant-corps en décrochement avec porte au rez- de-chaussée et une fenêtre à l’étage ,coiffés d’un toit plat en terrasse. Le bâtiment central est quant à lui coiffé d’un toit à quatre pans percés d’élégantes souches de cheminée. Cette demeure appartient à Madame Marie- Joseph Canoville. Les dépendances situées à l’arrière de la maison de maître sont disposées autour d’une cour carrée accessible par un porche. De part et d’autre de ce porche, les écuries ont été transformées en gîtes. Au fond de la cour, la grange a été transformée en maison d’habitation, demeure de l’épouse de Michel Canoville (Marie-Thérèse).

L’ancienne grange transformée en habitation La charreterie Autour de la porte d’entrée, on remarque l’encadrement de l’ancienne ouverture de la grange. La charreterie a gardé sa structure d’origine avec une ouverture sur toute sa longueur surmontée d’un linteau bois soutenu par trois poteaux acier. Un petit bâtiment en retour abrite un pigeonnier original où il y aurait une centaine de bou- lins, mais un autre pigeonnier encore plus original attire d’avantage notre attention. Coiffés d’un toit pointu à quatre pans, ses murs en briques rouges comportent de nombreuses ouvertures.

Gîtes, de part et d’autre du porche Ce bâtiment en retour abrite un pigeonnier Un pigeonnier original Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / février 2021) A la découverte de OMONVILLE-LA-ROGUE Version (1) remplace version précédentes 14/23

• La Cotentine Cette ancienne exploitation agricole – elle était encore habitée par une famille de fermiers au dé- but des années 1940 – se situe sur le sentier des douaniers allant de la baie de Quervière à Eculle- ville. On en trouve la trace, pour la première fois, sur la carte de Cassini (1753/1785). Son nom y est no- té la Cotantine. Ce dernier semble correspondre non pas à une allusion au Cotentin, mais à une féminisation du nom de famille Cotentin. Au XIXe siècle, des bâtiments y sont ajoutés au sud. Au début du XXe siècle la ferme appartenait au marquis Octave de Traynel (1857-1943), atta- ché à l’ambassade de France en Italie, et proprié- taire de terres dans le Cotentin, héritées de sa famille paternelle, comme la ferme de la Cotentine. Résidant loin de la Normandie il louait la ferme à des agriculteurs-éleveurs locaux. Il y serait décédé en mars 1943.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, elle est réquisi- tionnée par l'armée d'occupation allemande qui estime sa situation stratégique. Ses fermiers sont expulsés et les bâtiments sont en partie démolis, notamment les toitures qui sont démontées, soit pour éviter d'être un appui pour un débarquement ou de repère pour l'aviation alliée. La Libération la trouve dans un état lamentable, qui empêche sa réexploitation. De plus, sa taille et son emplacement ne permet pas d'envisager une transformation en ferme moderne, et les murs sont laissés aux pilleurs de pierres. Abandonnée, et menacée de ruine, elle est achetée en 1991 par le Conservatoire du littoral qui entreprend une opération de sauvegarde…la ferme " la Cotentine " fut ainsi remise en état, la rendant plus accessible en toute sécurité aux randonneurs qui empruntent le GR233. L’entretien de la végétation sur les 3 hectares du site des ruines de la ferme de la Cotentine est principalement assuré par le pâturage d’ânes du Cotentin, de chèvres et de moutons roussins. • Le Fort Situé sur la pointe Vaucotte, le fort d’Omonville-la- Rogue a été bâti vers 1520 à l’initiative de François 1er. Situé à droite du Hâble, il protège le mouillage dit de la fosse d’Omonville, assez profond pour pouvoir accueillir des navires importants à toute marée. Propriété privée, le fort existe toujours mais dans un aspect qui doit tout ou presque aux remaniements du XIXe siècle. Comme toute fortification, pour conserver une utilité malgré l’avancement des techniques, il n’a jamais cessé d’être remanié, et c’est à l’un de ces remanie- ments que va participer Gilles de Gouberville. Il s’agit, en 1549, de faire de ce fort d’Omonville un ou- vrage de défense plus important et abritant une garnison suffisante pour assurer la défense de cette partie de la côte, afin d’empêcher notamment un débarquement anglais au nord- ouest de Cherbourg…

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Aux environs de 1700, deux plans de la fosse d’Omonville, sont les premiers documents à locali- ser précisément un fort sur la colline de Led-heu : le premier plan (ci-contre), intitulé « Plan de la fosse d’Aumonville, prez le Cap de la Hague avec les sondes de basse mer » est daté de 1695 (1694 sur le plan !). Il donne une représentation détaillée d’une construction portant l’annotation « ancien fort razé ». Ancien fort razé Un second fort est établi sur la pointe, à l’emplacement de celui existant encore aujourd’hui. Le fort dit « ancien fort razé » se prolonge vers celui établi sur la pointe en formant une sorte de Second fort passage fortifié, reliant les deux constructions au niveau d’un affleurement rocheux. Le second plan a pour titre « Plan de la fosse Plan intitulé « Plan de la fosse d’Aumonville, prez le Cap de la Hague d’Aumonville au Cap de la Hague » il est daté de avec les sondes de basse mer » est de Benjamin de Combes 1702. Il s’agit d’une représentation de la fosse (1649 ?-1710), cartographe, lieutenant de vaisseau en 1667, puis directeur des fortifications de Normandie en 1693. d’Omonville avec un projet de digue. Comme pour le plan de 1695, un fort est représenté sur la pointe et son tracé est quasiment identique. Les vestiges du fort de la colline de Led-heu sont évoqués avec le détail des fossés et des talus, le dessin général de celui-ci est simi- laire à celui du plan de 1695. « …Bien que d’origine et d’usage incertains, il est donc avéré qu’une construction a bien été érigée sur la colline de Led-heu, et que celle-ci, abandonnée au début du XVIIIe siècle, s’est trou- vée recouverte par la végétation. Cet ouvrage semble avoir eu une vocation militaire, plus particulièrement défensive et vrai- semblablement orientée contre un assaut venu du sud. Si la majorité des documents relatifs au fort estiment sa construction entre le XVe et le XVIe siècle, aucune date ne peut être avancée avec certitude. De plus, la position culminante du site a pu con- férer au secteur une fonction militaire bien antérieure à 1400. L’étude de certains plans de la fosse d’Omonville tendrait à dé- montrer que le fort de la pointe et celui de Led-heu ont été anciennement reliés par une sorte de passage fortifié. Dans ce cas, seul le fort de la pointe aurait été entretenu et remanié pour devenir celui que nous connaissons actuellement… » (Site de la commune d’Omonville-la- Rogue) Pendant la Seconde guerre mondiale, le Fort inférieur est intégré au mur de l’atlantique, secteur de Jobourg sous la dénomination WN302. L’armée allemande qui a investi les lieux à partir de 1943, ne maintient à cette endroit qu’une présence symbolique. La côte qui est très découpée ne permet un débarquement qu’à l’anse Saint-Martin ou à l’anse de Vauville. Cette situation ne justifie pas à déploiement de force important sur cette position. Elle est composée d’une casemate VF pour canon Skoda, une casemate pour mitrailleuse MG, une position pour PAK 36 de 4,7mm. L’occupant reconditionne un bloc du fort pour y installer une mitrailleuse MG. • Le Port Le port d’Omonville, dénommé le port du Hâble, est le seul port de la Hague à offrir un accès à tout moment. Il est l’un des plus vieux ports de la région, remontant de l’antiquité et existant probablement au temps des gaulois, des ro- mains, des normands. Dans l’antiquité, deux voies romaines le reliaient, l’une à Valognes, l’autre à Portbail qui était un important port ro- main face à Jersey. Il abrita les pirates nor- mands et les corsaires dont le dernier corsaire ayant croisé dans les eaux de la Hague fut le célèbre Robert Surcouf qui avait armé le « Re- nard ». Réfugiés dans ce port, les corsaires s’élançaient sur les navires ennemis croisant au large, ou bien y faisaient du trafic frauduleux avec les iles Anglo-Normandes et l’Angleterre. Vauban, lors de sa visite en 1699 des côtes normandes, a pensé que la fosse d’Omonville pouvait, avec des travaux et transformations adéquats, devenir un port « merveilleux, un refuge pour les vaisseaux de guerre et

Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / février 2021) A la découverte de OMONVILLE-LA-ROGUE Version (1) remplace version précédentes 16/23 marchands avant de tenter le passage du Raz Blanchard, ce courant qui circule entre la Hague et l’île d’Aurigny. Mais le développement du port de Cherbourg limita son rôle, et donc des investissements limités. La jetée fut toute de même construite à partir de 1875, et réalisée avec des pierres de la carrière locale. Suite à des restrictions budgé- taires, sa longueur est limitée à226 m au lieu 425 m prévus initialement. Malgré la demande pressante des usagers, la fermeture complète du port d’Omonville, pour être à l’abri des vents de nord / nord-est, satisfaction ne leur est tou- jours pas donnée. Le port est de compétence départementale. La compétence d’accueil est transférée à la Com- munauté de Communes de la Hague sous forme de concessions qu’elle gère en partena- riat avec l’association des usagers du port. Le port est doté de 52 mouillages, 4 coffres d’accueil, une zone forain sous la tutelle de la Direction Départe- mentale des Territoires et de la Mer (DDTM) et d’une cale de mise à l’eau. • La Douane d’Omonville Comme on l’a vu un peu plus haut, le port servait de refuge aux trafiquants, notamment avec les iles An- glo-normandes et l’Angleterre. Pour contrer cette fraude florissante, deux détachements de douaniers étaient cantonnés à Omonville-la-Rogue, l’un sur le port avec un navire « la patache » destiné à surveiller et contrôler les navires en mer, l’autre, à terre, chargé de sillonner les chemins à la recherche des fraudeurs. Vers 1880, il y avait une bonne vingtaine de doua- niers. Sur le chemin des douaniers, tous les 500 m, il y avait un « gabion », un petit abri de 2m x 1.5m environ qui était bien utile pour guetter tout en étant à l’abri. Parfois, un douanier pouvait devenir fraudeur, tel fut le cas de Jean Hairon ; garde vigie au fort d’Omonville, il embarque comme maître en 1795 sur le bateau de la douane « la patache ». Fin janvier 1802, il en prend le commandement jusqu’au 20 janvier 1817 date à laquelle il fut renvoyé, étant soupçonné de favoriser la fraude. Par la suite il embarque sur le navire de l’Omonvillais Pierre Germain Clément, dernier capitaine corsaire de Cherbourg qui se livre, sous couvert de la pêche et du pilotage, à la contrebande avec les iles Anglo- normandes.

Le chemin des douaniers

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• Canot de sauvetage d’Omonville La station de sauvetage d’Omonville la Rogue fut créée en 1866, à l’initiative de la société centrale de sauvetage des naufragés, puis dissoute en 1940. Elle était équipée d’un ca- not à rame et à voiles, dans lequel 10 à 12 personnes participaient aux sauvetages. A l’époque, l’alerte était donnée par un villageois qui parcourait la commune avec une trompe, pour rassembler les sauveteurs. Comme il n’y avait pas au port de cale d’accès à la mer, le lancement du canot n’était pas simple ; il fallait passer sur les galets en dis- posant des paillots sous les roues du chariot. Lancement du bateau de sauvetage Quand le naufrage était trop éloigné d’Omonville, le chariot était traîné par un cheval jusqu’au point le plus proche du naufrage. Ainsi, les sauveteurs Omonvillais effectuèrent de nombreuses sorties, parfois, conjointement avec la station de Goury qui se situe à moins de 10 kms. Avant la mise en place du sauvetage en mer, au XIXe siècle, notamment par l’action de la société des hospita- liers sauveteurs bretons, les ancêtres de la SNSM, les prémices mêmes du sauvetage en mer. Au XVIIIe siècle la « police de la mer » sur l’ensemble du littoral du royaume incombait à l’Amirauté. L’assistance aux navires et aux équipages relevait d’eux, compétence en application des dispositions de l’Ordonnance de la Marine de 1681, dont un titre est consacré aux « naufrages, bris et échouement ». Mais pas grand-chose pour le secours des personnes, la logique de règlement économique du sinistre prévalant. Cependant, tout au long du XVIIIe siècle la législation oublieuse du sort des marins naufragés évolue, les pré- mices de ce qui deviendra le sauvetage en mer tel que qu’on le connaît aujourd’hui se confirment. Le législateur, relayé par les officiers de l’amirauté montre donc une prise en compte du risque maritime intro- duisant la notion de « sûreté de la navigation », terminologie des plus illusoires au XVIIIe siècle. Cette nécessité de faire appel aux gens de mer du lieu pour assurer une certaine forme de sécurité est rappe- lée par Jacques Cambry (1749-1807), écrivain breton, en 1794, lors de son voyage dans le Finistère où il note à propos des pêcheurs de l’île de Sein que : Tous volent au secours des naufragés, à quelque heure de la nuit que le canon fasse signal d’alarmes, les pilotes sont à bord, bravant les vents, le froid, la grêle, la tempête et la mort : tout le monde est sur le rivage. Le malheureux qui se sauve à la nage, est recueilli dans le meilleur lit du ménage, il est soigné, chauffé, nourri ; ses effets ne sont point volés ; on les respecte avec un sentiment de piété inconnue sur les côtes de la grande terre. Des stations de sauvetage sur le littoral apparaissent sur les côtes anglaises, dans les années 1820. Mais l’engouement pour les « life boats » fut insuffisant et les sociétés végétaient. Le « Royal National life boats » est créé en 1849 pour coordonner l’ensemble des secours sur le littoral. S’inspirant du modèle britannique, une « Société humaine et des naufrages » est créée en 1824 à Boulogne avec acquisi- tion d’un canot de sauvetage. Mais elle s’avéra insuffisante pour venir au secours d’un trois-mâts anglais (L’Amphitrite) en août 1833, transportant des femmes (118) condamnées an- glaises, irlandaises déportées vers l’Australie, avec enfants (23). 133 personnes périrent. La Société étendit donc ses activités au secours des naufra- gés et put disposer d’un canot de sauvetage construit par l’arsenal de Cherbourg. L’exemple boulonnais fut repris par quatre ports de la Manche, Dunkerque, Calais, et Naufrage de l’Amphitrite le 31 août 1833. , puis sur la côte méditerranéenne à partir de 1860. En août 1864, est créée la « Société centrale de sauvetage des naufragés » (SCSN) dont la mission est de porter assis- tance aux naufragés sur les côtes de France, etc. Sur le même principe, la « Société des Hospitaliers et sauve- teurs bretons », est créée en 1873 et essaima de la Norman- die à la Gironde. Ainsi, selon les statistiques de la SCSN, le nombre de vies sauvées dépasse dès 1881 celui des morts. A la suite de la Seconde Guerre mondiale, la plupart des abris et des moyens nautiques de la SCSN et des Hospitaliers- Maquette du premier type de canot de sauvetage à Sauveteurs bretons (HSB) sont détruits et doivent être recons- avirons choisi par la SCSN dès 1865 pour équiper ses truits. stations (Musée national de la Marine de Port-Louis, dans le Morbihan).

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Les deux sociétés aux buts similaires ne peuvent plus répondre aux besoins de l'ensemble du littoral du terri- toire français notamment à cause des métiers de la mer qui se développent et des loisirs nautiques. Alors, de la fusion de ces deux identités est née, en octobre 1967, la SNSM. La SNSM est reconnue d'utilité publique le 30 avril 1970 et est une association régie de la loi 1901 qui assure sa mission en Métropole et en Outre-Mer. Sa vocation : secourir bénévolement et gratuitement les vies hu- maines en danger en mer. De nos jours, la coordination de la sécurité maritime relève de la compétence du préfet maritime qui représente l’Etat en mer. Il est chargé d’y faire respecter les lois et d’y assurer l’ordre public ; ses clients sont les marins pêcheurs, les plaisanciers, les marins de commerce, les scientifiques, les industriels, les coureurs au large ; il s’agit de les faire cohabiter sur mer en bonne harmonie. Le préfet maritime est responsable de leur sauvetage en cas de mauvaise fortune… • Naufrage de l’IOWA En 1864, un grand naufrage eu lieu sur le littoral de la Hague. Le paquebot à vapeur transatlantique IOWA, jaugeant 2 500 tonneaux de la compagnie anglaise London & New-York Steam Ship Lines, embarquant 207 per- sonnes (165 passagers et 42 membres d'équipage), avec dans ses cales environ 600 tonneaux et 1 400 tonnes de charbon pour alimenter la chaudière, s’est échoué dans le port d’Omonville-la-Rogue. Dans la nuit du 6 au 7 décembre, vers minuit la pa- tache des douanes était mouillée à l’extérieur du port, un peu à droite de l’entrée lorsque le douanier de quart aperçut venir à toute vapeur du côté de Cherbourg un énorme navire qui, chose étrange, voguait tout près de terre. Ce grand navire, sans ralentir sa marche, rentra dans le port d’Omonville, malgré les efforts de son capitaine pour faire machine arrière il vint s’échouer sur les rochers se trouvant à droite du port. Tous les efforts tentés pour le sortir de cette situation furent inutiles, il fallut songer au sauvetage des passagers tous sains et saufs et au déchargement des bagages et de la cargaison. Déviation des compas produite par l’influence de la coque en acier, ou négligence du capitaine ? That is the question ! Les passagers et des hommes d’équipage furent rapatriés à Cherbourg puis à Southampton, et ensuite trans- bordés sur le Saxonia à destination de New-York. Pendant ce temps les personnels vont travailler à achever le déchargement et le délestage du navire dont il restait à bord près de 1400 tonnes de charbon, la coque étant en partie submergée. 200 ouvriers sont déplacés d’Angleterre pour travailler au renflouement ainsi que 2 remorqueurs de grande puissance, le Nelson et le Wel- lington pour coopérer à cette même opération. Mais, les tentatives pour relever l’IOWA échouèrent, les opéra- tions ne reprirent qu’au beau temps. D’autres tentatives avec un autre mode de renflouement échouèrent éga- lement. L’IOWA étant resté couché sur le coté de tribord de- puis près de 7 mois, une partie du chargement avait été enlevé, mais il restait des objets d’armement existant encore à bord qui paraissaient devoir empê- cher le navire de se redresser lorsque le vide serait fait. 4 pompes pouvant enlever environ 800 tonneaux d’eau par heures permirent de vider le bâtiment. L’IOWA flottant, il fut remorqué par l’aviso à vapeur le Dauphin. Il est arrivé en rade de Cherbourg le 25 juillet à 18 h et a été conduit le lendemain dans une des grandes formes du bassin napoléon III de l’arsenal pour y réparer ses œuvres vives. Les tra- D’après une photographie de M. Gallot vaux durèrent plusieurs mois, et le navire quitta le. port de Cherbourg pour se rendre à Londres, son port d’attache. Une vente publique eu lieu en septembre 1865 à Cherbourg pour les enchères de la cargaison de charbon récupérée à bord du navire Ce naufrage dans le port d’Omonville, fut une aubaine pour les gens du pays : transport par terre de la cargai- son à Cherbourg, puis, selon la tradition locale, ils brûlèrent à bon marché du charbon et des bougies. Le port d’Omonville-la-Rogue connu ainsi pendant cette période une activité intense, où anglais, français, autorités des 2 pays, tous se mêlaient et s’y côtoyaient. Quant à l’IOWA, après quelques mois de réparations, de modifications de la coque, etc. et rebaptisé « macédo- nien », il reprit la navigation. Mais, pour comble de malchance, effectuant un trajet New York Glasgow, il se brisa, le 30 mai 1881, sur les rochers du Mal of Kintyre à l’approche de Glasgow et sombra par 10 mètres de fond sans perte de vies.

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• Stèle commémorative du crash du B26 Klassie Lassie Cette stèle a été érigée à l’endroit où s’est crashé l’avion, à proximité du stade. Le 29 juin 1944, avant-veille de la libération de la commune par les troupes américaines, un avion B.26 Maraudeur Klas- sie Lassie, touché par la dca allemande au-dessus de Jo- bourg, vint s’écraser en flammes, après avoir explosé en trois parties, sur le territoire de la commune. Il faisait partie d’une formation de 18 bombardiers B26 en phase de bombardement avec soutes ouvertes. Une balle traçante des défenses anti-aériennes de Jobourg alla se loger à l’intérieur de la soute à bombes, mettant le feu au B26 du lieutenant Boothe. Le bombardier est resté trente secondes dans la formation, le feu progressant rapidement, l’avion a quitté celle-ci, la partie arrière s’est détachée, ensuite l’aile gauche, puis l’avion s’est écrasé aussitôt près de la côte, à Omonville-la-Rogue.

Klassie Lassie en feu au-dessus de Digulleville - Lt Oscar J. Boothe – L’équipage peu avant son départ de l’aérodrome d’Earls Court Les 5 jeunes aviateurs ont tous périt dans le crash de l’avion et seul l’opérateur radio, le sergent Adolf C. Hol- thusen est inhumé au cimetière américain de Saint Laurent. Les corps de ses 4 autres camarades ont été rapa- triés aux Etats-Unis. • Plaque en l’honneur du Lt JZ Bienkowski Cette plaque est située au bout de la rue du Hâble, non loin de la digue, Le 2 août 1943 sur le « Mosquito » n ° 700 HJ, le lieutenant Jan Zenon Bien- kowski, effectue un vol de combat sur la France avec le radio navigateur, le lieu- tenant Czeslaw Borzemskim. Pendant le vol de retour, remarquant des dommages au réservoir de carburant, le pilote décide d’atterrir près du port d’Omonville-la-Rogue pensant qu’il Avion Mosquito s’agissait d’une plage de sable. Mais en fait il s’agissait d’une baie peu profonde, et l’avion en contact avec l’eau a roulé sur le dos, coinçant le pilote dans son cockpit qui se noie. Il est enterré dans le carré militaire du cimetière de Cherbourg. Quant au radio navigateur, blessé, il réussit à sortir de la cabine. Fait prisonnier, il est détenu en Allemagne jusqu’en mai 1945. A sa libération, il réintégra la Royal Air Force et vécut en Angleterre jusqu’à son décès en juin 1984. Devant l’invasion de la Pologne, le pilote Jan bienkowski ainsi que le co-pilote Czeslaw Borzemski se firent remarquer en fuyant leur pays en septembre 1939, avec leur appareil pour re- joindre les Forces Françaises de la zone libre, où ils furent intégrés au groupe de chasse « Varsovie ». A l’armistice de juin 1940, ne pouvant accepter une seconde fois le joug de l’occupant, et se confortant à l’Appel du Général De Gaulle, ils rejoignirent l’Angleterre. Avec un certain nombre de compatriotes ayant fui la Pologne, et ayant eu le même parcours, ils firent partie des Forces Aériennes Polonaises sous commandement britan- nique. Affectés au 307 Night Fighter Squadron, ils participèrent aux missions de reconnaissance et de bombar- dement aux commandes de leur mosquito.

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Les cours d’eau & ponts & moulins à eau • Ruisseau de l’Epine d’Hue est un petit ruisseau côtier, long d’environ 1 km, naissant à Omonville-la-Rogue, sous la ferme de l’Epine-d’Hue qui lui donne son nom. Il reçoit les eaux du ruisseau descendant de la ferme du Tourp puis se jette dans la mer près de la roche du Cormoran. Il marque la limite administrative entre les communes d’Omonille- la-Rogue et Eculleville. Ci-contre la passerelle du GR 223 (sentier des douaniers) qui l’enjambe.

• La Vallace, également petit ruisseau côtier long d’un peu plus de 4 km, prend sa source quelque-part au hameau ès Galles à Beaumont- Hague, traverse Omonville-la Rogue en longeant la D45 et se jette dans le port du Hâble, en passant sous la D45E2.

Lavoirs, Fontaines, Sources, Etangs… Longtemps, la lessive s’est faite au bord de la rivière sur une pierre inclinée ou une simple planche et sans abri. A la fin du XVIIIe siècle, un besoin d’hygiène croissant se fait tenir à cause de la pollution et des épidémies. On construit alors des lavoirs, soit alimentés par un ruisseau, soit par une source (fontaine), en général couvert où les lavandières lavaient le l'essorer le plus possible. En linge. Certains étaient équipés de général, une solide barre de bois cheminées pour produire la horizontale permettait de stocker cendre nécessaire au blanchi- le linge essoré avant le retour en ment. brouette vers le lieu de séchage. Le bord du lavoir comportait en Il fallait trois jours pour laver le général une pierre inclinée. Les linge et trois passages obligés : femmes, à genoux, jetaient le le purgatoire, l’enfer et le para- linge dans l'eau, le tordaient en le dis. Le premier jour, trempant pliant plusieurs fois, et le battaient saletés du linge sont décantées

avec un battoir en bois afin de comme les péchés au purgatoire. Le deuxième jour, le linge est battu et frappé dans la lessive, les comme les punis en enfer. Le troisième jour, le linge, rincé et essoré, retrouvera sa pureté originelle comme au paradis. Ainsi, témoins des grands et petits moments de nos villages, les lavoirs évoquent le souvenir d’une époque révolue et rappellent le dur labeur de nos mères et grand-mères. Le lavoir est un lieu éminemment social dans chaque village. C’est l’endroit où les femmes se retrouvaient une fois par semaine et où elles échangeaient les dernières nou- velles du village, voire de la ré- gion… Ils font partie du patrimoine cultu- rel de nos hameaux, ils méritent d'être conservés. rue de la Place (ruisseau la Vallace) Sur le site « Lavoirs de la Manche », sept lavoirs sont repertoriés à Omonville-la-Rogue : le Hâble, rue de Cannivières, rue de la Forge, rue de la Place, rue de l’Eglise, hameau Hochet (D203), ferme du Tourps.

le Hâble rue de Cannivières (ruisseau la Vallace) rue de la Forge (ruisseau la Vallace)

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rue de l’Eglise (ruisseau la Vallace) rue du hameau hochet D 203 le Tourps Comme précisé dans l’inventaire des Maladreries, léproseries, hôtels Dieu et hébergements charitables du Co- tentin médiéval - IV (mars 2020), aurait existé une fontaine dite de la Maladrerie, probablement non loin de la grotte Notre-Dame et voisine des anciennes fortifications sur la hauteur appelée Lait Heu (carte IGN) Croix de chemin & calvaires, oratoires, et autres petits patrimoines religieux… Les croix de chemin et calvaires se sont développés depuis le Moyen-âge et sont destinés à christianiser un lieu. De formes, de tailles et de matières variées (tout d’abord en bois, puis en granite, aujourd'hui en fonte, fer forgé ou en ciment), ils agrémentent aussi bien les bourgs et les hameaux que les routes de campagne et sym- bolisent l’acte de foi de la communauté. Elles se multiplient à partir de 1095, date à laquelle le droit d’asile est étendu aux croix de chemins qui ont alors un double rôle de guide (croix de carrefour implantées à la croisée des chemins guidant le voyageur) et de pro- tection et de mémoire (croix mémoriales). Certaines d'entre elles pouvaient être sur la voie des morts : de la maison du défunt à l'église, le convoi funé- raire s'arrêtait à toutes les croix pour réciter quelques prières et permettait une pause aux porteurs de la bière. Elles servaient également de limite administrative, par exemple pour délimiter les zones habitables d’un bourg devant payer certaines taxes… D’autres croix ont été érigées à la suite d’une initiative privée, souvent par une famille aisée qui voulait à la fois affirmer sa foi et protéger les siens. On peut distinguer ce type de croix des précé- dentes car on y gravait le nom de la famille commanditaire. Parfois, on y trouvait même un blason. L'oratoire constitue davantage qu'un lieu de culte ; c'est aussi un lieu de remerciement et d'offrande avec l'espoir en retour de la protec- tion du saint auquel il est dévoué… En travaillant dans les champs, les paysans pouvaient y venir se recueillir auprès d'un saint patron et s'adonner à une prière sans pour autant se rendre à l'église. C'est une manière de confier au Seigneur le travail des champs et la future récolte. croix de cimetière croix du Tourp Communes limitrophes & Plans

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Randonner à Omonville-la-Rogue • La Hague, ponctuée de sites remarquables, offre des lieux éblouissants et originaux qui en font une région incontournable pour les habitués de la randonnée pédestre. Le topoguide de l’Office de Tourisme de la Hague "Les sentiers de la Hague" (édité en 2014) présente 14 boucles. Le site Internet consacré aux randonnées pédestres, nautiques, équestres et cyclos, WWW.LAHAGUE-RANDO.FR présente l’ensemble des circuits de randonnées de la Hague.

• Ou tout autre circuit à la discrétion de nos guides

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Sources Divers sites internet, notamment Wikimanche, Wikipédia, et : 1944 la bataille de Normandie, la mémoire & D-Day Overlord ; Anonymes, Justes et Persécutés durant la période Nazie dans les communes de France (AJPN.org) ; Archéologie de la France – Informations (AdlFI) ; C'est En France-Patrimoine de France ; Cherbourg éclair (numéro du 09 mai 1935) ; Comité Gilles de Gouberville ; Communauté de communes de la Hague ; Département de la Manche ; DREAL Basse-Normandie (Ensemble de la commune –Omonville la Rogue) ; Eglises en Manche ; Football-The-Story, les légendes du foot ; France Bleu Cotentin (5/02/2017) ; Généanet ; Histoire de la sécurité maritime (hal.archives-ouvertes.fr) ; Lavoirs en Manche ; Les Yeux Dans La Hune / Le Boulonnais alternatif et communautaire ; Migra- tions.fr/naufrages ; Musée de la résistance en ligne ; Notes historiques et archéologiques (le50enlignebis) ; Ouest-France (fev 2017) ; Persée.fr (L’Epave d’Omonville-la-Rogue par Joé Guesnon) ; Remparts de Normandie ; Site de la commune ; Villages du Pays du Coten- tin ; … Ouvrages & documents : ‘’601 communes et lieux de vie de la Manche’’ de René Gautier ; Panneaux d’information ; Remerciements à : Monsieur Michel Canoville (ferme de l’Epine-d’Hue),

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