L'inauguration Du Monument Aux Morts « La Croix Brisée
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1 L’ARGUS SOISSONNAIS Extrait du N° 78 du vendredi 5 juillet 1929 L’INAUGURATION du Monument aux Morts « La Croix Brisée » sur le Plateau de Nouvron Dimanche 30 juin, a eu-lieu, suivant lieu la bénédiction du monument à le programme que nous avons publié, laquelle procéda Mgr Parmentier, vicaire l'inauguration du monument élevé sur le général, remplaçant Monseigneur plateau de Nouvron, aux nombreux l'Évêque de Soissons. braves des armées alliées (français, Après cette bénédiction, les anglais, américains) qui trouvèrent une nombreux invités se rendirent sous la mort à la fois glorieuse et tragique dans tente dressée dans la cour de la nouvelle ce secteur, durant la guerre 1914-1918. ferme de Confrécourt et participèrent au Le Maréchal Franchet d'Espérey déjeuner fort bien préparé et servi par les avait bien voulu accepter la présidence soins de la Maison Léger, Hostellerie du de cette cérémonie et en rehausser Lion d'Or, à Vic-sur-Aisne. l ’éclat par sa présence. À 10 heures 15 avait lieu la réception de l'illustre soldat En voici le menu : par M. Rozin, maire de Nouvron, entouré de son Conseil municipal et des Hors-d ’œuvre variés nombreuses délégations d'Anciens Suprême de colin sauce verte Combattants de la région. Pièce de bœuf Hostellerie du Lion d'Or Dans un geste qui l ’honore et pour Haricots verts au beurre manifester ses sentiments envers ceux Chapons du Mans à la broche qui sont morts pour la France, le Fromage Maréchal se rendit aussitôt au Corbeilles de fruits monument, magnifiquement orné de Friandises fleurs et de drapeaux, des Morts de la Vins commune de Nouvron et y déposa une Grand ordinaire blanc et rouge gerbe de fleurs. Bourgogne Volnay 1918 Signalons tout particulièrement la Mousseux décoration, Les rues du village de Café — Cognac Nouvron qui, de façon parfaite, et avec un goût des plus délicats, avaient été Parmi les convives, citons, autour du pavoisées de drapeaux et de guirlandes Maréchal Franchet d’Espérey, le général et se trouvaient transformées par toute et Mme la générale Grasse, Mme Lefèvre une floraison multicolore qui flattait l’œil d’Orléans, Mme Firino, Mme Guillemot, et marquait le caractère de fête du de Paris, M. l’abbé Sommé, doyen de souvenir de cette cérémonie patriotique. Vic-sur-Aisne, M. Braux, ancien maire de La messe fut ensuite célébrée par M. Vic, M.M. Rruynel et Flékimpe, délégués l’abbé Gosset, ancien combattant, curé du gouvernement belge, M. l’abbé de Ressons-le-Long, qui prononça une Brochard, ancien aumônier du 7e corps, allocution vibrante de foi patriotique et M. le comte de Bertier. M. Vitry, M. religieuse. Puis, à l'issue de la messe, eut Tharaud, M. le marquis de Croix, 2 plusieurs maires du canton : M.M. Ferté, Ressons, Cuisy-en-Almont, Ambleny, de Ressons-le-Long, Pamart, de Berny- Montigny-Lengrain. etc... On remarquait Rivière, Ferreux, de Vic-sur-Aisne, également la Société Musicale de Vic- Francard, d’Ambleny, Lefèvre, de sur-Aisne et les Sapeurs-Pompiers de Fontenoy, Franc, de Tartiers. Gerber, de Nouvron. Laversine. Aubert, de Laffaux, les À l'issue du déjeuner, deux toasts représentants des Anciens Combattants furent portés, l’un, que nous reproduisons avec leurs drapeaux, parmi lesquels ceux ci-après, par M. le marquis de Croix, et de Nouvron, Soissons, Louâtre, l'autre, dont nous regrettons vivement de Vauxrezis, Braine, Villers-Cotterêts, n’avoir pas le texte, par un représentant Fontenoy, Cutry, Laversine, Cœuvres, du gouvernement belge. **************************************** Toast de M. de Croix Monsieur le Maréchal, Anciens Combattants. Messieurs les Messieurs, Maires et Représentants des communes En ce jour de deuil, notre pensée se dévastées de ce malheureux canton, que reporte entièrement sur nos morts, tous je remercie d’avoir bien voulu venir sur nos souvenirs vont à eux, et ils savent, le plateau de Confrécourt, M. le Doyen nos chers morts, que, si nous sommes et M. l ’Aumônier militaire, « vous assemblés ici, c’est pour les honorer et m’aiderez à saluer le Maréchal pour puiser dans leur sacrifice, une Franchet d’Espérey, dont la vie a leçon, un exemple. toujours été si bien remplie au service Nous, les vivants, nous avons un du Pays et de la Civilisation. Que ce devoir à accomplir, comme ils ont soit en Algérie, en accompli le leur, nous devons sacrifier Asie, en Tunisie, au Maroc ou en nos forces, tendre toutes nos facultés, France, partout nous retrouvons pour le bien de la Patrie et pour l’action féconde de M. le Maréchal l'amélioration du sort commun de nos d’Esperey ; en 1914, à Guise, puis à la concitoyens, des habitants de notre bataille de la Marne et de l’Aisne, enfin chère France. Combien nous vous à Salonique, il n ’a cessé de montrer la sommes tous reconnaissants. Monsieur hardiesse de sa conception et de sa le Maréchal, d’être venu jusqu’à nous, tactique militaires, l’ampleur de son pour nous donner un exemple vivant de intelligence et la valeur victorieuse de vaillance et de dévouement ! Ne venez- sa stratégie. L’armistice du 29 octobre vous pas de parcourir en quelques 1918 terminant les opérations du front heures plus de 500 kilomètres presque oriental, ne fut-il pas l’un des facteurs sans arrêt et sans sommeil, pour les plus importants de la victoire ! pouvoir être parmi nous ce matin et Messieurs, je vous convierai tout à rendre un hommage solennel à nos l ’heure à lever vos verres à la santé de morts ! M. le Maréchal et je vous remercie tous Messieurs les Représentants de la d’être venus ici, aujourd'hui, sur ce noble Belgique, que je salue grand plateau des morts. profondément en ce moment, Messieurs Je remercie aussi les jeunes les Membres du Conseil municipal de représentants de la pensée et du Nouvron, Messieurs les Délégués des barreau français, M. Tharaud et M. 3 Max Vitry, si connus et si appréciés père et fils, auteurs du monument, dans le monde littéraire et dans celui merci aux entrepreneurs, ouvriers et des grandes joutes oratoires. Quelqu’un artisans de la reconstitution de ces m’a dit que la voix de M. Déroulède plateaux. avait été un clairon vivant, que celle de Et je termine. Messieurs, en vous M. Maurice Barrés avait été une lyre redisant ces strophes de M. Brieux, de humaine et que la dialectique oratoire l’Académie française, qui résument ma de M. le Président Poincaré était sans pensée : réplique. Messieurs, vous possédez à la fois, Honte à qui voit le mal, sans que le mal les qualités essentielles de ces grands le navre patriotes, pour entraîner, émouvoir et Ou qui voyant le bien, n'est ivre de convaincre. bonheur ! Je vous remercie profondément d’être venus, comme anciens Messieurs, levons nos verres à la combattants, mettre vos talents santé de M. le Maréchal, puis, en union généreusement au service de nos chers intime avec les familles de nos chers morts. disparus, rendons-nous au monument, Merci enfin à M. Colleau, le porte- pour y élever nos cœurs et y prendre les parole et digne représentant d’un plus saines résolutions, pour le bien et important groupe des Anciens la prospérité de notre chère France, Combattants de l’Aisne, ici représentés, pour la paix et l’amitié cordiale des merci aux dévoués architectes re nations alliées. bâtisseurs de Nouvron, MM. Deligny **************************************** Puis, suivant un itinéraire pendant de nombreux mois à Vic-sur- magnifiquement pavoisé de la ferme de Aisne. Confrécourt au monument, le cortège se À cette inauguration, plusieurs forma pour se rendre au monument, où discours furent prononcés. Nous sommes l'inauguration officielle fut faite par le heureux de pouvoir les reproduire in- Maréchal Franchet d'Espérey, dont le extenso pour nos lecteurs : quartier général fut, on s’en souvient, **************************************** Discours de M. L'abbé Brochard Monsieur le Maréchal, pour de longs mois, me vaut aujourd’hui Mesdames, Messieurs, le privilège de vous adresser quelques L’honneur d’avoir accompagné ici, mots. comme aumônier, les troupes du VIIe Certes, on a bien raison de Corps, qu’après son recul sur la Marne, multiplier les monuments l’ennemi, fortement retranché au bord commémoratifs de tant d’événements de ce plateau fameux, parvint à fixer importants, de tant de journées 4 glorieuses ou sanglantes de la Grande retracer beaucoup mieux que je ne Guerre. saurais faire. Nous le devons bien à tous ceux Mon rôle est plus modeste. À titre qui sont morts et, oserai-je ajouter, il de témoin de ces semaines héroïques, est bon aussi d’aider à la comme ancien aumônier au VIIe Corps, reconnaissance de nos contemporains et je me suis arrogé un mandat qui, j’en de nos successeurs au moins les plus suis sûr, sera ratifié lorsqu’on saura que proches, à l’égard de ceux qui ont je l’ai rempli celui d ’exprimer, au nom survécu et qui ont tant peiné ! de tous ces braves, morts et survivants, Ce mémorial, à coup sûr, comptera la plus vive reconnaissance pour ce parmi les plus justifiés. Quelques-uns pieux mémorial inauguré et bénit en ce au moins parmi vous, comme je le fais jour. moi-même, se rappellent ces durs Merci à vous, M. le Marquis, combats qui, nous le remarquions alors, propriétaire alors mystérieux pour et les aumôniers n’étaient, pas les nous, de cette ferme fameuse, et à la derniers à le déplorer, s’allumaient de tristesse de qui j’ai entendu alors si préférence, semble-t-il, aux matins de souvent nos poilus compatir. Vous étiez ces dimanches sanglants de septembre absent personnellement, mais très et octobre 1914.