Raucourt Courcy Loivre Reims La Neuvillette Les Islettes Châlons-En
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Raucourt Loivre Courcy La Neuvillette Reims Les Islettes Châlons-en-Champagne Pargny-sur-Saulx Vitry-le-François Saint-Dizier Bayard-sur-Marne Osne-le-Val Épothémont Soulaines-Dhuys Vandœuvre-sur-Barse Bayel Giey-sur-Aujon Les Auges (Langres) Rouelles Aprey LA FLAMME INCERTAINE DES ARTS DU FEU Les activités nées des ressources du sol (tuiles, briques, sainterie, fours à chaux) ou introduites par les sociétés policées du XVIIIe siècle (la faïencerie, la verrerie), ou nées de l’imagination et du savoir-faire des hommes, comme les fontes d’art, sont aujourd’hui menacées d’oubli. ATLASde Champagne-Ardenne 96 À partir de la fin du XVIIe siècle, les arts de la table quittent la demeure des aristocrates pour garnir celle des bourgeois. Dès que les terres s’y prêtent, les manufactures de faïences se multiplient, comme dans la frange sud-orientale de la région. Les atouts d’une région : La famille Bernard l’Argonne François (1739-1801), véritable L’Argonne, dans les vallées bai- créateur de la faïencerie, gnées par les rivières de la Biesme développe le décor de petit feu, et de l’Aire, offre tous les éléments reconnaissable à la variété et à nécessaires aux industries cérami- la fi nesse de sa couleur rose. ques : le bois en abondance, l’eau, À sa mort, en 1801, son les affleurements de gaize (pierre épouse lui succède avec leur réfractaire pour les fours et étuis fi ls Jacques-Henri (1765-1823) de cuisson) et les filons d’argile. accompagné de son épouse C’est une région où la tradition de Marie Parpaite (1765-1836). la céramique est ancienne : une Marie Parpaite, la célèbre Madame Bernard, servit de fabrication de poterie sigillée est modèle à de nombreux décors attestée dès la période antique. de la production. Elle dirigea Les origines en véritable maîtresse femme du Bois d’Épense la faïencerie de 1823 jusqu’à sa mort en 1836. Au XVIIIe siècle, le contexte est Son fils Joseph-Désiré tente de favorable au développement des maintenir l’activité. Rachetée faïenceries dont les productions en 1840 par les frères Godéchal vont progressivement pénétrer de Vignory (Haute-Marne), la toutes les couches de la société et faïencerie ferme définitivement remplacer l’orfèvrerie culinaire. En en 1848. Argonne, entre les XVIIIe et XIXe Une paire de plats ronds représentait François Bernard siècles, s’implantent onze faïence- et Barbe Aubry, fondateurs de ries dont les plus importantes sont : la faïencerie. Ils ont été dérobés Waly, Clermont-en-Argonne, Raré- et ne sont plus connus qu’à court, Froidos, Lavoye et Salvange. Vue actuelle du site de la faïencerie (cliché S. Druet) travers des reproductions. Le Bois d’Épense-les Islettes est la plus importante fabrique de cette ^ N Faïence des Islettes nébuleuse régionale. On connaît Bois La Neuville-au-Pont d’Épense C’est une appellation célèbre pour peu la première faïencerie du bois La Grange- Les Islettes d’Épense : fondée par Henri-Louis Clermont-en-Argonne les collectionneurs, qui pourtant Braux- aux-Bois Auzéville n’est pas tout à fait juste : la Leclerc en 1735 , elle ferme ses por- Ste-Cohière FORET tes en 1742. Après la fermeture de D’ARGONNE faïence des Islettes est connue Sainte-Menehould Rarécourt Champigneulles en 1758, François Valmy Salvange sous ce nom par sa localisation Montgarny Froidos à proximité du village meusien Bernard s’installe avec ses frères Lavoye des Islettes, où résidaient la plu- Jacques et Joseph à Clermont-en- Gizaucourt Autrecourt part des ouvriers. Mais en fait, la Argonne (duché de Lorraine). Le Villers-en-Argonne Waly faïencerie se trouvait sur la rive 3 juillet 1764, sur arrêté du Conseil Braux- Brizeaux gauche de la Biesme, sur le finage du Roi, il obtient l’autorisation de 5 km St-Rémy Éclaires Faucaucourt Nubécourt de Sainte-Menehould, au lieu-dit transférer sa faïencerie au lieu-dit le le Bois d’Épense. La faïencerie Bois d’Épense, constituant le début Localisation de la faïencerie. Le rectangle vert en indique l’emplacement des Islettes est l’écho marnais de d’une histoire de famille qui rendit Vue actuelle des logements ouvriers de (auteur S. Druet) la faïencerie meusienne. célèbre l’endroit. la faïencerie (cliché S. Druet) La faïence du bois d’Épense 97 Pour développer son entreprise, il À partir de 1804, on trouve les débauche et attire des peintres de décors de l’Empire : les plus ori- grands centres faïenciers de l’Est ginaux sont ces scènes militaires, de la France, comme Nicolas Du- images d’Épinal de faïence : Na- pré et Gabriel Michel. Le nombre poléon à Iéna en 1806, à Erfurt en d’ouvriers croît rapidement : de 30 1808, à Ratisbonne en 1809, etc. à sa création, ils sont au nombre de En 1814, les aigles et Napoléon 200 à la fin du XVIIIe siècle. Passée disparaissent au profit des fleurs aux mains des frères Godéchal, la de lys, de la couronne royale entre faïencerie est finalement rachetée en Madame Bernard à l’ombrelle, vers 1848 par les époux Champion-Mau- 1810 (musée lorrain de Nancy) jean qui rasent les bâtiments indus- triels : comme beaucoup d’autres, elle n’a pas résisté à la concurrence, à la crise économique de 1847-1848 et à l’émergence d’un nouvel âge Bouquetière au Chinois à la hache, fin XVIIIe industriel. (collection du bois d’Épense) On doit aussi aux fameux peintres rubans sous la Restauration. Parmi La richesse des décors Dupré, père et fils, des scènes ces dames, on peut reconnaître des galantes voire grivoises, avec de célébrités comme Joséphine de Les décors, authentiques œuvres beaux militaires et des femmes fort Beauharnais, mais aussi Madame Perruche et arbre à plumes d’art, mais aussi indications in- peu vêtues... Bernard, maîtresse du lieu, etc. (collection du bois d’Épense) dispensables pour l’identification La faïencerie a également produit Les événements politiques, repré- des pièces, constituent un véritable de nombreuses statuettes, avec des sentés à partir de la Révolution, livre d’images qui fait la joie des personnages de la vie quotidienne, constituent des pièces rares : la collectionneurs et des historiens. souvent reconnaissables à leurs Liberté, représentée sous la forme Groupe du général Bélisaire, e La nature végétale et animale, la gros yeux. d’un oiseau sortant d’une cage, ou début XIX (collection du bois d’Épense) vie quotidienne, la mode et les La mode peut être suivie sur les encore le coq avec bonnet phrygien événements politiques animent ces assiettes grâce aux réalisations de tenant une pique. Au moment où deux tiges de laurier ou de houx, faïences. Dupré, comme la « Merveilleuse », les souverains étrangers menacent nouées d’un ruban. À partir de la La nature est, en effet, une précieuse portant robe blanche, ombrelle et la France, on trouve des drapeaux monarchie de Juillet, c’est le décor source d’inspiration : les animaux, bonnet rayé, accompagnée d’un tricolores, ou un cœur enflammé patriotique qui revient, avec no- locaux ou exotiques (coqs, fauvet- « Incroyable » d’époque Directoire. avec l’inscription VOM (Vaincre tamment le coq, accompagné d’un Paysage (collection tes, perroquets…), les fleurs (roses, Ce bonnet devient chapeau garni de ou mourir). drapeau tricolore. du bois d’Épense) œillets, pivoines…), ou encore les paysages quotidiens (un village, des pêcheurs…). Les motifs au Chinois témoignent de l’engouement pour l’Extrême- Orient. Les plus belles réalisations représentent des Chinois dans des scènes de vie argonnaise : pêcheurs, forestiers, joueurs de tambour... Les « Chinois au gros doigt », qui comme leur nom l’indique ont un Girafe et cornac, Colombes soutenant l’écu de Jeune femme à la fleur, Aigle couronné sur foudre, Trois fleurs de lys couronnées, époque doigt un peu démesuré, sont une vers 1830 France, fin XVIIIe vers 1815 vers 1800 Charles X (collection particulière) particularité des Islettes. (collection du bois d’Épense) (collection du bois d’Épense) (collection du bois d’Épense) (collection particulière) ATLASde Champagne-Ardenne 98 À proximité de Langres, trois faïencerie et une porcelainerie se signalent par leur structure mi-artisanale, mi-industrielle, et par une production soignée, décorée par des artistes peintres de talent. Elles périclitent lentement dans la seconde moitié du XIXe siècle. couleur et l’intérêt que lui portaient bourgeois et nobles, locaux ou d’ailleurs, font que l’essor de cet établissement se poursuit au long du XVIIIe siècle, sans que la Révo- lution ne perturbe véritablement la marche de l’usine. Aprey continue de recevoir des subsides versés par les États de Bourgogne, se hisse au niveau de Rouen, Sceau et Strasbourg en uti- Faïence d’Aprey : plat aux oiseaux, lisant leurs meilleurs procédés céra- XVIIIe siècle (musée d’Art et d’Histoire miques et s’attache le concours de de Langres, cliché P. Huberdaux) 80 ouvriers, dont quelques grands XVIIIe siècle, ne reprenne de 1840 peintres, tels Mège, Jarry, Protais- aux années 1890. Mises en vente Pidoux, les pères des célèbres dé- en 1895, ses installations sont dé- cors aux oiseaux et aux Chinois. molies petit à petit, et l’un de ses Jusqu’en 1833, la fabrique reste dans bâtiments est transformé en maison la propriété de la famille Ollivier, bourgeoise. dont l’un de ses membres, François, Quant à la seconde manufacture, s’était associé à Joseph Lallemant située face à l’église, elle n’atteint en 1774. Puis elle passe de mains pas la notoriété de son aînée. Créée en mains, avant que la production en 1801, elle devient une tuilerie en de faïences, copies de celles du 1859. Plan général de la faïencerie d’Aprey (Archives départementales de la Haute-Marne) ^ N Les faïenceries d’Aprey Deux faïenceries ont marqué le riche passé industriel d’Aprey, village de la montagne langroise à quelques kilomètres de la cité de Diderot.